La salle est pleine. Au moins 300 personnes. La réunion va commencer à 20h et se terminera vers 23h30. À droite de la tribune, l'équipe de CIBV (les industriels promoteurs du projet d'usine de pellets torréfiés). À gauche, le commissaire enquêteur. Il est à l'initiative de cette réunion, un peu sous la pression des opposants au projet qui voulaient une séance publique. Que s'est-il joué ce soir là ? Une drôle de bataille !
Premier groupe, qui domine l'espace depuis la tribune : CIBV. Cette entreprise doit défendre le projet. Il y a une opposition sous forme associative qui c'est créée contre cette usine. CIBV se doute que l'opposition est bien plus large que cette association : il y a des tags ici ou là depuis plusieurs mois, qui annoncent la couleur, des articles dans la presse, des reportages radio ou télé qui circulent sur les réseaux sociaux.
L'objectif de CIBV : expliquer, communiquer, rester calme, faire preuve de bonne volonté, montrer que le sujet est bien maîtrisé, être capable de répondre à toutes les questions. Les personnes présentes, en plus du PDG, sont chargées de l'approvisionnement, de la sécurité, de l'écologie du projet. Gagner la bataille, ce n'est pas convaincre les opposants mais rassurer et convertir les hésitants.
Deuxième groupe, l'association des “anti-granulés“. Ils sont répartis dans la salle. Difficile d'évaluer leur nombre car ils ne prendront pas tous la parole. Ils poseront les premières questions en se revendiquant de l'association. Ils sont organisés, comme CIVB est organisé. Ils connaissent bien le dossier, citant les pages, les articles, les références. Le ton est plus ou moins agressif et cela ira crescendo. Ils habitent Bugeat mais aussi d'autres communes du Plateau : Tarnac, Nedde, Millevaches, Rempnat, Chavanac, Faux-la-Montagne, Gentioux, Peyrelevade... Ils sont jeunes et vieux, tous animés d'une forte motivation écologique mais aussi porteurs d'une critique du système, celui des entreprises hors-sol qui viennent s'installer sur un territoire, comme venues de nulle part et qui souvent repartent en ayant laissé des cendres amères après leur passage. Qui pourrait les blâmer, il y a hélas de fort nombreux précédents... Gagner la bataille pour eux, c'est montrer aux hésitants que l'entreprise n'est pas crédible, ne sait pas répondre aux questions qui font mal, et qu'il s'agit d'un business sans complexe qui est venu piller le territoire pour repartir ailleurs.
Troisième groupe, celui venu soutenir le projet. Celles et ceux qui pensent que le Plateau et surtout Bugeat vont mourir, qui considèrent, sans forcément bien connaître les détails, que c'est de toute façon mieux que rien ! Ils étaient entre 50 et 60 personnes, et se connaissent bien. Ils ont entre 40 et 70 ans, certains actifs, d'autres manifestement à la retraite. Leur comportement : applaudir quand une remarque va dans le sens du projet ou qu'ils jugent que la réponse de la tribune balaie une question jugée sans fondement, ou manifester leur exaspération par des “Ouh“ et même, en fin de réunion, par des hurlements d'indignation. Ils ont dû, pour la plupart, signer la pétition de soutien au projet qui a circulé dans les commerces de Bugeat. CIBV fera de l'emploi, relancera le commerce, sauvera la commune qui en a tant besoin, qui souffre et qui est au bord du gouffre. Gagner la bataille, pour eux, c'est montrer aux hésitants que les critiques aux projets ne tiennent pas la route parce que celles et ceux qui sont contre ne sont pas d'ici, que ça ne les concerne pas... et que ces opposants ne sont que négatifs et feraient mieux de se taire. C'est aussi se rendre visibles auprès de CIBV pour leur dire qu'ils ont des alliés... Et qu'il ne faudra pas l'oublier.
Pour parfaire la description, il faudrait rajouter les électrons libres, ces “sans appartenance“, venus plutôt pour se renseigner, avoir des réponses à des questions, sentir le projet, sentir la nature des oppositions. Parmi ces présents, il y a des élus, dont certaines et certains actifs au sein du PNR, des professionnels de la filière bois, des industriels, des représentants de coopératives, des représentants de groupement de propriétaires forestiers, des experts... Mais ils seront très discrets.
Le commissaire enquêteur, quant à lui, se voulait médiateur. Il donnait la parole, ayant annoncé qu'il n'admettrait pas qu'on sorte du cadre du projet d'enquête et qu'il veillerait à ce que les débats soient courtois. L'échiquier étant connu, reste maintenant à comprendre la dynamique de la partie.
Grosso-modo, le camp CIBV, du haut de sa tribune et après une présentation du projet dans ses grandes lignes, va répondre aux différentes questions posées avec plus ou moins de bonheur. Certaines réponses sont à côté de la plaque, d'autres, argumentées et manifestement bien maîtrisées, ne semblent pas faire polémique. Les anti-granulés, dans la salle, sont offensifs et dirigent leur questions et leur remarques vers la tribune. Le ton est vif, parfois véhément. Certaines interventions font mouche et déstabilisent la tribune. D'autres sont plus confuses et parfois entachées d'erreurs. Le camp des soutiens au projet, ou des “anti-anti“, est plutôt regroupé. Leurs interventions, relevant plutôt du registre de l'apostrophe, sont essentiellement tournées vers les “anti-granulés“ ou toutes les personnes qui manifestent des velléités de désaccords. Rares sont les prises de parole sous forme de questions à CIBV. L'objectif étant d'abord de discréditer les personnes.
Que dire de cette “partie d'échec“ ? Sur le fond du dossier, je ne me prononcerai pas ici. Je peux avoir un avis mais, au delà du schéma classique de l'entreprise capitaliste qui vient investir dans un secteur qu'elle pense économiquement rentable et profitable, ce sont surtout des questions techniques qui sont en jeu : respect des normes, risques environnementaux, pertinence de la zone d'approvisionnement. Il semble que le dossier ait des faiblesses et le silence de l'interprofession en est un bon exemple. Si ce projet n'avait pas de zones d'ombre on aurait clairement des soutiens exprimés de la filière. Il y a manifestement des turbulences en matière de ressources, de gisements et donc potentiellement de concurrence.
Certains politiques ont tendance à soutenir ce genre de projet. C'est un peu dans leurs gènes, dans leur culture : c'est nouveau, c'est innovant, il y a de gros investissements, ça brille un peu, ça mousse. De plus, il est temps d'enlever cette épine qui fait mal, cette fameuse gare bois qui est un fardeau pour la communauté de communes. Alors, quand un industriel se pointe pour s'installer et racheter le site, c'est tout bénéfice, et peu importe qui s'y installe, pour quoi faire, cela devient secondaire. Cette posture d'élu est assez classique. Beaucoup y succombent. Quand on est une femme ou un homme politique il faut un courage remarquable pour prendre suffisamment de distance et parfois oser dire non si nécessaire. Quant à la plus-value technologique et un peu miraculeuse de la torréfaction, je n'ai pas vraiment d'opinion, quelques doutes néanmoins : la réponse à la question simple posée ce soir-là à propos du bilan global énergétique du pellet torréfié était très floue et très mal argumentée. C'est pourtant un élément fort du dossier qui doit conduire par exemple l'Ademe à se prononcer. Non, c'est plus la forme qui m'intéresse ici, la façon dont la soirée s'est passée, le comportement des acteurs, ce que cela nous dit du vivre ensemble sur le territoire.
Prenons le cas du commissaire enquêteur. A t-il bien rempli sa fonction en “animant“ ce débat ? A t-il été “impartial“ ? Pour en juger, on aurait pu utiliser la bonne vieille méthode d'analyse de contenu et de congruence. Il s'agit de compter ses interventions et de les qualifier : “pour“, “contre“, “neutre“. J'aurais pu faire ce travail en me servant des enregistrements (toute la séance a été intégralement filmée), mais le temps m'a manqué. Par habitude, je dirais que le commissaire, vers la fin, et à plusieurs reprises, s'est manifestement positionné comme un défenseur de CIBV et plus particulièrement à deux moments : celui où il a refusé que soit projetée une page du dossier que les opposants voulaient mettre à l'écran du vidéo-projecteur (CIBV, embarrassé, étant sur le point d'accepter) et surtout, sa façon très véhémente d’exhorter le PDG à ne pas répondre à la question portant sur sa condamnation pour conflit d'intérêt. Question-accusation mettant en doute son intégrité et donc possiblement celle du projet. Cette casserole circule effectivement sur les réseaux sociaux. Attitude ambiguë et sibylline de notre commissaire enquêteur, somme toute assez classique (je vous renvoie à tous les travaux sur la soumission à l'autorité ou encore au jeu des apparences et préjugés, lié à son propre groupe d'appartenance).
Un exemple amusant témoigne de ce mécanisme quand un élu, président de la communauté de communes de Haute-Corrèze, prend la parole pour faire son speech d'homme politique assez ringard, délivrant des satisfecit au commissaire et à CIBV. Cet élu qui vient là, “l'air de rien“, “sans connaître le dossier, juste pour se faire un avis“, qui reproche gentiment à l'industriel sur la sellette, tel un maître à son élève, de mal travailler sa communication, car chacun sait qu'aujourd'hui, tout est dans l'art de communiquer ! Projet qu'il défend au final, considérant que toute personne qui s'y opposerait serait vraiment contre le développement du territoire du Millevaches. L'intervention, assez longue, est à mourir de rire vu son haut niveau de ridicule : c'est par ce genre de comportement et d'attitude que tant de citoyens ne se déplacent plus pour mettre un bulletin dans l'urne. Le ton se veut caustique, humoristique, il est tout simplement affligeant et plein de morgue. Pourtant, notre commissaire enquêteur, lui qui distribue la parole, restera sous le charme ou le “respect dû à un homme de pouvoir“ et ne lui demandera donc pas d'abréger son propos. Il ne le coupera pas comme il le fera avec d'autres intervenants d'un air excédé : “Mais posez donc votre question !“
Notre commissaire enquêteur aurait mieux fait de ne pas prendre le rôle d'animateur mais uniquement celui de témoin, présence silencieuse, notant rigoureusement les échanges en vue d'alimenter son travail. L'animation aurait pu être confiée à une tierce personne, lui permettant de rester en retrait. On peut parler d'une faute déontologique, même si elle est vraisemblablement non intentionnelle. Il s'est lui même piégé. Souhaitons qu'il ait pris le temps et le recul nécessaires à sa fonction pour que les conclusions de son rapport soient le moins polluées possible par cet épisode et qu'il réalise de quelle façon il s'est fourvoyé dans la forme.
Mais, ce qui m'a le plus frappé, c'est la coupure, le clivage entre “allogènes“ et “autochtones“. Il y a un véritable cancer qui se développe dans toute la France, qui refait surface après des années de tabou suite à la dernière guerre mondiale, c'est la revendication identitaire. Le traumatisme de la Shoah, l'ignominie du nazisme et son idéologie de supériorité raciale avaient considérablement fait reculer les propos antisémites et, d'une façon générale, l'intolérance faite à ceux “qui ne sont pas comme nous“, l'hostilité à l'étranger... Ainsi, est-il interdit en France de ficher les personnes selon leur religion. Or, depuis une dizaine d'années, sous prétexte de “décomplexion“, la revendication “identitaire“ de sournoise est devenue légitime, et cela dépasse largement le cadre de certains partis politiques. Ce retour “identitaire“ est très pernicieux et s'infiltre partout. De façon anecdotique, j'ai pu le relever lors d'une enquête en Bretagne : une paroissienne âgée d'une petite commune était fortement agacée par le comportement du curé de son village. Celui-ci, alors qu'une question était en débat, voulait savoir si cette personne âgée qui prenait la parole, était de souche ou pas. Elle était Vendéenne de naissance et non Bretonne mais vivait sur la commune depuis 40 ans. “Mais qu'est ce que ça peut bien lui faire, au curé, que je sois née ici ou pas ? “ Ailleurs, en Ardèche, même constat, des débats de village sont pollués par des raisonnements identitaires.
C'est ainsi que dans le “camp“ des anti-anti projet, des propos tels que “Mais vous n'êtes pas d'ici, vous n'avez rien à dire“, “Eh ! t'es d'où pour parler ? “, ont été plusieurs fois clairement entendus. À plusieurs reprises, avant de poser leur question à CIBV, des personnes ont d'abord décliné leur pedigree pour ainsi justifier qu'on les écoute : « Je suis de Bugeat depuis plusieurs générations et je ne suis pas d'accord avec le projet“ ; “Je suis de Millevaches“ ; “Je suis de Tarnac“ ; “Je suis du Limousin depuis plusieurs générations“. Car être ou ne pas être d'ici conditionne, pour certaines et certains, le droit à la parole, le droit de décider, le droit d'exister. C'est une espèce de préalable, de pré-requis. La qualité de l'argumentation, la pertinence de la question ne sont plus les éléments principaux. C'est l'origine, la naissance, la famille, la tribu.
D'autres caractéristiques du refus d'entendre sont aussi présentes, comme le dénigrement du savoir, ce qui revient en creux à se féliciter de l'ignorance ou de la médiocrité qui deviennent des valeurs légitimes : “Tu es trop allé à l'école“ ; “Toi, tu as fait des études pour parler comme ça ! “ Les opposants sont érudits (trop), “ils savent mieux que les autres, ils ont tout vu et tout connu, ils vont nous apprendre à vivre.“ Sous entendu : “Ils n'ont pas de bon sens, moi je sais, car on a toujours fait comme ça, et pas besoin de tourner en rond, de se faire des nœuds au cerveau. Ça calcule, ça discute, ça fait de la réunionite, mais ça n'avance à rien“, etc.
Enfin, la stigmatisation par le préjugé : celles et ceux qui s'opposent sont toutes et tous à mettre dans le même sac “altermondialiste-hypergauchiste-assisté-zonard et fouteur de bordel“ : “Vas rejoindre Notre-Dame-des-Landes ! “ ; “c'est sûr, vu comment tu travailles, tu as dû avoir le temps de lire le dossier ! “ ; “Tous des feignants, des alternatifs qui ne branlent rien et n'ont que le temps de tourner en rond.“ Sous entendu : “Ils vivent au crochet de l'État, à notre crochet, nous qui travaillons et suons, nous les “vrais“ habitants. Ils parlent mal aux élus, écrivent n'importe quoi partout, n'ont pas de respect pour le paysage et ceux qui travaillent...“, etc. On est dans le registre peu rationnel de l'opposition non argumentée et non argumentable : ce n'est pas ce qu'elles ou ils disent qui est en cause mais ce qu' “elles“ ou “ils“ sont ou sont censés être, dans les petites cases des idées reçues et toutes faites. La personne est ainsi discréditée non par ses propos, toujours discutables par principe mais parce qu'elle n'est pas d'ici, qu'elle ressemble à un écolo-altermondialiste ou qu'elle a fait des études... Et hier parce qu'elle était juive, homosexuelle, gitane, que sais-je...
Comment comprendre et interpréter ce comportement de rejet, cette violence verbale où l'on sent même poindre de la haine ? Ce sont un peu les mêmes mécanismes d'exclusion. D'abord, un sentiment de peur, d'angoisse, celle de l'abandon, du déclin, l'angoisse de la désertification, la peur de voir sa commune disparaître, un monde qui s'éteint. On espère encore et encore dans un modèle de développement classique : une grosse entreprise qui vient s'installer, pourvoyeuse d'emplois et de retombées économiques (faire vivre le commerce, renforcer les effectifs de l'école, etc.). Mais ce modèle est en partie fortement remis en cause. Les fameuses Trente Glorieuses avec leur croissance à deux chiffres sont une toute petite parenthèse dans l'histoire. L'état du monde n'a jamais globalement été aussi chaotique. Ce modèle économique et social, qui s'origine dans la Révolution industrielle, a produit l'exode rural qui a marqué la mémoire collective. Alors, quand une entreprise propose de s'installer, elle est vécue comme le messie, comme la solution, et au besoin, fermons les yeux sur ce qui peut poser problème : “On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs“ ; “On les aime bien les chauves-souris mais, bon, là il s'agit de notre survie ! “ Dans la hantise de voir une telle bouffée d'oxygène crever comme une bulle de savon, c'est la panique. Toute prudence, comme l'analyse posée et rigoureuse d'un projet industriel, n'est pas recevable tant l'urgence est paralysante. L'émotivité balaie tout.
Ensuite, et par voie de conséquence, celles et ceux qui s'opposent deviennent dangereux. Il faut qu'ils se taisent, absolument. Et il devient plus facile de les exclure quand leurs façons d'être, de penser, de manger, de s'habiller, d'exister, semblent, en apparence, éloignées des codes classiques. Que la réalité de ces personnes soit complètement différente des phantasmes et autres projections, n'a hélas pas beaucoup de poids. Pour que les uns et les autres se perçoivent sans préjugés, acceptent leurs multiples différences, c'est un long travail ! Le paradoxe, in fine, c'est que les anti-granulés, comme les fervents défenseurs du projet, sont tous attachés à leur territoire, animés d'une volonté farouche de bien vivre ici et convaincus qu'ils se battent pour la bonne cause.
Ce retour du refoulé pose question, à l'échelle locale, comme au niveau national. C'est préoccupant, car cette absence de distanciation entre la personne et son propos est le ferment du racisme, de l'exclusion, de la haine et du pire de ce qu'on a déjà connu. Ne pas être d'accord est normal, dans l'ordre des choses. Ce qui importe, ce n'est pas tant de nier le désaccord (politique de l'autruche, monde de bisounours...) mais de savoir comment le gérer. Dans une situation qui fait débat, ce qui est le cas de ce projet, comment les protagonistes peuvent valablement s'opposer, se confronter et discuter ? Je peux dire éventuellement : “Tes propos, tes arguments sont nuls“, mais on change considérablement de registre si je dis : “Tu es nul ou un gros con d'alter-mondialiste ou d'industriel capitaliste, ou de chasseur-viandeur.“ Dans un cas je m'attaque aux idées (et qui n'a jamais proféré des bêtises ou fait des erreurs ?), dans l'autre je touche à l'intégrité de la personne elle-même. Il y a des armes interdites pour résoudre des conflits dans notre société française : la violence physique sur les personnes. Elle est ainsi très majoritairement condamnée et seul l'État, via sa police, son armée, a le pouvoir légal d'utiliser la violence et la contrainte – encore doit-il rendre des comptes. Mais qu'en sera-t-il demain si une partie de la population refuse à certaines et certains la possibilité de s'exprimer simplement parce qu'elle ou il est “étranger“, “cultivé“, “hors norme“ ? Car le déni de l'autre conduit immanquablement à son élimination physique tôt ou tard. Est-ce vers cela que nous voulons aller ?
Marie-Henry Néro