1939-1940
De jeunes limousins, à l’instar de Georges Guingouin, entrent en Résistance. Ils ont entre 18 et 20 ans et vont jusqu’à risquer leur propre vie, pour des idées qui dépassaient des problématiques individuelles et concernaient le collectif.
Les élèves rencontrent Pierre Pranchère, ancien résistant, et lui font lecture de leurs textes, fruit de leur réflexion.
2009
Des élèves de terminale Bac Pro du lycée forestier de Meymac, ont le même âge que ces jeunes maquisards à leur époque et s’interrogent sur ce qui pourrait les amener à s’engager, à résister, aujourd’hui. Dix jours durant, ils travaillent, avec des artistes de l’association Pulsart, en écriture, gravure sur bois, sérigraphie pour réaliser une exposition d’affiches qui traduisent leurs préoccupations et leurs espoirs. En parallèle, ces jeunes forestiers installent sur le site du lycée forestier, les prémisses d’une pépinière, celle “des nouveaux combattants“, lieu ouvert à tous où chacun pourra trouver et laisser des raisons et des moyens de résister, des façons de promouvoir les valeurs d’humanité défendues par les maquisards. Ils lancent aussi l’idée d’une vidéo qui retracerait les différentes étapes de l’action, ponctuées par les témoignages d’anciens résistants qu’ils rencontrent.
L’action artistique “Maquisarbres“ à laquelle ces 19 jeunes participent, conçue et animée par l’association Pulsart, a été mise en place autour de deux notions, “Résistance, Existence“, choisies par le réseau Feuil’Art, réseau d’animation et de développement culturel regroupant l’ensemble des lycées agricoles du Limousin.
“Maquisarbres“ allant au-delà de l’idée de commémoration, va, au travers de la métaphore de l’arbre, à la recherche de ce qui peut fonder les luttes individuelles et collectives, présentes et à venir, les causes nécessitant un engagement et les moyens de les défendre.
un devoir de mémoire n’est justifié que si un droit de résistance peut s’exercer pour les générations à venir
C’est à l’imprimerie du Musée du Pays d’Ussel que les textes écrits par les jeunes en atelier, et les visuels gravés sur des plaques de bois, ont été imprimés, de nuit, avec des moyens qui pourraient être ceux des résistants historiques. Ce sont des rencontres avec ceux-ci et leurs récits qui ont galvanisé les participants et leur ont permis de créer une vingtaine d’affiches originales constituant cette exposition. Elle nous donne à voir un travail plastique autour de la lettre et du symbole, nous donne à penser par le sens des mots, des phrases, des slogans, que le domaine des idées est à investir comme une relation à l’autre, à l’humanité.
Ces messages se retrouveront également au pied des arbres plantés dans “la pépinière des nouveaux combattants“, initiée au lycée de Meymac, et qui sera rappelée au viaduc des Farges. Partant du principe qu’un devoir de mémoire n’est justifié que si un droit de résistance peut s’exercer pour les générations à venir, “la pépinière des nouveaux combattants“ est un lieu où chacun peut se retrouver et trouver l’Autre. Les arbres, plantés par les élèves, sont disposés de façon à produire un parcours pour le visiteur. Le plan de la pépinière est donc travaillé de manière conceptuelle, à la fois sur un plan artistique, intellectuel et écologique, utilisant la notion de “réseau“ liée à la Résistance, façonnant un cheminement qui ait du sens pour le visiteur.
Pour chaque plantation, sont réalisés deux trous : l’un pour l’arbre, l’autre pour enterrer quelque chose au pied de l’arbre qui puisse s’apparenter à une arme. Sous la forme d’un texte dit ou écrit, sont conservées sous terre, les armes constituées par les jeunes en atelier : l’énonciation des causes fondamentales sur lesquelles les hommes doivent se mobiliser, l’explicitation des causes de cette mobilisation et la formulation de pistes concernant les moyens que l’on a pour agir. L’objectif étant que le visiteur, se questionnant de manière plus ou moins prononcée, puisse trouver en creusant, des itinéraires qui ont une chance d’aboutir à autre chose que la disparition des espèces. Le visiteur, dans un moment de prise de conscience ou d’extrême doute, pourra ainsi déterrer les armes laissées par les premiers des nouveaux combattants, et pourra, à son tour, enterrer les armes qu’il aura constituées.
À travers le témoignage d’anciens résistants et les premières recherches philosophiques, éthiques et esthétiques des jeunes participants, c’est une rencontre dont nous sommes témoins dont l’arbre est le point central. Le film retrace le processus de création de “Maquisarbres“ basé sur le dialogue intergénérationnel des acteurs du passé, du présent et de l’avenir. Un souci commun les anime l’avenir d’une certaine humanité. Ce film est un outil pédagogique fort en termes de mémoire historique et d’engagements citoyens en devenir.
A travers toute cette action, les élèves revendiquent leurs idéaux : parité, solidarité, droit à l’éducation à la libre expression… pas si lointains de ceux de leurs aînés, les résistants, à qui ils rendent hommage tout au long de cette action. Ils nous signalent aussi les urgences d’aujourd’hui : environnement, dépendance technologique, isolement, individualisme… À tous et à chacun d’y répondre quand aujourd’hui en France, et pour la première fois, une majorité de parents est convaincue que la vie de leurs enfants sera plus dure que la leur.
Pulsart, association nationale d’actions artistiques
L’art en lutte contre les exclusions et les discriminations
http://www.pulsart.org
- Ont participé à l’action, avec les artistes de Pulsart Cédric, Corentin, Dimitri, Florant, Florian, François, Guillaume, Jérôme, Julien, Kévin, Mathias, Mathieu, Pierre, Pierre-Luc, Romain, Sylvain, Thibault, Thomas, Vincent. En mars 2010, d’autres jeunes forestiers du lycée de Meymac viendront enrichir de leurs réflexions et productions, les réalisations existantes.
L’action artistique Maquisarbres a été réalisée avec le concours de l’imprimerie du Musée d’Ussel et la précieuse participation des anciens résistants : Roger et Raymonde Bordes, André Dunaud, Louis Gendilloux et Pierre Pranchère.