Dans la première quinzaine de juillet 18 jeunes de 11 à 15 ans ont établi leur camp à La Forêt Belleville sur la commune de Vidaillat en Creuse. 7 venaient de Noisy-le-Grand envoyés par ATD Quart Monde. Les autres étaient limousins invités par le MRJC (mouvement rural de la jeunesse chrétienne) et par l’ACE (action catholique des enfants) pour deux limougeaudes. Les objectifs de cette rencontre étaient de permettre à ces jeunes de vivre des vacances dans une dynamique collective et de leur faire découvrir un territoire rural vivant qui donne envie d’agir et de favoriser les complémentarités entre territoires ruraux et urbains. En vrac quelques unes de leurs impressions.
On discute pour comprendre
Loin des repères habituels, de la loi du plus fort ou d’un environnement plus calme, chacun a su inventer de nouvelles manières d’être pour vivre avec l’autre. Une rencontre exigeante et parfois explosive tant il n’est jamais facile de remettre en cause ses habitudes et ses préjugés. Au début çà se passait mal. J’avoue que je leur lâchais des regards, comme je les regardais trop mal dans le bus ! Dès que j’ai vu leur tête, je me suis dit va y avoir des morts. Ça a changé parce que ça devait changer. On a tapé la discut’ parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Si on était resté comme au début, ça aurait été chiant.
Vivre et Faire ensemble
Le camp c’est l’apprentissage de la vie en collectivité. On partage les tâches et on réalise des choses en commun. J’ai aimé vivre en groupe et dormir sous la tente ou à la pleine lune ...J’ai appris plein de choses ... à vivre sans baguettes, à vivre avec les mouches ... à faire du pain ... à faire la cuisine, comment faire du fromage... j’ai appris à jouer de la guitare. Ensemble ils ont reconstruit un théâtre de verdure dans la forêt voisine du campement. Pour fêter la fin de ce chantier, ils ont invité les gens des alentours à venir participer à une soirée scène ouverte autour de la danse, de la musique, du chant, du dessin . On a fini le chantier, on peut en être content. C’était bien, le matin, tu te motives au moins .
Vivre à la campagne
Des banlieusards de Noisy le Grand et Limoges ont découvert un territoire et ses habitants. “Ça a changé ma vision de la campagne. J’imaginais les jeunes de la campagne avec des chapeaux de paille à cultiver la terre, mais maintenant je sais qu’ils sont pareils que nous.“ Ils ont été à la rencontre des hommes et des femmes qui font vivre la région : éleveurs, chevriers, artisans, potiers et ils ont partagé avec eux d’autres manières de vivre, dont certaines très éloignées de leur quotidien, comme avec Thierry, qui fabrique son pain traditionnellement et qui a choisi de vivre simplement, sans voiture, sans électricité et en récupérant l’eau de pluie. “Des gens peuvent vivre sans télé ! ... Mais je ne sais pas si j’aimerais vivre ici. Je préfère la ville quand même. ... Je détesterais vivre ici. On peut y passer des vacances mais pas toute notre vie. La nuit ça fait peur. ... J’aimerais un peu vivre ici. Je trouve qu’il y a de belles maisons et en pierre. Ça fait super beau.
Et après, pour demain
Déjà ils souhaitent se revoir. Ils se retrouveront à la fête de la pomme et les citadins proposent de revenir avec quelque chose à présenter, par exemple un spectacle pour le théâtre. Un retour de camp est programmé de 3 ou 4 jours à Noisy-le-Grand. Ça serait trop speed qu’ils viennent à Noisy pour les revoir et qu’ils voient où on habite ... Ça serait bien qu’ils viennent à Noisy. Je leur montrerai ATD Quart Monde, notre cité, notre quartier et les environs ... S’ils viennent à Noisy ils vont voir que tout le monde est pépère sur un banc et que personne ne cultive ...
Un autre camp pour l’année prochaine en Creuse ? On y réfléchit. Les filles de Noisy-le-Grand ont même proposé qu’il dure un mois. Une expérience à tenter pour démultiplier les formes d’échange, et de débat sur les liens ville/campagne. La balle initiée par les jeunes est à reprendre, elle peut ouvrir des pistes concrètes d’actions à l’échelle du Limousin.
Fabien Brosset, Antonin Soulmagnon, Aurélie Martin pour le MRJC et Thibault Dauchet pour ATD Quart Monde