Dans l'actualité limousine, les projets mirobolants se bousculent. Soutenus plus ou moins fortement par les élus, ils ont pour point commun d'apparaître en pointe sur le plan technologique, ce qui élimine d'emblée toute critique, personne ne voulant paraître passéiste, anti-progrès, ou ringard.
Jean-Luc Cailleau, dans le numéro 62 d'IPNS, a déjà montré toute la méfiance qu'il convient d'avoir face au dossier futuriste de l'Hyperloop, cette capsule à très très grande vitesse qui fait tant rêver certains élus limousins. Mais les choses évoluent vite. Le 24 avril 2018 encore, Le Parisien parlait d'une ligne pour relier Limoges à Paris en 20 minutes et louait le préfet de la Haute-Vienne pour avoir compris que l'Hyperloop serait le moyen de transport des années 2020.
Mais le 14 mai 2018, à France 3 Limoges, le Canadien Gendron, PDG de Transpod, la société se proposant de développer l'Hyperloop à Limoges, a déclaré ceci : “Je n'imagine pas de lancer ce moyen de transport en France, mais plutôt au Canada, ou au Moyen-Orient.“
C'est donc la fin des illusions ! Paris à 20 minutes de Limoges, le rêve n'est plus d'actualité. Ceux qui ont milité pour cette chimère dans le cadre d'Hyperloop Limoges en sont donc pour leurs frais. Pas tout-à-fait cependant car Transpod, dans sa grande magnanimité, avec “la bienveillance du département et la coopération de l'Université de Limoges“, prévoit de construire une piste d'essais à Droux, sur un terrain cédé gratuitement par le département. Il s'agit d'une ancienne voie ferrée sur laquelle devait être créée une voie verte. “20 emplois directs et des centaines indirects“ étaient promis à la clé.
Nous y voilà : comme dans d'autres projets, l'aveuglement des élus face aux perspectives de créations d'emplois est une nouvelle fois confirmé. Dans La Montagne du 8 mai 2018, Gérard Vandenbroucke, président de la communauté d'agglomération de Limoges, affirme haut et fort que “l'Agglo considère ce projet avec beaucoup d'intérêt“, alors même que Gendron craignait un manque de soutien de cette collectivité. Gérard Vandenbroucke ne veut surtout pas risquer d'être accusé d'avoir manqué le train !
Les 20 millions de fonds privés que Transpod se targue d'avoir recueillis pour le projet, dont une bonne part doit provenir du Limousin, auraient certainement été mieux utilisés pour soutenir des projets de développement local, plutôt qu'être engloutis dans une chimère technologique.