Après des années de gestion par la SAUR, la commune de Royère s’est posée la question du retour en régie. En effet, le contrat arrivait à expiration et le coût annuel (76 000 €) ne semblait pas être justifié par une qualité de service rendu. De plus, l’équilibrage du budget aurait nécessité une forte augmentation du prix du mètre cube. Pour faire son choix, la commune a commandé un diagnostic du réseau et une étude de faisabilité à la DAAF, où est apparu que le retour en régie était tout à fait possible mais ne présentait pas nécessairement d’avantage financier. Il s’agissait donc surtout d’une décision politique. Considérant qu’un tel service public ne devait pas être une source de profit, le retour en régie a été décidé en décembre 2006 et les mesures qui s’imposaient ont été mises en place : formation du personnel, investissements en équipement, organisation du travail entre les ouvriers municipaux. Certaines opérations, cependant, sont confiées à des intervenants extérieurs. Mais le résultat est positif car la régie permet de maîtriser le budget eau et, surtout, redonne toute sa place à la collectivité dans le contrôle de cet élément clef de l’aménagement du territoire.
Le grand intérêt du retour en gestion directe par la commune ou le syndicat intercommunal est la maîtrise du coût de l’eau. Une entreprise privée se doit de faire du bénéfice, pour les actionnaires et pour payer les sièges régionaux et nationaux, la publicité... Une régie n’a pas ces charges. Au Palais sur Vienne, où le retour en régie a été voté en 2001, le prix de l’eau a baissé de 30% et il est resté stable depuis, alors qu’il augmentait de 6 à 10 % par an dans le cadre de la gestion de la SAUR. Ce choix a également permis un débat sur l’abonnement, que nous avons décidé de supprimer. Ne correspondant à aucun service défini, c’est souvent le bénéfice que prend la société privée, et avec 6 mois d’avance. La nouvelle loi sur l’eau précise qu’il faut tendre à le rendre le plus faible possible car il est socialement injuste : le petit consommateur d’eau paie l’eau plus chère au m3 qu’un gros consommateur ! Les exemples que nous connaissons montrent que partout où il y a eu retour en régie, le prix a baissé et la qualité du service y a gagné.
Le Syndicat intercommunal d’adduction d’eau de la Haute-vallée de la Creuse regroupe trois communes : Clairavaux, Croze et Felletin, qui comptent ensemble 1400 abonnés et commercialisent entre 100 à 120 000 m3 d’eau. En régie directe depuis sa création dans les années 1960, le syndicat est confronté à plusieurs difficultés :
Pour pallier ces difficultés, les élus se sont donnés les moyens d’une véritable indépendance, en formant et en équipant une équipe technique. Cette performance a un coût qui se répercute sur le prix de vente. Actuellement un peu inférieur à la moyenne départementale, il devra certainement être réajusté à la hausse. La gestion en régie a eu une conséquence très favorable en ce qui concerne le refus de neutraliser (diminuer l’acidité par un traitement approprié) l’eau distribuée. Connaissant l’attachement de la population à l’eau de source non traitée du syndicat, les élus ont refusé de s’engager dans la voie indiquée par les autorités sanitaires. C’est un choix qu’une entreprise privée n’aurait pas pu faire car elle n’aurait pas eu la légitimité nécessaire pour prendre une telle décision.