Un logement passerelle est un logement temporaire proposé à un porteur de projet souhaitant s’installer sur le territoire pour lui permettre de découvrir le territoire, tester son projet d’activité et de vie en bénéficiant d’un suivi. Mais au-delà de ce dispositif proposé par l’association De Fil en Réseaux, le Plateau dispose d’autres logements temporaires (souvent qualifiés également de “passerelles“), proposés par des communes ou des associations. Aperçu de cet élément essentiel de la volonté d’accueil.
Le-Villard : Au cœur du réseau
Lorsqu’elle est arrivée en février 2008 sur le Plateau de Millevaches, Claudine n’avait pas de réseau de connaissance, donc pas de pied à terre pour se poser et effectuer les premières recherches pour son projet. C’est en débutant ses recherches qu’elle a fait connaissance avec l’association De Fil En Réseaux, qui accueille les nouveaux arrivants, et qu’elle a découvert le principe des logements passerelles.“Cela m’a permis de me loger facilement pour la durée que je voulais et m’a aussi permis de faire des rencontres, de discuter de mon projet...“. En effet, l’objectif du logement passerelle est de faciliter la découverte du territoire et l’arrivée des nouveaux habitants sans qu’ils aient à se précipiter dans la recherche d’un logement. Ils y restent le temps (1, 2, 3 jours, 1 semaine, 1 mois...) qu’ils puissent se faire une idée de la vie sur le plateau, trouver un logement intéressant ou effectuer des démarches pour valider la cohérence de leur projet avec les réalités locales. La présence en logement passerelle s’accompagne d’un accueil et d’un suivi des projets de la personne par l’association De Fil En Réseaux. En effet, un hébergement seul, sans la mise en lien avec les habitants perdrait de sa pertinence.
Frédéric Thomas
Meyrignac l’Eglise : Résider pour entreprendre
A l’origine du projet, une rencontre. Celle de deux habitants d’un même village, confrontés chacun à la question de l’évolution du monde rural et de l’installation de nouveaux habitants. Dominique Dorme tout d’abord, qui, héritant d’un ensemble immobilier à Meyrignac-l’Eglise (19), se dit qu’un tel bien constitue peut-être une opportunité pour contribuer à la renaissance de la commune. Olivier Toutain ensuite, qui, dans le cadre de ses travaux de recherche sur le thème de l’entrepreneuriat rural, pointe le rôle clé de l’habitat dans les processus de création d’activité. Partagée par d’autres habitants, cette conviction débouche sur la création en mai 2007 de l’association Résider pour entreprendre. Tournée vers des porteurs de projet qui s’interrogent encore sur leur lieu final d’installation, elle a vocation à leur proposer des solutions d’hébergement temporaires adossées à un service local d’accompagnement, le temps de bâtir un réseau d’interlocuteurs leur permettant de créer ou reprendre leur entreprise. Bref, de leur offrir “le luxe du temps et de la proximité“. Un projet original, mêlant initiative privée et ambition de service public mais qui, peut-être à cause de cette dimension singulière, rencontre pour l’heure quelques réserves auprès de certains acteurs publics...
Stéphane Grasser
“Accueillir, loger, sont au centre des politiques territoriales actuelles“
Les communes sont souvent les premiers interlocuteurs des porteurs de projets et des futurs habitants. L’attrait du Plateau de Millevaches se confirme quotidiennement dans les mairies et la volonté d’accueil est indéniable. Sur plusieurs communes sont ainsi proposés des logements loués temporairement à ces nouveaux arrivants.
Exemple avec Pierre Coutaud, Maire de Peyrelevade.
IPNS : Quels sont vos pratiques et votre vision de l’accueil sur la commune de Peyrelevade ?
Pierre Coutaud : Nous recevons régulièrement des demandes de porteurs de projets qui cherchent à s’installer sur le Plateau en général et à Peyrelevade en particulier. Compte tenu de la démographie de la commune, accueillir de nouveaux arrivants est vital pour notre avenir. Il faut d’abord donner envie de s’installer : par la mise en valeur de notre cadre de vie, par la pérennisation de services publics, de commerces et de professions médicales et par le soutien et le développement d’une vie associative. Ensuite, il faut proposer des logements, en mettant les personnes en relation avec les propriétaires et, par exemple, en servant d’intermédiaire avec la SAFER.
IPNS : Comment accueillez-vous ces porteurs de projets ?
PC : En tant qu’élu, il est important de rencontrer rapidement ces personnes afin de bien définir leurs besoins et d’établir une relation personnelle avec eux. Cela leur permet de s’assurer de la volonté d’accueil du territoire et de trouver un premier soutien moral à leur projet. Ensuite, on avise en fonction de nos possibilités. Malheureusement, nous n’avons pas toujours les solutions et les réponses à leurs demandes. Concrètement, hors période estivale, nous mettons à disposition les gîtes et chalets communaux pour un loyer mensuel de 180 à 200€ par mois avec l’obligation de le libérer fin juin.
IPNS : Comment pensez vous pouvoir, au long terme, développer cet accueil sur la commune?
PC : Les projets avancent souvent de manière informelle. Une institutionnalisation des pratiques pourrait avoir des effets pervers en terme de lourdeur si elles sont portées par les seules communes… Par contre il est nécessaire de créer des passerelles entre les réseaux associatifs et les élus locaux. La pratique de ce que nous pouvons appeler les “logements passerelles“ s’effectue donc déjà de manière informelle sur certaines communes du Parc Naturel. Une politique d’accueil va cependant de pair avec une politique logement efficace qui, malheureusement, ne permet toujours pas de satisfaire une demande importante de la population établie. Accueillir, loger, sont au centre des politiques territoriales actuelles.
IPNS : A ce titre, on peut citer l’exemple de la commune de La-Nouaille...
PC : Cette commune de 254 habitants possède 11 logements communaux loués sans discontinuités depuis leur réalisation. De plus, un couple souhaite s’établir en auto-construction sur un terrain qu’il a acquis. Plusieurs projets de construction voient le jour, un lotissement de 3 lots, dont un possède déjà un certificat d’urbanisme. D’autres possibilités pourraient être étudiées, notamment dans la réhabilitation, mais la Communauté de communes du Plateaux de Gentioux, dont fait partie La-Nouaille se confronte au problème majeur de nos collectivités rurales ... celui du manque de ressources financières. Et donc de réalisations forcément limitées.
Propos recueillis par Jérémy Veyret