En plus des ponts routiers que l’on franchit chaque jour en voiture, notre territoire recèle quantité de petits ponts sur les nombreux chemins ruraux reliant tous les villages entre eux plus directement que les routes actuelles. Si pas mal d’entre eux ont disparu ou sont en ruines, ils en subsistent heureusement beaucoup qui méritent d’être connus et préservés.
Les ponts “planches“
Les bien connues, parce que les plus originales “planches“ dont le tablier est constitué de grandes dalles de granit, et les piles comme les culées, de pierres sèches assez grossièrement appareillées. Le terme de “planches“ ne doit pas surprendre, car dans le parler ancien une planche n’était pas forcément de bois comme aujourd’hui une poutre peut être métallique ou en béton armé. Selon la largeur du cours d’eau et la taille des dalles, on a une à quatre travées. L’étroitesse de l’ouvrage et le poli de la pierre ne permettent pas aux troupeaux, ni aux charrois d’utiliser ces ponts qui étaient donc toujours doublés par un gué aisément repérable encore de nos jours. La faible hauteur du tablier par rapport à l’étiage pose problème en période de crue. De ce fait il n’était pas rare qu’une ou plusieurs planches soient emportées et nécessitent des travaux. On rebâtissait le pont de manière semblable, mais pas forcément à l’identique et cela de siècle en siècle. Le dernier chantier de cette sorte a été effectué pour ce qui concerne la commune de Saint-Martin-Château, sur les planches de Pont en 1953.
“Ces ponts, dont la datation exacte fait le plus souvent problème, tant il y a eu au fil des âges réparation voire reconstruction.“
Les ponts à arches
Ce 2éme type est plus proche de l’image traditionnelle du pont tel que chacun se le représente : le pont à une ou plusieurs arches en pierres soigneusement appareillées. Pour ce qui concerne nos petits ponts cet agencement est plutôt rare du fait de la facilité qu’offre les massifs de granit partout affleurant et qui permet de débiter en grandes dalles, nos “planches “. Les ponts à arches existent encore sur la partie amont de la Maulde, en sortie de la retenue de Vassivière, au Chataignoux et Fafreix. Ce dernier est remarquable par son importance et le fait que ses trois arches ne suivent pas le même dessin. Cette particularité est peut-être dû à une ou des reconstructions partielles. Là encore la datation en est difficile. Comme pour les autres types, il n’y avait pas de parapet et comme pour le type mixte la chaussée était recouverte de terre pour le passage des animaux. Sur de vieilles cartes postales on voit un vieux pont de Saint-Martin-Château. Il s’agit de la passerelle la plus connue, celle des Jarrauds qui jouxte le moulin éponyme et qui en permettait l’accès direct à partir du bourg. Le terme de passerelle a été souvent employé dans des écrits officiels, comme les délibérations du conseil municipal, et souvent pour des planches comme Verrières ou Pont.
Les ponts de construction mixte, ouvrages plus importants et certainement plus récents. Peut-être remontent-ils au XVIIIe siècle, mais la majorité est du XIXe. Deux culées et une pile centrale en belles pierres de taille, assemblées à joints vifs confèrent beaucoup d’allure à ces ouvrages et ce d’autant plus que la pile est souvent pourvue d’un avant-bec face au courant. Il peut être de plan triangulaire ou arrondi et même décoré d’un quart de sphère en granit, du plus bel effet comme à Villegouleix. Le tablier de ces ponts du “3ème type“ repose sur de grosses poutres parallèles (de 2 à 4 chaque) joignant une culée à la pile centrale, puis cette pile à la culée de l’autre rive. Sur ces ponts, on disposait transversalement bastaings ou rondins, recouverts au final de motte de terre, pour éviter au bétail de glisser.
La conséquence de cet agencement est que le tablier avait tendance à pourrir rapidement si on n’y prenait pas garde et aujourd’hui, en dehors de réhabilitation comme à Villegouleix, ces ponts sont souvent malheureusement ruinés comme le pont dit “Paslin“ du nom d’un ancien propriétaire.
Association Eclats de Rives St Martin-Château 23460, texte : Hervé Riou, photos et illustrations : M. Bernard