Depuis de nombreuses années, les sports mécaniques suscitent des oppositions, mais ces dernières se sont renforcées avec la prise de conscience des dégâts causés par l’utilisation et le gaspillage des énergies fossiles.
Ainsi, la contestation du rallye Paris-Dakar développe pour thème principal l’indécence constituant à faire de l’Afrique (ou de l’Amérique Latine) un terrain de jeux pour les nantis occidentaux.
Récemment, la décision de la préfète et du Conseil Général des Yvelines de lancer à Flins un projet de circuit de Formule 1 pour le grand Prix de France, alors que les terrains concernés devaient être attribués à trois agrobiologistes, a suscité une très forte indignation.
En Limousin aussi, nous connaissons des conflits liés au développement de ces activités, soit parce qu’elles nécessitent un subventionnement public (Rallye du Limousin, BAJA à la Courtine) soit parce qu’elles génèrent des conflits d’usage du milieu naturel (4x4, quads et motos sur les chemins, jet-ski à Vassivière).
Les “retombées économiques“ invoquées pour justifier le soutien accordé à ces activités ne peuvent tout justifier. La crise écologique atteint une telle acuité que certains plaisirs sont devenus coupables.
Pour apporter un premier éclairage sur ce thème, nous avons demandé à l’association “REVE Val de Tardes“ de présenter son activité.
En 2006, des habitants de Saint-Avit-de-Tardes et de Saint-Silvain-Bellegarde, riverains du circuit automobile privé du Mas du Clos, ont protesté contre les nuisances sonores engendrées par la pratique commerciale de ce circuit, accueillant hors de tout contrôle des véhicules sportifs (auto et moto). Devant la difficulté à se faire entendre par la direction du Mas de Clos et les municipalités d’alors, ils se sont constitués en une association aujourd’hui forte d’une centaine de membres : REVE Val de Tardes (Respectons Ensemble et Valorisons notre Environnement).
Le but était d’élaborer et de négocier avec les autorités administratives et la direction du Mas du Clos un “protocole de bonne conduite“ devant permettre à chacun de vivre dans le respect des autres en préservant la qualité de vie dans un environnement naturel. L’intervention de l’association a permis une prise de conscience des enjeux environnementaux que pose ce type d’installation de sport automobile. Le Mas du Clos rencontre d’ailleurs de nombreux autres problèmes, réglementaires et assurantiels, qui l’ont obligé à réduire fortement son activité faute de volonté de mise aux normes.
Soucieux de répondre aux inquiétudes économiques d’un certain nombre d’habitants (hôtels, propriétaires de chambres d’hôtes et gîtes dont une part de la clientèle provenait de la fréquentation du circuit), et donc de diversifier les ressources des communes concernées en développant un “tourisme vert“, nous avons réfléchi aux possibilités d’une meilleure mise en valeur du patrimoine naturel et culturel (anciens moulins, fermes, calvaires, chapelles, menhirs …) de la haute vallée de la Tardes.
Une première étape, simple et peu coûteuse, consiste à réhabiliter des chemins de randonnée et à offrir une communication efficace en période estivale (installation des balises signalant les chemins praticables, leurs points d’intérêt pour un usage facile et ludique) et éventuellement un encadrement d’animation. Le soutien des municipalités concernées est indispensable ainsi que la prise de conscience par les habitants de la valeur de leur cadre de vie. D’autres associations (par exemple l’Association pour la défense et la mise en valeur des chemins (ADMVC), active depuis de nombreuses années dans la région) pourraient s’allier à ce projet et l’enrichir.
Au-delà, pourraient être organisées des rencontres culturelles – lectures, expositions, concerts, etc., qui dessineraient, en contrepoint du parcours géographique, un parcours culturel, “une vallée verte“. Les moyens impliqués seraient plus importants, nécessitant le soutien des acteurs institutionnels régionaux comme la participation des nombreuses associations aux pratiques spécifiques. C’est un projet de longue haleine. C’est d’ailleurs dans le but de ne pas hypothéquer l’avenir que l’association s’oppose au projet du Mas de Clos d’implanter un second circuit, cette fois réservé aux véhicules tout-terrain. Ce projet inspire les plus vives inquiétudes. Des travaux d’aménagement ont commencé sur le site en dehors de tout cadre légal en 2006, suivis en 2008 d’une tentative de législation a posteriori. En totale opposition avec un développement de la vallée respectueux de l’environnement, son intérêt économique est négligeable. Inutile enfin de souligner que la crise aiguë que nous connaissons s’incarne typiquement dans ces modèles de développement obsolètes qu’il nous paraît vital d’abandonner !