Démonstration sur la ligne Limoges-Angoulême. Depuis mars-avril 2018 la ligne ne va plus jusqu’à Angoulême, l’état de la ligne, que la SNCF n’a pas entretenue pendant trop longtemps, interdisant pour des raisons de sécurité la circulation des trains de Saillat-sur-Vienne jusqu’à Angoulême. Seul le tronçon Limoges-Saillat fonctionne encore. Effet immédiat : le nombre de voyageurs a été, en gros, divisé par deux, 200 000 voyageurs-km disparaissant du jour au lendemain ! Pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour établir le lien... Comme dit un élu haut-viennois du coin : “J’aimerais bien, moi, que les vaches puissent regarder passer les trains vers chez moi !“
Si la ligne Limoges-Ussel est en bon état technique et qu’on aura bientôt une gare toute rénovée à Eymoutiers, elle a néanmoins connu cette année des petits problème de signalisation. La SNCF a rassuré les usagers en expliquant qu’il s’agissait d’un problème de cartes électroniques qui était maintenant résolu (les cartes étaient trop sensibles et cramaient quand il y avait des orages). Désormais, de nouvelles cartes ont été commandées et livrées et, selon le responsable de la SNCF “ça marchera jusqu’en 2022-2023“. Mais d’ajouter aussitôt : “Reste à résoudre un problème d’ordinateur à Limoges : pour que le système fonctionne il faut un vieil ordinateur“. Appel aux bonnes volontés : envoyez vos vieux clous informatiques à la SNCF !
C’est un conducteur TER qui a signalé que la convention signée entre la région et la SNCF est loin d’être toujours respectée par la société nationale, en particulier concernant “l’équipement en personnel des trains“. La convention prévoit dans chaque train un conducteur et un agent d’accompagnement (pour la sécurité, le contrôle, le renseignement, la sûreté des voyageurs). Or beaucoup de trains ne circulent qu’avec un conducteur, sans agent d’accompagnement ! Aux chiffres officiels de la SNCF qui dit que le cas ne s’est présenté que deux fois depuis le début de l’année, les agents de la SNCF apportent un sérieux démenti : fin mars, cela concernait 2 à 3 trains chaque jour. Le 18 avril 2019, ce sont 21 circulations sans contrôleur qui étaient prévues en préopérationnel (c’est-à-dire que cette absence était prévue en amont et qu’il ne s’agissait pas d’une décision de dernière minute...).
L’aventure est arrivée le 17 mai 2019 à un jeune voyageur sur le tronçon Eymoutiers-Limoges. Il a l’habitude de prendre cette ligne et prend son billet “Top jeune“ auprès du contrôleur pour 7,50 €. Mais ce jour-là le contrôleur lui explique que désormais, prendre son billet dans le train lui coûtera... 15 € ! La région a été avertie de cette nouvelle politique de la SNCF et a dûment protesté, réclamant que pour les gares sans guichets et sans bornes, cette pénalité ne soit pas appliquée. La SNCF a semble-t-il accepté. On se demande à quelle logique obéit le service ferroviaire (j’allais écrire public, excusez l’anachronisme) pour remplacer un service simple et pratique au client par une pénalité... Pour forcer les gens à acheter leur billet ailleurs que dans le train ? L’explication est peut-être à chercher dans le paragraphe précédent...
Le graphique ci-contre montre l’évolution mensuelle du nombre de voyageurs-km en 2017 et en 2018 sur la ligne du Plateau. “Un bon résultat“ selon les responsables de la région avec une moyenne mensuelle autour de 500 000 voyageurs-km. Creux en mars 2018 avec un peu plus de 300 000 voyageurs-km et pic en août 2017 avec presque 1 million !
La pointe de trafic, sur le même graphique, en juillet et août, que ce soit en 2017 ou 2018, est analysée par les responsables ferroviaires comme étant en lien direct avec l’existence du Passauvert, ce billet à prix compétitif mis en place l’été pour rejoindre Vassivière depuis Limoges (l’aller-retour à 3, 5 ou 7 euros selon l’âge). Si on suit leur raisonnement, plus le prix est attractif, plus il y a de voyageurs !
Suivons donc leur raisonnement jusqu’au bout. Si le transport était gratuit, n’y aurait-il pas beaucoup plus d’utilisateurs ? Et donc moins de voitures sur les routes, moins de carbone dans l’air, moins de bouchons en entrée de Limoges, moins d’accidents automobiles, etc. Certainement. Mais ça coûterait beaucoup trop cher allez-vous dire... Pas sûr ! Le coût des voyages en TER pris en charge par la région est déjà de 80 % (soit exactement 296 millions d’euros par an, soit ce qu’on appelle la “contribution d’exploitation TER“). En augmentant cette contribution de 20 à 25%, on pourrait faire des transports gratuits sur toute la Nouvelle Aquitaine ! (il faudrait en gros passer de 300 millions à 380 millions par an). Pas hors de portée donc. Et pour valider l’idée, pourquoi ne pas l’expérimenter d’abord sur deux ou trois lignes de manière à pouvoir mener une analyse objective de l’effet de la mesure ? Cela ne coûterait pour le coup pas plus de 5 à 6 millions, soit à peine 2% de plus sur le budget TER de la région. William Jacquillard, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine délégué aux gares et à l’intermodalité, ne balaie pas la proposition d’un revers de la main : “La question de la gratuité : le débat n’est pas refusé par la Région, c’est en débat, c’est quelque chose qui doit être étudié mais qui n’est pas impossible à condition de trouver les bonnes conditions pour le faire.“ Il est vrai qu’il ajoute aussitôt : “Mais on n’en est pas là.“
Les agricultrices de la FDGEDA(fédération départementale des groupes d'études et de développement agricoles) de la Haute Vienne sont toujours en veine de créativité. IPNS dans son numéro n° 6 avait conté l'exceptionnelle aventure de leur atelier d'écriture sous la férule de Claire Sénamaud de l'association Princesse Camion. En 2003 elles ont tracé en mots les tourments et les espérances qu'elles ont éprouvés pendant et après la crise de la vache folle.
Elles publiaient un bel ouvrage, riche d'émotion et de vérité : "De l'encre dans la prairie". Et, toujours avec l'ardent souci d'aller à la rencontre des populations urbaines, elles sont parvenues à séduire les talents de deux artistes volubiles dans l'art de la mise en mots. Ainsi en 2003 Eugène Durif, avec Catherine Beau et sa compagnie l'envers du décor ont mis en scène et en musique le voyage d'un citadin à la campagne dans "le plancher des vaches". La pièce a trouvé un large écho auprès du public limousin et même parisien puisqu'elle a été jouée au théâtre du Rond point des Champs Elysées. En 2004, elles ont confié leurs récits de vie à Pierre Laurent le conteur de la Compagnie de la Grande Ourse. Sous le double signe de la drôlerie et de la tristesse il les a comparés aux personnages des contes et légendes populaires. La "Vie sur terre" c'est grave et grand, mais comme la vie c'est plein d'espoir.
Ce message d'espérance les agricultrices souhaitaient aussi le transmettre aux habitants de Limoges. Elles ont sollicité l'artiste Arnaud Ruiz pour qu'en fresque, il laisse cette trace indélébile sur les murs de la ville. C'est quand même mieux que l'éphémère des placards publicitaires qui encombrent les frontons des carrefours et des places de la cité. Malheureusement la ville de Limoges n'a pas su capter le message des agricultrices. Elle leur a prêté les murs d'un local technique de la compagnie des TCL situé à l'angle de deux artères (Adolphe Mandonaud et Ferdinand Buisson) où le flux de la circulation automobile obstrue quelque peu la lisibilité. De plus, le site a contraint le fresquiste à modifier ses esquisses pour s'adapter à une surface angulaire et par surcroît à raz de terre. Ce choix de l'emplacement a brisé tout le sens de l'allégorie. Pourtant elle nous offre une image forte de la symbolique du don et du contre don dans le rapport que l'humanité entretient avec le vivant. A travers le lent découpage du geste de l'enfant cueillant un épi pour l'offrir à sa mère, l'artiste a traduit toute la vitalité que les agricultrices engagent d'elles mêmes et dans leur métier au service de la gestion du vivant. Pour achever de détruire cette harmonie, dans le dernier geste où l'enfant cueille l'épi, son visage se heurte à un panneau danger de mort. Il est inscrit sur une porte de sécurité de ce poste de transformation électrique. Et comble d'ironie, cette porte métallique s'insère juste en dessous du titre de la fresque : "Agriculture, tu dessines nos paysages, tu nourris les hommes, je crois en ton avenir".
Alors on s'interroge sur l'intention qui a guidé le choix des édiles limougeauds. Il y avait mieux à offrir que ce local technique inapproprié et par surcroît éphémère. C'est d'autant plus étonnant que les limougeauds entretiennent des relations conviviales avec la campagne. Et dans une région où l'agriculture exerce une attraction culturelle non négligeable il est pour le moins surprenant que les élus de la métropole régionale manifestent une telle indifférence à l'initiative des agricultrices.
Fin novembre 2022, Alain Rousset, président de la région Nouvelle Aquitaine a communiqué, lors d’une rencontre avec le CESER (Conseil économique, social et environnemental régional), la décision d’abandonner le projet d’autoroute Limoges-Poitiers.
Ce projet, soutenu par la Chambre de commerce et d’industrie et les collectivités de Haute-Vienne, avait reçu en mars 2022, un avis défavorable du conseil départemental de la Vienne, et suscité l’opposition d’un certain nombre d’associations qui dénonçait un projet inutile et coûteux.
Elles défendaient la solution d’un aménagement en deux fois deux voies sur une partie du trajet pour des raisons à la fois environnementales et économiques, en refusant de créer un nouveau tronçon payant et concédé à une société d’autoroute.
L'alimentation nous relie les uns aux autres. Mais aussi à la terre. Elle nous rassemble par-delà nos cultures, nos âges, nos sexes, nos religions, nos origines géographiques et sociales, et toutes nos différences.
Nous avons pris conscience de cela il y a quelques années et rapidement, des questions récurrentes sont venues troubler notre petite vie citadine :
D'où viennent nos aliments ? Par qui ont-ils été cultivés, élevés ? Par qui ont-ils été acheminés jusqu'à moi ?
Dans quelles conditions ?
Oui, dans quelles conditions vivent les êtres qui pourvoient à mon plaisir chaque jour. Animaux, végétaux… et humains !
Et puis, est-il obligatoire d'utiliser pour cultiver la vie des produits en "cide" qui la tuent (pesticides, herbicides, fongicides, insecticides, etc.) ?
Donner de la vache en poudre à manger aux vaches, est-ce le "progrès" ou est-ce insensé ?
Pourquoi la fabrication d'un simple biscuit demande-t-elle jusqu'à 12 ingrédients à l'industrie agro-alimentaire, dont certains reconstitués, modifiés, hydrogénés et toxiques, alors que dans ma cuisine 3 suffisent ?
Quelle est l'idéologie qui justifie le progrès par la disparition d'une ferme toutes les 15 minutes en France ?
Pourquoi dit-on d'une agriculture qui brûle plus de 10 calories d'énergie pour produire une seule calorie alimentaire qu'elle est "hautement compétitive" ?
En cherchant les réponses, nous nous sommes très vite heurtés à l'opacité, aux aberrations et aux contresens de l'alimentation dite "moderne".
C'est ainsi que nous sommes partis en quête de notre responsabilité alimentaire, lorsque s'est éveillée la conscience du poids que font peser nos comportements alimentaires sur l'équilibre des écosystèmes, sur la biodiversité, sur l'aménagement du territoire et sur la dignité humaine, au Nord comme au Sud.
Ce sont tous ces contresens qui nous ont fait prendre la route, avec le besoin de rencontrer les humains qui sont à la base de la chaîne alimentaire, femmes et hommes de la terre et de l'assiette, qui ont fait le choix d'autres agricultures, d'autres rapports à la vie.
Nous souhaitions voir s'il était encore possible en 2005 de nourrir des cercles vertueux. Bien vite, nous nous sommes retrouvés sur les routes, de ferme en ferme, d'atelier en étable, à rencontrer des producteurs, plus de 80 en tout, "chemin faisant"… Et bientôt, nous arrivions en Limousin.
Douze jours pour découvrir l'agriculture limousine…
Nous quittons la Touraine le 8 septembre pour nous rendre en Limousin. C'est l'avant dernière étape de notre périple et nous sommes attendus là-bas de pied ferme par Sophie et Pierre de la Confédération Paysanne de la Haute Vienne, qui ont accepté de coordonner notre visite sur place.
Ah ! Le Limousin ! C'est une région qui ne laisse pas indifférent. Les forêts sont magnifiques, mystérieuses et rappellent étrangement les plus beaux endroits de Bretagne, l'écorce moussue, les rochers de granit érodés, les arbres centenaires… Combien de fois avonsnous eu envie de pénétrer dans cette masse végétale avec la certitude d'y découvrir un trésor… Surtout aux premières heures du jour, lorsque la brume matinale semblent dissimuler quelques secrets…
C'est dans ce contexte que nous avons fait de très belles rencontres. D'abord, le GAEC Champs Libres à Saint Julien le Petit, avec Jean-Luc, Corinne, Jean-Michel et Jean-Jacques qui mènent une ferme en polyculture élevage en biodynamie. Ils nous ont fait découvrir une biodynamie vivante et évolutive. La découverte de cette approche de la terre et de cette relation au vivant est toujours magnifique. Pour ces beaux personnages, agriculture rime avec culture. C'est ainsi qu'ils décident en 2000 de mettre en valeur le site magnifique dans lequel ils se trouvent en créant l'association "Contrechamps" dont les objectifs épousent la diffusion artistique dans une très belle grange restaurée ainsi que les animations pédagogiques avec visite de la ferme et accueil de groupes.
Tifenn a joué le spectacle dans la "grange à foin". Une belle soirée de partage, et pour la première fois, grâce à Claude, technicien lumière intermittent du spectacle et bénévole de l'association, des conditions de jeu proche d'un théâtre professionnel.
Comme un heureux hasard, le lendemain se déroulait à la ferme un atelier du Forum Social Limousin, avec comme thématique, l'agriculture durable. Eh bien soit, nous prolongerons notre halte pour suivre ces rencontres.
Bref, le matin nous visitons la ferme sous l'angle "agriculture durable". Nous filmons, et le discours est magnifique, très proche de ce que nous éprouvons à ce stade de notre voyage. A suivre donc dans un prochain document vidéo…
Nous apprenons avec étonnement l'après midi lors de l'atelier FSL que la région Limousin n'est autonome qu'à hauteur de 8 % par rapport à sa consommation alimentaire ! Surprenant pour une région agricole ! D'où viennent donc les 92% autres pourcents ? Que représente donc le poids écologique et social de telles migrations alimentaires ?
C'est sur ces réflexions que nous quittons le GAEC Champs Libres. La route continue et nous faisons connaissance de Dominique et Agnès Diss, restaurateurs à Royère de Vassivière, un petit village étonnant du plateau. Le restaurant " Saveurs Buissonnières " mérite vraiment le détour ! Dominique en cuisine,
Agnès en salle, proposent un menu unique réalisé à partir de produits paysans locaux et pour la plupart biologiques. Dans ce petit écrin qu'ils ont investi et restauré depuis 2001, ils cultivent un certain art de vivre, naturel et savoureux. Si votre chemin vous amène en ces contrées éloignées, ne manquez pas cette petite halte buissonnière…
De là, comme nous avions un peu de mal à nous quitter, nous décidons de dormir sur place et de prendre le café le lendemain matin à "l'Atelier", au bourg de Royère de Vassivière. L'occasion pour nous de reprendre une "claque" tant ce lieu est magique : l'atelier est un bar, épicerie bio-équitable, restaurant, salle de spectacle, conférences, projection, cybercafé. Ce lieu, acheté par des jeunes du pays, partis à la ville, puis revenus à la "maison", montre à quel point la demande est forte pour la rencontre. Du matin au soir, vieux et plus jeunes se côtoient, échangent, se rencontrent autour d'un verre, d'une exposition, d'un spectacle. La vie a repris à Royère depuis que l'Atelier s'est ouvert ! Un bel exemple de dynamique locale autour d'un projet qui créé du lien social et culturel et qui démontre déjà une pérennité économique.
De Royère, nous filons maintenant en Corrèze, direction Vitrac sur Montane, près de Tulle, où Raphaëlle de Seilhac nous attend.
Comme nous n'en avons pas marre de sauter de surprise en surprise, nous débarquons dans une maison bourgeoise du 17ème siècle. Ferme un peu atypique que celle de Raphaëlle qui, suite à un héritage, se voit léguer ce lieu qu'elle réhabilite aussitôt en ferme avec un élevage de moutons et tout ce qui fait qu'une ferme est une ferme : potager, ânes, poules, oies, canards, cochons, chiens, chats, et j'en passe. C'est que la Raphaëlle, toute droit issue de la lignée des Seilhac, n'en est pas moins paysanne jusqu'au bout des ongles. Elle qui a toujours refusé les mirages des rallyes, écoles d'ingénieurs et autres lieux soi-disant destinés à certaines classes sociales, réalise sa passion, son chemin, en devenant paysanne ! Pour mettre en valeur le lieu, elle fait deux ans de travaux, seule, et fait de l'accueil en chambre et table d'hôte. C'est aussi un moyen pour elle de valoriser au maximum les produits de sa ferme qu'elle sert à sa table d'hôtes. Loin de se contenter de ces activités, elle s'engage aussi dans le mouvement des CIVAM et assume la présidence du FRCIVAM
Limousin. Je n'en dis pas plus car la rencontre avec Raphaëlle a été magique et il va se passer pas mal de choses, prochainement, dans cet endroit aux vocations multiples. Affaire à suivre donc…
Nous filons ensuite chez Catherine et Luc Rabuel, éleveurs de porcs cul noir et de moutons au Vigen, à quelques kilomètres au sud de Limoges. Ils ont réhabilité voilà une quinzaine d'année le porc cul noir du Limousin qui était en voie de disparition. Ce porc rustique, vit dehors et se nourrit de ce que la nature peut offrir dans ces contrées de chênes et de châtaigniers. Catherine et Luc complémentent l'alimentation des cochons avec un mélange de céréales qu'ils cultivent eux-mêmes en bio. La viande est goûteuse et le lard épais ! Ils transforment eux-mêmes toute la viande qu'ils élèvent et vendent l'intégralité de leur production à la ferme, en vente directe. Un sacré équilibre qu'ils ont trouvé là !
Le lendemain, nous visitons un magasin de producteurs, au centre de Limoges. Le magasin "Saveurs Fermières", comme les autres magasins de producteurs que nous avons rencontrés, a l'atmosphère chaleureuse et paisible, et l'engagement des producteurs qui y participent n'y est pas pour rien. Les produits répondent à une charte élaborée collectivement par tous les coopérateurs, mettant en avant des pratiques paysannes, équitables et respectueuses de l'environnement. Ces démarches collectives sont étonnantes et nous en avons fait une petite présentation dans les " pratiques agricoles innovantes et durables " sur le site internet Chemin Faisant.
Nous avons découvert de nombreuses pratiques agricoles et organisations sociales innovantes et durables, de l'agriculture biologique et biodynamique à l'agroécologie, en passant par le Bois Raméal Fragmenté (BRF), la permaculture, l'agriculture paysanne, les travaux du réseau agriculture durable, les magasins de producteurs, le commerce équitable, les Associations pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne (AMAP), et d'autres encore. Toutes ces alternatives vertueuses sont explicitées dans le détail sur notre site internet. Il y a vraiment de quoi en faire un livre… Et ça tombe assez bien puisque après ces six mois de voyage et plus de 80 rencontres, nous consacrons une année à la valorisation de tout ce que nous avons collecté et vécu. Nous travaillons à la réalisation d'un livre, d'un film, d'un nouveau spectacle théâtral sur la paysannerie que nous avons rencontrée.
Egalement, des projets de malle pédagogique et de livre pour enfant viendront enrichir ces outils et permettre aux plus jeunes d'appréhender de façon conviviale et ludique les enjeux de l'alimentation responsable et de l'agriculture durable. D'ores et déjà, une exposition photo est disponible. "Voix de la Terre" - l'expo - est composée de 24 clichés commentés et illustrés de portraits de producteurs. Elle peut être louée sur demande. Vous pouvez retrouver un dossier de synthèse sur notre voyage dans les numéros de janvier de Biocontact et de Village Magazine. Nous serons également aux Assises du Limousin les 9 et 10 février 2006 à Limoges où nous apporterons un habillage audiovisuel (ambiances sonores, extraits vidéos de portraits de producteurs, etc.).
Et puis les 25 et 26 mars, nous organiserons chez Raphaëlle de Seilhac en Corrèze un colloque sur "l'agriculture durable et les nouveaux outils de régénération", en collaboration avec la FRCIVAM, la Confédération Paysanne et le Réseau Agriculture Durable.
A suivre…
Frédéric Gana et Tifenn HervouetContactsFrédéric GANA et Tifenn HERVOUET. Tél : 06 09 42 49 73 Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.GAEC Champs Libres et Association Contrechamps - Trasrieux - 87460 St Julien le Petit - Tél : 05 55 69 13 18Saveurs Buissonnières - Dominique et Agnès DISS - 23460 Royère de VassivièreL'Atelier - 23460 Royère de Vassivière - Tél : 05 55 64 52 22Raphaëlle de Seilhac - Le Mons - 19800 Vitrac sur Montane - Tél : 05 55 27 60 87Catherine et Luc Rabuel - Le Boudaud - 87110 - Le Vigen - Tél : 05 55 00 41 03Saveurs Fermières - 10, rue de la Céramique - 87100 Limoges - Tél : 05 55 79 88 51
Avec 1905, le printemps rouge de Limoges, trois jeunes historiens limougeauds déroulent le fil conducteur des évènements qui ont donné à Limoges son "image internationale de ville rouge". Entre histoire et mémoire l'ouvrage est construit comme une tragédie dramatique.
En premier acte Dominique Danthieux décrit les bouleversements de la transformation industrielle de la ville.
Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle la capitale limousine double sa population. Les 30 manufactures de porcelaine et les 19 usines de chaussure ont recomposé le paysage urbain. La rationalisation de la production industrielle introduit la déqualification de la main d'oeuvre, et le durcissement de l'autorité patronale. La réplique ouvrière s'organise en chambres syndicales où se diffusent les idées du socialisme. Elles s'incorporeront tout naturellement dans la CGT lorsqu'elle sera créée à Limoges en 1895. Au 1er janvier 1905 Limoges compte pas moins de 4 000 syndiqués.
Dans l'acte 2 Philippe Grandcoing fait le récit des événements. Chez Haviland - le parangon de la réussite industrielle - des ouvriers se mettent en grève contre le pouvoir tyrannique et arbitraire d'un chef d'atelier. La solidarité ouvrière s'organise autour d'une souscription en faveur des victimes de tous les conflits d'autorité, alors nombreux dans les industries limougeaudes. Face à la mobilisation ouvrière le patronat s'organise et en appelle au lock out. Décrété le 13 avril, il met toute la ville en ébullition. Manifestations et défilés se succèdent autour des manufactures. De leur côté, socialistes révolutionnaires et anarchistes rameutent la vindicte populaire contre l'Armée et l'Eglise. Des barricades s'érigent pour faire obstacle aux charges de la cavalerie. L'émeute gronde. Des meneurs sont emprisonnés. Devant le refus de leur libération par le préfet les manifestants courent vers la prison. L'intervention massive et brutale de l'armée disperse la foule. La fusillade laisse un mort au jardin d'Orsay. Les funérailles de Camille Vardelle marqueront la fin du cycle de la porcelaine et de la combativité ouvrière à Limoges.
Au dernier acte Vincent Brousse tempère cette affirmation. Il discerne quelques répliques sociales et surtout politiques des événements de 1905 dans l'histoire du socialisme au cours du premier tiers du vingtième siècle en Haute Vienne. Il évoque quelques conflits. Montrant combien ces événements ont façonné la culture politique locale. Elle se manifeste notamment à travers la figure emblématique de tel ou tel leader politique des cités industrielles de la vallée de la Vienne : Saint Junien, Saint Léonard de Noblat ou Eymoutiers. Les grèves insurrectionnelles et la mort de Camille Vardelle au printemps 1905 demeurent un marqueur indélébile dans la mémoire collective limougeaude. Aussi la fin annoncée des usines Haviland en ce printemps 2005 ravive la peur du déclin de l'activité porcelainière à Limoges.
Sur le mode de la tragédie nos trois historiens dramaturges restituent la cohérence et la logique de ce scénario catastrophe. Avec les contributions des membres de l'Association Mémoire ouvrière en Limousin ils ont réalisé les 24 tableaux de la mise en scène de ce drame. Grâce au savoir faire de la remarquable collection (patrimoine en poche) ils en ont assuré tous les décors par une iconographie fascinante. Celle-ci de bien des manières témoigne de l'enracinement des événements dans la culture populaire. On retiendra les deux étonnantes séries de cartes postales “Les troubles et les grèves de Limoges”.
Pour garder à cet ouvrage son caractère singulier, le prologue a été confié à un romancier dont l'ouvrage n'a pas été retenu dans la bibliographie. L'épilogue nous est contée en occitan, mais le lecteur demeure frustré de sa traduction.
Olivier Maurel (OM) : Bien, so what ? On commence. Bon je vais faire comme vous je vais mettre un enregistreur.
La délégation (D) : C’était plutôt pour mettre mon téléphone en veille. On va peut-être commencer par se présenter…
OM : Oui, donc Olivier Maurel, secrétaire général, accompagné du directeur de la sécurité et de la légalité.
(…)
D : Notre revendication, ce que l’on demande aujourd’hui, ce que l’on souhaite, c’est pouvoir parler avec vous de la situation d’Abdel et de remettre sur le tapis la décision qui a été prise par la préfète de le renvoyer en CRA (Centre de rétention administratif - NDLR) puis en Italie et de voir comment dans le cas particulier qui est le sien, on peut trouver une autre solution. Voilà en gros ce qui nous motive à venir aujourd’hui. On ne va pas parler dans le vide ou dans le général de la politique d’accueil, on n'est pas là pour ça… et on sait à peu près ce que et les uns et les autres on en pense...
OM : Je vous remercie pour cette dernière précision parce qu’il est vrai que vous et nous, nous avons une position qui est irréconciliable. Il n’y a pas de possibilité de terrain d’entente parce que nous, notre travail c’est de mettre à exécution une politique qui est celle du gouvernement (…), nous il nous revient la lourde tâche de mettre cela à exécution. Donc voilà, premier point. Deuxième point, mon mandat aujourd’hui c’est de vous recevoir, mais il n’y a pas de négo possible.
Pas de négociation. On ne va pas reparler de votre ami qui est parti en centre de rétention hier, et je ne vais pas pousser l’irrespect à vous faire croire que je vais vous…comment dire… qu’on va rentrer dans le détail de ce cas là parce qu’il y en aura d’autres (…) Je ne vais pas vous faire croire que parce que vous avez manifesté hier, parce que vous avez envahi la mairie, la politique du gouvernement va s’arrêter et que l’on va faire un rétro pédalage. Je vais simplement vous préciser ce qui va se passer : Abdel bénéficie d’une protection (le droit des étrangers en France est très protecteur), il aura le droit de faire tous les recours qu’il souhaite au centre de rétention. Nous allons ensuite le faire partir par un vol pour l’Italie où il pourra faire valoir ses droits à l’asile. Maintenant je vais peut-être vous préciser un point supplémentaire : depuis la loi immigration-asile, j’attire votre attention sur le fait de ne pas aggraver encore plus la situation d'Abdel, parce que aujourd’hui un “dublin“ comme lui, qui est déjà revenu une première fois sur le territoire, qui va repartir une deuxième fois, et qui reviendrait, ce sera constitutif d’un délit. La prochaine fois ce sera un cran au dessus, donc voilà. Nous on fait ça sans haine et sans colère, simplement parce que l’on est payé pour le faire, après...
D : Avec du zèle quand même !
OM : Aujourd’hui je ne suis pas venu négocier, d’accord ? Dans les réseaux sociaux, vous avez appelé à la mobilisation cet après midi, donc à un moment donné, je respecte votre position, je respecte également que vous nous ayez dit que l’on était d’un côté et de l’autre de l’échiquier, encore une fois le seul message que je fais passer c’est, qu’il faut maintenant sortir de la mairie. Ce sera le préalable à toute autre discussion, parce que il faut tenir compte d’une chose c’est que moi je suis prêt à discuter mais pas en temps de guerre.
D : Nous on ne vient pas ici uniquement pour se redire ce que l’on s’est déjà dit par d’autres modes d’interventions, on vient ici, alors est-ce que c’est le mot “négocier“ qu’il faut employer, peut-être…
OM : Ah non ! Non, pas de discussion, pas de négociation.
D : Alors pourquoi on est là ? Pourquoi on est là ?
OM : Mais il n’y a pas à parler sur le fond il y a simplement un problème de forme, c'est-à-dire que tant que vous occupez la mairie, il ne peut pas y avoir de discours de la part de l’Etat…
D : Mais on n’occupe plus la mairie à l’heure qu’il est ! A minuit tout le monde est sorti de la mairie,
(...)
OM : On a pratiqué la même chose avec GMS, il faut que la chose soit claire, vous êtes en mode lutte, vous êtes en mode occupation de la mairie, nous on discute pas.
D : Mais comment peut-on discuter avec vous si vous ne répondez pas aux demandes orales, si vous ne répondez pas aux mails, si vous ne répondez pas aux courriers, c’est quoi la voie normale ?
OM : Vous représentez qui ? Moi je connais les élus, je connais les associations, vous vous rendez compte que si je commence à recevoir, si on commence à recevoir les citoyens, parce qu’ils ne sont pas contents, qu'ils ont envie de manger des bananes, hein, ils ont envie de moins manger de viande, mais on passerait notre temps…
D : Si les services de l’Etat ne discutent pas avec les citoyens, à quoi servent-il ?
OM : Il n’y a pas 36 solutions : vous sortez tous de la mairie.
D : Mais il n’y a plus personne dans la mairie ! Et est-ce que chaque fois qu’il y a des gens dans une salle des fêtes, il y a une occupation ? Parce que dans ce cas là toutes les mairies sont occupées !
OM : Madame, vous avez un langage très très pro, vous êtes très très pro et très habile dans ce type de manip, d’accord…
D : Monsieur, est ce que vous pouvez nous faire confiance…
OM : Non Madame, la confiance, la confiance, la confiance, c’est quand on est en temps de paix.
Les élus de la délégation : Vous imaginez ce que nous en tant qu’élus on va devoir gérer, au niveau de la paix sociale, ce qui est notre rôle ? Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte…
OM : Je connais les techniques de toujours envoyer la culpabilité à l’adversaire, je ne marche pas dans ce truc là, c’est vous qui avez versé le premier sang (…) C’est vous qui avez cherché l’affrontement, c’est vous…
D : Si vous répondiez aux demandes de rendez vous, on serait pas dans cette situation…
OM : Est-ce que vous imaginez la préfète descendre papoter avec les manifestants dans la rue, parce qu’on l’appelle au mégaphone ?
D : Mais avant il y a eu des demandes de rendez vous...
OM : C’est un jeu, c’est une technique, vous faites de la politique...
D : Bien si c’est ça de la politique, très bien.
OM : Vous faites de la politique.
D : Mais non, nous sommes des habitants, Monsieur. Et peu importe : c’est mauvais la politique ?
OM : Vous faites de la politique (…) Je juge les actes, vous avez un mode opératoire qui est un mode, en tous cas celui que nous avons constaté hier, qui est un mode activiste
D : Mais il n’y a que comme ça que vous nous écoutez, qu’on peut parler avec vous !
OM : Il ne peut pas y avoir de terrain d’entente par rapport à vos demandes. Vous êtes en opposition face à une politique du gouvernement, nous, nous menons, nous faisons en sorte que cette politique soit menée sur les territoires.
OM : [Lorsque vous avez] appelé la préfète en disant on veut discuter, la préfète vous a clairement dit qu'il n’y a pas de discussion possible.
D : Non, non, non, non, non, elle nous a dit il y aura rendez vous, le dialogue est ouvert. Le dialogue est ouvert, cela veut dire quoi le dialogue est ouvert ? (...)
OM : Mais il n’y a pas de dialogue à avoir ! Si c’est pour organiser des réunions où on parle des heures à tourner en rond, où vous nous parlez d’humanisme, nous dire qu’effectivement vous êtes touchés par la situation individuelle de tel ou de tel, je vais vous dire : on a une pratique, on a une politique à mettre en place. Nos positionnements sont irréconciliables.
OM : Notre conversation, depuis toute à l’heure, n’est que la démonstration qu’il ne sert à rien de nous retrouver autour d’une table, nous ne serons jamais d’accord (…) Vous faites, on fera. C’est tout.
D : Non, non, vous dites : la préfecture de la Creuse a décidé d’appliquer avec le maximum de rigueur toutes les lois sur l’immigration.
OM : C’est notre travail Monsieur,
D : Non, vous devez appliquer la loi et quand la loi laisse des marges de manœuvre, en l’occurrence, vous, vous avez décidé de ne pas les prendre. Vous affichez que vous faites un choix dans le mode d’application de la loi.
OM : Monsieur, l’État bien souvent agit en effet miroir, c'est-à-dire que quand en face il y a de la radicalisation l’État se durcit un petit peu.
D : Votre satisfaction du devoir accompli c’est de renvoyer des jeunes mourir au Soudan !
OM : Nous on cherche les intentions derrière...
D : Vous voulez dire quoi ?
OM : Vous faites de la politique avec une stratégie, avec des moyens.
Tandis qu'on nous concocte du côté est de Limoges une déviation routière qui passerait par Feytiat et Panazol, la ligne de chemin de fer qui dessert Limoges depuis le Plateau fait l'objet d'un désengagement des pouvoirs publics. Il est temps de réagir !
Le développement de la circulation routière semble compromis du fait de la très grande dépendance au pétrole, ressource non renouvelable et polluante, de plus en plus onéreuse et taxée, et que, à ce jour, ne semble être connue aucune autre solution énergétique satisfaisante, pouvant être utilisée à grande ampleur, tant du point de vue technique que du coût, qui permettrait de continuer à circuler avec l’intensité que l’on connaît actuellement. Pourtant, c’est maintenant que le conseil départemental de Haute-Vienne et la communauté d’agglomération de Limoges, pour contourner Limoges à l’est, entre Feytiat et Panazol, ont le projet d’offrir un nouveau boulevard à la circulation des véhicules individuels et des camions.
On peut légitimement s’interroger sur la vision qu’ont ces institutions quant aux solutions en matière d’énergie renouvelable et non polluante. Dans le contexte actuel, et vraisemblablement encore pour un grand nombre d’années, est-il vraiment pertinent d’envisager ce projet annoncé à 50 millions d’euros, au bas mot (enveloppe du conseil départemental... qui n’aurait pas d’autres priorités ?), qui, de surcroît, va soustraire au minimum 25 hectares à l’agriculture et aux espaces naturels (rupture de la Trame Verte et Bleue du Schéma Régional de Cohérence Ecologique !), sans compter l’artificialisation ultérieure des sols par les constructions induites dans la périphérie de cette nouvelle desserte routière ?
Un des principaux arguments avancés pour justifier la déviation est le nombre croissant de camions. Encore un investissement lourd pour un lobby néfaste à l'environnement et dont on connaît bien l'impact sur la dégradation des chaussées, sans qu'il ne participe à l'entretien ou à la remise en état, toujours à la charge des collectivités. Pour favoriser l’accès aux agglomérations, ailleurs en France et dans le monde, des solutions sont plutôt envisagées par le recours aux transports collectifs à partir de la périphérie des villes, les véhicules individuels étant stationnés sur des parkings desservis par des transports en commun irriguant ensuite les agglomérations. Soit dit en passant, si les collectivités porteuses de ce projet n’ont plus d’investissement à réaliser pour le bien commun, il leur est loisible de baisser les impôts…
Dans le même temps, en matière de transport en commun et de desserte de l’est de Limoges, on apprend que la ligne de chemin de fer Ussel-Meymac-Eymoutiers-Châteauneuf Bujaleuf-St Léonard-de-Noblat-Limoges est menacée. Le coût d’investissement de la mise aux normes du système de signalisation de cette ligne est d’environ 20 millions d’euros et de la compétence de la région Nouvelle-Aquitaine qui doit négocier avec SNCF-Réseau. Nous n’oublions pas d’évoquer les insuffisances de service déjà constatées : horaires inadaptés aux besoins de la population, gares et guichets fermés … A rappeler : l’investissement d’un montant de 24 millions d’euros réalisé en 2011 pour la rénovation des voies de ladite ligne et financé par l’Etat, la Région et RFF (Réseau Ferré de France aujourd’hui remplacé par SNCF-Réseau) plus la reprise d’ouvrages d’art d’un montant de 6,8 millions d’euros financé par RFF. De plus, des travaux de réhabilitation du bâtiment de la gare d’Eymoutiers sont entamés depuis la fin de l’année 2018. Nous voulons croire que tous ces investissements bénéficieront durablement aux usagers de la ligne et permettront des circulations plus adaptées aux besoins. De plus, il serait souhaitable que la ligne permette le transport de marchandises, ce qui s’est pratiqué dans le passé (transport de bois opéré dans les années 2000). Il ne serait pas recevable que des dépenses importantes eussent été réalisées sur fonds publics, donc sur nos impôts, il n’y a pas si longtemps, en 2011 et 2018, pour fermer la ligne quelques années plus tard !
Sauf à imaginer que, comme au temps des “trente glorieuses“, il est possible de financer allègrement sur fonds publics ces deux grands projets, qui plus est sans se soucier des impacts sur l’environnement (pollutions, artificialisation des sols…), manifestement, les décideurs vont devoir choisir en se fondant sur une vision à long terme, et au-delà de leur strict périmètre d’intervention.
Pour sauver la ligne SNCF Limoges-Ussel, on ne peut nous objecter des arguments juridico-administratifs sur les compétences spécifiques des collectivités territoriales et l’impossibilité de financements “croisés“. Des exemples de tels financements existent, entre autres la ligne ferroviaire Sarlat-Bergerac-Libourne : “Le financement de cette opération, dont le coût est estimé à près de 84 millions d’euros est assuré selon la répartition suivante : 27,27 M€ Etat, 35,18 M€ Région, 14,66 M€ SNCF Réseau et 6,75 M€ collectivités territoriales“1.
Ligne Chateaubriant-Rennes : “Plan de financement des études d’avant-projet de l’opération de renouvellement : les 2 études s’élèvent au total à 1,7 million d’euros : Rennes – Retiers : 900 000 € (Etat 20%, région Bretagne 40%, Rennes Métropole 10%, Ille-et-Vilaine 5%, communauté de communes du Pays de la Roche aux fées 10%, SNCF Réseau 15%). Retiers – Chateaubriant : 800 000 € (Etat 20%, région Bretagne 17,6%, région Pays-de-la-Loire 37%, Ille-et-Vilaine 5%, communauté de communes du Pays de la Roche aux fées 5,4%, SNCF Réseau 15%)2.
Autrement dit, à grands traits, et sans oublier les nécessaires compléments en mobilité à imaginer et réaliser à l’est de Limoges : vaut-il mieux préserver et développer la desserte ferroviaire pour les voyageurs comme pour le transport de marchandises, et irriguer valablement la ville de Limoges et sa périphérie par des transports en commun, ou bien construire le contournement est de Limoges pour augmenter l’afflux de véhicules vers la ville, polluants pour encore x années (y compris les véhicules électriques polluants à leur façon) et, rappelons-le, dont personne ne sait s’ils pourront à terme circuler avec un système énergétique durable, non polluant et d’un coût abordable ?
Mais, quelle instance a donc une vision globale, pertinente et anticipatrice de la mobilité sur ce territoire, c’est-à-dire une vision qui n’ignore pas les impacts sur l’environnement et soit respectueuse des préceptes de la “transition énergétique et écologique“, de façon à opérer des choix adaptés aux besoins de la population et de l’activité économique, tout en envisageant les évolutions à long terme ? La réponse devrait se trouver à l’échelle du Contrat de Plan Etat Région, à charge pour les assemblées délibérantes et les élus des collectivités territoriales concernées de saisir les responsables de la programmation : l'Etat et la Région.
Ça s'est passé à côté de chez nous. Du lundi 3 juillet au mercredi 19 juillet, 68 personnes sans papiers ont fait à Limoges une grève de la faim pour obtenir leur régularisation. Certains vivent en France depuis cinq ans, six ans, neuf ans.
Le 18 juin dernier, lors du salon de la revue de Limoges auquel participait IPNS, plus d'une centaine de sans papiers (majoritairement des Guinéens) avaient investi le pavillon du Verdurier où se tenait le salon pour attirer l'attention sur leur sort. Des hommes, des femmes, des enfants, des bébés. Des individus si dépourvus d'espoir et d'avenir face aux nouvelles lois sur l'immigration qu'ils en étaient à vouloir mettre leur vie en danger pour pouvoir rester vivre en France et y construire l'avenir de leurs enfants. Une grève de la faim ce peut être la grève de la fin, l'ultime recours quand on pense que plus rien d'autre n'est possible. Une dernière tentative pour sortir de la clandestinité et de l'exclusion.
En d'autres points de France des mouvements similaires ont eu lieu. A Poitiers par exemple où des grévistes de la faim ont été évacués de force par la police pour être hospitalisés. A Limoges aussi plusieurs hospitalisations ont eu lieu. Après une entrevue avec le Préfet, la grève de la faim a été suspendue, le représentant de l'Etat menaçant de ne pas étudier les demandes de régularisation si la grève se poursuivait. Une vingtaine de sans papiers ont été convoqués à la préfecture début août et pour le moment aucune expulsion de mineurs scolarisés n'a eu lieu en Limousin (nous écrivons cela le 2 août). Le collectif des sans papiers reste extrêmement vigilant et la menace de la reprise de la grève de la faim demeure la dernière arme qu'il est résolu à utiliser. Ça se passe à côté de chez nous et personne ne peut dire : "ça ne me concerne pas !". C'est pourquoi, avec la collaboration des photographes limougeauds de l'association Point d'Encrage et avec les membres du collectif "De quoi on parle ?", nous ouvrons ce numéro d'IPNS sur le drame de nos voisins sans papiers.
Dans ce même numéro, plusieurs articles élargiront notre horizon, que ce soit aux dimensions européenne avec la question du transport ferroviaire et les projets portés dans ce domaine par l'association ALTRO(page 4) ou nationale avec l'Appel des Médias libres lancé par les médias écrits, radios ou télés du "tiers secteur", appel dont IPNS est signataire (page 13). Ça se passe un peu plus loin de chez nous, mais, tout autant, personne ne peut dire : "ça ne me concerne pas". Le plateau n'a jamais été une île sans interactions avec l'extérieur. Pensez donc aux maçons creusois qui ont migrés à Lyon et que nous présente l'historien Jean Luc De Ochandiano (page 16). Et voyez dans notre dossier central consacré au travail des artistes du collectif "Bureau d'Etudes", comment les grandes questions nationales et internationales ont générés tout au cours de l'histoire "micro luttes" et "micro rébellions" sur notre territoire (pages 7 à 10). Ce qui est curieux du reste, c'est qu'aujourd'hui encore de tels constats, il est vrai reliés aux luttes actuelles, gène le pouvoir politique, en l'occurrence dans ce cas, le Conseil général de la Haute-Vienne qui a tout bonnement interdit la diffusion du travail de Bureau d'Etudes ! Ça s'est passé en 2004, et c'était tout près de chez nous.
Nous habitons un plateau qui est ancré sur une petite planète de quelques six milliards d'habitants et ce qui la concerne ne nous est jamais étranger. En 1494, un humaniste alsacien du nom de Sébastien Brant publiait à Bâle un ouvrage qui eut un immense et prolongé succès, allégorie d'une humanité allant à vau-l'eau, dont il moquait les travers et la déraison. Son titre, cinq cents ans plus tard, n'est pas dénué d'actualité : La Nef des Fous.
Les chiffres sont spectaculaires. En 2022, les taux de présence aux premières épreuves écrites du Concours de recrutement des professeurs des écoles ont atteint l’un des plus bas niveaux de l’Histoire. Après 5 années de gestion du ministère de l’Éducation Nationale par Jean-Michel Blanquer, une évidence s’impose : le métier n’attire plus !
Dans l’Académie de Limoges, on est passé de 816 candidat·es en 2020 à 185 en 2022 ! Devant cette hémorragie de candidats, le ministère a décidé de repousser de quinze jours la date de clôture des inscriptions aux prochains concours de 2023. Voilà une mesure qui promet d’être efficace !
Dans un communiqué en date du 22 novembre 2022, le SNUipp-FSU répète que la crise est structurelle et due à un terrible manque d’attractivité de ce qui était encore il y a quelques années « le plus beau métier du monde »...
Le syndicat s’interroge : « Notre institution a-t-elle des œillères au point de ne pas se rendre compte de la réalité vécue sur le terrain par les personnels ? » Dénonçant des conditions de travail dégradées, une rémunération trop faible, les évaluations nationales et des injonctions pédagogiques qui ne font pas sens et qui remettent en cause l’expertise des enseignant·es, etc., le syndicat réclame un plan pluriannuel de recrutements, une revalorisation conséquente des salaires et une amélioration des conditions de travail. « Il s’agit là d’un enjeu essentiel pour l’avenir de l’école publique. Le gouvernement serait inspiré de revoir sa copie car il y a urgence ! »
Vers 1900, l’américain Broadwick plie son parachute dans un sac à dos lacé, puis en 1908, introduit la poignée d’ouverture automatique. Deux ans plus tôt, un brillant ex-député de la Seine, né à Sidi-Bel Abbès, décide d’investir le monde rural vierge, à Bourganeuf précisément. Pourquoi donc et à cause de qui ? Sans aveux indiscutables, on ne peut qu’imaginer ceci : les paysans limousins commençaient à abondamment voter socialiste, et Viviani aimait les vaches à lait. Entré quelques mois plus tard dans le premier cabinet Clémenceau, il n’aura d’ailleurs guère l’occasion de labourer ses nouvelles terres d’élection (jeu de mot) creusoises. Pourtant réélu député en 1910 (quel homme !), il siège enfin à l’assemblée jusqu’en 1913, avant de retrouver quelques maroquins ministériels. C’est ainsi qu’en août 1914, devenu président du conseil (Premier ministre), il aura l’honneur et la gloire de déclarer la guerre à l’Allemagne. Et la Creuse ensuite ? Eh bien non. Bien que réélu député en 1919, puis sénateur en 1922, il n’a pas eu le loisir de visiter amplement les verdoyants paysages du Limousin, siégeant entre autres à la toute nouvelle société des nations (SDN). Il a donc laissé plus de traces sous les lambris dorés qu’aux foires de Bourganeuf, ce qui fit dire ceci à Clémenceau, son meilleur ennemi : Viviani est un « orateur péripatéticien, faisant des harangues kilométriques. » Le père la victoire cita même Fénelon à son propos : « L’éloquence démagogique, c’est l’art de parler seul et longtemps. » Pas très sympa tout de même, il a sa statue devant la mairie de Bourganeuf.
En 1945, le PCF devenu « premier parti de France » n’avait pas grand chose à conquérir. Mais à démolir, oui. Refusant déjà de lui laisser la place qu’il espérait, vu ses états de service, le Parti veut museler le grand résistant Georges Guingouin. Pour ce faire, on parachute à Limoges un dirigeant « de base », Georges Citerne (futur député des Deux-Sèvres), un préfet « de base », Jean Chaintron (futur sénateur de la Seine), et pour faire bonne mesure, un militant « de base », Marcel Paul (futur ministre). Ce dernier, meneur syndical, résistant, déporté, faisait doublement l’affaire. Élu député en 1945 (Guingouin était en troisième position sur la liste, donc inéligible), Marcel siège deux semaines à l’Assemblée, avant de devenir ministre de la production industrielle. C’est à ce titre qu’il va promouvoir les grands travaux hydro-électriques dans les vallées de la Maulde et du Taurion. En 1948, il retourne au syndicalisme, fini le Limousin.
Ce parti de masse va donner un nouvel élan au parachutage, en lui trouvant une variante : le parachute local. Voulant mettre sur la touche (encore ?) un élu trop indépendant, le Dr Fraisseix, maire d’Eymoutiers, on lui oppose la figure emblématique d’Alphonse Denis, député de la Haute-Vienne, vice-président de l’Assemblée Nationale. C’était en 1961. Et le parachute ne s’ouvrit pas ! Le pauvre Alphonse, qui ne méritait pas ça, dut aller un peu plus tard se faire élire conseiller général chez lui, à Limoges.
Un léger bond dans le temps, plutôt en deltaplane. Particulièrement agacé par la résistance des limousins, trop à gauche à son gré, le Général décide un programme de conquêtes. Cela commence en 1965 avec la mairie de Limoges, alors tenue par le socialiste Louis Longequeue. Il lui fallait une « pointure », ce fut Pierre Mazeaud, membre du cabinet du Premier ministre (Michel Debré), et accessoirement alpiniste réputé. D’où un avantage évident pour le parachutage. Échec : ce qu’auraient dû savoir les élites parisiennes, c’est qu’à Limoges, une bonne partie de l’électorat « modéré » avait l’habitude de voter Louis, rouge à Limoges, rose à Orléans, et blanc à Paris. Mazeaud, même pas limogé, eut bien d’autres récompenses : député des Hauts-de-Seine puis de Haute-Savoie (et maire de Saint-Julien en Genevois, pour les parachutages il y a le plateau des Glières, juste à côté), secrétaire d’État, président du Conseil Constitutionnel, c’est quand même plus sexy que la mairie de Limoges.
Arriva alors le plus grand parachutage réussi de l’histoire, Jacques, je vous laisse trouver le nom seuls. Si vous ne connaissez pas bien sa biographie, il y a là une nouveauté. Énarque brillant, secrétaire d’état (à l’emploi), Jacquot avait un avantage sur ses prédécesseurs parachutistes : ses grands-parents paternels étaient corréziens et enfant, il passait ses vacances du côté de Sainte-Féréole. Il avait un autre grand-père franc-maçon, ce qui peut servir. La bataille des législatives de 1967 fut rude, en terre de Haute-Corrèze, tenue jusqu’alors par des radicaux et où le PCF restait puissant. Là, JC. réussit une sorte d’alchimie qui devait durer longtemps, appuyée sur un réseau bien organisé Paris-Corrèze (il y avait même une course cycliste !), et un « missi dominici », arrivé également par les airs à Meymac, Georges Pérol. Vous connaissez la suite. Pour l’anecdote, en 1967 « on » avait aussi parachuté Robert Mitterrand, frère du François pas encore socialiste.
Il y eut bien Charles Spinasse (voir IPNS n° 59) mais à vrai dire, ce journaliste corrézien installé à Paris avait tout de même un des deux pieds à Égletons. Passons... Le must, ce fut encore la Haute-Corrèze, où Chirac la faisait un peu trop « monopole ». 1981 : F. Mitterrand élu, l’idée lui vient de proposer à un tout jeune énarque de son cabinet, prénommé aussi François, d’aller affronter Chirac en Corrèze. C’est le début des racines limousines de François Hollande, né en Normandie, monté à Paris à Sciences Po, et qui n’a guère ensuite quitté la Capitale, là où tout se décide et où se font les carrières. Hollande, 27 ans, est battu. Mais le gars est opiniâtre. Rapidement élevé dans la hiérarchie du PS, il forme un couple de « parachutables » : sa femme dans les Deux-Sèvres, et lui ? Il suffit de trouver la bonne ville et le bon canton, et hop, on monte les marches, mais plan-plan tout de même : conseil municipal d’Ussel (1983), député de Tulle (1988)... Ce sera Tulle « ma ville », et Vigeois « mon terroir ». Là aussi, vous connaissez la suite. L’amusant, c’est que cette même année 1981 apparaissait un autre parachute, plus rouge celui-là. Le PCF avait son apparatchik à caser, qui s’appelait Christian Audoin. Député ? Mais Chirac était indéboulonnable, alors au moins conseiller général ? On choisit judicieusement son canton, ce sera Bugeat, alors très rouge. Conseil régional (élu en Corrèze), présidence de PNR ? Pour un homme qui habite alors Limoges, cela relève bien du parachutage, non ?
Il me semble qu’il y a eu un trou d’air pour de telles opérations, depuis au moins 20 ans. La populace semblait renâcler. Alors, une nouvelle stratégie, plus modeste, fit son apparition : « Je saute, pas de haut, et j’atterris en douceur dans le pré d’à-côté... » Voyez les municipales. Il n’est pas facile, faute d’aveux des intéressés, de différencier le calcul partisan, l’opportunisme et l’ambition personnelle. Ainsi, en 2014, « on » veut démolir la maire sortante à Rempnat, le grand gourou a celui qu’il faut sous la main dans son cabinet. Le « vrai » socialiste (il s’en défend aujourd’hui) qui empoche l’affaire est en 2020 député suppléant LREM. Il a déménagé, mais pas à Rempnat... plus loin. La même année, un zébulon précédemment parachuté à Vassivière trouve que Peyrat est plus cool que Chaptelat. Il est toujours là, mais de qui a-t-il encore le soutien ? Mystère. Maires absents, ça fait un peu penser à « père absent », non ? Il doit manquer quelqu’un quelque part. Et cette année ? on en reparlera sûrement, nous sommes dans une ère un peu troublée, faite de beaucoup d’auto-parachutages. Une sous-préfecture, Aubusson, c’est toujours mieux qu’un patelin paumé (merci pour eux au passage). Alors, soit l’un oublie son parachute et s’écrase – « L’intelligence, c’est comme les parachutes, quand on n’en a pas, on s’écrase » (Pierre Desproges). Tirant les affaires au clair, il a finalement renoncé… Soit un autre, parce qu’il faut un poids lourd à la mairie, tentons donc un parachute léger, on verra bien. Et enfin, un troisième envolé depuis Lyon, mais le trajet est contre les vents dominants, alors l’atterrissage ?
Aux électeurs de se faire une idée : vaut-il mieux un (prétendu) meilleur, mais… ailleurs, ou un (prétendu) moins bon, mais présent ?
"Le mouvement anti-CPE était déjà bien lancé à la fac de lettres et les étudiants en grève ont fait passer par une copine de Renoir des tracts qui expliquaient leur position. On est allé les voir et avec un copain de ma classe, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose. On voulait faire bouger Valadon, et pour commencer informer tous les lycéens, leur expliquer que CPE ça ne voulait pas dire conseiller principal d'éducation, mais contrat première embauche. Valadon, c'est dur à faire bouger, car il y a une trop grande part de j'men-foustisme et trop de sécheurs. Dans les autres lycées il y a des meneurs qui sont à la LCR ou au MJS, mais ce n'est pas le cas ici.
On a décidé qu'il fallait faire une AG pour donner de l'information sur le sujet et nous sommes allés tous les deux rencontrer le principal pour lui demander de mettre une salle à notre disposition pour organiser une conférence débat. C'était le jeudi 9 mars. Le lendemain on a eu l'accord de la direction et l'après midi on a rédigé un tract qui appelait à une AG le lundi suivant.
Le lundi 13 mars, de 12h à 14h a eu lieu cette conférence débat. On était une centaine. C'est nous qui animions. Il y avait déjà quelques lycéens qui parlaient de bloquer le lycée et on a fait passer une liste pour que ceux qui étaient prêts à nous aider pour de futures actions de sensibilisation et éventuellement un blocage, s'inscrivent. Il y avait une quarantaine de noms. En fin d'après midi on s'est retrouvé une douzaine pour rédiger un tract. Les terminales arts plastiques ont fait des caricatures et un copain a passé la nuit à les scanner et à maquetter le tract qui a été tiré à 1500 exemplaires. Ceux qui avaient donné leurs coordonnées les ont ensuite distribués.
Les premières occupations ont commencé dès le jeudi. Le soir ils sont allés squatter Renoir et ont dormi dans le hall d'entrée avec des sacs de couchage"
"Les blocages, on les décide en Assemblée Générale. Au début on faisait les AG dehors devant le lycée, puis ensuite dans le hall. Ca a lieu le matin à 8 heures, c'est-à-dire quand tout le monde arrive. C'est le meilleur moment pour capter l'attention des lycéens.
Dans le hall il y a comme une estrade, ceux qui prennent la parole montent dessus pour que tout le monde les voit et puisse les entendre. On a un mégaphone et chaque personne qui veut s'exprimer parle dans le mégaphone. C'est un peu compliqué mais on y arrive.
Une AG ça se déroule en trois temps. D'abord on fait le bilan du mouvement, au niveau national, puis au niveau local. Ensuite il y a débat. Chacun dit ce qu'il en pense, ce qu'il propose, les opinions sont respectées même si elles divergent. Ensuite, troisième temps, on recense les propositions et on vote. En général on a le choix entre blocage total, blocage partiel (c'est-à-dire qu'on ne bloque le lycée que les jours de manifestations) ou arrêt du blocage. Au début le vote avait lieu à main levée. Ensuite on l'a fait à bulletin secret.
En AG on est jusqu'à 800 et le vote dure longtemps. Chacun met son bulletin et on fait une croix au marqueur sur la main de ceux qui ont voté, histoire que les mêmes ne votent pas deux fois. J'aime autant te dire que le dépouillement est encore plus long. Lorsqu'on a décidé du blocage après un vote à bulletin secret, il y avait 51% pour le blocage total, 38% pour le blocage partiel et 10% contre. Le blocage est reconductible tous les deux jours et est donc remis au vote à une nouvelle AG".
"Moi je ne dors plus à l'internat depuis le début du mouvement. C'est une copine qui habite Limoges qui m'héberge. Il y a une solidarité entre les bloqueurs malgré des divergences d'opinion parfois. On se lève vers 4h30 du matin pour être devant le lycée vers 5h, 5h et quart. On est une dizaine et on se sépare pour bloquer chacune des trois entrées de Valadon : l'entrée principale par où passent les élèves, l'entrée du parking des profs et celle par où arrivent d'autres personnels de service.
On met les poubelles en barricade devant les grilles, ou des bancs pour empêcher de passer et on se poste devant pour expliquer ce qu'on fait et donner les raisons de notre opposition au CPE.
Les premiers agents d'entretien arrivent vers 6h. En général ils sont compréhensifs et nous soutiennent plutôt. Il y en a même qui nous apportent du café et des croissants. Le chef des agents gueule, il prévient la direction, mais, comme on reste à bloquer, le personnel ne peut que retourner chez lui. Une fois il y en a eu un qui a forcé le passage, on n'a pas pu l'empêcher de passer mais on est resté fermes. Parfois il y a des profs qui essaient de passer par derrière ou qui s'énervent.
En général on explique et on parlemente et ils sont plutôt coopératifs. On est plutôt soutenus. A Valadon on essaie toujours de discuter avec les professeurs, d'expliquer nos actions et d'être à l'écoute d'autres propositions.
A 7h30 les équipes de bloqueurs s'étoffent et on se retrouve une quarantaine. Et à 8h on fait les AG. On est de mieux en mieux organisés. Mais on en a un peu marre que ce soit toujours les mêmes qui s'y collent. En AG on est 800 et puis dès que l'AG est terminée il n'y a plus personne. La majorité rentre chez elle et c'est les trente ou quarante mêmes qui restent pour assurer le blocage. Il n'y a même pas de roulement malgré le tableau de présence qu'on a établi. Le blocage se déroule comme ça toute la journée jusqu'à 18h.
Jeudi 6 avril on a dit que si il y avait moins de 70 lycéens qui étaient prêts à venir participer aux blocages, on ne ferait plus que des blocages partiels. Et comme c'est ce qui s'est passé, on a donc décidé de ne plus faire que des blocages partiels. Ca faisait un mois que le lycée était occupé et que les cours ne pouvaient plus avoir lieu. Mais ça ne veut pas dire que le mouvement s'arrête.
Bloquer un lycée ce n'est pas évident : c'est pas pareil qu'une fac. Nous ne sommes pas majeurs, il peut y avoir des sanctions et les examens ne peuvent pas être repoussés.
On revendique toujours la même chose : la suppression du CPE, du CNE et de la "loi pour l'égalité des chances" qui porte pourtant un beau titre !".
extraits...
Fuir, Fuir ma peur. Fuir peur de ma peur.Partir chercher bonheur. Fuir saleté.Fuir cité. Fuir pittbull du voisin. Fuir fuited'eau plafond cuisine. Fuir mauvaises gens.Fuir méchanceté.
Marcher dans la rue au clair de luneMonter dans le bus au lever du jour ;On est la seule passagère le bus noussemble très grand comme un bateauDire bonjour au chauffeurAller au travail quand les autres dormentLe moment où j'attends la pausede neuf heures pour le caféSentir la bonne cuisine
Pas farouches, les brebis cheminent sagement en troupeau dans les rues de Limoges, ce jeudi 4 septembre 2008, suivies d’une centaine de militants de la Confédération Paysanne. Les badauds sourient devant ce cortège improbable. Mais la situation n’invite pas franchement à la rigolade. C’est qu’il y a urgence : les moutonniers sont en train de crever. “Aujourd’hui, je n’arrive plus à faire face aux investissements que j’ai engagés lors de mon installation ni à faire vivre ma famille. Pourtant, mon exploitation a techniquement des résultats très corrects“ s’alarme Dominique Bouzage, 32 ans, dans Campagnes Solidaires, le mensuel de la Conf’. “Aucun salaire dégagé, des factures qui s’accumulent : la vie au jour le jour devient un casse-tête. Depuis longtemps les vêtements sont d’occasion. Beaucoup de choses sont à bout de souffle et nous aussi“ témoignent Marie-Pierre et Philippe Camus, éleveurs dans la Nièvre. Sur France 3 Limousin, un éleveur à Janailhac explique qu’il dégage 260 € de salaire mensuel en travaillant de 7h à 21h !
Certes, la hausse du prix des carburants et des céréales fourragères, ou l’épidémie de la fièvre catarrhale n’ont pas arrangé les choses. Mais la crise ovine est avant-tout la conséquence de la libéralisation du marché, entamée dans les années 80. Les frontières se sont ouvertes à la Nouvelle Zélande et à l’Australie, qui ont des coûts de production bien moindres. Résultat : 60% de notre consommation de mouton est importée de l’autre bout du monde. Une invasion de gigot pas cher, qui a décimé les moutonniers français : la moitié d’entre eux a disparu en 15 ans. Aujourd’hui, les agneaux sont payés moins cher aux éleveurs qu’il y a 20 ans et le revenu moyen d’un moutonnier s’élève à 700 €... “La filière ovine a été littéralement sacrifiée, cela a commencé à se voir sur la laine, puis sur la viande. Par contre, on a misé sur le bœuf : contingents d’importation, soutien technique, subventions...“ explique Guillaume Challet, permanent de la Confédération Paysanne Limousin. En terme d’aides, il faut 7 brebis pour faire une vache !
Pour assurer la survie immédiate des éleveurs, la Confédération Paysanne a réclamé fin août une aide d’urgence de 35 € par brebis (soit 150 millions d’euros), une cellule de crise nationale et un rééquilibrage des aides au profit des éleveurs, en prélevant par exemple une partie aux céréaliers, toujours bien garnis. Michel Barnier ne s’étant pas engagé sur ces revendications, le syndicat paysan a appelé à perturber la conférence de Limoges. Le 4 septembre, les CRS étaient sur le pied de guerre. Une protection policière qui “frisait l’état de siège“1 pour une centaine d’éleveurs et une trentaine de brebis dans la rue. Le lendemain, ils étaient 400 paysans, dont plusieurs syndicalistes espagnols, à s’être rassemblés autour du site hyper protégé où les ministres européens (Irlande, Roumanie, Angleterre et Espagne) tenaient conférence. Tandis que le gros des troupes est parvenu à bloquer une demi-heure l’autoroute A20, une vingtaine de militants s’est infiltrée jusqu’à la conférence pour interpeller Michel Barnier. Il s’est engagé à demander un plan de soutien immédiat à Bruxelles. Reste à savoir quelle somme en sortira. Car, comme le dit très justement Marjolaine Maurette, présidente de Solidarité Paysans Limousin2 “Si l’Europe n’accorde pas 35 € par brebis, alors nos moutonniers se mettront au Rmi. Et là, ça coûtera beaucoup plus cher à la collectivité ! La moitié des moutonniers aura disparu quand les aides d’urgence dont nous parlons aujourd’hui seront enfin mises en place !“.
“A long terme, le but n’est bien-sûr pas de vivre des aides, mais de nos productions. Pour cela, il faut remettre une autre politique en marche, celle de la souveraineté alimentaire. Malheureusement, Mariann Fischer Boal (commissaire européenne à l’agriculture, absente à la conférence de Limoges) ne nous donne pas beaucoup de signes dans ce sens-là“ déplore Philippe Revel, porte parole de la Confédération Paysanne Corrèze. Contre toute attente, certains paysans expérimentent des alternatives. Ainsi le Gaec Alys, à Eymoutiers (87), qui a créé sa propre marque et vend directement aux bouchers et aux restaurateurs. D’autres investissent dans un atelier de découpe pour fournir les consommateurs sans intermédiaires. Pour Anne Lacroix, éleveuse et productrice de fromage de chèvre, “la vente directe peut être une piste qui valorise davantage l'agneau. Mais pour réussir il faut un rayon d'action très important et passer outre les nombreux obstacles comme la disparition des abattoirs de proximité ou la nécessité de vendre sous deux jours car la viande est fragile. Ce n'est donc pas une solution généralisable“. Mi-novembre, le gouvernement a dévoilé son plan d'urgence pour sauver les éleveurs : largement insuffisant selon la Conf'. Quant au compromis sur la réforme de la PAC, annoncé le 20 novembre, il s'obstine dans la dérégulation des marchés. La suite dans les urnes, pour les élections européennes...
Au cours de ce printemps l'association Culture et patrimoine en Limousin, a créé une collection de guides culturels de format réduit.
La première publication est "une histoire de limoges", par Jean-Marc Ferrer et Philippe Grandcoing, tous deux historiens et enseignants à Limoges. Un excellent travail de vulgarisation pour parcourir la ville en illustrant les faits saillants de son histoire.
La trame du découpage chronologique est émaillée d'encadrés où sont brossés les portraits de personnages, racontée l'histoire d'un monument ou présentés des objets de la production limougeaude, et que l'on peut repérer sur le plan.de la ville. Une iconographie riche, originale et souvent inédite donne un attrait particulier et enrichissant à ce guide du PATRIMOINE EN POCHE. Une adaptation en langue anglaise à partir des repères iconographiques de l'ouvrage, offre aux visiteurs et touristes étrangers un guide précis et de qualité.
Alain Carof
Un matin glacial de janvier 1943, un ronronnement insolite de voiture à essence anima l'unique route aboutissant à mon village, un hameau d'une douzaine de fermes groupées à la cime d'une colline aux confins de la Haute-Vienne et de la Corrèze, désenclavé par son unique chemin vicinal montant et malaisé. En ce temps-là, deux mois après l'occupation de la zone sud par les nazis, les honnêtes gens voyageaient en gazogène, les docteurs même avaient équipé leurs voitures pour rouler au charbon de bois. Seules, la Gestapo, la milice et la flicaille du sinistre Pétain brûlaient l'essence.
Comme je chargeais un tombereau de fumier dans la cour, le véhicule indésirable stoppa à quelques pas ; pressentant une horrible visite, un frisson me parcourut le dos. A la vue d'un bipède aussi large que haut arrivant difficilement à s'extraire de la traction avant, une envie irrésistible de rire me saisit, envie instinctive, réflexe et non raisonnée à l'origine. Pot ! J'avais craint la Gestapo dont quatre bandits venaient d'enlever une semaine auparavant un jeune voisin assassiné en déportation et seule la flicaille de Pétain me visitait. L'inspecteur obèse, une boule suiffeuse narguant la famine générale, d'une voix gargouilleuse parvenant péniblement à sortir d'une accumulation graisseuse rappelant un cochon bien gras, me demanda la ferme paternelle. Je répondis par un ricanement, ayant décidé de contrefaire l'idiot ; cheveux rabattus jusqu'aux yeux, microcéphale à souhait, j'attendais ; quatre flics de Pétain, chaudement habillés et armés de 7,65, venaient perquisitionner dans la ferme de mon père qui, malgré une jambe de bois datant de l'autre guerre, n'avait jamais adhéré à la Légion des Combattants du sinistre nonagénaire dictateur. Pour se faire une idée de la méchanceté humaine, de la bestialité et du manque absolu d'éducation des sbires de l'ordre nouveau hitlérien, il faut avoir assisté à une perquisition policière sous le règne du fasciste Pétain.
Durant plus de trois heures d'investigations approfondies, je les suivis et ne cessait mon ricanement diabolique que le court instant nécessaire pour faire comprendre à mon père la présence dissimulée au fond d'un hangar, derrière deux rangées de fagots, d'un important stock de dynamite gommée. Ma mère connaissait le dépôt, mais lui l'ignorait, non qu'il l'aurait désapprouvé et interdit, au contraire, mais, ivrogne invétéré, il ne se serait certainement pas empêché de s'en vanter après boire.
A jeun, homme d'une intelligence remarquable, il réalisa instantanément tout le tragique de la situation : arrestation, chambre de tortures, poteau d'exécution ou, pour le minimum, déportation dans un camp d'extermination. Je le revois encore, mâchouillant une énorme chique dont le jus ordinaire lui dégoulinait sur la barbe et me répondant, après une bien courte réflexion : Gardo toun calmé, lo pouodin yé,t'in gorontiché un !...
D'un clin d'oeil, il me désigna le bâton sur lequel il s'appuyait en traînant sa jambe de bois : c'était une barre d'acier servant habituellement pour forer des trous dans les terrains pierreux avant d'enfoncer les tuteurs soutenant les palissades. Effectivement, mon père suivait comme son ombre en boitant le commissaire de police limougeaud Brunet dirigeant la perquisition. Ils visitèrent caves, greniers, vidèrent tous les meubles, sondèrent les foins à plus de dix endroits avec des fourches, remuèrent des tas de paille, et arrivèrent au hangar contenant les explosifs en dernier lieu.
Je suivais de près le poussif inspecteur obèse en ricanant comme un dément.
- Cet amoncellement de fagots ne me dit rien de bon, déclara le commissaire Brunet. Déplace-moi ça, commanda le voyou en s'adressant à moi.
- Tu me payes combien ? répondis-je entre deux ricanements, avec une telle expression de haine qu'il en pâlit affreusement.
Je vis les deux mains de mon père se crisper sur la barre d'acier ; heureusement j'aperçus à ma portée un petit têtu destiné à assommer les cochons gras avant de les saigner.
Pour l'inspecteur obèse, qu'il eût été impossible d'exécuter avec un instrument contondant à moins de lui imprimer une vitesse vertigineuse, car la nuque disparaissait derrière d'épais bourrelets graisseux, je disposais d'un petit 6,35 avec deux balles. J'avais depuis longtemps déjà repéré l'emplacement approximatif du noeud vital de Flourens sous cet amas suiffeux, et tenais déjà le pistolet avec ma main droite dans la poche de veste. Pour mettre hors d'état de nuire les deux autres sbires de Pétain, je comptais sur ma force herculéenne et l'effet de surprise. Tout en ricanant, je mastiquais furieusement une plaquette de chewing-gum provenant d'un parachutage récent ; nous étions bien peu en France à mastiquer du chewing-gum à la date du 27 janvier 1943. Comme l'un des flics commençait à défaire les fagots, il me vint une idée atroce : et si ma balle ne part pas ? A vingt ans, cela fait quelque chose d'abattre quatre flics, atroce nécessité de la guerre, mais cela fait encore davantage d'envisager de finir sa vie dans un four crématoire. Quand ma mère aperçut la flicaille dans le hangar dangereux, elle se mit à hurler et jeta sur la boue noirâtre de la cour un sac de farine outrageusement blanche ; elle ne la regrettait pas, car les flics l'avaient marqué pour confiscation et, comme cela, au moins, les cochons en profiteraient en fouillant la boue avec leurs groins.
Ce geste sacrilège éloigna la flicaille scandalisée de la zone dangereuse ; cela leur sauva certainement la vie car j'étais animé d'une détermination implacable et mes deux balles utilisées plus tard partirent fort bien. La farine blanche formait dans la cour une grande tache blanche, où déjà les poules picoraient. Les flics sidérés, regardaient, n'en croyant pas leurs yeux. Ma mère jeta sur la farine les décorations et la Légion d'Honneur de mon père et poursuivit les sbires de Pétain armée d'un balai en les couvrant d'injures jusqu'à leur voiture. Un mois après, deux gendarmes vinrent la chercher pour l'emmener dans un camp de concentration du midi où elle resta deux mois ; ce fut le plus long voyage de sa vie. Tant que je vivrai, je serai poursuivi par un tenace remords en sens inverse : ne pas avoir fait justice à ces quatre voyous. Sur leur rapport, ils me portèrent déséquilibré, irresponsable, dégénéré, alcoolique et chiqueur de tabac enragé ; ils ne pensèrent pas au chewinggum.
Cet excellent rapport retarda mon arrestation de plusieurs mois.
Fils de paysans, Henri Nanot est né en 1921 à La Porcherie en Haute-Vienne. Très vite politisé, il s'enthousiasme pour les Soviets, adhère au parti socialiste et s'engage dans l'armée en devançant l'appel. Démobilisé en 1940 il ne retiendra de positif de sa période militaire que sa rencontre à Poitiers avec un infirmier avec lequel il partage son amour de Baudelaire et qui n'est autre que… André Breton, qui après guerre le mettra en contact avec Jehan Mayoux (voir IPNS n°10). De retour en Limousin il s'engage dans les maquis de Guingouin, période qu'il racontera dans un livre intitulé Scènes de la vie du maquis ou dans quelques autres textes comme cette Perquisition que nous republions aujourd'hui. Puis il reprendra son activité d'agriculteur, à Meilhards en Corrèze, se marie, donne naissance à un fils tout en restant fortement engagé contre les choses qui le révoltent. Ainsi de la guerre d'Algérie contre laquelle il affiche sa radicale opposition. Du coup, il apparaît comme le coupable idéal des attentats de 1957 qui visent à Masseret, commune voisine, le sénateur Marcel Champeix alors secrétaire d'état aux affaires algériennes. Condamné à cinq ans de prison malgré ses continuelles dénégations, brutalisé lors des interrogatoires, son innocence niée, il sombre dans la folie et meurt en 1962, le jour même de sa libération définitive. Sur cet itinéraire rebelle et vaincu, on peut lire le livre de René Rougerie Henri Nanot, un amour fou de liberté (éditions Souny, 1988) dans lequel on trouve quelques extraits des Scènes de la vie du maquis.
En juin 2005, le Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine, alors primé, est un collectif informel réunissant 7 structures - associations et entreprises du plateau de Millevaches réparties sur les trois départements du Limousin - autour de thématiques liées à l'accueil de nouvelles populations et à l'accompagnement de porteurs de dynamiques.
Issue d'un terreau local vivant et multiple, le collectif s'inscrit depuis 2003 dans un partenariat national appelé DORA (Dispositif Ouvert de Ressources et d'Accompagnement de projets de création d'activité en milieu rural / Programme Européen Equal). Ce partenariat regroupe différentes associations à but non lucratif, impliquées sur le terrain du développement des territoires ruraux via l'accompagnement, le soutien, le conseil et/ou la mise en réseau de porteurs de projet d'installation. Au niveau régional, le collectif entame un dialogue serein et constructif avec le service Accueil du Conseil Régional qui conduira à un partenariat solide et pérenne. Le cheminement conjoint de ces deux démarches guide le Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine vers une structuration et une professionnalisation progressive. La création d'un poste de coordination, la formalisation d'outils d'animation du territoire, d'espaces de travail collectif et de rendez-vous réguliers catalysent autant d'actions concrètes sur lesquelles l'obtention du trophée Martine Mauléon mettra un coup de projecteur. Pour autant il souligne aussi le besoin de lisibilité et de visibilité dont souffre le collectif et accélère donc ce chantier en cours.
Dans les mois qui suivent, le collectif décide la création de l'association "De fil en réseaux". Elle devrait soulager ses membres actifs (personnes morales) des contraintes techniques, juridiques et financières liées aux actions menées ensemble. Mais surtout, elle devient un interlocuteur visible et permet un ralliement formel à un objet commun.
Dans ses statuts, l'association précise : " animer et coordonner les dynamiques d'accueil et de soutien aux projets, impulsées par les associations, entreprises et forces vives agissant sur la Montagne Limousine, se reconnaissant de l'économie sociale et solidaire. Elle facilitera la mise en oeuvre du partenariat entre ses acteurs sur des actions communes. Elle pourra se doter de tout moyen d'action et d'intervention favorisant :
À l'heure actuelle, les membres actifs sont les 7 membres historiques du collectif : les associations Les Plateaux Limousins, Solidarité Millevaches, Contrechamps, VASI Jeunes, le MRJC Limousin, le GAEC Champs Libres, la SAPO Ambiance Bois. Deux autres structures se sont ralliées à l'aventure en tant que membres associés : la SCOP SA Cesam-Oxalis et l'association Pivoine.
Afin de faire partager ses valeurs et manières de faire, le collectif participe dès 2006 à des formations en direction des agents de développement des collectivités territoriales auvergnates. Puis, dans l'idée de prolonger cette volonté localement, le Réseau d'acteurs propose le 2 février 2007 une rencontre comportant un volet grand public et un volet de dialogue entre professionnel de la création d'activités.
En effet, lors de la journée " Entreprendre autrement en milieu rural, ou quand la société civile porte des projets ", la conférence de présentation des travaux et recherches effectuées dans le cadre du partenariat DORA, ainsi que leurs applications locales, est le prétexte aux dialogues initiés en ateliers. La rencontre mobilise 150 participants du Limousin et d'ailleurs. L'inauguration du bâtiment de la SCI Chemin Faisant à Eymoutiers (qui héberge désormais : Cesam-Oxalis, Le Monde allant vers, Accueil Paysan…), donne une interprétation concrète des débats de la journée. Franc succès : convivialité et public sont au rendez-vous !.
Récemment interpellé au sujet du prochain contrat de parc 2007-2013, le Réseau d'acteurs se surprend à nouveau à rêver au devenir du Parc Naturel Régional de Millevaches, et tente de faire remonter les propositions que les habitants du territoire portent avec lui. La promesse d'ouverture de réunions participatives - mises en place en direction des élus - réjouit dès à présent les associations proches de "De fil en réseaux" pour qui la démocratie directe est une notion chère, vivante et capitale. Aujourd'hui, présents à la foire à l'installation 2007 sous l'étiquette commune de "Réseau d'Accueil Limousin", le Service Accueil du Conseil Régional, les Pôles Locaux d'Accueil et le Réseau d'acteurs confirment leur engagement partagé. Dans le cadre des ateliers-débats publics qui se déroulent durant Projet en campagne, " De fil en réseaux " réaffirme les valeurs et pratiques qu'il partage avec le partenariat DORA.
L'association "De fil en réseaux" coordonne les actions menées par les membres du Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine ; des moyens humains et des outils qui vont dans le sens d'un maillage de territoire et d'une attention forte portée à celui-ci, alliant forces vives et connaissance de son histoire et de ses acteurs.
C'est ainsi qu'un groupe de travail sur la création d'activité donne naissance en 2005 à l'association CESAM puis à la coopérative d'entrepreneurs-salariés Cesam-Oxalis ; ou que le croisement de différents artisans créateurs du plateau de Millevaches sur la problématique de la commercialisation de leurs œuvres, s'associeront autour de l'Épicerie d'art.
Autre thématique transversale chère au Réseau d'acteurs : logement/habitat/foncier… un vaste programme auquel le groupe logement apporte une première réponse en tentant le pari de participer à la réalisation d'un éco-quartier à Faux la Montagne. Pourtant le temps presse et les gens d'ici ou d'ailleurs cherche un toit. Pas de quoi résider sur le territoire pour une immersion locale afin de s'essayer, alors s'inventent les logements passerelles. Envie de construire, alors allons voir et échanger avec ceux qui l'ont fait, ainsi débute le répertoire des éco et auto constructeurs.
En termes d'envie et de responsabilité par rapport à l'environnement qu'ils habitent, les membres du Réseau d'acteurs ne manquent pas d'idées. Ces perspectives ont d'ores et déjà conduis les membres de l'association " De fil en réseaux " à embaucher une deuxième personne pour la coordination de ces actions et à porter un troisième poste sur le projet spécifique du groupe logement…
En tant que composantes d'un territoire riche en acteurs et initiatives nouvelles, l'association y évolue selon le principe qu'un réseau est la somme des relations potentielles qui existent entre les acteurs, mais ne sont palpables que lors d'actions menées en communs. " De fil en réseaux " souhaite continuer à être un interlocuteur attentif et réactif aux rencontres qui détermineront les projets de demain.