Ce jour-là, levé depuis 5h, il est dans les derniers préparatifs de la journée, porte d’entrée ouverte. Il doit travailler à 7h à Eymoutiers pour tondre des moutons – on est en pleine période de tonte. Il s’apprête à partir bientôt, lorsqu’à 6h20 il entend hurler :
- Ya quelqu’un ? Ya quelqu’un ?
Il pense à un accident, un appel au secours, tire la porte de la pièce qu’il occupe et voit dans le couloir des individus cagoulés et armés criant « Bouge pas, bouge pas ! ». Instinctivement, il repousse sa porte qui se ré-ouvre aussitôt pour laisser place à 5 paires d’yeux menaçants derrière des masques noirs, des canons d’arme à moins d’un mètre du visage pointés sur lui, accompagnés des cris « À terre , à terre, les mains sur la tête » (ce qu’il fait sans résistance) « Bouge pas, bouge pas ! Elle est où ta femme ? » « Sur le coup, je n’ai même pas vu ni entendu que c’était la police ! » raconte-il a posteriori. Il leur répond qu’il n’a pas de femme... Sur le même ton : « Ya quelqu’un dans la maison ? »
- Non, ya personne...
- La voiture là, elle est à qui ?
- À Marie-Claire...
- Elle est où ?
- Mais, c’est la maison d’à côté... Mon nom est sur la boîte aux lettres...
Accompagné fermement dehors, mis en joue comme pour une exécution, les flics ne s’excusent évidemment pas : « On ne sait pas sur qui on peut tomber » (!!!), et vont alpaguer la voisine sortie affolée par les cris et croyant elle aussi à un accident ou à un drame. Au bout de 3 ou 4 contrôles d’identité, on lui dit qu’il peut s’en aller et qu’il sera peut-être auditionné comme témoin (de quoi, à part de la violence des méthodes ?). Et on se veut rassurant : « Ne vous inquiétez pas, si on est là, c’est qu’il y a quelque-chose. » CQFD !
« J’ai mis 48 heures pour avoir le contre-coup de ce matin particulier... Les premiers rêves avec des hommes cagoulés et j’ai découvert ce que c’est que des crises d’angoisse, la sensation d’avoir une partie du cerveau grillée et la peur de ne plus la retrouver, une sorte de lobotomie traumatique après une expérience de mort imminente... Il m’a fallu une petite semaine pour m’en remettre mais ça ne s’oubliera jamais. » Petit dommage collatéral vite éludé : les pandores étaient déjà à rejouer leur scénario dans la maison d’à côté.
Pôvres policiers ! Le 15 juin, aussitôt connue la nouvelle de leur présence au Mont, une quarantaine d’ami.es, de voisin.es, de parents d’élèves et même de conseillers municipaux de Gentioux se sont aussitôt rendus sur les lieux pour manifester leur solidarité avec la directrice de leur école. Traduction par les autorités : « Une quarantaine de personnes du plateau de Tarnac (sic) ». Peu importe que beaucoup n’habitent pas la désormais fameuse commune, peu importe qui était là, il suffit de ne voir que ce qu’on y cherche. Comme l’a dit ce policier : « C’est qu’il y a quelque-chose ». Quelque-chose qui s’appelle dans leur jargon « l’ultra-gauche » et dont, si on suit ce qu’ils reprochent à Marie-Claire, réside en un certain nombre de choses que beaucoup de gens partagent dans le coin : des avis un peu critiques sur la gestion forestière ou les compteurs Linky (à Royère-de-Vassivière comme à Faux-la-Montagne, pour ne citer que ces deux communes, une centaine de foyers environ à chaque fois ont aussi refuser l’installation du « compteur intelligent »), la lecture d’une excellente revue (Z pour la nommer), le souci de la protection de l’environnement... Mais tout cela, pour les enquêteurs c’est bien autre chose : « des idéologies » dangereuses. Du reste Marie-Claire se tait durant sa garde à vue ? Attitude typique qu’on retrouve chez « les délinquants les plus chevronnés ». Elle n’a pas de télévision ? Tiens, tiens... C’est une femme ? Le communiqué de revendication de l’incendie des Cars est au féminin pluriel : c’est donc qu’elle l’a écrit (elle est institutrice, c’est normal) avec son amie également arrêtée le même jour. Malgré des écoutes téléphoniques sur plusieurs mois et un espionnage consciencieux, ce ne sont que des bouts de discussions et des « formulations allusives » qui servent d’indices à nos policiers. Tout au long de l’été la surveillance sur les personnes arrêtées s’est poursuivie, de manière plus ou moins indiscrète... La police cherche, cherche, ne trouve pas... Alors elle fait avec ces indices évanescents qui sont pour eux assez probants pour rendre « particulièrement vraisemblable sa participation » aux faits sur lesquels ils enquêtent. Attention ! Éviter de faire des blagues ou de vous défouler entre amis, ni de parler trop sérieusement des façons de mieux protéger la nature, tout cela risque peut-être un jour de se retourner contre vous !
Dans la foulée, l’Éducation nationale, en la personne de l’inspecteur d’Académie, prend la décision de « suspendre à titre conservatoire » l’enseignante dès sa sortie de garde à vue (d’une durée de 73 heures suivies de 8 heures dans les geôles au sous sol de la cité judiciaire en attendant que la juge décide de son sort). « Pour vous protéger et protéger l’administration » ose le fonctionnaire zélé. Le recours à la rectrice ne donne pas de résultat. Lorsque toutes les institutions vont dans le même sens, la présomption d’innocence n’est plus qu’une franche rigolade et sur le site de La Montagne, les bonnes âmes ne s’embarrassent pas de ce genre d’arguties : « Une enseignante, directrice en plus, qui participe à des dégradations ! Bel exemple pour ses élèves. Comment l’Éducation nationale peut-elle lutter contre la violence et les « incivilités » quand une directrice ne respecte pas la loi ? » Le fait est acquis ! L’instit sur laquelle on ne dispose d’aucune preuve est bien l’auteure des dégradations. Que les syndicats d’enseignants montent au créneau pour la défendre, que la municipalité de Gentioux et les parents d’élèves demandent qu’elle puisse terminer la dernière semaine scolaire de l’année (qui est aussi celle de sa carrière professionnelle puisqu’elle arrive à l’âge de la retraite – autre indice contre elle puisqu’un tag repéré après l’affaire des Cars indiquait : « Ni Linky, ni nucléaire, on veut une retraite dorée »!), rien n’y fait.
Finalement, que lui reproche-t-on de plus grave ? D’être l’amie proche d’une des autres personnes arrêtées et suspectées. Bref, la voilà « cas contact d’un cas suspect »... À quand la mise en place d’un passe de bonne conduite politique et citoyenne et de bonnes fréquentations ? Une idée à soumettre à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur non suspendu, mais présumé innocent de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance.
Face aux véritables dangers, que fait la police ? Nous avons reçu cette réaction à chaud, quelques jours après les arrestations de juin.
La terre chauffe, la violence contre les plus faibles s’accentue, les délires industriels grossissent mais devant l’évidence de plus en plus visible de la folie du capitalisme... on muselle, on écrase, on défait les liens, on criminalise à tout va.
Si tout l’argent et tout le pouvoir que l’on met à faire taire ceux et celles qui essaient de sauver la vie étaient utilisés pour le bien commun, l’espoir serait encore permis. Il est si tard... On est au contraire encore à accélérer dans la mauvaise direction et à remettre à grands coups de bottes les lucides dans le droit chemin qui nous mènera tous dans le précipice – et d’abord les plus fragiles !
La criminalisation des mouvements écologistes n’est pas nouvelle pas plus que les arrestations arbitraires pour pensées, orientations politiques, chants, écrits, lectures qui dérangent un pouvoir qui n’a sans doute pas tout à fait bonne conscience, mais les moyens utilisés sont de plus en plus redoutables, légitimés par des lois de plus en plus liberticides.
On ne veut voir qu’une tête, devant sa télé le soir... Dormez braves gens, fermez vos gueules, on s’occupe du reste !
Et quand tous les fonctionnaires aux ordres s’acharnent à fabriquer de la rumeur à partir d’autres rumeurs et à en rajouter une louche à chaque fois qu’ils le peuvent, on voit enfermer dans un carcan d’injustices, de pressions et de tentatives de destruction, des êtres humains dont les seules fautes sont finalement d’avoir une conscience sociale, écologique et de tout simplement se préoccuper de la vie en général.
À celles et ceux qui avaient encore quelques illusions sur la liberté d’expression et de pensée de notre « démocratie » ou « État de droit », l’État, aidé de toutes ses forces de répression, appuyé par une presse décomplexée vis-à-vis de la déontologie et des fonctionnaires zélés qui devancent la justice, cet État donc, vient de faire la démonstration encore une fois de la dérive totalitaire dans laquelle il entraîne ce pays.
A Gentioux et à Royère de Vassivière, deux projets de chaufferies communales se préparent. Sur ces deux communes existent deux gros consommateurs, le foyer occupationnel médicalisé à Gentioux et la maison de retraite à Royère, qui doivent renouveler leur équipement de chauffage. D’où l’idée, partie de Pierre Simons, le maire de Gentioux, d’organiser localement la filière bois énergie .
Le projet élaboré avec le parc, se concrétisera par la création d’une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) qui pourra fournir en plaquettes d’abord ces deux chaudières, puis tous ceux, particuliers ou collectifs, qui rechercheraient ce genre de combustible.
En organisant l’offre, la SCIC permet à la fois une valorisation des sous-produits forestiers provenant des agriculteurs et forestiers du plateau tout en mettant sur le marché un combustible adapté et prêt à l’emploi. En effet, si la SCIC ne procédera pas elle-même au broyage des bois (des équipements de ce genre existent déjà sur le plateau), elle stockera les plaquettes qu’elle achètera sur une durée suffisamment longue pour homogénéiser le produit en terme d’humidité et de granulométrie.
On disposera donc d’un produit affiné et stable qui permettra un approvisionnement de qualité et régulier (l’idée est de disposer d’un stock d’avance de six mois à un an). Hervé Pailloux, le technicien du parc qui suit le projet explique : “On pourra approvisionner aussi de plus petits projets et faire démarrer une filière plaquettes bois locale.“
Concrètement deux premiers dépôts sont prévus à Gentioux et à Royère à proximité des deux chaufferies communales en projet. Mais à terme le parc imagine bien une place de dépôt dans chaque canton du plateau.
Ma découverte, l’année dernière, du Limousin, de son maillage associatif dense et de volontés politiques fortes me font penser que le plateau de Millevaches peut devenir un lieu exemplaire de la démonstration du bien fondé de l’éco-construction et de l’éco-réhabilitation en terme de filières courtes, d’économie d’énergie et de puits carbone.
Dans un pays où la dépense énergétique générée par le secteur du bâtiment (matériaux, transport, construction et utilisation) représente 50% de l’émission globale de CO2, l’éco-construction en général et la paille en particulier sont capable d’apporter une réponse forte. L’éco-construction en bottes de paille, outre des retombées économiques en terme d’emploi et de développement de filières locales, peut générer du lien et du bien social par le biais de l’apprentissage de savoir faire, de chantiers solidaires et de l’auto-construction, qui permettent de se ré-approprier l’acte de construire pour se construire ensemble. Ce territoire, haut lieu des résistances, peut devenir une région phare de la résistance aux “lobbies“ industriels du bâtiment qui protègent leur monopole derrière des labels, certifications et autres normes.
Septembre 2001 : Parait le quatrième numéro de La Maison Ecologique avec un dossier sur la construction en paille. Je découvre ce matériau qui sur papier correspond totalement à ma quête d’un matériau simple de mise en œuvre, respectueux de l’environnement et de l’humain.
Printemps 2002 : Je rencontre pour la première fois Pascal Thépaut lors d’une rencontre du mouvement des “Oasis en tout lieu“ en Normandie. A l’époque je suis artisan et restaure des maisons à colombages et torchis. Pascal est lui-aussi artisan et précurseur de la construction en bottes de paille en France. Il m’explique sa démarche constructive et les avantages de ce matériau.
Printemps-été 2003 : Je réalise avec Pascal mon premier chantier de construction ossature bois-remplissage en bottes de paille dans la Manche. Cette première réalisation me permet d’envisager de ne me consacrer qu’à ce type d’habitat, bioclimatique et éco-construit. Le reste de cette année, je le consacre à un travail de recherche sur les matériaux, le bio-climatisme et les maisons passives.
Octobre 2005 : Après avoir, en deux ans, participé à une douzaine de réalisations en bottes de paille et rencontré bon nombre de maîtres d’ouvrage, auto-constructeurs et les quelques professionnels du secteur, je décide avec Bruno Grondin, auto-constructeur, de créer l’association Les Compaillons pour tenter de regrouper dans une même entité tous les acteurs de la construction en bottes de paille. Cette création est très vite suivie du site Internet et du forum voué à l’entraide sur les chantiers d’auto-construction.
Mai 2006 : André de Bouter (La Maison en Paille) nous contacte pour organiser les premières rencontres nationales de la construction paille au Lac de Lambon dans les Deux Sèvres, qui a vu sortir de terre le premier établissement public en bottes de paille. Deux jours d’échanges et 60 participants plus tard, Les Compaillons se transforment en Réseau Français de la Construction en Paille.
Juillet 2007 : Je participe en tant que professionnel à la réalisation d’une maison en bottes de paille à St Moreil chez les boulangers bios Jérôme et Stéphanie. J’y rencontre parmi les participants bénévoles et les autres artisans professionnels, Philippe Simon, Johanna Corbin, Guillaume Paillard, Marion Michaud et Yann Hélip Soulier. Un projet d’éco-site se préfigure à Gentioux….J’ai bien envie de faire partie de l’aventure pour y porter le projet d’un lieu dédié à l’éco-construction.
Printemps 2008 : Je m’installe avec les autres participants sur le domaine de la ferme de Lachaud à Gentioux et l’aventure commence ...
Le Réseau Français de la construction en paille compte actuellement 400 adhérents dont 60 professionnels et 30 associations sur tout le territoire national. Nous travaillons sur des thématiques telle que la reconnaissance de la paille comme matériau constructif et son assurabilité décennale, la formation de nouveaux professionnel-le-s, la sécurité des chantiers d’auto-constructeurs, l’expérimentation de nouvelles techniques et de matériaux associés dans le but de promouvoir la construction en paille comme alternative aux matériaux énergivores.
Le Réseau fait paraître un journal internet Infopaille téléchargé à 15000 exemplaires tous les 6 mois et une lettre d’informations et d’annonces mensuelles, Les Paillettes, réservée aux adhérents.
Nous organisons deux rencontres publiques par an, une en mai, le Festipaille, et une en Novembre qui inclut notre assemblée générale. Nous venons de lancer un recensement des maisons construites en bottes de paille. Plus de 400 ont déjà été dénombrées. Nous estimons que mille maisons en paille sont déjà construites en France et que plus d’une centaine sont en cours de réalisation cette année.
Le site internet va être “relooké“ cet automne par Liminfo à Royères-de-Vassivière et permettra de communiquer des informations plus nombreuses et de manière interactives..
Les 6° rencontres nationales du Réseau ainsi que les premières assises nationales de la formation à l’éco-construction auront lieu le week end du 11 Novembre 2008 sur quatre jours à…..Eymoutiers. Des animations, projections et démonstrations publiques auront lieu dans ce cadre.
Le coût moyen à la construction d’une maison “bioclimatique éco-construite en bottes de paille avec chauffage bois et eau chaude sanitaire solaire“ est sensiblement du même coût qu’un pavillon “conventionnel béton polystyrène chauffage nucléaire“ c’est à dire 1200 € du m2 habitable. A l’utilisation ce type d’habitat est 3 fois moins gourmand en énergie. Ce coût de construction est fortement réduit lorsque les maîtres d’ouvrage participent à la conception et à la réalisation de leur habitat, lorsqu’ils pratiquent une forme d’auto-construction accompagnée par des artisans écologiques (à ne pas confondre avec le label écoartisan de la CAPEB dont les artisans, dans leur très grande majorité, ne mettent pas en oeuvre d’écomatériaux).
Philippe Liboureau
La transition écologique est nécessaire. Maxime de Rostolan est son prophète ! La Montagne avait vendu la mèche en février en évoquant l’éventuelle tenue d’un énorme rassemblement citoyen pour l’écologie, “un nouveau Larzac 2003“, à Pigerolles sur la ferme de Jouany Chatoux pour le dernier week-end d’août. 200 000 personnes étaient évoquées, chiffre assez vite revu à la baisse (50 à 60 000 personnes), l’agriculteur de Pigerolles désamorçant les inquiétudes qu’un tel nombre de visiteurs n’ont pas manqué de susciter. La confirmation du festival n’est tombée qu’en mai. En une, et sous les auspices de Marion Cotillard, La Montagne confirmait : “Un festival écolo de masse, baptisé l’An zéro, se précise à Gentioux-Pigerolles (Creuse) fin août.“ Trois mois avant l’événement, à part quelques initiés, personne en réalité n’était au courant des tenants et aboutissants de cette méga-teuf. Si une petite délégation d’organisateurs est bien venue faire des repérages et rencontrer quelques locaux, dont IPNS, ils n’ont pas vraiment jugé bon d’organiser une information générale sur leur événement. Les trois personnes rencontrées par IPNS, jeunes, enthousiastes, dynamiques, plein de générosité et d’énergie, croyaient dur comme fer au bien fondé d’un événement dont ils semblaient convaincus qu’il allait faire “basculer“ notre pays dans la transition écologique. Nous ne leur avions cependant pas caché les réticences qu’une telle opération pourraient susciter localement, ce que les questions que nous leur avons aussitôt posées ne dissimulaient nullement (voir leurs réponses dans IPNS n°67, page 6).
L’affaire méritait qu’on s’y penche de plus près. Dans le même numéro d’IPNS, nos contributeurs Zig et Puce ont dévoilé les accointances de Maxime de Rostolan, le grand prêtre de la grand-messe, avec la Macronie, comme le faisait de son côté, sur le site Lundi matin, Serge Quadruppani. L’article de Zig et Puce étant repris sur le site de Reporterre, la polémique a très vite enflé bien que les éléments mentionnés dans ces deux textes initiaux ont été confirmés pour l’essentiel par une enquête menée par Reporterre1. Quelques opposants à l’An zéro, dont l’écrivain Serge Quadruppani, ont alors décidé d’organiser le 2 juillet 2019 une réunion d’information pour expliquer de vive voix les raisons de cette opposition. Nous étions à moins de deux mois de l’événement et encore aucune information officielle n’avait été programmée par les organisateurs. Les deux articles et l’annonce de la réunion du comité La Bouscule, comme se nommèrent par dérision les quelques opposants, provoquèrent le branle-bas de combat du côté de la Bascule (l’association organisatrice de l’An zéro) dont les premières équipes étaient arrivées à Pigerolles quelques jours plus tôt. Celles-ci organisent donc en toute hâte une réunion publique à Faux-la-Montagne le 1er juillet 2019, la veille de celle des opposants. Ce même jour, Maxime de Rostolan aura un long entretien téléphonique avec IPNS, au cours duquel il affichera sa plus grande distance avec Emmanuel Macron et son Gouvernement, disant pis que pendre du Président, de ses ministres et de François de Rugy en particulier (qui n’avait pas encore été rattrapé par ses homards). Pourtant, curieusement, le metteur en scène de l’An zéro retweetait avec sympathie quelques jours plus tôt une interview de François de Rugy au Parisien2.
Arrive donc la réunion d’information du 1er juillet 2019 qui va déclencher en cascade, l’annulation de l’An zéro et une campagne politique et médiatique contre une partie des habitants du Plateau. Ce soir-là, parmi les médias, seule La Montagne est présente. Ce sera donc son journaliste, envoyé de Guéret exprès pour cela, qui va écrire la version “officielle“ de l’événement. Résumons-là : une poignée d’activistes violents agressent les jeunes de l’An zéro, leur intimant d’annuler leur festival. À leur tête, l’inévitable Julien Coupat – c’est lui que cadrera le photographe. Les interrogations des nombreuses autres personnes présentes à la réunion (il y avait environ 60 présents) dont les critiques se sont faites sur un ton autrement plus mesuré, disparaîtront de la version officielle. Exit également ce qui a suivi la réunion, de 19h à 21h, au bar du village, dans la rue, devant la mairie, où de nombreuses personnes présentes poursuivront les échanges avec les artisans du festival qui comprennent alors dans quelle galère ils se sont mis. Ils le reconnaîtront eux-mêmes le lendemain sur France 3, ou en s’adressant à des personnes présentes ce jour-là. Jackie Garraud, de Chavanac, raconte : “Léna Abbou, la personne chargée de communication de l’An zéro, bénévole présente à cette réunion, m’a téléphoné le lendemain pour m’expliquer pourquoi ils avaient décidé d’annuler l’événement. Ce qui est ressorti de cette réunion, m’a-t-elle dit, c’est de la “gratitude”, “une remise en question”. “C’est ultra-formateur, je suis sûre que nous avons les mêmes valeurs. Et si certains croient que nous décidons d’annuler parce que nous avons peur des menaces, ils n’ont rien compris !” Pour Léna, les organisateurs de l’An zéro “donnaient l’image de tout ce qu’ils dénonçaient”.
S’il y en a qui n’ont donc rien compris, c’est les quelques personnes qui, localement, vont monter en épingle les propos menaçants ou agressifs de quelques-uns (que beaucoup du reste parmi les opposants de l’An zéro ont jugé excessifs ou déplacés - “il n’y avait pas besoin de cela !“). La maire de Gentioux a tout de suite sauté sur l’occasion pour stigmatiser à travers eux l’ensemble des personnes ou initiatives qu’elle n’aime pas. Dans les interviews qu’elle donne à La Montagne ou à France 3, dans la motion qu’elle fait voter par son conseil municipal, dans sa lettre d’information mensuelle, sur ses pages facebook, elle joue de l’amalgame dans une confusion totale, mélangeant allègrement toute une série de choses qui n’ont pas grand chose à voir : les réactions violentes d’opposition de quelques individus à l’An zéro (en omettant de parler de toutes les autres réactions d’opposition qui n’avaient pas ce caractère d’agressivité mais que n’a pas retenues le journaliste de La Montagne), les nouveaux habitants qui viennent s’installer sur le plateau de Millevaches, des associations de sa commune comme La Renouée (qu’elle cite dans son interview à La Montagne), la Fête de la Montagne limousine, des personnes et des élus qu’elle ne nomme pas mais qui, pour qui connaît le coin, sont reconnaissables et que, dans son délire, elle associe sans précaution à une “mouvance“ “ultra-totalitaire“, “ultra-contestataire“, “d’ultragauche“...
Le pompon est venu du journal national L’Opinion, “média quotidien, libéral, européen et pro-business“ qui résumait la situation de manière encore plus radicale : “Comment Julien Coupat a saboté un festival écologique et décroissant dans la Creuse“ Sur-titre : “Totalitarisme“. Un avatar de la polémique locale qui éclaire bien la manière dont fonctionnent les médias. L’auteure, la journaliste Emmanuelle Ducros, qui a travaillé pour La Montagne en 1999-2000, a manifestement dû garder des liens avec son ancien employeur, puisque son article se base exclusivement sur celui de La Montagne. En reprenant cette seule source à laquelle elle rajoute les commentaires du député de la Creuse, elle réduit une vision déjà très réductrice de l’affaire en un condensé encore plus caricatural. Voilà ce qui s’appelle de l’investigation ! Mais qui réjouira la préfecture de la Creuse qui retwette aussitôt sur le site officiel de la préfecture l’article de L’Opinion, et fera l’affaire de Dominique Simoneau qui en rajoute : “C’est la mouvance de Julien Coupat“ qui lui envoie une lettre anonyme, profère des menaces et qui est à l’origine des incendies inexpliqués qui ont eu lieu dans la région au cours des dernières années.
Reprenons les événements depuis le début : un festival parachuté suscite d’abord l’interrogation, puis la curiosité, puis l’opposition d’une partie des habitants du Plateau. Personne au demeurant ne semblait se passionner pour cet événement et personne en tout cas ne prendra vraiment la défense de ce festival. À Pigerolles par exemple, l’annonce de l’événement comme son annulation sont tombés sur la tête des habitants sans qu’ils aient jamais, ni dans le premier cas ni dans le second, eu leur mot à dire. Les gens de Pigerolles semblaient plutôt dans l’expectative ; ils n’étaient ni vraiment enthousiastes, ni franchement opposés. Ils étaient choqués du manque d’information, et voulaient surtout des réponses à leurs questions. Un agriculteur d’une autre commune regrette cependant comment l’annulation s’est produite : “Pour nous, qui sommes producteurs, on aurait trouvé intéressant que la Bascule de Gentioux, la Renouée, malgré toutes les limites de ce fameux festival de l’An Zéro, soient présentes d’une manière ou d’une autre dans ce festival... Ça aurait même pu être une occasion de montrer que malgré nos désaccords, on est capable de faire autre chose que ce qui s’est passé et se passe malheureusement toujours sur la commune de Gentioux.“ Catherine Moulin, maire de Faux-la-Montagne, a elle aussi tirer les oreilles à quelques farouches opposants : “Je dois dire le malaise que provoque pour une partie non négligeable des habitants de la commune, le comportement excessif de certaines personnes qui se sont montrées pour le moins peu accueillantes et pas qu’en cette occasion...“. D’autres se félicitent de l’annulation et font la part des choses, comme cette Creusoise, professionnelle des festivals et de la communication : “L’annonce de l’annulation associée aux mobilisations citoyennes me semble injuste. Je crois qu’ils annulent tout simplement par ce qu’ils ne sont pas professionnels ou tout du moins responsables. Un tel événement nécessite des mois d’anticipation, de travail en matière de gouvernance, de budget, de logistique, de programmation. Je crois qu’ils ont simplement cru que nos terres étaient habitées par si peu de gens et si peu d’esprit qu’ils pouvaient nous illusionner par des effets d’annonce.“ Et de s’étonner qu’à deux mois du festival, une annulation puisse se faire : “Car à moins de deux mois d’un tel événement tout doit être bouclé !“
L’avenir semble lui avoir donné raison. Après avoir annoncé que l’An zéro aurait finalement lieu à Guéret, en partenariat avec le festival Check in Party (qui démentira dès le lendemain), les organisateurs décident de tout annuler : “Malheureusement, il y a quelques jours est tombé le coup de grâce : après avoir composé pendant des semaines avec le flou du changement de site, nous avons fini par recevoir des prestataires les devis des installations, après la remise du dossier en préfecture quand plus rien ne pouvait être modifié. Le choc est douloureux, l’addition bien plus piquante que prévu et la quote-part financière qui nous est demandée pour couvrir les frais est de très loin supérieure au budget initialement annoncé.“ 3 Rideau. Derrière ces raisons financières d’autres ont probablement eu plus d’importance. L’enquête menée par Reporterre le 26 juillet1 qui raconte que Martin Bohmert, membre du bureau exécutif d’En marche ! et ancien délégué général des Jeunes avec Macron, a passé une semaine entière à Pontivy, début juin, au siège de l’An zéro, est venu mettre à mal la thèse de l’indépendance du mouvement vis à vis de la Macronie. Plus embêtant, la tribune parue sur Médiapart le 24 juillet4, signée par plus de trente organisations qui expliquent pourquoi elles ne viendront pas à l’An zéro, n’est sans doute pas étrangère à des désistements de personnalités ou associations embarquées dans l’aventure un peu trop vite (voire sans leur accord pour au moins deux d’entre elles). L’ensemble a généré des débats au sein même des organisateurs qui ont décidé d’utiliser leur dernier week-end d’août “à réfléchir à nos erreurs, mais aussi à imaginer la suite“. En Bretagne, les Gilets jaunes de Rostronen ont envoyé un petit message sur le Plateau : “Merci pour l’accueil que vous avez réservé à la Bascule qui a essayé de nous récupérer, avant qu’on ne comprenne vraiment qui ils étaient.“
L’An zéro renvoyé à ses terres bretonnes, les dommages collatéraux de l’affaire se font sentir en local. Les prises de position de la maire de Gentioux et du député Moreau qui ostracisent gravement sous le nom de “mouvance“ celles et ceux qu’ils estiment être les instigateurs de l’annulation, des incendies inexpliqués et des lettres de menace, et qu’au moins la maire de Gentioux associe allègrement avec tout ce qui lui déplaît sur sa commune et sur le Plateau, créent un climat particulièrement lourd. Aux réactions qui se sont exprimées face à ses dires elle conclue de manière fermée par cette phrase : “une seule solution pour sortir de la défiance : appuyer la motion de la Commune de Gentioux-Pigerolles ! “Voici qui est clair : si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes contre moi. Curieuse conception du dialogue qui n’étonne malheureusement pas ces habitants de Gentioux qui ont réagi par un texte argumenté et que nous publions ci-contre : “Nous ne voulons pas vivre dans la défiance“. Une sorte de zéro pointé à Dominique Simoneau qui relève ses incohérences et sa malignité.
Depuis quelques mois le débat sur la démographie médicale s’étale dans toute la presse locale, régionale et nationale, et singulièrement en Creuse. Dans son numéro de l’hiver 2006-2007 IPNS en avait parlé au sujet de la région de Felletin rappelant à l’occasion la nécessité d’une organisation équilibrée et équitable d’un système de santé à l’échelle du territoire national et donc la définition d’une politique de santé publique.
Au début du mois de janvier 2008 c’est au tour de la ville de Guéret de s’inquiéter alors que deux généralistes et un pédiatre partent à la retraite sans bien assurer leur succession et que l’âge avancé de leurs confrères risque de rendre la situation très préoccupante à plus ou moins court terme. Et depuis il ne s’écoule pas de semaine sans que la presse alerte l’opinion publique sur le désert médical creusois.
Le déficit médical creusois en médecins généralistes et plus encore en spécialistes est une certitude. Les chiffres en sont cruellement révélateurs : quand il y a 174 médecins spécialistes pour 100 000 habitants en France il n’y en a que 74 en Creuse pour la même population, et comme celle-ci est aussi proportionnellement plus âgée elle est davantage demandeuse de soins de santé. D’ailleurs cette pénurie n’affecte pas que le corps médical, elle touche l’ensemble des acteurs de santé, que ce soient les infirmières, dentistes, ophtalmologistes, manipulateurs de radio, kinésithérapeutes, sages-femmes, etc.
Une telle situation n’est pas spécifique à la Creuse ; elle est préoccupante à l’échelle de tous les départements à dominante rurale. Elle nécessite l’invention d’une politique de santé publique. Mais les réponses de l’Etat sont désespérément vides de bon sens. Et pour en rester à la Creuse les propositions de la ministre de la santé publique sont désastreuses pour ne pas dire outrageantes. Lors du congrès national d’un syndicat médical, des jeunes médecins s’interrogeaient sur un projet de texte susceptible de leur imposer des installations en zone déficitaire. Cette bêtasse de Roselyne Bachelot n’a rien trouvé de mieux à déclarer : “Oh, on ne va pas vous obliger à vous installer en Creuse !“. Notre ministre bonasse - selon les dires d’un de ses parents creusois - ne faisait que reprendre ce qu’elle avait lu sur les calicots des internes en médecine manifestant à l’automne dernier pour le droit à leur liberté d’installation sur le territoire : “Tout sauf Guéret“, “Jamais en Creuse“. Il est à craindre que cette carence d’intelligence politique combinée avec un corporatisme non moins pitoyable du monde médical ne favorisent guère les quelques solutions qui s’ébauchent ici et là. Gageons que les projets creusois de “maison médicale pluridisciplinaire“ de proximité comme il en existe à Gouzon, La Courtine ou Faux la Montagne assureront demain un véritable service de santé publique.
Tout est parti de la mise en vente de la maison où le médecin de Faux-la-Montagne a son cabinet depuis toujours. La praticienne n’envisageait pas de racheter le bâtiment et risquait donc de quitter la commune. Mais, même si elle avait acheté, la question se serait reposée pour son successeur, à l’heure de la retraite. Ce dernier aurait du s’endetter pour racheter les murs du cabinet au moment où jeune médecin il n’aurait guère les reins (financiers) très solides... Quand on sait la faible attractivité pour un jeune diplômé d’un cabinet généraliste à la campagne et que peu de médecins se voient exercer dans un isolement professionnel difficile, la Communauté de communes a pensé qu’il était de son devoir de relever le défi.
“En considérant que nous avons deux bassins de vie sur la Communauté, explique Thierry Letellier, son président, nous avons décidé de créer une maison médicale qui aurait deux antennes : l’une sur Faux-la-Montagne et l’autre sur Peyrelevade.“ Concrètement deux bâtiments vont être rénovés, une maison dans le bourg de Peyrelevade et un ancien restaurant dans celui de Faux où seront installés la maison médicale et les nouveaux locaux de la mairie.(photo ci-dessus)
Sur chacun des deux sites quatre à cinq cabinets seront disponibles. Ainsi, à Peyrelevade, en plus des deux médecins pourraient s’installer d’autres professionnels, comme à Faux : un kiné, un dentiste (même temporaire), des infirmières ou tout autre spécialiste. De plus un logement est intégré afin de pouvoir héberger un remplaçant ou un stagiaire.
Cette bipolarité qui fait l’originalité du projet du plateau de Gentioux n’a pas convaincu le Conseil Général de la Corrèze qui a émis un avis défavorable. Par ailleurs la région a commandité une étude pour en établir la pertinence. C’est à l’issue de celle-ci que les financements publics, à hauteur de 50 à 60% des 650 000 euros des deux opérations, pourront être débloqués (Etat, région, Agence régionale d’hospitalisation et Fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins).
Une maison médicale doit en effet obtenir ce label, régional et national, pour recevoir les aides publiques. Plusieurs conditions sont nécessaires dont la présence de plusieurs professionnels et la mutualisation entre eux de certains outils.
Dans une profession assez individualiste le pari est osé de faire travailler ensemble plusieurs praticiens. Mais si l’on en croit d’autres banderoles également vues lors des manifestations des internes en octobre 2007, il répond peut-être au désir de certains. Le médecin de campagne d’hier ne sera certainement pas celui de demain.
Depuis 1979, on observe un déclin de l'activité agricole ; selon les chiffres des recensements de la DDAF1, l'activité agricole du plateau de Millevaches s'est significativement réduite depuis quelques dizaines d'années. Le nombre de paysans a fortement chuté et la surface agricole utilisée (SAU) a beaucoup diminué, essentiellement au profit des plantations de conifères. De 1988 à 2000, alors que sur le département de la Creuse, la surface agricole a diminué de 2,4 %, sur le canton de Royère elle a reculé de 11 % (et 22 % entre 1979 et 2000). La diminution du nombre d'exploitation est encore plus flagrante : il y avait 206 exploitations en 1979, 144 en 1988 et 99 en 2000, soit une diminution de 32 % en 21 ans !
Sous le joug du contexte politique agricole (très "encadrant") depuis la première PAC (Politique agricole commune), l'agriculture du plateau de Millevaches a beaucoup changé.
Dans un contexte de baisse permanente des prix agricoles, la faible qualité des terres du plateau a provoqué l'abandon des cultures et une extensification des systèmes de production. Cette extensification a logiquement entraîné un fort agrandissement des surfaces moyennes et une spécialisation dans l'élevage bovin et caprin. En 1979, l'agriculture du canton de Royère était relativement diversifiée et la taille moyenne des fermes était seulement de 28 Ha. 1213 Ha de terres étaient destinées aux cultures pour nourrir autant de vaches que de volailles, de moutons ou de porcs. En 2000, la spécialisation est flagrante : on compte 2 fois moins de terres cultivées, 4 fois moins de volailles de moutons et de porcs. Seuls le nombre de bovins et de caprins a augmenté. Les systèmes de production agricole s'appuient presque uniquement sur l'élevage de bovins en extensif avec d'importantes surfaces de prairies permanentes. La taille des exploitations professionnelles2 a logiquement augmenté en passant de 46 Ha en moyenne en 1979 contre plus de 90 Ha aujourd'hui.
Afin de souligner les particularités actuelles du territoire de Millevaches, je me suis appuyé sur un état des lieux des transactions foncières (achat-vente) des cantons de Royère et Gentioux, du mois d'avril 2004 au mois de février 20053. Ces transactions concernent aussi bien le bâti que des terres seules.
Les chiffres sont très parlants et montrent sans grande surprise que l'agriculture n'est plus l'activité rurale principale : une petite moitié seulement des surfaces non bâties ont été échangées dans le milieu paysan et durant la période étudiée, 14 % des surfaces échangées sont sorties de l'activité agricole. Une autre donnée importante nous indique qu'aucun agriculteur n'a acheté de foncier bâti, ce qui nous permet de supposer que les transactions foncières continuent d'alimenter l'agrandissement des fermes décrit précédemment.
Cette petite étude fait surtout ressortir un élément relativement nouveau qui marque particulièrement les problématiques territoriales du plateau aujourd'hui : sur la période étudiée, 20 % des transactions ont bénéficié à des personnes extérieures au monde paysan et domiciliées à l'étranger. Cette nouvelle concurrence apparaît uniquement sur le foncier bâti, puisque 7 habitations (sur 11 vendues au total) ont été acquises par des anglais. Cette nouvelle donnée a un impact non négligeable sur le prix des bâtiments et participe fortement à la spéculation du foncier. La hausse des prix touche particulièrement les maisons mais s'étend plus largement aux (anciens) bâtiments agricoles et aux terres en général.
La spéculation des bâtiments limite fortement les installations. Leur prix rend les fermes presque inaccessibles aux jeunes porteurs de projets agricoles qui doivent soutenir un budget d'installation de plus en plus colossal. Et lorsque le bâti est séparé d'une ancienne ferme, le reste des terres est vendu plus facilement à l'agrandissement. Sans bâti, il reste encore la solution de construire ses propres bâtiments, mais il est aussi difficile d'obtenir quelques hectares pour s'installer face aux personnes extérieures à l'agriculture ou à des voisins paysans "hectarivores", malheureusement très soutenus par le contexte politique départemental.
Et si toutes ces barrières sont franchies, il reste au jeune installé à faire le pari de pratiquer une agriculture moins gourmande en surface mais rentable, à "contre courant" de la PAC.
Il existe pourtant des outils étatiques, mis en place pour contrôler les transactions foncières. Les SAFER sont des sociétés anonymes à but non lucratif destinées au contrôle des transactions foncières. Chaque transaction foncière est étudiée par un comité technique pluri-représentatif chargé de donner un avis sur chaque dossier. La SAFER a pour mission d'éviter que les terres sortent abusivement du domaine agricole. Elle possède pour cela un droit de préemption qui lui permet de devenir automatiquement acquéreur de terre pour la redistribuer à un paysan qui en fait la demande.
Chaque transaction foncière donne lieu à une notification notariale de vente qui doit être diffusée pendant deux mois avant la signature définitive de la transaction pour permettre à un tiers de se porter concurrent à l'acquisition.
C'est malheureusement à cette étape qu'apparaissent les lacunes du système car force est de constater que la diffusion de ces informations est objectivement insuffisante (quand elle n'est pas inexistante).
Les locations sont quant à elles contrôlées par la Commission départementale d'orientation agricole (CDOA). Créées en 1995, elles se réunissent tous les mois à la DDAF. Elles ont pour rôle de donner un avis sur chaque location de terre agricole faisant passer une exploitation à plus de 90 Ha de surface. Les CDOA réunissent des représentants de l'Etat, des représentants du monde agricole et des représentants d'associations. Chaque demande de location concernée donne lieu à une demande préalable d'exploiter (DPE), qui doit être diffusée pour permettre à une tierce personne de poser une éventuelle candidature concurrente.
Une fois de plus, on ne peut que regretter le manque d'effort de communication sur ces DPE qui limite fortement la concurrence.
La Confédération Paysanne de la Creuse s'intéresse depuis toujours au problème de la distribution des terres entre les paysans et avec le monde rural. Militant pour que chacun puisse accéder équitablement au foncier, elle souhaite aujourd'hui être plus efficace au sein des organisations départementales de gestion des structures. Il semble important de pallier les lacunes du système au niveau de la distribution des informations. Le travail syndical a débuté par la mise en place d'un réseau départemental de paysans et paysannes chargé de diffuser les informations sur les transactions foncières. Ce réseau d'interlocuteurs permet de diffuser les notifications notariales de vente et les DPE mais aussi de recueillir les informations de terrain afin de défendre au mieux les projets considérés comme intéressants dans les comités techniques SAFER et en CDOA. Si ce réseau fonctionne actuellement à l'échelle cantonale, il semble intéressant aujourd'hui de créer un maillage d'interlocuteurs locaux plus dense et particulièrement sensibilisés aux problèmes du foncier.
Une première réunion sur le plateau devrait réunir beaucoup de forces rurales sensibilisées aux problèmes d'accession à la terre et au bâti afin de partager les différentes visions du territoire. Il s'agit de créer un réseau de diffusion d'information et de créer un éventuel groupe de pression capable de faire pencher la balance en faveur des projets que chacun souhaite voir se développer sur son territoire. A n'en point douter, d'autres perspectives seront envisagées mais cela dépendra de la dynamique dont ce travail fera écho.
Sur le premier point, on est d’abord frappé par le climat de défiance qui a entouré la procédure électorale, de l’établissement des listes d’inscrits jusqu’au comptage des voix à la fin du dépouillement. En tout début d’année, des notifications de radiations des listes électorales plus ou moins tatillonnes sont envoyées par la maire. Au point que se met rapidement en place, du côté de ses opposants, une cellule informelle de vigilance et de conseil juridique aux personnes radiées (rappelons qu’il y a six ans, des personnes s’étaient vu contester auprès du Tribunal leur inscription sur les listes jusqu’à ce qu’un juge ordonne leur réintégration et déboute la plaignante, Dominique Simoneau). Le sommet de la tension est atteint le 21 février 2020 lors de la réunion de la commission de contrôle des listes électorales chargée d’établir la liste définitive.
Fait remarquable, sept personnes sont venues assister aux échanges entre les trois membres de la commission (trois habitant.es représentant l’un la Préfecture, l’autre le Tribunal et le dernier la Commune). Avant même le début de la réunion, qui se tenait dans une petite pièce surchauffée de la mairie, un vif échange entre le représentant de la Préfecture et un habitant, à propos de la volonté du second d’enregistrer les débats, donnait le ton. Par la suite, le premier autorisant la salle à intervenir dans les échanges, on assista à des scènes de négociation pied à pied pour estimer si oui ou non un tel ou une telle pouvait encore justifier d’attache à la commune. L’occasion de constater que le même représentant de la Préfecture, un enfant du pays et jeune retraité de la police nationale, était extrêmement bien renseigné sur la vie des habitants de sa commune.
Il fallut bien deux heures pour venir à bout de la trentaine de sortants (radiés d’office ou ayant perdu attache à la commune) et des... soixante-neuf nouveaux entrants. Sur une précédente liste de 287 inscrits, et une élection qui s’est joué à quelques voix il y a six ans, l’enjeu était de taille et la tension dans la salle à la mesure. Le toujours représentant de la Préfecture précisera à la fin que la commission s’était montrée magnanime dans l’acceptation de certains documents normalement insuffisants pour s’inscrire ou contester une notification de radiation. À bon entendeur… Au final, seul un refus d’inscription était contestable au Tribunal, mais la personne concernée y renoncera, après de longues tergiversations, pour des raisons financières (frais d’avocat) et ses calculs de bonne chance que sa liste l’emporte sans sa voix.
Le jour du vote fut un autre révélateur du niveau de défiance atteint à Gentioux pendant la dernière mandature. Le bureau de vote du bourg de Gentioux, présidé par Dominique Simoneau, fut principalement tenu par des conseillers municipaux de sa majorité, tandis que la tête de liste d’opposition, Denise Jeanblanc, avait déclaré en mairie des assesseurs et autres contrôleurs des opérations de vote issus de sa liste. Ainsi, en continu et dans les deux bureaux de vote (Gentioux et Pigerolles), des personnes de la liste d’opposition se relayaient par deux pour surveiller la bonne tenue des opérations.
C’est ainsi qu’elles assistèrent en milieu de matinée à l’esclandre d’une habitante reprochant l’absence d’éléments obligatoires sur la table (code électoral, liste des membres du bureau, etc.), puis, quelques heures plus tard, à une pénurie d’enveloppes dans les deux bureaux. La maire, Dominique Simoneau, finit heureusement par en dégoter dans un stock qui restait à la mairie.
Le pic fut atteint lors du dépouillement au début duquel Dominique Simoneau contesta la présence derrière elle de trois personnes déclarées comme « contrôleurs des opérations de vote ». « On ne doit pas avoir les mêmes valeurs dans la commune », lâcha-t-elle devant leur absence de réaction. Elle n’insista pas et les trois vérificateurs passèrent les deux heures et demie que dura le dépouillement à suivre scrupuleusement le va et vient des bulletins et leur lecture. Tandis que dans la salle, pas moins de trois personnes doublaient le comptage officiel par des comptages personnels. Ce qui donna lieu, à la fin du dépouillement, à une demi-heure de comparaisons et de recomptages des dizaines de petits bâtons avant qu’un accord ne soit trouvé sur le nombre de voix à accorder à chaque candidat.es. Ambiance…
Mais le sort de chaque liste était déjà joué tant l’écart était grand (en moyenne autour de 63 voix pour la liste sortante et 188 pour la nouvelle prétendante). Un écart visiblement pas anticipé par les deux personnes chargées officiellement de noter les petits bâtons et qui durent, au milieu du dépouillement, scotcher des rallonges à leurs feuilles pour noter les nouveaux bâtons qui n’avaient plus de cases pour les recevoir.
Le tout dans un climat sanitaire qui reconfigurait étrangement les espaces : pas plus de dix personnes dans le public sur consignes de la Préfecture et donc une foule, venue largement d’au-delà des limites de Gentioux, massée derrière les vitres de la salle des fêtes et tentant de déchiffrer en direct les comptages officieux opérés à l’intérieur.
Mais aussi, petit à petit, à mesure que le groupe de personnes s’agrandissait, la distance sanitaire d’un mètre s’était réduite à peau de chagrin dans le sas d’entrée. Dominique Simoneau, mélangeant tout à la fois les casquettes d’ancienne institutrice, d’officière de police et de présidente de bureau de vote, tenta plusieurs fois, en vain, de disperser cette foule, menaçant d’interrompre le dépouillement, à grand renfort de « sortez », « il doit y avoir un mètre entre vous » , « c’est du civisme, si ce mot vous dit quelque chose, faut arrêter les gamineries » et pour finir, lâcha un « ça promet » désabusé. La bande de cancres aux remarques parfois franchement désobligeantes n’en avait cure, montrant là leur ras-le-bol accumulé pendant ces six années et marquant que le pouvoir avait changé de camp.
Et c’est bien ce sujet que la liste gagnante avait mis en tête de son programme : comment après ces années de « crispation », « ne pas prendre sa revanche » mais travailler à « aller vers une commune plus apaisée » ? entendait-on lors de sa présentation publique du 21 février 2020 dans la salle des fêtes de Gentioux, « ne plus se regarder avec les craintes et les peurs engendrées par des incompréhensions liées à des différences de convictions, de façons de vivre, de penser ». Et les membres de la liste égrènent comment y parvenir : relancer le comité des fêtes (fêtes des jonquilles de Pigerolles, du fameux pont de Senoueix), publier un bulletin municipal co-écrit avec des habitants...
Une seconde présentation publique de la même liste a eu lieu le vendredi 6 mars 2020 à Pigerolles. L’occasion d’insister aussi sur un autre point de divergence avec l’équipe sortante : le mode de gouvernance. On parle ici de réunion d’habitants sur des sujets cruciaux de la commune comme la gestion de l’eau, les projets éoliens industriels, le budget. Il est aussi question de groupes de travail élu.es/habitant.es sur la forêt, l’installation d’agriculteurs, de transparence et d’outils de communication. Un projet donnant une large place à la parole et à l’action des habitant.es, à l’image de cette liste qui donne la forte impression de jouer en équipe, soudée et sans chef.
Au total, entre les habitant.e.s de Gentioux et de Pigerolles, une centaine de personnes différentes, soit un tiers du corps électoral, aura assisté à l’une ou l’autre de ces présentations publiques. La plupart d’entre-elles déjà acquise à la cause générale mais tout de même curieuse d’en savoir plus sur les détails. Ainsi, des questions précises et sans complaisance ont été posées concernant les positions de la liste sur les projets éoliens révélés par un tract anonyme distribué quelques semaines auparavant ou sur la diversité des habitats et leur situation au regard de la loi.
L’unique présentation de la liste de Dominique Simoneau fut tout autre et, elle aussi, à l’image de sa façon de faire. C’était le 8 mars dans la salle des fêtes de Gentioux. Dans le public, vingt-cinq personnes dont seulement trois en soutien à la liste de la maire sortante. « Un enterrement de première classe », commentera un participant à la sortie. Devant l’écran où sont projetées les diapos, une Dominique Simoneau omniprésente et des colistier.es silencieu.ses ou même physiquement absent.es pour deux d’entre eux. Il est vrai qu’une des absentes avait précédemment et publiquement fait des déclarations de soutien en faveur de l’autre liste (qu’elle a découverte sur le tard et qu’elle trouve beaucoup plus proche de ses idées)… Pour l’autre, on n’en saura rien. Pour autant, c’est pour d’autres raisons que cette soirée, qui dura plus de quatre heures et se clôtura par un pot, restera dans les annales.
En effet, étant sortante et donc flanquée d’un bilan à défendre, Dominique Simoneau eut à subir un feu roulant et parfois véhément de questions et de contradictions diverses de la part du public. Il fut question, entre autres, de l’intention d’arrêter le réseau de chaleur, du soutien aux projets éoliens, de l’absence des élu.es au marché d’été, des bâtons dans les roues à des projets d’installation d’activités, de la mise à l’index d’une partie de la population, de l’exercice autocratique du pouvoir. Courageusement, et avec une volonté de dialoguer et de donner sa version des faits sans faille, Dominique Simoneau a répondu point par point, pied à pied, seule, pendant quatre heures. On l’avait rarement vu si avenante face à l’adversité. Campagne électorale oblige ? Si rien n’aura avancé au terme de ce marathon, quel moment politique ce fut que de parler à bâton rompu et sans langue de bois des affaires de la commune. Que nous étions loin des échanges cordiaux des présentations de l’autre liste.
On n’oubliera pas la présentation d’un des colistiers de Dominique Simoneau, prenant la pose debout en beau costume, revendiquant son compagnonnage avec le RPR de Chirac et aujourd’hui avec le parti La République en Marche, à Limoges et à Guéret, mais insistant par deux fois sur le fait qu’il se présentait là « sans étiquette ».
Si les experts en analyse électorale de la liste gagnante avaient pressenti le vent tourner en leur faveur, rien n’annonçait un tel raz-de-marée dans les urnes. Que s’est-il passé, alors que le contexte général de la commune n’a apparemment pas fondamentalement changé en six ans pour que Dominique Simoneau perde autant de soutien (70 voix parties en fumée entre les deux scrutins) ? Elle à qui La Montagne et France 3 ont régulièrement ouvert leurs colonnes pour accueillir ses diatribes contre « l’ultragauche du Plateau », elle qui avait écrit une motion prenant la défense des entrepreneurs empêchés d’entreprendre et reprise par plusieurs conseils municipaux de Corrèze, elle qui avait conquis une vice-présidence de la communauté de commune Creuse-Grand-Sud et se targuait du soutien de la préfète de Creuse ?
Diverses hypothèses peuvent être avancées pour expliquer un tel retournement. D’un côté, il y a les habitant.es qui adhèrent aux valeurs, aux propositions, à l’environnement culturel de la liste gagnante. Ceux-ci sont sûrement en nette augmentation sur la commune et les mouvement d’entrée-sortie sur les listes électorales ont été en leur faveur. De l’autre, il y a les défections du côté des perdants. Le mode de gouvernance autocratique de Dominique Simoneau, décidant de tout, toute seule, des menus de la cantine à l’équipement du nouveau bar, et réduisant les personnes de son conseil à des bénis-oui-oui, n’est pas passé inaperçu et a créé frustration et agacement parmi des proches de mairie, dont des élu.es et des employé.es.
Son absence de communication et de transparence, en général et particulièrement sur les projets éoliens, en ont touché d’autres. Des habitants de Pigerolles ont déploré le manque d’attention à leur commune (associée à Gentioux dans les années 1970) et des parents d’élèves son intrusion permanente dans les affaires de l’école, et ce avec des décisions malvenues (horaires du périscolaire, pas de financement pour les sorties à la piscine…) et une attitude hautaine envers les enfants et le personnel. Surtout, à en croire des candidats ayant été reçus dans les maisons lors du traditionnel porte-à-porte, ses soutiens d’hier pourraient ne pas lui avoir pardonné son incessante volonté de diviser et d’attiser les tensions.
Enfin, on peut imaginer que des personnes qui, bien que connaissant et n’appréciant pas la personnalité de Dominique Simoneau pour l’avoir fréquentée comme enseignante ou autre il y a une dizaine d’années ou plus, avaient voté pour elle il y a six ans par peur de l’inconnu. Cet inconnu présenté dans les médias comme une secte violente prête à tout pour semer le désordre... Parfois, entre deux maux, on préfère celui que l’on connaît car, au moins, on le connaît. Pour ceux-ci et celles-là, peut-être que la piqûre de rappel de la personnalité de Dominique Simoneau, liée à ses nouvelles fonctions à la mairie d’un côté, et la présence sur la liste opposée de Denise Jeanblanc, ancienne adjointe auprès de Pierre Desrozier, plusieurs fois maire dans les années 1980 et 1990, de l’autre, aura fait la différence.
En juillet 2020 l’APAJH, l’association gestionnaire du foyer d’accueil médicalisé de Gentioux, a annoncé qu’elle allait quitter Gentioux en 2023 pour une ville plus importante.
Deux raisons à cette décision : l’association en a marre d’être « prise en otage » dans les querelles de la communauté de communes Creuse Grand Sud, propriétaire des bâtiments, mais aussi, selon Patrick Colo, président de l’APAJH, le nouveau foyer d’accueil médicalisé sera mieux « adapté aux besoins de nos résidents en particulier sur l’aspect de l’inclusion dans un centre urbain. L’isolement de ces personnes à Gentioux leur interdit d’exercer leur citoyenneté en étant membres à part entière de la vie sociale.
Sans parler de l’accès très compliqué aux services de toutes natures qu’ils sont en droit d’attendre de la société : santé, culture, commerces, sport adapté » (La Montagne, 15 juillet 2020).
C’est cette seconde raison qui a fait réagir Alain Détolle, conseiller communautaire de Creuse Grand Sud : « Le terme inclusion utilisé comme un étendard pour justifier l’éventuel transfert du foyer de Gentioux me pose question. Inclusion dans quoi ? Pour quoi ? Il sous-entend que le fait de vivre dans une zone rurale ne permettrait pas d’être inclus et donc que les habitants de ces zones, quels qu’ils soient, sont des exclus. Et que l’inclusion n’est possible que dans le cadre de centres urbains denses, seuls capables de satisfaire tous les besoins d’un être humain « inclus ».
Est-ce que le transfert du foyer vers un « micro centre urbain » comme Bourganeuf, Felletin ou même Aubusson suffira ? Il est en effet notoirement connu que ces centres ne peuvent répondre à tous ces « besoins » d’inclusion, loin de là, faute d’une diversité de services suffisants. Il faudrait donc envisager le transfert de tous les foyers mais aussi de toutes les populations de ce rural profond vers de vrais centres urbains, riches de tous les services nécessaires pour assurer une véritable inclusion telle que l’entendent ses promoteurs.
De ce point de vue, seules les grandes métropoles sont à même de proposer les services suffisants ! À rebours d’Alphonse Allais, pour inclure il faudra donc, non pas construire les villes à la campagne mais bien transférer les campagnes à la ville.»
Sans vouloir faire dans le romantisme, le projet de Lachaud, c’est bien l’histoire d’un groupe de jeunes qui décide de redonner vie à un hameau. Un hameau situé au centre d’un triangle qui relie Gentioux, Royère et Faux la Montagne, là où bat le cœur du plateau. Sur les 138 hectares qui auraient pu être disséminés entre les agriculteurs voisins, trois familles, un jeune couple et deux passionnés ont bâti un projet d’éco-site en 5 dimensions : agriculture paysanne / écoconstruction / formation et pédagogie / biologie / accueil. Côté agricole, le GAEC de la Fève («Ferme expérimentale à vocation environnementale») a démarré son activité avec Julie Cuenot et Johanna Corbin, éleveuses d’un troupeau de 160 brebis limousines. Elles font de l’agneau en vente directe. Le volet scientifique, un laboratoire chargé d’étudier l’impact du changement climatique et de l’agriculture sur la biodiversité de certaines parcelles de la ferme (dont des parcelles Natura 2000) a trouvé un financement (CNRS et l’Université de St Etienne). Le volet écoconstruction a été entamé à travers la rénovation écologique de la maison de l’ancien fermier. Cette future maison collective accueillera les bureaux de l’association Le Champ des possibles, qui porte le projet global, le laboratoire d’écologie ainsi qu’une salle commune, une salle pour les enfants et une cuisine. En attendant, les bureaux sont installés dans des caravanes et une cabane. Excepté Philippe Simon, qui réside à Eymoutiers, tout le monde habite sur place : certains ont acheté une yourte, d’autres louent dans le hameau. Du coup, tous les habitants permanents de Lachaud participent au projet d’éco-site, les autres habitants étant des résidents secondaires... ravis de voir que ça bouge dans leur campagne !
Tout a commencé l’été 2005 quand Johanna, alors animatrice dans l’associatif, et Frédéric, biologiste, décident de quitter les Deux Sèvres pour une campagne moins polluée où monter un projet mêlant agriculture, écologie et milieu naturel à restaurer. Avec son Réseau d’acteurs et ses landes et tourbières, le Plateau de Millevaches a tout pour les séduire. Ils rencontrent Emilie Lordemus, coordinatrice du réseau (De Fil en réseaux), et le Conservatoire des espaces naturels (CREN), repartent avec un carnet d’adresses. “Pendant un an, je suis venue tous les deux mois pendant une dizaine de jours à chaque fois pour rencontrer les gens, être au courant des opportunités, voir si le projet pouvait se monter avec d’autres“ raconte Johanna. L’été 2006, la petite famille pose ses valises à St-Moreil, pour continuer à construire son projet in sitù. Johanna suit une formation agricole tandis que Frédéric télé-travaille. Ils entendent parler de la vente d’une grosse ferme à Lachaud. Johanna se rend à la Safer, va voir les institutions, remue les collectivités, le dossier traîne, et la ferme n’est réellement mise en vente qu’en juillet 2007. A ce moment-là, nos porteurs de projets organisent une réunion pour rassembler les personnes intéressées pour créer ensemble sur ce site prometteur. Il en ressort un ambitieux projet d’éco-site, valorisant les compétences de chacun (écoconstruction, artisanat, écologie scientifique, agriculture...) et rassemblant leurs aspirations à vivre autrement, faire ensemble et accueillir, transmettre, échanger.
En septembre 2007, une rencontre est organisée entre le groupe constitué et la région, la communauté de communes du plateau de Gentioux, le PNR, le CREN et la mairie de Gentioux pour trouver des partenariats et des financements. Il est décidé que la communauté de communes achète le site (275 000 €) et le loue au GAEC. Grâce à une subvention de 120 000 € du PNR, la communauté de communes leur apporte également une aide pour la rénovation écologique du bâti (maison commune + bâtiments agricoles). En avril 2008, le collectif s’installe sur les lieux. Commence alors la restauration du lieu, le démarrage de l’activité agricole, la mise en place du laboratoire et la réalisation d’une étude prévisionnelle sur 6 ans, destinée aux partenaires financiers. Lorsque les bâtiments seront rénovés, les autres activités pourront être développées. Philippe Liboureau, constructeur paille, et Yann Hélip-Soulié, tailleur de pierre-sculpteur, souhaitent y animer des chantiers et des formations. Guillaume Paillard, en formation plomberie-chauffage, mettra ses compétences en énergies renouvelables au service du site. Virginie Larrue pense s’y installer en plantes médicinales. Son compagnon, Grégory Séval, souhaite continuer de travailler à CtrlA tout en s’investissant dans le lieu : “ce qui me plaît, c’est le collectif, pour mutualiser un jardin, par exemple, partager des projets, sans tomber dans une vie communautaire“. L’aspect collectif, c’est aussi ce qui motive Philippe Simon, ancien paysan puis acteur du Monde allant vers, aujourd’hui salarié à mi-temps d’Ambiance Bois. “J’ai 25 ans d’histoire collective derrière moi, je me suis toujours retrouvé dans ces aventures. Ce qui m’intéresse particulièrement, à Lachaud, c’est l’aspect ouvert. Nous voulons développer l’accueil, les stages, en faire un lieu-témoin des alternatives. La particularité, c’est de mêler l’agricole à la préservation d’espaces naturels et à l’écoconstruction“. Pas de doute, c’est bien un lieu unique qui se construit pas à pas par cette bande d’utopistes néanmoins pragmatiques !
En quoi consiste le projet de La Bascule et quels sont les objectifs du rassemblement de Pigerolles ?
La Bascule est une association régie par le droit français conformément à la loi de 1901 qui a pour ambition de faire émerger un nouveau modèle de société dans le respect de la nature et de l’humain grâce à l’intelligence collective, à la coopération et aux expériences existantes dans leur diversité. Elle compte accélérer la transition démocratique, écologique et sociale en réunissant les moyens humains et financiers disponibles afin de propulser, catalyser et relier les initiatives engagées en ce sens. C’est un mouvement citoyen engagé pour la transition, animé par près de 100 volontaires bénévoles à plein temps qui agitent l’écosystème des acteurs du changement. Elle prévoit d’organiser un rassemblement citoyen très grand public qui placera l’action, le bon sens et l’intérêt collectif au cœur de son dispositif. Pendant 3 jours, des organisations engagées proposeront pour tous les participants des ateliers, formations, animations, conférences, concerts, happenings ou encore des épreuves sportives afin de créer une ambiance conviviale propice à l’apparition de synergies créatives et efficaces.
Comment sera financé cet événement? Quels sont les sponsors financiers ?
La Bascule accepte tous types de financements. Ces derniers doivent respecter les directives suivantes :
Vous définissez-vous comme un projet politique ?
La Bascule n’est, ni ne sera jamais un parti politique et ne donnera aucune consigne de vote. Mais c’est un mouvement politique et apartisans. Nous sommes toutes et tous liés par un destin commun et s’emparer du débat à ce sujet s’appelle faire de la politique. Pour autant, chaque personne, chaque culture, chaque territoire doit pouvoir s’exprimer et s’épanouir dans sa diversité. Être apartisan signifie laisser l’autonomie permettant à tout être humain, collectif ou territoire, de faire ses choix par lui-même.
En faisant le choix de venir sur la ferme de Jouany Chatoux, l’évènement apparaît marqué d’une étiquette macroniste. N’est-ce pas contradictoire avec le choix d’un événement rassembleur ?
L’idée de ce festival est de cultiver la diversité autour des thèmes de la transition écologique, sociale et démocratique, aussi bien en termes de personnalités présentes que de public. Nous sommes conscients que les notions « d’acteurs de la Transition » et de « Respect de la Nature et des Hommes » sont bien subjectives. Le risque est de voir venir des promoteurs de certains modèles en contradiction avec ces valeurs. Ainsi nous comptons aussi sur la diversité pour faire venir les contradicteurs (quitte à aller les chercher) et ne pas laisser le champ libre à ces fausses solutions.
Dans de nombreux domaines les clivages se multiplient et s’accentuent, nous prenons actes de ces différents conflits et œuvrons pour que ceux-ci deviennent sources d’enrichissement pour tous. Pour cela, des animations, débats et ateliers d’intelligence collective, encadrés par des partenaires spécialisés, s’efforceront de faire émerger de ces conflits une issue favorable au vivre ensemble dans le respect de la nature et des hommes. La diversité du public sera d’importance, afin de ne pas retomber dans les travers de « l’entre soi » et que celui-ci soit le plus représentatif de la population. Car le nouveau récit d’une société soutenable et désirable ne se construit pas qu’avec les acteurs engagés mais aussi avec la population, afin d’être le plus inclusif possible. Pour y arriver : une programmation sportive, d’animations et de concerts diversifiés, un tarif d’entrée accessible (sous le format de participation consciente) et une communication ciblée sur les milieux trop souvent absents de ce genre d’évènement.
Sur le plateau de Millevaches, les représentants de l’État se sont opposés ces derniers temps avec une partie importante des acteurs locaux (dans le cadre du soutien à des migrants en phase d’expulsion ; de la lutte pour la défense des dessertes ferroviaires ; sur la question forestière ; sur le projet de réouverture de mines en Creuse, etc.). Des contrôles policiers très fréquents ont lieu sur le territoire et la préfecture de la Creuse étiquette même une partie des habitants comme d’ultra-gauche... Quant au mouvement des Gilets jaunes il fait l’objet d’une répression particulière. Dans un tel contexte, comment La Bascule se positionne-t-elle ?
De notre visite sur votre territoire, nous avons eu un aperçu des luttes qui s’y déroulent. Sachez que nous y sommes sensibles et qu’elles attirent forcément notre sympathie. Mais nous n’avons pas la prétention, en trois mois d’existence, d’avoir pu cerner les différentes situations pour nous positionner, surtout avec le peu de temps que nous laisse l’organisation de ce festival. Et qui de plus pertinent que les acteurs locaux, les Gilets jaunes, les migrants pour parler de ce qu’ils vivent ? Nous allons bien sûr les solliciter car nous aimerions vraiment compter sur leurs présences lors du rassemblement pour contribuer à cette intelligence collective au service du vivre ensemble et d’un projet commun.
À l’origine, l’arrivée d’un groupe de personnes liées par des désirs politiques et installées depuis 2004 sur la ferme du Goutailloux, à quelques encablures du village. Son but ? En faire un lieu d’expérimentation et d’organisation en dehors du mode de vie dominant.« Des dizaines de personnes sont venues acheter pas mal de petites fermes dans ce coin devenu un pilier de la contestation, explique un Tarnacois d’alors. Mais cette arrivée massive a divisé la population, les uns estimant que les Jeunes avaient semé la pagaille, les autres qu’ils ont fait vivre le Plateau. »Toujours est-il que, dès 2007, Trois d’entre eux avaient repris le restaurant ouvrier du bourg en louant les murs à son propriétaire dans le cadre d’une société à responsabilité limitée (SARL) pour que se maintiennent les activités d’épicerie, bar et cantine populaire. Ils avaient également continué à faire tourner le camion-relais pour approvisionner les hameaux et villages des alentours.Les bonnes volontés se sont ensuite succédé pour faire vivre le magasin et en 2018, le groupe a décidé d’acquérir les murs du MGT grâce notamment à un financement participatif.
Liquidée au 31 décembre 2023, la SARL passe alors le témoin à une association de bénévoles constituée le 8 janvier 2024, qui loue les murs à la SCI propriétaire. Son conseil d’administration, composé actuellement de sept membres, est collégial. Il pilotera entre autres les bénévoles, tant anciens que nouveaux, qui auront pour tâche d’œuvrer ensemble, en osmose, pour relever ce nouveau défi.Ses missions, inscrites dans une charte, visent à créer et développer un lieu de vie ouvert à toutes et tous, favorisant les rencontres et l’entraide, sur fond d’une offre générale accessible et respectueuse de l’environnement. Un règlement intérieur, destiné aux membres de l’association, en explique les modalités de fonctionnement interne.Afin de préparer la reprise dans les meilleures conditions possibles, divers groupes se sont formés en vue d’analyser les tenants et aboutissants des différentes composantes d’un tel enjeu : élaboration d’un planning des bénévoles susceptibles d’occuper les créneaux horaires concernant l’épicerie et le bar ; démarches juridiques et administratives ; embauche de deux salariés, l’un pour la comptabilité et le développement de l’épicerie, l’autre en charge des approvisionnements ; contact avec les fournisseurs et producteurs locaux ; réaménagement des locaux ; communication.Après l’ouverture, dans le cadre du fonctionnement régulier, des réunions se tiendront entre bénévoles par pôles concernés (épicerie-bar-cantine), afin de fluidifier les liaisons nécessaires.
Enfin, il importe de mentionner un élément de poids, au sens propre comme au sens figuré, dans ce nouveau paysage : le célèbre camion des trois tournées différentes effectuées en campagne chaque semaine, et qui couvrent l’étendue de plusieurs communes : Tarnac, Peyrelevade, Gentioux, Faux-la-Montagne, La Villedieu, Nedde, Rempnat, La Nouaille... Bien reconnaissable, il fait partie de l’ADN du MGT, dont il est le phare ambulant. Parmi ses soixante à soixante-dix clients.es selon la saison, donnons la parole à Madame Rebière : « Je prends tout au camion du MGT, et ainsi, je ne demande rien à personne… » De fait, le véhicule institutionnel permet à cette dame âgée de continuer à vivre en autonomie et dignement, sans avoir à se sentir redevable. Il poursuit ainsi une mission de solidarité assignée de longue date.« La nouvelle équipe s’ouvre aux villageois », plaide le groupe producteurs : « Ce territoire peu peuplé, au climat rude, difficile à cultiver en raison de terres pauvres et acides, peu mécanisables, rend difficile le développement de projets agricoles et artisanaux. Le MGT offre aux producteurs et artisans locaux un soutien non négligeable. En favorisant au mieux les produits locaux dans ses rayons, il apporte une solution partielle à nos difficultés de commercialisation. Et là, contrairement à la grande distribution, il joue à plein un rôle social territorial essentiel en soutenant la pérennisation des petites activités économiques locales, ce qui est pour nous une chance, mais aussi une bonne chose pour la clientèle. »En parallèle, hommage est rendu au staff ancien qui, malgré les difficultés, a eu « le courage de se relancer dans un projet collectif ouvert à l’ensemble des habitants volontaires de Tarnac. Ainsi, le magasin se transforme dans l’objectif de mieux servir le village et le territoire environnant. Il serait même pertinent que d’autres magasins de ce type puissent voir le jour sur le Plateau. »Ce groupe « producteurs » compte dès maintenant 8 membres et devrait s’étoffer rapidement. Pour ceux qui acceptent de tenir une permanence à l’épicerie, le Magasin abaisse sa marge.Quant au groupe « fournisseurs », il a effectué un tri de produits pour plusieurs profils de clientèles, avec un glissement vers des produits écologiques en lieu et place de produits chimiques, « quand on a le choix, tout en ayant le souci de ne pas augmenter le prix du panier moyen. »
Il est 8h30. Après celles du bar la veille, l’épicerie du MGT vient de rouvrir ses portes, à l’issue d’un intermède de trois mois nécessaires au changement de structure juridique. À bas bruit pour une reprise en douceur…Christiane, cliente depuis longtemps, fait le tour des rayons : « C’est magnifique, ils ont bien travaillé !», s’exclame-t-elle. Quant à Bernadette et Liliane, qui vivent à Tarnac depuis une quarantaine d’années, elles affichent une fidélité sans faille à l’égard du Magasin qui représente pour elles beaucoup plus qu’un simple lieu où elles viennent s’approvisionner en duo : « On y vient tous les jours, pour nos courses bien sûr, mais surtout pour prendre au bar ou sur la terrasse un petit sirop ou un café, et y passer un moment convivial avec les uns et les autres. C’est bon de voir de nouveau le village revivre… » Quant au camion-relais, il a repris la route dès le vendredi 3 mai. « Les pilotes étaient impatients », a publié le groupe communication.Restera à la jeune association à envisager l’avenir du troisième pilier de la trilogie, à savoir la cantine. Il est à l’étude. Enfin, le tout sera agrémenté d’un programme d’activités festives et culturelles prévues dans l’enceinte du bar, et qui restent encore à définir.
Lo Sendaron (pour les nons-occitanophones prononcer " Lou chendarou ") , (le sentier, le petit chemin qui serpente et qui n'est pas forcément un raccourci), est une association née il y a environ un an à l'initiative d'un groupe de personnes ayant en premier lieu envie de se rencontrer, d'échanger et de s'investir dans la vie culturelle de ce coin de la montagne limousine, du côté de La Nouaille, en Creuse.
L'association a pour but "la protection, la préservation, la mise en valeur et la réhabilitation du patrimoine culturel, environnemental, naturel et bâti du canton de Gentioux et des communes limitrophes.
L'association se réserve la possibilité de mener toutes les actions de sauvetage ou de proposer de conduire toutes actions utiles, notamment sur le patrimoine protégé, ainsi que sur le patrimoine immatériel (tradition, langue, etc.)".
Vaste programme !
Nous avons depuis notre création mis sur pied un atelier de vannerie traditionnelle, des randonnées pédestres (dont une lors des journées du patrimoine), deux bals traditionnels, mais aussi organisé un spectacle de contes lors du festival Coquelicontes avec l'accueil de Monica Burg et mis sur pied une balade contée et musicale en occitan et français.
Le travail le plus motivant aura été pour cette première année de fonctionnement le nettoyage et la remise en état de la fontaine Saint-Pierre / la font Sent-Piare, qui était autrefois le lieu d'approvisionnement en eau potable du bourg de La Nouaille.
Pour 2005, des projets il y en a plein la benata (la hotte) : conférences, spectacles, bals, ateliers de peinture sur bois, de vannerie, randonnées et sorties thématiques, inventaire patrimonial et poursuite de nos chantiers sur les chemins …
En Haute-Vienne dans deux communes, Beaumont-du-Lac et Saint-Gilles-les-Forêts, il y avait autant de votants que d’habitants le jour du premier tour de scrutin. Mieux que cela, à Beaumont-du-Lac, pour le second tour, le nombre des électeurs dépassait celui des résidents permanents ! Située en bordure du lac de Vassivière la commune détient un record avec une proportion considérable de résidences secondaires (plus des trois quarts de son parc immobilier) alors qu’à Saint-Gilles-les-forêts elles ne représentent qu’un tiers des logements.
La possession d’une résidence secondaire, l’attachement aux racines familiales sont les mobiles les plus souvent invoqués pour justifier ce surnombre d’électeurs. On remarque quelquefois chez des jeunes et moins jeunes retraités le désir d’exercer un pouvoir local souvent mal perçu voire inaccessible dans les concentrations urbaines. Sans oublier la plénipotence du droit de propriété qui depuis 1789 a malheureusement défini les contours de notre citoyenneté française. Le traditionnel conservatisme des propriétaires fonciers non résidents est souvent le plus grand frein à l’émergence de nouvelles activités économiques agricoles ou autres dans les communes rurales.
Quoiqu’il en soit, dans les cantons haut viennois et creusois seules des petites communes de moins de 165 habitants sont concernées. Elles sont deux sur sept dans les cantons de Royère-de-Vassivière et de Gentioux-Pigerolles. Elles sont cinq sur neuf dans le canton de La-Courtine et cinq sur quatorze dans celui de Crocq. Ces deux cantons sont en bordure de la Corrèze où la pratique des listes électorales gonflées semble mieux établie. Elles sont deux communes sur neuf dans le canton de Corrèze, trois sur dix dans celui d’Eygurande, trois sur huit à Sornac, cinq sur douze à Treignac, six sur dix à Meymac, sept sur onze à Bugeat, pour en rester sur le PNR et ses contours. On y rencontre des communes de plus de 300 habitants qui pratiquent cette surabondance d’électeurs. Cette singularité corrézienne aurait-elle quelque rapport avec l’importance de la pratique des sociétés d’originaires pour les Corréziens de Paris ? C’est bien dans ce cadre qu’en 1907 Henri Queuille qui se destinait à une carrière médicale à Paris a été sollicité par ses concitoyens émigrés à Paris pour se présenter aux suffrages des habitants de Neuvic d’Ussel. Une sollicitation qui l’a destiné à une carrière politique corrézienne et nationale prestigieuse.
Dans plusieurs communes du plateau, on a assisté lors des dernières élections municipales, à la présentation de «listes ouvertes», des listes uniques où s’inscrivent tous ceux qui font acte de candidature, ce qui aboutit à avoir plus de postulants que de sièges à pourvoir. Bien sûr ce système est seulement possible dans les petites communes où le panachage est de règle et très largement pratiqué.
Deux communes du sud de la Creuse ont opté pour ce procédé de liste ouverte : Crocq, chef lieu de canton de 546 habitants, et Néoux, 300 habitants, dans le canton d’Aubusson.
C’est la deuxième expérience de liste ouverte : en 2001 il y avait eu vingt cinq candidats pour quinze sièges à pourvoir. Parmi les candidats figurait Jacques Longchambon, marqué à gauche par sa candidature simultanée au poste de conseiller général. En 2008, la liste ouverte proposait 19 candidats, avec seulement cinq “rescapés“ de l’ancien conseil, le maire et la plupart des anciens conseillers ne se représentant pas. Cette fois Jacques Longchambon a été élu et sur la proposition des cinq conseillers sortants, il a été le seul postulant à la fonction de maire à laquelle il a été élu à l’unanimité du conseil.
La profession de foi de la liste avec son programme avait été préparée d’abord au sein d’un petit groupe, puis discutée et amendée par l’ensemble des candidats. Ainsi, chacun d’eux se reconnaissait dans les propositions avancées.
C’est à l’initiative du maire sortant, candidat à sa propre succession, Jean-François Ruinaud que la liste ouverte s’est constituée. Il avait en effet gardé un souvenir amer de la campagne électorale de 2001, où il y avait deux listes en présence. Il souhaitait éviter en 2008 les fractures qui en avaient découlé. La liste comportait 16 candidats pour 11 sièges à pourvoir. La profession de foi a été établie lors d’une réunion entre tous les postulants au cours de laquelle seules les propositions acceptées par tous ont été retenues.
Les deux maires concernés sont très satisfaits de cette manière de procéder, qui paraît bien adaptée aux petites communes. Elle évite les oppositions, parfois durables, qui naissent ou s’exacerbent au cours des campagnes électorales. Elle permet de sélectionner ceux qui apparaissent les plus compétents ou qui sont le plus largement appréciés. Enfin, l’énergie des candidats est concentrée sur les projets à réaliser plutôt que sur la lutte entre clans opposés : dans les communes de petite taille on ne peut guère se payer le luxe de reproduire les clivages politiques partisans.
Néanmoins le procédé a des limites. D’abord il conduit à une certaine dépolitisation : même si beaucoup estiment que l’ancrage politique n’a que peu d’incidence sur l’action municipale dans une petite commune rurale, on peut aussi penser que l’attention aux problèmes sociaux tels que les inégalités ou l’exclusion sera plus grande de la part d’élus de gauche alors que ceux de droite chercheront plutôt à contenir les impôts et à diminuer les charges des entreprises. Et il reste quelques situations où l’opposition droite-gauche réapparaît, comme pour la désignation des délégués des conseils municipaux pour les élections sénatoriales.
Ensuite, la recherche de l’unanimité peut empêcher que soient retenus les projets les plus innovants, ceux qui peuvent heurter une partie de la population parce qu’ils traduisent une vision à plus long terme. Or les élus municipaux ne doivent pas chercher à faire le moins de vagues possible, ils ont aussi un rôle de leaders à exercer pour conduire la population vers de nouvelles perspectives. Mais ces inconvénients éventuels n’existent pas dans tous les cas. Il faut juger sur pièces en se souvenant que les conflits peuvent être féconds dans certaines circonstances – ils contribuent à faire avancer les choses – mais aussi paralysants et stérilisants dans d’autres occurrences.
Les faits ont encore beaucoup de mal à rejoindre les principes de la loi. Celle-ci exige que dans les communes de plus de 3500 habitants il y ait parité hommes femmes sur les listes électorales. Au niveau des résultats on est loin du compte ! Les femmes ne représentent que 35% des élus municipaux. Et pour ce qui concerne la place des femmes comme maire on en est encore aux balbutiements. Moins de 14 % des villes et communes de France ont choisi une femme comme maire. C’était la proportion des femmes élues maires en Creuse en 2001. En élisant dix femmes de plus en 2008 le département de la Creuse avec 16,9 % rejoint les huit départements métropolitains qui ont 17 % et plus de femmes à la tête de leurs municipalités. Ce progrès dans la parité ne s’est pas retrouvé pour les élections au conseil général de la Creuse. La loi imposait aux candidats de prendre un suppléant de l’autre sexe. Mais au final la résultat est désastreux, une seule femme siège à l’assemblée départementale : 3,7 %, et 13,1 % pour la France !
A Croze, les 211 habitants ne cultivent pas l’unanimisme. Qu’on en juge : en 2008 ils ont une nouvelle fois changé de maire, le quatrième depuis 1989 !
La liste d’opposition a enlevé haut la main, mais en deux tours, les onze sièges à pourvoir. Cependant cette victoire n’a pas apaisé les tensions puisque les élus se sont ensuite divisés pour l’élection du maire : le vainqueur a été élu par six voix contre cinq.
Par ailleurs deux recours au tribunal administratif ont été déposés : le premier par la liste gagnante concernant le scrutin du premier tour et qu’elle a retiré après sa victoire au second tour. Le second par la maire sortante, visant un tract injurieux trouvé dans certaines boîtes aux lettres la veille du scrutin du premier tour.
A Saint-Quentin-la-Chabanne, commune de 357 habitants, une seule liste conduite par le maire sortant se présentait aux suffrages des habitants. Le maire et ses dix colistiers ont tous été élus dès le premier tour. Les suffrages se sont dispersés sur 124 noms et pas toujours à bon escient : outre la désignation d’une personne décédée, d’autres suffrages relevaient davantage de la malveillance ou de la discourtoisie, toutes preuves d’incivilités démocratiques. Le maire octogénaire et ancien agriculteur entame sa troisième magistrature à la tête de la commune. En se préparant à célébrer son cinquantième anniversaire d’élu municipal il dit combien la vie municipale est absorbante : “si je n’étais pas maire je ne saurais pas quoi faire“. C’est une façon de voir les choses...
Dans la foulée de ce déplacement ministériel, La Montagne nous apprenait que le collectif “l’Affaire du siècle“, avec ses deux millions de signataires, comptait faire son “Larzac 2003“ sur le plateau de Millevaches, à Pigerolles. “Autant que le symbole d’une campagne préservée, écrivait le quotidien, c’est à coup sûr l’image écolo-contestataire de ce territoire qui a valu au Plateau d’être repéré par les initiateurs de “l’Affaire du siècle“ comme un point de chute possible d’un grand rassemblement estival.“ Jouany Chatoux confirmait l’information tout en proposant d’accueillir pour sa part un événement de 50 à 60 000 personnes plutôt que les 200 000 initialement prévus par les organisateurs. Manu Chao et M sont pressentis.
Le 12 février, en marge du “grand débat national“, Cyril Dion, réalisateur du film Demain, initiateur de la pétition “L’affaire du siècle“, ex-dirigeant du mouvement steinerien “Colibris“ avec Pierre Rabhi, auteur remarqué d’un “Petit manuel de résistance contemporaine“ sorti chez Actes-Sud, maison d’édition de l’ex-ministre de la culture, se rend à l’Elysée. Il est accompagné par l’actrice Marion Cotillard, par l’économiste Laurence Tubiana et par Priscilla Ludosky, égérie supposée des Gilets jaunes, afin d’y promouvoir un projet d’“Assemblée nationale citoyenne“.
Le 16 février, Maxime de Rostolan, ingénieur et éco-entrepreneur, créateur du réseau Fermes d’avenir et de la plateforme de crowdfunding Blue Bees, lance son mouvement de “lobbying citoyen“ La Bascule, étrangement baptisé du même nom que l’association qui organise à Gentioux marchés d’hiver et dépôt-vente de produits locaux. Il s’agit, suite à un week-end de rencontres à l'École Polytechnique début février, de réunir cent étudiants bénévoles issus des grandes écoles et disposés à donner six mois de leur temps pour élaborer des “propositions concrètes pour la transition démocratique, écologique et sociale“, former des listes électorales citoyennes en accord avec ce programme en vue des élections municipales et organiser de grands événements fin août-début septembre afin de concrétiser la naissance du mouvement.
Le 21 mars, Nicolas Hulot, se rend à Pontivy au siège du mouvement “La Bascule“, une clinique désaffectée qui a été gentiment mise à disposition, pour y parrainer la constitution du “lobby citoyen“, lequel s’est donné 6 mois pour imaginer sa “(R)évolution“ dont les propositions devraient éclairer à l’avenir les gouvernants dans leurs choix politiques. Ces préconisations devraient être dévoilées lors de l’événement de Pigerolles, premier grand rassemblement du mouvement.
Le 13 avril, suite à plusieurs visites du soir à l’Élysée, Cyril Dion appelle dans Le Monde, avec quelques-uns de ses acolytes, à la “création d’une assemblée de citoyens tirés au sort pour élaborer des propositions pour une transition écologique solidaire“.
Le 16 avril, on apprend que, parmi les huit mesures annoncées par Macron pour tenter de se sortir de la “crise des Gilets jaunes“, figure la constitution d’une “convention de 300 citoyens tirés au sort“, chargée de “travailler à la transition écologique et aux réformes concrètes à prendre“. C’est ce qui s’appelle servir la soupe à des gouvernants discrédités pour que leurs nouvelles usines à gaz puissent prétendre répondre à d’“urgentes demandes des citoyens“.
Le 13 mai, un message émanant de La Bascule – lobby citoyen, tout en confondant évidemment un certain nombre de ses destinataires du Plateau, confirme l’intention d’organiser l’événement à Pigerolles : “Du nom de code 'L'An Zéro', ce rassemblement festif et convivial se déroulera du 30 août au 1er septembre sur le plateau de Millevaches à Pigerolles. Il réunira près de 50 000 personnes prêtes à basculer vers un monde désirable autour de conférences, de formations en tous genres, d'activités sportives, d'ateliers pédagogiques pour jeunes et moins jeunes, de concerts, de différentes représentations d'arts de la rue et bien d'autres opportunités de se rencontrer. (…) Nous sommes convaincus que la grande richesse qu'offre l'écosystème du territoire de la Creuse en matière d'associations et d'initiatives constitue une belle opportunité pour ce projet.“
Quoi de plus écolo, en effet, que d’agglutiner sur une commune plutôt épargnée (si, du moins, l’on oublie les coupes rases) quelque 50 000 personnes – soit 10 000 véhicules au bas mot - pour y tenir au prix d’une orgie d’énergie et de décibels un de ces grands raouts fédérateurs où confluent tous les habitués des festivals estivaux et les stars de la scène musicale française, bien sûr toutes très engagées pour le climat ! Quoi de plus logique, pour des bobos métropolitains décidés à sauver la planète, que de commencer par saccager de leur seule présence un coin tranquille du plateau de Millevaches ! Quoi de plus évident qu’il appartient aux étudiants des grandes écoles d’ingénieur, de commerce et de sciences politiques, alliés à Macron, Mélanie Laurent et aux multinationales pleines de compréhension, de nous sauver du désastre que leurs aînés, depuis les mêmes écoles, ont si bien su organiser !
Tout se passe décidément comme si la canaille politico-médiatique ne pouvait trouver d’inspiration ailleurs qu’ici. Le “Plateau insoumis“, coïncidence fortuite, dut il y a quelques années se résoudre à cohabiter, du moins sémantiquement, avec une formation stalino-franchouillarde dite “La France insoumise“. Aujourd’hui, c’est au tour de la “La bascule“, modeste association de Gentioux, à qui l’on usurpe l’enseigne pour en faire l’emblème homonyme d’un mouvement se proposant d’engloutir dans les impasses rebattues des élections, du management et de l’ingénierie, l’énergie d’une jeunesse des classes moyennes désespérément crédule.
Il est de notoriété publique en ce premier quart de siècle, que l’avenir du monde et de l’humanité se présente très mal. Sur les seuls aspects environnementaux et énergétiques, il suffit de lire le bilan dressé par le centralien Philippe Bihouix pour mesurer le caractère quasi-irréversible de l’impasse où plus de deux siècles de capitalisme nous ont emmanchés. Mais cette impasse est tout aussi bien sociale, existentielle, civilisationnelle. Et l’agencement géopolitique du monde, fait de superpuissances gérées par des psychopathes, est à l’image de tout ce désastre. Il n’est d’ailleurs plus un média qui ne le rabâche à tout instant, détaillant avec gourmandise les moindres contours de la catastrophe ; c’est que la gravité de la situation est devenue difficile à dissimuler.
D’autres raisons s’entremêlent à cela : la peur qui s’empare des foules garantit des heures d’audience bien mieux qu’un bonheur serein ; puis elle offre des opportunités inespérées aux appétits des promoteurs de “solutions“, aux vendeurs de poudre de perlimpinpin, et aux idéologies de pacotille. Mais l’effet le plus tangible et le plus immédiatement bénéfique au Pouvoir tient évidemment dans cette forme inédite de terreur, dans la culpabilisation de chacun, enjoint de réformer chacune de ses habitudes pour contribuer à “sauver la planète“.Dans le domaine des gesticulations vaines et nonobstant pompeuses – de celles qui aspirent à se frayer une niche en se payant sur l’angoisse des foules - nous ne résistons pas à illustrer notre propos par un exemple local, anecdotique certes mais néanmoins parlant. Il y a peu, un flyer du Centre d’art et du paysage invitait le public autochtone à rencontrer dans un bar de Royère deux jeunes artistes-paysagistes belges “en résidence“ au château de l’Ile de Vassivière. Leur projet, s’inscrivant dans le cadre du programme “Vassivière Utopia“, annoncé bien sûr en forme de solution providentielle, se propose de “débroussailler le monde pour qu’il redevienne un jardin“, pas moins ! Voilà qui est confondant, malgré son caractère bénin et sa portée limitée. Ce qui ne sera pas le cas, on l’a vu, cet été pour l’événement écolo-citoyenno-festif évoqué plus haut.
Apprendre par voie de presse ce qui se prépare à côté de chez vous est toujours mauvais signe : c’est qu’à coup sûr une expropriation est en cours. Il y a dix ans, le plateau de Millevaches accédait à une notoriété inattendue suite à une série d’arrestations médiatisées. Le marketing territorial à quoi cette affaire a fini par donner opportunément lieu, a valu au Plateau la réputation alternative et au fond inoffensive qui devait y attirer les Dion et consorts. Cette seconde incursion, armée de si louables intentions et d’une idéologie si flatteuse, trouvera-t-elle auprès des colonisés les alliés sans quoi aucune colonisation durable n’est possible ? Car il est plus facile de repousser les assauts de la police que la bonne volonté des citoyens.
Comme chaque 11 novembre depuis 1990 (à la veille de la première guerre du Golfe), à l’initiative du Comité laïque des Amis du Monument aux morts de Gentioux, il fut organisé un rassemblement devant ce fameux monument (plus ou moins unique en France) dont le petit écolier, le poing dressé, nous rappelle sans aucune ambiguïté que « Maudite soit la guerre ». Ce fut, encore une fois, l’occasion pour quelques centaines de pacifistes de tous horizons, Libre Pensée, Mouvement de la Paix, Fédération Anarchiste... de se retrouver et d’affirmer par différents discours leur dégoût de ces boucheries orchestrées par un ordre capitaliste dont l’avidité financière est sans limite.
Le rassemblement attire de plus en plus de personnes venant des différentes régions de France : il est devenu, au fil des ans, une sorte de symbole pour tous ceux qui ne se résignent pas à accepter une certaine « fatalité » guerrière. Il est suivi pour certains d’un dépôt de gerbe, à Royère-de-Vassivière, sur la tombe de Félix Baudy, « Fusillé pour l’exemple » en 1915 et d’un banquet. Pour d’autres dont les libertaires, c’est l’occasion d’organiser un « repas des partageux » au cours duquel, des liens anciens se renouent, de nouveaux se tissent, des projets s’élaborent...
6 Août 2005
Chers amis, chers camarades,
De la part du comité d'organisation je vous remercie de participer à la première marche pour la Paix et la Mémoire, qui devrait à partir de maintenant avoir lieu tous les ans.
Cette manifestation n'a pas été décidée par hasard. Nous avons remarqué que chaque année le 6 Août date anniversaire de l'explosion de la bombe atomique à Hiroshima des pacifistes venaient se recueillir sur cette place pour rappeler un crime contre l'humanité qui n'a jamais été jugé.
Souvenez-vous… il y a aujourd'hui 60 ans. Le 6 Août 1945 à 8 heures 15 du matin la première bombe nucléaire explosait sur une ville à peine réveillée de 500.000 habitants. Elle tua aveuglement 80.000 civils sur le coup et plus de 140.000 mourront par la suite sans compter les victimes de l'irradiation qui portent encore des blessures invisibles.
Toutes ces victimes et encore autant trois jours après suite à l'explosion de la deuxième bombe à Nagasaki, ont été massacrées uniquement pour les besoins d'un terrorisme d'Etat au service de l'impérialisme étatsunien.
Il fallait être idiot à ce moment là pour croire que ce massacre était nécessaire pour écourter la guerre. L'Allemagne avait déjà capitulé trois mois auparavant le 8 Mai 1945 et le Japon avec les deux tiers de ses villes détruites par les bombardements et des milliers de victimes grillées sous les bombes incendiaires, cherchait une voie diplomatique de capitulation depuis Mars 1945.
Pour couronner cette ignominie le Président des Etats Unis s'est félicité lors d'une émission radio d'avoir tué un demi million de civils et remercia Dieu de l'avoir doté d'une telle arme.
Chers camarades, depuis la deuxième guerre mondiale la guerre entre dans une autre dimension. Les soldats ne frappent plus sur leurs boucliers pour terroriser leurs adversaires. Les armées adverses bombardent les populations civiles pour terroriser et massacrer aveuglement plus de civils innocents que d'hommes en armes. Les guerres ne se livrent plus sur le champ de bataille, mais sur un écran d'ordinateur au fond d'un bunker ou encore sur un plateau de télévision à coups de fausses informations et de lavages de cerveaux par des experts en psychologie de masses. Seules les victimes ne changent pas. Ce sont toujours les classes laborieuses qui la plupart du temps n'ont rien demandé à part la paix et une place au soleil comme nous aujourd'hui.
Chers camarades ne nous laissons pas entraîner par le faux patriotisme et le nationalisme. Aucune guerre actuellement ne correspond à une guerre de défense nationale. Toutes les guerres et depuis un bon moment sont livrées pour les intérêts uniquement des multinationales. La jeunesse des
Etats Unis en Irak meurt aujourd'hui au sein d'une armée d'occupation pour défendre les intérêts des multinationales du pétrole. Il s'agit d'une guerre qui coûte 150 milliards de dollars par an. Avec cet argent on aurait pu :
Il est déconcertant de voir que certains pays occidentaux gaspillent les ressources naturelles de la planète pour livrer des guerres au profit d'une oligarchie qui entraîne la terre à sa destruction.
Faut-il rappeler que lors du sommet de la terre en 1992 il a été admis que les deux tiers de la destruction de la couche d'ozone est due aux émanations toxiques des armées. Malgré cette constatation aucun progrès n'a été remarqué mais on continue de nous culpabiliser pour le fonctionnement de notre frigidaire ou la climatisation de notre véhicule.
Chers camarades, nous sommes là aujourd'hui pour condamner les guerres quelle que soit leur origine, qui tuent des gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui refusent de se battre.
Nous sommes là pour faire la liaison entre les victimes des guerres en Asie et en Europe aujourd'hui, hier et demain.
Restons mobilisés pour la Paix. Plus notre mouvement s'amplifiera plus l'éventualité d'une guerre s'éloignera.
Refusons la guerre avant qu'il soit trop tard. Battons-nous pour la Paix avant que la guerre gagne nos capitales, comme à Londres et à Madrid.
Enlevons le pouvoir à ceux qui pousse la société à l'exploitation, au meurtre, à la famine et au sous développement.
Distribuons les ressources planétaires équitablement pour un monde rêvé de Paix et d'entente entre les peuples.
MAUDITE SOIT LA GUERRE
Une minute de silence en l'honneur des victimes de la guerre, de toutes les guerres.