photographies

  • Bernard Birsinger, un « New Topographic » sur le Plateau

    Deux photographes, Bernard Birsinger et Claude Garel, ont décidé en 2021 de documenter photographiquement le plateau de Millevaches. Ils nous proposent ici un florilège de leur travail en commençant par nous faire découvrir le travail de Bernard Birsinger qui photographie en couleur, tandis que Claude Garel, que nous retrouverons dans un prochain numéro, privilégie le noir et blanc.

     

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    Nous nous sommes efforcés, depuis 2021, de parcourir l’ensemble du Plateau afin de produire un maximum de photographies qui rentrent dans nos critères. Mais quels sont nos critères ?
    Le premier vocable qui nous vient à l’esprit est l’adjectif vernaculaire dont la définition est la suivante : « Propre à un pays, à ses habitants. » Notre démarche intellectuelle face à la réalité du terrain est, à partir d'un regard naïf, de déconstruire le beau avec sa notion connotée concernant l’esthétique.

    Pour cela nous nous sommes appuyés sur l'exemple du photographe Eugène Atget (1857-1927) le pionnier en la matière. Sa conception de l’image vernaculaire fut elle-même reprise par un groupe de photographes de diverses nationalités. Depuis plus de 50 ans ils sont connus sous la dénomination de « New Topographics ». Qu’est-ce qui se cache réellement derrière ce vocable « Nouvelle Topographie » ? Ces précurseurs ont commencé à nous sensibiliser en exposant en 1975, à Rochester (USA), à la George Eastman House (musée de la photographie) des photographies du paysage modifié par l’homme. C’est donc une évolution primordiale de la représentation des paysages contemporains, urbains comme ruraux.

    Après 1975, ce courant américain est revenu en France par l’intermédiaire de Jean-François Chevrier en 1984, soit 10 ans après une commande publique ayant pour objectif « de représenter le paysage français des années 1980 ». Ce projet, véritable évènement dans la sphère culturelle française, fut initié par des décisions prises le 18 avril 1983 par le comité interministériel d’aménagement du territoire (Cita). Pour le grand public ce projet est plus connu sous la dénomination de « mission photographique de la délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar). » S’il y avait un nom à retenir ce serait celui de Lewis Baltz car il a eu un pied dans chaque projet : « New Topographics » et « Datar ». Il est le seul photographe à avoir eu cette reconnaissance plurielle sur les deux continents. Parmi les 28 autres photographes de la mission photographique de la Datar se trouvait Bernard Birsinger.

    Aujourd’hui, cette écriture spécifique en photographie est perpétuée par des photographes contemporains tels Thomas Struth de « l’École des Becher » à Düsseldorf. Qu’y a-t-il de plus vernaculaire dans le paysage qu’un château d’eau ? C’est cet édifice qui aura été la « marque de fabrique » de Bernd et Hilla Becher qui en ont photographié des centaines. Cet édifice du XIXe siècle trouva un successeur dans le corpus photographique d’Edward Ruscha avec « Twenty six gasoline stations » (1962) ou « Thirty our parking lots » (1967). Par l’intermédiaire des Becher et de Ruscha nous comprenons ainsi l’évolution sociologique d’un pays quel qu’il soit nous conduisant étape après étape sur le chemin de l’individualisme.

    Étant imprégnés par ces illustres prédécesseurs et contemporains, notre écriture perpétue cette vision qu’on pourrait qualifier d’iconoclaste puisque ne répondant pas aux critères primaires du beau. Nous essayons de compléter ce premier élément de notre corpus avec d’autres images glanées au quotidien, des portraits d’habitants, matérialisant leur raison de vivre sur ce territoire. Cette reproduction serait la représentation spontanée ou non de la place qu’ils veulent tenir sur le Plateau. Nous nous efforçons de représenter tous les types de populations. De ce fait, entre « Plateau, réveille-toi » et « Plateau réveillé », nous espérons présenter ainsi une vision différente de ce territoire vers lequel penche toute notre affection.

     

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    Claude Garel et Bernard Birsinger

    Bibliographie pour aller plus loin :
    - Atget Eugène, Jean-Claude Lemagny, Sylvie Aubenas, Pierre Borhan, Luce Lebart, Atget le pionnier, Marval, 2000, 199 p.
    - Lewis Baltz Titre : Park City (First Edition) Éditeur : Artspace Press / Castelli Graphics / Aperture Press, Millerton, NY Date d'édition : 1980
    - Bernd et Hilla Becher 1988 : [Châteaux d’Eau, Water Towers], 240 p., 23,5 x 29,5 cm, 223 ill., Schirmer-Mosel, Munich • - Mission photographique de la DATAR 1989 : Datar, éditions Hazan Mission photographique de la DATAR.
    - Robert Frank, Les Américains, L’édition contient des textes de Simone de Beauvoir, Erskine Caldwell, William Faulkner, Henry Miller et John Steinbeck, qui font face aux photographies de Robert Frank. . Éditeur Delpire 1958.
    - Ruscha Edward, Ed Ruscha Photographer
  • Claude Garel, un « New Topographic » sur le Plateau

    platerau de millevaches reveille toi bernard birsinger claude garelDeux photographes, Bernard Birsinger et Claude Garel, ont décidé en 2021 de documenter photographiquement le plateau de Millevaches. Nous vous avons fait découvrir le travail de Bernard Birsinger dans le n°85, nous poursuivons dans ce numéro avec celui de Claude Garel qui privilégie le noir et blanc.

     

    Pour mieux comprendre notre écriture photographique, nous vous invitons à entrer dans le concret. Nous allons nous essayer au « Jeu des 2 Adams ».
    C’est très simple si vous possédez un photo-téléphone ou un appareil photo numérique. Pourquoi les « 2 Adams » ?
    Ansel et Robert sont deux photographes Nord-Américains qui ont travaillé essentiellement en noir et blanc, pour le premier à partir de la première moitié du XXème siècle, pour le deuxième jusqu’à maintenant. Vous trouverez facilement sur la toile toutes les informations.
    Voici la règle du jeu.
    Vous décidez arbitrairement d’un point de départ et d’un point d’arrivée soit A et B situés sur un parcours de votre choix. Vous sortez de chez vous, marchez, regardez, photographiez dans un premier temps toutes les images qui retiennent votre attention, vous viennent à l’esprit spontanément, sans restriction de quantité. De retour chez vous, vous sélectionnez, sur la totalité, 10 images qui vous « tiennent à cœur ». Puis, quelques jours après, une seule. Le temps de maturation aura fait son œuvre. Ce sera votre « cliché Ansel ». Il est fait de votre conditionnement à l’image (voir bibliographie) depuis votre enfance, des livres d’école en passant par les journaux, magazines, musées, audiovisuel, iconographies murales…etc.
    Pour vous cette photo est BELLE ! Elle représente la quintessence de votre esthétique en mêlant tous vos désirs inconscients, frustrations à peine révélées.
    Après cette première étape, vous ressortez pour parcourir le même itinéraire. Mais, cette fois-ci, votre regard doit être totalement différent. Oubliez tout critère esthétique et recherchez maintenant « un sens » à votre prise de vue. Avez-vous quelque chose de différent à dire, à montrer qui ne soit pas seulement et uniquement dans la « beauté » ? C’est ainsi que votre expression sera personnelle et non pas conventionnelle (vous saurez aussi outrepasser le « politiquement correct »), empreinte de clichés rebattus et tellement banals. Vous procédez à l’identique pour les sélections de cette série. Ce sera votre photo « Robert » !
    Maintenant, vous disposez de deux visions différentes pour un même parcours. Il ne vous reste plus qu’à choisir celle qui sera collée dans le cadre, page 12. Vous conserverez le numéro 87 de ce trimestriel IPNS toute votre vie. Vous saurez ainsi si vous êtes plus Ansel ou plus Robert !
    Dans les pages 10 et 11 Claude Garel vous donne 4 exemples, en noir et blanc, de son écriture photographique, tous puisés dans son travail sur le Plateau et plus précisément sur le parc naturel régional de Millevaches, comme ce fut le cas pour Bernard Birsinger dans le n° 85.
    Par exemple celle intitulée : « Felletin. Gare » nous envoie en pleine figure une paire de rails. Quatre coupures accentuent l'idée d'ABANDON mais plus encore, certains peuvent y voir « un cul de jatte », une amputation irréparable. Le fauteuil roulant n'est pas loin... bien plus près que le ferroutage tant espéré par la planète… Cette photo documentaire répond parfaitement à notre injonction : « Plateau réveille-toi ! ». Cette photo à un sens.
    C’est en 1975 que la photographie s’est détachée définitivement de la peinture grâce à la persévérance des « New Topographics » même si Eugène Atget a été le pionnier mondial dans l’écriture documentaire de 1877 à 1927.

     

     

    Bernard Birsinger - Claude Garel


    Bibliographie
    - Adams Robert, Essai sur le beau en photographie.
    - Bazin Philippe, Pour une photographie documentaire critique.
    - Benjamin Walter, Sur l’art et la photographie.
    - Cartier-Bresson Henri, L’imaginaire d’après nature.
    - Danto Arthur, La transfiguration du banal.
    - Evans Walker, Le secret de la photographie.
    - Fresnault-Deruelle Pierre, L’éloquence des images.
    - Lugon Olivier, Le style documentaire, d’August Sander à Walker Evans.
    - Mora Gilles, Walker Evans en 15 questions.
    - Pouivet Roger, Le réalisme esthétique.
    - Roubert Jean-Louis, L’image sans qualité.
    - Rouille André, La photo numérique une force néo-libérale.
    - Tisseron Serge, Le bonheur dans l’image.
    - Vigouroux Roger, La fabrique du beau.
  • Faux-tographies

    Françoise Romanet de Faux-la-Montagne a eu envie un jour de revisiter son village à l'aide de cartes postales anciennes. Avec son appareil photo elle est allée recadrer les mêmes vues qu'un siècle de distance a bien évidemment transformées.

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    Pourtant les bâtiments, les maisons, l'église, les rues sont toujours là et ce ne sont pas ici que les plus grands changements sont perceptibles. C'est davantage l'ambiance, l'atmosphère, la vie telle qu'elle s'exprimait alors (tant de gens dans la rue vers 1900 et plus personne cent ans plus tard !) qui frappent lorsqu'on confronte les images d'hier et celles d'aujourd'hui.

     

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    Il y a aussi tous ces fils électriques qui balafrent le ciel, l'horrible bâtiment de la poste qui défigure l'ancienne place si homogène au début du XXème siècle ou la petite fontaine remplacée par les poubelles homologuées et la cabine téléphonique…

    On ne résiste pas à une poussée de nostalgie…

     

    Les Gens de Viam

    Après Viam en Millevaches raconte son passé publié en 2004 et vendu à près de 800 exemplaires, l'association "Les Gens de Viam" poursuit son travail de mémoire individuelle et collective. Tout ce qui s'est passé dans le bourg et les villages de Viam mérite d'être raconté et publié et pour ce second ouvrage, 38 auteurs ont pris la plume afin que l'histoire de leur commune, de leurs villages et de leurs familles ne sombre pas dans l'oubli. Dans ce livre, la place d'honneur reviendra aux 52 morts de la guerre de 1914-1918. Des familles ayant vécu dans les villages de Plazanet, Monceaux, La Chapelle, La Voute, La Combeaujaux et Condeau se raconteront. On revivra les fêtes de Viam et d'autres événements marquants, joyeux ou plus sombres comme la tempête de décembre 1999. Ce livre de 320 pages avec plus de 300 photos, Histoire et histoires de Viam, paraîtra en avril 2006 et sera vendu au prix de 20 euros. On peut souscrire dès maintenant pour le réserver au prix de 17 euros pour le recevoir chez soi si l'on habite le canton de Bugeat, ou au prix de 20 euros si l'on habite plus loin (frais de port inclus dans ce prix).

    Envoyer votre souscription et votre chèque à l'association "Les Gens de Viam", le bourg, 19 170 Viam.
  • Josef Koudelka au centre d’art contemporain de Vassivière

    Jusqu’au 8 juin 2002, le Centre d’Art Contemporain de Vassivière nous propose une série de photographies panoramiques réalisées par Josef Koudelka entre 1990 et 1993 en Europe Centrale à la frontière entre l’ex RDA, la Pologne et l’actuelle République Tchèque. “Le Triangle Noir - au pied des monts métallifères”. Né en 1938 en Tchécoslovaquie, Josef Koudelka photographie les Gitans de l’est du début des années 60. Ses photographies de l’invasion des armées du pacte de Varsovie dans Prague en 1968 reçoivent le prix CAPA. Il intègre l’agence Magnum en 1971. 

     

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    IPNS vous propose l’interview réalisée le jour du vernissage de l’exposition au Centre d’Art  par Marie Wattine de Radio Vassivière.

     

    Marie Wattine - Josef Koudelka, une partie de vos photographies est exposée au Centre d’Art Contemporain de Vassivière ; est-ce que vous étiez déjà venu dans la région ?

    Josef Koudelka - Oui je suis venu une fois parce qu'on me proposait une exposition, je suis venu voir l’endroit, c’est ma règle, je vois où je vais exposer.

     

    Marie Wattine - Et comment trouvez-vous la région ?

    Josef Koudelka - Je pense que c’est très beau, Je suis déjà venu à peu près à la même période  que maintenant ; ce n’était pas l’été ; il y avait du brouillard, il neigeait, c’était très beau, pour moi c’était beau ! (rires). L’exposition s’appelle “Triangle Noir”. Triangle, parce que c’est la région de 3 frontières - Allemagne, République Tchèque, Pologne - Noir, parce que c’était une zone de mines de charbon. Dans l’exposition, c’est la partie Tchèque qui est présentée.

     

    Marie Wattine - Il n’y a pas un seul personnage sur ces photographies ?

    Josef Koudelka - Si, il y en a un (rires), un personnage sur une machine ; peut-être allez vous le voir ! En principe c’est la machine qui travaille et du coup on ne voit pas grand monde dans cette région.

     

    Marie Wattine - Ca offre un spectacle à la fois superbe mais extrêmement désolé, qui nous culpabilise d’être des hommes !

    Josef Koudelka - Vous savez moi je suis photographe, je photographie ce que je vois. Si c’est votre impression c’est aussi la mienne.

     

    Marie Wattine - On s’interroge ; on se pose des questions et ça fait réfléchir beaucoup.

    Josef Koudelka - Je pense que c’est un peu l’objectif. Le Centre a décidé de présenter cette exposition ici parce que c’est quelque chose qui n’est pas spécifique à la République Tchèque et je pense qu’à différents niveaux cela concerne tout le monde.

     

    Marie Wattine - Chaque photographie est accompagnée d’un texte avec beaucoup de chiffres, de pourcentage et ça aussi c’est quelque chose qui porte encore plus à la réflexion. 

    Josef Koudelka - Je ne pense pas qu’il y ait trop de chiffres. Pour cette exposition, j’ai fait une exception. Il y a un livre qui est exposé, qui a été fait en République Tchèque il y a environ 8 ans. Je travaillais dans cette région et j’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit “écoute il y a toujours des journalistes qui arrivent ici et qui posent toujours les mêmes questions”. Je lui ai demandé d’écrire les questions et les réponses que j’ai utilisées à côté des photos. Ces réponses ajoutent quelque chose à la photo et je suis content de montrer ce livre lors de l’exposition car j’ai cru comprendre que des écoles viendraient ici et la dimension pédagogique pour l’écologie est importante.

     

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    Marie Wattine - On peut dire que ça ne se termine pas . Il y a la grande question : “et après ?”. On a pourtant l’impression d’être déjà dans l’après. On n’ose pas penser à pire que ça.

    Josef Koudelka - Vous savez je ne pense pas que cette région puisse être pire, elle a beaucoup de problèmes. Un problème amène un autre problème. Les gens travaillent dans la mine mais si vous fermez la mine les gens n’ont plus de travail : ça c’est un problème ! Mais peut être qu’il y a un équilibre à trouver ! Je crois qu’une chose a quand même changé : les usines qui produisent de l’électricité sont mieux équipées et polluent moins qu’avant.

     

    Marie Wattine - Est-ce que vous même vous avez l’optimisme du “et après ?”.

    Josef Koudelka - Vous savez je suis passée dans cette région, j’ai marché partout pendant 4 ans ; je pense qu’à propos de l’homme et de la nature malgré les destructions qui ont toujours eu lieu, je reste optimiste. Vous ne pouvez pas détruire la nature, elle reste beaucoup plus forte que l’homme.

     

    Marie Wattine - Alors justement avec “et après” on peut se dire : et après si l’homme n’y met plus sa main, la nature reprendra le dessus et cela pourrait faire une terre qui ne soit pas hermétique.

    Josef Koudelka - Vous savez comme je vous l’ai dit vous ne pouvez pas détruire la nature. Bien sûr  vous pouvez peut-être construire de nouveaux paysages mais il faut le faire avec un sentiment de ne pas détruire de nouveau ce qui a été commencé.  Par exemple, vous laissez un paysage détruit pendant 20 ans, la nature le reprend. Vous pouvez de nouveau envoyer la machine et de nouveau tout détruire, tout planifier et faire un paysage complètement inintéressant. Mais au contraire, si vous connaissez ce paysage, si vous marchez assez pour le connaitre, vous pouvez alors créer un nouveau paysage autour du paysage détruit, et ça c’est une chose intéressante. Si on prend par exemple une carrière : une carrière est toujours une destruction de paysage, mais peut-être vous souvenez-vous qu’enfant vous vous êtes baignés dans des paysages de carrière et du coup une carrière qui n’est plus exploitée devient quelque chose d’assez beau ! Il faut voir ce que l’homme va faire de ce paysage.

     

    Marie Wattine - Et puis aussi avec quel œil on regarde et le vôtre est vraiment très affûté.

    Josef Koudelka - Je crois que le seul paysage valable est le paysage esthétiquement réel.

     

    Marie Wattine - Est-ce que vous pensez que l’homme a cela de plus au début du 21ème siècle, de penser d’avantage au siècle d’après et pas à ce qu’il a fait jusque là ?

    Josef Koudelka - Je ne peux pas vous répondre, ça je ne sais pas.

     

    Marie Wattine - Mais avec votre travail vous apportez une réflexion.

    Josef Koudelka - Je voudrais bien (rires).

  • L'art du bref

    antoine courbert 01Un photographe ambulant, boiteux et solitaire, né en 1866 en Haute-Corrèze et qui se suicide à l'âge de 44 ans. Il s'appelle Antoine Coudert, et la découverte imprévue dans le grenier d'Aix la Marsalouse en 1985 de ses plaques photographiques permit alors de rédécouvrir ce personnage étrange, voleur de visages (et d'âmes ?) qui arpenta le plateau chargé de son appareil photographique sur le dos. C'était une époque où une vie se résumait en deux ou trois clichés - non en cette overdose d'images numériques qui gave notre quotidien. Un artiste ? Un fou ? Un innocent ?
    On sait peu de choses de l'homme que fut Antoine Coudert. Restent les photos qu'il signait et qui nous sont parvenues. Il fallait la sorcellerie d'un écrivain pour évoquer cet homme et c'est ce à quoi s'est employé Richard Millet dans un petit livre intitulé L'Art du bref paru chez Gallimard. Nous en publions ici un chapitre qui permet de rendre vivants, au travers de l'oeil réssuscité d'Antoine Coudert, les profils abolis d'hommes et de femmes (surtout de femmes) qui vécurent sur le plateau, il y a un siècle.

     

    “Et pourtant, il avait bien quelque chose d'un toqué, à cause de ce métier de photographe qui n'en était pas vraiment un, aux yeux des gens d'Aix, de Merlines et d'Eygurande ; à cause aussi, de ce qui, pour beaucoup, tenait encore de la sorcellerie ou de l'entourloupe foraine, on ne savait pas très bien, on ne pouvait pas le prendre au sérieux, même quand il officiait et qu'on se confiait à l'objectif en crânant un peu , tels ces vélocipédistes endimanchés ou ces conscrits de Saint-Etienne-aux-Clos, en costume, chapeau ou casquette plate, cocarde ou fleur à la boutonnière et drapeau tricolore à la main, ou encore la famille Nallet, de Feyt, posant en compagnie du charpentier qui a sans doute achevé son toit, les uns et les autres regardant vers la lentille de la boîte de bois clair comme on se laisse lire dans la main par une romanichelle, certains se signant avant de poser, dans l'espoir que le diable qui avait mis au monde le pied-bot ne garderait pas leur âme captive sur ces plaques de verre qui leur donnaient l'impression d'avoir fait un pas dans l'au-delà.

    Mais moi, à dix ans, je n'en croyais rien, et vu qu'il fait nuit, à présent, je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour entendre le bruit que faisaient ses galoches, à Aix-la-Marsalouse, en 1897, quand il arrivait chez nous avec ce pas de danse qu'on reconnaissait avant même de voir apparaître son chapeau de feutre à larges bords et son grand manteau de marche ou sa veste de coutil, et ses épaules sur lesquelles il portait le trépied et le voile noir, la boîte attachée à son dos : assez semblable à un colporteur, à ceci près qu'il ne vendait que des images, non pas celles qu'on fabriquait à Epinal et dont l'instituteur nous gratifiait parfois, quand ce n'étaient pas le curé ou le chocolat Menier, mais des images qui faisaient dire à certains qu'il eût été moins cher de s'offrir un miroir, vu qu'ils peinaient à se reconnaître dans ce qui sortait du tour de magie auquel se livrait devant nous ce pauvre boiteux. Vraiment, je l'entends encore, cette claudication qui arrachait des étincelles aux cailloux du chemin, non pas comme si c'était hier, car trop de choses ont changé sous nos yeux et dans notre cœur pour qu'il soit possible de rester dans ce genre d'illusion, de semblance, comme on disait là-bas où le langage avait de ces inventions heureuses, mais bien comme si le temps me faisait la grâce de se resserrer, de se plier à mes désirs, oui de se déplier sur une vie tout entière, comme ces persiennes sur la nuit qui n'est pas seulement celle qui vient après le jour mais ce qu'on appelle la nuit des temps. Je suis donc dans notre maison d'Aix, attendant depuis la veille, et peut-être depuis que papa nous avait annoncé qu'il avait rencontré le pied-bot, entre Aix et le Grancher, une semaine plus tôt, et qu'il lui avait demandé de venir chez nous, à la ferme, pour faire un portrait de moi.

    J'avais obtenu mon certificat d'études, et il voulait me consoler de ne pas m'avoir fait photographier lors de ma première communion, l'année précédente, ayant plus de respect pour le savoir de l'école communale que pour les mystères de l'Eglise : en cela tout à fait homme de son temps et des hautes terres, ce pauvre papa qui ne comprenait pas quelle joie j'aurais eue à me retrouver sur une photo comme Eugénie Orlianges, tout en blanc, son missel à la main, l'air non seulement d'une première communiante mais d'une jeune épousée, ou d'une petite princesse mongole, avec son visage ovale, son teint mat, ses yeux allongés, sa bouche un peu dédaigneuse, sans qu'on sache si elle respire l'intelligence ou si elle est plus bête qu'une pintade, mais en tout cas belle, bien plus que moi, et fière avec cet étrange rai de lumière à angle droit que le pied-bot a laissé derrière elle, dans la pièce presque obscure et qui vient sans doute de la fenêtre qu'on devine fermée, non pas dans l'église, comme pourrait le faire croire le vide de la pièce, mais dans la salle de ferme débarrassée pour la circonstance de la longue table, des bancs, de tout ce qui pouvait gêner, enfants, vieillards, bêtes, fagots, ustensiles de cuisine, de manière à ne laisser voir que les pans d'ombre et les belles dalles du sol et faire penser qu'on se trouvait dans une église, le curé ayant refusé que la boîte de bois clair puisse opérer un semblant de miracle ou de sorcellerie en ce lieu consacré. Car la lumière où surgit Eugénie Orlianges a quelque chose de miraculeux, la tirant non seulement hors de la pénombre de la pièce mais d'une ombre bien plus grande : celle du temps qui nous l'a dérobée, cette fille qui, à peine devenue femme, mourrait en couches, ne laissant d'elle qu'un garçonnet qui lui ressemblait fort et cette photo - une des rares que j'aie gardées de cette époque et que le temps n'a pas altérée, comme tu peux le voir", me disait-elle en me reprenant des mains ce portrait photographique à quoi j'étais à peu près indifférent, en 1963, au moment où la vieille parleuse me tenait en haleine dans la nuit de novembre, mais qui, soixante ans plus tôt, restait un événement exceptionnel et assez troublant pour n’être pas d'une manière ou d'une autre lié aux mystères de l'Eglise, à cause du passage des ténèbres à la lumière, de l'inversion du blanc et du noir, une sorte de résurrection avant la lettre et avant la fin des Temps ; à cause, également, de ce qui captait le visage mieux qu'un portrait à l'huile : quelque chose de l'âme, ai-je envie de dire, et non pour la faire choir dans le premier cercle de l'enfer, comme le croyaient certains, mais pour montrer ce que les mots ne pouvaient exprimer, même au plus secret du confessionnal - la vérité d'un visage, c'est à dire d'un être, aurait-elle pu ajouter si elle avait été capable de parler ce langage.

     

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    "Et qu'est-ce que la vérité d'un visage, sinon ce qu'elle laisse deviner de l'âme ?" avait-elle plutôt dit en se souvenant que son certificat d'études primaires l'avait conduite au brevet élémentaire, et puis à refuser de prendre pour époux le fermier qu'on lui destinait, non parce qu'elle se croyait au-dessus de lui ou de sa condition, ni même parce que cet homme lui déplaisait, mais parce qu'elle avait compris que les mots peuvent mener plus loin que la terre, qu'ils servent à autre chose qu'à nommer ce qui nous entoure et ce qu'on sent au-dedans de soi, qu'ils peuvent en outre transformer les objets en choses immatérielles, et ce qui passe en des réalités moins abstraites qu'il n'y paraît ; un peu comme la photo qu'avait prise d'elle le pied-bot, ce matin de 1897, l'avait convaincue d'une beauté dont ce qu'en disaient sa mère et les garçons de l'école la laissait dubitative, désarmée, prête à croire qu'ils se moquaient, ayant également reconnu que les mots sont des couteaux autrement tranchants que l'acier, et décidant d'épouser un garçon pour qui ils ne serviraient pas qu'à faire avancer les bêtes ou à dire le temps qu'il fait et combien ça passe vite, ce que nous appelons encore le temps, ou la vie, quoiqu'il ne s'agisse pas tout à fait de la même chose. Et c'était bien pourquoi on faisait appel au pied-bot et à l'étrange attirail qu'il trimbalait sur son dos en dansant la seule danse qui lui serait accordée en ce bas monde : la marche, ce pas singulier par lequel il jetait légèrement son corps de côté pour le propulser en un mouvement qui serait devenu presque imperceptible, tant il y mettait d'élégance (une élégance quasi désespérée, comme la signature "artiste" dont il ornerait le bas de certains de ses clichés), s'il n'y avait pas eu le bruit de ses souliers ferrés, ce léger contretemps qui n'appartenait qu'à lui et qu'on se serait désolé de ne plus entendre, encore qu'il inquiétât un peu les filles ; une des rares choses qu'on entendait de lui, cet Antoine Coudert qui était plus qu'un taiseux, même s'il savait aborder les gens de façon à les mettre en confiance et qu'il ne dédaignait pas parler politique avec l'instituteur de Merlines, chez qui il allait lire le journal.

    Un gars qui a compris que le silence fait partie de ce qu'il n'ose appeler son art, n'imaginant pas que ce qui le fait vivre soit de l'art, ni qu'un artiste puisse avoir le pied-bot et un père inconnu, dirait-il à celle dont il venait tirer le portrait, un matin de juin : cette femme qui me parlait et qui n'avait pas été toujours vieille, qui avait peut-être été jolie, en tout cas une jeune fille fraîche, avenante, désirable, pourquoi pas, et qui épouserait un modeste médecin d'Ussel qui faisait un remplacement dans le canton d'Eygurande - un brave gars de peu d'allure, et qui n'avait que son titre et sa gentillesse pour s'imposer à un cœur de jeune fille. Et elle l'avait aimé justement pour cette raison qu'il ne la rabaisserait pas, ne la renverrait jamais à la terre, même quand il irait exercer à l'autre extrémité du plateau, dans le bourg des Buiges, tout près de Siom où il avait choisi d'habiter pour ne plus entendre les camions traverser la grand-rue, où se trouvait son cabinet, également par dégoût de ce que les hommes, plus que la Providence, sont capables d'infliger à autrui comme à eux-mêmes, l'espèce humaine lui inspirant une répugnance que seul le serment d'Hippocrate endiguerait, mais pas au point de se laisser convaincre d'engendrer des enfants.

     

    antoine courbert 06

     

    "Un homme plus âgé que moi et que j'ai épousé en 1909 : j'avais dix-neuf ans, et j'occupais depuis un an le poste de secrétaire de la mairie d'Aix, chose toute nouvelle chez nous où on ne pensait pas que le rôle d'une femme fût de tenir le registre des naissances, des mariages et des morts ; mais j'avais une belle écriture et une orthographe impeccable ; et si je n'étais pas devenue institutrice, c'était pour vivre près des miens, à qui je donnais un coup de main, le soir, et à la saison des moissons, de sorte qu'on imaginait que je resterais vieille fille, celle qui se sacrifie ou qui n'arrive pas à franchir la pierre du seuil, à dépasser, pour aller vers un autre horizon, les croix des Rogations qui se dressaient dans les collines. C'était oublier ce que les filles ont de patient, d'obstiné, de roué, même. Faute d'être persuadée de ce que je valais, je savais ce que je voulais ; et je ne voulais pas d'une vie comme celle d'Eugénie Orlianges, qui, en ce lointain matin de juin, était venue nous montrer, encadrée, sous verre, enveloppée d'un vieux morceau de drap, sa photo de communiante qu'elle tenait devant elle comme le saint sacrement, la tendant à ma mère avec un air par lequel elle croyait ressembler à sainte Thérèse de Lisieux, alors qu'elle avait l'expression un peu figée et lointaine qui était la sienne sur la photo que ma mère me donnait et à quoi je n'ai jeté qu'un coup d'oeil, non seulement parce que je la connaissais, cette photo, mais que je ne trouvais pas qu'il valût la peine de se faire immortaliser en princesse mongole ou en jeune épousée pour passer le reste de ses jours en sarrau et en galoches, sentant l'étable et ressemblant à n'importe quelle fille de la campagne, et révérant Eugénie de Montijo comme on adule aujourd'hui les actrices ou les vedettes de la chanson : non, pas une impératrice déchue, me disais-je, plutôt rien, ou alors ce que j'étais, une jeune fille qui attendait ce que la vie lui donnerait et non le prince charmant, ça n'existe pas, pas même sur les photographies où le pied-bot savait amener les gens à se prendre non pas pour ce qu'ils n'étaient pas, ni pour ce qu'ils auraient aimé être, vanité réservée aux bourgeois (lesquels allaient se faire photographier à Ussel, chez les frères Eyboulet qui possédaient un studio et une imprimerie, et proposaient des décors plus séduisants que le drap blanc qu'Antoine Coudert tendait généralement derrière le client), mais pour ce qu'ils étaient, des simples, qui avaient une âme, une histoire, du tragique, parfois, et que le pied-bot décelait dans leurs yeux, les ayant immobilisés, sans leur demander de sourire pour s'avantager, même Eugénie Orlianges dont il suffisait de bien regarder la photo pour se dire, avec ma mère, qu'elle n'était rien sans sa robe de communiante, que c'était la robe qu'on avait photographiée avant qu'elle ne passât à sa soeur ou à une cousine, ou à une inconnue à qui on la revendrait ; jugement exagéré, bien sûr, puisque ce qui se voyait, surtout (et non pas sur la photographie mais dans mon for intérieur, où j'ai eu l'impression que cette épreuve m'était révélée, après qu'Eugénie fut repartie en serrant le cadre dans ses bras), c'était que le photographe avait saisi en elle quelque chose de la femme qu'elle serait, ou, plutôt, qu'elle n'aurait pas le temps de tout à fait devenir, penserais-je, quelques années plus tard, lorsque je commencerais à redouter de ne pas même pouvoir mourir en couches, Eugénie ayant eu au moins ça : un enfant, un garçon, un portrait plus criant de vérité qu'aucune photographie."

     

    Ce texte constitue le chapitre 3 de l'Art du bref de Richard Millet.
    Nous remercions l'auteur et les éditions Gallimard de nous avoir autorisé à le reproduire ici.
    Les photos qui illustrent ces pages sont d'Antoine Coudert.
  • L’oeil de Roger Vulliez sur le Plateau

    roger vulliezRoger Vulliez photographe limougeaud enseigne la photographie à l’école des beaux arts de Limoges. Il a réalisé par ailleurs différentes séries de photographies, dont en 1988 une sur les bords de Vienne. Il est retourné cet été sur quatre lieux du plateau qu'il avait photographiés il y a 17 ans. Dans le même cadre, à la même distance, il les a re-photographiés sans savoir à l'avance ce qu'ils seraient devenus, comment ils auraient évolué. Voici le résultat de cette promenade photographique à presque 20 ans de distance.

     

    IPNS : A la fin des années 80 vous avez entrepris un travail consistant à photographier les bords de Vienne de sa source jusqu'à sa sortie du Limousin à Saillat. Comment s'est déclenché ce projet ?

    Roger Vulliez : C'est avec l'envie d'un nouveau projet, la certitude de rester en Limousin, et l'idée de m'approcher des productions de photographes californiens tels que Edward Weston ou Ansel Adams que je décidais de m'équiper en conséquence et trouvais l'idée de suivre un axe naturel : la vallée de la Vienne.

     

    bords de vienneIPNS : Vous dédiez le livre qui est issu de ce travail (Bords de Vienne publié en 1990 aux éditions Souny) à un photographe américain : Edward Weston. Pourquoi ?

    R.V. Je peux aujourd'hui dévoiler l'anonymat des initiales de cette dédicace. Edward Weston est un photographe américain, vivant sur la côte ouest. Au début je n'aimais pas trop sa production, trop classique, puis j'ai eu l'occasion de lire en 1972, ses "Daybooks", sorte de journaux intimes mélant réflexions artistiques et sentimentales. Sa vie me parut intéressante et j'y trouvais la source de sa façon de travailler. Weston utilise une chambre photographique qui produit des négatifs 20X25cm qui donnent par contact sur papier photo un positif, en évitant l'"agrandissement". Et puis, il y a ses choix d'existence, des principes de vie, végétarien et un bain tous les jours dans l'océan Pacifique et ensuite des sujets et des photographies. C'est à partir des années 30 qu'il faut regarder ses images.

     

    IPNS : Qu'est-ce qui vous intéressait dans l'idée de faire de la photographie de paysage ?

    R.V. Je peux répondre au présent. C'est avant tout le côté "naturel" du sujet, bien que je me batte souvent avec les fils électriques, les pylones, et tout ce qui barre le paysage idéal. La sensation que ce "paysage naturel" peut sembler immuable. Mon expérience d’août 2005 prouve le contraire. C'est aussi prendre la route, avoir une vision panoramique de la réalité, comme devant un film, et à un certain moment un arrêt, une mise en place et une prise de vue. Il n'y a pas de règle autre que ma propre décision qui n'est pas toujours mue par les mêmes raisons. De l'envie de voir ce que "ça" peut donner en image noir et blanc, de la correspondance avec une image déjà vue dans l'histoire de la photographie, de l'excitation à un moment météorologique particulier et d'un sentiment précis au moment de la prise de vue.

     

    IPNS : Aujourd'hui vous avez entrepris un travail de longue haleine sur le paysage vu des plus petites routes de France. Vous pouvez nous expliquer ce projet et nous dire ce que vous avez vu et photographié ?

    R.V. Les mêmes raisons que précédemment avec un projet sans doute plus long, où je ne prévois pas le contenu exact, la finalité précise et qui conçerne la France entière. Après plusieurs tentatives je n'ai pas encore trouvé l'outil idéal et la façon de m'organiser. J'ai tracé sur une carte de France deux grandes "diagonales" qui passent "en travers", Brest-Nice et Bayonne-Strasbourg dans les deux sens, en empruntant les plus petites routes possibles le long de ces axes. Après les photographies prises depuis août 2000, j'en ai déduis que j'ai plus besoin de grands espaces, de lignes, de droites et de grands ciels. C'est aussi partir le matin dans le sens est-ouest pour avoir le soleil dans le dos. A suivre...

     

    IPNS : En nous proposant de re-photographier 17 ans plus tard certains des lieux que vous aviez déjà photographiés en 1988, vous donnez à la photo un statut documentaire sur l'évolution du paysage. Que vous inspirent les paysages que vous avez redécouverts ?

    R.V. J'ai retrouvé facilement les points de prises de vue avec une copie de chaque photographie en mains. Je me suis surtout occupé à documenter ce qu'était devenu le paysage, de copier la photographie déjà faite. J'y vois la marche normale du monde, les arbres poussent et les arbres sont coupés. On rend les choses plus visibles, plus rentables.

     

    photographie sri lanka

     

    IPNS : Vous allez exposer en novembre des photos du Sri Lanka. Ce ne sont pas du tout les photos idylliques des plages de l'océan indien mais au contraire des photos assez inquiétantes qui montrent un pays dévasté par la guerre. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

    R.V. En 2000, en terminant une commande publique sur l'architecture contemporaine en Limousin, je me suis aperçu que j'avais atteint le type d'image que je voulais au départ de "Bords de Vienne". Je décidais alors de faire des choix opposés, qui allaient forcement me faire trouver un autre type de matériel et une autre façon de travailler. Je dénichais par internet un appareil de presse des années 50 (Edward Weston faisait des portraits et des nus avec cet appareil) avec un objectif de la même époque. Je voulais retourner au Sri Lanka après un premier séjour en 2003 et une rencontre importante sur place, un photographe-éditeur français Philippe Fabry (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.). Les notions de "territoires traumatisés", de "frontières", d' "espaces limites" m'ont amené dans la région de Jaffna, au nord de l'île. Une ville en résurrection, en reconstruction après vingt ans de guerre et un tout récent cessez-le-feu. J'y retrouve là ce qui m'anime depuis un certain temps, des lieux voués à une disparition certaine (Usine Haviland à Limoges), en construction (la nouvelle mosquée), en modification radicale (Musée National Adrien Dubouché), en destination finale (centre de détention d’Uzerche avant l'arrivée des détenus). Donner à la photographie sa vocation première, documenter le réel, sans en pervertir cette finalité par une trop grande sophistication de l'image. Pour Jaffna, je suis parti avec l'idée en tête d'images légères, vides, et une grande proportion de ciel blanc. Sur place les champs de mines m'ont imposé une certaine "distance" au sujet. Au retour, une longue période de tests de papiers photographiques, de révélateurs, de méthodes de tirage et même de solution numérique ( qui a été adoptée pour les grands formats) m'a permis d'atteindre l'image révée du départ.

  • L’oeil de Roger Vulliez sur le plateau... en image

    La croix du mouton de Peyrelevade reliftée

    croix mouton 1988croix mouton 2005

    On sait depuis 20 ans que nos croix de chemin, nos lavoirs, nos vieux murs et nos fontaines ont été érigés au titre glorieux de "petit patrimoine rural". On s'est mis à en prendre soin, à le valoriser et à s'en servir pour attirer le touriste et redorer les fiertés locales. A Peyrelevade, la croix du mouton, emblématique de ce patrimoine, a bénéficié depuis 1988 de cette sollicitude. A l'époque, on le voit bien sur la photo, elle gisait là depuis des siècles, bancale et de travers sur un talus herbeux peu entretenu qui enterrait en partie la pierre levée qui se trouve sur la gauche. Un poteau téléphonique y était accolé et les bas-côtés de la route semblaient laissés à l'abandon.

    Si peu d'éléments nouveaux sont intervenus en 2005 (seuls les feuillus ont poussé encerclant le grand résineux qui ne semble pas avoir grandi), ce qui ressort de la photo, c'est le soin qu'on prend désormais du cadre où se trouve la croix. Celle-ci a été nettoyée (la mousse présente en 88 sur les flancs du bélier a disparu) et surtout redressée. La pierre levée a été dégagée du talus, celuici a disparu, on a éloigné l'incongru poteau téléphonique et le pré qui est derrière la croix est à nouveau entretenu : on y met des chevaux comme en témoigne le ruban électrique. Entre le décor laissé à lui-même et un peu abandonné de 1988 et celui nettoyé, lissé et amélioré de 2005, c'est l'effort de mise en scène désormais inscrit dans le paysage qui nous frappe.

     

    La naissance d'un étang et le grignotage de la forêt

    etang 1988etang 2005

    Il faut être attentif pour repérer que ces deux photos prises sur la départementale 109 entre Tarnac et Saint-Merd-les-Oussines, l'ont bien été au même endroit. On peut prendre comme points de repère sur la photo de 1988 le gros bosquet d'arbre à l'extrême gauche et les deux petits arbres isolés au centre de la photo, qu'on retrouve sur celle de 2005. Le paysage dès lors se recale sous nos yeux et l'on retrouve la rangée sombre de la plantation résineuse en arrière plan et le relief de l'horizon. Par contre tout le premier plan est profondément bouleversé. L'arbre et l'eau ont ici radicalement transformé ce qui en 1988 n'était qu'une vaste lande humide au fond sans doute tourbeux. Désormais ce fond mouillé (sur la photo de 1988 on remarque la couleur plus foncée du couvert herbeux à droite du gros bosquet) est devenu un véritable étang qui a noyé toute une partie de la zone. On aperçoit même sur la gauche une petite île sur laquelle des arbres ont poussé. Derrière cette étendue d'eau la végétation forestière a gagné du terrain en recouvrant tout l'espace entre nos arbres repères. De la même manière devant les sapins noirs qui sont sur la droite et qui ont grandi entre 1988 et 2005, une petite rangée de conifères et des touffes de feuillus se sont avancées sur la lande. Ces deux photos montrent avec quelle rapidité le paysage peut évoluer et comment l'eau et la forêt, deux éléments caractéristiques du plateau, peuvent conquérir de nouveaux espaces.

     

    Le lac Chammet fidèle à lui-même ?

    lac chammet 1988lac chammet 2005

    Les deux photos du lac Chammet à Peyrelevade vu depuis le barrage, apparaissent quasiment identiques. Bien sûr quelques arbres ont poussé : sur la berge à droite, le long de la route qui coupe la colline et surtout sur la crête où une plantation toute jeune en 1988 barre le sommet en 2005. Pour le reste tout semble figé. Les bouées sur le lac n'indiquent pas une activité nouvelle puisque le centre de loisirs d'EDF était déjà là il y a 20 ans. Peut-être disent-elles seulement un renforcement de la réglementation qui veut désormais que les espaces de navigation soient matérialisés ? Pourtant entre 1988 et 2005 la colline de Chammet que nous voyons sur ces photos a totalement changé de destination et d'activité. A l'époque de la première photo c'était une pâture à moutons. Depuis (cela date du début des années 90) c'est devenu un golf et ce que nous croyons n'avoir pas changé est passé du statut de pâturage à celui de parcours de golf. L'élevage a cédé ici sa place au loisir. La surprise est de constater que cela n'a en rien modifié l'aspect paysager du site. Confirmation que lorsque l'espace est entretenu par la main de l'homme (et il n'y a peut-être pas d'entretien plus minutieux que celui d'un green) le paysage change beaucoup moins que lorsqu'il est laissé à lui-même.

     

    La source de la Vienne a changé d'écrin.

    source vienne 1988source vienne 2005

    La vieille borne de granite qui marque la source de la Vienne au pied du Signal d'Audouze est le seul témoin permanent de ce petit coin du plateau qu'on ne reconnaîtrait plus si elle n'était pas là. En 1988 les plantations résineuses qui encerclaient la source venaient d'être coupées (une coupe rase manifestement). On voit les troncs abattus, les andains regroupés en tas et seuls deux ou trois perches maigres indiquent sur l'horizon la hauteur que devaient atteindre les sapins. C'est le vide qui domine cette photo, un vide qui n'est pas sans rappeler les paysages dévastés par la guerre que Roger Vulliez a photographiés au Sri Lanka. Au dessus du chaos du chantier forestier, un grand ciel vide permet au soleil d'inonder tout le paysage. En 2005, on a changé de décor et d'impression. La végétation a repris possession de l'espace dénudé de 1988. Des essences colonisatrices ont poussé (sans doute des sorbiers ou des alisiers) et la végétation pionnière caractéristique du "tiers paysage" de Gilles Clément (voir IPNS n° 9) s'est imposée : on voit essentiellement les fougères dont certaines atteignent largement la hauteur d'un homme. Autour de la borne, l'herbe piétinée et l'absence de végétation anarchique laisse penser que la source de la Vienne reçoit régulièrement quelques promeneurs qui descendent jusqu'au creux du vallon où la rivière prend sa source. Pour cela on s'enfonce dans un fouillis de feuillus intime et secret qui empêche désormais toute vue un peu générale sur le paysage alentour : "C'est un trou de verdure où chante une rivière".

  • La photo du siècle, y aura-t-il du soleil le siècle prochain ?

    En mai 2004, un couple de photographes a traversé le plateau pour réaliser à Millevaches, à Cheissoux, à Faux la Montagne et à Sarran, la ''photo du siècle". Une expérience originale qui débouchera en 2005 sur un livre. Marie-Jo Magnière, qui est derrière l'objectif, évoque pour IPNS cette initiative chaleureuse: faire le portrait collectif des villages de France.

     

    Les photographes de La Photo du Siècle arrivent une heure avant l'heure. Ils posent la chambre photographique.

    La tête sous le rideau noir, ils préparent la photo, ouvrent grands leurs oreilles.

    Ils installent des chaises, des tables, repèrent une fenêtre, une chèvre, placent une remorque de tracteur.

    Il est l'heure.

    Ils arrivent. Presque tous ensemble. Presque une procession.

    Ils ne sont pas tous là. Ils sont nombreux pourtant. Malgré la chaleur. Malgré la bruine.

    Ils se disent bonjour, s'embrassent. Que deviens-tu? T'es toujours avec Jeanine ?...

    C'est vous qui habitez la belle petite maison à l'entrée du pays ? Non, je n'ai pas encore vu la tête de l'avocat anglais qui a racheté la ferme d'Emile.

    Approchez mesdames, approchez messieurs.

    Les petits derrière, les grands devant. Non, surtout pas. Chacun se met là où il veut. Reste dans l'ombre où mets-toi en évidence, fuis cette sale tête et rapproche- toi plutôt de l'amant.

    Mais il est interdit d'être caché.

    Tiens, le premier rang de chaises est étrangement vide. Qui va devant ? Le maire ne veut pas, le châtelain n'y tient pas. Mesdames se sauvent. Merci messieurs les chasseurs.

    Petit à petit, chacun trouve sa place. Devant, derrière, assis, debout, juché.

    Monsieur se décale. La vache le cache.

    On se remercie d'être là.

     

    photo du siecle

     

    Monsieur le maire passe l'écharpe tricolore, prend sa petite-fille dans ses bras. Il n'en revient pas. Jamais il n'aurait cru qu'autant de monde se déplace. Il les connaît ses administrés. Le 14 juillet, y'a plus personne, le 11 novembre, n'en parlons pas. La fête foraine, une peau de chagrin. Même le méchoui offert par la mairie est tombé à l'eau . Que faut-il leur donner pour qu'ils éteignent cette foutue télévision ? Du rare et pas cher. .. Une Photo du Siècle monsieur le maire.

    Les opposants sont là Les nouveaux se sont déplacés. Les adolescents sont venus voir.

    Et même si quelques illustres anciens ont boudé comme des gamins, le voilà rassuré.

    Le moment est imminent. Personne ne bouge. Tout le monde regarde.

    Un.

    Deux.

    Trois.

    Voilà pour la première.

    Et la voilà ! s'exclame Léon, clown pictural, brandissant un cliché sur fond de tournesols !

    On n'arrête pas le progrès !

    (éclats de rire)

    Le photographe a beau dire, que ça ne fait pas mal, le rire leur fait du bien à ces habitants qui se les gèlent en lisière de bois.

    Ce n'est pas rien d'avoir subitement un vent de conscience du temps qui passe, du temps qui fâche, du temps qui lasse....

    Le photographe attend le silence pour la troisième et dernière prise de vue... . Le silence démarre. Presque un recueillement.

    Le rideau tombe. Bravo à tous les acteurs.

    Ils respirent. Des os craquent. Des sourires fusent. Des enfants courent. Le vin d'honneur n'est pas loin. Pastis en bas de la carte de France, bière au Nord, Kir dans l'ancien duché de Bourgogne.

    Ils se racontent des choses... Une heure. Deux heures... Ils parlent du pays, d'avant-hier, d'après-demain, des absents qui n'ont pas toujours tort, de ce village voisin qui vient enfin de rejoindre la communauté de communes. Ce ne sont pas des faciles, nous non plus d'ailleurs.

    Ils espèrent que la photo sera belle. Parce que leur village est le plus beau du monde.

    Leur photo. Qu'ils vont mettre dans la salle à manger.

    Qui est aussi une photo parmi six cents autres. Une certaine France en ce changement de millénaire. Celle des vaches en vrai et des cafés fermés. Celle des Normands et des Corses. La France rurale comme on dit, dont il faut parler avant qu'elle ne s'éteigne encore, avant qu'elle ne devienne dans cent ans le jardin des riches.

    Alors merci à Monique d'être montée en haut de la colline en escarpins, un certain 22 août 2004 torride.

    Merci à Marguerite d'être venue avec ses jambes d'octogénaire s'asseoir aux côtés de sa sœur jumelle.

    Merci à Florence et Pascal d'avoir parqué leurs limousines en bas du pré.

    Merci à Anca et Eugène d'avoir fait le déplacement spécialement de Hollande.

    Merci au doyen de s'être mis sur son 31, un 19 au matin.

    Merci au chauffeur des pompiers d'avoir mis la pompe à eau là où il fallait.

    Merci à Riri d'avoir accueilli, non sans inquiétude, les habitants dans sa vigne.

    Merci à la jeune maman et son nouveau-né tout juste sortis de la maternité.

    Merci à ce maire d'avoir été convaincu qu'il y aurait tout au plus quarante personnes quand il y en eu cent vingt.

    Merci à la grande dame parée de bleu, assise sur le tabouret, d'avoir élevé la voix pour dire, haut et fort, qu'elle ne faisait jamais comme les autres...

    Merci aux habitants, en place au bord de l'eau, d'avoir attendu vingt minutes, sans bouger le petit doigt, l'arrivée de la secrétaire de mairie.

    Et merci au ciel qui, depuis six ans, joue avec nous.

     

    Marie-Jo Magnières

    Contact : Association l'Arbre à Imagos 26 rue du rempart 21140 Semur on Auxois
  • Mains de femmes

    Dans le numéro d'automne d'IPNS, Elisabeth Henry avait présenté le travail réalisé par un groupe d'agricultrices de Creuse. A partir des photos qu'elles ont prises et de textes qu'elles ont écrits sur leur vie en Creuse elles ont monté une exposition. Elle rencontre un très grand intérêt auprès du public dans tout le département. Elles ont aussi rassemblé toute cette richesse créative dans un magnifique recueil "ENTRE TERRE ET ELLES… La Creuse au féminin pluriel". En voici un extrait. Ce livre est disponible au GRAF de Combrailles et dans quelques librairies.

     

    entre terre et elles elisabeth henriMains de femmes

    Il a connu des mains de femme
    Marbrées de terre comme celles du potier,
    Retournant l'argile du sillon.
    Des mains inspirées comme celles de l'artiste,
    Semant la graine porteuse de paysage.

    Il a connu des mains de femme
    Fines et longues comme celles du pianiste,
    Arc-boutées sur les poignées d'une brouette
    Des mains inondées de sueur comme celles de l'ouvrier
    Essuyant tendrement les larmes d'un enfant.

    Il a connu des mains de femme
    Noires de cambouis comme celles du mécanicien,
    Se bagarrant avec un dernier graisseur inaccessible.
    Des mains enfarinées comme celles du boulanger,
    Pétrissant la pâte pour la tarte aux pommes.

    Il a connu des mains de femme
    Bardées de diplômes comme celles d'un ministre,
    Trayant pourtant de vraies vaches à lait.
    Des mains rassurantes comme celles d'une mère,
    Caressant la vache prête à mettre bas.

    Il a connu des milliers de mains.
    Au travail, au repos, à la fête.
    Mais les siennes
    Il les a reconnues entre toutes !
    Des mains de femme,
    Douces ou crevassées selon les saisons.
    Plus à l'aise à la plume qu'à la fourche.
    Des mains de femme
    Parcourant son corps jusqu'à offrir la volupté.
    Des mains de femme
    Ayant accepté de faire alliance avec ce pays
    Puis avec lui simple paysan creusois !

     

    Elisabeth Henry
  • Millevaches, ce pays que j'aime

    Originaire de Tarnac, Danielle Estlimbaum vient de publier un album de photos consacrées au plateau et à son village. Elle nous présente ici sa démarche, que nous illustrons par quelques uns de ses clichés.

     

    millevachesLes années passant, j'ai éprouvé le besoin, avant d'oublier, "d'écrire" les quelques observations, perceptions et émotions que j'ai éprouvées en venant en vacances sur ce plateau de Millevaches au cours des vingt dernières années. Là, se trouvent mes racines, celles de mes parents, grands-parents et aïeux.

    Quand je dis "écrire", c'est écrire au sens large, c'est à dire avec des images et des mots, les uns n'étant pas redondants par rapport aux autres. J'ai sélectionné 49 photos parmi plusieurs milliers faites au cours de cette période et, correspondant à chaque photo, j'ai écrit un texte très court. Les textes sont regroupés sur une feuille indépendante, toutes les six photos environ, afin que le "lecteur" puisse lire l'image indépendamment de moi.

     

    moutons foins

     

    L'ensemble est donc un regard partiel et partial sur cette région que j'aime, un regard de poésie et d'amour sur ses habitants, en particulier ceux qui figurent dans l'album, que j'ai appréciés et reconnus comme faisant partie de la grande famille des amoureux de la nature, respectueux de la terre et des hommes, sachant s'élever au-delà de leurs opinions politiques et de leurs croyances.

    Puisse ce travail, sans aucune prétention et dénué d'un objectif de recensement du patrimoine être reçu tel qu'il a été conçu !

     

    Danielle Estlimbaum
    L'album "Millevaches, ce pays que j'aime" est en vente au prix de 23 euros à l'office de tourisme de Bugeat, ou directement auprès de l'auteure.
  • Ussel-sur-Pellicule

    Depuis douze ans, chaque année au mois de mai, la ville d'Ussel aiguise le regard des photographes. Elle se révèle, se métamorphose et s'inscrit dans l'époque grâce aux différentes visions qu'offre la subjectivité de l'objectif. Près de cinquante participants ajoutent chaque année leur pierre à cet édifice original aujourd'hui riche de plusieurs milliers de clichés : un document sans doute unique sur la vie d'une ville au sortir du millénaire.

    Chaque année, les photographies sélectionnées par Baptiste Belcour sont exposées au musée d'Ussel. Pourquoi ne pas étendre cette manifestation à d'autres lieux de Haute-Corrèze ?

     

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    Gilles Pégourier