Pour mieux comprendre notre écriture photographique, nous vous invitons à entrer dans le concret. Nous allons nous essayer au « Jeu des 2 Adams ».C’est très simple si vous possédez un photo-téléphone ou un appareil photo numérique. Pourquoi les « 2 Adams » ?Ansel et Robert sont deux photographes Nord-Américains qui ont travaillé essentiellement en noir et blanc, pour le premier à partir de la première moitié du XXème siècle, pour le deuxième jusqu’à maintenant. Vous trouverez facilement sur la toile toutes les informations.Voici la règle du jeu.Vous décidez arbitrairement d’un point de départ et d’un point d’arrivée soit A et B situés sur un parcours de votre choix. Vous sortez de chez vous, marchez, regardez, photographiez dans un premier temps toutes les images qui retiennent votre attention, vous viennent à l’esprit spontanément, sans restriction de quantité. De retour chez vous, vous sélectionnez, sur la totalité, 10 images qui vous « tiennent à cœur ». Puis, quelques jours après, une seule. Le temps de maturation aura fait son œuvre. Ce sera votre « cliché Ansel ». Il est fait de votre conditionnement à l’image (voir bibliographie) depuis votre enfance, des livres d’école en passant par les journaux, magazines, musées, audiovisuel, iconographies murales…etc.Pour vous cette photo est BELLE ! Elle représente la quintessence de votre esthétique en mêlant tous vos désirs inconscients, frustrations à peine révélées.Après cette première étape, vous ressortez pour parcourir le même itinéraire. Mais, cette fois-ci, votre regard doit être totalement différent. Oubliez tout critère esthétique et recherchez maintenant « un sens » à votre prise de vue. Avez-vous quelque chose de différent à dire, à montrer qui ne soit pas seulement et uniquement dans la « beauté » ? C’est ainsi que votre expression sera personnelle et non pas conventionnelle (vous saurez aussi outrepasser le « politiquement correct »), empreinte de clichés rebattus et tellement banals. Vous procédez à l’identique pour les sélections de cette série. Ce sera votre photo « Robert » !Maintenant, vous disposez de deux visions différentes pour un même parcours. Il ne vous reste plus qu’à choisir celle qui sera collée dans le cadre, page 12. Vous conserverez le numéro 87 de ce trimestriel IPNS toute votre vie. Vous saurez ainsi si vous êtes plus Ansel ou plus Robert !Dans les pages 10 et 11 Claude Garel vous donne 4 exemples, en noir et blanc, de son écriture photographique, tous puisés dans son travail sur le Plateau et plus précisément sur le parc naturel régional de Millevaches, comme ce fut le cas pour Bernard Birsinger dans le n° 85.Par exemple celle intitulée : « Felletin. Gare » nous envoie en pleine figure une paire de rails. Quatre coupures accentuent l'idée d'ABANDON mais plus encore, certains peuvent y voir « un cul de jatte », une amputation irréparable. Le fauteuil roulant n'est pas loin... bien plus près que le ferroutage tant espéré par la planète… Cette photo documentaire répond parfaitement à notre injonction : « Plateau réveille-toi ! ». Cette photo à un sens.C’est en 1975 que la photographie s’est détachée définitivement de la peinture grâce à la persévérance des « New Topographics » même si Eugène Atget a été le pionnier mondial dans l’écriture documentaire de 1877 à 1927.