À cette occasion un collectif de quelques habitant·es ont conçu et réalisé une carte-affiche qui montre de manière visuelle et graphique ce qui se passe dans les forêts de la Montagne limousine. Ce très bel objet, vous pouvez l'afficher chez vous, sur votre lieu de travail, dans votre association ou sur le panneau d'affichage de votre mairie. Elle raconte les « petites et grandes histoires populaires de la forêt » sur et autour du plateau de Millevaches. IPNS est heureux de l'offrir à tous ses abonnés en supplément de ce n°87.Ses auteurs expliquent : « Nous avons cartographié des événements et des récits de l'histoire de la forêt sur la Montagne Limousine. Ce qui nous a été partagé sur les quinze dernières années témoigne d'une réappropriation de la question forestière par ceux et celles qui habitent le territoire.Notre objectif est d'abord d'illustrer l'accaparement des bois par des industries extractivistes qui, installées aux portes du territoire, considèrent ce massif comme un gisement à exploiter. Déjà en 2010, une grande partie du bois de nos forêts partait en pâte-à-papier pour l'immense usine de Saillat-sur-Vienne (87). Plus au Sud, c'est la méga-scierie FargesBois à Égletons (19) qui compte doubler sa production, pour devenir la plus grande de France. Et à présent, un nouveau financier a jeté son dévolu sur notre massif et veut implanter à Guéret Biosyl (23), une usine à granulés qui engloutirait des centaines d'hectares de feuillus. Pendant ce temps, autour de nos bourgs et villages, les coupes rases continuent de plus belle, nous laissant pour seul horizon de nouvelles plantations de résineux, rangées comme de petits soldats attendant les abbateuses.
Ensuite, si « l'état de la forêt est le reflet fidèle de notre rapport au territoire » (citation extraite de la brochure Rapport sur l'état de nos forêts de 2013), alors c'est aussi de réappropriation et de résistance que nous devons parler. Que ce soient les souvenirs d'enfance de celles et ceux qui ont grandi ici, les métiers de la forêt et du bois qui se développent et se transmettent, les mobilisations contre les coupes rases ou le rachat de forêts par les habitant·es, nous avons voulu retranscrire ce qui nous a été partagé ici : un foisonnement de récits, de gestes et d'actions, qui ensemble résistent aux appétits des industriels de la filière bois. Sur cette montagne prétendue désertée et enrésinée, là où on répète souvent que les habitant·es n’ont « pas de culture forestière », notre carte montre au contraire l'existence d'une culture forestière « par en bas », qui se partage et grandit comme jeunes ou vieux arbres poussent.Vous, lecteurs et lectrices, serez peut-être intriguées, amusés, contentes ou fâchées contre ce qui est représenté. Mais vous avez vous aussi, forcément, votre bout d'histoire, votre morceau de culture forestière à raconter. Cette carte vous y invite ! »