La bibliothèque des Portes de Vassivière c’est en réalité cinq bibliothèques en réseau à Eymoutiers, Bujaleuf, Peyrat-le-Château, Nedde et Cheissoux ainsi que sept points lecture dans les autres communes du territoire de la communauté de communes des Portes de Vassivière. Ouverte du mardi au samedi, sur l’ensemble du réseau, ce sont plus de 60 000 documents qui sont à la disposition du public, tous supports confondus (livres, revues, CD, DVD). Ce fonds est accessible sur le portail www.bibliotheque-portesdevassiviere.fr et sur l’appli Bibenpoche. La bibliothèque compte environ 1000 abonnés actifs et touche toutes les classes d’âge. Elle rayonne bien au-delà des limites territoriales des Portes de Vassivière.L’action culturelle est un de ses axes majeurs, renforcé par un Contrat Territoire Lecture depuis 2023 qui se traduit par une programmation culturelle variée (expositions, conférences, spectacles, etc.). Une Micro-Folie, musée numérique coordonné par le Parc de La Villette, a été inaugurée en septembre 2023. Ce projet porté par le ministère de la Culture et ouvert aux collectivités territoriales propose l'accès à un musée numérique auquel collaborent douze établissements culturels nationaux permettant ainsi au plus grand nombre un accès aux œuvres des plus grands musées nationaux. Et depuis 2021, un conseiller numérique France Service, accompagne les personnes dans leurs usages numériques.
Mais ce qui fait l'originalité de la bibliothèque pelaude, c'est un fonds spécifique qui porte le nom d'une femme : Suzanne Cerf. Pour en connaître l'histoire il faut remonter jusqu'en 1944 ! C'est Jean-Pierre Faye, ancien adjoint au maire d'Eymoutiers, qui nous la raconte : « Les 6 et 7 avril 1944, eu lieu à Eymoutiers une rafle qui a vu 50 Juifs réfugiés dans la commune arrêtés et déportés vers les camps de concentration. Seules 3 personnes ont survécu, dont Suzanne Cerf. Cette rafle était complètement oubliée à Eymoutiers et il a fallu attendre 1997 pour que cette histoire resurgisse. Cette année-là, le 6 avril 1997, une cérémonie en mémoire de ces Juifs s'est déroulée en présence de Suzanne Cerf, seule rescapée encore en vie de cette rafle. Elle est décédée en 2001. L'année suivante le conseil municipal a décidé de nommer « Parc Suzanne Cerf » l'endroit où les Juifs avaient été regroupés. Son fils était présent lors de l'inauguration de cet espace et, en accord avec sa soeur, a décidé de faire un don conséquent à la commune, don qui a été affecté à la constitution du fonds Suzanne Cerf de la bibliothèque, un fonds de documents entièrement consacré à la Shoah et à la Seconde Guerre mondiale. Inauguré en 2003, il est depuis régulièrement enrichi par de nouvelles publications. » Aujourd'hui le fonds Suzanne Cerf compte environ 700 documents !
Plus qu'un nouveau témoignage sur la guerre et la Shoah, Jeudi Saint est un livre sur les enchevêtrements de l'oubli et de la mémoire. Le 6 avril 1944, un détachement de soldats allemands de la division Brehmer investit le bourg de Bugeat. Soixante ans après, la population se souvient que ce jour-là quatre paysans d'un village voisin ont été pris en otage et fusillés pour l'exemple. Le journaliste Jean-Marie Borzeix (1941-2024) connaît bien cette histoire, c'est celle du pays où il est né au début de la guerre. Mais parce que ces événements en cachent d'autres, il raconte l'enquête qu'il a menée. Celle-ci le conduit à découvrir que le 6 avril, un Jeudi Saint, des dizaines de Juifs, réfugiés sur le plateau de Millevaches ont été arrêtés et déportés.