L’unique liste « Eymoutiers, une passion commune », conduite par Mélanie Plazanet, a remportée les élections dimanche. Retour sur la campagne et le projet de ces élus.
C’est une campagne électorale calme, où la principale action des candidats a été de passer chez tous les habitants du bourg et des hameaux pour leur donner le programme. Ce qui a le plus intéressé les gens, si l’on en croit le retour d’une élue, c’était de savoir qui est qui. Trombinoscope en main, chacun y allait de son commentaire : « Lui, c’est mon voisin », « Ah mais c’est la petite unetelle » etc. Bref, comme souvent, les électeurs et les électrices semblaient s’intéresser davantage aux personnes qu’aux programmes. Il est vrai qu’il n’y avait qu’une seule liste donc pas de programme à choisir, et la moitié de nouvelles têtes. Parmi elles, Laurent Delefosse, Elise Levet, François Delcoy, Richard Gora ou encore Emmanuelle Bachellerie. Une équipe d’une grande mixité, tant générationnelle, de 23 à 70 ans, que de parcours professionnel, en vrac : institutrice, éducateur, secrétaires de mairie, infirmière, médecin, chef de chœur, économiste, graphiste, charpentier, animatrice petite enfance, étudiant... « Je suis contente de voir des élus qui ont de la bouteille et d’autres qui débutent, des gens du cru et des néo-ruraux ensemble », se réjouit une habitante, tandis qu’une autre se demande si la mayonnaise va prendre entre toutes ces personnes différentes.
Une seule liste, un programme prometteur
Une seule liste, on peut considérer ça comme le signe d’une commune où le vivre-ensemble se passe bien. D’ailleurs, ce qui rassemble ces élus n’est pas leur vision politique – on est sur du « divers gauche » – mais leur engagement dans la vie de la cité. « Eymoutiers, une passion commune » est bien trouvé, car effectivement, tous ces élus participent au dynamisme de la commune, au-delà de leur mandat, par leur métier, leur(s) activité(s) bénévole(s) : université populaire, clubs sportifs, cinéma, associations de solidarité… Mais certains électeurs déplorent l’absence d’autres listes « pour faire vivre la démocratie ». D’autant que Mélanie Plazanet est déjà maire depuis cet été, Daniel Perducat ayant souhaité passer la main en cours de mandat pour préparer la transition. Une opération qui a semblé opaque à beaucoup d’habitants, mais finalement plutôt positive et, en définitive, attendue. Côté programme, « C’est prometteur ! », « Ambitieux », « Ils veulent contenter tout le monde » : un programme effectivement très riche. Certaines propositions, plutôt vagues, devront être traduites en actions : valoriser la ressource municipale en eau et promouvoir les systèmes de récupération d’eau pluviale sur les bâtiments communaux, intégrer plus de végétal dans le bourg, valoriser les circuits courts, soutenir les entreprises, PME, commerçants et artisans… Mais certaines propositions sont déjà très concrètes et intéressantes : inventorier les biens sans maître et les logements insalubres, rénover le camping, réfléchir à la création d’un lieu pour les pratiques du skateboard, du BMX et de l’escalade, acquérir du matériel de sonorisation pour les événements festifs ou encore accueillir les nouveaux arrivants lors d’un pot de bienvenue.
Continuité politique
Globalement, la nouvelle équipe souhaite poursuivre le travail de l’ancienne, dirigée par Daniel Perducat et Jean-Pierre Faye. Ce duo a joué un rôle fondamental dans le dynamisme et l’attractivité d’Eymoutiers. On lui doit de nombreux équipements et le développement ou maintien des services (école, collège, cinéma, maison médicale, bibliothèque, musée, halle des sports, eau en régie municipale, etc.). L’ancienne équipe a également beaucoup travaillé sur le patrimoine bâti, les questions sociales ou le numérique. Côté écologie, un grand pas a été franchi avec la mise en place d’une nouvelle chaufferie pour les bâtiments publics, alimentée par le bois des forêts communales, et le démarrage d’un Plan climat. La nouvelle équipe s’inscrit dans la continuité. Elle souhaite en outre s’emparer du vaste chantier des bâtiments vacants, notamment ceux qui sont propriétés de la mairie, et agir pour le climat, à travers des propositions autour de la mobilité douce et des énergies renouvelables.
Méthode renouvelée
Certains habitants estiment toutefois que tout cela est « trop timoré ». D’autres auraient aimé une réunion publique avant les élections, comme cette habitante qui se demande pourquoi un éco-quartier ou comment réduire le trafic des camions, une autre est inquiète à propos du projet éolien. Mais rien à voir avec l’ambiance conflictuelle d’il y a six ans où deux camps s’affrontaient, s’accusant de tous les maux, alors même que les deux programmes, de gauche écologiste, étaient proches sur le fond, mais bien différents sur les modes de gouvernance. Les uns défendaient la légitimité du pouvoir des élus tandis que les autres rêvaient auto-gestion et concertation. Sur ce point, Mélanie Plazanet souhaite se démarquer de ses prédécesseurs. Convaincue des vertus du collectif – elle a travaillé un temps avec les Motivé.e.s à Toulouse –, elle voudrait mettre en place une gouvernance participative. La présence au conseil municipal de personnes issues de pratiques coopératives comme Philippe Simon, retraité d’Ambiance bois, ou Juliana Jimenez, ancienne d’Oxalis, place cette perspective sous de bons augures.
Volonté de dialogue
Mais quelle forme va prendre cette nouvelle gouvernance ? Le programme évoque une meilleure information, de nouveaux outils de communication, des réunions publiques et des commissions citoyennes. Comme dans toutes les communes marquées par une volonté de participation, il y aura certainement des ajustements à faire, des choses à tester. Les commissions citoyennes ont parfois du mal à vivre, alors que les réunions publiques semblent plébiscitées. Certains habitants proposent la tenue de réunions citoyennes en amont des conseils municipaux, pour exprimer leurs opinions avant la prise de décisions ou proposer des points à aborder. Des collégiennes aimeraient s’investir dans un conseil municipal des jeunes. Bref, il y a une volonté de dialogue des deux côtés, mais tout est encore à inventer. Sur les 1 472 inscrits aux listes électorales (sur 2 046 habitants), la moitié s’est déplacée pour voter dimanche 15 mars 2020 (dont 16 votes blancs et 87 nuls). Maintenant, on a hâte que ce « renouveau dans la continuité » commence !
Emmanuelle Mayer