Il ne faut jamais désespérer
Tout peut arriver, même la création d'un parc naturel régional sur le plateau de Millevaches ! Après des années de surplace, de laborieuses querelles politiques et des tonnes de réunions, il se pourrait bien que nous approchions du but. Début janvier les gros morceaux d'une charte encore incomplète arrivaient dans les mairies. Six mois plus tard l'ultime version de la charte était rendue publique et envoyée à toutes les collectivités locales (sur cette charte lire ci-contre : "s'approprier un territoire'). Les communes, les communautés de commune et les départements étaient appelés à délibérer et à se positionner vis à vis du projet. Elles avaient un peu plus de quatre mois pour cela, le 20 octobre 2003 ayant été fixé comme date butoir des délibérations. Au-delà, les collectivités qui n'auraient pas pris de position seraient réputées avoir rendu un avis défavorable.
Résultat des courses
Les communes étaient donc appelées à approuver la charte, à adhérer au futur parc et à désigner leurs représentants dans l'organisme de gestion (le syndicat mixte de Millevaches qui se transformera en syndicat de gestion du parc dès que celui-ci sera effectivement créé). Les résultats sont globalement favorables au projet, puisque sur les 121 communes concernées, seulement huit n'y adhèreront pas. Il s'agit en Corrèze de Feyt (canton d'Eygurande), et en Creuse - où dans la partie nord-ouest du territoire se situent toutes les communes récalcitrantes - de Pontarion, Vidaillat, St Pierre Bellevue, St Moreil, St Junien la Brégère, Faux Mazuras et St Martin Château : les "7 ringards" que notre dessinateur épingle à la une de ce numéro d'IPNS. Pour la plupart d'entre elles les arguments opposés au projet de parc reprennent les vieux refrains rabâchés sans esprit critique depuis des lustres : "on ne pourra plus chasser", "on ne sera plus maître chez soi", "ça va coûter cher", "une structure de plus", etc.
Le parc se fera donc avec 113 communes. Heureusement, se félicite-t-on au Conseil Régional aucune défection ne provoque une enclave à l'intérieur du futur parc. Tout juste au rat- on un peu de dentelle du côté des cantons de Royère et Bourganeuf.
Une décision pour dix ans
La défection de sept communes de Creuse renforce la prééminence de la Corrèze représentée par 63 communes sur les 113. On entend déjà, ça et là, quelques creusais qui s'en inquiètent. Mais il faudra faire avec, car les délibérations qu'ont prises les communes ne peuvent pas être remises en cause dans un an ou deux (à l'occasion d'un changement d'équipe municipale par exemple). En effet, le parc n'est pas une auberge espagnole dans laquelle on rentre ou dont on sort comme on. veut. Les décisions qui ont été prises aujourd'hui engagent l'avenir de chacune des communes sur une durée de dix ans, et c'est bien ce délai que devra attendre une commune qui déciderait de rejoindre un jour le parc.
C'est pourquoi l'option prise par St Martin Château, membre du syndicat de Vassivière et la moins périphérique des communes opposées au parc en a étonné plus d'un. Comment une commune si liée à Vassivière et aux dynamiques touristiques, environnementales ou économiques portées par le parc a-t-elle pu s'en exclure ?
La suite des opérations
Le 31 octobre 2003 le Conseil Régional a, à son tour délibéré favorablement sur le parc. Du coup, la procédure de validation du parc est désormais enclenchée. Le président du Conseil régional a transmis au Préfet de Région l'ensemble des délibérations favorables. Celui-ci fera suivre auprès du Ministère de l'écologie et du développement durable. La demande de classement en parc sera alors soumise à trois avis : celui du bureau de la fédération des PNR ; celui de la commission PNR du Centre national de la protection de la nature ; celui, enfin, du Ministère de l'écologie. Ceux-ci ont trois mois pour rendre leurs avis qui seront donc théoriquement connus avant fin janvier.
Ensuite, on attendra le décret du Premier Ministre qui instituera, enfin, le parc naturel régional du Millevaches. Peut-être y aura-t-il encore quelques retards car, comme chacun sait on sera alors en période électorale (les élections régionales et cantonales auront lieu les 21 et 28 mars). Ce ne serait pas la première fois ... Mais si ça pouvait être la dernière!
Michel Hulek
- Tous vigilants
Aujourd'hui nous connaissons la physionomie du futur parc naturel régional du Millevaches. Pour la partie creusoise, sept conseils municipaux ont refusé d'adopter la charte et ont donc exclu leurs communes et leurs habitants du projet territorial. Les 113 communes , les communautés de communes, les trois départements et la région limousin qui ont adopté ce document se rassemblent autour de plusieurs objectifs : aménagement du territoire, développement économique, gestion adaptée des milieux naturels et des paysages, projet social et culturel.
Les deux programmes "Leader" 1 et 2 et l'OPAH précédemment menés sur ce territoire ont démontré la pertinence et l'efficacité sur le terrain de ce type d'actions. Demain, le parc se mettra en place avec un conseil de gestion composé d'élus, de représentants sociaux professionnels avec également une équipe de salariés et de techniciens. Plusieurs conditions devront être réunies pour que ce futur parc fonctionne bien et pour que chaque citoyen se sente à la fois écouté, compris et concerné. Les représentants communaux dans le futur syndicat de gestion doivent pouvoir faire entendre leur voix et pour cela être correctement informés des programmes en cours, de l'enjeu des décisions à prendre. Ils devront travailler dans ce sens, apporter leur contribution à l'édifice et être toujours à l'écoute de la population et des associations présentes sur le terrain.
Le parc sera bien perçu et efficace dans ses actions si sa "gouvernance" est complètement transparente, parfaitement en phase avec les acteurs locaux et sans cesse attentive aux dérives qui guettent ce type d'appareil.
Parmi ceux qui ont refusé d'adhérer au futur parc, nombreux le décrivent comme un échelon technocratique supplémentaire et une coquille vide... Nous qui voulons ce parc naturel de Millevaches devons continuer à réfléchir, à travailler ensemble, à faire avancer cet espace où qualité de la vie, lien social, solidarité et innovation sont toujours des valeurs essentielles.
Thierry Letellier