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Il faut savoir retrouver le sens des territoires dans tous les lieux que nous habitons
Il faut savoir retrouver le sens des territoires dans tous les lieux que nous habitons
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Date
samedi 1 mars 2014 09:17
Numéro de journal
46
Auteur(s)
Michel Manville
Visite(s)
3759 visite(s)
En juin dernier, dans le cadre d’un séminaire sur l’habitat en milieu rural organisé par les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire d’Auvergne et du Limousin, Michel Manville a présenté une communication sur le village limousin qui lui semble devoir inspirer aujourd’hui les démarches d’aménagement. Explications.
Quelle est la cellule de base de la vie rurale en Limousin ?
Dans la Creuse, comme dans tout le reste du Limousin, le groupement par village constitue la forme élémentaire et fondamentale de l’association rurale. La cellule sociale de base n’y a jamais été la paroisse ni plus tard la commune : au village appartient la personnalité juridique et morale. Il témoigne d’une remarquable culture fondée à la fois sur les savoirs et les savoir-faire, sur les représentations socio-symboliques et sur les rapports à l’espace ou à la nature. C’est ce que l’historien Louis Pérouas a appelé la civilisation des villages.
Quels sont les facteurs qui assurent la cohésion de cette société villageoise ?
La communauté villageoise est plurielle et complexe. Dans son étude concernant Le village sous l’Ancien Régime, Antoine Follain en rappelle les principaux fondements : la communauté est un lieu ; la communauté est un territoire ; la communauté est un peuple et de ce point de vue, elle est apparue être la seule unité de vie vraiment sensible pour les populations rurales. Elle est ce qui se situe au-dessus des familles (mais elle est imbriquée avec les parentèles) et en dessous des “pays“, des provinces. C’est l’écheveau de liens sociaux qui préserve la cellule familiale et l’individu des dangers qui découleraient de leur isolement et qui apporte à la famille et à l’individu une identité sociale, une appartenance et une reconnaissance. D’où l’importance de la sécurité et de la paix entre voisins, de l’équité entre les membres, de la dignité et de la responsabilité qui expliquent la volonté d’ajuster de préférence entre soi les relations sociales, donc de faire tout simplement de la “petite politique“ : c’est-à-dire débattre et décider de ses propres affaires, pour soi, pour sa famille et pour une collectivité qui ait des dimensions conformes à la sensibilité des gens, ce qui suppose une collectivité assez modeste par sa population et par son territoire, pour que les co-habitants soient personnellement identifiables.
La cohésion de cette société villageoise se fondait, en premier lieu, sur une culture de la proximité et de l’enchevêtrement. Le communautaire, ici, impliquait un complexe système d’interdépendance. Il fallait savoir partager l’usage des communaux, les eaux du puits, celle des
pêcheries
. Il fallait savoir respecter les droits de passage. Il fallait, par endroits, savoir se plier aux pratiques collectives de l’écobuage. L’usage du four, du moulin, du lavoir imposait de s’entendre. Chacun se devait, en outre, de tenir compte des arrangements conclus avec l’autre. De tout cela résultait l’obligation de l’entraide, de la solidarité, de la tolérance à l’égard des individus ou de familles avec lesquels chacun se sentait perpétuellement en compte. Le village creusois n’est donc pas une société égalitaire mais une société d’entraide que favorisent des habitudes communautaires. “Un village, si petit soit-il, dit l’Abbé Gorse, est comme une petite république ; il a des usages particuliers qui sont comme une vraie législation. La Cité a son forum, le village a le puits, le lavoir et le four“.
En quoi ce passé éclaire-t-il notre présent ?
Analyser une matrice sociale s’impose comme un préalable indispensable à la compréhension des comportements d’hier et d’aujourd’hui. Dès lors, on comprend beaucoup mieux que le mouvement coopératif ait pu trouver dans la Creuse son expression pleine et entière, puisant dans la longue histoire sociale organisée autour et dans le village.
Dans un tel contexte, les approches paysagères retrouvent une modernité. En s’appuyant sur une connaissance fine de l’histoire, de la géographie de chaque territoire et des spécificités naturelles et humaines, elles constituent une clé d’entrée pour les démarches de développement durable des territoires. Elles permettent de guider les choix, notamment des agriculteurs, en tirant mieux partie des potentiels agronomiques de leur espace de production et d’harmoniser leurs actions avec celles des autres utilisateurs de l’espace pour améliorer le cadre de vie. La philosophie de l’espace partagé vient remplacer celle du partage de l’espace. Elle renverse l’approche actuelle et uniformisante des territoires gérant les circulations comme des flux, pour les interpréter comme des relations sociales. Ainsi, on peut espérer que tous les modes pourraient cohabiter dans un même espace en veillant les uns aux autres.
De tels témoignages attestent de la profondeur de la rencontre de l’homme avec les paysages. Ils signifient que le paysage n’est pas seulement un décor dans lequel se déroulerait la vie des individus, mais l’étoffe qui l’enveloppe. Il est un cadre, une échelle de référence qui peut aider chacun à se situer et à s’orienter à condition toutefois que les équilibres de sa construction et les protocoles de sa conservation soient guidés par les liens mêmes qui tissent la vie sociale et témoignent d’une relation raisonnable avec les ressources du milieu dont ils émanent, dans le respect du monde vivant.
En conclusion, savoir retrouver le sens des territoires dans tous les lieux que nous habitons et dont nous sommes les gestionnaires et les garants, n’est-ce pas une façon de s’inscrire dans un projet social qui privilégie des relations de proximité, des attitudes d’attention, de non indifférence, d’intérêts partagés, d’œuvres communes enrichissant l’existence de chacun et favorisant une vie collective plus plaisante ?
Michel Manville
Conservateur en chef du Patrimoine, Conseil général de la Creuse
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