Le jeu prend une ampleur considérable. Savez-vous que le temps passé par tous les joueurs de World Warcraft, jeu de rôle multijoueurs, se monte à 7 millions d’années ? Considérable. Anecdotique, peut-être, mais les neurosciences nous disent que la différence, au niveau du cerveau entre le jeu et le travail, c’est uniquement la présence ou non de dopamine, c’est-à-dire du plaisir. Et que jouer, dans la nature, est la façon la plus normale et la plus rapide d’apprendre (1). Cela a d’ailleurs été de tout temps le principal vecteur de transmission des savoirs humains, même si notre société le considère encore comme insignifiant, voire nuisible. Alors, le jeu, une affaire sérieuse ? Pour Yannick, qui porte un projet de maison des jeux à Eymoutiers, la réponse est oui.
IPNS : Le jeu sérieux, cela signifie-t-il que les jeux doivent être utiles (éducatifs, par exemple) ou que le jeu est utile quel qu’il soit ?
Yannick : Il n’y a pas de jeu “inutile“... Jouer, c’est sain. On ne parle pas ici d’instrumentaliser le jeu. Certains l’utilisent dans un but de profit (genre google), c’est vrai. Alors pourquoi ne pas l’utiliser à d’autres buts : le plaisir de faire avec les autres peut avoir une multitude d’objectifs...
IPNS : Tu souhaites mettre en place une maison des jeux. Peux-tu nous la décrire ?
Yannick : elle repose sur trois piliers: un lieu, un stock important et 2 professionnels. Dans un premier temps, la maison du jeu apporte des jeux aux établissements demandeurs (centres de loisirs, écoles, foyers, bibliothèques,…), avec une fréquence de renouvellement, et propose un espace de jeu à thème accessible à tous les âges. FaBrik conseille, accompagne et transmet les règles des jeux aux professionnels des établissements. Dans un deuxième temps, FaBrik propose des ateliers de création de jeux, un centre de ressources, des formations et l’accompagnement ou la mise en place d’événements. Le public visé est vaste : familles, hôpitaux, cadas, universités, entreprises, touristes, maisons de retraite, etc.
IPNS : Comment envisages-tu la réalisation de ton projet ?
Yannick : Il se fera avec des partenariats de plusieurs collectivités dans une démarche de mutualisation des ressources. FaBrik est centré sur le Pays de Monts et Barrages, avec les communautés de communes de Saint- Léonard-de-Noblat, Briance-Combade et Les Portes de Vassivière, et les villes de Saint-Léonard-de-Noblat, Châteauneuf-la-Forêt et Eymoutiers. Je rencontre aussi les structures “ludiques“ au niveau régional : associations, professionnels du jeu, organisateurs d’événements autour du jeu... non seulement pour faire connaître et reconnaître le projet mais aussi pour que nous puissions agir en synergie.

IPNS : Comment ton projet est-il accueilli par ces éventuels partenaires ?
Yannick : Depuis octobre 2014, date à partir de laquelle je commence à rencontrer les acteurs du territoire, la plupart se montrent d’abord surpris, puis curieux, et enfin intéressés. La première difficulté est de sortir de la vision infantile que porte généralement le jeu. “Le jeu c’est pour les enfants. En dehors de l’enfance, ou à la rigueur des loisirs, ce n’est pas admissible“. Or, certaines grandes entreprises se rendent compte aujourd’hui que le jeu favorise la productivité... Il y en a même qui imposent des temps de jeu sur les heures de travail parce qu’elles ont compris que la “récréation“ stimule la création. L’importance du jeu dans la société humaine est sous-estimée. Malgré cela, je pense avoir des chances de convaincre de l’intérêt du projet. En septembre 2015, une table ronde est envisagée avec le soutien du Pays Monts et Barrages où seront invités les établissements du territoire et des structures. J’espère qu’il en sortira une volonté commune de mobiliser des moyens financiers suffisants pour le lancement effectif du projet en 2016-2017.
Contact : Yannick Bernard Darlington
09 77 84 02 55
(1) Voir conférence de Idriss Aberkane, chercheur et enseignant autour du jeu sérieux sur http://www.fabrik-limousin.com, rubrique Ressources – vidéos