Le lundi 2 Avril 2012 s’est tenu à Nedde un débat organisé par l’association EDDEN sur le thème “Démocratie et pouvoir” avec la participation de Gérard Monédiaire, juriste et spécialiste de politique territoriale et Jean-François Pressicaud, ancien élu de Felletin. Une soixantaine de personnes y a participé, venue des trois départements. En voici la substantifique moelle sous forme de constats, de questions et de solutions.
Démocratie et pouvoir dans notre territoire
Qu’en est il de la démocratie au sein de notre territoire ?
Des constats :
- Une tendance à sacraliser le rôle de l’élu qui l’éloigne de la population.
- Le cumul des mandats ne favorise pas le renouvellement des idées.
- Certains de nos représentants peuvent être tentés d’exercer la rétention de l’information.
- De plus en plus d’élus gestionnaires et non visionnaires (s’explique peut-être par l’étendue des tâches et les responsabilités plus lourdes des élus).
- La force d’inertie née d’habitudes cristallisées.
- - Le manque de temps, lié au travail, a été invoqué pour expliquer le peu de participation des habitants à la vie communale.
- La monopolisation du pouvoir par un petit nombre au sein de conseils municipaux ou communautaires entraînant le clientélisme au mépris de la loi.
La pratique démocratique serait-elle un sujet tabou dans nos campagnes ?
Des questions :
- La démocratie est-elle soluble dans le pouvoir ?
- La décentralisation, dont un des buts était de donner plus de pouvoir aux régions, n’a-t-elle pas engendré de petits dictateurs locaux ?
- La démocratie, pour les citoyens que nous sommes, s’achève-t-elle avec le dépôt de notre bulletin dans l’urne ?
- Qu’en est-il de la formation des élus ?
- Quelles informations seraient utiles à la population ?
- Quelle éducation à la citoyenneté pour les jeunes et les adultes ?
- Comment inciter nos représentants à donner la parole ou faire participer les habitants à la vie de leur commune ?
Des solutions :
Des élus nous ont fait part d’expériences de démocratie pratiquées au sein de leur circonscription :
- S’appuyer sur le tissu associatif, et ainsi être à l’écoute des idées et besoins exprimés dans la communauté.
- Favoriser la mise en place de commissions ouvertes à tous.
- Créer des conseils municipaux de jeunes, afin de les éduquer à la citoyenneté.
- Consulter la population en amont des projets importants.
- Passer par l’engagement dans des luttes concrètes hors instances municipales afin d’exprimer nos idées, défendre nos projets et être force de propositions.
En résumé, un débat riche qui s’est prolongé autour d’un pot de l’amitié. Un bémol cependant, révélateur de l’existence bien réelle d’un déficit de démocratie : l’objectif de cette soirée était de permettre aux élus de la commune et du canton, tous invités personnellement, de s’exprimer. Aucun n’était présent, à l’exception de quelques élus de Rempnat et du conseiller général du canton. À croire que la pratique démocratique dans nos campagnes est un sujet tabou !
La force d’inertie ou l’indifférence ne nous semblent pas le meilleur moyen de vivre cette démocratie, qui en Grèce, il y a des millénaires, se pratiquait sur la place publique avec le peuple…
Compte-rendu réalisé par l’association EDDEN.
- La démocratie : une belle histoire
“...Il s’avérerait alors que la démocratie aurait été une histoire que l’on raconte aux adultes, comme on raconte des histoires aux enfants, ou que l’on raconte aux adultes comme s’ils étaient des enfants. Une histoire à laquelle les adultes “croient“ comme les enfants “croient“ aux histoires qu’on leur raconte, c’est-à-dire en étant captivés, mais sans pour autant être dupes. Une belle histoire, une histoire séduisante plutôt qu’une histoire vraie, une histoire séduisante certes, mais que nul ne serait assez sot pour la considérer comme davantage qu’une belle histoire.“
Alain Brossat, philosophe. (Extrait de Tous Coupat, tous coupables – voir dans ce même numéro)