Autour de Magnat-l’Etrange, plus de 300 personnes ont choisi d’assurer leur maison avec un système original : l’Association de secours et d’entraide de Magnat l’Etrange (Aseme). “Le principe, similaire à celui de la tontine, consiste à s’auto-assurer collectivement“ explique Gérard Dollo, agriculteur de 55 ans qui s’occupe bénévolement de la partie administrative. “En réalité, la plupart des mutuelles et compagnies d’assurance ont commencé comme ça“. Fondée dans le deuxième moitié du XIXe siècle, par des agriculteurs désireux de trouver une réponse aux incendies qui menaçaient leurs maisons et granges aux toits de chaume, cette association (appelée “mutuelle“ jusqu’à ce que le terme soit réservé au domaine de la santé) a perduré malgré le développement des grandes compagnies d’assurance. Aujourd’hui, ils sont 300 à avoir choisi ce mode d’assurance original et redoutablement efficace contre le risque d’incendie et, depuis 1999, contre le risque de tempête, qu’ils soient agriculteurs ou non, propriétaires ou locataires.
L’intérêt principal ? Son faible coût. Comme les adhérents ne paient que lorsque survient un sinistre, au prorata du montant de ce sinistre, cela coûte bien moins cher qu’une assurance classique. “Certains ont calculé que sur deux générations, ils avaient économisé la valeur de leur patrimoine !“. Mais il y a également un aspect militant, même s’il est discret. Il faut dire que l’Etat a déjà tenté de les faire tomber pour exercice illégal de la profession d’assureur, sans succès. “Nous attirons des personnes de tous bords politiques, notre credo, c’est la solidarité et l’entraide. J’ai été très agréablement surpris de la générosité des adhérents au moment de la tempête de 1999“ explique son administrateur, devenu expert en matière de droit des assurances. D’autres associations fonctionnant sur le même principe ont perduré ailleurs, comme par exemple la caisse Michon et Ratelade de Giat, contre l’incendie et la mortalité du bétail, qui rassemble plus de 800 personnes. Seul hic : l’énorme travail que représentent ces associations mutualistes pour les bénévoles. Entre les contrats, le secrétariat, la gestion, la réalisation des contrats, l’estimation des biens... Gérard se sent débordé et la relève n’est pas facile à trouver.
Emmanuelle Mayer