La quatrième Fête de la Montagne limousine s’est déroulée à Lacelle du 28 au 30 septembre 2018 et a accueilli 2 100 personnes.
Mettre les débats au cœur de la fête était cette année un choix délibéré des participants. Cette fête se veut en effet autant studieuse que plaisante, autant politique que ludique. Débattre des enjeux du territoire est en effet la raison première de cette fête. Cette année quatre fils rouges étaient tirés : l’agriculture (voir page 9), la forêt, l’accueil, en particulier des réfugiés, et la manière dont chacun, au niveau de sa commune ou plus globalement de l’ensemble de la Montagne, pouvait devenir partie prenante des décisions qui la et les concernent. La plénière de fin a débouché en ce sens sur un projet de “Syndicat de la Montagne“ sur lequel planchent depuis quelques mois une douzaine de personnes. Pour celles et ceux qui l’ont ratée, elle est visionnable intégralement sur le site de Télé Millevaches (http://telemillevaches.net/videos/vers-une-libre-administration-de-la-montagne-limousine).
Un des mots qui pourrait le mieux résumer cette fête, c’est Viviane Dantony, la maire de Lacelle, qui l’a trouvé : “biodiversité“. “À titre personnel et en tant qu’élue, je tiens à vous dire combien je suis sensible à votre enthousiasme à vivre ici pleinement et en conscience, solidaire de votre infatigable questionnement sur la préservation de notre biodiversité dont l’homme est au cœur, interrogative sur vos débats lorsqu’ils font la part trop belle à la polémique et à la violence, respectueuse de ceux-ci lorsqu’ils mettent toute votre intelligence, et il y en a, au service du mieux vivre ensemble et du bien commun. Vous nous avez généreusement donné lors de ce week-end de fête un bel exemple d’espérance collective.“ C’est bien cela que tente depuis quatre ans cette fête : construire collectivement l’avenir d’une Montagne limousine soucieuse de préserver ses ressources, soucieuse de solidarité et à la recherche de biens qui soient communs à tous les habitants de la Montagne. Ce n’est évidemment pas un chemin facile et toujours consensuel (on le voit bien avec l’exemple du projet discuté de l’usine CIBV à Viam), même si sur certains sujets l’attitude est plus homogène. L’accueil de nouveaux habitants (quels que soient la couleur de leur peau, leur itinéraire antérieur ou leur situation actuelle) fait ainsi l’objet d’une position plutôt bienveillante, renouant du reste avec des épisodes antérieurs de l’histoire de la Montagne. Le réalisateur Martial Roche qui promenait sa caméra sur la fête reliait tout cela avec un “esprit de résistance“ que beaucoup, ici, ne renieraient pas (voir son article page 10).
Plus de 80 stands et discussions, 30 événements, 11 concerts, des ateliers, deux balades, etc. ont complété ce week-end ensoleillé. Et puis, peut-être le plus important : les rencontres. “On ne se voit qu’une fois par an, raconte cette agricultrice creusoise en retrouvant un ami : c’est pendant la fête de la Montagne !“ Enfin, n’était-ce pas la première fois qu’on pouvait rejoindre la fête de la Montagne avec un train qui débarquait ses voyageurs au cœur même de celle-ci ? Pour combien de temps encore ? Image paradoxale de l’avenir de la Montagne : une ligne SNCF en sursis qui croise un rassemblement festif renaissant chaque année. Tout un symbole !
Michel Lulek