L’association Pas à pas a un an. Elle a été créée pour que se partagent et se communiquent des savoirs populaires et parentaux, se basant sur l’idée que nous sommes tous des “sachants“ à défaut d’être tous des savants. Carole Riffaud et Virginie Larrue, deux des fondatrices de l’association, témoignent de ce projet.
IPNS : Comment est né Pas à pas ?
Au tout début, nous nous sommes retrouvées de façon informelle, à cinq femmes, pour échanger, discuter et se transmettre des savoir-faire. C’était très pratico-pratique. Nous ne nous connaissions pas toutes avant ; nous nous sommes réunies surtout pour ce désir de partager des savoirs. Comme là était bien le but de nos rencontres, nous nous appelions entre nous “des passeuses“.
Des passeuses à Pas à pas... il n’y a eu qu’un pas ?
Oui. Le passage s’est fait naturellement. Nous nous sommes aperçues que ce qui nous intéressait parlait à pas mal de gens autour de nous. Une réunion sur l’autonomie qui a eu lieu sur le plateau vers cette même période a débouché sur un autre groupe qui s’intéressait à la santé. Les questionnements étaient les mêmes. Comme nous avions envie d’élargir nos échanges, nous avons décidé de créer Pas à pas. Si, au début, les préoccupations de l’association ont beaucoup tourné autour de la naissance, nous ne souhaitions pas nous cantonner sur ce seul sujet. L’objet de l’association étant le partage des savoirs populaires et parentaux au sens large, très vite nous avons rencontré d’autres personnes, surtout par bouche à oreille. Aujourd’hui nous sommes une quarantaine à participer à la vie de Pas à pas à travers des échanges pratiques autour de l’éducation et de la santé. Un autre groupe qui se réunit depuis trois ans autour de la botanique , des plantes médicinales et de leur utilisation, avec l’herboriste Thierry Thévenin de Mérinchal, se rapproche actuellement de Pas à pas (nous sommes plusieurs à être dans les deux) et il est possible que les deux fusionnent dans l’association.
Vous avez aussi réalisé des rendez-vous plus larges...
En septembre nous avons effectivement organisé un week-end à Peyrat-le-Château sur le thème “Naître et grandir en Limousin“. C’était une assez grosse manifestation qui a réunit plus d’une centaine de participants (cf. photo). Il y avait des conférences (sur l’osthéopathie ou le langage des signes avec les nourrissons...), des ateliers (massage bébé, yoga...), un espace de documentation avec des films et des livres et des coins pour les enfants, de façon à ce que toute la famille puisse participer à ces deux jours. C’était une grosse organisation et heureusement que nous avons eu le soutien de la commune de Peyrat-le-Château qui a mis gracieusement à notre disposition des salles et des chapiteaux et que tous les intervenants sont venus bénévolement. N’ayant pu obtenir de subventions cette année, l’association s’est autofinancée pour cette manifestation.
Depuis, vous continuez avec des rencontres régulières...
Effectivement. Le dernier samedi de chaque mois nous nous retrouvons, toujours à Peyrat-le-Château, dans la salle de la Tour, autour de thèmes particuliers comme la petite pharmacie familiale, le massage, etc. Ces rencontres sont ouvertes à tous et elles sont gratuites. Chacun peut y proposer un thème.
Faîtes-vous appel à des spécialistes sur tous ces sujets ?
Le pari de Pas à pas, c’est que chacun de nous est détenteur de quelque chose. On a toutes et tous un savoir faire que nous avons acquis par l’expérience, la pratique ou des formations extérieures et que nous voulons partager avec les autres. Sur la pharmacie familiale par exemple, une femme est venue présenter les teintures mères qu’elle utilise pour des soins de base en nous expliquant comment elle les utilisait. D’autres pouvaient ensuite faire part de leurs propres expériences. Le but est que chacun devienne plus autonome, qu’il se réapproprie son corps, sa santé au sens large, qu’il n’ait pas besoin d’aller courir chez le spécialiste pour tout et n’importe quoi. L’idée est de s’autoriser à prendre pour soi des décisions sans toujours devoir faire appel à quelqu’un d’extérieur, que chacun se sente légitime dans sa pratique et dans ses choix. On parle donc de nos pratiques, on les propose aux autres qui bien sûr restent libres de s’en inspirer ou pas. Pas à pas se veut un lieu de formation les uns par les autres. Nous ne nous interdirons pas de faire cependant appel à des personnes plus spécialisées que nous ferions venir en Limousin, en organisant des formations spécifiques par exemple.
Avez-vous d’autres projets ?
Nous voulons créer un fond documentaire de livres, de films ou de revues que nous pourrions présenter de manière itinérante dans différents lieux sur le plateau et dans la région. Nous avons déjà un petit stock d’ouvrages que nous allons compléter et nous l’avons déjà présenté à la journée nationale de l’allaitement qui a eu lieu à Limoges. Nous travaillons aussi à un annuaire des praticiens sensibles à nos préoccupations et ouverts à une vision plus globale et moins mécaniste de la santé.
J’ai l’impression à vous entendre que Pas à pas est une association de femmes.
C’est vrai qu’il y a surtout des femmes. Il y a bien quelques hommes, mais ils sont très minoritaires. Ce n’est pas exclusif, mais c’est ainsi ! Sans doute que dans les familles, les sujets qui nous réunissent (la natalité, la petite enfance, la santé...) sont d’abord portés par les femmes.
Propos recueillis par Michel Lulek.