A propos de la rencontre régionale du Grenelle de l’environnement à Périgueux.
Si il fallait une confrontation entre les partisans d’une remise à plat de nos modes de vie et ceux dont les intérêts économiques ne souffrent pas de nouvelles contraintes, la rencontre régionale du Grenelle de l’environnement à Périgueux a joué son rôle.
Chacun des participants a réaffirmé avec plus ou moins de véhémence ses convictions sans donner l’impression de vouloir comprendre les arguments de l’autre pour aller vers des propositions constructives.
Le fait est que le problème de l’environnement dans l’agriculture ne peut se résumer en quelques solutions techniques. Le monde agricole agit sur la nature ou se développe en synergie avec elle selon qu’il se donne pour objectif de nourrir sainement les hommes ou de produire des matières premières au meilleur coût économique.
Lorsque l’on nous propose de labelliser les pratiques de « l’agriculture durable » sans s’être mis d’accord sur le sens de ce terme, on est dans la communication médiatique.
Lorsque l’industrie chimique parle de remplacer les molécules les plus toxiques seulement si elle trouve des produits de substitution, on refuse de sortir de cette dépendance à la chimie et ses effets destructeurs.
Lorsque les semenciers promeuvent les OGM, il résument l’agriculture à un vaste chantier d’investigation technologique, au seul profit de leurs entreprises.
Répondre au défi énergétique par la production industrielle d’agro carburants par les mêmes méthodes sur-intensives, ne va pas dans le sens de l’autonomie, détourne la terre de sa fonction nourricière et renouvelle un nouveau pillage des pays pauvres.
On aurait pu espérer que le Grenelle soit consensuel sur le fait que c’est bien notre mode de développement gargantuesque qui est la cause de la destruction de la planète.
Ce sont des solutions collectives qui doivent s’opposer à l’appétit individualiste de notre société libérale. La réorientation des fonctions de l’agriculture avec la priorité à l’alimentation des populations de proximité pourrait être un préalable au contrôle citoyen de ses pratiques.
Fabrice Lacroix
agriculteur à Ste Anne St Priest, membre de la Confédération Paysanne