"La forêt est l'une des composantes importantes du paysage remarquable de la campagne limousine, fait de collines, de vallées, de rivières, de prairies, de bocage et précisément de bois et forêts aux caractéristiques très variées".
Ainsi commence un très intéressant ouvrage, de 170 pages, conduit conjointement par les organismes forestiers du Limousin et réalisé par la cellule forêt paysage de l'Office National des Forêts.
C'est un document passionnant et remarquablement rédigé, permettant une information claire sur l'approche globale des paysages, les critères d'appréciation des paysages forestiers, la sensibilité paysagère et les enjeux paysagers liés à la forêt.
Au delà de la "démarche qualité" entreprise dans l'éco-certification de la gestion forestière limousine, il s'agit là d'une "démarche qualité" environnementale, pédagogique et de conseils judicieux pour prendre en compte les dimensions paysagères dans l'aménagement et la gestion des espaces forestiers. Les illustrations, schémas, photos, scénarios sont nombreux, pertinents et donnent au lecteur à la fois une compréhension des concepts restant encore souvent mystérieux pour beaucoup et une multitude d'exemples, de conseils qui peuvent pratiquement être mis en œuvre.
Bravo donc… Mais justement, en reprenant la première phrase citée, l'ouvrage reste en forêt ou sur ses bordures alors que le Limousin est riche de "ses collines, ses vallées, ses rivières, ses prairies, son bocage"… auxquels il faudrait ajouter ses villages, son habitat rural, etc., pour ne rester qu'en zone de campagne. Seules les pp 87-94 et 95-100 exploitent les relations et liaisons entre les bois forêts et ce qui les entoure : les espaces plus ouverts, les contacts avec les zones habitées, les couloirs visuels, les sommets, hauteurs, versants et vallées.
Et là, on reste sur des interrogations. Car si l'ensemble des acteurs, en particulier les agriculteurs éleveurs, n'est plus aussi présent dans le futur, les précieux aménagements paysagers justement conseillés par l'ouvrage ne risquent ils pas de disparaître dans la confusion boisée que la dynamique écologique des accrus naturels fait chaque année progresser ? (cf. par exemple les excellents scénarios des pp 156 à 159 qui illustrent les futurs possibles des paysages en 20 ans).
Aussi, il faut saluer cet ouvrage exemplaire et espérer rapidement de mêmes documents sur les landes, les prairies et les autres richesses du patrimoine qui ont déjà été explorés régulièrement pour leur paysage !
Voilà de bons sujets pour le PNR, associant les compétences et les acquis des équipes qui ont travaillé sur la forêt et le paysage, à celles préoccupées par le paysage, l'homme et le devenir du plateau de Millevaches.
Jean Pierre Cazaux