L’association Bâti et Savoir-faire en Limousin a choisi de centrer son programme scientifique sur les matériaux naturels dans le bâtiment. C’est dans cet esprit qu’une semaine de la pierre sèche a été organisée à Felletin début mai 2010.
Avec une journée de séminaire, cette manifestation a tout d’abord permis d’exposer les recherches des quinze dernières années pour le développement de la filière, la reconnaissance du savoir-faire, jusqu’à la mise en place en ce début d’année d’un certificat de qualification professionnelle.
Si aujourd’hui les qualités hydrauliques, écologiques, de valeurs esthétiques et paysagères... des ouvrages en pierre sèche ne sont plus à démontrer, cette technique connaît encore ses détracteurs, qui par méconnaissance mettent en doute leur résistance, et avancent le poids financier de tels ouvrages comme un frein.
En ce qui concerne la résistance, l’argument est difficilement recevable. L’existence de ces ouvrages séculaires en est l’évidence même. Mais pour ceux qui auraient encore quelques doutes des recherches scientifiques ont été menées par le laboratoire Département Génie Civil et Bâtiment de l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat dans le cadre de REPPIS (programme européen) en collaboration avec les Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche (ABPS), la Confrérie des Bâtisseurs en Pierre Sèche, les Muraillers de Provence, les chercheurs de l’ENTPE, et la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Vaucluse. Ces recherches ont permis de valider une description illustrée du savoir-faire, une démarche type de chantier et des abaques de calcul de dimensionnement des ouvrages pour répondre aux exigences de responsabilité professionnelles. L’ouvrage qui en résulte est disponible auprès de l’association.
En ce qui concerne le coût, une étude comparative entre trois technologies permettant de soutenir des terrains a été menée sur la base d’une évaluation financière et d’une évaluation environnementale. Les trois technologies sont le béton, la pierre sèche et les gabions. Cette étude menée par l’école centrale de Lyon met en évidence l’avantage financier que représente la technologie pierre par rapport à la technologie béton pour des murs de hauteur faible à élevée. D’après l’évolution des courbes, la technologie béton ne sera plus économique que pour les murs de hauteur supérieure à 6m.
Concernant le volet environnemental, la technologie pierre a très nettement l’avantage sur la technologie béton avec un rapport de 1 à 10 pour un mur de hauteur 1m, 1 à 2 pour un mur de hauteur 3m.
La semaine de la pierre sèche s’est poursuivie par des stages de formation encadrés par les Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche. Le premier destiné aux professionnels a rassemblé neuf stagiaires : salariés du BTP, formateur, auto-entrepreneurs, agent technique… Il s’est déroulé sur quatre jours, sur la commune de Felletin, durant lesquels les stagiaires ont rapidement progressés. Leur travail est visible route d’Aubusson. Le second destiné à un public plus large consistait en une journée d’initiation.
Par ailleurs une exposition, permettant de comprendre et appréhender la maçonnerie de murs en pierre sèche, d’identifier les différents types de murs et de découvrir leur mise en oeuvre, est aujourd’hui mise à la disposition des associations, collectivités, écoles... Enfin, un DVD a été édité. Intégrer une approche développement durable pour le Limousin au travers de la réappropriation d’un savoir-faire ancestral, et de l’utilisation de nos ressources locales, tel est l’enjeu de l’association et de ce type de manifestation.
Bâti et Savoir-faire en Limousin
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