Entre le séjour à la semaine, avec les gîtes communaux, et la résidence permanente, avec cinq maisons louées, il manquait encore un mode de logement sur la commune. Nous avons désormais des « logements intergénérationnels d’hébergement temporaire à vocation multiple ». Derrière cette clinquante appellation se cachent trois appartements qui doivent permettre d’héberger facilement de nombreuses personnes de passage pour une durée plus ou moins longue.
Ce projet a été lancé dans la foulée des assemblées des habitants consacrées à la reprise de l’Auberge de la Cascade. Il a toujours été un peu périlleux de penser la réhabilitation du rez-de-chaussée pour le bar-restaurant séparément de celle du premier étage avec ses neuf chambres d’hôtel fermées depuis de très nombreuses années. Mais rapidement, l’idée de proposer de nouveaux logements s’est imposée à tous. Accompagnée par l’Arban, la commune a opté pour l’aménagement de deux studios et d’un deux-pièces avec kitchenette et salle d’eau, mais aussi d’un espace commun.
Le côté « temporaire » de l’hébergement a été davantage discuté. Cependant, il permet de répondre à des besoins très variés. Une personne âgée qui vit seule l’hiver dans un hameau envisage d’y passer la mauvaise saison. Les stagiaires des multiples associations y trouvent un pied-à-terre. Les nouveaux arrivants y prennent le temps d’atterrir pour chercher une grange à retaper… Voilà pour la « vocation multiple », liste évidemment non exhaustive. La location est donc possible de quinze jours à quelques mois. Le tout donne l’aspect « intergénérationnel » du projet et pour assurer l’accessibilité de ces logements au plus grand nombre, un monte-escalier a également été installé.
L’idée est aussi de créer un lieu où, tout en préservant l’intimité et l’autonomie de chacun, les personnes hébergées peuvent se retrouver dans un espace collectif. Cet espace commun à l’étage permet aux locataires de recevoir de la famille ou des amis de passage sans être à l’étroit dans leur logement. Au rez-de-chaussée, l’auberge permet de nombreuses rencontres. Plus haut dans le bourg, la mairie est aussi un lieu plein de vie, entre le secrétariat et les bureaux loués à des « travailleurs à distance ».
Le projet a connu de nombreux rebondissements au point qu’il a été envisagé de l’abandonner. L’aménagement des appartements avait été budgété à 112 000 euros par l’architecte missionnée par L’Arban. Cependant, le projet ne rentrait pas forcément dans les cases des financeurs et nous avons essuyé plusieurs refus de subvention, notamment de financement public, et notamment du fameux Plan Particulier pour la Creuse du Gouvernement... Après plusieurs mois de démarches, seule la Fondation AG2R La Mondiale s’était engagée à nous soutenir à hauteur de 20 000 euros. Cela impliquait donc un autofinancement d’un peu plus de 90 000 euros.
Suite à une nouvelle assemblée des habitants, il a été décidé de poursuivre le projet même si les financements ne suivaient pas. Dans les mois suivants, nous avons obtenu un accord de la MSA Limousin (1 500 euros par logement), puis nous avons répondu à un appel à projet de la Région Nouvelle Aquitaine qui a retenu le dossier et nous a accordé 40 000 euros.
Les travaux ont commencé et les mauvaises surprises sont arrivées. Entre des entraits inexistants à remplacer, des solivages trop faibles, et quelques oublis, la note finale du projet a grimpé pour atteindre 179 402 euros TTC, ameublement compris. Heureusement, en cours de chantier, nous avons obtenu un financement supplémentaire de 54 721 euros, dans le cadre de la DETR (Dotation à l’équipement des territoires ruraux, dispositif de la préfecture de Creuse). Au final, la réalisation de ces trois logements aura couté 63 181 euros d’autofinancement à la commune. Et surtout cela aura permis de continuer la politique d’accueil de Saint Martin-Château !
Prochaine étape : la réhabilition de la « maison Forest » sur la place du bourg. Après discussions en assemblée des habitants, la commune a acheté cette maison abandonnée. Les projets foisonnent pour lui trouver à elle aussi une nouvelle « vocation multiple ».
Nicolas Derieux
Le collectif d’habitant.e.s « Les Tisserands », installé sur la commune de Saint Moreil, et que nous avons présenté dans le n° 72 d’IPNS, lance une cagnotte pour réaliser un « tiers lieu nourricier ». « Le tiers lieu nourricier émerge actuellement comme nouveau modèle de tiers lieu dans lequel l’entraide paysanne remplace le coworking. Cela nous semble une réponse précieuse pour faire face aux enjeux actuels posés au monde agricole, aux habitant.e.s de petites communes rurales et au vivant plus généralement : changement climatique, appauvrissement des sols, raréfaction de l’eau, pressions économiques, difficultés d’accès à la terre... » Le projet se déploie dans plusieurs directions : production collective de patates pour une dizaine de familles ; mise en place d’un drive fermier ; acquisition de 12 hectares de forêt pour une gestion sylvicole douce, de préservation, nourricière (bois de chauffage, bois d’œuvre, agroforesterie) et pédagogique pour une meilleure connaissance de ce milieu naturel ; location de terres agricoles (20 hectares) pour de multiples projets portés par des jeunes et moins jeunes qui cherchent de la terre pour s’expérimenter et produire avec le soutien d’un collectif : cultures de plein champs, petit élevage, foins et agro-foresterie... ; expérimentation d’une production maraîchère en collectif et acquisition de 2 maisons dans le bourg de Saint-Moreil pour répondre à un fort besoin de logements de personnes nouvelles sur le territoire qui souhaitent rejoindre la dynamique locale.
Objectif de l’appel à dons lancé cet été : réunir 40 000 € d’ici le 30 novembre 2011.
Pour en savoir plus ou soutenir le projet : https://www.helloasso.com/associations/les-tisserand-es/collectes/comme-une-paquerette-tiers-lieu-nourricier-a-saint-moreil
En 2020 l’opportunité d’achat d’une maison du XVIIIe siècle (et de son grand jardin) mobilise un groupe d’habitants.es de Felletin déjà engagé dans l’accueil de nouveaux habitants. Le projet est de rénover cette vieille maison située 19 rue Chanteloube (d’où le nom donné à l’association porteuse du projet : Detzenou, soit 19 en occitan) pour en faire 5 logements confortables, en plein centre de la petite ville creusoise. Ces logements (du F1 au F3) seront à destination de nouveaux arrivants, jeunes, précaires, réfugiés, sans attache sur le territoire, sans droit au RSA ou sans droit tout court. Arriver dans ces conditions sur un territoire rural, où les logements disponibles sont rares, souvent indignes (les coulées d’humidité ne sont pas rares) et toujours trop coûteux en charges de chauffage, renforce en effet leurs difficultés.
Outre l’accès au logement, l’association souhaite également favoriser leur installation sur le territoire, qu’elle soit de courte durée ou plus longue. C’est pourquoi elle prévoit des accompagnements individuel et collectif via la vie de la maison, visant à faire du lien entre les résident.es et les habitant.es et acteurs du territoire. Ces réseaux locaux d’habitant.es et de partenaires seront mobilisés aussi bien pour trouver du travail, se faire des ami.es, faire la fête, être aidé sur des questions administratives, se déplacer, etc.
La priorité est de transformer cette maison insalubre en une maison très bien isolée thermiquement, résiliente et respecteuse de la santé de ses résident.es. Un appel à dons a été lancé pour acheter le matériel nécessaire et des chantiers participatifs et bénévoles ont déjà permis de démolir ce qui devait l’être et de préparer la suite des travaux.
Pour en savoir plus ou soutenir le projet : https://detzenou.wordpress.com