Trois associations, Les Michelines, Radio Vassivière et Quartier Rouge se sont réunies autour du projet de transformation de la gare de Felletin et lancent un appel à dons. La Gare en Commun veut faire revivre le site de la gare de Felletin en Creuse et le transformer en un lieu de vie, d’expérimentations et d’activités ancré sur le territoire. À trois associations locales, nous imaginons la gare comme un nouvel espace public, au sens d’espace de circulation, de diversité, d’échange.
La gare accueillera des bureaux associatifs, un espace de travail partagé, un studio radiophonique, une cuisine participative, un jardin, un espace convivial où l’on pourra se poser, boire un café, voir une exposition, participer à un atelier ou à une formation…
Aujourd’hui nous lançons une campagne d’appel à dons pour que chacune et chacun puisse soutenir et participer à cette aventure. Nous nous donnons pour objectif de collecter 25 000 € d’ici fin septembre 2020. Nous le faisons par nécessité — celle de finaliser le budget des travaux des 320 m² de bâtiment — mais aussi avec l’intention que ce lieu se construise avec le maximum de personnes. Nous aider à la réalisation de ce projet, c’est signifier un soutien, financier autant que moral, et être solidaire de la dynamique qui le porte. C’est nous aider à faire exister un espace de proximité, d’hospitalité, de partage, d’apprentissage, de réflexion et de création en commun. Un nouveau lieu d’innovation, de création et d’invention sur le plateau de Millevaches.
Si ce projet vous parle, vous inspire, vous enthousiasme et que vous souhaitez le voir exister, vous pouvez faire un don sur la plateforme de dons en ligne HelloAsso : https://frama.link/J0xmjxdj
Toute participation nous aide et peut être déduite des impôts. En contrepartie nous vous adressons un grand merci et vous attendons pour l’ouverture du lieu à l’horizon été 2021 !
Fin novembre 2022, Alain Rousset, président de la région Nouvelle Aquitaine a communiqué, lors d’une rencontre avec le CESER (Conseil économique, social et environnemental régional), la décision d’abandonner le projet d’autoroute Limoges-Poitiers.
Ce projet, soutenu par la Chambre de commerce et d’industrie et les collectivités de Haute-Vienne, avait reçu en mars 2022, un avis défavorable du conseil départemental de la Vienne, et suscité l’opposition d’un certain nombre d’associations qui dénonçait un projet inutile et coûteux.
Elles défendaient la solution d’un aménagement en deux fois deux voies sur une partie du trajet pour des raisons à la fois environnementales et économiques, en refusant de créer un nouveau tronçon payant et concédé à une société d’autoroute.
Après notre jeûne public devant la gare désaffectée de Coussac-Bonneval des 17, 18 et 19 mai 2019 et la marche symbolique du 18 mai 2019 du château de Bonneval à celui de Chauffaille, après une copieuse campagne d’affichage lors des élections européennes (il était si tentant de recouvrir tous ces panneaux électoraux vierges !), nous avons fait, aux cent trente-deux conseillères et conseillers municipaux des communes de la communauté du pays de Saint-Yrieix, un envoi postal constitué du texte paru dans IPNS de juin et du CD enregistré par une vingtaine de chanteurs et musiciens traditionnels reprenant, avec son affiche, la chanson de Chauffaille de 1974, composée lors de la vente du domaine par la SAFER à l’armée, et sa nouvelle mouture adaptée à l’actuelle situation. Cet envoi était accompagné de la lettre suivante :
Jan dau MelhauRoyer87380 Meuzac
Bonjour
Avant la grand-messe du 22 septembre 2019 à Chauffaille officiée par le père Hodiamont, il serait bon que vous lisiez et écoutiez le contenu de cette enveloppe assez édifiant sur ce qu’on s’apprête à faire en votre nom et à ce qu’on dit avec votre bénédiction.
Nous ne pouvons croire que les cent trente-deux conseillères et conseillers municipaux des neuf communes de la communauté de Saint-Yrieix soient dans une si belle unanimité favorables à un projet aussi ridicule, inutile, destructeur.
En fait nul ne semble au courant de rien, nul ne semble souhaiter l’être. Il serait bien temps de se poser des questions et d’en poser aux quelques personnes qui décident au nom de tous.
Grande est la responsabilité des élus, ceux qui font et ceux qui laissent faire. Que chacun en prenne la mesure, il en sera comptable de toute façon.
Avec mon meilleur salut.
PS : Je parle ici en mon seul nom, mais une association d’opposition au projet, “Chauffaille autrement“ a été créée. Bientôt sur son site internet, on trouvera réponse à toutes les questions, de quelque nature qu’elles soient, qu’on peut se poser.
À la grand-messe du 22 septembre 2019 annoncée pour 10 heures dont parle la lettre, nous convions tous les opposants à venir communier à leur manière. Musicale, elle serait particulièrement bienvenue, le sieur Hodiamont ayant traité les opposants à son projet de mélophobes. Gageons qu’il aura ce jour-là un solide comité d’accueil. Quant au site internet annoncé en post scriptum, il est constitué et consultable. Le dossier qui y est présenté est complet et accablant.
Par ailleurs, l’association “Chauffaille autrement - Chaufalha autrament“ a publié un tract reprenant les principaux arguments contre le projet - projet peu crédible, retombées économiques incertaines, coût pour le contribuable, atteinte écologique et patrimoniale majeure, opacité totale (voir IPNS n°67) - qui a également été envoyé à tous les élus concernés.
Tentons une traduction, grâce au dictionnaire www.definitions-marketing.com, « l’encyclopédie illustrée du marketing », en ligne et gratuit.
« Le repositionnement de marque se traduit souvent par une évolution vers le haut de gamme ou par un changement ou un élargissement de la cible visée ». Rappelons que les élus et les directions du Lac de Vassivière ont déjà plusieurs fois repositionné Vassivière : tourisme social à l’origine, tourisme « vert », « tourisme nature », « tourisme de sports mécaniques », « tourisme culturel », tourisme de « sports de pleine nature », tourisme « balnéaire »… Un nouvel épisode du développement de la marque Vassivière nous attend donc.
« Désigne les actions marketing entreprises pour faire perdre à un produit son caractère saisonnier. Il peut par exemple s’agir d’essayer d’imposer toute l’année un produit considéré à l’origine comme un produit de fête de fin d’année. Les professionnels du secteur ont par exemple réalisé un gros travail de désaisonnalisation sur le saumon fumé » (sic). Désaisonnaliser Vassivière reviendrait donc à réussir à attirer des touristes avant le mois de juin et après le mois de septembre, ce qui implique a priori de nouveaux équipements.
« La montée en gamme est une pratique d’extension de gamme ou de repositionnement de la marque vers le haut de gamme ». L’ajout de l’adjectif raisonné va avec le vœu de conserver « une vocation de tourisme accessible », c’est-à-dire un tourisme qu’un maximum de personnes est en mesure de se payer. Tout cela pour dire que le Syndicat mixte va financer des projets qui doivent attirer des touristes plus fortunés qu’actuellement, mais pas trop fortunés quand même car plus les gens sont riches, moins ils sont nombreux.
C’est la nouvelle tendance du tourisme d’après tous les opérateurs touristiques. Côté nature, ça fonctionne puisque ce lac de barrage, avec vue sur quelques coupes rases, réussit à incarner une nature préservée. Côté bien-être, il faudrait ajouter des spas (bains à remous), des massages, du yoga, de la marche, des repas légers… Le bien-être pour les opérateurs touristiques, c’est prendre soin de sa personne et de sa santé. Ce type de tourisme est en plein essor et « les adeptes du tourisme de bien-être sont relativement aisés et d’âge mûr » constate le groupe Accor sur son site internet.
Cette proclamation est illustrée par une enquête d’une quarantaine de questions intitulée « Stratégie d’accueil des plans plages de la destination Le Lac de Vassivière ». Quel âge avez-vous ? Avez-vous des enfants ? Quel âge ont vos enfants ? Avez-vous votre résidence principale à Vassivière ? Comment avez-vous connu la destination Vassivière ? A quelle heure allez-vous à la plage ? Combien de temps ?
...Autant de questions qui constituent une enquête de consommation mais qui permettent difficilement de donner un avis sur un projet.
Pourtant, la touristification de Vassivière pourrait être un beau sujet de discussion. Même si c’est loin du Lubéron ou de Belle-Île, la concurrence entre les logements à l’année et les logements touristiques saisonniers se fait sentir. On compte par exemple actuellement 240 logements dont 170 maisons disponibles à la location saisonnière sur airbnb.fr dans le secteur de Vassivière. Pour la location à l’année, il y a seulement 3 maisons proposées sur le même secteur sur leboncoin.fr. Ne faudrait-il donc pas entreprendre une action marketing pour désaisonnaliser les logements à Vassivière ?
Comme tout fonds de dotation, La Solidaire sert à collecter puis redistribuer de l'argent au profit de projets, de personnes morales ou physiques. Il est habilité à recevoir, entre autres, des dons défiscalisés, c’est-à-dire que si les donateurs sont assujettis à l’impôt sur le revenu, ils peuvent déduire 66 % du montant de leurs dons de celui de leur impôt. Si cette redistribution est très encadrée par la loi, la Solidaire a pu néanmoins soutenir en dix ans, plus de quarante projets locaux dans le périmètre du Parc naturel régional de Millevaches.Cette redistribution par la Solidaire est possible grâce aux dons de quelques entreprises et de nombreux habitants, soucieuses et soucieux de contribuer au développement humain de notre territoire et de soutenir les initiatives qui leur paraissent les plus à même de le favoriser.Sa gestion est assurée par une équipe entièrement bénévole, regroupée sous forme associative.
La Solidaire agit localement. À titre d'exemple, parmi les projets soutenus :
Le vendredi 2 février 2006 s’est déroulé à Eymoutiers une importante rencontre autour du thème Entreprendre autrement en milieu rural ou quand la société civile porte des projets. Organisée par le réseau d’acteurs de la Montagne limousine et ses partenaires du programme européen EDORA (Dispositif ouvert de ressources et d’accompagnement de projets d’activités en milieu rural), cette journée a réuni environ 150 personnes venant d’horizons assez divers mais intervenant tous plus ou moins dans l’accueil.
Parmi les expériences présentées, beaucoup s’inscrivaient dans des démarches collectives, où des individus se réunissent dans un projet commun et le plus souvent dans une dynamique coopérative : faire ensemble pour qu’individuellement chacun puisse mieux s’en sortir et dans un cadre d’échanges et de mutualisations des outils mis en place.
Nous présentons ici deux initiatives qui témoignent de cette façon d’entreprendre : La SCI Chemin faisant... et la Coopérative d’entrepreneurs salariés CESAM-Oxalis à Eymoutiers. Une autre initiative, nationale celle-là, Terre de Liens, propose un nouveau mode d’acquisition du foncier pour l’installation de projets agricoles, en cherchant une alternative à la propriété individuelle qui oblige à l’endettement chaque nouvelle génération qui s’installe.
Une autre initiative, Terrains de vie, recherche de son côté des terrains pour installer des habitats éphémères ou mobiles.
Pour terminer ce dossier nous avons donné la parole à Jean Pierre Laigneau qui, prenant sa retraite, a cherché à transmettre son activité à de nouveaux installés sur le territoire : quand une cession individuelle rejoint une démarche plus collective.
Association nationale créée en 2003, Terre de Liens est issue d’un travail mené par un ensemble d’acteurs du milieu rural qui s’est penché sur la problématique foncière. Constatant que le foncier est un véritable frein aux installations agricoles et agri-rurales, ce groupe de travail a analysé différents outils juridiques possibles pour acquérir collectivement du foncier, dans un but de solidarité envers les producteurs. Terre de Liens a été constituée pour répondre aux besoins d’accompagnement dans la création et la gestion de ces structures collectives et pour apporter des solutions financières alternatives à l’endettement.
Terre de Liens accompagne et conseille les démarches collectives d’acquisition de foncier (société civile immobilière, groupement foncier agricole, association) dans leur structuration méthodologique, financière et juridique.
L’association présente en Rhône-Alpes, Ile-de- France, Picardie, Bretagne, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, intervient aussi en tant qu’animateur sur la question de l’accès au foncier (recensement des démarches collectives, mise en réseau, mobilisation de partenaires, formation et information).
L’association vient de créer la Foncière Terre de Liens, société d’investissement solidaire. Cet outil, à l’usage de toutes personnes souhaitant faire sortir le patrimoine foncier rural des mécanismes spéculatifs du marché, permet de collecter de l’épargne destinée à soutenir des projets d’installation. Ce soutien se traduit par l’acquisition de terres et de bâtiments dont elle conserve la gestion à long terme.
La Fondation Terre de Liens, en cours de création, permettra de recueillir des dons de biens immobiliers, de valeurs mobilières et d’argent. Cette structure aura pour but de maintenir sur le long terme des fermes et de permettre ainsi à des projets de territoires de s’exprimer. Les dons en espèces permettront, via la Foncière, d’acquérir de nouveaux biens et de prendre part au capital de structures collectives locales.
Ces outils d’envergure nationale sont une réponse aux difficultés de financement que rencontrent les porteurs de projet.
Leur objectif est de sortir du marché spéculatif des fermes et des terres qui deviendront le support de projets respectant les valeurs de Terre de Liens.
Pour fixer le cadre éthique et politique de son intervention, Terre de Liens s’est dotée d’une charte qui pose des principes concernant l’usage du foncier et les projets d’installation à soutenir (agriculture durable, activités culturelles, artisanales, etc), le lien et la solidarité entre acteurs et la gestion collective du territoire.
Il est ainsi possible de prendre part à des projets dynamisant les territoires et favorisant les liens de solidarité pour que la terre ne soit plus un frein à l’installation et pour que l’avenir d’une agriculture vivante, respectueuse de l’Homme et de la Terre, ne soit pas compromis.
J’étais voici peu en visite dans le Nord de la Haute-Vienne sur sollicitation d’une jeune journaliste du Point qui cherchait à recueillir des témoignages sur l’Hyperloop, avis divers et contradictoires sur la question, suggestions, intérêts, inconvénients et perspectives sur ce projet de train à hyper grande vitesse.
Transpod, l’entreprise canadienne porteuse du projet, avait besoin d’un emplacement plat de trois kilomètres de long sur 30 mètres de large. Une ancienne voie de chemin de fer désaffectée de la commune de Droux dans le nord de la Haute-Vienne semblait remplir ces conditions. Le projet d’Hyperloop avait été lancé en 2013 par le milliardaire Elon Musk, déjà à l’origine des voitures électriques Tesla (dont on connaît la situation financière actuelle au bord du dépôt de bilan...) et du lanceur de satellites SpaceX. Ce suppositoire “spatial“ censé désenclaver nos territoires est une sorte de train circulant à près de 1 000 km à l’heure dans un tunnel sous vide. La société Transpod a déposé le 10 août 2018 le permis de construire pour une piste d’essai d’environ 3000 m dans le prolongement d’un centre de recherche sur l’hyperloop à Droux (87). Depuis plusieurs mois, le projet alimente les fantasmes : alors, transport du futur ou entourloupe ?
Lorsque l’on pose la question “poil à gratter“ du financement, Vincent Léonie, président de l’association Hyperloop, nous répond tout de go : “On est sur un terrain qui appartient au département, il est beaucoup plus facile de discuter avec un seul interlocuteur.“ Ça évite surtout de ne pas entamer de concertation avec les éventuels opposants qui pourraient lui rétorquer que ce qui appartient au département relève du domaine public ! Sur place, nous avons fait le tour de la commune, rendu visite à madame le maire qui nous a très cordialement reçus puis accompagnés sur les lieux où sera implanté le futur centre d’essais, près de l’ancienne (et magnifique) gare de Droux (au lieu dit La Brousse). La portion de ligne où va être implanté ce centre d’essais, ainsi que les 3000 m nécessaires à l’implantation du tube (à l’échelle 1/2) se situent sur une portion de l’ancienne voie ferrée fermée en 1973 qui reliait la ligne qui desservait Bessines (ex. Cogéma/Aréva) puis Chateauponsac jusqu’au Dorat (portion fermée en 2006). Là, elle rejoignait l’actuelle ligne TER Limoges-Poitiers. Une autre portion, qui partait également du Dorat vers Magnac-Laval, a été fermée en 1994. Concernant ce projet, si le permis de construire a bien été déposé voici plus d’un an, pour l’instant les travaux n’ont pas encore démarré.
Si je me suis intéressé à ce projet dès les premières rumeurs qui ont circulé, c’est principalement pour avoir été un fervent opposant à la ligne à grande vitesse (LGV) Limoges-Poitiers. Ce dernier projet, autant disproportionné que discutable, a fini par voler en éclat devant le Conseil d’État grâce à l’opiniâtreté des opposants, leur argumentation, mais surtout grâce à l’existence d’un contre-projet portant sur l’amélioration, la mise à niveau et la montée en performance du POLLT (la ligne Paris-Orléans-Limoges-La Souterraine-Toulouse), l’axe historique d’intérêt national. Si nous avons conscience que beaucoup reste à faire, nous avons l’ultime conviction que “la technique comme l’intelligence artificielle ne sauveront pas le monde“. Comment peut-on honnêtement envisager un tel projet lorsque l’on se remémore qu’une ligne à grande vitesse (à voie unique !) censé mettre Limoges à 2 heures de la capitale (via Poitiers), pour un coût avoisinant les 2,7 Milliards d’ € n’a pas été jugé économiquement viable. La comparaison des avantages/coûts n’a pas été jugée favorable par rapport au coût/bénéfices ou avancées potentielles techniquement envisageables ! La déclaration d’utilité publique a bien été rejetée par le Conseil d’État, non pas sur des critères uniquement environnementaux (et pourtant il y en avait), mais bien sur l’insuffisance économique de la LGV en comparaison du projet POLLT amélioré. Comment, dans ce cas, les porteurs du projet Hyperloop peuvent-ils justifier et croire à un progrès en terme de fréquence de déplacement prévisionnel de 10 navettes de 100 voyageurs chacune, par heure, là où une rame de TGV-duplex de 2 éléments emporte 20 fois plus de voyageurs avec un coût énergétique d’exploitation bien moindre ? Rien que sur cet aspect, Hyperloop ne tient pas “le rail“ ! Nous ne prenons même pas en compte toutes les contraintes financières de construction (30 Milliards d’€ pour la seule infrastructure), d’entretien et de coût de circulation (vide d’air, sustentation, inscription en courbe, freinage, évacuation des passagers, etc.) ni la sécurité des voyageurs. Cette technologie nous conduit inexorablement vers une impasse technique où beaucoup d’autres se sont cassés les dents !
Que l’on fasse un centre d’essai dans une bourgade de campagne peut faire rêver ou fantasmer bien des personnes, y compris des politiques, mais il me semble que de nos jours il y a bien d’autres priorités pour rendre la vie de nos concitoyens plus agréable, plus accessible, pour redonner corps et vie à des villages qui se délitent ou disparaissent. Il est vrai que s’il n’y a plus de boulot dans la région, on pourra plus rapidement aller bosser à Lille ou Strasbourg, s’il n’y a plus d’hôpitaux on pourra aller se faire soigner à Rennes ou à Marseille, étudier et se rendre à la fac à Toulouse, Metz ou Nancy, consulter un ophtalmo à Bordeaux ou Montpellier, se faire soigner les dents à Tours ou Orléans. L’essentiel étant, bien entendu, de pouvoir encore prendre quelques gardons ou truites sur la Gartempe sur notre temps libre car à la vitesse où vont évoluer les choses, nous restera-t-il encore du temps ? Limoges-Paris en 2h30 par le POLLT ce ne serait déjà pas si mal non ?
À Droux, nous avons cherché à rencontrer des habitants pour avoir leurs avis et sentiments sur l’affaire, mais la plupart ont décliné l’invitation. Une question revient souvent : pourquoi le choix de Droux situé “au cul du loup“ ? Nous l’avons déjà expliqué en partie : la plateforme de l’ancienne voie ferrée concernée appartient au conseil départemental. Une seconde potentialité apparaît : il se trouve qu’un certain François-Xavier Lauch, jeune énarque de 38 ans dont les parents sont originaires des Vareilles, commune de Droux, se trouve être le chef de cabinet d’Emmanuel Macron ! Ne cherchez aucun lien de cause à effet. La suite au prochain numéro (avec l’article du Point) en espérant que la jeune journaliste n’aura pas interprété ou déformé mes propos... À bientôt sur nos lignes !
Que dire du projet Mélofolia que nous aimons mieux appeler Zizic’land ? Mélimélofolia ou Mégafolia ne seraient pas mal non plus. Il est bien évident que le sieur Hodiamont (sa société Dreamgest) n’a toujours pas l’argent nécessaire pour mener à bien son projet de parc d’attraction sur le site de Chauffaille. Et la vente du domaine n’est toujours pas effective, ce qui en est la meilleure preuve. On en est toujours à la promesse de vente qui, arrivant à échéance début avril, a été prorogée jusqu’à la fin décembre 2020. Un an et demi de rab ! Cadeau… empoisonné ? On refile l’affaire aux prochaines équipes municipales issues du scrutin du printemps prochain. Rappelons que les clauses suspensives de la promesse de vente, moult fois réaffirmées pour montrer au bon peuple qu’on est sérieux, sont gardées secrètes ; on nous dit que c’est légal, nous trouvons ça curieux.
De toute façon, depuis le début, rien n’est clair dans cette affaire, elle sent l’embrouille, l’escroquerie, le fou ou le finaud d’un côté, les gogos de l’autre. Et dans les comptes rendus des réunions de la communauté de communes, lorsqu’on parle de Chauffaille (ce n’est pas si souvent), c’est toujours en quelques mots, en fin de séance. Opacité : le maître mot…
Aucun dossier, à ce jour, n’a été déposé à la DREAL, Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, ce qui, pour avoir les autorisations administratives, est obligatoire pour tout projet, fût-il bien plus modeste que celui qui nous occupe. On en est donc encore à le monter ; en haut-petit lieu on préfère dire qu’on en est à le peaufiner, l’améliorer, tout en affirmant que les demandes sont en cours. Faux !
Le site de Chauffaille a été classé ZNIEFF, zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique, sous l’intitulé “Vallée de la Boucheuse et étang de Chauffaille“, en 1998 - 177 hectares, mais le PLU (plan local d’urbanisme) de Coussac en 2016 a passé outre, prévoyant en son sein une zone à urbaniser (le fameux parc), sans que nul s’en émeuve. (Depuis, la commune s’est défaussée de ses compétences urbanistiques sur la communauté de communes.)
L’intérêt écologique n’en demeure pas moins, des naturalistes continuent à enquêter, on a trouvé beaucoup de choses fort intéressantes, des espèces rares et protégées notamment, des films ont été réalisés, tout ça sera porté à la connaissance de tous. Ceux qui visitent le domaine le trouvent magnifique, plein de charme et de possibilités, méritant bien évidemment tout autre chose que ce parc, affligeant par la forme, vide par le fond, nullissime à tous les points de vue. Et tous ceux qui vont voir le film de simulation** le prennent pour un canular ; on n’en croit pas ses yeux, on n’y croit pas ! Un parc de zozos… La chapelle de Chauffaille particulièrement, de belle venue bien que pas très ancienne, mériterait d’être classée. Les promeneurs y sont assez nombreux, des activités y ont lieu, par exemple un camp scout tous les étés. Si le parc se faisait, le site serait irrémédiablement dénaturé. Un parc d’attraction, de toute façon, est toujours hors sol, en contradiction avec l’endroit où il s’installe, faisant fi de sa mémoire, son histoire, sa cohérence naturelle et culturelle. C’est là particulièrement vrai. Le parc n’est en rien en phase avec le domaine. On peut bien nous affirmer, écobio à la boutonnière, que tout y sera “cuit-au-feu-de-bois-et-moulé-à-la-louche“, soit dit avec humour, s’il se faisait, ce parc, c’en serait fini de Chauffaille. (On laisse entendre, nouveauté, qu’à l’entrée, le plastique serait remplacé par la pierre de Saint-Yrieix et le bois de châtaignier ! Alléluia !)
Étant construit, s’il ne fonctionnait pas comme souhaité par ses promoteurs, s’il n’était pas rentable (le seul critère de réussite !), le site n’en serait pas moins détruit, perdu définitivement, sans possible reconversion quelle qu’elle soit ou tellement difficile qu’on en resterait à cette occupation de bazar désaffecté, un no man’s land, une friche touristico-machin-truc, bien vite une ruine, de celles qu’on ne visite pas, une honte, notre honte à tous, l’abomination de la désolation.
S’il fonctionnait comme souhaité, amenant des centaines de milliers de visiteurs par an, qu’est-ce que ça voudrait dire pour le bourg de Coussac et plus encore celui de Meuzac, où passerait une noria de véhicules, voitures, camping-cars, autobus, à touche touche à la belle saison, rendant insupportable la vie aux habitants. Quand on sait déjà le trafic de la D 901 et surtout de la D 39, devenant D 7bis en entrant en Haute-Vienne où elle rejoint l’autoroute A20, avec de plus en plus de camions, de plus en plus gros ! Alors, dans un second temps, et sans trop attendre (avec qui plus est de l’argent public, nous y voilà !), il faudrait bien faire des routes de contournement, à 4 voies s’il vous plaît. Est-il utile de dire les problèmes ainsi créés, les destructions, le saccage du pays ?
Nos espaces ruraux, ce fameux territoire dont on nous rebat les oreilles, la campagne tout simplement, deviendrait, qu’on s’en rende bien compte, urbanisée en diable, urbanisée à la diable ! Est-ce ce que souhaitent les gens qui y vivent ? Qui y viennent ? Qui y reviennent ? Et devons-nous parler des parkings, de la nécessaire infrastructure hôtelière, etc, etc, etc ? Il faut penser à tout cela, dont on ne parle pas !
De quoi nous parle-t-on ? D’emplois. Et qui promet des emplois, quels qu’ils soient, si minables soient-ils, est reçu comme le messie. Le sieur Hodiamont a beaucoup varié dans ses promesses depuis le début, comme il varie en tout. Et comme disait Pasqua, un maître en la matière : “Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.“ Gens de Coussac, qu’en pouvez-vous espérer ? Son équipe de sémillants et dynamiques animateurs arriverait bien sûr constituée de longue date, formée à cette occupation dérisoire. Peut-être vous permettrait-on de récurer les chiottes, de tondre les pelouses, emplois gratifiants et hautement qualifiés, oui… emplois éminemment précaires et saisonniers. Tu parles, les chiottes seraient autonettoyantes et les tondeuses iraient seules ! Et de toute façon, pour ce genre d’entretien, de maintenance, existent des sociétés privées spécialisées.
Et c’est pour ça qu’on est prêt à vendre son âme au diable, à voir détruire ce qui reste du domaine de Chauffaille (après l’armée qui, elle aussi, rappelez-vous, devait amener la prospérité dans la commune), et condamner la tranquillité des habitants ? Nuisance, nuisance, nuisance…
Oui, Chauffaille mérite mieux. Quelque chose qui reste à imaginer. À chacun d’y réfléchir. Nous, notre sensibilité nous porte vers l’agriculture paysanne et l’artisanat, mais on pourrait sur le domaine envisager un projet mixte qui ménagerait sa vocation agricole, pensée de façon alternative et pour le coup vraiment écologique. Il pourrait être pour partie un lieu d’accueil associatif, abriter quelque centre à vocation médicale (on a parlé d’un centre pour autistes), etc. Tous projets respectueux de ce qu’il est, de la nature qui vit en lui. Un lieu toujours de promenade et libre d’accès. Mais tout ça est à discuter, encore une fois soumis à la réflexion, en prenant son temps, ne comptant pas sur quelque homme providentiel amenant la solution miracle. Nous, nous souhaitons, ici comme ailleurs, le retour aux petites communautés de vie, au savoir, au savoir-faire, au savoir-vivre. Des choses raisonnables, de bon sens, d’avenir pérenne, utile, nourricier, un retour à quelque tradition seule apte à assurer quelque avenir, non l’animation de pacotille de la société de loisir qui pense pour vous, les marchands de vent. Des choses ne sollicitant pas toujours la bagnole, la bagnole, la sainte bagnole, ou, qui sait, le TGV, l’avion. Il paraîtrait que les jours du pétrole sont comptés…
Notre troupeau est constitué actuellement de quatre chevaux, d’une ânesse, et bientôt peut-être on accueillera une jument auvergnate. Nous les humaines, Montaine et Anaïs, nous nous occupons quotidiennement de nos compagnons équins, à Tarnac. Nous partageons avec des éleveurs de bovins et ovins bio une dizaine d’hectares où nous avons mis en place un système de rotation de pâturage : brebis, vaches et chevaux se relaient pour brouter dans des friches semi-naturelles, des prairies et des tourbières. Nous disposons aussi d’un parc d’hiver où les chevaux passent quatre mois de l’année au foin, et où nous espérons pouvoir construire un confortable abri dès que notre trésorerie nous le permettra. Notre association permet déjà à une dizaine de personnes d’apprendre à s’occuper des chevaux et à se déplacer avec eux. En visant l’autonomie pour celles et ceux qui le souhaitent, à plusieurs tant qu’il le faut, et toujours en étant réflexif par rapport aux transformations que les chevaux apportent dans nos manières d’envisager l’espace, le travail et le temps.
Ce collectif est né de plusieurs arrivées et rencontres sur le Plateau lors des trois dernières années, selon différentes trajectoires : Anaïs qui, après une thèse en sciences du langage, cherchait sur le Plateau de nouvelles aventures avec des chevaux ; Montaine qui, après des études d’anthropologie et des spectacles équestres en Espagne, commençait un service civique à Radio Vassivière ; et plusieurs chevaux qui ont tour à tour grimpé la Montagne limousine, venant de Brive, d’Anjou et de Bretagne. À partir de ces belles rencontres initiales une association a été créée, rejointe petit à petit par d’autres humain.e.s et équidé.e.s.
Pour avoir des chevaux en commun dans notre quotidien, l’implication de chacun.e .s est importante pour qu’un équilibre soit établi entre les chevaux, les humain.es plus ou moins habitué.e.s aux chevaux, et les multiples tâches à effectuer pour que ces alliances se passent dans de bonnes conditions pour tout le monde. Les soins quotidiens ainsi que les chantiers saisonniers sont partagés collectivement. Nous réalisons beaucoup de chantiers de réhabilitation de clôtures, même si aujourd’hui nous nous remettons en question par rapport à notre méthode de construction et réhabilitation de ces nombreuses clôtures. Nous avons aussi construit un rond de longe en réutilisant les dosses inutilisées de la scierie voisine. Et une cabane de jardin a été réaménagée pour devenir une sellerie mobile. Ce mode de fonctionnement collectif nous plaît, même si nous rencontrons parfois des défis techniques et organisationnels. Les questions de transmission de savoirs sont centrales dans notre démarche, car le fait que le projet soit collectif et partagé donne un sens singulier à ce que nous faisons. Nous continuons à apprendre tous les jours, en observant comment les chevaux peuvent faire évoluer favorablement les relations entre les paysages, les villages, et les humain.e.s.
Nous espérons commencer bientôt à travailler avec nos chevaux en traction animale : pour le maraîchage dans le grand potager commun du village, pour la culture de céréales dans des parcelles voisines, pour faire du bois... Les paysans voisins s’intéressent à notre projet comme une possibilité de s’émanciper des moteurs : non pas un retour en arrière mais plutôt une forme d’autonomie solidaire, basée sur l’alliance des savoirs actuels et anciens. On peut faire beaucoup de choses avec l’aide des chevaux : amender les parcelles, semer les céréales, labourer, écraser des fougères, livrer en porte à porte les productions du jardin ou les commandes de l’épicerie… Deux de nos chevaux sont déjà dressés à la traction. Pour l’instant nous disposons uniquement d’une bricole et d’un harnais. Nous sommes activement à la recherche d’outils de traction et de maraîchage, mais nous n’avons pas encore l’argent nécessaire pour les acheter.
Il y a quelques mois, un appel à projet pour préserver la race cheval auvergnat a été lancé par la Société Française des Chevaux de Travail. Nous espérons répondre aux conditions pré-requises pour accueillir une jument auvergnate prochainement. Accueillir une jument poulinière (et ses futurs poulains) pourrait marquer le début d’une activité économique qui permettra la survie de notre projet dans le temps. En effet, Montaine, qui effectue le stage « paysan créatif en Limousin » avec le Réseau ImpacT Limousin et l’Adear Limousin, est en train d’élaborer un projet pour s’installer en tant que paysanne(s) afin de valoriser la race du cheval auvergnat. Nous avons choisi cette race pour sa rusticité, son ancrage local et sa polyvalence : ces chevaux, bais ou bai-brun, peuvent faire de la randonnée, de longs déplacements, de la traction (petits travaux agricoles ou attelage) et ils sont très bien adaptés au climat et à l’environnement de moyenne montagne.
Dans les bourgs, nous réfléchissions aux endroits stratégiques pour aménager des espaces de pause pour nos chevaux : une barre d’attache, une barrière de sécurité si nécessaire, un abreuvoir... et on peut laisser nos chevaux se reposer, le temps pour nous d’aller boire un café, faire une course à la poste ou à l’épicerie. Nous en avons construits trois depuis un an et nous aimerions continuer à faire proliférer ces points d’attaches aménagés, pour élargir les horizons des déplacements à cheval, pour pouvoir relier des villages des trois départements en passant par les chemins. On entre dans un bourg avec un impression toute autre quand, plutôt que de sortir de sa voiture après avoir avalé dix kilomètres de bitume et presque un litre d’essence en dix minutes, on descend de cheval après plus d’une heure de chemins herbus et de sentiers. Bien-sûr l’idée n’est pas que les déplacements à cheval remplacent tous les déplacements en voiture, seulement de rendre plus facilement praticable une autre possibilité.
Jusqu’à maintenant, ce projet génère beaucoup d’enthousiasme, mais zéro argent ! Les adhérent.e.s de l’association participent à hauteur de 100 euros par an, ce qui permet d’acheter le foin pour l’hiver, mais pas d’investir dans du matériel. En attendant de trouver un équilibre économique sur le long terme, nous avons lancé un crowfunding pour pouvoir financer des outils et porte-outils pour la traction, la construction d’un abri dans le pré d’hiver pour accueillir la jument auvergnate et ses futurs poulains, l’aménagement de nouveaux points d’attache aménagés dans les bourgs, et des clôtures mobiles pour les pâturages tournants. N’hésitez pas à nous contacter ! Peut-être nous croiserons-nous bientôt sur les chemins en compagnie de nos amis à quatre jambes !
Sans vouloir faire dans le romantisme, le projet de Lachaud, c’est bien l’histoire d’un groupe de jeunes qui décide de redonner vie à un hameau. Un hameau situé au centre d’un triangle qui relie Gentioux, Royère et Faux la Montagne, là où bat le cœur du plateau. Sur les 138 hectares qui auraient pu être disséminés entre les agriculteurs voisins, trois familles, un jeune couple et deux passionnés ont bâti un projet d’éco-site en 5 dimensions : agriculture paysanne / écoconstruction / formation et pédagogie / biologie / accueil. Côté agricole, le GAEC de la Fève («Ferme expérimentale à vocation environnementale») a démarré son activité avec Julie Cuenot et Johanna Corbin, éleveuses d’un troupeau de 160 brebis limousines. Elles font de l’agneau en vente directe. Le volet scientifique, un laboratoire chargé d’étudier l’impact du changement climatique et de l’agriculture sur la biodiversité de certaines parcelles de la ferme (dont des parcelles Natura 2000) a trouvé un financement (CNRS et l’Université de St Etienne). Le volet écoconstruction a été entamé à travers la rénovation écologique de la maison de l’ancien fermier. Cette future maison collective accueillera les bureaux de l’association Le Champ des possibles, qui porte le projet global, le laboratoire d’écologie ainsi qu’une salle commune, une salle pour les enfants et une cuisine. En attendant, les bureaux sont installés dans des caravanes et une cabane. Excepté Philippe Simon, qui réside à Eymoutiers, tout le monde habite sur place : certains ont acheté une yourte, d’autres louent dans le hameau. Du coup, tous les habitants permanents de Lachaud participent au projet d’éco-site, les autres habitants étant des résidents secondaires... ravis de voir que ça bouge dans leur campagne !
Tout a commencé l’été 2005 quand Johanna, alors animatrice dans l’associatif, et Frédéric, biologiste, décident de quitter les Deux Sèvres pour une campagne moins polluée où monter un projet mêlant agriculture, écologie et milieu naturel à restaurer. Avec son Réseau d’acteurs et ses landes et tourbières, le Plateau de Millevaches a tout pour les séduire. Ils rencontrent Emilie Lordemus, coordinatrice du réseau (De Fil en réseaux), et le Conservatoire des espaces naturels (CREN), repartent avec un carnet d’adresses. “Pendant un an, je suis venue tous les deux mois pendant une dizaine de jours à chaque fois pour rencontrer les gens, être au courant des opportunités, voir si le projet pouvait se monter avec d’autres“ raconte Johanna. L’été 2006, la petite famille pose ses valises à St-Moreil, pour continuer à construire son projet in sitù. Johanna suit une formation agricole tandis que Frédéric télé-travaille. Ils entendent parler de la vente d’une grosse ferme à Lachaud. Johanna se rend à la Safer, va voir les institutions, remue les collectivités, le dossier traîne, et la ferme n’est réellement mise en vente qu’en juillet 2007. A ce moment-là, nos porteurs de projets organisent une réunion pour rassembler les personnes intéressées pour créer ensemble sur ce site prometteur. Il en ressort un ambitieux projet d’éco-site, valorisant les compétences de chacun (écoconstruction, artisanat, écologie scientifique, agriculture...) et rassemblant leurs aspirations à vivre autrement, faire ensemble et accueillir, transmettre, échanger.
En septembre 2007, une rencontre est organisée entre le groupe constitué et la région, la communauté de communes du plateau de Gentioux, le PNR, le CREN et la mairie de Gentioux pour trouver des partenariats et des financements. Il est décidé que la communauté de communes achète le site (275 000 €) et le loue au GAEC. Grâce à une subvention de 120 000 € du PNR, la communauté de communes leur apporte également une aide pour la rénovation écologique du bâti (maison commune + bâtiments agricoles). En avril 2008, le collectif s’installe sur les lieux. Commence alors la restauration du lieu, le démarrage de l’activité agricole, la mise en place du laboratoire et la réalisation d’une étude prévisionnelle sur 6 ans, destinée aux partenaires financiers. Lorsque les bâtiments seront rénovés, les autres activités pourront être développées. Philippe Liboureau, constructeur paille, et Yann Hélip-Soulié, tailleur de pierre-sculpteur, souhaitent y animer des chantiers et des formations. Guillaume Paillard, en formation plomberie-chauffage, mettra ses compétences en énergies renouvelables au service du site. Virginie Larrue pense s’y installer en plantes médicinales. Son compagnon, Grégory Séval, souhaite continuer de travailler à CtrlA tout en s’investissant dans le lieu : “ce qui me plaît, c’est le collectif, pour mutualiser un jardin, par exemple, partager des projets, sans tomber dans une vie communautaire“. L’aspect collectif, c’est aussi ce qui motive Philippe Simon, ancien paysan puis acteur du Monde allant vers, aujourd’hui salarié à mi-temps d’Ambiance Bois. “J’ai 25 ans d’histoire collective derrière moi, je me suis toujours retrouvé dans ces aventures. Ce qui m’intéresse particulièrement, à Lachaud, c’est l’aspect ouvert. Nous voulons développer l’accueil, les stages, en faire un lieu-témoin des alternatives. La particularité, c’est de mêler l’agricole à la préservation d’espaces naturels et à l’écoconstruction“. Pas de doute, c’est bien un lieu unique qui se construit pas à pas par cette bande d’utopistes néanmoins pragmatiques !
Mesdames et messieurs les maires et conseillers municipaux des " 7 "communes creusoises qui ont dit non au PNR, je laisse éclater ici mon indignation, ma rage, ma révolte de voir autant d'immobilisme, d'incompétence, d'absence de vision politique à moyen et long terme, mener à des prises de décisions aussi absurdes et stériles !
Je ne suis pas un régionaliste féroce mais j 'aime la région dans laquelle je vis depuis 20 ans, attiré non seulement par ses beaux espaces mais surtout par la rage de vivre, l 'opiniâtreté, l'esprit rebelle, le sens du vrai, de la république qui transpire de l'histoire limousine mais m..... ! à quoi servent toμtes ces belles valeurs si elles restent figées dans le passé, incapables de féconder un futur viable pour nos enfants.
Aujourd'hui, j'ai honte de vivre dans une commune creusoise qui a dit non au Parc et 7 communes creusoises qui disent non sur les 121 délibérations c'est une honte !
Car enfin soyons réalistes : voter aujourd'hui contre l'adhésion de sa commune au PNR c'est refuser la construction collective où l'on n'a pas que des droits et des acquis à protéger mais aussi des devoirs à assumer, c'est tourner le dos à un avenir dynamique, fertile, convivial capable de métamorphoser les valeurs du passé, c'est s'enfoncer dans le repli sur soi et mourir à petit feu.
Qui va maintenant vouloir venir s'installer à St Moreil, St Martin Château... , y créer une activité, générer du lien social ?... sans l'image Parc et ses atouts financiers...
Mesdames et messieurs les élus, nous ne voulons plus être victimes de l'obscurantisme, où le pouvoir de notre bon maître laisse le peuple dans l'ignorance pour mieux gouverner.
Aujourd'hui se fait place une conscience citoyenne où les individus, réunis en groupes informels, associations, forum social et autres nouvelles formes de prise en charge de notre démocratie de manière participative, témoignent d'une volonté croissante d 'être acteur associé à la gestion de son territoire, à la vie sociale et culturelle, aux choix politiques.
Le militant engagé dans la vie locale que je suis, refuse la fatalité de ces décisions irresponsables. j'espère, mesdames et messieurs les élus des 7 communes creusoises, qu'il n'est pas trop tard pour changer d'avis et réviser vos jugements. Faites le pour l'avenir de ceux qui vivent ici aujourd'hui et ceux qui nous succèderont.
C'est un petit paradis en son genre. Au dessus du lac Chammet, dans un site magnifique, le domaine de La Cour, d'une surface de plus de 100 hectares, regroupe une grande maison de pierre et tout un ensemble architectural : grange, chapelle, four à pain et vestiges d'une tour médiévale du XIIème siècle. En juin 2005, un rapport du CAUE (Conseil en architecture, urbanisme et environnement) de la Corrèze est réalisé à la demande du maire de Peyrelevade, Pierre Coutaud. L'intérêt patrimonial du domaine est souligné, tant pour la qualité du bâti que pour la richesse exceptionnelle de ses écosystèmes naturels. Ce dernier aspect fait à la même époque l'objet d'une étude écologique menée par le Conservatoire régional des Espaces naturels en Limousin qui souligne la présence de landes sèches, de pelouses sèches à Nard, de tourbières et de hêtraies à houx. La Cour offre donc "un agencement des habitats naturels typiques du plateau de Millevaches", dont certains, comme les pelouses sèches à Nard, "représentent des milieux devenus extrêmement rares sur le plateau". Il ressort de ces deux études que le domaine de La Cour présente une configuration unique en son genre, où intérêts écologique, paysager et pédagogique se conjuguent pour en faire un véritable condensé naturel et patrimonial du Millevaches.
La municipalité de Peyrelevade apprenant que le domaine risquait d'être mis en vente prend les devants. Souhaitant que l'ensemble du domaine garde sa cohérence foncière et son statut de lieu "ouvert" plutôt qu'il ne devienne un lieu clôturé ou qu'il ne soit démantelé, la commune avertit il y a deux ans le parc naturel régional, suggérant que soit étudiée la possibilité d'installer à La Cour la maison du Parc.
Mais le parc ne réagit pas. Ni aux courriers du maire, ni aux rapports du CAUE et du Conservatoire qui lui sont envoyés. Personne ne vient visiter le site. Les mois passent, et... le propriétaire décide de mettre en vente le domaine. Mise à prix : 1 million d'euros (finalement descendu à 800 000 euros). Les premiers candidats à l'achat sont des promoteurs de chasses privées ou des opérateurs touristiques qui voudraient y implanter des gîtes pour les vacanciers. Les craintes de la municipalité se trouvent confirmées au moment même où La Cour fédère diverses initiatives qui pourraient transformer l'endroit en un lieu unique où se conjugueraient, dans l'esprit de résistance du plateau, création, invention, réflexion et action. Une université, un refuge, un théâtre, un carrefour... Les mots ont du mal à résumer le projet protéiforme qui pourrait s'incarner à La Cour. Mais les tergiversations du Parc et l'absence de moyens immédiatement mobilisables de la part de la municipalité ne permettront pas de faire de ce domaine exceptionnel ce qu'il aurait pu être : il vient d'être acheté par un privé décidé à y développer une activité d'élevage équin et d'accueil touristique.
Hélène Chatelain qui porte avec Gatti le projet de Refuge, explique : "Ce lieu préservé, à l’écart des tumultes, pouvait devenir à l’échelle européenne un foyer de création, de partage et d’échanges de pensée, fondamental parce que enraciné. Enraciné dans une terre, une communauté d’esprit, une réflexion sur les apprentissages et les savoirs. Sur un processus de création et de partage et une volonté d’ouverture sur d’autres questions, sur d’autres langues, sur d’autres langages. Une Université ? Un pôle ? Un phare ? Un centre ? Un catalyseur ? (Les mots sont si rapidement colonisés par la voracité langagière actuelle, qu’il faut les manier avec précaution de peur qu’ils ne se dessèchent ou se muent en leur contraire…).
Ce qui est clair, c'est que le futur du domaine était un choix. Profond, radical. Ou il était cédé à des entreprises de rapport fondées sur le tourisme (et chacun sait aujourd’hui qu’elles peuvent devenir l’équivalent moderne des détrousseurs de voyageurs – comptant sur ceux qui passent et non sur ceux qui restent). Ou s'y incarnait la volonté puissante, concrète de renverser la fatalité historique de cette terre. Depuis la nuit des temps, les hommes partent du plateau. Aujourd’hui, ils veulent rester. Non au prix d’un enrichissement fallacieux, mais à celui de la dignité et du respect d’eux-mêmes et de cette terre, autonome, responsable. Des gîtes pour accueillir les passants, des granges où l’on pourra louer des carrioles à la semaine - il y en aura et c’est tant mieux - car la beauté du plateau le mérite.
Le Limousin a été naguère le centre d’un monde.
Le Plateau des mille sources fut le centre d’une résistance.
La Cour pouvait devenir le centre d’une réflexion - multiple - sur le monde qui s’annonce, face à la destruction programmée des langues, des langages et des espèces.
Il y avait là aussi une fatalité á refuser. Et une opportunité - rare - à saisir.
L'occasion perdue ne détruit cependant pas les envies qui s'étaient exprimées. D'autres lieux sur le Plateau, sur la commune même de Peyrelevade, pourraient accueillir le projet de Refuge des résistances ou quelque chose qui n'a pas encore de nom, quelque chose qui n'a pas encore de "programmes" ou de "cahiers des charges", mais qui émane du désir et des rêves de quelques-uns. Quelque chose qui n'a pas encore d'identité, mais déjà une âme.
Autour d'Armand Gatti, de Pierre Coutaud, de leurs amis limousins du plateau, de Limoges (Cercle Gramsci) ou de Tulle (Peuple et Culture), le projet émerge, se construit, se fédère. Il n'est ni limité, ni arrêté. Encore en devenir. Ses promoteurs veulent le partager, l'élargir et appellent tous ceux qui se sentent concernés ou attirés par cette expérience à venir les rejoindre. Déjà des actes concrets sont posés. Un autre lieu est recherché. Une résidence de création au cours de l'été 2008 est prévue sur le Plateau autour de Gatti et de personnes venues de toute l'Europe – résidence à laquelle sont également conviés les gens du Plateau ou du Limousin qui voudraient s'associer à une telle expérience. Un blog existe sur Internet qui donne toutes les informations actuellement disponibles sur le projet de Refuge. Une association sera peut-être créée prochainement. Une réunion enfin est programmée pour présenter le projet en ses limbes et l'accompagner avec tous ceux qui sont motivés par cette idée urgente et nécessaire : il faut résister.
Nous avons déjà abordé dans le n° 17 d’IPNS les problèmes posés par les projets de production d’électricité à partir de la biomasse. Nous nous inquiétions alors des conséquences qu’entraînerait pour la filière bois la réalisation des quatre projets retenus en Limousin dans le cadre de l’appel d’offres de la commission de régulation de l’énergie (CRE 1). Il était représentatif, par son gigantisme, du mode de pensée technocratique hérité de la suprématie du nucléaire : les projets devaient atteindre 12 mégawatts au minimum et leur réalisation aurait complètement perturbé l’équilibre économique de la filière bois limousine. A ce jour heureusement, aucun des trois projets de Moissannes, Meymac et Ussel n’a connu un début de réalisation, celui de Saillat est en cours suivant ainsi sa logique industrielle.
Le journal Cler-Infos du Comité de liaison des Energies Renouvelables de juillet-août 2008 explique que “ce premier appel d’offres national avait été peu fructueux car les 14 projets retenus prenaient peu en compte l’efficacité énergétique et la sécurité de l’approvisionnement. Il semble que peu d’entre eux verront le jour“. Le journal poursuit en donnant les résultats du second appel à projets CRE 2. Ce second appel d’offres abaissait la puissance minimale des projets de 12 à 5 Mégawatts, Il se montrait aussi plus exigeant en matière d’approvisionnement et d’efficacité énergétique. Cette fois, parmi les 22 projets nationaux retenus il n’y en a aucun en Limousin, Dix d’entre eux ont une puissance électrique inférieure à 12 Megawatts, et onze utilisent les déchets de bois comme combustible.
Dans ce second projet le prix de vente du kilowatt électrique est en moyenne de 128 € le mégawatt/heure, alors qu’il était de 85 € le MW/h pour le précédent. En comparaison l’installation de co-génération à Felletin ne vend l’électricité produite qu’à 50 € le MW/h !
On peut espérer aujourd’hui
Jean-François Pressicaud
La France va se couvrir d’éoliennes, transition énergétique oblige. Tentons de comprendre. Les énergies fossiles sont le facteur principal du réchauffement climatique lié à l’activité humaine. Là se trouve l’urgence comme nous le signalent les alertes des climatologues toujours plus pressantes. Or nous constatons que la taxation des carburants des avions et des cargos n’est pas à l’ordre du jour. Nous constatons qu’aucune disposition n’est prise pour tenter de réduire la circulation aérienne, maritime et terrestre. Quand Airbus signe un nouveau contrat de vente d’avions, c’est la fête. Nous constatons que l’investissement de l’État dans l’isolation des habitations est ridiculement faible. Nous découvrons, à l’inverse, que le programme éolien est magistralement soutenu par un financement de dizaines de milliards d’euros. Nous commençons à comprendre que la priorité n’est pas à la lutte contre le réchauffement climatique. Cette lutte sera laissée aux générations futures. La priorité est à l’investissement dans la “croissance verte”, l’énergie éolienne, les voitures électriques, l’industrie numérique, “l’intelligence artificielle”, etc... La Chine prend de l’avance sur nous. Là se trouve l’urgence. L’électricité éolienne ne sera pas en remplacement du nucléaire, mais en complément pour alimenter les besoins croissants en électricité. Pour le moment encore les éoliennes semblent donner le change aux antinucléaires, qui les voient d’un bon oeil, petite vitrine “écologique” même si elles sont aux mains d’industriels goinfrés de subventions. Ne désespérons pas qu’un jour leurs yeux s’ouvrent.
C’est ainsi que débarque chez nous, en catimini, sur Bujaleuf et Champnétery, un projet de 2 parcs éoliens, début 2018. Les élus, démarchés par l’entreprise Valéco, donnent leur accord pour une étude préalable. Valéco rencontre les propriétaires fonciers, dont les 2 maires, et obtient une majorité de signatures de promesses de bail. Deux semaines plus tard ces promesses sont devenues bail irrévocable. Et le projet des 2 parcs éoliens est ficelé. Aucune information préalable à cet accord des élus n’a été donnée à la population, pas même aux riverains, dont 2 employés municipaux, qui “bénéficieront” d’éoliennes de 200 mètres de haut à 500 mètres de leurs maisons. Le projet se concrétise. Conformément à la réglementation, une étude environnementale est lancée, un mât de mesure du vent est posé, une enquête publique suivra, ces préalables étant juste de pure forme. Il n’est plus besoin de vent pour monter une éolienne. Il suffit de la subvention de l’État et de la signature des propriétaires bailleurs. Il n’est plus besoin non plus de l’accord des maires. Ils sont démarchés quand même, leur avis favorable étant une carte de visite utile pour démarcher les propriétaires. Des protestations de riverains s’élèvent, les élus s’en étonnent ou se murent dans le silence. Une association anti-éolienne est créée, de citoyens qui ne veulent pas d’éoliennes ni dans leur jardin, ni dans celui de quiconque. Les relations avec les élus et les bailleurs se sont refroidies. Les informations circulent enfin. Quantité d’autres associations anti-éoliennes existent déjà, en Limousin et à travers la France entière. 200 éoliennes sont en projet sur la Haute Vienne.
L’État n’a jamais eu l’intention de fermer ses centrales nucléaires, il espère au contraire en construire d’autres. Son projet éolien a pour lui 2 avantages. D’une part il donne l’illusion de la transition énergétique vers une électricité “propre” qui a la faveur des Verts et des associations écologistes. D’autre part il lui permet d’augmenter sa production d’électricité pour sa croissance verte. Les éoliennes ne sont pas un moyen de lutte contre le réchauffement climatique. Elles fournissent du courant en moyenne pendant 25 % du temps. Le reste du temps le relais est pris par les centrales à charbon ou à gaz, énergies fossiles qui participent au réchauffement climatique. Cherchez l’erreur !
L’État se défausse toujours plus de sa main-mise sur l’énergie. Il confie son projet aux industriels qui ont pour mission d’inonder le territoire d’éoliennes, moyennant subventions. Subventions pour la construction et subventions pour la production d’électricité : 82 € le Mwh, pendant plusieurs années. EDF facture aux abonnés 41 € le Mwh, et récupère sur leur facture le surplus qu’il a payé aux producteurs éoliens (c’est ce qui apparaît au dos de la facture avec la ligne CSPE : contribution au service public de l’électricité).
De leur côté, les industriels éoliens peuvent vendre et acheter des parcs éoliens comme des petits pains. Total, par exemple, achète des parcs éoliens pour avoir des exonérations de taxes carbone sur ses raffineries de pétrole. IKEA achète des parcs éoliens pour se faire une publicité d’entreprise “verte”. En France, l’éolien c’est d’abord un business.
Quand le promoteur s’invite dans notre Limousin (comme ailleurs) la discrétion est de rigueur. Il ne faut pas ébruiter le projet, sous peine de le faire capoter. Les échanges avec les élus se font dans la confidentialité. C’est là où ces derniers rentrent (naïvement ou pas) dans le jeu du promoteur, engageant l’avenir de la commune et de ses habitants sans la moindre information ni concertation préalables (même si, comme dit plus haut, leur accord n’est plus indispensable). Ce déni de démocratie est proprement insupportable.
Une éolienne rapportera au bailleur entre 1 000 et 6 000 euros par an, suivant le vent, soit plus près de 1 000 que de 6 000. Les communes reçoivent aussi une manne financière qui est évidemment, comme pour les bailleurs, la seule raison de leur accord. Même si certains maires, comme le nôtre, un brin tartuffes, se sentent devenir écologistes, se déclarant désormais “commune à énergie positive”. La distance minimale par rapport aux habitations a été réduite de 1 500 à 500 mètres, alors que ces machines atteignent un gigantisme écrasant. Les nuisances sanitaires sont balayées d’un revers de main, alors qu’elles sont patentes et invalidantes pour nombre de riverains. Le recours au tribunal administratif en première audience est supprimé pour les opposants qui portent plainte. Ils doivent aller directement en appel (ce qui accélère les procédures, qui ne concluent jamais en faveur du plaignant, sauf cas exceptionnel). Rappelons que l’Académie de médecine recommande “de n’autoriser l’implantation de nouvelles éoliennes que dans des zones ayant fait l’objet d’un consensus de la population concernée”. Mais les gestionnaires de l’État, comme les élus locaux, se moquent de leurs administrés.
La situation sur la région Monts et Barrages
80 maires et conseils municipaux à la ronde ont reçu de ma part une alerte sur ces démarches de promoteurs éoliens, leur conseillant notamment de mettre en garde leurs propriétaires fonciers sur les promesses de bail trop vite signées. Ma lettre n’attendait pas vraiment de réponse. Je n’ai eu aucun retour. Il est vraisemblable qu’une large majorité d’entre eux serait favorable à un projet sur leur commune. D’ailleurs d’autres projets éoliens sont déjà en cours ou conclus depuis 2018, sur notre territoire proche. Le problème pour les propriétaires bailleurs c’est que le bail emphytéotique les rend propriétaires de l’éolienne en fin de bail... avec le démantèlement à leur charge ! Je suis frappé du mutisme ambiant, chez les habitants, écologistes inclus, comme chez les élus, sur ce sujet des éoliennes, comme s’il ne fallait pas en débattre, comme s’il était indécent de les refuser. Quelques opposants se lèvent quand même, notamment sur St-Méard. Des paysans refusent aussi de signer sur St-Julien-le-Petit. Des réunions d’information vont se tenir à l’initiative des associations antiéoliennes, malheureusement souvent trop tard si les promesses de bail sont déjà signées.
Ailleurs en France, quantité de témoignages remontent des régions, Aveyron, Allier, Nord, Pays-de-la-Loire, de la part de collectifs, attestant de nuisances environnementales, paysagères, sanitaires, touristiques, de dépréciation du patrimoine immobilier, de désertification accentuée, de dégradation des relations sociales. Globalement un gâchis immense est en cours. Les forces de l’ordre sont en train d’évacuer la ZAD de l’Amassada en Aveyron qui refusait un projet de centaines d’éoliennes et d’un transformateur géant sur leur territoire.
Et pendant ce temps, le réchauffement climatique continue paisiblement sa courbe ascendante.
Soixante dix-huit actions sur 3 ans pour un coût total d’environ 9,6 Millions d’euros, avec des participations de la Région Limousin (1,9 M€), de l’Etat (environ 415 000 €), des départements de Creuse et de Corrèze (120 000 et 245 000 € respectivement ; la Haute Vienne signant un contrat particulier avec le PNR de Millevaches) : c’est peu dire qu’il s’agit là d’une convention importante, extrêmement touffue même (voir encadré page 5). Le PNR de Millevaches a placé la barre haut et aura fort à faire les 3 prochaines années, surtout si l’on ajoute que sur ces 78 actions, une cinquantaine relève directement de sa responsabilité.
Le PNR de Millevaches joue son rôle en étant présent sur tous les champs où ce type de structures, créées pour conjuguer protection, mise en valeur et développement, est légitime.
Difficile de considérer qu’il manque un des domaines clés de compétence des parcs naturels ! Reste que cette situation ne manque pas d’interroger.
Non pas tant sur la quantité ou la qualité de telle ou telle action. Certes, on peut toujours se questionner sur le coût de certaines au regard d’autres. 250 000 € HT prévus pour la réalisation et l’installation de panneaux “images“, cela paraît énorme quand on les compare aux 120 000 € ht prévus pour le soutien à des micro-projets économiques, surtout si l’on pense qu’un des enjeux du développement sur ce territoire réside probablement dans le développement de ce type de projets. Et que dire de l’opportunité d’affecter 230 000 € pour la création d’un mystérieux pôle culturel sur la vie de l’homme de Millevaches en Haute Corrèze ?
Quant à l’analyse des actions au regard des ambitions qu’un parc est censé incarner, elle révèle quelques manques : quid par exemple d’une action volontariste et explicite en faveur d’une agriculture biologique ?. L’importance relative de certains budgets peut surprendre. Les 1,2 Millions d’€ prévus pour assurer la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine bâti, s’ils ne sont pas critiquables sur le fond, pèsent singulièrement lourds par rapport aux presque 280 000 € envisagés pour assurer le développement économique hors agriculture (animation de la DCT - Démarche Collective Territorialisée - et développement de l’économie sociale et solidaire). Au-delà des effets bénéfiques espérés d’une forme de patrimonialisation de l’espace, ne pourrait-on attendre du Parc un réel effort visant à faire émerger et valider des potentiels d’activités, voire à proposer des formes alternatives de travail adaptées à des espaces de faible densité (coopératives d’emploi et d’activités, …) ?
Mais là n’est pas le cœur de la critique que l’on peut être amené à porter. On pourrait même considérer que cette convention souffre déjà, en l’état, d’exhaustivité.
Fallait-il vraiment vouloir y faire entrer tant d’actions, comme s’il s’agissait de démontrer que le PNR existe et qu’il n’est pas un vulgaire “machin “ , qu’il agit concrètement et utilement au territoire ? Situation compréhensible au demeurant : le parc n’a-t-il pas souffert de longues années d’atermoiement qui ont pu le rendre chimérique aux yeux de beaucoup, voire inutile ?
N’en reste pas moins que ce copieux menu pourrait se révéler indigeste sur deux plans au moins.
Sur le plan financier tout d’abord. Car, si pour l’heure le parc ne rencontre pas de difficultés financières pour mettre en œuvre son projet, il pourrait en aller autrement demain. Aujourd’hui directement acteur de nombreuses démarches, en particulier d’études et d’animation, le parc pourrait en effet à l’avenir se trouver face à des besoins de financement croissants pour assurer les investissements en découlant ; y compris à périmètre d’intervention constant. Dans un contexte où la ressource financière a plutôt tendance à se contracter, ce n’est pas là un maigre écueil pour 2010 et au-delà.
En terme d’organisation politico-administrative locale et d’efficience des politiques publiques ensuite. Le Parc, on l’a vu, porte de très nombreuses actions, dont certaines directement destinées à des particuliers (OPAH - Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat - et DCT ). Il n’est pas certain que ce choix soit le plus efficace à l’usage. La capacité du PNR à irriguer finement le territoire, à assurer une animation de proximité et à faire émerger ce faisant des porteurs de projet reste à démontrer. On aurait à tout le moins pu imaginer que des structures opérationnelles de proximité, de type communautés de communes, auraient été autant, sinon plus, adaptées pour effectuer ce travail. La très bonne couverture du territoire du PNR en intercommunalités (et en pays …) plaidait en tout cas en ce sens, tout comme l’exigence de clarification des rôles et compétences des différentes structures présentes. Il n’en va pas ainsi aujourd’hui et cela participe à brouiller le paysage. Mais sans doute faut-il y voir, là encore, la marque d’une histoire locale bien particulière, où le PNR doit parfois jouer des coudes pour exister et s’investit ce faisant sur le financement d’actions dirigées vers les particuliers pour être reconnu.
Un PNR financeur direct et gestionnaire de dispositifs, telle est donc aujourd’hui l’image donnée.
S’il s’explique, cet état de fait n’en pose pas moins la question du rôle que doit jouer un échelon d’aménagement et de développement de ce type. Car si le parc met aujourd’hui “les mains dans le cambouis“, cela se fait pour partie au détriment d’une mission cruciale, qui est de sensibiliser les acteurs, de les fédérer et de les inciter à agir dans une perspective de développement durable en s’appropriant intimement les enjeux du territoire.
Certes, il est plus d’un pan de la convention qui révèle un vrai effort de concertation, de coordination entre acteurs de la société civile et représentants élus. C’est notamment le cas des actions prévues en matière d’innovation (bourse à l’innovation, éco-centre de Lachaud), d’économie sociale et solidaire ou encore de culture, qui portent à la fois la marque d’une impulsion de la société civile (via le Conseil de Valorisation du PNR ou d’autres initiatives de fédération des acteurs) et d’une appropriation politique. (Même si l’on peut toujours s’interroger sur la façon dont ces actions seront relayées au-delà des premières expérimentations …)
C’est moins le cas dans d’autres domaines, tel l’environnement. L’effort de sensibilisation, d’animation puis de choix stratégique partagé n’a manifestement pas été porté ici, et les actions retenues illustrent plus une stratégie “technique“ que “politique“, avec des projets pointus (diagnostics piscicoles, diagnostics d’espèces, étude de fonctionnalité des écosystèmes…) plus que des démarches d’impulsion politique (comme peut le devenir le Plan Climat Territorial). De là à penser que ce domaine souffre d’un manque d’appropriation politique, il y a un pas qu’il est facile de franchir sans grand risque de se tromper et qui aurait peut-être pu être évité si le Parc s’était situé comme espace de débat, de rencontre et d’orientation, plus que comme acteur immédiatement porteur de projet.
A sa décharge, signalons toutefois que l’absence de direction sur une bonne partie des années 2006 et 2007 n’a guère permis de faire émerger simultanément des priorités portées par l’équipe technique du parc, par la société civile et par les élus locaux, puis d’identifier des passerelles entre elles et d’opérer des jonctions.
Pris dans l’alternative du “faire“ ou “faire faire“, le PNR est donc pour le moment resté au milieu du gué. Si cela manifeste probablement un “défaut de jeunesse“, voir une nécessité historique, cette situation ne pourra néanmoins souffrir longtemps d’hésitations. Il en va de sa crédibilité et de sa capacité à jouer un rôle autonome, tout en étant complémentaire des autres acteurs en présence.
De ce point de vue, les perspectives qui se dessinent pour l’avenir, avec la préparation des axes de travail pour 2011-2013, laissent au Parc la latitude de se repositionner comme animateur des réflexions, coordinateur des initiatives plutôt que comme gestionnaire.
Rôle certes ingrat que celui de “mettre en musique“ des initiatives parfois antagonistes et de fédérer des énergies, mais également valorisant, lorsqu’il s’agit d’intervenir en stratège, chargé d’éclairer l’avenir du territoire et de rendre possible ici “une autre vie“ (cf. slogan de la Fédération des PNR).
C’est officiel ! Le 3 novembre 2019, à Peyrelevade, un peu plus de 150 personnes étaient réunies pour la naissance officiel du Syndicat de la Montagne. Une démarche encore largement en construction plutôt qu’une structure clé en main. C’est pourquoi il est facile et possible de le rejoindre pour contribuer à en faire un outil adapté aux besoins du territoire.
Le Syndicat de la Montagne limousine est issu d’une démarche vieille de plusieurs années dans laquelle des habitantes et habitants, à titre personnel souvent, au nom d’une structure parfois, cherchaient à se doter d’un outil pérenne pour mieux agir ensemble, croiser leurs expériences et leurs pratiques, établir un rapport de force plus favorable à leur vision du territoire. Bref, une sorte de boîte à idées et d’outil de mutualisation qui sache à la fois prendre des positions et construire des réponses concrètes aux besoins de tous et de chacun. Si le mot « Syndicat » a été choisi, c’est pour dire la double intention du projet : d’une part défendre les intérêts d’un territoire et de ses habitants et habitantes (à l’instar par exemple des syndicats de salariés ou d’usagers) et d’autre part construire collectivement des outils communs (à l’instar par exemple des syndicats de gestion de l’eau ou des syndicats d’électrification). Bref être à la fois sur la défensive et dans l’offensive, tout en développement des actions et réalisations très concrètes.
La vision du territoire défendue par le Syndicat s’inscrit explicitement dans la continuité des propositions pour une plateforme de la Montagne limousine, un texte écrit en 2014 comme un « contre-scénario » pour le Plateau face aux scénarios qu’à la même époque la Datar nous concoctait1. Dans cette filiation, le Syndicat a également écrit un texte qui présente les six perspectives dans laquelle il s’inscrit aujourd’hui et qui se résume en six points :
Dans cette optique plusieurs groupes de travail ont été lancés. Un groupe sur les biens vacants prépare la réalisation d’une brochure sur le sujet et proposera aux nouvelles équipes municipales issues des prochaines élections une formation technique sur cette question. Un groupe sur l’eau réfléchit à la gestion et la distribution de cette ressource pour éviter qu’elles ne soient confiées à des sociétés privées étrangères au territoire dont les motivations ne sont pas spécialement les mêmes que les communes qui en assurent encore la gestion aujourd’hui. Un groupe d’entraide administrative et juridique assure déjà depuis plusieurs mois des permanences gratuites ouvertes à tout un chacun dans différents lieux (un peu à l’image de ce que réalise sous d’autres formes un groupe d’entraide psychologique qui intervient depuis 8 ans en complémentarité de professionnels). Existent aussi un groupe « exilés », un autre sur l’agriculture, encore un autre sur la question de l’autonomie et des réponses à envisager face aux changements climatiques et à l’épuisement des ressources sur la planète. Le jour de l’assemblée de Peyrelevade, s’est également constitué un groupe sur la forêt dont une des premières actions sera l’accueil en décembre d’une mission de plusieurs parlementaires sur le sujet. D’autres thématiques ont été évoqués : énergie, éducation, etc.
Jusqu’à maintenant, le projet de Syndicat a avancé via des séminaires de travail de plusieurs jours (une semaine en janvier réunissant 23 personnes, 3 jours en avril et 3 jours en septembre réunissant à chaque fois une trentaine de personnes). Ce mode de fonctionnement sera continué en 2020 avec 4 rendez-vous, dont un « camp d’été » plus large en juillet. Le prochain séminaire est prévu fin janvier et début février sur un vendredi, un samedi et un dimanche pour permettre au maximum de personnes de se rendre disponible. Ces assemblées sont actuellement les lieux de décision légitimes pour orienter les actions du Syndicat, ce qui n’empêche pas les différents groupes de fonctionner en toute autonomie. Un petit groupe de coordination composé de 9 personnes venant de différentes communes du Plateau, en Creuse, en Corrèze et en Haute-Vienne, assure le suivi des différentes actions pour aider au bon fonctionnement de l’ensemble. Une de ses premières actions est de mettre en place une lettre d’information pour que chacun puisse suivre ce qui se fait et disposer également d’un canal pour diffuser idées et propositions.
Lorsque la médecine ne peut plus rien faire d’autre que d’atténuer la douleur, lorsque toute décision d’intervention relèverait d’une obstination déraisonnable, la mort apparaît comme un processus naturel, une évidence à laquelle notre société et notre culture nous préparent mal. Nous voilà, parfois soudainement ou brutalement, confrontés à un temps de “reste à vivre“ qui peut s’avérer assez long pour envisager toutes sortes de projets, demander d’inventer de nouveaux modes d’organisation du quotidien, investir des relations humaines inédites. Bref, la vie, quoi ! Mais alors, quelles solutions existent pour accompagner ceux qui veulent considérer que cette dernière étape de la vie vaut le coup d’être vécue pleinement ? Notre espace public est-il doté de lieux et de compétences pour répondre à ce besoin ? Faut-il laisser ce temps précieux aux seules mains des médecins ou prendrons-nous la mesure de nos responsabilités citoyennes sociales, politiques, humanistes ?
Imaginant ce que seront nos derniers mois sur cette terre, nous sommes nombreux à dire que nous voudrions rester à domicile, dans nos meubles et nos habitudes, auprès de nos proches et dans un environnement qui nous est familier. Mais cette solution n’est pas toujours réaliste. La solitude pèse lourd, les soignants s’épuisent. La dépendance, la mobilité réduite, la nécessité de soins, le manque d’autonomie qui affecte tous les gestes du quotidien sont bien souvent des sources de préoccupations, une charge lourde à porter dans des logements qui s’avèrent rapidement inadaptés. C’est plus vrai encore dans nos campagnes où s’ajoute l’éloignement séparant les hameaux des centres bourgs et les habitations entre elles. Ces distances parcourues par les infirmier(es) et aides-soignant(e)s représentent un coût humain et financier non négligeable pour la collectivité. La télé-médecine qui suscite tant d’appels à investissements publics et privés apportera-t-elle un changement significatif ? La révolution technologique espérée n’apportera pas le geste chaleureux, le lien social, l’énergie vitale dont le patient a besoin bien au-delà des médicaments et des soins du corps.
L’hospitalisation est bien souvent un choix contraint. On redoute de quitter son domicile pour partir dans une structure qu’on juge éloignée et anonyme. N’entend-on pas très souvent dans les médias ou dans les cercles d’amis que les soignants y sont épuisés, maltraités, contraints à des actes médicaux quantifiés selon des critères financiers ou en temps imparti ? Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont plus mal jugés encore. La critique se fait plus vive pour dénoncer le manque ou la non-qualification des personnels, leurs conditions d’exercice des soins qui confinent parfois à la maltraitance, les visées de rentabilité pour rémunérer un actionnariat qui fait de la fin de vie un placement financier. L’association l’Arbre ne souhaite pas apporter de l’eau au moulin des détracteurs du service public, ses adhérents n’ont pas la prétention collective de changer le modèle économique dominant, ni de mettre en cause la décentralisation de l’administration territoriale de la République ou le rapport entre les techniciens et les élus, moins encore le savoir expert des soignants. Mais quand même. Ils ne veulent pas rester sans rien faire et veulent participer à des évolutions qu’ils jugent nécessaires. Leur postulat est d’apparence simple : entre hôpital et domicile, il manque dans le paysage médico-social actuel un lieu permettant aux patients de vivre pleinement leur vie jusqu’à la fin. Il faut élargir l’offre.
L’association l’Arbre s’est donné pour objet de préfigurer une maison d’accueil, d’accompagnement et de répit à orientation palliative. Ses adhérents sont des médecins, des infirmiers et aides-soignants, des psychologues et des assistantes sociales, des élus et des citoyens. Cette maison sera conçue comme un gîte d’étape AOC, reflet du terroir, de ses habitants, de l’économie et de la culture locales. Un lieu de vie où les soins sont dispensés par les médecins et soignants habituels, où les rythmes de chacun sont respectés, où l’art et les loisirs ne sont pas oubliés, où le quotidien s’organise “comme chez soi“, à l’écoute des besoins et des projets des résidents. Ceux-ci seront des personnes en fin de vie, ou accueillis pour un séjour pendant lequel leurs soignants bénéficieront d’un répit nécessaire. C’est un projet à taille humaine dans une organisation institutionnelle qui a une fâcheuse tendance à segmenter les compétences “en tuyaux d’orgue“, qui souhaite orchestrer harmonieusement différents savoirs et savoir-faire. C’est un projet humaniste qui affirme qu’une fois éradiquée la douleur, il est tout aussi important de penser aux autres souffrances, de veiller à l’accompagnement fraternel du patient sur le plan psychologique, à la recherche de quiétude et de sérénité. C’est un projet politique qui nécessite de mobiliser la société locale, demandant d’être soutenu par les élus qui y verront un levier de développement de la collectivité qu’ils animent, et de façon plus large, au maintien de l’activité et des habitants sur le plateau de Millevaches et en Limousin.
Les adhérents de l’Arbre sont déterminés, prêts à faire valoir les idées et les arguments qu’ils ont forgés à l’écoute des contraintes et des projets de leurs interlocuteurs : praticiens, patients, familles, autorités institutionnelles. Mais ils sont aussi des citoyens qui savent se tenir à leur juste place. Pas question de s’ériger en maîtres d’oeuvre du projet, mais plutôt en animateurs, mettant en lien les uns et les autres. Ainsi, la réalisation de l’établissement sera confiée à un comité de pilotage réunissant tous les partenaires susceptibles d’être impliqués : autorités de tutelle, institutions du soin et du médico-social, associations d’usagers, praticiens (médecins, infirmières, aides-soignants, organismes gestionnaires et financiers, responsables territoriaux,...). Cette volonté de coopération entre les acteurs pour co-construire la maison qui s’intègrera parfaitement dans son environnement est centrale dans le projet de l’association, aujourd’hui pour en définir les contours, demain pour définir le cahier des charges de son fonctionnement. Cela le rend aussi un peu plus complexe. La démarche en effet propose de reconsidérer des décisions implicites bien installées dans nos habitudes collectives, pour les remettre en question et vérifier qu’elles sont toujours opportunes. La culture palliative qui nourrit l’Arbre est une réflexion globale. Comment faire société locale, solidaire, impliquant et reconnaissant chacun comme capable de prendre les décisions qui le concernent ? Vaste projet qui invite le patient à dialoguer avec son médecin, le contribuable avec les gestionnaires de l’argent public, l’électeur avec ses mandataires élus, l’agriculteur avec son voisin néo-rural... L’initiative citoyenne dérange, provoque du débat, fait naître des résistances.
La maison que souhaite créer l’Arbre va sans doute participer à transformer le paysage local et global dans lequel elle va s’implanter. Dans le paysage économique d’abord. Entre les deux modèles idéologiques qui opposent une économie administrée par l’État à une économie dirigée par la rentabilité des marchés financiers, faisons reconnaître l’économie du partage, de la solidarité, de la citoyenneté active. Les experts connaissent la part importante de cette économie dans les échanges locaux ou mondiaux. Ils savent par exemple que les inventeurs du co-voiturage et des parkings-relais aux abords des péages d’autoroute ont d’abord été des citoyens s’organisant pour diminuer leurs frais de transports et leur empreinte écologique. A l’heure où l’on entend trop souvent que l’argent public se fait rare, la participation des citoyens à une plus juste répartition des biens publics montrera le bien-fondé concret de la notion d’économie alternative. Dans nos territoires ruraux, l’enjeu d’une coopération entre tous les acteurs économiques n’est pas mince.
Dans le paysage institutionnel ensuite. Faisons valoir l’expérience pratique des patients-usagers pour établir un diagnostic, participer à définir un traitement, administrer les services. La Loi Claeys-Léonetti nous reconnaît ce droit. Le savoir des médecins et le savoir-faire des techniciens du soin ne peuvent qu’en être augmentés. La médecine clinique n’est-elle fondamentalement celle qui s’appuie sur le savoir du patient ? La démocratie sanitaire n’est pas une lutte contre le pouvoir médical ? Elle met le patient à sa juste place, c’est à dire au centre des préoccupations de tous. C’est un choix de gestion plus raisonnable que celui conduit par les lobbys de la chimie qui ont pour priorité la commercialisation des médicaments.
Dans le paysage démocratique enfin. Sous l’impulsion d’associations citoyennes locales, nationales, altermondialistes, des coopérations se nouent entre la population, les techniciens de l’administration et les politiques. Il existe des conseils de résidents qui organisent les liens sociaux dans un quartier, des conseils de développement dont les membres débattent des données économiques et sociales d’un territoire et proposent des solutions aux élus, des budgets participatifs organisés dans des établissements scolaires par exemple : ils associent élèves, parents, enseignants et personnel administratif pour décider des investissements à privilégier. Avec ces dispositifs, les élus, loin de perdre les prérogatives de leur mandat électif voient celui-ci se légitimer et se renforcer. A l’heure de la crise de la représentation, voilà un aspect positif qui n’est pas négligeable.
Le projet de l’Arbre est dans l’air du temps. Ses racines sont encore à nu, mais gageons qu’elles trouveront bientôt à s’implanter en terre limousine. Des projets semblables viennent de naître en région Centre et en Occitanie. Ils suivent l’exemple de nombreux autres, plus de 500 en Europe.
Comment rendre plus accessibles les réseaux non-marchands, anticapitalistes, alternatifs qui existent ici ? Nouveaux arrivants, sympathisants, nous savons qu’il se passe beaucoup de choses sur le territoire, mais il est à la fois difficile d’y intégrer plus de personnes (pas seulement les nouveaux arrivants, mais aussi celles qui sont nées ici) et de savoir comment s’orienter parmi tout cela, ce qu’il manque, ce qu’on pourrait (re)faire de plus. Et pourtant, nous avons tous et toutes un voisin débordé, une voisine isolée ou un.e ami.e en situation précaire qui aurait besoin de mieux comprendre et d’avoir accès à ce qui existe autour de chez eux : un lieu où se procurer du pain à prix libre, où apprendre à jardiner, un réseau de partage de livres, de soirées jeux, un espace de soin psy, des personnes avec qui se mobiliser, des cantines… En parallèle de la difficulté à rejoindre et à s’orienter parmi tout ça, il est vrai que certaines initiatives battent aujourd’hui de l’aile par manque de personnes suffisamment engagées dans ces activités, le plus souvent non-rémunérées. Et on sait qu’il faut du monde pour assurer le travail de subsistance...
Voilà comment est née, en septembre 2022, l’idée d’organiser un atelier de cartographie à la dernière Fête de la Montagne limousine à Felletin. Nous voulions tenter de rendre visible ce qui est invisible pour des personnes qui auraient envie, besoin, de rejoindre ces espaces. À partir de récents journaux locaux (IPNS, Creuse Citron), nous avons listé une quarantaine de luttes et d’initiatives qui nous semblent en dehors des institutions ou des logiques marchandes, et nous les avons placées sur une carte, avec de jolis petits drapeaux. Pendant la Fête, les curieux.ses étaient invités à indiquer d’autres initiatives ou luttes qu’ils ou elles connaissaient. Nous avons ainsi glané une vingtaine d’autres dynamiques collectives autogérées intéressantes. C’était expérimental, mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y avait des personnes intéressées !
Évidemment, une carte, ce n’est qu’un outil, et il faut avant tout des occasions concrètes de se rencontrer et d’entretenir le lien social. Celle que l’on a commencé à créer nous semblerait utile pour orienter celles et ceux qui, comme nous, viennent de se poser sur le Plateau et veulent savoir ce qui s’y passe, afin de pouvoir rejoindre les dynamiques collectives.La carte n’est pas numérisée, c’est seulement un support physique : cela nous a permis jusque-là de garder un œil sur qui y a accès. Elle n’a pas pour but de recenser toutes les activités qui existent (ce serait du fichage et il y en a déjà assez) mais seulement les activités déjà publiques (journaux, tracts, etc.) ou dont les membres souhaitent y être représentés. À terme, on pourrait s’en servir sur des stands lors des événements, des rencontres d’été du Syndicat de la Montagne limousine, la mettre à disposition des personnes exilées, etc.Ce travail n’a de sens que s’il s’intègre et sert aux dynamiques actuelles. On imaginait en effet que le groupe Accueil, le groupe Soin, la future Provision Commune, des utilisateur.ices du Crieur public, etc., pourraient s’emparer de cet outil pour être plus lisibles, mieux accueillir et se renforcer, et bien-sûr définir ensemble les conditions d’utilisation et d’animation de la carte. Cependant, si elle n’est pas mise à jour ou rediscutée périodiquement, la carte peut rapidement devenir obsolète. Elle peut devenir un outil d’organisation collective seulement si un ensemble de personnes s’en saisissent et la font vivre dans des espaces collectifs et accessibles. Nous, ça nous motive, et vous ?
Le dossier du projet de porcherie de Royère n'est pas encore public à ce jour. Il ne pourra l'être que lorsque son étude administrative en préfecture sera terminée. À Giat, dans le Puy-de-Dôme, existe un projet similaire qui est très largement contesté. Il concerne l'élevage de 1000 porcs (contre 1200 dans le projet de Royère). C'est en comparant les deux projets à partir de l'analyse du dossier de Giat par différentes associations, que Michel Bernard montre les effets dévastateurs d'une porcherie industrielle.
Critiquer le projet de Royère n'est pas s'attaquer aux agriculteurs qui le portent, mais c'est s'attaquer à un modèle : celui de l'agriculture industrielle. De tels projets relèvent d’une vision dépassée de l’agriculture et ne correspondent plus à notre époque, ses besoins et ses contraintes. Les cochons y sont tout sauf en villégiature. Confinés, disposant de moins de 1 m² de superficie au sol par individu, les 1 200 bêtes (400 en post sevrage et 800 en engraissement) ne verront jamais la lumière du jour. Dans un flyer de présentation, les promoteurs du projet expliquent : « Le bâtiment d’élevage sera situé à plus de 230 m du tiers le plus proche. Il a été positionné de manière à être en dehors des vents dominants. » Vaste fumisterie quant on connaît les conditions météorologiques de ces dernières années : régulièrement des vents forts d’est et de nord avec des modifications imprévisibles.
Ces dernières années, comme en attestent les différents arrêtés sécheresse pris dans les départements limousins, nous avons été fortement touchés par le manque d'eau. Avec un tel projet, le réseau d'eau potable devra fournir un prélèvement supplémentaire de plus de 2 500 m3 annuels pour la consommation des porcs (selon la coopérative Cirhyo). Il faut y ajouter les eaux de lavage (prélevées sur le réseau d’eau potable, ce qui constitue une hérésie en matière économique comme en matière de préservation des ressources naturelles...). Le réseau aura-t-il les capacités suffisantes pour éviter les coupures d'eau aux habitants en période d’étiage ? Quelles sont les fréquences de lavage, les quantités d’eaux sales produites et leur traitement ?
Le lisier de porcs est un effluent d’élevage sous forme liquide, très chargé en azote (ammoniacale et organique). Il sera épandu sur des parcelles agricoles, en l'occurence 266 hectares répartis sur les communes de Gentioux, Faux-la-Montagne et Royère-de-Vassivière. Il est considéré comme un engrais « naturel » malgré les produits chimiques qu’il peut contenir (produits de traitement et de nettoyage, médicaments vétérinaires...). Selon des calculs effectués à partir de données issues de la littérature (http://ifip.asso.fr) la quantité annuelle de lisier produite est d’environ 2000 m³ (1380 m³ selon Cirhyo). Cette estimation impacte en cascade le dimensionnement des cuves en sous-sol des bâtiments ainsi que les quantités à épandre sur les zones prévues à cet effet.Les zones d’épandage prévues ont-elles fait préalablement l’objet d’une étude géologique et de lixiviation (entraînement par l'eau des nutriments sous forme dissoute : les nitrates) pour s’assurer de l’absence de poches de rétention et (ou) de possibilités d’infiltration des eaux souterraines pouvant générer des pollutions ? Qu’en est-il de la pollution éventuelle du ruisseau du Mazeau qui va directement dans le Lac de Vassivière et quid de la station de pompage situé 400 m plus bas ? Pierre Ferrand et André Leycure (créateurs du Symiva, Lac de Vassivière, dans les années 1960) s’étaient engagés à l'époque à ne pas implanter de station d’épuration dans le bassin versant du lac pour éviter toute pollution. Là ce n’est pas une station, ce seront directement les effluents qui iront dans le lac !Quid des substances retrouvées dans les effluents et du risque de contamination des cours d’eau ? Les épandages étant prévus sur des communes du Parc naturel régional de Millevaches, le projet prend-il en compte les recommandations spécifiques au PNR ?
Les nitrates, phase ultime de la transformation de l’azote, sont soit absorbés par les plantes, soit rejoignent, par ruissellement ou pénétration, les ruisseaux ou les nappes phréatiques. Faut-il rappeler les impacts redoutables des nitrates sur la qualité de l’eau ? En Bretagne, terre d’élevage de porcs, plus de 30 % des ressources en eau sont devenues impropres à la consommation. L’excès de nitrate dans l’eau provoque un phénomène : l’eutrophisation, qui est un excédent de nutriments dans un milieu. Une trop grande quantité de nitrates entraîne une croissance excessive de certaines plantes, algues et certaines cyanobactéries toxiques asphyxiant l’écosystème. L’apport excessif de nitrates agricoles est la première cause d’eutrophisation. Rappelons que ces dernières années des lacs du Plateau ont été interdits à la baignade suite à la prolifération de cyanobactéries ou d'algues. Ayant déjà une eau très acide, la grande solubilité des nitrates dans l’eau accélèrera davantage l’acidification des cours d’eau. Ceux-ci pourront-ils supporter l'apport engendré par l'épandage du lisier ? Quelle sera la conséquence sur le milieu aquatique ? Il en va de même des zones humides, certes petites, mais néanmoins importantes par leur rôle, et situées à proximité des zones d’épandage.L’impact sur les milieux aquatiques en aval est donc loin d’être inexistant. Les nitrates entraînent des réactions chimiques amenant à la création de molécules d’acides sulfuriques et nitriques. Cela augmente la concentration d’aluminium et de certains métaux lourds impactant très négativement le développement de la flore et de la faune aquatiques, avec également des conséquences sur le traitement des eaux et donc des coûts supplémentaires pour les collectivités.
Il est également important de tenir compte des autres polluants : antibiotiques, produits d’hygiène, dératisation… et de leurs conséquences sur les sols, les eaux, la faune et la flore sur le long terme. Rappelons que beaucoup de stations de production d'eau potable ne sont pas suffisamment équipées pour arrêter ces polluants et contaminations biologiques. Par ailleurs, ce type d'élevage étant plus sensible aux maladies, le risque de contamination par des virus (peste ovine africaine par exemple) ou des bactéries et de leur propagation est accrue.
En fait, on se retrouve ici devant une nouvelle tendance de l’agriculture, déjà connue par les chauffeurs de taxi ou les livreurs à vélo : l’ubérisation. L’agriculteur a un statut d’indépendant. C’est lui qui fait les investissements financiers, c’est lui qui travaille, mais il ne maîtrise ni ce qu’il achète ni ce qu’il vend. Et comme il produit du bas de gamme, il se retrouve directement confronté au marché mondial, avec ses variations et ses accords de libre-échange avec le Brésil ou le Canada. Et c’est Cirhyo, la coopérative acheteuse, qui décide des prix. D’autre part, le comportement des consommateurs en France évolue fortement depuis une dizaine d’années à travers deux nouveaux schémas : la recherche de qualité et le changement de régime alimentaire. Il n’est pas nécessaire de rappeler ici le développement des circuits courts de distribution, allié à la recherche d’une alimentation saine liée à une labellisation de l’agriculture biologique. Les élevages type Cyrhio correspondent au modèle triomphant des années 1980, en forte régression depuis. Les agriculteurs vont s’endetter fortement sur de longues années pour développer la production sur un marché en récession au niveau européen. Où est la logique ?Concernant le système d’élevage choisi, il est en radicale contradiction avec les attentes des consommateurs qui recherchent aujourd’hui des produits de qualité. Or nous savons que la densité et les conditions sanitaires dans ce type d’élevage industriel induisent l’utilisation massive de produits pharmaceutiques qui se retrouvent dans la viande et dans l'eau.
La Creuse souffre depuis longtemps d’un solde démographique négatif que toutes les politiques entreprises jusqu’ici n'ont pas compensé. La crise actuelle a conduit une forte population urbaine à réfléchir sur son mode de vie. On l’a vu au cours de l’été 2020, de nombreuses maisons ont trouvé preneurs. Une population nouvelle souhaite un territoire pourvu de qualités environnementales fortes (air, eau, alimentation, paysages) avec des services de proximité et des expériences de bon voisinage. C’est l’opportunité que la Creuse, et le Limousin en général, n’espérait plus. Ce type de projet va à l’encontre du développement tel qu’il est maintenant possible sur nos territoires de petite montagne. C’est la politique de la terre brûlée, de tels projets ayant aujourd’hui tendance à se multiplier et les épandages vont créer des nuisances olfactives régulières et récurrentes.
Le projet de Royère ne va pas créer d'emploi sur notre territoire. Il va même en détruire. En effet, sur le hameau du Villard, à 300 m du bâtiment d’élevage, est installée depuis 50 ans l’association les Plateaux Limousins, qui œuvre sur le territoire pour l’accueil de publics divers et qui emploie 5 salariés. Comment cette association pourra-t-elle continuer son activité et maintenir ces emplois ? Quels touristes accepteront de venir passer un séjour dans les odeurs d'une porcherie ?Le type d’exploitation proposé par la coopérative Cirhyo repose sur une relation contractuelle exclusive entre la coopérative et l’agriculteur. Celui-ci achète les porcs et la nourriture à la coopérative, qui rachète les bêtes à l’issue de l’engraissage. L’agriculteur n’a pas de garantie si les prix fluctuent à la baisse. L’agriculteur qui a investit (ce n’est pas Cirhyo qui paie son installation) se retrouvera dans un marché en surproduction, avec des dettes.Toute la chaîne de traitement (abattage, découpage, transformation…) se trouve ainsi délocalisée. Ce sont des emplois directs qui sont ainsi perdus pour notre département qui se retrouve à ne fournir que de la matière première, comme le ferait un pays en voie de développement. Or la richesse vient de la création de valeur et, ici, du découpage puis de la transformation du porc. Les bouchers, le personnel de cuisine, les conserveries et unités de salaisons sont tous déportés ailleurs.
En France, 95 % des cochons sont élevés selon le modèle le plus intensif : une vie sur du béton ou des caillebotis sans paille ni accès à l’extérieur, des truies encagées, des verrats isolés toute leur vie… À peine âgés de 7 jours, les porcelets subissent trois mutilations extrêmement douloureuses : la coupe de la queue, l’épointage des dents et, pour les mâles, la castration.1Les 1200 porcs seront enfermés dans un bâtiment, sans aucun accès à l’extérieur, si ce projet voit le jour. Chaque animal disposera donc de moins de 1 m². Avec des cycles d'engraissement de 111 jours en moyenne avant le départ à l'abattoir (Ifip, 2007), ce sont plusieurs milliers de porcs qui seront exploités chaque année. Les animaux seront élevés sur caillebotis intégral, une technique particulièrement mauvaise selon le docteur Anne Vonesch et Sébastien Rigal, du collectif « Plein air ». À l’origine de détresse, un tel sol est inconfortable à l’appui, favorise les lésions et les boiteries, n’assure aucun confort (ni physique ni thermique) au repos et expose les animaux aux émissions d’ammoniac des déjections stockées dans les fosses situées au-dessous (Vonesch & Rigal, 2015).Les maladies qui se développent dans l’élevage engendrent une surconsommation de médicaments : antibiotiques, antiparasitaires, mais aussi de plus en plus de probiotiques, divers additifs, etc., et beaucoup de vaccins et désinfectants servant à pérenniser le système industriel (Vonesch & coll., 2010). Remarquons que dans un passé récent, 33% des antibiotiques vendus en élevage ont été destinés aux porcs, avec 50 mg par kg de poids vif (Anses, 2020)2. Ceux-ci peuvent se retrouver, sous forme de résidus, dans la viande consommée et les effluents d’élevage, avec à la clé le risque de développement de résistance microbienne ou d’antibiorésistance en matière de santé humaine.
Toujours dans le flyer de présentation du projet le trafic poids lourds est estimé à 52 camions par an (arrivée + livraison d’aliment). On peut penser que ce chiffre est largement sous-estimé (sans doute pour ne pas effrayer), car si nous prenons l’exemple du dossier du Gaec Le Breuil déposé en Creuse en avril 2021 (1000 équivalents/porcs), l'estimation est d'une livraison de céréales de 2 semi-remorques par jour auxquels il faut ajouter les autres livraisons... Ce trafic supplémentaire nécessitera un entretien renforcé de la voirie, à la charge de la commune et du département (pour rappel, on estime qu’un poids-lourd abîme autant la chaussée que le passage de 45 000 voitures).
D'autres méthodes d'élevage existent et ont fait leurs preuves. Dans un objectif de diversification de l'élevage bovin, mais pas de spécialisation pour autant, notre territoire peut accueillir des élevages paysans de porcins en agriculture plus respectueuse. Selon les sondages, 89 % des Français se déclarent opposés à de tels élevages de porcs. Notre région, géologiquement proche du Massif armoricain ne doit pas devenir une deuxième Bretagne avec les mêmes problématiques sur l'eau et les sols. Ces problématiques ont un coût financier très élevé pour la collectivité quand il s'agit ensuite de remédier aux problèmes ainsi créés.L'agriculture en général et notre département en particulier ont des atouts pour une alimentation de qualité dans des conditions respectueuses de la nature et des animaux. Ce projet ne correspond ni à cette attente ni à la transformation actuelle du marché.