loup

  • Histoire du loup et psychoses sociales, la “bête du Limousin“

    Au cœur du règne de Louis XIV, la province du Limousin connut une affaire qui, toutes proportions gardées, préfigurait les tragédies de la célèbre “Bête du Gévaudan“. Si le phénomène fut circonscrit dans un espace et un temps plus réduits, il n’en annonçait pas moins les questionnements et hypothèses qui auront cours 60 ans plus tard. Les deux affaires permettent à l’historien d’aborder des problématiques très utiles à l’heure où se développe dans les Alpes une psychose moderne. A travers ces lignes, il s’agit pour nous de démonter une mystification. Derrière le loup, évident bouc–émissaire, se sont toujours cachés d’autres coupables.

     

    jeune loupLes faits

    L’essentiel tient en quelques lignes succinctes portées par les curés sur les registres paroissiaux – ou tracées par des témoins dans des cahiers de souvenirs, dits “livres de raison“. On y lit par exemple :

    “Il est sorti une bête du côté de Faux, faite en guise de renard et de la même longueur, qui mangeait les gens, mais surtout les petits enfants. remarque qui doit faire prendre garde un chacun à soi“  (Livre de raison, M. Arfeuillère, avocat à Guéret, 1699)

     

    Cette bête est d’une grosseur considérable

     

    Le même phénomène est alors repris en 1700, par le curé de Banize (Creuse) :

    “Inhumation de Louise Ponsat, 4 ans, égorgée hier environ les 3 heures du soir par une bête féroce et inconnue“ (26 septembre 1700).

    Un bourgeois de Millevaches (Corrèze) reprend ces informations :

    “La dite année (1698), il est sorti une bête de la grandeur d’un grand loup qui dévore le monde, grands et petits, du côté de Saint Léonard et Bujaleuf, et les loups s’attroupent qui font de grands ravages aux bestiaux. Tout cela est de méchantes marques et les dits loups n’appréhendent pas le monde quoiqu’ils soient aux armes“ (Registre domestique de Léonard Magimel).

    Cette documentation peut paraître bien maigre au regard des milliers de lignes qu’un phénomène comparable produira plus tard en Gévaudan. Elle permet toutefois un parallèle édifiant et pose le débat en termes identiques : 

    • la bête (ou les ?) a dévoré, mais a-t-elle tué ?
    • de quel animal s’agit-il réellement ?
    • quelle part tient le loup dans ces affaires ?
    • peut-il y avoir un homme derrière tout cela ?

    Compte tenu des études zoologiques, il semble acquis que le loup n’attaque pas l’homme, à l’exception notable des loups enragés. On notera que dans les lignes ci-dessus, les attaques des loups ne concernent que les bestiaux. Le loup, seul ou en meute, "accompagne" d’autres malheurs des temps, qui étaient pour lui pourvoyeurs de chair fraîche. Loup anthropophage sans doute, loup meurtrier sûrement pas. 

    Les morts “en série“ ont pu être exagérées : 12 personnes “tuées“ pour la commune de Vallières dans une seule année, sur une population de quelques 200 habitants (cité dans un ouvrage de 1919). Les archives fiables, les registres paroissiaux, n’en gardent aucune trace. On a là un symptôme de la psychose. Quant aux personnes dévorées avec certitude, quel animal peut en être responsable ? Si l’on veut bien relire les témoignages, on remarquera qu’ils ne se ressemblent que sur un point unique : la bête n’est pas un loup. Cet animal était assez répandu à l’époque pour que nos ancêtres en connaissent la silhouette et les caractéristiques. Un troisième texte apporte encore une autre version :

    “Cette bête est d’une grosseur considérable, et à peu près celle d’un veau de deux ou trois mois, mais fort déliée et agile ; elle a la tête d’une médiocre grosseur, et depuis les yeux jusqu’au museau comme un lévrier, au poil rougeâtre ; elle a une marque noire comme deux cornes : selon la relation de ceux qui ont été blessés par elle, elle a la langue fort douce" ( Le catéchisme des peuples des villes et des campagnes , 1699). 

     

    louG

     

    Renards, panthères, voire veaux ou lévriers ? les hypothèses semblent assez variées pour refléter la circulation des témoignages selon le processus de la rumeur. Voici ce qu’en dit J.M. Teulière, du centre nature “La loutre“ :

    “De nombreux chroniqueurs et historiens contribuèrent à faire, de ce qui reste un mystère avéré de l’histoire, un mythe. Simultanément, de nombreuses bêtes fantastiques firent leur apparition un peu partout en France“.

    La dimension surnaturelle de “la bête“ étant ainsi soulignée, il convient d‘interpréter ses actes à la lumière de la conjoncture socio-économique du temps, comme à la réalité du cadre naturel, des paysages, des habitudes agraires, qui sont ici fondamentaux.

     

    Un pays misérable

    J’explique la survenue de ces phénomènes par un contexte général de dépression économique, entraînant une situation de misère physiologique et matérielle, mais aussi psychologique. Comme en Gévaudan plus tard, différents témoignages évoquent ce contexte dramatique . Les différents rapports officiels le cernent ainsi :

    “En rêvant dans mon carrosse aux misères extrêmes du peuple du Limousin, il m’est venu à l’esprit …“ (le conseiller du roi, d’Aguesseau)

    ou encore :

    “Si le prix des blés n’a pas encore augmenté, la seule misère en est la cause … Il n’ y a que deux ans que cette généralité s’est vue à la veille de périr par la famine … Il n’ y a rien de plus précieux (…) que la conservation d’un grand nombre de sujets qui périssent par la faim dans cette province … » (  l’intendant Bernage, de 1698 à 1701).

    “les fonds accordés par le roi ne suffiront point à réparer ce désastre ; par suite, il sera impossible de forcer les paroisses à subvenir à la subsistance de leurs pauvres et empêcher ceux–ci d’émigrer pendant l’hiver“ ( Barnage, 22 octobre 1700). 

    De nombreux documents témoignent de l’importance de cette pauvreté absolue et du nombre de vagabonds courant les campagnes. Ces gens sont à la fois des victimes et des coupables potentiels de vols, ou d’agressions. Le fait que la grande majorité des victimes soit de sexe féminin est un indice.

    La cause principale des morts doit être reliée à la situation de misère : les victimes ont pu mourir de froid, de faim, voire d’accidents déclenchés par une fuite sous l’emprise de la panique (les sols sont très accidentés). Ils ont pu être victimes de meurtres aux motivations diverses. Dans ces cas, les loups n’ont été que des mangeurs de cadavres. Les bêtes sauvages ont dû être attirées plus près des terroirs habités, par la terrible situation sanitaire. L’état des corps, comme l’observation de loups les dévorant, a pu être à l’origine de peurs paniques propices à la naissance de rumeurs sur la qualité de ces “dévoreurs“. 

     

    Les “bêtes“ du Limousin et du Gévaudan

    Soixante ans plus tard, certains crurent que “la bête du Limousin“ avait pu réapparaître en Gévaudan. Au début des méfaits de l’autre animal démoniaque, en 1764, on interrogea officiellement les autorités limousines pour connaître les moyens mis en œuvre pour sa recherche et sa destruction. Si la réponse n’a pu être retrouvée, on peut sans risque relever la situation décrite dans d’autres rapports. Elle montre une évidente amélioration. Dès août 1701, le même intendant de Bernage écrivait :

    “L’élection de Limoges n’a pas recueilli beaucoup de seigle qui fait sa principale récolte, mais les pâturages y ont été assez bons. Les blés noirs et les raves sont d’une belle espérance…“

    La nombreuse documentation concernant les malheurs du Gévaudan a permis d’élaborer des hypothèses plus précises. De celles–ci on peut retenir qu’une large majorité des nombreuses observations disculpent le loup. On y ajoutera tout ce qui tourne autour de loups-garous, d’hommes déguisés en loup ou de grands fauves dressés. 

    Partout, nous lisons la patte de l’homme. Quelles que soient leurs motivations, qu’ils aient été réunis en bandes, ou agissant seuls, on ne peut que rapprocher ces théories du célèbre dicton : “l’homme est un loup pour l’homme“.  

     

    Michel Patinaud
  • La louve, la chèvre, le chou et la Montagne

    loup sculptureDepuis 2017, l’association Quartier Rouge, de Felletin, travaille sur la question : Comment se préparer au retour des loups sur la Montagne limousine ? Maintenant que les loups sont manifestement arrivés (voir page précédente), il ne s’agit plus de se préparer mais d’apprendre à cohabiter avec eux. Pour cela, l’association organise ce qu’elle appelle un « laboratoire de pratiques pour imaginer des scénarios de cohabitation sur la Montagne limousine ». Ouvert à tous, il se déroulera sur une semaine en mai prochain.

     

    Suite au processus de recherche et de création artistique mené depuis 2017 autour du retour des loups sur le territoire (voir encadré), Quartier Rouge a préparé cette semaine de laboratoire avec un groupe d’éleveurs, d’artistes et de chercheurs. Côté éleveurs : Johanna Corbin (Gentioux), Thierry Letellier (La Villedieu), Eric Moreau (Saint-Frion) et Léo Pauwels (Tarnac). Côté artistes et chercheurs : Benoît Verjat (designer et anthropologue), Boris Nordmann (artiste) et Patrick Degeorges (philosophe).

    Si vous êtes habitant·e de la Montagne limousine, que vous soyez éleveurs, acteurs du monde agricole, de l’environnement, du tourisme, élus … ou, de façon plus générale, si vous êtes intéressé.es par les questions que posent le vivant, la cohabitation des usages entre humains et non-humains, les formes de négociation ou l’expérimentation de pratiques de recherche collective, ce laboratoire est fait pour vous.

     

    La ferme, laboratoire d’avenirs

    En prenant la ferme comme milieu privilégié pour partager des pratiques, cette expérience propose de penser plus largement comment la ferme et son environnement deviennent un espace politique, un laboratoire d’avenirs. De fermes en fermes, et en s’extrayant de la situation d’urgence que peut soulever le retour des loups, il s’agira de prendre en compte les ancrages positifs de la cohabitation. L’enjeu est la trajectoire de chacun·e et du groupe : la manière dont les questions, observations et intentions s’actualisent et se transforment jour après jour en goûtant à des pratiques de différentes natures (pastorales, éthologiques, artistiques, scientifiques…). Cette expérience vise également à prototyper ou identifier des assemblées de territoire pertinentes pour formuler de nouveaux scénarios et des manières de faire société en prenant en compte différents points de vue et notamment celui des non-humains.

     

    loup 1

     

    Objectifs

    • Comprendre la singularité du territoire de la Montagne limousine en termes de pratiques agricoles, d’histoire, de paysage et poser des hypothèses pour ce territoire.
    • Faire émerger de nouvelles représentations et développer des formes de sensibilités et de relations au vivant.
    • Inviter, croiser et faire interagir des pratiques de différentes natures (pastorales, éthologiques, artistiques, scientifiques…) et coproduire des savoirs et connaissances avec les personnes en présence.
    • Ouvrir la question du loup au-delà des éleveurs afin d’élargir le cercle des personnes concernées et faire réseau en réunissant des acteurs qui ne se rencontrent pas habituellement.
    • Trouver des moyens pour convoquer les non-humains à la table des négociations.
    • Refermer le cycle de travail entamé en 2017 par Quartier Rouge et ouvrir des perspectives en rendant visible le travail réalisé et en inventant des méthodes pour se saisir des questions environnementales.

     

    L’expérience

    L’expérience se déroulera sur 5 jours entre le 16 et le 21 mai 2022. Les participant·es sont invité·es à rester toute la semaine mais peuvent venir aussi à la journée. Chaque journée est consacrée à un nouveau milieu (quatre fermes puis la gare de Felletin) et aborde un angle particulier de la cohabitation. Sur place, l’hôte nous fait visiter sa ferme, présente son milieu et des pratiques associées. Des praticien·nes invité·es proposent chaque après-midi des exercices pratiques de différentes natures (pastorale, de mouvement, de pensée, d’observation, d’enquête …). Le groupe se répartit donc sur chacune des pratiques proposées, puis des temps d’échange en plus petits groupes sont prévus pour saisir et partager les expériences vécues par chacun. Les soirées apportent des éclairages sur des sujets ou approches liés aux angles abordés chaque jour à travers des conférences et des projections. Elles sont ouvertes à tous (voir le programme en encadré).

     

    Julie Olivier

     

    L’association Quartier Rouge accompagne depuis 2017 un processus de recherche et de création artistique avec un groupe d’éleveurs et d’habitants du territoire engagé dans une voie médiane (hors du débat « pour ou contre le retour des loups ») et anticipatrice (voir IPNS n° 62). Ce processus a donné lieu à des ateliers, des rencontres, une formation avec l’éthologue Jean-Marc Landry, une enquête de terrain menée par un groupe d’étudiants en écologie, mais aussi la création de formes artistiques par Boris Nordmann (comme le Récit de l’enquête et la Fiction corporelle Lou Pastoral) ainsi que le prototypage d’une « assemblée pastorale » avec Benoît Verjat. La particularité de ces approches est dans la reconnaissance de l’importance des corps, corps animaux qu’elles cherchent à comprendre depuis les corps de mammifères humains de chacun des participants.

    En savoir plus : www.quartierrouge.org

     

     

  • Les Abruzzes, un modèle de cohabitation

    Abruzzes1Le Parc National des Abruzzes, Lazio et Molise s'étend au centre-est de l'Italie sur 50 000 hectares, dont 30 000 de forêts. Créé en 1922, la biodiversité y est foisonnante, les forêts abritent des hêtres, des chênes et des pins noirs qui y poussent par milliers et y sont plusieurs fois centenaires, et une vingtaine de villages se nichent dans les vallées ou s'accrochent sur le flanc des montagnes. C'est là-bas que nous nous sommes rendus en juillet 2023, à la recherche des grands prédateurs. La cohabitation avec les ours et les loups est ici une histoire de longue date et elle perdure sans grande difficulté... Quel est leur secret ?

     

    Le lieu accueille une soixantaine d'Ours marsicains (Ursus arctos marsicanus), environ 7 meutes de Loups gris (Canis lupus italicus) dont la taille varie de 9 à 11 individus après les naissances, une belle population de Pic à dos blanc (Dendrocopos leucotos), des cerfs, des sangliers, des renards, des chevreuils… À titre de comparaison, le Parc naturel régional de Millevaches s'étend sur 335 000 Hectares et au 10 mai 2023, on y trouvait aucun ours, un seul loup, des Pics noirs (Dryocopus martius), des cerfs, des sangliers, des renards, des chevreuils...

     

    Abruzzes2

    Une cohabitation facile et sereine

    Il suffit d'observer l'attitude des Italiens venus par dizaines attendre la venue d'une femelle ourse suivie de ses 2 oursons de l'année dans leur village, à la recherche de cerises encore mûres, pour comprendre que la cohabitation avec les grands prédateurs est non seulement possible mais facile et source de tant de bonheur... L'ours est ici partout, dans les montagnes alentour, dans les forêts, aux abords des villages, dans les rues des villages parfois ! Et personne ne le craint, bien au contraire! Les habitants l'espèrent, l'observent à distance, heureux...
    Qu'en est-il du loup ? Les loups sont aussi partout autour des villages, mais ils sont plus discrets... On nous dit qu'ils passent parfois au loin, parfois dans le champ en contre-bas et on nous prévient : « Méfiez-vous des chiens plus que des loups ; les chiens sont plus confiants et peuvent être agressifs avec l'homme, tout le contraire du loup, plus craintif et plus doux. » Depuis une loi de 1971, après avoir été chassé et empoisonné, le loup est strictement protégé sur le territoire italien. Sans dérogation possible. Ainsi, dans les Abruzzes, pas de fusil, pas de lieutenants de louvèterie et peu de polémique.

     

    Et l'élevage ?

    On y compte 1500 activités d'élevage, des ovins et des caprins (40 000), des bovins (12 000), des chevaux, des volailles (Le Monde, article du 22 mars 2017). « Le loup s'approche parfois, surtout au moment des mise-bas. Il prélève parfois un veau, mais c'est la vie, le loup a toujours vécu ici, on accepte sa présence » nous confie un éleveur.
    Pour notre part, nous observons entre autres la présence de chiens de protection, absents parfois ou pas toujours très vigilants, des clôtures pas toujours électrifiées, des troupeaux de vaches libres de circuler sur des surfaces immenses. L'un d'eux pâturait à proximité d'une meute de loups et d'un ours – observés en direct et par piège-photo. Une autre meute a été repérée aux hurlements le soir, les pièges-photos nous l'ont confirmé ; elle vivait à moins de 200 m d'un village... Et nous faisons aussi des observations absolument inoubliables d'ours et de loups.
    L'idéal n'existant pas, les récalcitrants vivent partout. Le braconnage existe donc dans les Abruzzes. Mais gare à celui/celle qui serait découvert(e), il serait alors très mal vu(e) et pas seulement par l'équipe de la réserve mais surtout par les habitants eux-mêmes. Ici, on a appris à vivre en compagnie des ours et des loups. Ici, on les aime, on les admire et on les respecte.
    « D'où venez-vous ?
    - Du centre de la France, entre Clermont-Ferrand et Limoges. Nous habitons à la campagne, c'est aussi très beau, mais nous n'avons pas d'ours et pas de loups...
    - Vous n'avez rien alors ! »

     

    Carmen Munoz Pastor et Vincent Primault
    L'association Carduelis prépare pour 2024 un petit film sur la situation dans les Abruzzes vis-à-vis des grands prédateurs.
  • Les forêts limousines peuvent aussi redevenir le royaume des loups

    Affiche La Part du Loup carduelisŒuvrant depuis 2010 en Limousin pour la préservation du vivant sous toutes ses formes, l'association Carduelis édite un nouveau numéro de sa revue La Cardère consacrée au Loup gris. Elle est accompagnée de la sortie d'un film tourné en Italie, dans les Abruzzes et sur le plateau de Millevaches : La Part du Loup.

     

    Dans notre pays, les loups ont disparu durant des décennies, exterminés par des hommes à qui l'on offrait des sommes conséquentes pour les éliminer. Dans le même temps, ours et lynx subissaient le même sort. Peu à peu, nos forêts se vidaient des grands animaux qui les peuplaient autrefois. L'histoire de nos forêts françaises mérite un grand détour, à l'heure où dans notre région notamment, des entreprises sans scrupules sont prêtes à détruire nos forêts pour faire tourner la machine économique capitaliste écocidaire que nous sommes nombreux à refuser. Tandis que des lobbys puissants manifestent bruyamment leur droit à tuer au nom de traditions moyenâgeuses.
    Un des seuls grands moments naturalistes que les forêts françaises nous offrent encore aujourd'hui est sans nul doute le brâme du cerf en automne. Venues du fond des âges, les voix graves de ces grands animaux résonnent alors, déchirant le silence des nuits embrumées. C’est le temps de la reproduction qui revient, immuable. D'autres espèces de mammifères, de plus petites tailles, fréquentent aussi ces forêts, le plus souvent au crépuscule et à la nuit tombée, à l'écart des hommes qu'ils ont appris à éviter : renards, blaireaux, écureuils, martres, chats forestiers, chevreuils... Et aussi des oiseaux comme les geais, les pics ou certaines chouettes...

     

    Ailleurs, des forêts peuplées

    Lorsque l'on a la chance de voyager et de se rendre dans d'autres forêts en Europe, mais aussi en Afrique ou en Amérique, on ressent puissamment le vide qui hante nos forêts en France ; elles sont vides de grands animaux et le constat est sans appel.
    Il y a quelques années, dans une forêt équatoriale au Cameroun peuplée par des éléphants, des gorilles, d'innombrables oiseaux et des insectes à foison, une troupe de chimpanzés s'est mise à hurler non loin de nous, et, sans même les apercevoir, la forêt est devenue soudain grandiose, les singes en étaient les rois.
    En Amérique du Sud et Centrale, jaguars et pumas peuplent des forêts habitées par une faune incroyablement riche et surtout diversifiée (on y trouve par exemple des anacondas, des serpents qui peuvent atteindre une dizaine de mètres). C'est en marchant sur un layon au milieu des arbres qu'un jour, un puma est arrivé face à nous, à une dizaine de mètres. Haut sur pattes, regard pénétrant, l'animal a stoppé son pas, nous aussi, et nonchalamment, celui-ci a fait demi-tour avec une élégance propre à tous les félins. En quelques secondes, il disparaissait...
    Dans ces forêts, les arbres sont parfois gigantesques, en hauteur et en diamètre, la végétation est luxuriante, et la vie est partout, dans les cieux, sur les feuilles, sur l'écorce des arbres, sur la terre, sous la terre, de nuit comme de jour. C'est alors qu'en tant qu'être humain, l'on se sent soudain tout petit et si vulnérable.
    Pour revenir en Europe, nous avons parcouru des sentiers forestiers en Finlande et en Espagne où les ours et les loups étaient omniprésents... Nous étions parmi eux sans jamais les apercevoir. Dans les Abruzzes, en Italie, nous avons randonné dans des hêtraies impressionnantes, au milieu d'arbres centenaires. Quand la chaleur du mois de juillet se faisait intense, la forêt devenait le refuge idéal où la fraîcheur y était des plus précieuses.

     

    Une faune réduite en France

    Nos forêts françaises aussi ont été riches en faune durant les siècles passés ; sans revenir trop loin dans des temps immémoriaux, le pays a connu de belles populations d'aurochs, de bisons, d'élans, et aussi des ours, des loups, des lynx, des chevreuils, des cerfs et des sangliers qui peuplaient densément ces habitats. Tous ces animaux ont été éliminés par les humains durant des décennies, parfois avec acharnement. Quelles en sont les causes ? Elles sont multiples, mais le déboisement massif pour faire la place aux animaux domestiques exploités pour notre subsistance en est l'une des principales. Déjà, on sacrifiait les forêts et tout le cortège de leurs habitants sauvages pour le seul « bien-être » de notre espèce...
    Dans les années 1970, dans notre pays, on a soudain voulu reconstituer les populations d'ongulés... pour pouvoir mieux les chasser. Les chasseurs ont lâché cerfs, sangliers et quelques chevreuils pour repeupler les forêts après les avoir vidées et déboisées... La voilà la part des chasseurs dans leur rôle de protecteurs de la biodiversité ! Sangliers et chevreuils sont aujourd'hui largement répandus sur tout le territoire, aidés pour les uns par du nourrissage, et les cerfs sont revenus dans une bonne moitié de nos forêts.

     

    la cardere loup

     

    Les grands prédateurs

    Mais qu'en est-il des grands prédateurs, eux qui avaient totalement disparus ?
    Aujourd'hui, une poignée d'ours issus de lâchers vivent dans les Pyrénées. Quelques lynx subsistent dans le Jura où ils sont arrivés à la suite de lâchers dans le pays voisin, la Suisse. Quant aux loups, ils sont revenus naturellement par les Alpes italiennes quand le milieu leur a été favorable. Quelques décennies après les lâchers d'herbivores et la reforestation, c'était au tour des loups de reconquérir leur territoire d'antan. C'est chose faite aujourd'hui dans les Alpes françaises.
    Mais nos grands prédateurs sont bien mis à mal dans notre pays. La population d'ours dans les Pyrénées augmente chaque année mais le problème de la consanguinité se pose. Les lynx sont confrontés au braconnage et aux collisions routières, et si la population évolue, elle le fait très lentement. Et les loups se dispersent, comme depuis la nuit des temps. La population augmente, petit à petit, et ce, malgré toutes les tentatives, notamment politiques, d'empêcher leur expansion. S'il y a une bonne nouvelle à mentionner, citons le retour discret dans notre pays d'un autre canidé, le Chacal doré.
    Nos forêts comme nos zones humides sont des milieux précieux en ce qu'ils sont les plus riches en biodiversité, tout comme nos océans. Il nous semble plus qu'urgent de tout faire pour les préserver. C'est pourquoi nous espérons que le prochain loup qui choisira de s'installer dans notre région sera face à des éleveurs qui auront accepté l'idée de cohabiter et qui protègeront leurs troupeaux. Les solutions existent, les aides aussi, c'est un vœu qui nous est cher.
    Et il faut donc nous battre de toutes nos forces contre les projets Farges à Egletons et Biosyl à Guéret qui veulent s'en prendre à nos forêts limousines pour des raisons uniquement économiques.
    Le projet Biosyl a lui tout seul est une aberration écologique. L'usine est prévue sur un site qui se révèle être une zone humide : des espèces remarquables et protégées y ont été découvertes, ainsi qu'une végétation très riche. Et le projet est de couper à 130 kms à la ronde de Guéret tous les arbres issus de nos bois et forêts, résineux comme feuillus, pour fabriquer des granulés ! Biosyl détruirait une zone humide pour son installation et nos forêts de feuillus pour son fonctionnement, pour proposer des granulés de feuillus bien moins efficaces !

    Rendez-vous le 30 juin prochain à Guéret pour une grande marche pour des forêts vivantes.
    Soyons le plus nombreux possible !

    Les forêts limousines peuvent aussi redevenir le royaume des loups, c'est pourquoi nous devons tout faire pour les sauvegarder.

     

    Carmen Munoz Pastor et Vincent Primault
    Association Carduelis

    La revue La Cardère consacrée au Loup gris est disponible dans de nombreux points de vente en Limousin et sur simple demande à l'association.
    Si vous êtes un cinéma, une association et que vous souhaitez projeter La Part du Loup, n'hésitez pas à nous contacter. Nous nous déplaçons pour en parler.
    Le DVD du film est disponible auprès de l'association.
    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
  • Massacre de la biodiversité

    transformer lemonde sauvageLa période de confinement avait du bon, la planète se trémoussait d’aise, les canards arpentaient le bitume, les chevreuils broutaient les jardins, le ciel était limpide, la nature gazouillait ! On aurait pu espérer que l’humain retiendrait la leçon, mais les horreurs ont repris de plus belle, l’homme est définitivement con.

     

    Rien ne justifie la tuerie des blaireaux perpétrée depuis fin avril 2020 à La Nouaille en particulier et au niveau national plus généralement. C’est à l’insu de tous, la mairie n’a pas été avertie, l’ordre venant directement de la préfecture, que plusieurs blaireautières ont été vidées de leurs habitants... Ces animaux sensibles et sociaux sont accusés de tous les maux. Ces mensonges permettent aux chasseurs de les persécuter et de les massacrer jusque dans leurs terriers, qu’ils soient adultes ou juvéniles. Leur existence dans la nature n’est pourtant en rien un obstacle aux cultures. Les blaireaux sont d’ailleurs des animaux protégés en Angleterre, au Pays de Galles, ainsi qu’aux Pays-Bas, au Danemark, en Grèce et en Hongrie. La France fait exception en Europe. Même si le blaireau n’est plus considéré comme un nuisible depuis 1988, il continue d’être chassé.  Appelé « vénerie sous terre », le déterrage consiste à lâcher des chiens pour acculer un blaireau au fond de son terrier puis de l’extirper à l’aide d’énormes pinces métalliques... Le blaireau endure de longues heures de stress avant d’être exécuté ou donné vivant aux chiens... C’est ce qui se passe en général, mais à La Nouaille, ils auraient peaufiné le massacre : les adultes auraient été éventrés puis enterrés, les petits enterrés vivants. La vénerie souterraine c’est déjà moche, là ça devient l’horreur. Le déterrage est pratiqué de la mi-septembre au 15 janvier, mais dans 74 départements français, sur simple volonté du préfet, il peut commencer dès le 15 mai, période où les blaireautins sont encore dépendants de leur mère et du groupe social. Chassé 9 mois et demi, le blaireau n’a aucun répit ! Pourquoi un tel acharnement ? Ce loisir sadique et moyenâgeux doit être banni. C’est la quintessence de l’horreur de la chasse. Le déterrage des blaireaux est un « loisir » cruel, déguisé en soi-disant chasse utile et nécessaire. Le blaireau est un animal inoffensif, à part quelques terriers, ils ne dérangent personne… sauf si les tueurs s’en prenaient à l’emblème du journal IPNS ! 

     

    Selon l’arrêté ministériel pris pour l’application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement qui fixe les dispositions pour la période 2019-2022, fouines, corbeaux, corneilles, étourneaux, martres, renards, belettes, putois et bien d’autres encore ne sont désormais plus considérés comme des espèces « nuisibles », mais comme des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts ». Une nouvelle formulation astucieuse qui change tout pour ces animaux sauvages de nos contrées. Le glissement sémantique discret entamé l’année passée en évoquant désormais les espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts » n’améliore pas le sort des animaux. Les associations de défense de l’environnement, aussi bien au niveau national que local, voient pourtant les choses d’un tout autre œil et dénoncent un acharnement contre les animaux sauvages qui figurent sur la liste. « Si l’on se fixe aux bilans de piégeage réalisés de 2015 à 2018, ce seraient plus de 2 millions d’animaux sauvages qui pourraient être à nouveau tués, piégés, déterrés d’ici le 30 juin 2022 ! », calcule l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui s’inquiète de ce massacre. 

     

    blaireaurenard

    À Peyrat-le-Château, un nouveau métier apparaît : tueur à gages campagnard ! Un chasseur, devenu garde-chasse assermenté, est « sollicité » par les locaux pour abattre tous les renards contrevenants regardant un peu trop leurs poulettes. Rappelons que le garde-chasse peut chasser tous les jours et « réguler » à sa façon la biodiversité ! Vraiment je crois rêver ! De plus, on constate à de multiples reprises la pratique courante de déclarations mensongères des associations de chasse locales sur des soi-disant pertes de poules de poulaillers fictifs, de dégradations dans des cultures imaginaires, justifiant ainsi l’autorisation de la préfecture pour continuer la décimation des renards et d’autres « nuisibles ». Pour quel motif ? Le plaisir de tirer, tirer toujours plus ? Le renard est utile à la régulation des rongeurs et la population des rongeurs ne sera jamais trop importante car ils s’auto-régulent eux-mêmes en fonction de la disponibilité de la nourriture.  Alors pas de renard ? Les rongeurs pullulent dans les champs, alors la solution miracle : la bromadiolone, puissant pesticide mais qui n’atteint pas seulement le campagnol terrestre. Lorsqu’elle est épandue sur de vastes surfaces, son usage s’avère catastrophique puisqu’elle tue également les prédateurs naturels des campagnols (rapaces : 22 cadavres de milans royaux dans le Puy-de-Dôme, hermines, renards), les oiseaux granivores, la faune chassable (sangliers, chevreuils, lièvres) et les animaux domestiques (chats et chiens). Dans les années 1980-1990, l’emploi massif de la bromadiolone avait provoqué un déclin de 80 % de la population de milans royaux dans le Doubs. Et pour continuer dans la bêtise et l’horreur, à 5 mois d’accueillir le Congrès mondial de l’Union Internationale de Conservation de la Nature à Marseille, la France autorise la chasse de près de 18000 tourterelles des bois, espèce menacée d’extinction et classée sur les listes rouges de l’UICN. La LPO a décidé de réagir devant le Conseil d’État.

    Continuons le massacre du renard qui mangent nos poules, du loup et de l’ours qui mangent nos moutons, du blaireau qui creuse des trous et puis quoi encore ou plutôt qui encore ? À ce rythme là, on n’a qu’à flinguer tout ce qui nous gêne, vous me direz c’est déjà le cas. Alors continuons calmement, le fusil dans une main l’insecticide dans l’autre, l’organisation du suicide collectif.

     

    Michel Bernard

    À voir sur le net : https://www.youtube.com/watch?v=cABqamBJkC4&feature=emb_logo, travail pédagogique fait par Virginie Boyaval, via son site http://meles.fr/ ; une personne à soutenir !

     

    Mission hérisson LPO

    Tout le monde connaît le Hérisson d’Europe, ce petit mammifère que l’on voit fréquemment déambuler dans les campagnes et dans les villes. Avec ses piquants il est difficile de le confondre avec une autre espèce ! Bien qu’entièrement protégé par la loi, le Hérisson d’Europe est pourtant en danger. De nombreuses menaces pèsent sur cette espèce nocturne emblématique des jardins. Elle est victime de collisions routières, d’intoxication et d’empoisonnement par les granulés anti-limaces, de noyade, de l’utilisation des tondeuses à gazon, de blessures causées par les chiens, etc.
    En 2018, le Centre de sauvegarde LPO situé à Audenge (33), l’un des sept centres LPO, a accueilli à lui seul plus de 650 hérissons en l’espace de quelques mois. Aujourd’hui nous ne sommes pas en mesure de quantifier le déclin que connaît l’espèce en France. Une chose est sûre, elle se porte mal.
    Une tendance qui tend à se confirmer en Europe. En Angleterre par exemple, les chiffres sont alarmants : en vingt ans, un tiers des hérissons a disparu des campagnes.
    En 2020, la LPO met à l’honneur le hérisson. L’objectif ? Faire redécouvrir cette espèce discrète connue de tous et permettre à chacun d’agir dans son jardin, dans sa commune, dans ses pratiques au quotidien. Rendez-vous tout au long de l’année sur les comptes Facebook LPO France et Instagram @lpo_officiel pour des anecdotes, des conseils, des tutos, et le lancement d’une enquête participative, point d’orgue de cette opération.
  • Qui a vu le grand méchant loup ?

    loupAu cours de l’hiver, le Limousin a été le théâtre de plusieurs attaques de troupeaux ovins attribuées officiellement au loup. Les réactions ont été à la mesure (et à la démesure) de l’émotion suscitée par cet événement.

     

    Depuis plusieurs années le GMHL (groupement mammologique et herpétologique du Limousin) organise des conférences pour aider les différents acteurs du territoire à anticiper le retour du loup gris. Son animateur, Julien Jemin, a eu du mérite pour mener les débats de façon non polémique en respectant tous les présents et tous les points de vue. Aux agriculteurs qui lui jetaient « on ne veut pas de votre loup », il expliquait que le loup n’appartient à personne et ne demande aucune autorisation pour venir dans nos contrées. Plusieurs attaques ont eu lieu sur des troupeaux ovins en décembre et janvier à Pérols-sur-Vézère, Féniers, Gentioux. Chargé de les authentifier, l’OFB (Office français de la biodiversité qui réunit l’Agence française de la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage) a prudemment affirmé que « la responsabilité du loup n’est pas écartée ». Des attaques qui confirment les déclarations de Marie Abel, chargée de la cellule loup au GMHL : « Le Limousin est un bon corridor pour les individus seuls, mais il n’y a pas de fixation pour l’instant. » Autrement dit : pas de meutes.

     

    Le monde agricole en ébullition

    Ces attaques ont suscité la colère des représentants agricoles. Des réunions ont eu lieu dans les 3 préfectures du Limousin dont ils n’ont pas été satisfaits car ils n’ont pas obtenu le classement des départements en « zone difficilement protégeable » (ZDP) qui leur aurait permis de pratiquer des tirs de défense et de prélèvement. Néanmoins, chaque préfecture a classé en « cercle 3 » (zones éligibles aux mesures de protection des élevages face au loup) la totalité de son département. Ce qui permet de subventionner des moyens de protection (clôtures et parcs électrifiés), l’achat de chiens et des accompagnements techniques. Les communes qui ont subi des attaques ont même été classées en « cercle 2 » (financement renforcé). Les 3 chambres d’agriculture réclament cependant le classement en ZDP et leurs présidents ont même écrit au Président de la République pour cela !

    La Confédération paysanne du Limousin exprime une position plus nuancée. Si elle salue comme « une première avancée » le classement en cercles 3 et 2, elle rappelle que « ce sont les éleveurs qui sont menacés par la présence du loup et non l’inverse » : « Les éleveurs, obligés de modifier leurs pratiques et d’investir dans des moyens de protection n’ont pas à gérer les effectifs des espèces protégées ni à protéger les promeneurs, touristes ou animaux de compagnie face aux mesures de protection des troupeaux. La mise en place rapide du Plan national loup sur l’ensemble du Limousin est urgente et indispensable. C’est à l’État et aux collectivités territoriales de mettre en œuvre toutes les mesures de régulation, d’indemnisation et de protection nécessaires pour préserver l’élevage paysan. »

    Quant à la Coordination rurale, elle se distingue par ses positions extrémistes : « En Haute-Vienne, nous avons du plomb et du poison et nous régulerons par nous-mêmes. » Son représentant creusois a été encore plus explicite : « On invite les agriculteurs à prendre leur fusil de chasse et à tirer le loup sans rien dire. Il faut faire cela discrètement pour faire disparaître les cadavres. La Coordination rurale remboursera le plomb et le sac de chaux. » Des propos qui ont déclenché un dépôt de plainte de trois associations de défense animale.

     

    La coexistence est-elle possible ?

    Le GMHL pense qu’il ne faut pas se laisser aveugler par ce genre de positions et que beaucoup d’éleveurs sont prêts, avec l’aide des pouvoirs publics, des associations et des scientifiques, à adopter des mesures de protection des troupeaux pour poursuivre leur activité en sécurité. Le GMHL défend la place du loup gris en Limousin mais aussi le maintien d’un élevage ovin extensif participant tant au maintien de la biodiversité qu’à la possibilité de vivre et travailler sur le territoire. Il reconnaît également le droit des éleveurs à défendre leurs troupeaux (tirs de défense par exemple). Il préconise l’utilisation du triptyque classique : gardiennage, chiens et regroupement nocturne et recommande d’en adapter les règles aux spécificités du Limousin. Si le GMHL est opposé à la création d’une ZDP et aux tirs de prélèvement, il mise sur un travail de médiation et d’accompagnement auprès des éleveurs pour trouver des solutions concrètes en collaboration avec des associations telles l’association pastorale de la Montagne limousine ou l’association corrézienne des utilisateurs de chiens. Certaines pratiques d’élevage devront forcément évoluer. Ainsi, un éleveur qui a l’habitude de ne visiter qu’une fois par semaine un troupeau éloigné de 30 km de son domicile, devra, avec la présence du loup, abandonner cette pratique. Cela pose aussi des questions plus larges concernant le foncier, la structuration des exploitations et la course à l’agrandissement.

     

    Jean-François Pressicaud

     

    Du nuisible à éradiquer à l’espèce vivante à protéger

    Au milieu du XXe siècle le loup, pourchassé depuis des siècles, est finalement éliminé des campagnes françaises. En Limousin les derniers loups sont tués dans les années 1930. À l’époque chacun pensait que c’était un progrès notable et une victoire de la civilisation : les hommes s’étaient débarrassés d’un nuisible ! Moins d’un siècle plus tard, la prise de conscience des dégâts écologiques et des atteintes à la biodiversité conduit une part grandissante de la société à comprendre que le terme de nuisible accolé à une espèce vivante doit être rayé de notre vocabulaire et qu’il faut tendre vers un équilibre entre toutes les composantes de la vie sur terre. Pas facile certes, mais espérons que le bon sens, la bonne volonté et une meilleure connaissance conduiront à une approche apaisée des difficultés à affronter.
  • Revenu en Limousin après 100 ans d'absence, un loup solitaire est abattu par la bêtise humaine

    Le 11 mai 2023, un des seuls loups de retour en Limousin a été tué à Tarnac. Consternation et colère du côté des associations qui, comme Carduelis, Nature Limousine, Club Photo de Felletin, Herbes de vie, Vieilles racines et Jeunes pousses, Silva, défendent avec ferveur le vivant sous toutes ses formes, qu'il s'agisse de la faune ou de la flore.

     

    Loup 2

     

    Notre association, Carduelis, espérait le retour du Loup gris sur nos terres depuis de nombreuses années, plus exactement depuis 2017, année qui avait vu revenir cette espèce, mais seulement de passage, en dispersion. Nous connaissons le Loup gris pour le pister à de nombreuses reprises ces dernières années. Nous allons en Espagne, en Italie, dans le sud de la France à sa recherche...

     

    Le retour du loup

    En décembre 2021, un loup était (enfin !) repéré sur le plateau de Millevaches, un mâle solitaire recolonisant de façon naturelle son territoire d'antan. Pour la première fois depuis des décennies, celui-ci avait choisi de s'y cantonner l'hiver suivant, en 2022. La présence de cette espèce deux hivers de suite dans le même secteur est alors considérée comme créant une zone de présence permanente (ZPP). C'est pour nous une chance formidable de pouvoir ainsi suivre le loup tout près de chez nous.
    La région avait eu le temps de se préparer à cet éventuel retour. Depuis 2017, des réunions avaient eu lieu, un Groupe Loup s'était formé et le Parc naturel régional (PNR) de Millevaches créait un poste missionné pour le suivi du loup. Au sein de Carduelis, en tant qu'association naturaliste du Limousin particulièrement intéressée par cette espèce, nous faisions également notre suivi depuis plusieurs mois. Plusieurs contacts indirects avaient eu lieu, parvenant ainsi à localiser plus précisément sa présence. Ainsi, les 26 et 27 avril derniers, nous avions un nouveau et dernier contact, heureux de savoir que ce loup survivait, sain et sauf...

     

    Élimination pure et simple

    Mais, le 11 mai 2023, ce fut la consternation ! Nous avons été très touchés et attristés d'apprendre que ce loup avait été abattu ! Et très en colère de constater une fois de plus que tant de bêtise subsistait dans notre humanité. Car voilà l'unique voie choisie par nos politiques, l'élimination pure et simple d'un animal, à l'heure où la biodiversité s'effondre et que nous n'avons jamais eu tant besoin d'une nature préservée, sauvegardée, respectée.
    Ce 11 mai 2023, 300 à 400 heures de traque, avec des armes appropriées pour la vision nocturne (tout cela payé par nos impôts), ont fini par avoir raison d'un loup solitaire qui ne faisait que passer près d'un troupeau ! Le président de la Chambre d'agriculture de Corrèze, Tony Cornelissen, affirme dans un article de La Montagne daté du 13 mai : « Il allait passer à l'acte. Il était près d'un troupeau ». Ils ont tué un loup qui passait simplement près d'un troupeau ! C'est aberrant ! Pourquoi ne pas avoir utilisé raisonnablement l'effarouchement ? Cela aurait suffi à éloigner le loup et à l'effrayer... Pourquoi l'éleveur n'avait-il pas de chiens de protection si son troupeau était en danger, plutôt qu'un âne, inutile la plupart du temps face à un loup ? Pourquoi ne pas essayer de rentrer ses animaux la nuit ? Pourquoi pas un berger pour rester auprès des bêtes si celles-ci étaient réellement menacées ? Toutes ces interrogations sont légitimes, car l'État soutient les éleveurs en France, et très largement... Nous ne disons pas que cela est facile, simplement que les solutions existent et qu'elles sont soutenues financièrement dans notre pays ! Pourquoi ne pas apprendre de nos voisins européens ?

     

    Loup 1

     

    Cohabiter sereinement avec nos grands prédateurs

    Il suffit de se rendre en Espagne ou en Italie, pour ne citer que nos plus proches voisins, pour réaliser que nous sommes le seul pays où les loups posent à ce point problème ! Nous y sommes allés, avons observé, parlé avec des éleveurs là-bas et nous affirmons donc que notre façon d'aborder le retour du loup en France et dans notre région est proprement scandaleuse. Et hypocrite.
    Car une situation similaire arrivera de nouveau, tôt ou tard... En effet, le Loup gris est une espèce qui, pour survivre, se disperse en parcourant parfois de très grandes distances. Les jeunes loups quittent un jour la meute qui les a vus naître et partent à la recherche d'un nouveau territoire. Un territoire où ils trouveront de l'espace, de la nourriture, des lieux de tranquillité pour le repos et pour, un jour prochain, quand l'heure sera venue, éventuellement fonder une meute. Le Limousin possède tous les atouts pour accueillir une espèce comme le loup ! Des surfaces immenses inhabitées, des cerfs, des chevreuils, des sangliers pour se nourrir (la nature est ainsi faite que le couple prédateur/proie se régule parfaitement tout seul quand la chaîne alimentaire est au complet. Dans ce cas, les chasseurs n'ont rien à faire, surtout pas à réguler !). Ne faut-il pas simplement chercher à se préparer intelligemment à la présence du loup ou veut-on continuer à éliminer tout ce qui est vivant sous prétexte de dérangements ?

     

    Un petit mensonge...

    Là aussi l’article de La Montagne du 13 mai s'achève sur une autre citation de Tony Cornelissen qui affirme, sans contradiction aucune et à notre plus grande consternation, que le soulagement est là mais que la vigilance s'impose car « des jeunes loups ont été filmé... » À Carduelis, très surpris par cette affirmation qui prouverait la reproduction du Loup gris en Limousin, nous avons contacté le président de cette Chambre d'agriculture afin de pouvoir visionner cette fameuse vidéo... Affirmer sans prouver peut s'avérer mensonger... Trois mails n'y ont rien fait, aucune réponse du président, aucune preuve apportée, aucune image. Cette affirmation sans preuve dans un journal très lu dans la région est simplement inventée : aucun cas de reproduction de loup n'a été découvert en Limousin, ni par le PNR, ni par l'Office français de la biodiversité (OFB), ni par nous-autres associations naturalistes, tous sur le terrain...
    Nous avons demandé un droit de réponse à La Montagne et un article est de nouveau paru sur le site du journal le 20 juillet 2023 « En Limousin, sera-t-on prêt à l'avenir à laisser sa part au loup ? ». M. Cornelissen y est pleinement démenti, et cette fois par l'OFB ! Halte aux mensonges ! Et là, soudain, une réaction ! Ce monsieur a enfin pris son téléphone, non pour nous parler, mais pour engueuler la journaliste de La Montagne ! C'est le chef d'édition qui lui a heureusement rappelé ce qu'est la liberté de la presse, même locale !

     

    Fantasmes contre réalité

    Il faut aussi parler de l'intervention du président de la Chambre d'agriculture de Haute-Vienne cette fois, Bertrand Venteau, sur France 3 Limousin, sur le plateau du 19/20, le 22 Mai 2023, à une heure de grande écoute. Cet homme appelle carrément à éliminer les loups, même individuellement, affirmant en guise d'introduction que le loup a été réintroduit en France ! Non seulement le loup est revenu naturellement en France depuis l'Italie en 1992, cela est reconnu depuis 30 ans, mais le loup est surtout une espèce protégée au niveau européen, et censément par la France. Oui, censément. Car tuer un loup est normalement interdit par la loi française et cela devrait être condamné !
    Et pourtant... Dans notre pays, on tue les loups sur autorisation dérogatoire des préfectures ! Le plus souvent sans rechercher l'efficacité pour la protection des troupeaux, mais uniquement dans un but politique, afin de « calmer » les opposants à la présence du Loup gris. Le loup porte malheureusement toujours en lui cette dimension de fabulation qui fait passer à certains leurs fantasmes pour des réalités, allant même jusqu'au complotisme quand on les entend parler régulièrement de réintroductions cachées ! Le Loup gris n'est ni plus ni moins qu'une espèce animale comme les autres, une espèce qui devrait être prioritaire tant sa présence est salutaire et le signe d'une nature en bonne santé. Faut-il rappeler que la place d'un super prédateur dans la nature est primordiale ? Faut-il encore dire que l'équilibre et le maintien des chaînes alimentaires permettent la vie sur cette planète dans toute sa diversité depuis la nuit des temps, et que le super prédateur en est le pilier ? Malgré ce que prétendent toutes ces personnes, malgré certains loups traversant le Limousin en dispersion, il faudra maintenant des années pour qu'un nouvel individu se réinstalle de façon régulière dans notre région... Ce n'est donc pas du tout un loup parmi tant d'autres qui a été abattu, mais un individu solitaire, n'en déplaisent à tous ceux qui hurlent leur soulagement !

     

    La part du loup

    Nos voisins italiens nous ont un jour parlé de « la part du loup ». Partager avec le loup, cela devrait nous inviter à une profonde réflexion dans un pays comme le nôtre. Dans les Abruzzes (voir encadré), les bergers considèrent que les prédations ponctuelles imputées au loup font partie de la vie. Certes, là-bas, les loups n'ont jamais disparu et ont toujours cohabité avec les hommes. Chaque éleveur est responsable de ses animaux, il les protège, parfois avec des chiens, parfois avec des bergers, souvent les deux, et ce dans des espaces immenses. Là-bas, les loups, bien plus nombreux, ne font pas tant de dégâts que ça. Tout porterait à penser que les loups français seraient alors bien singuliers... Ou ne serait-ce pas tout un système qui profite de ce retour du loup pour l'ériger en bouc émissaire et comme seul et unique coupable de tous les maux des éleveurs français, ce qui pourrait bien rapporter gros à certains.
    Ici, en Limousin, il ne faut pas croire que tous les éleveurs sont contre la présence du loup. Nombreux sont ceux qui ont compris la nécessité d'une cohabitation pacifique et réfléchie avec un élément indispensable de la biodiversité, l'un deux est même abonné à notre revue naturaliste La Cardère (1) ! Mais, comme toujours, nous n'entendons que ceux qui crient le plus fort, et pas forcément les plus ouverts à l'avenir responsable de leur profession...
    Alors qu'attendons-nous pour retrouver la raison et à apprendre à vivre en harmonie avec l'ensemble du vivant, même et surtout avec, à nos côtés, ces animaux fabuleux et pourtant trop rares que sont nos super prédateurs ?

     

    Carmen Munoz Pastor et Vincent Primault de l'Association Carduelis

    (1) Le prochain numéro de La Cardère aura pour sujet le Loup gris.

     

    D’autres loups arriveront, c’est inéluctable

    Dans un communiqué publié après l’abattage du loup de Tarnac, six associations de protection de la nature du limousin et l’association nationale Ferus (Ours - Loup - Lynx - Conservation), interpellent sur ce qui va se passer dans l’avenir.
    «  L’habitat naturel étant favorable, d’autres loups arriveront, c’est inéluctable. Les pouvoirs publics vont-ils continuer à tuer les loups recolonisateurs ? Ou un réel effort de protection des troupeaux sera-t-il mis en place dans les nouvelles zones du loup ? Seuls les moyens de protection des troupeaux effectifs fonctionnent sur le long terme, on ne le répétera jamais assez : l’avenir de l’élevage et des loups ne peut se faire qu’à cette condition. 
    L’État français se montre une nouvelle fois hors-la-loi vis à vis des directives européennes qui stipulent que des loups ne peuvent être abattus que si la population de loups, y compris locale, n’est pas mise en danger (ce qui n’est pas le cas vu que le seul loup de la zone a été tué) et si toutes les autres solutions n’ont pas marché (ce qui n’est pas non plus le cas vu la faible hauteur des clôtures et l’absence de chiens de protection).
    Alors arrêtons de tuer des loups et redoublons d’efforts sur la mise en œuvre des moyens de protection des troupeaux, notamment sur les fronts de recolonisation ! »
  • Un loup fait de nouveau parler de lui sur le plateau de Millevaches

    En mai 2023, un loup mâle de 3 ans avait été tué par un lieutenant de louveterie mandaté par la préfecture de Corrèze sur le plateau de Millevaches. Les associations de protection de la nature, locale et nationale, Carduelis et Ferus, avaient alors indiqué que le retour du loup dans notre région, de passage ou pour s'y installer, était une certitude. Nous y voilà donc, sans surprise : un an après, le loup fait de nouveau son apparition. À cette occasion, ces associations souhaitent s'adresser aux éleveurs.

     

    L'été 2024 a été agité du côté du plateau de Millevaches, et pas seulement à cause des nombreuses coupes rases qui dévastent nos paysages. Comme cela avait été présagé, le loup est repassé par ici, et nul doute qu'il repassera par là. Et les fusils n'y feront rien.
    Pour nous autres, les associations de protection de la nature, nous ne nous lasserons pas de répéter que si l'on souhaite à la fois protéger les activités d'élevage et la biodiversité, le tir létal n'est pas la solution, qui plus est, sur une espèce protégée en France et en Europe par la Convention de Berne.
    À ce jour, aucune étude n'a montré l'efficacité, à terme, des tirs létaux pour faire baisser d'une manière significative et durablement les dommages causés aux troupeaux domestiques attribués au loup.
    En effet, au niveau national, là où se trouvent des meutes comme dans les Alpes, les tirs de défense, ou plus globalement les tirs létaux, provoquent l'éclatement des meutes. En bouleversant la hiérarchie établie et donc la méthode de chasse de la meute, les tirs dispersent les loups avec comme impacts négatifs d'augmenter le nombre d'attaques sur les troupeaux domestiques.

     

    Loup Esp

     

    La chasse au loup est ouverte

    Un loup a de nouveau été repéré dans notre région par des attaques d'ovins début juin 2024. Dès la fin juin, la préfecture de Corrèze autorisait à coup d'arrêtés de dérogation (8 à ce jour, 16 éleveurs autorisés à tirer), le tir létal, sans même utiliser avant tout l'effarouchement et la mise en place effective de mesures de protection efficaces, conditions évoquées dans la Convention de Berne. Ainsi, depuis le 28 juin 2024, des lieutenants de louveterie, avec des moyens conséquents, tentent chaque nuit, de 21h à 3h, de tuer ce loup. En vain.
    Ce loup est sans doute un animal en dispersion. Il a quitté son noyau familial (des Alpes, d'Italie, d'Europe de l'est ?) pour conquérir un nouveau territoire. Cette période est loin d'être évidente pour un loup esseulé ; il s'agit pour lui de trouver de la nourriture, de parer à tous les dangers (routes, trains, fusils), de trouver des lieux de repos...
    A-t-il un but, se questionneront certain(e)s ? D'attaquer nos moutons, répondront d'autres.
    Pourtant, une seule réponse existe à cette question : il s'agit pour le loup, comme pour toute espèce animale, de survivre, tout simplement. Pour cela, en tant qu'espèce carnivore et excellent chasseur, il s'attaque aux proies les plus faciles, les plus petites ou les plus vulnérables : lapins, lièvres, campagnols... et évidemment moutons si aucune mesure de protection ne l'en empêche !

     

    Des bénévoles pour protéger les troupeaux

    C'est pourquoi ces associations demandent aux éleveurs de considérer que la seule solution raisonnable et viable sur le long terme est de protéger les troupeaux, car inéluctablement, le même scénario se répétera à l'automne et au printemps dans les années qui viennent. Sans compter que demain, il y aura peut-être 2, 3, voire 4 ou 5 loups sur le plateau de Millevaches.
    La présence du loup sur un territoire où il a été absent pendant des décennies rebat les cartes, c'est indéniable, et nous ne sommes pas ici en donneurs de leçons. Il s'agit pour nous d'informer raisonnablement et humblement, que les aides publiques existent, financières et matérielles, filets et chiens de protection a minima, en plus des indemnisations qui ont augmenté en début d'année. La présence de bergers aiderait également et de manière conséquente à éloigner les éventuels loups, présents et à venir.
    L'association Ferus, consciente des difficultés rencontrées par les professionnels de l’élevage face à la présence du loup, a mis en place un programme de bénévolat appelé PastoraLoup, visant à apporter un soutien complémentaire aux éleveurs et bergers dans la mise en œuvre des moyens de protection. Grâce à la mobilisation de bénévoles, l'objectif est de renforcer la présence humaine auprès du cheptel et de participer aux divers travaux pastoraux facilitant l'exercice de la profession en zones à loup. Selon leurs besoins, les éleveurs/bergers peuvent faire appel à ce programme pour plusieurs actions : l’aide à la surveillance des troupeaux, des chantiers d'aménagements pastoraux et le prêt de foxlights, dispositif d’effarouchement lumineux. Pour les missions de surveillance, les bénévoles sont suivis à distance par un salarié de Ferus et, lors des chantiers, un encadrant est présent pour accompagner les bénévoles. Depuis plus de 20ans, près de 800 bénévoles se sont investis sur le terrain, auprès d’une centaine d'éleveurs sur différents massifs et départements concernés par le retour du loup, afin de renforcer la surveillance des troupeaux, de jour ou de nuit (voir le site www.ferus.fr).

    Un dialogue est possible et même nécessaire entre les différents acteurs concernés par ce sujet, les éleveurs et les protecteurs de la nature. Le loup est une espèce éminemment intelligente, qui a la capacité d'apprendre et qui a un impact bénéfique sur la nature sauvage. Tout cela est étudié et reconnu.

    Pour nous autres, associations de protection de la nature, le retour du loup sur nos terres limousines est un événement inespéré et merveilleux dans nos existences, nos forêts se repeuplent enfin de grands prédateurs et redeviennent majestueuses.
    La présence du loup demande de l'adaptation, de la tolérance et de la curiosité ; cherchons ensemble des solutions en faveur du vivant et tentons de dialoguer sereinement.

     

    Carmen Munoz Pastor et Vincent Primault

     

    Une revue et un film

    L'Association Carduelis a édité un numéro de sa revue La Cardère consacré au Loup gris. Elle est disponible dans de nombreux dépôts-ventes de la région et auprès de l'association. Elle a également réalisé un film sur ce sujet La Part du loup, tourné en Italie, dans les Abruzzes et sur le plateau de Millevaches. Elle contacte actuellement les cinémas de la région pour des ciné-rencontres. Si un lieu souhaite l'accueillir (cinémas, bibliothèques, salles des fêtes, écoles...), n'hésitez pas à la contacter à cette adresse : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.