Depuis les années 1980, Peuple et Culture invite des artistes en résidence à Tulle et dans le pays de Tulle. Entre la commande publique traditionnelle et l’œuvre dite autonome, l’association explore une troisième voie : celle d’un art rattaché à l’espace public par des procédures de participation et d’échanges, et capable dans le même temps de produire des formes exemplaires. Les dix dernières années ont été marquées par trois temps forts avec les photographes Marc Pataut, Patrick Faigenbaum et Ahlam Shibli qui chacun-e à leur manière ont investi par leur travail artistique le pays de Tulle. En est résulté un corpus d’œuvres (plus de 140 photographies et deux ouvrages) inscrit dans ce territoire et en lien avec sa population, ce qui constitue un phénomène rare. Peuple et Culture a choisi de poursuivre cette démarche avec l’invitation en résidence d’un collectif de jeunes artistes (aux pratiques diverses : photographie, sculpture, vidéo, dessin) sensibles au lien art/territoire : le groupe RADO. Celui-ci organise dans le cadre de son travail une journée d’étude pour mettre en partage ses recherches et ses interrogations.
Il y a plus d’un an maintenant, l’association Peuple et Culture Corrèze, par la voix de Manée Teyssandier, nous invitait à venir travailler sur “le présent et le futur du territoire“ de Tulle. Nous avons proposé d’aborder sa géographie, ceci par ses réseaux techniques. Il s’agit de nous demander, avec les habitants du pays de Tulle, comment les réseaux techniques d’un territoire (voirie, énergie, télécommunications...) déterminent et sont déterminés par la géographie de ce territoire.
Une telle question a le mérite d’en croiser plusieurs autres, et des plus actuelles : perception et représentation du travail, perception et représentation des “espaces vécus“ du quotidien, urbanisme et paysagisme, politiques , et poétiques, de l’énergie et des communications... Quand et comment ces questions recoupent-elles à leur tour des problèmes artistiques ? En présentant les différents ateliers/enquêtes aujourd’hui engagés (auprès des “néo-ruraux“ en quête d’autonomie énergétique, dans un centre de tri des déchets, autour des usines hydroélectriques de la Dordogne ou de l’énergie du bois en Limousin…), nous tenterons de proposer quelques réponses.
RADO compte d’abord susciter une curiosité, poétique bien sûr, pour des lieux et des activités peu visibles, ou mal regardées, alors même que ces lieux et ces activités conditionnent fortement l’existence collective. Nous pensons que cette curiosité poétique est politique aussi, et le sera de plus en plus. De ce réseau de questions sur les réseaux techniques, nous espérons bien qu’il lancera quelques ponts praticables, en ce début de XXIe siècle, entre écologie politique et “écologie de l’esprit“.
Car les questions techniques ne concernent pas que les techniciens, et les problèmes artistiques ne concernent pas que les artistes. Nous organisons une journée d’étude pour ouvrir une discussion avec et entre les membres du réseau de Peuple et Culture Corrèze, les différentes personnes avec lesquelles nous travaillons depuis un an, ainsi que des chercheurs (géographes, historiens, urbanistes...) et des personnalités du monde de l’art. Nous espérons que vous serez nombreux à nous rejoindre ce 22 septembre, pour avoir une première vue d’ensemble de notre travail… et y réagir !
Le groupe RADO
RADO regroupe actuellement Fanny Béguery, Madeleine Bernardin Sabri, Florian Fouché, Adrien Malcor, Anaïs Masson, Marie Preston, Maxence Rifflet, Claire Tenu, Antoine Yoseph.
Contact : Peuple et Culture Corrèze, 05 55 26 32 25, http://pec19.pagesperso-orange.fr