Pour manger local, il faut abattre local

Le Collectif “Abattre et valoriser la viande en Limousin“ propose la mise en place d’un outil collectif d’abattage, découpe et transformation sur le territoire.

En décembre 2006 et en mars 2007, l’abattoir de Guéret puis celui d’Eymoutiers ont fermé pour des raisons de rentabilité. Depuis, le département de la Creuse n’a plus d’abattoir, comme le Puy de Dôme qui a vu son dernier abattoir fermer début 2007. Ces fermetures en cascade engendrent une situation difficile pour les professionnels, en particulier pour les éleveurs pratiquant la vente directe et les bouchers qui achètent des bêtes directement chez les producteurs : augmentation des distances et du temps de transport des animaux, problèmes de traçabilité dans les grands abattoirs, difficultés pour récupérer certains sous-produits, plus de possibilités d’abattage des animaux accidentés (qui doivent être abattus rapidement)...

Au moment où de plus en plus de consommateurs veulent manger local et équitable et que des territoires veulent promouvoir leurs produits, les fermetures d’abattoirs anéantissent ces projets de développement. Suite à la prise de conscience de ces problèmes, le collectif “Abattre et valoriser la viande en Limousin“ (A2VL) a été créé, regroupant une cinquantaine d’éleveurs et de bouchers des trois départements. Il défend l’idée d’un outil de valorisation et de transformation de proximité, réparti sur le territoire et ouvert à tous (professionnels et particuliers). A travers ce projet, il s’agit de soutenir le développement des circuits courts en tant que réponse à des enjeux écologiques, économiques et sociaux cruciaux.

A la demande du collectif, l’Ardear (Association régionale de développement de l’emploi agricole et rural) a lancé en 2007, une étude de faisabilité de la mise en place d’un tel outil sur le secteur de la Creuse et de la Haute-Vienne. Suite à cette étude, le PNR Millevaches a réalisé un diagnostic sur l’état des circuits courts en viande. Ces travaux ont permis de définir des critères de choix de l’outil de valorisation à créer. On note le silence des structures professionnelles, en particulier la Chambre d’Agriculture de la Creuse qui n’a jamais pris l’initiative d’écouter et de comprendre les enjeux défendus par le collectif A2VL.

Le Collectif est maintenant à la recherche de partenariat financier et technique. La Région Limousin et le Conseil Général de la Creuse sont sensibles aux idées que défend le collectif. Après avoir été soutenu par le PNR et son Président, M. Audouin, le collectif A2VL a proposé de retenir Bourganeuf comme site susceptible d’accueillir cet outil de valorisation et de transformation de la viande. Cette proposition a reçu une écoute attentive de la part du maire de Bourganeuf (M. Jouhaud) et du Président de la Communauté de Commune de Bourganeuf-Royère de Vassivière (M. Michaud). Différentes questions demeurent quant à la finalisation d’un tel projet, d’où l’intérêt d’un partenariat actif entre les élus et le collectif.

La présence ou non d’un abattoir sur le territoire n’est pas seulement une question agricole mais concerne l’ensemble de la société. Peut-on imaginer que la population limousine, faute d’outil de transformation et de valorisation de la viande, ne puisse plus consommer une viande produite localement et reconnue mondialement ? Va t-on laisser place nette à la société Bigard (leader de l’abattage en France) ? Pourrons nous garder le droit de choisir ce que nous voulons manger ? Le collectif A2VL invite tous ceux qui le souhaitent (paysans, bouchers, transformateurs, consommateurs, etc.) à se joindre à lui pour soutenir ce projet indispensable à la vie de notre région. Chacun d’entre nous peut interpeller ses élus pour les sensibiliser et les inviter à soutenir cette action.