Avant que le terme d'écocertification ne cesse de provoquer réactions allergiques, moues dubitatives ou silences interloqués, il faudra quelques temps encore. Le temps de l'habitude… comme toujours.
Pourtant, si l'on s'arrête sur le sujet, notamment en se posant les deux questions suivantes, que répondrions-nous ?
Gérer la forêt de telle sorte qu'elle conserve sa biodiversité, sa santé et ses capacités de régénération pour le bien des générations présentes et futures, n'est-ce pas ce que chacun souhaite pour lui et ses enfants ?
Obtenir, en tant que consommateur, l'assurance que les produits à base de bois, commercialisés dans les grandes surfaces et ailleurs, proviennent de forêts gérées selon le principe édicté précédemment, n'est-il pas une garantie satisfaisante ?
Je ne doute pas que les deux réponses soient affirmatives et que, de ce fait, nous adhérions tous à la démarche d'écocertification. Alors, c'est peut-être dans le système lui-même qu'il faut chercher l'explication du malaise ?
En effet, l'écocertification suppose une organisation et des règlements. On les retrouve rangés sous le sigle PEFC (système européen de certification forestière) et, pour qu'un produit bois soit écocertifié et porte le label PEFC, il est nécessaire que :
Les acteurs de la filière (des propriétaires aux transformateurs en passant par les intervenants) aient accepté et respecté les uns et les autres des cahiers des charges spécifiques.
Les exploitants et les transformateurs aient, les uns et les autres, mis en place des chaînes de contrôle permettant de prouver la provenance des bois vendus comme écocertifiés.
Là encore les éléments mis en place semblent tout à fait satisfaisants. Une fois encore, pourquoi ce concept à la fois simple et noble provoque-t-il des réactions allergiques ?
La réponse ne réside-t-elle pas dans le fait que l'écocertification apparaît comme une "obligation" inéluctable à laquelle devra se soumettre tout propriétaire forestier souhaitant commercialiser la production de sa forêt ?
En effet, derrière la belle idée de gestion durable, se profile un gigantesque objectif commercial. On comprend aisément que si cet argument marketing est vendeur, les vendeurs l'exigeront eux-mêmes de leurs fournisseurs, qui l'exigeront à leur tour des leurs, qui l'exigeront en fin de compte des propriétaires forestiers.
Il est vrai, pour conclure ironiquement, que ne gérant pas durablement nos forêts, selon les six principes édictés à la conférence d'Helsinki :
il ressort avec évidence que nous avions besoin d'un système formel pour mieux travailler et prouver aux tiers que c'est le cas !
Bernard Palluet