Encore une fois le plateau a inspiré Richard Millet, écrivain prolifique qui nous offre une nouvelle traversée du plateau, à l'instar de celles qu'il nous avait déjà proposées dans ses précédents romans. Dans La gloire des Pythre (1995) il nous menait de St Sulpice les Bois à Viam, avec des échappées du côté de Féniers. Dans L'amour des trois sœurs Piale (1997) si l'action était concentrée sur le site de Montceau à Viam, le narrateur arpentait au cours du roman tous les hôtels du plateau. Dans Le cavalier siomois (1999) l'itinéraire de son héroïne – fuite autant que quête – part de Viam et aboutit à La Courtine. Avec Le renard dans le nom, qui vient de paraître aux éditions Gallimard, partant toujours de Viam (Siom dans le roman) le héros nous mène directement du côté de Felletin. Héros n'est du reste pas le nom qui convient aux personnages de Millet. Ceux-ci, bousculés par le destin, l'histoire ou les passions, sont brinqueballés sans ménagement par les violences et les haines, les jalousies et les rivalités. Le renard dans le nom n'échappe pas à cette règle, avec ses allures de drame antique, la noblesse des tragédies classiques en moins. Un viol et un meurtre au moment de la guerre d'Algérie, la vengeance d'un clan, la détresse et le sacrifice d'un père, le tout sur fond d'une "dette d'honneur" datant de la Résistance. Avec Richard Millet, c'est les Atrides sur le plateau.
"Il écartait ses rideaux de serge verte avec l'air non de nous voir mais de regarder bien au-delà de ce qu'il apercevait depuis sa chambre : les maisons de Siom, le lac, les basses collines, la table bossuée du plateau de Millevaches, oui, au-delà de tout ça, quelque chose que nous n'étions pas capables de voir, nous qui nous arrêtions à un visage d'adolescent au lieu de contempler ce qui est au-delà des apparences, à perte de vue".