À la différence de l’échelon national où le dynamisme associatif est croissant depuis le début des années 1990, ce dynamisme est constant, et toujours supérieur au niveau national, depuis 25 ans dans la Montagne limousine, avec des hauts et des bas.
Les 114 communes ont été réparties en 5 lots, de taille équivalente, en fonction de leur taux de création d’associations, des plus sombres qui sont les plus créatrices aux plus claires pour les moins créatrices.
Compte tenu des créations d’associations depuis 25 ans, des dissolutions, des “mises en sommeil“ et des sections ou établissements d’associations nationales (qui ne font pas l’objet de déclaration en préfecture), le nombre d’associations sur la Montagne limousine est d’au moins 1 500.
Le nombre moyen d’habitants pour 1 association est nettement inférieur à celui de l’échelon national. Plus encore qu’à celui-ci, l’organisation sous forme associative des personnes ayant une activité ou un projet commun est devenu la norme.
Nombre moyen d’habitants pour 1 association | |
France | 50 |
Montagne Limousine | 30 |
Ni la taille de la commune, ni l’évolution démographique avant 1985, n’ont de corrélation avec le dynamisme associatif. Par exemple, les catégories de communes selon la taille ont toutes le même taux moyen de créations d’associations. De même, dans les communes qui ont connu la plus forte chute de population avant 1985, il y a les mêmes proportions de communes à très fort dynamisme associatif et de communes à très faible dynamisme.
En revanche, à l’intérieur de chaque situation démographique, les créations d’associations peuvent être dans certaines communes le double, voire le triple, de la moyenne, tandis que dans d’autres il peut n’être que de la moitié, soit un écart de 1 à 4 ou 5 entre les moins et les plus créatives.
La cartographie met en évidence des zones très différenciées. Il apparaît nettement une zone de fort dynamisme associatif à l’ouest et une zone de faible dynamisme à l’est. Le bloc le plus sombre de 13 communes très dynamiques est bordé d’une première ceinture de moindre dynamisme, et au delà d’une deuxième ceinture de faible ou très faible dynamisme. La créativité associative apparaît donc bien comme propre, interne, à la population de ces communes.
Une hypothèse souvent soutenue pour expliquer le dynamisme associatif rural est probablement insuffisante ; celle selon laquelle les territoires ruraux créeraient plus d’associations parce que d’une part, un comité des fêtes, une association de parents d’élèves, etc. sont toujours uniques quelle que soit la taille de la commune ou de l’école ; et d’autre part, la faiblesse des offres publiques et marchandes contraindrait les ruraux à l’auto-organisation.
La situation extrêmement contrastée oblige à ajouter aux contraintes “naturelles “ évoquées des explications sur la structure sociale des différentes communes, l’attitude des habitants de longue date et celle des “néo-ruraux “, les politiques menées par les élus, etc. En tout état de cause, le dynamisme associatif s’explique avant tout par l’initiative de groupes de personnes plus que par la nature du territoire, celui-ci n’expliquant que les domaines dans lesquels interviennent les associations créées.
La répartition des associations par secteurs d’activités dans la Montagne limousine n’est pas radicalement différente de la répartition nationale.
La sur-représentation des associations de loisirs confirmerait l’idée que les habitants compensent par la création d’associations la faiblesse de l’offre marchande en milieu rural.
Les difficultés spécifiques à ces territoires en déclin économique expliqueraient l’importance des créations d’associations autour de l’emploi et du développement local et économique.
Enfin, l’apparente faiblesse du secteur sanitaire et social n’est probablement due qu’à l’absence dans le présent recensement des sections et établissements d’associations nationales, nombreux dans la Montagne limousine (maisons de retraites, foyers occupationnels, ESAT, etc.). Ces établissements sont avant tout la conséquence de l’initiative conjointe d’associations nationales et des collectivités locales.
Les communes les plus créatives et celles les moins créatives présentent des répartitions par secteurs d’activité nettement distinctes.
Quelques grandes différences apparaissent :
L’évolution démographique 1982-2006 (dates de recensements effectifs) aboutit à un résultat qui peut paraître paradoxal. Le groupe de communes le plus dynamique sur le plan associatif continue à avoir une perte de population supérieur à la moyenne (- 24 % contre - 15 %). Ce déficit plus grand ne s’explique pas seulement par un solde naturel plus élevé de 10 %, mais par un solde migratoire moins positif (+ 7 % contre + 9 % en moyenne).
Si le dynamisme associatif peut n’avoir qu’un effet faible, voire nul, sur le plan démographique, on ne voit pas pourquoi il aurait un effet négatif. Il serait donc indispensable de connaître les composantes du solde migratoire, immigration et émigration, et leur cause (arrivée de retraités ou d’actifs par exemple).
Le besoin d’approfondissement est d’autant plus nécessaire que la situation est contrastée. Dans le groupe de communes créatrices d’associations, si des communes comme Peyrelevade, Royère-de-Vassivière ou Tarnac connaissent un déclin démographique important, d’autres comme Davignac, Faux-la-Montagne ou Gentioux résistent mieux que la moyenne de la Montagne.
Néanmoins, il n’est pas impossible que, de même que le dynamisme associatif est apparu comme n’étant pas le résultat de la situation et de l’évolution démographique, il soit également sans effet sur cette même évolution... sauf à penser que, sans lui, elle aurait été encore plus mauvaise.