Si l’on peut comprendre que la période préélectorale engendre des perturbations parmi les élus et les habitants, on peut se demander pourquoi cette échéance donne lieu à chaque fois à l’exacerbation des rancœurs et des polémiques, et à toutes sortes de règlements de comptes.
Dans bon nombre de communes, des projets engagés depuis des mois, des initiatives collectives intéressantes, des associations fraîchement créées, se voient vouées à la vindicte populaire, avec la réactivation des préjugés et des clivages habituels.
On pourrait presque en conclure que contrairement aux idées reçues, la période qui précède les élections n’est pas aussi favorable que cela à l’éclosion de nouvelles initiatives.
Certes, beaucoup se disent que leur demande sera d’autant mieux accueillie par la municipalité si les élus sont en campagne ; et ces derniers pensent s’assurer leur réélection par des revirements de dernière minute, en montrant un intérêt soudain pour des projets qui les avaient laissés indifférents quelques mois plus tôt...
Et surtout la pratique de la rumeur et de l’affabulation retrouve tout son espace de diffusion dès lors que des listes de candidatures sont en route.
Monnaie courante, direz-vous ? Sport national que ce retour aux bonnes vieilles querelles de clochers, aux indécrottables rivalités ancestrales entre familles, à ces rassurantes valeurs moralisatrices, où l’on peut se lâcher sans complexe pour cracher sur son voisin ou prendre une petite revanche à peu de frais ?
Habitants des villes et des champs, ouvrez grandes vos oreilles indiscrètes, affûtez vos langues de vipères, le feuilleton des municipales a commencé !
Le moment de se préparer à choisir les élus municipaux pourrait être au contraire une parenthèse dans la vie quotidienne de nos petites communes rurales, où les habitants pourraient se retrouver, par delà leurs différences, autour du sujet central de la vie de leur commune, en ravivant leur intérêt pour le bien commun, au lieu d’amplifier leurs rivalités et leurs rancunes. Tableau d’un monde parfait et sans doute entendez-vous déjà les violons...
Ne rêvons pas, et restons lucides... Et aussi soyons honnêtes : qui ne se délecte pas, un tant soit peu, et même en secret, telle ou telle révélation sur le nouveau candidat et toutes ses “casseroles“, ou telle situation ubuesque qui survient inévitablement dans la commune voisine ?
Si en effet, l’humour était au rendez vous, ce serait un moindre mal. Ne plaignons pas trop nos pauvres élus qui en manquent si souvent. Certains semblent même se fourvoyer dans des chemins hasardeux où la compétition entre territoires qu’ils entretiennent plus ou moins consciemment, les poussent au dénigrement gratuit et à au sectarisme décomplexé. (voir encadré).
Mais si les élections, telles qu’on nous les impose, peuvent parfois ressembler à une mascarade, le pouvoir des habitants à l‘échelle d’une commune a bien plus de réalité et de légitimité quand il s’agit de décider ce que sera leur cadre de vie, ou comment ils peuvent orienter la politique locale dans tous les domaines qui les concernent de près. C’est ce qu’a entrepris un groupe d’habitants et d’élus de presque une dizaine de communes du Plateau et alentours, qui ont une autre vision de l’enjeu de ces élections (voir ci-contre).
Il s’agit bien de décider de vivre ensemble et pas d’accentuer les conflits ou les sectarismes en tous genres. Du côté des élus, il s’agit de proposer, d’écouter et surtout de partager ; et non de savoir comment gagner quelques voix de plus, en s’adonnant à ce qu’il faut bien appeler du clientélisme ou en faisant courir les plus rocambolesques bruits ou malveillantes inventions dans le but de discréditer des concurrents trop gênants.
Car si rien n’évolue, le célèbre slogan de mai 68 “ELECTIONS PIEGE A CONS“ restera longtemps encore d’actualité.
André Nys
- Le maire et les blaireaux
Dans son discours, début janvier, lors de la cérémonie des vœux, Mr le Maire de Bujaleuf s’est fendu d’une pointe d’humour du meilleur effet en comparant certains habitants du Plateau à des blaireaux. La connotation négative liée à cet animal, qui n’a échappé à personne, a pu en faire rire certains et garantir au maire sortant quelques suffrages supplémentaires le 23 mars prochain. Des habitants de cette commune ont pourtant réagi en manifestant leur désapprobation.
M Dolley voulait en effet expliquer, à travers sa brillante comparaison, que sa commune avait mieux à faire, en terme de développement, que de rester bloquée dans une communauté de communes légèrement ancrée sur le Plateau de Millevaches, territoire qui, comme chacun sait, n’attire personne. En effet, se tourner vers le bassin de St Léonard ou, encore mieux, vers la métropole limougeaude lui semble être un gage de prospérité pour sa commune. Les blaireaux du Plateau souhaitent bonne chance à la future cité dortoir de Bujaleuf !