À Faux-la-Montagne, c’est le dessinateur Baudoin qui a pris la plume pour tirer le portrait de 61 habitants. Le plus jeune a 5 ans, le plus vieux 91 ans : c’est Picasso (représenté ici). Pendant que le célèbre auteur de bandes dessinées croquait ses modèles il les interrogeait sur leur vie et leur village et en particulier sur leur avenir. Les 61 portraits et les histoires racontées par ces habitants sont regroupés dans un livre paru fin juillet. Au-delà de l’intérêt qu’y trouveront les habitants du lieu, ce livre apporte des éléments intéressants au débat qui oppose ceux qui voient dans le renouveau démographique des espaces ruraux un phénomène d’ “urbanisation des campagnes“ où ces dernières ne seraient plus que la lointaine périphérie des villes, à ceux qui y décèlent plutôt le “triomphe d’une nouvelle ruralité“ où les points faibles d’hier sont devenus des atouts. Car au travers des discours des uns et des autres et malgré les clivages qui s’y affirment explicitement, le sentiment qui domine c’est que le village d’aujourd’hui n’est plus du tout celui d’hier. Une métamorphose pas toujours vécue sereinement mais dont tout un chacun admet la réalité. Du coup, comme une philosophie sociale, chacun de dire que l’enjeu est désormais de réussir à bien vivre ensemble.
L’ouvrage (192 pages) est vendu 16 € à Faux la Montagne et dans les bonnes librairies.
À Gentioux et à Saint-Marc-à-Loubaud, ce sont trois photographes du Nord de la France (Hélène Ségard, Samuel Lemore et Bernard Quenu) qui sont venus faire les portraits des habitants à l'initiative de l'AIAP (Atelier international d'artistes plasticiens). Son président, Richard Marcziniak, de Gentioux, explique dans le catalogue édité à cette occasion que l'objectif de ce projet rejoint celui de Baudoin à Faux-la-Montagne, mais aussi d'un livre comme Le Village (portrait d'un village de l'Allier) ou d'un film comme Les habitants de Raymond Depardon. La raison de cette éclosion ? Richard Marcziniak y décèle une évidence : “Alors que le mot territoire est utilisé comme un sésame de l'action publique et privée, jamais les populations des territoires n'ont été aussi peu considérées sinon méprisées. Le besoin de les découvrir, de les reconnaître est aussi fort que le besoin qu'elles ont d'exister dans un monde capitaliste où l'exploitation de l'homme et de son environnement sont à leur apogée. Face à ce mépris nous prenons comme arme de résistance ces visages multipliés, jeunes et vieux, leur sourire comme une invitation à l'espoir.“ Les photos imprimées sur bâche ont été exposées pendant tout l'été dans les villages.
Un catalogue reprend toutes les photos, accompagnées d'un texte de l'écrivain Antoine Cabaret. Il est vendu 3 €.
À Peyrelevade, c'est à l'initiative de Marie-Claude Ragot, responsable de la médiathèque, et d'un photographe parisien qui vient régulièrement en villégiature sur le Plateau, qu'a pris forme le projet d'une série de portraits d'habitants. Au début il s'agissait de faire les portraits des anciens du village avant que tous ne disparaissent... Mais après avoir installé un studio de fortune dans un des bars du bourg, les jeunes de la commune se sont pris au jeu et ont voulu aussi se faire photographier.
Les portraits ont été exposés à la salle des fêtes durant l'été, un jeu a été lancé pour reconnaître les habitants à partir de leurs seuls yeux et un atelier photo a eu lieu à l'école dans le cadre des activités péri-scolaires. D'un travail sur la mémoire, on est ainsi passé à un travail sur le lien social. De nombreux habitants ont demandé que le projet se poursuive l'année prochaine et l'on réfléchit déjà à Peyrelevade sur une opération autour des portraits de famille.
En Haute-Corrèze c'est l'artiste plasticienne Anne-Marie Filaire qui a commencé une collecte photographique sur les jeunes du Plateau, comme ce jeune de Peyrelevade sur son arbre. Un travail qui se poursuivra toute cette année et qui fera l'objet d'une exposition l'année prochaine. Invitée par Peuple et Culture Corrèze, Anne-Marie Filaire a déjà travaillé sur les jeunesses arabes. Elle rencontre désormais des jeunes Corréziens, à Tulle et ailleurs en Corrèze. Elle explique : “Travailler sur la jeunesse m'oblige à entrer en contact avec les différentes institutions (FJT, CADA, Centre départemental de l'enfance, lycées), les associations – nombreuses en Corrèze –, les communautés qui incluent aussi les mouvements alternatifs et de tisser un réseau de rencontres, d'affinités.“