“Le Limousin a maintenu sa cohésion territoriale pendant plus de deux millénaires quels qu'aient été les aléas historiques et les partages seigneuriaux ou royaux... Maintenue aussi, et en même temps, sa cohésion identitaire, fut-ce - et c'est à la fois force et originalité – en cultivant des différences économiques, technologiques et politiques.
De précédentes velléités séparatistes ou des décisions étatiques d'aménagements administratifs se sont heurtées au sentiment identitaire, que ce soit face à l'Auvergne, au Périgord, au Poitou, au Centre... ou à l'Aquitaine.
Il nous semble que ce que l'on présente comme une nouvelle étape de la régionalisation prend en réalité l'allure d'une véritable (re)centralisation au profit de métropoles mégaphagocitaires, et qu'en renforçant leurs capacités économiques, politiques ou de communication, on va en même temps cumuler d'éventuels handicaps et faiblesses. Où sera alors l'intérêt d'un nouveau découpage territorial qui ne se révélerait pas bénéfique, novateur et progressiste pour chaque partenaire du puzzle régional ?
[…] Notre propos est de vérifier ou de conforter l'identité limousine jusqu'à la limousinité, choix mûrement réfléchi, raisonné et ressenti, de s'impliquer dans le développement tout à la fois économique, culturel et patrimonial, et, si on le souhaite, idéologique.
Comme le Limousin l'a expérimenté et réussi sur son territoire, une Grande Région doit accepter de reconnaître et de garantir la diversité et l'identité de ses composantes, et celles-ci, de participer au développement commun. C'est un gage de sa réussite, au-delà des réserves qui persistent. »
Maurice Robert, Entre Abandon et Zizanie, Défense et illustration de la culture limousine dans la Nouvelle-Aquitaine, Éditions Salves d'Espoir, 2017, 215 p.