La Libre Pensée de la Creuse (LP 23) est connue pour être l’instigatrice de deux moments forts du pacifisme creusois : la cérémonie “off“ du 11 novembre devant le monument aux morts de Gentioux (voir IPNS n° 53) et l’érection d’une plaque, en souvenir de la mutinerie en 1917 des soldats Russes à La Courtine (voir IPNS n° 42). Tout ce qui a trait à ces deux symboles est révélateur du véritable fonctionnement de ces sociétés où l’on déclare “penser librement“. Cela nous semble pourtant loin d’être le cas. Pour bien comprendre, il faut soulever le tapis et observer la poussière que certains y ont cachée. “Maudite soit la guerre“ lit-on sur les deux monuments précités. À l’évidence, c’est pourtant bien de guerre dont il s’agit entre les deux associations, creusoise et haut-viennoise. La première est très proche de la direction nationale, solidement tenue par les trotskystes lambertistes (également apparatchiks FO, dignitaires de la franc-maçonnerie1 ou autres, dont feu Marc Blondel était le type-même). La seconde vient d’être virée d’une maison limougeaude appartenant à la dite fédération nationale ; lieu manifestant justement un esprit d’ouverture bienvenu, en accueillant plusieurs associations humanistes (la plus connue étant le Secours Populaire, voir IPNS n° 54). En apparence, tout le contentieux tourne autour du contrôle de l’association La Courtine 1917 où les Libres-penseurs sont très nombreux, parmi une majorité d’adhérents qui se contrefichent de leurs querelles intestines, demandant juste à pouvoir “penser librement“, là, et ailleurs.
Comme souligné dans IPNS n° 53, l’association creusoise est dirigée par un président omnipotent, véritable caricature des objectifs affichés de la LP. Une sorte de Moine chez les LP, dénommé Régis Parayre. Et pourtant chez les LP, les moines sont honnis ! Se considérant propriétaire de la cérémonie pacifiste du 11 novembre, le président de la LP 23 s’autorise à y délivrer les autorisations de prendre la parole, de brandir les oriflammes, de chanter même. En 2016, l’organisation spatiale de la manifestation ressemblait à une scène de western. Le président autoproclamé du CLAMMG (Comité laïque – très important – des amis du monument aux morts de Gentioux) était entouré d’une ribambelle de banderoles LP, tel un barrage de chariots de pionniers, ou telle la courtine (ouaf, ouaf) d’un château-fort assiégé. Les autres n’avaient plus qu’à regarder, écouter religieusement (si, si), ou s’approcher de la tente installée plus haut (avec l’autorisation de Mme Simoneau ?), pour y lire ou acheter des publications toutes plus sectaires les unes que les autres, et consommer (ils ont besoin d’argent) du jus de pomme, au bénéfice de… Quelques mois plus tôt avait eu lieu une rocambolesque AG de l’association La Courtine 1917, avec une descente de dirigeants nationaux de la LP prétendant à la main-mise sur la dite association. Non mais ! Propriété, quand tu nous tiens. Et pourtant, n’est-ce pas un certain Joseph Proudhon qui proclamait en 1842 : “La propriété, c’est le vol“ ? Proudhon dont se revendiquent d’ailleurs nombre de libres-penseurs. Evacués les fauteurs de coup d’état … ils se vengeraient. De l’association courtinoise d’abord, en lui interdisant sans appel l’utilisation de l’image de la plaque du cimetière, propriété (encore !) de la LP 23. Vu de l’extérieur, on aimerait savoir ce que pensent de cette initiative tous les généreux donateurs de la souscription, et l’artiste sculpteur ? Bref … çà n’était pas fini.
La LP 87, à l’évidence beaucoup plus ouverte car réunissant des membres de bords politiques plus divers, allait être chassée de l’immeuble limougeaud qu’elle avait pourtant rénové. Nous vous passons les détails. La LP 87 quitte donc la fédération nationale, où l’on pense si librement, et reçoit par contrecoup l’adhésion de plusieurs creusois écoeurés. Pour rétablir l’équilibre de la balance, on signalera tout de même la curieuse vindicte des LP limougeauds contre les subventions régionales versées à l’association occitane “La Calendreta“, gérant une école privée, non confessionnelle. Et pourquoi donc ? Les vilains curetons ne leur suffisent plus ? De tout ça, on peut en rire ou en pleurer, ou s’en f.... royalement. Juste se demander, comme pendant les guerres ou guéguerres, qui engrange les bénéfices des hostilités ? “Ils croyaient mourir pour la liberté (patrie), en fait, ils mouraient pour des industriels“ (Merci Anatole). Mais qui – chez les LP – sont donc ces “industriels“ et quel est leur vrai combat ? En tout cas, beaucoup de gens aimeraient bien continuer à aller à Gentioux ou à La Courtine, manifester leur amour pour la paix, la liberté de pensée, et l’exigence de fraternité.
Jean-François Pressicaud et Michel Patinaud