Peyrat-le-Château

  • 1949, Barrage de Vassivière

    Les évènements m’ont conduit à 60 kilomètres de Limoges en pleine montagne, aux limites de la Creuse, de la Haute-Vienne et de la Corrèze. Un manœuvre espagnol que j’aimais beaucoup m’avait dit : “Viens à Treignac ou à Peyrat, les barrages embauchent des mineurs”.

     

    barrage de vassiviere 1950 2

     

    Peyrat-le-Château : petit bourg de montagne, lieu de vacances des parisiens, lieu sauvage charmant. C’est là que je devais apprendre ce qu’est un barrage, ce qu’est un mineur boiseur dans une galerie, ce qu’est une masse de 2000 hommes de dix nationalités différentes qui n’ont jamais vécu plus de cinq ans à la même place, qui n’ont lié leur destin à aucun territoire. Les sans-patrie, les déracinés, ceux dont parlent les chansons de mon enfance : “Errant sans feux ni lieux”.

    J’écris de la baraque où nous logeons. Des camarades viennent me parler en italien, en espagnol. Un français lit le journal. Un algérien vient passer sa tête dans l’embrasure de la porte, il me sourit, puis va laver son linge à la salle des lavabos. Ces pages seront sans suite, sans précision. Elles reflèteront la fatigue nerveuse qui suit les heures d’attention dans les galeries obscures. Le témoin de ces hommes est un pauvre témoin, sans valeur et sans titre, si je ne parle pas, personne d’entre eux ne parlera et le drame de ces existences n’a pas le droit de rester dans l’ombre.

     

    “… si je ne parle pas, personne d’entre eux ne parlera et le drame de ces existences n’a pas le droit de rester dans l’ombre”.

     

    Dans cette région montagneuse qui regroupe les divers pays de Peyrat, Royère, Faux la Montagne, différents chantiers distants de 2, 7, 13 et 17 kilomètres sont disséminés soit à flanc de montagne, soit au flanc de quelques vallée. Les eaux captées proviennent de différentes rivières : La Maulde, arrêtée à Vassivière, le Taurion capté près de Royère, la Vienne captée près de Faux la Montagne. Ces adductions se font sous la montagne par galeries.

     

    Le Puits n°1 et la galerie

    C’est là que je travaille. J’en connais tous les virages. Je connais le bruit de ses compresseurs à la surface, le déclenchement des chargeurs pour les batteries des tracteurs électriques, la démarche des forgerons italiens, les courbes des rails qui sinuent jusqu’à la décharge dans une vallée voisine, les tracteurs au gasoil, les monceaux de ferrailles, de tuyaux d’air, de traverses de rails, ses réservoirs d’eau, sa baraque-bureau, sa baraque à poudre et, au centre le monte-charge, où sans arrêt, 24 heures sur 24, les deux cabines montent les wagons pleins et descendent les wagons vides.

    Affecté quelques jours en surface comme conducteur de tracteur, puis graisseur de wagon, puis forgeron, je fus, après un mois, envoyé en galerie, comme conducteur de tracteur électrique.

    C’était en plein été, un soleil dur, j’ai connu le travail en galerie, la fraîcheur du tunnel, les semi-obscurités, l’eau qui tombe de la voûte avec les flaques qui cachent les rails, les trous où l’on trébuche, le vrombissement pénible de la ventilation et le bruit assourdissant des marteaux piqueurs.

    Vie mouvementée, d’attention constante où l’on essuie les gueulantes de tous : chefs mineurs, chefs de poste, pellistes, agents de monte-charge, maçons, boiseurs, etc… Il faut sans cesse du calme et de la gentillesse parce que le moindre mauvais esprit pourrait provoquer l’embouteillage complet dans la galerie. Le régime normal des hommes du barrage est celui-ci : les 3/8, trois postes de 8 heures d’un travail qui n’arrête jamais.

    Le visage un peu rude de ce travail nous est exprimé par cette montagne qui est illuminée toute la nuit de ses projecteurs. A 5 km de Peyrat, la route qui descend laisse entrevoir les montagnes. Les feux des camions balaient les cimes rocheuses. Il est 10 heures du soir. Au loin, les machines tournent, la dynamite saute, les algériens chantent dans les camions ; la vie de nuit commence par-delà ces villages qui s’endorment ; enfouis au sein des galeries, jusqu’à 6 heures du matin, engourdis de froid et de fatigue, les hommes s’accrocheront à l’œuvre. Ils travailleront toute la nuit et dormiront le jour, le sommeil agité par le bruit de la baraque, le froid qui envahit, le maigre soleil qui rappelle à chaque instant qu’on ne peut pas dormir pour de bon et que les hommes ont inventé ce rythme qui ne respecte pas le rythme biologique du soleil et de la nuit, du repos nocturne avec son immense calme, et l’indispensable lumière diurne pour la réfection du tissu humain.

    J’ai connu des jours où je ne savais plus où j’en étais, matin ou soir ! L’estomac lui-même se révolte. La machine humaine grince. Elle est moins docile que les mécaniques ou les engins de la mine.

     

    Les baraques

    Je les ai vues l’été. Je les ai vues aussi l’hiver. Sous le soleil et sous la neige et sous la pluie, avec leur abord poussiéreux ou boueux, dans un site splendide, à flanc de montagne, à quelques centaines de mètres du pays de Peyrat. C’était toujours dans un climat bruyant, aux accents de plusieurs postes de radio diffusant chants et nouvelles en langues diverses, avec des cris, des odeurs diverses d’oignons frits et d’urine, des casseroles qui se brandissaient à l’embrasure d’une porte pour jeter au sol leur contenu dans le couloir central. Des épluchures qui volent en travers du passage et tombent deux mètres avant la poubelle destinée à les recevoir. Enfin, tout le drame quotidien du désordre de l’homme seul, multiplié par 80 par baraque, avec l’inconscience, la crasse, le bruit avec les rentrées tardives des uns et des autres ; ces lumières qui ne marchent pas quand on en a besoin et qui ne peuvent pas s’éteindre quand on a sommeil. Avec les chants des Nord-Africains ou la radio d’Andorre en passant par les déclamations italiennes et l’odeur d’essence de quelques vélomoteurs égarés entre deux plumards.

    Bien que les baraques soient divisées en petites chambres de 6 ou 7, le climat à la longue pèse. Il est des scènes quotidiennes qui sont fatigantes ; vous travaillez de 2 heures à 10 heures. Vous rentrez à 11h30 en réveillant le copain qui, pour se lever à 4h30, s’est couché à 9h. A minuit vous êtes dans le lit, la lumière s’éteint. Il fait trop chaud l’été et froid l’hiver. Le sommeil est pénible, les lits durs et grinçants. 4h30 : réveil, bruit, lumière ; les copains se relèvent. A 5h30, ils sont partis. Lumière qui s’éteint. Mais à 7h30, les autres rentrent de leur nuit et cassent la croûte bruyamment ; ils se couchent en mettant la TSF. On cherche le sommeil jusqu’à 9h. Là, on se lève en faisant du bruit et en empêchant de dormir ceux qui ont travaillé la nuit et essaient de dormir. Je vous garantis, après six mois de ce manège, ou d’être tombé fou, ou de vous endormir n’importe où et dans n’importe quelle circonstance. Mais je vous mets au défi de conserver une quelconque vie de l’intelligence, de lire ou d’écrire.

    Et cependant, nostalgie de cette concentration qui rendait si vrais nos rapports, où les lettres se passent, où le moindre sentiment devient collectif, où le fromage se partage, et le vin et le savon et le carbure des lampes.

     

    A quoi penses-tu mon frère italien, et toi, nord-africain, et toi, polonais, espagnol, français, portugais ? Aux clartés éblouissantes de la ville, aux fééries lumineuses des bars, des places, des cinémas ; mon frère mineur, oublie cela qui n’est pas pour toi, pas plus que n’est pour toi ta famille, ou ton amie, ou ton pays, ou ton passé, ou tes espérances…

    Pour toi, c’est la grille de la cage de l’ascenseur qui se ferme avec le carbure, avec les bottes glissantes, avec tes 8 heures tirées dans le trou.

     

    Ce témoignage est extrait du journal écrit en 1949 par Francis Vico, à l’époque prêtre ouvrier de 28 ans, décédé en 1990.
  • À Peyrat-le-Château, l’Huda va changer de main

    Fin 2015, l’État débutait les premières évacuations de la jungle de Calais vers les Centres d’accueil et d’orientation (CAO) nouvellement créés. L’un d’eux s’est ainsi ouvert à Peyrat-le-Château. Aujourd’hui, la mairie qui le gérait a décidé de passer la main.

     

    hlm peyratLa municipalité en première ligne

    À Peyrat-le-Château la municipalité a toujours été partie prenante du projet de CAO. Les exilés ont ainsi été d’abord hébergés dans les locaux d’un centre de vacances, initialement géré par Adoma « premier opérateur national du logement accompagné », la même structure que celle qui gère le Cada d’Eymoutiers. À l’été 2016, le centre de vacances a retrouvé sa vocation première et les exilés ont dû intégrer un certain nombre de gîtes de la commune. La mairie a pris en charge la gestion du CAO, situation rare, cette mission étant en général confiée à des opérateurs spécialisés, sous le contrôle de l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) qui oriente les demandeurs d’asile vers les structures d’accueil. L’OFII dépend du ministère de l’Intérieur.
    En 2020, l’État a fermé les CAO et en a transformé certains en HUDA (Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile). Les HUDA offrent moins de prestations que les Cada et reçoivent un financement moindre. Outre des demandeurs d’asile, les HUDA hébergent des personnes en procédure Dublin dont certaines sont assignées à résidence. À charge pour les personnels de les accompagner jusqu’à leur expulsion.
    Les bénévoles des associations locales ont été présents dès le début : cours de français, foot, organisation d’un certain nombre d’activités, transports, rencontres avec les habitants. Un MAS (Montagne accueil solidarité) s’est monté et des liens existent avec la Cimade locale.

     

    Passage de relai

    En septembre 2022, suite aux déclarations de Macron proposant d’envoyer les demandeurs d’asile à la campagne, le maire de Peyrat déclarait à la presse : « Faire tourner une structure comme ici à Peyrat avec 50 migrants, à une heure de route, au plus proche, de tous les services qui sont nécessaires pour faire tourner le centre : la santé, les documents administratifs, les transports à Bordeaux, les transports à Limoges, c’est très compliqué. » Il estimait que les prix de journée très bas ne tenaient pas compte de ces réalités. En revanche, il affirmait que la présence d’exilés à Peyrat ne posait aucun problème. La mairie a également signalé que les gîtes occupés, prévus initialement pour une occupation intermittente d’été, étaient actuellement en mauvais état après plusieurs années d’occupation permanente.
    Le bruit d’une fermeture de l’Huda a alors circulé. En fait, c’est la mairie qui se retire de la gestion. La préfecture a donc publié le 26 octobre 2022 un appel à projet pour reprendre la gestion à hauteur de 50 places (hommes isolés) en organisant l’accueil dans d’autres locaux sur la commune, à priori un immeuble actuellement vide nécessitant quelques travaux qui appartient à l’ODHAC.
    Deux organismes auraient répondu et l’attribution du marché ne devrait pas tarder. Les salariés garderaient leur travail et le déménagement se ferait dans les six premiers mois de 2023.
    Nous continuerons donc à recueillir les stoppeurs sur les routes de Peyrat et de Limoges.

     

    Dominique Alasseur
  • Alexis Gritchenko

    Alexis GritchenkoUn Ukrainien à Peyrat-le-Château - Грищенко Олексій Васильович

    Jean Monceix, de l’association Peyrat-Patrimoine, à Peyrat-le-Château, nous fait découvrir un peintre ukrainien, né en 1883 à Krolevets, dans le gouvernement de Tchernigov (alors Empire russe) et décédé en 1977 à Vence (Alpes maritimes). Ce peintre, aquarelliste, écrivain et critique d’art, était surtout un véritable coloriste, amoureux fou des couleurs et des jeux de lumière sur ces couleurs. Il a été aussi un vagabond toute sa vie. Durant 12 années, de 1943 à 1955, il s’arrêta cependant en Limousin, à Peyrat-le-Château.

     

    Alexis Gritchenko a fait des études d’art à Kiev et Moscou puis a écrit un livre sur les icônes russes. En 1919, à 36 ans, il change radicalement de vie. Décidant de ne vivre que pour et par la peinture, il part, sans un sou, pour Constantinople et devient SDF ! Il raconte cet épisode de sa vie dans un livre intitulé Deux ans à Constantinople-journal d’un peintre (1930). Ce livre semble revêtir une très grande importance pour lui. Constantinople, c’est sa naissance en tant que peintre. Sauvé de la déchéance totale par un Américain qui lui achète quelques œuvres, il part ensuite pour la France et réalise son rêve : peindre et voyager, l’un nourrissant l’autre.

     

    Peyrat 1943

    D’après ses lettres, ses soucis majeurs pour cette période concernent les problèmes administratifs (visa…) et l’organisation d’expositions pour vendre ses œuvres. Après avoir visité la Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et une partie de la France, et s’être marié à une Française en 1927, il échoue, pour une raison que nous ne connaissons pas, à Peyrat-le-Château en pleine guerre, fin avril début mai 1943. Une exposition de ses œuvres avait été organisée en début d’année à Limoges et avait été un franc succès. À Peyrat, il habitait route de Bourganeuf, presque en face de l’Hôtel du Lac où il prenait ses repas tous les midis. Ses rapports avec sa logeuse étaient assez orageux. Il détonnait un peu avec son allure d’artiste, ses cheveux blancs et son chapeau. Voici ce qu’il écrit sur Peyrat : « Peyrat, 65 km de Limoges, joli pays, 500 m un peu mouvementé ! Spécial comme climat. » (18 mai 1943). Puis, le 28 juin : « Le temps est splendide. On coupe partout les foins abondants et dorés. Quel parfum ! C’est une réussite, les gens sont heureux. La cuisine est bonne… » On est en pleine guerre, mais la vie semble facile : « Je suis heureux à l’idée de vous inviter une dizaine de jours à Peyrat… Tous disent que le voyage est faisable ou facile. D’ici, vous pourrez rapporter une volaille, deux douzaines d’œufs, de la farine et pour votre santé, l’air de Peyrat vous fera beaucoup de bien. Quant à moi, je ne peux pas me plaindre : depuis trois mois, j’ai repris 7 kg… » (25 juillet 1943). « Ici, les gens sont contents après les fortes pluies, le soleil, le pays aura des pommes de terre, des haricots et du sarrasin. »

     

    Alexis Gritchenko automne a Peyrat

     

    « C’est très beau ! »

    À Peyrat, il peint et est enchanté par le paysage : « Depuis hier, l’hiver s’est définitivement installé ici dans le Limousin. Il a neigé toute la journée. On voit tout blanc par une immense fenêtre de mon atelier chambre : les prairies, les arbres. Les lointains mauves tachetés de blanc sous le ciel gris pâle et élégiaque… C’est très beau ! À chaque pas, des tableaux de Bruegel ou des pages de contes de Perrault. Mais que de mal pour se chauffer, même ici où il y a tant de bois ! » (12 décembre 1943). « Hier et avant-hier, la neige est tombée jour et nuit et ce matin 1er mars, un spectacle inouï : le triomphe de l’hiver ! Je supporte mieux le froid de la neige que ce froid glacial du vent du Nord. » (1er mars 1944). Mais Peyrat n’échappe pas au bruit et à la fureur du monde : « Dans ma dernière carte en hâte, je vous ai parlé des événements de Peyrat. En effet, le 6 avril, les Allemands sont venus en masse, le chef s’est logé chez nous et les troupes ont campé dans les prairies à côté… Ils sont restés une semaine. » (22 avril 1944). À un ami parisien auquel il demande de lui acheter quelque chose, il écrit le 25 novembre 1944 : « Veuillez m’excuser, mon cher ami, de toutes les commissions que je vous ai demandées. Ne croyez pas que je ne me rends pas compte des difficultés de Paris, mais je vis dans un trou où l’on ne peut rien trouver. » Le 6 décembre 1944, il note : « Je travaille beaucoup. Le temps est agréable ! La rue principale commence à être inondée… » Puis à la fin du même mois : « Il fait bien froid à Peyrat. Le lac a gelé, la glace est épaisse de 6 à 7 centimètres, ce soir, il neige. Je suis seul et triste… » Les hivers sont rudes sur le Plateau : « Je chauffe à partir de midi au plus tôt mon atelier qui me sert aussi de chambre, mais le radiateur est gelé et les toilettes à côté ne fonctionnent plus. Dehors, il fait moins 15, moins 16 degrés. Depuis 26 ans, je n’ai pas vu une telle abondance de neige et d’une telle beauté ! » (19 janvier 1945).

     

    Peintre vagabond

    Alexis Gritchenko tour de peyratIl quitte régulièrement Peyrat pour voyager un peu partout en France. En 1946, il est à Cagnes-sur-Mer : « Peyrat paraît à des milliers de kilomètres d’ici. Je me rends compte maintenant combien il m’a été bienfaisant au point de vue de tout : santé, production, réussite… Et pourtant, j’imagine bien votre pièce non chauffée… Et souvent comme à Peyrat non éclairée… » (5 janvier 1946). De retour à Peyrat, il maugrée contre le froid et son chauffage : « Avec mon Mirus et du bois magnifique, l’eau ne dégelait pas près du poêle qui chauffait à blanc… ». Si Peyrat reste son point d’ancrage jusqu’en 1955, il poursuit ses voyages (Pays Basque, Provence, Maroc, Bretagne, Auvergne…). Il s’installera ensuite à Vence d’où il parlera encore de ses souvenirs limousins deux ans avant sa mort. Il a alors 92 ans et c’est sa femme qui raconte : « Alocha se souvient d’une visite inattendue en pleine guerre. Un matin un coup de téléphone de René-Jean : “J’ai l’occasion d’aller quelques jours à Limoges.” — Je serais si heureux si vous veniez à Peyrat. — C’est entendu, dit-il. En effet à 8 heures du soir, son ami arrivait dans le village un peu fatigué par le tramway grinçant qui mettait trois heures pour franchir les soixante kilomètres qui nous séparaient de la ville. Cris de joie, embrassades. Le propriétaire de l’hôtel avait préparé un beau poisson pour le Parisien. Imaginez notre bonheur d’être ensemble. Que de nouvelles... Après le repas, nous achetons un litre de lait chez un paysan et nous faisons le tour du petit lac pour rentrer chez nous. Quelle agréable soirée nous avons passée, la fenêtre ouverte sur la prairie descendant doucement vers la rivière cachée à nos yeux par de grands chênes ! Il lui a montré tout son travail : paysages aux merisiers flamboyants à l’automne, champs de sarrasin, fleurs des champs (il a intitulé l’un des bouquets « bouquet de paradis »), natures mortes aux champignons ou aux bogues de châtaignes éclatées. » À Peyrat, Gritchenko avait réussi à placer quelques toiles dans des familles peyratoises. L’une d’elle a été retrouvée au Péragou. Il y en a peut-être d’autres. Que sont-elles devenues ?

     

    Cet article a été écrit à partir des recherches de l’association Peyrat-Patrimoine.

    Ouvrages d’Alexis  Gritchenko
    L’Ukraine de mes jours bleus, souvenirs d’enfance, 1956, rééd. L’Harmattan, 2016.
    Mes rencontres avec les artistes français, éd. L’Harmattan, 2010.
    Lettres à René-Jean, (ses lettres à son grand ami), éd. L’Harmattan, 2014.
    Les extraits de lettres de Gritchenko proviennent du livre de Sylvie Maignan et Jean Bergeron  Lettres à René-Jean, éd. L’Harmattan, 2014
  • Association “Le monde allant vers...”

    le monde allant versL'histoire commence dans l'Oise à Beauvais. Depuis plus de vingt ans, une recyclerie employant dix sept personnes, mène un travail de fond sur la récupération des déchets, leur valorisation et leur réemploi. Dans l'équipe, Olivia et Yvon souhaitent essaimer des recycleries de ce genre ailleurs en France.

    Ils rencontrent Juliette, Lucie et Guillaume, nouveaux installés à Peyrat-le-Château, qui, de leur côté, réfléchissaient à la création d'un café restaurant "culturel".

    De cette rencontre est né un projet commun : une "ressourcerie culturelle", dont la première formalisation a été en novembre dernier la création de l'association Le Monde allant vers…

    Pourquoi une "ressourcerie" ? "Nous avons choisi ce terme plutôt que "recyclerie" car l'idée qu'un déchet puisse devenir une ressource, nous paraît essentielle. C'est du reste le terme employé au Québec pour ce type de structure". Mille déchets, mille ressources, en quelque sorte…

    En collectant les encombrants, en triant les déchets, en réparant les vieux objets et en les remettant dans le circuit économique grâce à la création d'un magasin, la ressourcerie travaille donc en amont des traditionnelles déchetteries que nous connaissons. Par ailleurs, un travail de sensibilisation à la gestion des déchets et à une consommation plus responsable (avec des animations dans les écoles par exemple) fera également partie des missions de la future ressourcerie. C'est bien connu : les déchets les plus faciles à gérer sont… ceux que l'on ne produit pas !

    Le lieu imaginé par l'équipe du Monde allant vers se veut aussi espace de rencontre, d'échange, d'expression et de création. On pourra y manger avec un restaurant biologique, s'y divertir avec des spectacles, s'y former avec des ateliers, etc. Des contacts nombreux sont actuellement en cours, en particulier pour trouver le lieu le plus adapté à la mise en place du projet (sans doute dans la région de Vassivière).

     

    Association "le monde allant vers..." - 2 avenue Foch - 87120 Eymoutiers : 05 55 69 65 28 - https://www.lemondeallantvers.org 

    Télé Millevaches fête son 100ème N°

    On oublierait presque que ça fait bientôt dix sept ans que Télé Millevaches a vu le jour. 

    Créée en avril 1986, l’association a imaginé informer la population de la Montagne Limousine à travers un journal vidéo d’environ une demi-heure. Au départ "le journal du plateau" était  diffusé dans une dizaine de communes. C’était le bon temps de la Télé Brouette où un animateur de l’association se déplaçait dans la salle des fêtes ou le café du village pour montrer la cassette du mois aux habitants.
    A partir de 1993, de la Télé Brouette le journal vidéo s'est transformé en magazine, diffusé alors par voie postale. Ce sont ainsi les 121 communes du périmètre du futur parc naturel de Millevaches ainsi qu’Ussel, Egletons, Aubusson et Bourganeuf qui vont être concernées par une diffusion mensuelle d’un magazine d’une heure environ.
    En janvier 2003, Télé Millevaches fête son 100ème magazine du plateau. Pour ce numéro un peu particulier, elle a choisi de retrouver des proches de Télé Millevaches : fondateurs, élus, bénévoles, relais de diffusion, anciens salariés de l’association, spectateurs...

    Vous retrouverez donc dans ce magazine des reportages qui ont marqué ceux à qui Télé Millevaches a choisi de laisser la parole.
    Prochain rendez-vous aux environs de... 2013 pour le 200ème magazine, mais d’ici là...

  • Association “Pas à Pas“

    pas pas logoL’association Pas à pas a un an. Elle a été créée pour que se partagent et se communiquent des savoirs populaires et parentaux, se basant sur l’idée que nous sommes tous des “sachants“ à défaut d’être tous des savants. Carole Riffaud et Virginie Larrue, deux des fondatrices de l’association, témoignent de ce projet.

     

    IPNS : Comment est né Pas à pas ?

    Au tout début, nous nous sommes retrouvées de façon informelle, à cinq femmes, pour échanger, discuter et se transmettre des savoir-faire. C’était très pratico-pratique. Nous ne nous connaissions pas toutes avant ; nous nous sommes réunies surtout pour ce désir de partager des savoirs. Comme là était bien le but de nos rencontres, nous nous appelions entre nous “des passeuses“.

     

    Des passeuses à Pas à pas... il n’y a eu qu’un pas ? 

    Oui. Le passage s’est fait naturellement. Nous nous sommes aperçues que ce qui nous intéressait parlait à pas mal de gens autour de nous. Une réunion sur l’autonomie qui a eu lieu sur le plateau vers cette même période a débouché sur un autre groupe qui s’intéressait à la santé. Les questionnements étaient les mêmes. Comme nous avions envie d’élargir nos échanges, nous avons décidé de créer Pas à pas. Si, au début, les préoccupations de l’association ont beaucoup tourné autour de la naissance, nous ne souhaitions pas nous cantonner sur ce seul sujet. L’objet de l’association étant le partage des savoirs populaires et parentaux au sens large, très vite nous avons rencontré d’autres personnes, surtout par bouche à oreille. Aujourd’hui nous sommes une quarantaine à participer à la vie de Pas à pas à travers des échanges pratiques autour de l’éducation et de la santé. Un autre groupe qui se réunit depuis trois ans autour de la botanique , des plantes médicinales et de leur utilisation, avec l’herboriste Thierry Thévenin de Mérinchal, se rapproche actuellement de Pas à pas (nous sommes plusieurs à être dans les deux) et il est possible que les deux fusionnent dans l’association.

     

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    Vous avez aussi réalisé des rendez-vous plus larges...

    En septembre nous avons effectivement organisé un week-end à Peyrat-le-Château sur le thème “Naître et grandir en Limousin“. C’était une assez grosse manifestation qui a réunit plus d’une centaine de participants (cf. photo). Il y avait des conférences (sur l’osthéopathie ou le langage des signes avec les nourrissons...), des ateliers (massage bébé, yoga...), un espace de documentation avec des films et des livres et des coins pour les enfants, de façon à ce que toute la famille puisse participer à ces deux jours. C’était une grosse organisation et heureusement que nous avons eu le soutien de la commune de Peyrat-le-Château qui a mis gracieusement à notre disposition des salles et des chapiteaux et que tous les intervenants sont venus bénévolement. N’ayant pu obtenir de subventions cette année, l’association s’est autofinancée pour cette manifestation.

     

    Depuis, vous continuez avec des rencontres régulières...

    Effectivement. Le dernier samedi de chaque mois nous nous retrouvons, toujours à Peyrat-le-Château, dans la salle de la Tour, autour de thèmes particuliers comme la petite pharmacie familiale, le massage, etc. Ces rencontres sont ouvertes à tous et elles sont gratuites. Chacun peut y proposer un thème.­

     

    Faîtes-vous appel à des spécialistes sur tous ces sujets ?

    Le pari de Pas à pas, c’est que chacun de nous est détenteur de quelque chose. On a toutes et tous un savoir faire que nous avons acquis par l’expérience, la pratique ou des formations extérieures et que nous voulons partager avec les autres. Sur la pharmacie familiale par exemple, une femme est venue présenter les teintures mères qu’elle utilise pour des soins de base en nous expliquant comment elle les utilisait. D’autres pouvaient ensuite faire part de leurs propres expériences. Le but est que chacun devienne plus autonome, qu’il se réapproprie son corps, sa santé au sens large, qu’il n’ait pas besoin d’aller courir chez le spécialiste pour tout et n’importe quoi. L’idée est de s’autoriser à prendre pour soi des décisions sans toujours devoir faire appel à quelqu’un d’extérieur, que chacun se sente légitime dans sa pratique et dans ses choix. On parle donc de nos pratiques, on les propose aux autres qui bien sûr restent libres de s’en inspirer ou pas. Pas à pas se veut un lieu de formation les uns par les autres. Nous ne nous interdirons pas de faire cependant appel à des personnes plus spécialisées que nous ferions venir en Limousin, en organisant des formations spécifiques par exemple.

     

    Avez-vous d’autres projets ?

    Nous voulons créer un fond documentaire de livres, de films ou de revues que nous pourrions présenter de manière itinérante dans différents lieux sur le plateau et dans la région. Nous avons déjà un petit stock d’ouvrages que nous allons compléter et nous l’avons déjà présenté à la journée nationale de l’allaitement qui a eu lieu à Limoges. Nous travaillons aussi à un annuaire des praticiens sensibles à nos préoccupations et ouverts à une vision plus globale et moins mécaniste de la santé.

     

    J’ai l’impression à vous entendre que Pas à pas est une association de femmes.

    C’est vrai qu’il y a surtout des femmes. Il y a bien quelques hommes, mais ils sont très minoritaires. Ce n’est pas exclusif, mais c’est ainsi ! Sans doute que dans les familles, les sujets qui nous réunissent (la natalité, la petite enfance, la santé...) sont d’abord portés par les femmes.

     

    Propos recueillis par Michel Lulek.
  • Bande Originale

    cinema bande originaleAssociation de bienfaiteurs - Résurection du cinéma “Le Club” à Peyrat-le-château

     

    Ambiance feutrée d’une salle de cinéma, musique jazz en attendant que débute la projection, les fauteuils de velours rouge se remplissent, la salle est comble et le spectacle peut enfin commencer. Les lumières s’éteignent et l’écran prend vie. Après quelques craquements d’usage le générique apparaît sous nos yeux. Nous sommes au cinéma Le Club de Peyrat-le-Château un vendredi soir de janvier et «Docteur Folamour» est au programme des festivités.

    Depuis décembre 2002, l’association «Bande Originale» propose chaque mois à Peyrat une soirée Ciné-Club. Devant la fermeture de cette salle durant 10 mois de l’année (problème de fréquentation), certains peyratois ont décidé de réagir et proposent à la mairie de faire revivre ce superbe cinéma équipé d’un matériel de projection de qualité. Un groupe d’environ 10 personnes s’est constitué pour former l’association, et gère la structure à 100% ; une formation au montage et à la projection des films s’est avérée indispensable pour chacun des membres. «Bande Originale» gère en plus de la partie technique, la programmation, la communication, la comptabilité, l’accueil billeterie et propose également une collation après chaque soirée ciné-club au « coin ciné » situé au balcon de la salle. Cette rencontre entre tous permet d’échanger nos impressions sur le film qui vient d’être présenté et de se remémorer certains classiques de notre enfance.

    Pour ce qui est du ciné-club, «Bande Originale» veut varier les plaisirs en proposant des œuvres des années 30 aux années 80 alternant VO et VF, des œuvres internationales, dramatiques ou comiques allant du fantastique au film noir, de la série B au péplum... L’occasion de découvrir ou redécouvrir sur grand écran des chefs d’œuvres du 7ème art («L’homme qui rétrécit» en décembre, «Docteur Folamour» en janvier, «les vacances de Monsieur Hulot» en février). «Bande Originale» propose également un ou 2 dimanches par mois un film «tout public» plus ou moins récent.

    Grâce au travail et à la volonté d’une poignée de bénévoles et au soutien de la mairie, Le Club rouvre de nouveau ses portes depuis décembre, la fréquentation est au beau fixe et il n’y a pas de raison pour que cela change.

     

    La salle de cinéma : un lieu dans la ville

    En proximité, au cœur des villes et des villages, la salle de cinéma est un lieu ouvert sur les populations. Pour nous, ouverture et proximité, c'est proposer près de chez soi des films permettant à chacun de s'y retrouver dans le vaste choix des programmes de plaisir qui vont de l'envie de se divertir à l'envie d'être bousculé (voire les deux à la fois). La proximité de la salle est fondamentale car elle ancre la sortie au cinéma comme un moment de la vie quotidienne, comme un élément de l'espace urbain, comme une possibilité d'ouverture culturelle…
    La salle de cinéma, comme nous l'aimons, a un avenir, si elle est en mouvement, si c'est une force de proposition, une dynamique de comparaison, une activité pour faire vivre un rapport au cinéma et à la vie où l'émotion va de pair avec le désir de comprendre, d'apprendre, d'agir.

    Ce texte nous est proposé par le “Jean Gabin” d'Eymoutiers. Il est d'Alain Bouffartigue, vice-président de l'Association Française des Cinémas d'Art et d'Essai.

  • Bienvenue

    Des fleurs à l’entrée d’un village, d’une ville, n’est-ce pas le premier signe d’accueil qui nous incite à faire une halte et à flâner dans ce lieu, aller à sa découverte.

    Utopie direz-vous ?

    bureauLa Région Limousin a lancé il y a quelques années son slogan “Limousin terre d’accueil”. Vaste programme puisqu’il s’agit d’attirer vers nos contrées des artisans, des commerçants,  de nouvelles industries et différentes entreprises liées au tourisme. Le retour ou la venue de jeunes retraités donnera du dynamisme à notre Limousin. A entendre certains médias beaucoup de citadins voudraient vivre à la campagne. Mais le travail, point capital et source de revenus, n’est pas toujours au rendez vous. Il nous faut donc retrousser nos manches, faire preuve d’imagination, valoriser nos réels atouts régionaux chacun à sa mesure, si modeste soit elle. 

    Le courant du tourisme vert est une amorce pour une offre de territoire, avec la redécouverte du calme, d’une nature authentique et  généreuse, le désir de retrouver des nuits noires étoilées, loin des lumières de la ville. 

    A pied, à cheval, à vélo, la vogue des randonnées se multiplie. Elles sont une incitation pour les communes à s’investir dans la remise en état des sentiers ombragés, dans la restauration du patrimoine local. Elles participent à l’accueil du touriste, au plaisir du visiteur. Des associations ont su mettre à profit ce désir de parcourir la campagne pour organiser de animations conviviales. A Peyrat le Château ces randonnées sont devenues tout au long de l’année un lieu de rencontre et de partage amical. Chacun peut y participer au rythme de son avancée en âge.  A l’occasion des périodes  de vacances le groupe de randonneurs s’élargit aux touristes de passage ou en villégiature.

     

    Il fait bon vivre à Peyrat

    C’est en zappant sur les informations de la chaîne Demain que, de leur campagne champenoise Patrick et Dorothée sont arrivés en Limousin, avec le souhait de vivre à la campagne. D’abord dans les Monts d’Ambazac où,  avec le soutien de la Chambre de Commerce et  du Conseil régional, ils ont réfléchi à d’un premier projet de commerce, mais les comptes n’y étaient pas. «C’était le mois de juin. L’été arrivait et toujours rien ; on commençait à avoir le bourdon. Une nouvelle fois c’est l’opportunité de la Chaîne Demain qui nous  a présenté le magasin d’alimentation générale à Peyrat. Toujours avec les mêmes appuis, l’étude de faisabilité se révélait compatible avec les moyens dont on disposait. Il n’était que temps. Puisqu’on démarrait en juillet en pleine saison estivale. 

    L’enseigne Proxi est attractive. Peyratois et touristes viennent nombreux. Mais on ne connaissait personne. Il n’est pas facile  de prendre ses repères pour distinguer le client de passage du peyratois sédentaire à fidéliser. Juillet-août est une période chargée ; tout le monde est bousculé, aucun édile communal ou responsable associatif n’a trouvé le temps de venir nous accueillir. Mais au fil de la saison, les peyratois nous ont vite adoptés. Après le coup de feu de l’été on a trouvé le temps de prendre nos marques. La fidélité de la clientèle  peyratoise s’est confirmée. A la période des vœux de nouvel an, on a bien apprécié le pot d’accueil des nouveaux arrivants offert par la mairie, l’office du tourisme et les associations locales. Notre intégration dans la vie peyratoise s’opère très naturellement, parce que nous avons été acceptés tels que nous sommes. Et nous apprécions aussi  toutes les structures d’accueil culturelles  ou de loisirs qu’offre la commune. Avec notre enfant  nous prenons la mesure de toute sa diversité».

    L’amabilité au service de l'usager

    Les mots et les signes de l’accueil ne sont pas toujours perceptibles dans les arcanes de notre système administratif. Son approche est toujours plus redoutable pour l’étranger que pour l’autochtone. Toutefois on perçoit ici ou là que des consignes ont été données pour que les démarches soient plus aisées, ou plus affables entre l’administré et le guichetier. Il y a encore beaucoup à faire, mais peu à peu les mentalités changent face aux vulnérabilités des uns, aux fragilités des autres. Au cours d’une récente émission de la télévision, un fonctionnaire expliquait au journaliste qui l’interrogeait “on ne peut pas faire ce travail, si on n’aime pas les gens”. Tout n’est pas possible mais risquer un regard, un sourire, proposer un soutien et s’acharner à trouver une solution au problème exposé n’est ce pas à la portée de toute femme, de tout homme, même en situation d’autorité ?

    Aujourd’hui avec les habitudes de mobilité beaucoup de nos concitoyens sont amenés à faire l’expérience d’un changement de domicile, soit pour une mutation professionnelle ou par choix personnel. Quelque soit la motivation, c’est toujours avec une certaine appréhension que l’on traverse cette étape : il y a les ruptures d’amitié, la perte des repères habituels, un nouvel environnement à apprivoiser. Face à cette nécessité, l’association Familles Rurales a  pris l’initiative de créer un groupe d’accueil formé de quelques peyratois. Le groupe n’a pas d’autre but que de souhaiter la bienvenue à tout nouvel arrivant pour qu’il se sente bien accueilli dans notre petite bourgade. Une modeste brochure lui est alors remise pour l’informer des différents services qui sont à la disposition de tous sur le territoire de la commune. Tous les renseignements pratiques et administratifs y sont répertoriés pour lui permettre de s’approprier  toute la diversité de notre patrimoine communal.

    Depuis la naissance de ce groupe d’accueil, au début de chaque année, le Maire, l’Office de tourisme et les représentants des associations invitent  tous les nouveaux arrivants à se rassembler autour d’un pot de l’amitié. Ils ont ainsi l’occasion de découvrir toutes les facettes de notre vie communale. Voilà un bon moyen de faire des connaissances, de nouer des liens d’amitié. Après, chacun selon ses désirs et ses choix pourra  participer à l’une ou l’autre des associations peyratoises. Et pourquoi ne pas donner un peu de son temps et de ses compétences au service de l’une ou l’autre ? 

    Pour les peyraytois de souche, le pot d’accueil de 2003 a été la surprise.  Ils ont mesuré combien l’arrivée de nouveaux commerçants a remodelé le cœur du bourg, ils sont jeunes et apportent de la nouveauté. Par la  qualité de leurs services ils nous épargnent le gaspillage de la surconsommation du caddie dans les grandes surfaces environnantes.

    L’accueil est à la portée de tous, il doit être l’affaire de tous les acteurs de la vie locale et de chaque habitant. Il est alors simple et chaleureux, plein de spontanéité et d’amitié. Il suffit d’un sourire, d’un bonjour, d’une attention au nouveau venu pour que ces gestes deviennent signes de reconnaissance et d’intégration. 

    Par nature, l’homme n’est pas appelé à vivre en solitaire. C’est dans la relation qu’il trouve l’épanouissement de sa quête de bonheur.

     

    Marie-Hérèse Gueguen

     

    Depuis bon nombre d’années un accueil informel de porteurs de projets existe sur la montagne limousine. Partant de cette pratique, des associations et entreprises travaillent ensemble depuis 2 ans et ont fait le choix d’organiser un accueil basé sur l’échange, l’entraide  et la proximité.
    Elles mutualisent leurs compétences afin de rendre l’accueil plus humain, en lien avec le terrain, et au plus proche des besoins des nouveaux arrivants.

    Un réseau d’accueil ; des citoyens qui se mobilisent !!!

    «Nous travaillons en amont et en aval sur l’installation des porteurs de projets en  étroite collaboration avec les compétences des partenaires et les forces vives du pays. Nous  proposons des rencontres autour des projets d’installation, une mise en relation avec les habitants et les acteurs du territoire et des visites de projets existants. Nous mettons à disposition des possibilités d’hébergements  pour la période de pré-installation, un site pour s’expérimenter et quatre lieux relais (matériel  informatique et informations sur l’installation disponibles)».
    Cette dynamique est portée par VASI jeunes à Vidaillat, les Plateaux Limousins à Royère-de-Vassivière, Ambiance Bois à Faux-La-Montagne, le GAEC Champs Libres et Contrechamps à St-Julien-le-Petit, le MRJC Limousin à Limoges et Solidarité Millevaches à  Peyrelevade. 

    Stéphane Lamontagne

      

    Et si demain...

    Depuis des lustres les scouts de toutes espèces viennent nombreux en Limousin. La nature leur offre mille et une possibilités d’activités de plein air pour favoriser l’éducation à l’autonomie et à la responsabilité. Autour de Peyrat plus de 200 jeunes viendront cet été de toute la France.

    Leur accueil est lié à l’activité d’un foyer relais, ancien du mouvement scout, où arrivent les demandes des groupes eux-mêmes, et toutes celles qui transitent par la mairie ou l’office de tourisme. Une aubaine et une coordination nécessaire pour aider à la constitution des dossiers administratifs de plus en plus épais et abscons.

    Ils sont accueillis sur des terrains prêtés par la commune ou par des agriculteurs. Là où ils peuvent  trouver l’eau et le bois, et en proximité du bourg avec tous ses services. Ils reviennent souvent étonnés de la confiance qui leur est faite chez les commerçants.

    Un accueil ponctuel leur est offert par de nombreux professionnels : éleveurs, forestiers, artisans ou simples résidents ; ils permettent à ces jeunes citadins de découvrir la diversité des activités exercées dans l’espace rural et combien méconnues. En guise de remerciement les scouts accomplissent des actions de services qui leur sont proposées : restauration de fontaines, nettoyage de l’église, entretien de chemins, ou même des plantations d’arbres.

    Tous ces groupes apprécient l’accueil qu’ils reçoivent, mais aussi les échanges avec les habitants qui les hébergent pour une nuit à l’occasion de leurs RED (Randonnée, Exploration, Découverte). Tant et si bien que de cinq en dix ans, on retrouve parmi l’encadrement de ces groupes, des adultes et des ménages qui ont gardé la trace des joies vécues et mémorisées au cours des camps de leur adolescence en Limousin. Ils reviennent pour faire partager aux plus jeunes cet apprentissage de la vie commune  dans l’amitié et  la solidarité forgées au contact de la nature. Et si demain dans ce vivier certains pouvaient planter leur tente définitivement en Limousin?

     

    Michel Gueguen
  • Brève n°70 - 03/2020

    breve ipns 70

  • DOSADO ou la musique partagée

    dosado logoC’était au tout début de notre siècle, cinq adolescentes de Bujaleuf, Peyrat-le-Château et Royère-de-Vassivière, élèves assidues et volontaires des écoles de musique de la Creuse et d’Eymoutiers, font le pari de faire partager leur passion de la musique des années 1930 à tout public. Elles exercent leur talent sur plusieurs instruments. Voilà comment elles nous présentent leur projet, racontent la naissance de leur groupe et nous font part du succès qu’elles rencontrent depuis six ans. Une réussite confirmée par l’ attribution en 2006 de deux prix nationaux. Bravo et un grand coup de chapeau pour leur persévérance.

     

    Un projet

    Avant tout, il nous paraît important de préciser que notre but n’est pas de mettre en valeur notre groupe à travers le nom que nous lui donnons, mais bien la musique elle-même. Notre principale idée est de faire redécouvrir des «morceaux» qui ont connu un certain succès à une époque mais qui ont depuis été mis au placard. Nous pensons qu’il est temps de dépoussiérer les partitions et de les ressortir au grand jour afin que les notes reprennent vie. Les musiques de l’entre-deux guerres (année 1920-1930) présentent selon nous beaucoup d’intérêt. Elles restent parfois mal connues de la génération de nos parents et totalement ignorées, faute d’être diffusées, par la génération actuelle.

    Notre idée est de les «démystifier» en les actualisant de nouveau à travers nos instruments, étant entendu que nous adapterons nos mélodies par rapport au public visé. Par exemple, ceci risque de faire resurgir des souvenirs enfouis chez les personnes âgées dans les maisons de retraite, sachant qu’une musique est souvent associée à un moment fort de la vie. A l’inverse, la découverte d’un autre style musical constituera un enrichissement culturel parmi les jeunes qui pourront y être sensibles. Nous sommes persuadées que dans certains endroits il y a un vide musical à combler et qu’il est plus simple de faire déplacer un groupe de cinq personnes telles que nous, plutôt qu’un établissement complet (maison de retraite, club du troisième âge, crèche, école, centre de loisirs … et bien d’autres). Accompagner certaines manifestations publiques (fête de la musique, feu de la saint Jean, fête du pain, fête nationale, fête de la batteuse, fête de l’école, fête communale de Noël, commémoration de la guerre…), font également partie intégrante de ce projet.

    Grâce à la musique, des liens peuvent être créés entre les gens qui peuvent se découvrir des goûts communs. Nos instruments sont au service du partage, du relationnel, de la découverte, de l’accompagnement, du rapprochement de cultures différentes (nous pensons aux nombreux anglais qui ont de si grandes difficultés à échanger et à s’intégrer). La musique peut devenir une passerelle. Lorsque l’on a foi en quelque chose, la réussite nous attend forcément.

     

    La naissance du groupe

    dosado groupePour quatre d’entre nous, notre rencontre a eu lieu à l’école du village où nous jouions ensemble dans la cour de récréation… Puis chacune à notre tour, nous avons intégré l’école de musique où notre groupe s’est agrandi. Nous est venue l’idée de partager notre passion commune pour la musique en nous rassemblant de temps en temps autour d’une partition pour jouer quelques notes. Cela dure depuis six ans.

    Un beau jour, nous pensions avoir évoluées suffisamment pour oser sortir de l’ombre afin que les gens de Peyrat le Château voient de quoi nous étions capables. Il s’agissait de la fête de la musique en 2002. Nous avons joué sur la place du village un échantillon de tout ce que nous avions appris : musique brésilienne, musique de film, chants populaires…. L’engouement des spectateurs nous a surprises et motivées pour aller plus loin. Nous nous sentions heureuses de faire connaître notre art, fières de notre travail récompensé. Ce panel musical avait l’avantage de s’adresser à un large public.

    Depuis, nous participons à différentes manifestations, parfois de notre propre initiative : fête de la musique dans l’église en juin 2003 et 2005, feu de la saint Jean au bord de l’étang de Peyrat le Château, fête du pain en octobre les mêmes années, concert à la maison de retraite d’Eymoutiers car la solitude des personnes âgées nous touche particulièrement. Nous avons eu l’honneur de jouer à la messe de minuit en la Collégiale d’Eymoutiers à la demande de notre curé et de nous produire aux messes d’été du dimanche matin. Ensuite pour l’association Familles Rurales, nous nous sommes rendues à la halte-garderie Piccolo où les enfants ont été attentifs et joyeux de découvrir la musique autrement, c’est à dire en joignant l’image de l’instrument aux sons qu’ils entendaient. C’est à cette occasion que la notion d’échange prend tout son sens, notre volonté est d’initier les plus jeunes à nos instruments. Cependant notre plus grand plaisir cette année reste les deux invitations de nos professeurs pour clôturer l’audition de l’école de musique. C’est pour nous la récompense d’un travail reconnu et apprécié par ceux qui nous ont encadrées et encouragées.

    Il est impossible de terminer cette présentation sans raconter l’événement «choc» qui nous a profondément touchées. Lors de notre prestation musicale à la maison de retraite d’Eymoutiers, un papy centenaire et aveugle depuis la naissance, nous a joué quelques airs de musique de sa connaissance après nous avoir écoutées en manifestant son engouement. Il nous accompagnait avec des gestes (il fredonnait, tapait le tempo du pied et applaudissait). Son visage rayonnant a ancré notre volonté et notre plaisir à faire partager et découvrir nos instruments.

    Pour mener à bien et développer notre projet et nous insérer dans le tissu  local, nous avons sollicité l’association Familles Rurales de Peyrat le Château. Forte de ces 141 familles adhérentes elle propose de nombreux services et des loisirs. Elle est à même de nous faire bénéficier de son expérience et de nous accompagner matériellement dans de bonnes conditions. Elle nous a permis d’accéder à des appels à projet.

     

    Les trophées du mérite

    dosado sceneC’est ainsi que nous avons participé au concours des «Trophées J PASS 2006» organisé par le Crédit Mutuel et Familles Rurales à l’échelle nationale. Ces trophées ont pour objectif de faire émerger des groupes locaux de jeunes à partir d’un projet. Ils veulent valoriser les capacités d’initiatives et d’engagement des jeunes dans les territoires ruraux. En donnant un coup de pouce à leurs projets ils les impliquent dans la vie locale.

    Nous avons envoyé notre dossier de candidature et nous avons été sélectionnées pour passer «l’oral». Le rendez vous avait lieu à Orléans le 6 juillet. Et nous voilà parties en train toutes les cinq. La rencontre se déroulait en vidéo conférence, les membres du jury étaient à Paris. Nous devons avouer que c’était une expérience amusante. La réponse ne se fit pas attendre longtemps Monsieur Ribeil notre correspondant national de Familles Rurales nous a annoncé par téléphone la bonne nouvelle : «Vous avez le premier prix 2006, rendez-vous le 23 novembre à Paris à l’occasion du Congrès des Maires de France pour la remise des prix». Nous nous sommes réjouies de voir notre projet soutenu et récompensé. La confiance que nous portent ces organismes nous touche beaucoup.

    Et nous voilà, le 23 novembre 2006 à Paris à la Porte de Versailles pour la remise de notre prix. Devant les autres groupes de jeunes ainsi que les représentants de Familles Rurales et du Crédit Mutuel, nous avons présenté notre projet soutenu par un diaporama réalisé auparavant. A notre grande surprise nous avons reçu le prix de 2000 € ainsi qu’un autre chèque de 1500 € attribué par le Crédit Mutuel. Notre projet fut très apprécié. Comme nous avions emmené nos instruments (flûtes traversières, violon, guitare et violoncelle) la clôture de la cérémonie s’est faite en musique en jouant un morceau de notre répertoire.

    Parallèlement au concours des «Trophées J PASS», la Mutualité Sociale Agricole (MSA) de la Haute-Vienne nous a proposé de participer à leur appel à «projet jeunes». Comme pour le précédent concours nous avons déposé un dossier et nous avons été présélectionnées. Le 17 novembre nous sommes allées passer l’audition à la MSA de Limoges. Sur les huit p^rojets présentés, le nôtre fut placé en premier. Nous sommes pour la seconde fois en première ligne. Nous sommes très contentes que notre démarche d’aller vers les autres grâce à la musique puisse être accompagnée et soutenue par de grandes institutions comme la MSA qui ont une action au niveau local.

    Ce premier prix a été récompensé par un chèque de 1500 € et nous a permis de déposer un dossier pour concourir au niveau national. Notre action se poursuit, il nous faut continuer en donnant tout simplement un petit peu de notre temps. Nous devons nous montrer dignes de la confiance qui nous a été accordée. Selon nous faire de la musique c’est faire partager un message que chacun peut interpréter à sa manière. C’est un art et comme toute forme d’art, elle éveille une sensibilité et une imagination où l’on se laisse emporter. A quoi servent les mots lorsqu’il y a des sons ! Nous produire publiquement plutôt que cachées chez nous permet de faire découvrir la vision de l’instrument liée au son. Il reste valorisant de partager une passion avec d’autres

    Grâce à l’école de musique nous avons acquis un savoir qu’il nous paraît injuste de garder pour soi de façon égoïste. Dans la mesure où jouer d’un instrument est un privilège, car ceci est coûteux, requiert de la patience et demande du temps. L’apprentissage est long et parfois difficile.

    La musique est certes soumise à la mode des médias, mais les goûts sont personnels et chacun reste libre d’écouter ce qui lui plaît. Ce que nous proposons sort de la musique médiatique actuellement stéréotypée. Pour conclure, il est important de signaler que l’isolement est synonyme d’appauvrissement de l’être humain, alors que le regroupement est une force et un enrichissement. Nous éprouvons le plaisir d’être ensemble, et nous voulons être acteurs dans notre cadre de vie.

     

    Flûtes traversières : Vedna Goudour, Clémir Jobin,
    Violon : Claire Combastel,
    Violoncelle : Maëliss Jobin,
    Guitare : Florence Peyratout
  • Ecole rurale : en finir avec quelques préjugés

    enfant1Saint-Julien-le-Petit, Cheissoux, Jabreilles ou encore Bussière-Boffy … Ce ne sont là que quelques exemples des fermetures de classes programmées en Limousin pour la rentrée 2008. Et, comme à chaque fois, les mêmes raisons sont invoquées pour légitimer ces reconfigurations du service public de l’éducation. Rationalisation, diminution des coûts, bénéfice pédagogique, le discours se répète à l’envie. Or ces motivations sont loin d’être aussi marquées du sceau de l’évidence et de la nécessité comme certains voudraient bien nous le faire croire. Pour preuve ces extraits d’un forum citoyen qui s’est tenu le 29 janvier 2008 à Eymoutiers sur le thème de l’école rurale, à l’initiative du Collectif pour la Promotion et la Défense de l’Ecole Publique de Proximité. 



    Meilleurs résultats et moins de redoublements dans les classes uniques rurales

    “Les études présentées par Pierre Couderc, maître-formateur à l’IUFM de Grenoble et membre de l’Observatoire de l’Ecole Rurale prouvent [que les écoles rurales affichent de meilleurs résultats que les écoles des chefs-lieux de canton ou des villes]. [Ayant suivi de la classe de CM2 à la Terminale 2500 élèves de territoires ruraux et/ou montagnards, tous en classes multi-âges], il ressort d’étonnantes observations et notamment que le degré d’isolement d’une école influe fortement sur les résultats.

     

    […] Les études démontrent que ces classes ont des résultats scolaires plutôt meilleurs que les autres écoles, avec des taux de redoublement plus faibles. En France, ce dernier se situe autour d’une moyenne de 19 %. Dans les ZEP, il est de 32 %, en zone de montagne, il chute à 16 %.

    Les élèves des écoles rurales se distinguent par de bons résultats dans des matières importantes comme le français et les mathématiques. Une fois au collège, […] les élèves maintiennent leur avance sur les autres jeunes.

     

    […] Quel est le secret des écoles rurales ? Il semblerait que toutes les actions mises en oeuvre pour rompre l’isolement géographique créent une ouverture, un état d’esprit d’échange et de curiosité parmi les enfants propice à un meilleur apprentissage. […] Les enfants sortent souvent de la salle de classe, sont amenés à expérimenter, à travailler en réseau avec d’autres élèves. 

    Dans les classes multi-âges, les plus grands apprennent à transmettre aux plus petits via des systèmes de tutorat, et donc testent leur propre savoir. Les élèves sont en outre moins nombreux, ce qui facilite le suivi de l’apprentissage par chacun d’entre eux. “[…] L’enseignant se situe en accompagnateur et suit l’enfant de l’âge de 3 ans à 11 ans. Cet accompagnement rend les élèves plus autonomes, une qualité qui facilite ensuite leur adaptation au collège“, commente Pierre Couderc.

     

    Que deviennent ensuite les collégiens? L’étude révèle que l’avance accumulée durant toutes ces années ne les dirige pas vers des études longues. Très attachés à leur territoire, ils choisissent des filières qui leur permettent d’y vivre. Pierre Couderc explique les raisons de ces choix par l’absence d’universités de proximité et leur refus de “couper le cordon“ avec le territoire et les parents. Ce constat l’amène à se poser deux questions : leur orientation est-elle réellement libre ou finalement contrainte à cause de l’éloignement géographique des lieux de formation ? Le départ précoce des études de ces jeunes ne va-t-il pas à l’avenir les gêner pour évoluer professionnellement ? 

     

    alphabetLes jeunes s’orientent vers des études plutôt courtes

    […] Pierre Couderc pense qu’il est surtout important que les enfants suivent un processus d’orientation qui leur laisse un libre choix.

    Qu’apportent en réalité les classes multi-âges ? Ludovic Marchand, enseignant à la Puye (86) dans une classe unique en milieu rural, impliquée dans le réseau pédagogique Vienne-Gartempe, témoigne. Selon lui, le faible effectif des classes rurales favorise la construction d’identité des enfants et réduit la violence. L’enseignement n’est plus linéaire, découpé en années successives où chaque enfant doit avoir tels acquis à la fin de telle classe. Avec lui, chaque élève avance à son rythme. […] “Si on compare l’école avec l’apprentissage de la marche et de la parole, on se rend compte que l’enfant progresse en fonction de son environnement, en prenant exemple sur les plus grands. C’est ce qui se passe dans les classes multi-âges.“ […] Les interactions sont multiples et variées, favorisant ainsi le réinvestissement des compétences des enfants et la prolongation des apprentissages. 

     

    Des classes multi-âges qui respectent le rythme de l’enfant

    […] Ludovic Marchand souligne une autre différence notable avec des établissements scolaires plus importants et les RPI : l’école du village est intégrée dans son environnement. Les enfants ne sont pas déposés par le bus mais par les parents, ce qui favorise un dialogue quotidien entre ces derniers et les enseignants. 

    […] Récemment, une maman a retiré son enfant de la classe de Ludovic Marchand. Elle était trop stressée, non pas par les méthodes pédagogiques de l’enseignant, mais parce qu’elle craignait que son enfant progresse moins vite par rapport à une classe d’une seule tranche d’âge. La réaction de cette maman questionne fortement Ludovic Marchand sur l’arrivée des nouveaux habitants et notamment des urbains. Ces derniers ont une vision de l’école différente de celles d’habitants issus du monde rural qui connaissent souvent, pour l’avoir vécu, les aspects positifs des classes uniques. […] Selon Ludovic Marchand, la communication autour des atouts de l’école rurale multi-âges doit être renforcée. “Le fait d’habiter en milieu rural n’est pas une punition, si des partenariats et des réseaux d’écoles se créent pour rompre l’isolement et permettre des échanges“.

     

    Extraits publiés avec l’aimable autorisation du Collectif pour la Promotion et la Défense de l’Ecole Publique de Proximité.

     

    École de village, suite et fin (programmée)

     

    Diminution des effectifs, suppression de postes, fermeture, concentration, structure, surcharge...   “waouh!!“... mais où est encore parti “l’humain“ ?
    Il semblerait qu’on ait toujours l’éternel souci du portefeuille mais pas beaucoup celui des générations futures.

     

    Voilà où on en est, et même dans nos campagnes on ne parle plus que de ça ou plutôt devrais-je dire on ne parle plus que comme ça. 
    A St-Julien-le-Petit, en ce qui concerne la fermeture de l’école, nous sommes en première ligne, car l’école ferme ses portes à la rentrée prochaine. Alors nous aussi (après tout nous sommes au mois de mai), on a pétitionné, on a manifesté, on a sollicité... mais nous ont-ils seulement vu, entendu, perçu ?

     

    “Le silence gronde et claque mais quand il éclate, l’écho retentit“...

     

    Alors je vous fais part, à vous lecteurs de notre requête.
    Pour le contexte, St-Julien-le-Petit fait partie d’un Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) regroupant Cheissoux, Bujaleuf et St-Julien-le-Petit. Ces regroupements ont été créés dans le but de rompre l’isolement des communes tout en maintenant les petites “structures“ scolaires sur chacune d’elles en répartissant les classes d’âge.

     

    Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est la suppression d’un “poste“ (bien entendu!) et la “concentration“ des classes sur une seule commune, Bujaleuf, tout en restant un RPI (c’est d’une logique implacable, je ne vous le fais pas dire mais je vous laisse présager de la suite). 

     

    Bien sûr, les frais sont partagés (beaucoup moins les avantages) et le transport organisé et “non payant“...pour l’instant!). On vient chercher vos enfants au pied de votre porte alors de quoi vous plaignez-vous, nous dira-t-on...mais, on oublie de préciser que l’enfant, lui, il en a pour 30 à 40 minutes de car (suivant sa situation géographique), avec un changement en prime et que dès l’âge de trois ans c’est parti (dans le cas d’enfants scolarisés dès la maternelle)...

    Sachant aussi qu’en ce qui concerne la commune de St-Julien-le-Petit, géographiquement, il y a toute une partie de la population qui habite plus 

    près de Peyrat-le-Château, qui est un secteur dont l’école est déjà “surchargée“, alors, alors,... c’est pas gagné !

    Désormais, on peut, dans tout les cas, se poser la question du sens d’un “RPI concentré“ ?

     

    Ah oui, et puis, j’oubliais, cette “fermeture“ d’école dite programmée, elle a été prévue au vu de la baisse des “effectifs“ sur la commune, mais quand on leur signale que “l’effectif“ pour la rentrée, il a doublé, nous entendent-ils ? Toujours pas... évidemment... même en ce qui concerne l’essentiel...
    Sans doute ne savent-ils pas qu’en matière d’enseignement primaire le bien-être des enfants est intimement lié à la proximité, la singularité et que l’école porte aussi en elle l’avenir de la commune...
    Ah oui, mais... où est donc passé l’humain...?
    Bon, en tout cas pour ma part, je les ai tous placés, les mots-“clés“ du début, ceux dont on parle sans cesse et sans remords !

    Merci à tous

     

    Maud Kramp
  • Émile à la montagne ou prenons un peu d’altitude

    haut basAvec cette nouvelle chronique, IPNS veut prendre de la hauteur. Je vais donc m’inspirer de cette remarque d’un gendarme, à un délinquant notoire qui refusait de donner son ADN : “vous, arrêtez de me prendre de haut“.

     

    Connaissez-vous le film “L’anglais qui gravit une colline, et redescendit une montagne“ ? (Christopher Monger, 2003), avec le beau Hugh Grant. Ce que je vais vous raconter a un peu de ces beaux débats géographiques.

    Comme tout le monde le sait, ou devrait savoir, le point culminant de la Haute-Vienne est le Mont Crozat, qui domine le Lac de Vassivière, à 777 m. Une légende tenace, perpétuée par l’Office Départemental de Tourisme – si, si, c’est vrai, plusieurs touristes me l’ont dit – le “vrai“ sommet est le Mont Gargan. Or notre grosse taupinière granitique culmine à 735 m ! De plus, il y a quelques jours, je consultais quelques aimables présentations de nos jolis paysages, découvrant l’imposture : le point culminant ne serait pas non plus le bois de Crozat, mais le Puy Lagarde (795 m). J’ai même trouvé incidemment le Mont Louzat (755 m). L’amusant est que chacune de ces hauteurs se trouve sur une commune différente, et voisine : Peyrat-le-Château, Beaumont-du-Lac, et Nedde. Ça sent légèrement la querelle de clocher. 

    Alors, armé de patience, de courage physique, d’un petit rapporteur (merci Pythagore), d’une boussole, et d’un pifomètre (finalement, c’est suffisant), je me lance dans une enquête de terrain. Je néglige le Mont Gargan, les souvenirs de 1944, je sature un peu. Poursuivant, je snobe le bois de Crozat, d’où l’on ne voit pas grand chose, ni d’en bas, ni d’en haut. Et puis, 777 m, ça n’est jamais que 2 m de plus que le tumulus du Puy La Besse, tout près. Les nommés ne m’intéressent pas beaucoup, je veux connaître tout de suite le gagnant. Après tout, il suffit de lire une carte. Mais pour la question du Puy Lagarde, depuis que wikipédia fait fureur, le mystère se corse – j’ai failli dire se creuse. Si vous vous rendez sur place, vous comprendrez la différence entre une colline et une montagne. Depuis un petit carrefour, entre Beaumont et La Villedieu, on suit un chemin en assez mauvais état. On passe alors de 730 à 795 m. Souvenir d’école pour les moins jeunes, règle de 3 : 65 m en 600 m, alors ? 11 % de dénivelé. De la gnognotte dirait Christopher Froome, et son vélo magique. Vous n’aurez qu’à essayer. Mon chien a bu deux litres d’eau au retour. En redescendant vers le hameau de Croux (Nedde), c’est pareil, gare aux gadins ! Le petit poucet est passé par là avec de (très) très gros cailloux. Mais revenons au sommet, le lieu est dit “des Trois Croix“. Elles sont bien là, un peu encombrées de fougères et genêts. Et on se rend vite compte, qu’elles sont à 10 m du chemin, du côté … Creuse, donc commune de Faux. Eh bien, en voilà un autre point culminant, Madame Moulin, vous voyez bien que c’est vrai, la Montagne. Voilà la preuve : le plus haut sommet de Haute Vienne n’est pas le Puy Lagarde. Ouf ! crie M. le maire de Peyrat. Mais, car il y a un mais … Si on fait 20 pas vers l’ouest, on est en Haute-Vienne. La carte confirme, on y voit très bien la courbe de niveau. Au milieu des sapins, jadis bruyères, le “point culminant“ est bien là, à 790 m. M. le maire de Beaumont jubile. 

    Ça fait belle lurette qu’on sait mesurer les altitudes, les égyptiens déjà. On dit bien “au niveau de la mer“, mais réchauffement climatique ou pas, elle ne montera jamais jusqu’ici. Alors, pourquoi chipoter avec des “c’est moi le plus haut“ ? D’abord, parce qu’avant 1790, nos anciens ignoraient qu’ils vivaient en Creuse ou en Haute-Vienne. Forcément, les beaumontois (pas encore du Lac) et les fallois (me trompe-je?) étaient tous “en Marche“ (le comté, pas l’autre!). Il leur suffisait d’ailleurs de lever un peu le nez, regarder au loin, les reliefs étaient bien visibles. Mais aujourd’hui, le progrès est passé par là, et les planteurs de sapins aussi, plus besoin de regarder, c’est écrit. Les guides touristiques et leurs étoiles, les sites internet, les panneaux signalétiques (quel joli mot, folie les mots !), etc … le jeu du “je suis plus que toi“ en vaut-il la chandelle ? Because on n’en a plus, de chandelle.

    Cette petite enquête m’a tout de même valu une belle balade. Mais ma conclusion est assez triste : d’abord, tout le monde a tort, tout le monde a raison aussi. Et surtout, parlons-en des beaux panoramas. Le Puy Lagarde ne se voit ni d’en bas, ni d’en haut. On ne le voit de nulle part. Il faudrait classer les paysages et panoramas au Patrimoine de l’Unesco, c’est un bien commun, non ? 

    La prochaine fois, je vous parlerai de la Montagne qui cache un plateau, et du Plateau, dont on fait toute une montagne. Mais avant, je dois aller vérifier un détail devenu d’actualité : quel est le point culminant de Creuse Grand Sud ? Parce que celui de la Creuse tout court se trouve à Saint-Oradoux-de-Chirouze (932 m), commune membre de Haute-Corrèze-Communauté ! Pour la Corrèze justement, pas de souci avec le Mont Bessou (976 m), sans discussion le plus haut sommet, mais le point culminant ne serait-il pas en haut de la tour ?

    N.B. Faux-la-Montagne possède 80 (!) points supérieurs à 700 m, (dont 5 de plus 800 m), mais Gentioux 25 supérieurs à 800 m. Quant à Féniers, c’est la reine des 900 : 8 (pas nombreux certes, mais la commune est toute petite). Alors, c’est qui le plus haut ?

     

    Émile Vache
  • Immigrant, créateur et transmetteur d’entreprise

    Jean-Pierre et Hélène Laigneau, avec leurs enfants partageaient leurs vacances depuis des années en camping à la ferme à Saint- Martin- Château. A l’approche de la pré-retraite Jean Pierre a choisi de poursuivre sa vie professionnelle en créant une entreprise de services en informatique. Au moment du passage à la retraite il transmet sa création à d’autres immigrants ou revenants désireux d’inscrire en terre limousine leurs activités professionnelles.

     

    Histoire de la DRIC

    Nous avons aménagé en Creuse en Juillet 2000, dans la maison que nous avions achetée 4 ans plus tôt, dans un petit village sur la commune de Saint-Martin-Château.

    L’entreprise DRIC (Dépannage et réalisations informatiques en Creuse) a été créée au mois d’octobre sous la forme d’une EURL.

    Nous avons bénéficié, pour le lancement de ce projet, de plusieurs circonstances favorables :

    Le fait d’être à 6 ans de la retraite, et de ne plus avoir d’enfants à charge limitait les risques de l’aventure.

    L’entreprise dans laquelle j’étais salarié auparavant me garantissait des contrats représentant un chiffre d’affaire dégressif sur les 3 premières années, ce qui permettait de constituer peu à peu une clientèle.

    J’avais une expérience dans la réalisation de programmes, mais aussi dans le fonctionnement des ordinateurs. Cela m’a permis de mener aussi bien un travail de création de logiciels pour des entreprises importantes mais éloignées, qu’un travail de dépannage et d’assistance informatique auprès de clients locaux.

    Notre maison se trouvait au centre d’une vaste zone à cheval sur la Creuse et la Haute Vienne dépourvue d’entreprise concurrente. Un petit capital de départ nous évitait de recourir à un emprunt. L’aide de la région Limousin offerte aux immigrants qui créent une entreprise nous a permis de financer le déménagement.

    L’aide à la création d’entreprise (ACCRE) nous a permis notamment de couvrir les honoraires du centre de gestion CG23 sur lequel nous nous sommes appuyés pour les formalités de création de l’entreprise.

    Au nombre des aides reçues, il faut encore citer le stage de formation d’une semaine proposé par la chambre de commerce et d’industrie.

     

    Nous aurions pu simplifier les formalités de démarrage en adoptant un statut d’entreprise personnelle. Mais nous avons estimé que les responsabilités qui résultent de la création de logiciels pour des entreprises pouvaient être lourdes, et qu’il valait mieux en protéger notre patrimoine familial.

    Au fil des années, le nombre des clients locaux a augmenté. Nos opérations publicitaires ont été limitées : inscription dans les pages jaunes, et distribution de tracts à Peyrat le Château et à Bourganeuf. Mais c’est le «bouche à oreille» qui a été le principal vecteur d’arrivée de nouveaux clients.

     

    Quel bilan tirer au bout de 6 ans ?

    Ce travail a été enrichissant pour moi, riche en contacts, idéal pour connaître le pays. Je pense qu’il a apporté à mes clients un service précieux. Car l’informatique réserve parfois des mauvaises surprises, et beaucoup ont apprécié de pouvoir être secourus sans aller chercher trop loin ni attendre trop longtemps. En revanche, on ne peut pas dire que ce soit un travail facile. Etre seul face à des problèmes complexes est parfois lourd. Et puis, l’autre question essentielle : peut on en vivre ? Sans doute, à condition de mieux faire payer à sa juste valeur le service rendu.

     

    Et maintenant, la suite ?

    La question pouvait se poser de vendre ou transmettre l’entreprise.

    Les circonstances nous ont amené à un autre choix. D’une part, j’ai été en contact avec un collègue de la région de Guéret qui était intéressé à venir jusqu’à Bourganeuf. D’autre part, il y avait depuis peu sur Peyrat un nouvel artisan qui souhaitait inclure l’informatique dans sa gamme d’activités, et sur Royère une association qui souhaitait travailler sur ce créneau. J’ai préféré favoriser l’essor de ces entreprises, plutôt que susciter l’implantation d’un nouveau qui aurait peut être créé un surnombre. J’ai donc tout simplement écrit à mes clients pour leur indiquer où ils pouvaient s’adresser désormais. Et la DRIC sera en principe dissoute dans les mois qui viennent.

     

    Jean-Pierre Laigneau

     

    platod 1000 wPLATOD’1000W

    Jean Pierre LAIGNEAU, a souhaité transmettre la clientèle de DRIC à des personnes ou entités qui lui paraissaient compétentes pour prendre la relève. Je me présente : Vacancier, tous les ans, dés l’âge de sept ans, avec mes parents.

    Dans ce beau pays, j’ai senti l’air du temps.
    Et tous les ans, je me disais en repartant
    Je viendrais bien y passer mes ans.

    Quand sont bientôt venus les cinquante ans
    Après une activité dans l’audiovisuel de vingt sept ans
    Je me suis dit, il est bien temps
    De venir vivre dans ce pays que je désirais tant.

    En 1979 je me suis installé à Amiens dans une activité artisanale de sonorisation et de Fabrication d’enceintes acoustiques sur mesure. Dès 1981 les nouvelles technologies numériques pointaient leur nez, CD, PCM VIDEO et mon métier évoluait. Déjà, à chaque retour de vacances passées ici , je me disais que je voulais venir faire mon métier dans ce beau pays.
    Les années passent, quatre enfants naissent et toujours cette même envie, attisée par la promotion que mon père ne cessait de faire de ce pays. Dans les années 1990 le numérique a tout envahi et qui dit son ou image dit informatique : me voilà plongé dans le tout numérique, mais toujours la même envie.
    Entre-temps les enfants ont grandi sauf le plus petit. Et mon père est parti.
    Une fois clôturés les comptes d’une SA WATT ET WATT, me voilà sur le Plateau de Millevaches pour installer une SARL baptisée PLATOD’1000W à Peyrat le château qui reprend une synthèse de tous mes métiers exercés pendant vingt sept ans.

    Et maintenant, Je suis très content !
    Sinon que de se promener avec mes enfants
    C’est franchement déconcertant
    La première s’arrête à chaque pas pour observer une plante
    Le second à chaque arbre pour savoir ce qu’il pourrait bien en faire
    Le troisième à chaque caillou, pour s’assurer qu’il est bien du jurassique
    Et la petite dernière qui commence à grandir,
    La question maintenant, c’est, qu’est ce qu’il vont bien devenir ?

    Alain Dècle

     

    planete informatiquePlanète Informatique

    L’entreprise PLANETE INFORMATIQUE basée à Saint Vaury et qui est née en juin 2005 intervient dans différents domaines : Vente -création de sites internet -développement application - formation. Elle a pour coeur d’activité le dépannage et l’assistance informatique à domicile. C’est par cette activité que l’entreprise est entrée en contact avec DRIC. A partir de cette activité commune, il a été très simple de réaliser le transfert de clientèle. Cela a permis aux clients de DRIC d’avoir une continuité dans le service à domicile et pour PLANETE INFORMATIQUE une opportunité pour élargir sa clientèle dans la région située entre Saint Dizier Leyrenne et Bourganeuf.
    Laissez PLANETE INFORMATIQUE vous libérer du stress informatique !

     

    ctrl aC T R L - A

    Ctrl-A (prononcer “contrôle a”) est une association loi 1901 créée en mai 2006 à Royère de Vassivière. Elle a pour objet “de fournir les moyens d’appréhender et d’utiliser les outils informatiques de communications actuels, dans un secteur géographique ne bénéficiant pas ou peu de ces services, afin de réduire la fracture numérique affectant ce territoire”.  Ctrl-A propose des activités et services en relation avec l’informatique dont les 4 principaux sont :
    1. Banque d’ordinateurs, maintenance : un groupement de récupération, de réparation et de revalorisation de matériels, ainsi qu’un service d’installation et de maintenance.
    2. Formation : un centre de formation informatique, afin de développer un service d’initiation, de formation et de conseils à l’utilisation des NTIC.
    3. Point public multimédia, salle de jeux : un lieu public pour la mise à disposition de postes de travail, d’un accès Internet et de documentations, ainsi que l’organisation de manifestations autour du jeu en réseau.
    4. Création et développement multimédia : un service de création de support de communication (cdrom, Internet, papier) et la mise en place d’outils utilisant ces technologies.
    L’association intervient sur le plateau de Millevaches et ses environs. N’hésitez pas à contacter l’association pour tous renseignements complémentaires ou si vous souhaitez participer activement à la vie de Ctrl-A.
  • L'exode des Lorrains de Ley à Peyrat-le-Château de 1940 à 1945 raconté par l'un d'eux

    Il s'appelle Roger Lefevre. Il avait 13 ans en 1940 lorsque l'ensemble de la population de son village, Ley, en Moselle, a été expulsée par les Allemands qui venaient d'envahir la France. En 1993, il a raconté son histoire qui est aussi celle de 116 habitants de sa commune, mais aussi celle d'autres communes lorraines arrivées en même temps que lui en Limousin.

     

    gare peyrat le chateau

     

    L'expulsion

    Ce jour, vendredi 1er novembre 1940. Il est 13h30. Une voiture de l'armée allemande arrive au village, deux officiers de police en descendent… Ils se dirigent vers le domicile du maire Eugène Jambois, s'arrêtent quelques instants. L’un d'eux s’avance, frappe à la porte, puis reprend sa position à côté de son collègue. La porte s’ouvre, le maire apparaît. Les deux policiers tendent le bras (signe du salut hitlérien). Sans s'émouvoir, Eugène Jambois les invite à entrer dans sa maison, l'entretien est de courte durée, tous trois ressortent et se dirigent vers la mairie. Ordre est donné à Charles Boubel, premier adjoint, de les rejoindre.
    L’arrivée, soudaine, des policiers allemands suscite l'inquiétude parmi la population. On s'interroge, des rumeurs circulent : dès juillet 1940 l'administration française est remplacée par une administration allemande qui très tôt décide de germaniser ce qu'elle considère comme un territoire conquis définitivement. Les départements de la Moselle, du Bas-Rhin et Haut-Rhin sont annexés, rattachés à l’Allemagne nazie. Déjà, Juifs et Français de l'intérieur sont expulsés.
    C'est le jour de la Toussaint. Il est 14h, les gens se rendent à l'église. L'épouse du maire, le visage empreint de tristesse, y entre à son tour. Il est 15h à la sortie des Vêpres, nous apercevons Eugène Jambois, flanqué d'un policier allemand venir à notre rencontre. Son visage anxieux n'échappe à personne, nous redoutons le pire… Nous l'écoutons.
    Conformément aux décisions des autorités allemandes, tous les habitants du village seront expulsés avec 30 kg de bagages par personne à une date non encore fixée. C'est la consternation. Il faut partir et tout laisser !
    Les chefs de famille doivent se rendre à la mairie. Les policiers allemands procèdent déjà au recensement des personnes.
    Alors commencent les jours d'attente, les familles deviennent de plus en plus angoissées ; chacune, chacun pense déjà au moment où il faudra tout quitter, la maison si riche de souvenirs, les morts, l'église, les champs et aussi les bêtes dans les étables...
    On fait ses préparatifs, on emballe du linge, des vêtements, quelques provisions. Les sacs sont bouclés, puis défaits le lendemain pour remettre autre chose à la place. Il faut beaucoup de temps aux parents pour se décider à choisir entre ce qu'ils doivent abandonner et ce qu'ils peuvent emporter.
    Pendant la nuit, on enterre du petit matériel, des outils, des harnachements, de l'alcool (mirabelle), on dissimule dans des caches toutes sortes d'objets familiers : vaisselle, ustensiles de cuisine, bibelots, tableaux, etc. Des repères sont établis pour les retrouver au retour.

     

    Le départ

    Le 10 novembre vers 15h, un car s'arrête sur la place, des jeunes Allemands en uniforme kaki, brassard à croix gammée, en descendent. Une pelle-bêche sur l'épaule ils se dirigent vers l'école pour y établir leur campement. Matelas et sommiers sont réquisitionnés, qu'importe, tout va rester dans les maisons (…).
    Le 16 novembre, nous apprenons que le départ est fixé au lendemain matin. C'est un dimanche. Au réveil, la douleur de quitter notre village nous étreint, très tôt nous nous levons, avant de partir il faut abreuver les chevaux, les vaches et les autres animaux. Nous remplissons à ras-bord les râteliers et les crèches de foin, la litière est largement pourvue. Un dernier regard d'admiration à ces bêtes, désormais, d’elles aussi il faut se séparer.
    Le temps se met à l'unisson, il pleut à verse, et il fait sombre. Déjà les cars et les camions arrivent ; les policiers allemands vont de maison en maison, établissent à nouveau les renseignements concernant l'identité de chaque famille, ils inscrivent également le nombre de bêtes restant dans les étables. Une grange est désignée où l'on doit rassembler les bagages. Des hommes sont requis pour le chargement : le chauffeur allemand dont le camion n'est pas rempli, demande à l'un d'eux s'il n'a pas quelque chose à ajouter : ce dernier s'empresse d'aller jusqu'à sa maison et revient avec sa bicyclette, elle lui sera bien utile par la suite !

    [Le transport entre la Loraine et le Limousin dure plusieurs jours et passe par Nancy, Dijon, Lyon, Saint-Étienne, Guéret et Limoges. Les différentes communes sont réparties dans des communes limousines : les expulsés de Moncourt (57) sont installés à Compreignac, Chaptelat et Bonnac-la-Côte, ceux de Donnelay (57) à Saint-Léonard-de-Noblat, Sauviat et Moissannes, ceux d'Ommeray (57) à Saint-Denis-des-Murs, Masléon et Bujaleuf, ceux de Gélucourt (57) à Eymoutiers. Les derniers du voyage, les 116 habitants de Ley arrivent à Peyrat-le-Château.]

     

    Ecole-Peyrat-4-juillet-1944-coll
    garepeyrat-le-chateau
    Groupe-jeunes-sur-pont-Peyrat-avant-1943-coll
    Lefevre-Gaston-footballeur-Peyrat-1941-coll
    Peyrat-9-juillet-1942-coll
    Peyrat-camp-jeunes
    Peyrat-Fete-du-Sport-coll
    Peyrat-Lefevre-Roger-Caps-Rene-Boubel-Georges-devant-maison-Nicolas--coll
    Peyrat-monument-coll
    Peyrat-Niclas-Paul-jour-du-depart-coll

     

    L'arrivée

    Il est 20h30, le tramway arrive, c'est l'embarquement, le dernier bout de voyage, ce sera le plus mouvementé ! La ligne épouse les sinuosités de la route, ça brinquebale dans les virages, la descente sur Peyrat est commencée, encore quelques secousses... Nous atteignons les faubourgs, le tramway commence à ralentir, un dernier virage, et s'arrête à la gare [de Peyrat]. Enfin, le voyage est terminé, nous descendons.
    Et là, surprise, nous ne sommes plus seuls. Les habitants sont venus nombreux nous accueillir. autour de leur maire délégué, Jacques Planchat et son conseil, l'abbé Malagnoux, curé de Peyrat, les enseignants et enseignantes. Chacun, chacune, nous aident à porter nos bagages et nous conduisent vers les hôtels ; nous sommes attendus, un repas nous est servi. La plupart d'entre nous y passeront la nuit et les jours suivants, d'autres sont conduits chez l'habitant (un témoin affirme : « Je suis arrivé, la bouillotte était dans le lit »).
    Quel réconfort, quelle générosité, quel accueil chaleureux de la part de ces gens aux mains tendues, et au cœur si généreux !
    Dès le lendemain, les familles, aidées par la municipalité, se sont mises à la recherche d'un logement. Chacune a pu se loger assez rapidement. Compte-tenu du confort de ce moment là, le mobilier en était restreint, le poêle à bois servait aussi de cuisinière, le combustible se trouvait facilement, la région étant bien pourvue en forêts.

     

    Vie sociale

    Une école lorraine s'est ouverte dans une salle de l'hôtel du Champ de Foire. Mlle Odile Barbe, institutrice de la région messine, en était la directrice. 34 élèves ont occupé ses bancs. Bien que n'étant pas incorporée aux écoles peyratoises, l'école des Lorrains y fut associée à chaque rassemblement patriotique et à l'occasion des fêtes sportives. Mlle Odile Barbe devait nous quitter le 24 avril 1941. Nous avons regretté son départ, aujourd'hui encore nous évoquons son souvenir, et une fête de Saint Nicolas, inoubliable, qu'elle avait organisée en présence de nos parents. Elle fut remplacée par Mlle Marguerite Louis, institutrice à l'école de Ley, expulsée dès le mois d’août 1940, qui retrouvait son école a Peyrat.
    La population lorraine s'est bien intégrée dans la cité limousine, surtout les plus jeunes. Des relations amicales s'établissent aussitôt, la cohabitation est parfaite, les gens se rencontrent, s'attardent à bavarder de petits faits vrais qui font la trame des jours, un quotidien simple mais harmonieux.
    Nous avons participé à la vie religieuse, l'office de 10h30, constituant la messe dominicale, nous réunissait tous. Nous avons partagé des moments importants de notre vie : la première communion, la confirmation, la joie et l'espérance des nuits de Noël. Lors de la Fête-Dieu, fête liturgique de l'année, des processions nous conduisaient jusqu'aux reposoirs érigés à la Tuilerie, dans la rue Barlet et au Marche-Dieu. Dans l’épreuve et le danger, les hommes resserrent leurs liens et prient.
    Les points de rassemblement des Lorrains se situent invariablement au café Monteil et sur le banc devant le garage Ratat. On y commente, à voix basse, les communiqués de la radio anglaise et les informations. « Ici Londres, les Français parlent aux Français ». « Ici Londres » hantait nos cœurs et nos raisons ! Qui, loin du pays natal, ne revoit en pensées son clocher, si modeste soit- il ?
    La vie à Peyrat était très active ; le cœur de cette activité était la place de la gare, occupée presque journellement par les exploitants forestiers à charger les grumes sur les wagons. L'arrivée et le départ deux fois par jour du tramway, les gens qui partaient ou arrivaient de Limoges et d'ailleurs, créaient une certaine animation dans le centre bourg. C'était aussi les rendez-vous de notre jeunesse les soirs d'été...
    À la gare, les commerçants venaient chercher leurs marchandises, les exploitants agricoles étaient contraints d'apporter le tombereau de pommes de terre imposé par le ravitaillement. En prévision de l'hiver, la corde de bois était livrée chez l'habitant. Les artisans avaient des journées de travail bien remplies, leurs soucis permanents en étaient les bons d'achat, trop restreints, attribués à leur profession pour le fer, l'acier et encore plus le charbon (maréchaux-forgerons et charrons notamment). À défaut de carburant, les garagistes se sont trouvés dans l'obligation d'équiper leurs véhicules au gazogène (le gaz du charbon de bois remplaçait 1'essence), une modification qui ne fut pas sans apporter quelques aléas ; elle eut toutefois le mérite de garder à l'automobile toute sa disponibilité.
    Pendant la durée de la guerre, l'association sportive était vivante. Dirigée par un président dévoué, Henri Ortavant, un secrétaire très actif, Jules Visse ; tous deux n'ont pas ménagé leur peine pour que vive l'ASP ! C'était l'époque du foot, cinq Lorrains ont joué dans les équipes, les déplacements s'effectuaient en camion bâché, équipé aussi au gazogène : René Serru était leur fidèle transporteur.
    Un passionné (du foot) a effectué de nombreux déplacements aller retour en vélo, il fallait du muscle aux mollets pour pédaler jusqu'à Faux-la-Montagne, jouer le match, et revenir.
    Que dire des foires, sinon qu'elles drainaient une foule importante à Peyrat. C'était un jour de fête. Les éleveurs occupaient le champ de foire avec les animaux de la race limousine, les magasins et autres ambulants étaient assez bien achalandés. Toutefois, le commerce se trouvait contrarié par l’obligation, là aussi, de fournir des bons d'achats, pour un pantalon, une chemise, une paire de chaussures, une poignée de clous. De la campagne, on venait à la foire à pied, à bicyclette, ou avec les bœufs que l'on laissait chez le maréchal afin de les ferrer. Ce jour là, l'artisan était à l'ouvrage, sa boutique ne désemplissait pas. Une rencontre entre amis qui finissait, très tard, autour d'un verre au café du coin.
    Nous avons eu le privilège d'habiter une région qui n'a pas trop souffert du manque de ravitaillement, grâce à la complicité des fermiers environnants et aussi des commerçants (bouchers et boulangers). Dans la limite de leurs possibilités, ils ont assuré le surplus aux tickets d'alimentation qui nous étaient octroyés. À l'épreuve des privations les sentiments ne meurent jamais. Contraints par les lois de la guerre, Limousins et Lorrains ont partagé leurs peines. Les uns par la retenue de leurs prisonniers en Allemagne, les autres par le déracinement de leurs foyers.
    Tous ces faits et gestes marquent la vie d'une cité, d'un homme, d'une femme.

     

    Roger Lefevre

    Nos remerciements à Jean Monceix qui nous a remis ce témoignage à la suite de la Fête de la Montagne limousine qui s'est déroulée fin septembre 2023 à Peyrat-le-Château, au cours de laquelle cet épisode de l'histoire locale a été évoqué. Le témoignage complet, d'une quinzaine de pages, qui raconte en détail le voyage entre la Lorraine et le Limousin, ainsi que l'engagement dans la Résistance de plusieurs Lorrains, se trouve à la bibliothèque de Peyrat-le-Château où il peut être consulté.
    Nos remerciements également à Martial Roche pour avoir mis à notre disposition les photos qui illustrent cet article, qui lui ont été fournies par la maire de Ley.
  • Les vies vécues d’Alain Carof

    Alain Carof (1929-2020), pilier de notre journal, nous a quitté au mois de janvier 2020. C’était une personnalité aux multiples facettes qui vivait depuis les années 1970 sur le Plateau, d’abord à Peyrat-le-Château, puis à Felletin. Il était prêtre, sociologue, militant associatif, historien, et que sais-je encore ?

     

    Nous garderons d’Alain l’image d’un homme ouvert, engagé, actif, hyper-actif même (et cela jusqu’à la fin de sa vie), celle d’un homme attentionné aux autres, humaniste, d’une grande intelligence des choses et des gens, respectueux des différences et des approches de chacun.

     

    alain carof

     

    Alain Carof : combien d’hommes ?

    L’autre image d’Alain, c’est celle du grand éclectisme de ses engagements et de ses actions qui fait que l’on pouvait découvrir sans cesse de nouvelles facettes du personnage. La première fois que je le rencontre, en 1982, on me le présente comme Alain Carof, sociologue, qui encadre des maîtrises en sciences sociales à l’université de Limoges. Il vient parler à une petite quinzaine d’étudiants de l’université de Paris X Nanterre en stage sur le plateau de Millevaches dans le cadre d’un enseignement de psycho-sociologie de l’aménagement. Mais la fois suivante, je découvre Alain Carof, militant associatif, qui nous invite chaleureusement à venir à la prochaine fête des Plateaux qui se déroule alors chaque dernier week-end de septembre au Villard, sur le lieu de l’association Les Plateaux limousins. C’est alors qu’on me présente Alain Carof, curé de Peyrat-le-Château, prêtre de la Mission de France, mais prêtre engagé dans la vie professionnelle, prêtre ouvrier « au travail jusqu’à l’âge de 65 ans » dont 30 ans en espace rural. Avant d’avoir été en Limousin, il a travaillé dans l’Oise comme ouvrier dans les usines de transformation de pommes de terre des plaines de Picardie dont il nous avouait avoir gardé, pour les avoir vu se fabriquer, une répugnance irréductible pour les chips... Là-bas, il avait été de ceux qui avaient créé une cellule syndicale au sein de l’usine. Mais ici, en Limousin, voici qu’on me présente un autre Alain Carof, technicien et animateur du Pays Monts et Barrages, en Haute-Vienne, où il travaille avec le maire communiste de Nedde, André Leycure, qui préside ce plan d’aménagement rural. Un homonyme ? Non ! C’est bien le même. Aurait-il quelques rapports avec cet historien, membre de l’association des historiens limousins, auteur de nombreuses publications (voir article ci-contre) ? Oui c’est toujours lui. Et on en aurait sans doute encore à découvrir. Par exemple, on savait qu’il avait travaillé à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales où il avait cotôyé Claude Lévi-Strauss, l’anthropologue Francoise Héritier ou les historiens Jacques et Mona Ozouf. Mais ce n’est qu’il y a quelques semaines, en parlant avec lui, que Jean-François Pressicaud découvre qu’il s’était rendu dans les années 1960 au Mexique avec d’autres prêtres de la Mission de France pour rencontrer Ivan Illich, à Cuernavaca, au Cidoc (le centre interculturel de documentation), une sorte d’université interculturelle, avec l’idée de faire un centre similaire au Brésil. Toujours avec ses amis de la Mission de France, il allait régulièrement à Prague entretenir des liens et soutenir des prêtres alors ostracisés par le pouvoir communiste. Bref, Alain semblait être partout, à l’aise aussi bien avec ses collègues universitaires, des militants associatifs assez peu religieux, ses paroissiens et paroissiennes, des élus et des institutions. Ne fût-il pas aussi rapporteur d’un groupe de travail sur le Limousin dans le cadre de la prospective initiée par la région Limousin en 1997 pour imaginer le Limousin de 2017 ?

     

    Complice associatif

    alain carof portraitMais Alain, pour beaucoup d’entre nous, c’est surtout le complice de nombreuses actions associatives. J’ai déjà évoqué les Plateaux limousins dont il fut avec Charles Rousseau et Henri Dupuytison entre autres, également prêtres de la Mission de France, un des actifs créateurs. C’est lui qui accompagne en 2003 la déconfessionnalisation de l’association, aujourd’hui toujours aussi vivante, et dont Alain était encore administrateur. C’est avec lui qu’en 2002, dans la cuisine du presbytère de Peyrat-le-Château, une douzaine d’individus crée IPNS dont il aura été jusqu’au dernier moment un actif rédacteur. Dans notre dernier numéro encore il s’attache à dresser le portrait d’un ouvrier méconnu, auteur de milliers de dessins que la médiathèque de Felletin avait exposés cet été. Il trouvait le personnage passionnant, et cela reflète bien son attachement à toutes les personnes. Il y a aussi son engagement au sein de l’association Lausec (Local accueil urgence sud-est creusois), dont l’objectif est d’accueillir et d’héberger les personnes sans domicile fixe. Il était aussi de l’Arban, la SCIC créée il y a dix ans pour trouver des solutions d’habitat sur la Montagne limousine, il soutenait activement la Solidaire, le fonds de dotation destiné à drainer du don sur des projets ou des personnes engagées dans des actions d’intérêt général. Et je le vois encore, s’appuyant sur sa canne devant la gendarmerie de Felletin, pour manifester contre l’expulsion il y a un an et demi d’un jeune Soudanais. Il était devenu ainsi ce qu’on appelle une « personne ressource » à qui, immanquablement, on envoyait l’étudiant, le chercheur, le journaliste, l’enquêteur, ou tout simplement le nouvel habitant curieux, qui voulait en savoir plus sur le pays, le Plateau, son histoire, ce qui s’y fait, ses enjeux, etc. 

     

    Curé laïc

    Ses engagements associatifs, il les vivait à la fois comme, ce sont ses mots, « un laïc engagé au service de l’Évangile et de la communion ecclésiale ». Mais ses nombreux engagements étaient aussi pour lui une manière d’interpeller son Église. « À partir de ma retraite professionnelle –  explique-t-il dans une lettre qu’il adresse à ses collègues prêtres, lorsqu’à 75 ans il décide de manière résolue de prendre sa retraite de curé –, j’ai développé de nombreux engagements associatifs et citoyens pour éviter de me laisser manger par les seules activités pastorales. Très vite celles-ci vous accaparent et vous enferment dans la sphère du religieux, qui demeure relativement éloignée de ce qui fait la vie réelle et le devenir d’un pays. Il faut lutter pour ne pas se laisser engluer dans ce principe de séparation qui fonctionne comme marqueur de la figure du prêtre, aussi bien dans la tête des gens que dans la mentalité cléricale. » De ce point de vue il aura certainement fait bouger des choses dans la tête de certains, créant une figure originale de « curé laïc ». À l’heure où la papauté rechigne encore à imaginer des femmes prêtres ou des prêtres mariés, il vaut le coup de relire sa lettre de 2002 à ses collègues de l’Église : « Cette lettre est une invitation adressée à d’autres prêtres atteints par l’âge de la retraite. Comment renouveler notre foi et notre désir de servir l’Église, tout en ne souhaitant pas participer à la représentation d’une Église organisée et conduite par des vieillards ? Si nous étions quelques-uns à poser publiquement ce geste, peut-être parviendrions- nous à convaincre nos évêques de sortir de leur mutisme et de leur peur face à la nécessité d’ordination d’hommes et de femmes mariés pour le service des communautés chrétiennes. »

    Cette volonté de sortir d’un rôle figé et finalement caricatural, n’était pas du goût de tous. Dans l’Église sans doute, mais aussi en dehors. Il me revient une anecdote. IPNS était encore tout jeune et nous avions écrit une série d’articles critiquant la position de quelques communes qui, à l’époque, avaient refusé de rentrer dans le parc naturel régional de Millevaches qui venait de se créer. Sept maires offusqués avaient envoyé un courrier courroucé que nous avions publié. Alain était encore curé de Peyrat-le-Château.

    Et l’un des maires en question, avait dit de lui : « Et ce curé, il ferait mieux de s’occuper de ses ouailles ! » Mais justement ne s’en occupait-il pas en s’engageant dans toutes ces actions que je n’ai fait qu’évoquer ? Nous sommes nombreux à avoir été heureux, chanceux, d’avoir pu le rencontrer, d’avoir pu faire des choses avec lui, et, même sans rentrer dans une église, d’avoir aussi été, un peu, ses ouailles.

     

    Michel Lulek
  • Marathon des creusois à New York

    Le 6 novembre 2005, quatre creusois, athlètes expérimentés, membres de l'Entente Athlétique d'Aubusson ont participé parmi 37 537 concurrents, au fameux Marathon de New York. IPNS les a rencontrés deux mois après leur voyage. Ils nous ont fait part de ce qui les a le plus marqués, sur le plan sportif bien sûr, mais également dans la découverte de la ville. Ils nous ont aussi expliqué comment cette aventure s'inscrit dans le développement du club aubussonnais.

     

    marathon new york

     

    Un exploit sportif

    Le vainqueur, le kenyan Tergat, a été crédité d'un temps de 2 heures 09, soit à plus de cinq minutes de son record du monde. Ce qui prouve bien la difficulté de ce parcours comprenant de longs faux plats montants qui usent les organismes. Notamment le dernier pont "queensborought bridge", il a semblé interminable à nos creusois dont cependant les performances ont été très honorables.

    Qu'on en juge :

    Jacky Ayrault, 50 ans, a terminé 1804ème en 3h19'54''. Une contracture résultant d'une précédente compétition l'a beaucoup gêné dans sa préparation et privé d'un meilleur résultat ; son record personnel en marathon : 3h02, en août 2004.

    Jean-Luc Exbrayat, 45 ans, 2082ème en 3h23'38'', a réalisé le chrono qu'il escomptait ; son record personnel : 3h17' en avril 2004.

    Gérard Goalard, 55 ans, 5480ème en 3h47'49'', loin de ses meilleures performances puisque son record personnel est de 3h02' en 1994. Mais il avait participé quinze jours auparavant au Grand Raid de la Réunion, sur une distance de 145 kms avec 8 500 mètres de dénivelé ce qui ne constituait pas le meilleur entraînement possible. Ce périple réunionnais avait été la source d'intense satisfaction et d'une grande plénitude. A New York aussi, se faire plaisir était pour lui l'essentiel, le résultat était secondaire, il en a profité pour faire des photos pendant la course.

    Martine Exbrayat, 44 ans, 13 914ème en 4h22'23'', a couru à un excellent niveau par rapport à ses performances antérieures : son record personnel c'est 3h53' en novembre 2003.

    Nos quatre creusois, qui avaient tous déjà participé à des marathons de masse, comme celui de Paris, ont été impressionnés par la qualité de l'organisation. Au départ, les coureurs étaient placés en fonction de leurs résultats antérieurs, dans trois zones séparées (deux pour les hommes, une pour les femmes, avec convergence des parcours au bout de quelques kilomètres. Ainsi, un minimum de temps s'écoulait entre le coup de canon libérant les concurrents et leur franchissement de la ligne de départ. De plus, une puce électronique individuelle permettait à chaque coureur de connaître instantanément son temps et sa place à l'arrivée.

    Pendant le déroulement de la course, le public était extrêmement dense et encourageait chaleureusement les athlètes. La foule était particulièrement nombreuse dans les derniers kilomètres. Seule exception notable, le quartier juif, presque désert, où les coureurs ont croisé quelques juifs orthodoxes, vêtus de noir, avec barbe et chapeau, qui manifestaient leur indifférence en détournant leur regard de l'épreuve. Autre émotion : la participation des handicapés divers : unijambistes, malvoyants, personnes en fauteuil roulant etc.. qui donnaient à tous une leçon de volonté et de courage. Leurs efforts ont particulièrement touché Nathalie, la compagne de Jacky, elle accompagnait le groupe et a pu observer à loisir le passage des concurrents.

     

    Un voyage et une ville inoubliable

    statueVoyage (départ de Roissy le jeudi 3 novembre et retour le mercredi 9) et hébergement à New York étaient organisés par une agence qui avait regroupé une bonne partie des français, avec des athlètes connus et des VIP tel que Yannick Noah.

    Certains couraient leur premier marathon comme le cycliste Laurent Jalabert qui l'a couru en 2h55', ou le coureur de haies Stéphane Diagana. Il y avait au total 2500 français, dont deux autres creusois non licenciés de Guéret. La découverte de la ville, que ne connaissait aucun des cinq, a été très appréciée par tous. Même Gérard, pas forcément attiré par le lieu, estime maintenant que le voyage valait vraiment le coup, à preuve la belle série de photographies qu'il a rapportée. Le beau temps, avec une température exceptionnellement douce à cette période de l'année a contribué à rendre leur séjour très agréable. L'architecture verticale a constitué leur premier sujet d'étonnement ; ainsi découvrir une cathédrale noyée au milieu des gratte-ciel ne peut que surprendre des français habitués à la protection stricte des monuments historiques. En ce qui concerne l'accueil des New Yorkais, il a été très chaleureux ; les aubussonais ont en particulier été très sensibles à l'obligeance des personnes rencontrées dans la rue, qui n'hésitaient pas à se proposer pour renseigner les visiteurs sur leur itinéraire ou la situation des principales curiosités de la ville. Avec les autres français de leur vol ils logeaient dans un hôtel près de Central Park. Tous ont pris le temps de visiter les différents quartiers de la ville, à dominante généralement communautaire : porto-ricains, italiens etc.. avec une cohabitation apparemment facile entre les différents groupes. La propreté de la ville - on ne trouve pas de mégots ni de crottes de chiens - et le sentiment de sécurité qui y règne les ont agréablement surpris.

     

    Un club à nouveau dynamique

    En opérant un retour sur le passé, les quatre athlètes aubussonnais ont pris conscience de l'écart qu'il y a entre la réussite de cette aventure new-yorkaise et la situation de l'Entente athlétique d'Aubusson il y a seulement trois ans ! A l'assemblée générale de 2002 le club était moribond, avec cinq licenciés et des conflits paralysants. Jacky, Jean-Luc, Gérard, Martine et quelques autres ont donc décidé de s'attacher à la reconstruction du club. Aussi, en 2005 il y a 63 licenciés, deux éducateurs, beaucoup de jeunes, une notoriété et une attractivité grandissantes.

    La participation au marathon de New-york est à replacer dans le cadre de ce développement du club. Avant et après la course : France bleu Creuse, FR3 Limousin, La Montagne ont présenté les athlètes. S'ils ont cherché des sponsors, c'est moins pour financer les dépenses liées à ce déplacement (cette participation a atteint 1/7 du total) que pour intéresser le plus possible les acteurs locaux à la vie et au développement de l'E.A.AUBUSSON ; au total 12 petites entreprises locales les ont soutenus. La motivation des jeunes licenciés ne peut qu'être renforcée par cette belle aventure, car elle ouvre des perspectives d'avenir à ceux qui sauront se montrer persévérants.

    Pour la suite Jacky et Gérard vont participer aux 24 heures de Brive au mois de mai 2006 et, à plus long terme, dans deux ou trois ans peut être, ils aimeraient aller au Japon pour le marathon de Tokyo ou celui de Nagano.

     

    patrik negrarieUn athlète constant et performant

    Bien d'autres limousins ont allongé leurs foulées dans cette course prestigieuse de New York en 2005. Après nos amis du club d'Aubusson-Felletin, IPNS retient simplement l'exploit remarquable accompli par Patrik Négrarie de Peyrat-le-Château. Déjà l'aventure de son engagement dans la course de fond constitue un témoignage exemplaire. Dans la simplicité, la discrétion et la ténacité il a régulièrement poursuivi son entraînement quotidien dans la campagne peyratoise, après une journée de labeur dans une entreprise artisanale du bâtiment à Eymoutiers. Il affirme ainsi toute l'énergie courageuse de sa volonté de s'en sortir et de toujours se perfectionner. Patrick a accompli un parcours remarquable de coureur de fond depuis qu'il a pris sa licence en 1983, au club de Tulle d'abord, puis à Bessines et enfin depuis quatorze ans au club de Saint-Junien. A ce jour il a couru 39 marathons : à Paris, Berlin, aux Pays Bas en Belgique, à Lyon, Bordeaux etc... Aussi, Martine son épouse qui n'a cessé de l'accompagner et de le soutenir dans cette continuelle recherche de performances, a profité de l'occasion de ses 50 ans, pour lui offrir le voyage à New York. C'était son rêve d'aller disputer le plus grand et le plus fascinant des marathons des villes du monde. Son score y a été plus qu'honorable puisqu'il l'a parcouru en 3h3'37'' terminant à la 708ème place, et à la vingt cinquième place dans sa catégorie de vétéran 2 (les plus de 50 ans) soit 25 ème sur 2 400 vétérans. Son meilleur score remonte à 1992 où il a couru le marathon d'Albi en 2h34'49''. Aujourd'hui encore trois semaines après New York il a couvert le marathon de La Rochelle en 2h53'58''. Et imperturbablement il continue son entraînement tout en concoctant le tracé du Cross départemental des pompiers de la Haute Vienne qui se déroulera à Peyrat le Château le 4 février.
  • Massacre de la biodiversité

    transformer lemonde sauvageLa période de confinement avait du bon, la planète se trémoussait d’aise, les canards arpentaient le bitume, les chevreuils broutaient les jardins, le ciel était limpide, la nature gazouillait ! On aurait pu espérer que l’humain retiendrait la leçon, mais les horreurs ont repris de plus belle, l’homme est définitivement con.

     

    Rien ne justifie la tuerie des blaireaux perpétrée depuis fin avril 2020 à La Nouaille en particulier et au niveau national plus généralement. C’est à l’insu de tous, la mairie n’a pas été avertie, l’ordre venant directement de la préfecture, que plusieurs blaireautières ont été vidées de leurs habitants... Ces animaux sensibles et sociaux sont accusés de tous les maux. Ces mensonges permettent aux chasseurs de les persécuter et de les massacrer jusque dans leurs terriers, qu’ils soient adultes ou juvéniles. Leur existence dans la nature n’est pourtant en rien un obstacle aux cultures. Les blaireaux sont d’ailleurs des animaux protégés en Angleterre, au Pays de Galles, ainsi qu’aux Pays-Bas, au Danemark, en Grèce et en Hongrie. La France fait exception en Europe. Même si le blaireau n’est plus considéré comme un nuisible depuis 1988, il continue d’être chassé.  Appelé « vénerie sous terre », le déterrage consiste à lâcher des chiens pour acculer un blaireau au fond de son terrier puis de l’extirper à l’aide d’énormes pinces métalliques... Le blaireau endure de longues heures de stress avant d’être exécuté ou donné vivant aux chiens... C’est ce qui se passe en général, mais à La Nouaille, ils auraient peaufiné le massacre : les adultes auraient été éventrés puis enterrés, les petits enterrés vivants. La vénerie souterraine c’est déjà moche, là ça devient l’horreur. Le déterrage est pratiqué de la mi-septembre au 15 janvier, mais dans 74 départements français, sur simple volonté du préfet, il peut commencer dès le 15 mai, période où les blaireautins sont encore dépendants de leur mère et du groupe social. Chassé 9 mois et demi, le blaireau n’a aucun répit ! Pourquoi un tel acharnement ? Ce loisir sadique et moyenâgeux doit être banni. C’est la quintessence de l’horreur de la chasse. Le déterrage des blaireaux est un « loisir » cruel, déguisé en soi-disant chasse utile et nécessaire. Le blaireau est un animal inoffensif, à part quelques terriers, ils ne dérangent personne… sauf si les tueurs s’en prenaient à l’emblème du journal IPNS ! 

     

    Selon l’arrêté ministériel pris pour l’application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement qui fixe les dispositions pour la période 2019-2022, fouines, corbeaux, corneilles, étourneaux, martres, renards, belettes, putois et bien d’autres encore ne sont désormais plus considérés comme des espèces « nuisibles », mais comme des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts ». Une nouvelle formulation astucieuse qui change tout pour ces animaux sauvages de nos contrées. Le glissement sémantique discret entamé l’année passée en évoquant désormais les espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts » n’améliore pas le sort des animaux. Les associations de défense de l’environnement, aussi bien au niveau national que local, voient pourtant les choses d’un tout autre œil et dénoncent un acharnement contre les animaux sauvages qui figurent sur la liste. « Si l’on se fixe aux bilans de piégeage réalisés de 2015 à 2018, ce seraient plus de 2 millions d’animaux sauvages qui pourraient être à nouveau tués, piégés, déterrés d’ici le 30 juin 2022 ! », calcule l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui s’inquiète de ce massacre. 

     

    blaireaurenard

    À Peyrat-le-Château, un nouveau métier apparaît : tueur à gages campagnard ! Un chasseur, devenu garde-chasse assermenté, est « sollicité » par les locaux pour abattre tous les renards contrevenants regardant un peu trop leurs poulettes. Rappelons que le garde-chasse peut chasser tous les jours et « réguler » à sa façon la biodiversité ! Vraiment je crois rêver ! De plus, on constate à de multiples reprises la pratique courante de déclarations mensongères des associations de chasse locales sur des soi-disant pertes de poules de poulaillers fictifs, de dégradations dans des cultures imaginaires, justifiant ainsi l’autorisation de la préfecture pour continuer la décimation des renards et d’autres « nuisibles ». Pour quel motif ? Le plaisir de tirer, tirer toujours plus ? Le renard est utile à la régulation des rongeurs et la population des rongeurs ne sera jamais trop importante car ils s’auto-régulent eux-mêmes en fonction de la disponibilité de la nourriture.  Alors pas de renard ? Les rongeurs pullulent dans les champs, alors la solution miracle : la bromadiolone, puissant pesticide mais qui n’atteint pas seulement le campagnol terrestre. Lorsqu’elle est épandue sur de vastes surfaces, son usage s’avère catastrophique puisqu’elle tue également les prédateurs naturels des campagnols (rapaces : 22 cadavres de milans royaux dans le Puy-de-Dôme, hermines, renards), les oiseaux granivores, la faune chassable (sangliers, chevreuils, lièvres) et les animaux domestiques (chats et chiens). Dans les années 1980-1990, l’emploi massif de la bromadiolone avait provoqué un déclin de 80 % de la population de milans royaux dans le Doubs. Et pour continuer dans la bêtise et l’horreur, à 5 mois d’accueillir le Congrès mondial de l’Union Internationale de Conservation de la Nature à Marseille, la France autorise la chasse de près de 18000 tourterelles des bois, espèce menacée d’extinction et classée sur les listes rouges de l’UICN. La LPO a décidé de réagir devant le Conseil d’État.

    Continuons le massacre du renard qui mangent nos poules, du loup et de l’ours qui mangent nos moutons, du blaireau qui creuse des trous et puis quoi encore ou plutôt qui encore ? À ce rythme là, on n’a qu’à flinguer tout ce qui nous gêne, vous me direz c’est déjà le cas. Alors continuons calmement, le fusil dans une main l’insecticide dans l’autre, l’organisation du suicide collectif.

     

    Michel Bernard

    À voir sur le net : https://www.youtube.com/watch?v=cABqamBJkC4&feature=emb_logo, travail pédagogique fait par Virginie Boyaval, via son site http://meles.fr/ ; une personne à soutenir !

     

    Mission hérisson LPO

    Tout le monde connaît le Hérisson d’Europe, ce petit mammifère que l’on voit fréquemment déambuler dans les campagnes et dans les villes. Avec ses piquants il est difficile de le confondre avec une autre espèce ! Bien qu’entièrement protégé par la loi, le Hérisson d’Europe est pourtant en danger. De nombreuses menaces pèsent sur cette espèce nocturne emblématique des jardins. Elle est victime de collisions routières, d’intoxication et d’empoisonnement par les granulés anti-limaces, de noyade, de l’utilisation des tondeuses à gazon, de blessures causées par les chiens, etc.
    En 2018, le Centre de sauvegarde LPO situé à Audenge (33), l’un des sept centres LPO, a accueilli à lui seul plus de 650 hérissons en l’espace de quelques mois. Aujourd’hui nous ne sommes pas en mesure de quantifier le déclin que connaît l’espèce en France. Une chose est sûre, elle se porte mal.
    Une tendance qui tend à se confirmer en Europe. En Angleterre par exemple, les chiffres sont alarmants : en vingt ans, un tiers des hérissons a disparu des campagnes.
    En 2020, la LPO met à l’honneur le hérisson. L’objectif ? Faire redécouvrir cette espèce discrète connue de tous et permettre à chacun d’agir dans son jardin, dans sa commune, dans ses pratiques au quotidien. Rendez-vous tout au long de l’année sur les comptes Facebook LPO France et Instagram @lpo_officiel pour des anecdotes, des conseils, des tutos, et le lancement d’une enquête participative, point d’orgue de cette opération.
  • Une curieuse histoire de jumelles

    Chronique des temps anciens

    Anne Mian Roy 1806

    Lorsque les communes furent créées en 1790, on confia l’état civil aux nouvelles mairies. Il s’agissait d’une part d’ôter la main-mise des curés sur le-dit état civil – qui devint « républicain » fin 1792. D’autre part, de mettre un peu d’ordre et rigueur dans le réputé laxisme des ci-devant curés. Pour qui consulte aujourd’hui leurs registres paroissiaux, il est clair de constater chez certains (mais pas tous) une grande décontraction. Il n’était pas rare de lire des orthographes différentes, dans le même acte, des erreurs de prénoms, l’absence d’âge, quand ce n’était pas : « hier, j’ai enterré une pauvre femme », sans nom, ou une partie de l’acte laissé en blanc, sous-entendu « je n’ai pas retenu le nom, on verra plus tard ». Les nouveaux actes désormais rédigés par des secrétaires de mairie compétents, on allait voir tous ces défauts disparaître. Voici donc un exemple de cette fameuse rigueur. Le 15 mai 1832, en la mairie de Royère (pas encore de Vassivière), comparaissaient en vue de leur mariage, Jean-Baptiste Lebraud, cultivateur au Villard, et Anne Mian, de Soumeix. Nous avons le nom de leurs parents, leur date de naissance. Leur premier enfant, Marguerite, naquit le 11 septembre 1834. Or, 7 mois auparavant, dans la même mairie, une autre Anne Mian avait épousé Jean Vassivière, de Quenouille (Peyrat-le-Château). Une sœur peut-être ?

     

    Notre affaire se complique quand on observe que les deux Anne avaient les mêmes parents et étaient nées le même jour.. Des jumelles donc, mais avec le même prénom, c’est déjà plus curieux. Ces deux Anne moururent respectivement en 1886 et 1888, aucun doute, il s’agissait bien de personnes différentes. Cherchons donc leur naissance, le 18 novembre 1806, à Soumeix. Dans l’acte, il est bien écrit : « hier, en début d’après midi, est née UN enfant du sexe féminin ». Il n’y eut donc qu’une seule naissance déclarée, ce qui contredit l’existence de jumelles précédemment évoquée.

    Nous ne sommes pas au bout de nos surprises : déclarée par qui ? Marguerite Leclaire, 52 ans, grand mère de l’enfant (mère d’Anne Mazaud), le père, « Pierre, maçon, étant absent ». A l’évidence, ce dernier, au vu de la date, n’était pas encore rentré des chantiers, sans doute lyonnais. Mais ce brave Pierre, en retournant au pays, a bien dû avoir la joie de découvrir DEUX filles (qui étaient les premières du couple). Qui n’eurent besoin d’un acte de naissance qu’à leur mariage. Elles passèrent donc leur vie avec le même prénom, et le même extrait d’état civil.

    Ce qui ne semble pas avoir intrigué grand monde. Pourquoi l’acte de 1806 n’a-t-il pas été réctifié ultérieurement ? Je vois une explication : l’absence de déclaration d’une naissance, ou d’une seule naissance au lieu de deux (l’acte précise : « qu’elle nous a présenté », était un délit, puni sévèrement (code civil : amende, prison).

    Délit pour le déclarant, mais aussi pour le maire qui a bien dû voir les deux jumelles dans les années suivantes, tout comme le secrétaire de mairie. D’où silence. Quand l’aïeule s’était présentée à la mairie, elle savait pourtant bien qu’étaient nées deux jumelles, mais dans quelle langue, et avec quel accent l’avait-elle annoncé ? Il faut se souvenir qu’à l’époque la langue maternelle de tous ces braves gens était l’occitan limousin, et que le secrétaire écrivait, lui, en français. Au malentendu probable, on peut ajouter une autre explication : que tout ce beau monde ait fêté ensemble la naissance, sans modération. Peut-être même avec le vin de messe du curé, qui baptisa ensuite « les deux Anne ». Je vous laisse le choix. 

     

    EmileVache
  • Vassivière Dystopia

    Une fidèle visiteuse de l’île de Vassivière et de son Centre d’art est déçue de certaines de ses dernières réalisations et s’inquiète de l’état d’un bâtiment qui vieillit mal. Son témoignage, qu’elle a souhaité partager dans IPNS, nous conduit sur les lieux pour une visite guidée et dépitée.

     

    Depuis 1991 que le Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière existe, j’ai pu voir l’évolution du parc de sculptures ainsi que toutes les expositions. Celle de cet hiver proposait de voir le bâtiment vide ou presque.

     

    centre art

     

    Un bâtiment qui se dégrade

    Avec un regard naturellement porté sur les œuvres, et à cause du trop grand nombre d’expositions de vidéos, j’en avais presque oublié cette architecture. C’est donc avec grand intérêt que je me suis précipitée pour cette expérience. Cependant, il est difficile d’exprimer de manière objective le désarroi ressenti face au délabrement du lieu. En effet, la plupart des murs sont abîmés par des infiltrations d’eau, de nombreuses vitres sont fêlées... Dans la tour, les murs suintaient de toutes parts la pluie qui tombait dru le jour de ma visite, et le sol de granite était une véritable pataugeoire. Ce bâtiment a pris un sacré coup de vieux et tout laisse à croire que ce problème n’est pas au cœur des préoccupations du moment. Du coup, les grands discours sur cette construction, si élogieux et récurrents ces dernières années, sonnent étrangement faux. Et je me demande si cette non-exposition « focus sur l’architecture » dans un lieu en si piteux état ne ressortirait pas plus d’un délire narcissique que d’une réelle envie de nous montrer quoi que ce soit !

    Lors de cette visite hivernale, j’ai aussi été frappée par les puissants courants d’air émanant des portes et fenêtres. Ce bâtiment est devenu un gouffre énergétique sans fond et je serais curieuse de connaître le coût du chauffage. Cependant, ce sujet semble être pris en considération par la direction, car l’artiste exposée ce printemps et jusqu’à l’automne prochain fut lauréate du Prix COAL en 2016 – le Prix COAL Art et Environnement est le rendez-vous international des artistes plasticiens qui s’emparent des questions d’écologie et contribuent par la création à la construction d’un monde durable. Tout va bien alors ? Non. Tout cela n’est que bouffonnerie ! L’extravagante scénographie qui entoure les vidéos de l’exposition affirme au contraire la non-intégration de la problématique des déchets dans l’art contemporain

     

    Un sous-marin qui prend l’eau

    Sur le chemin du retour, je suis passée revoir une œuvre installée sur l’eau en automne 2011, simple et plutôt drôle (c’est assez rare). Bref, une forme d’art qui se passe des discours institutionnels et laxatifs habituels... L’illusion poétique procurée par ce « sous-marin » fonctionnait parfaitement. Malheureusement, cette œuvre semble aussi souffrir d’une absence totale d’entretien. Les tempêtes l’ont complètement déformé, il n’a plus d’allure. En huit ans, le gel et le soleil ont bien fini par dégrader la bâche qui constitue sa coque et des particules de plastique doivent se répandre en grand nombre dans le lac maintenant. 

    Mais que les poissons se rassurent, ils peuvent consulter la Charte paysagère du pays de Vassivière, « Boire l’eau du lac» à la librairie du Centre d’art ! À l’image de la tour souvent représentée comme emblème de l’île, cette œuvre se trouve sur de nombreuses brochures touristiques du lac, en photo ou dessinée et même sur le site internet du lac de Vassivière. Le contraste entre rêve et réalité est assez fâcheux. On vous vend du rêve, mais ce n’est pas nouveau...

     

    sous marin ile vassiviere

     

    vassiviere utopiaDes interventions hasardeuses

    Bref, quelque peu en colère, mais le dépliant « Vassivière Utopia » en main, j’ai pris la route pour voir enfin cela. Depuis deux ans de suite, et une troisième salve est prévue cet été, des paysagistes et architectes sont parachutés sur l’île pour une résidence et « intervenir » dans les communes proches du lac. Je cite : « […] pour tenter d’insuffler de nouvelles expérimentations et des approches sensibles, pour proposer avec les habitant.e.s un regard autre sur le paysage et chercher les moyens d’articuler art et société. » Et hop, un petit coup d’ingérence culturelle assez mal dissimulé.

    Décidée à faire ce tour avec un trajet réfléchi en terme de distances plutôt que dans l’ordre calendaire de réalisation des œuvres, je me suis rendu compte au fur et à mesure des visites qu’il y avait deux couleurs de signalisation. Mais oui ! La session 2018 est signalée en jaune et celle de 2019 en bleu ! Quelle idée saugrenue ! Heureusement que le balisage des sentiers de grande randonnée ne change pas de couleur chaque année ! Par contre, peu importe la teinte, les textes accompagnant les « œuvres » restent fidèles au style pompeux de rigueur.

    Passé ce détail chromatique, et hormis le travail effectué sur la commune de Saint-Martin-Château, on voit assez vite que la plupart des actions menées n’ont pas vraiment fait l’objet d’études sérieuses des lieux, ni de réelles concertations avec les riverains. En substance, sur la commune d’Eymoutiers, l’œuvre s’est vue affublée après coup d’un filet anti-chute. Son propos est littéralement travesti.

    Pour la commune de Peyrat-le-Château, au lieu-dit Quenouille, alors que le moindre déplacement de cailloux serait presque soumis à une intervention de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), le Centre d’art arrive à imposer son immonde utopie sous la forme béante d’un trou d’obus ! D’après les riverains, l’œuvre n’a pas été terminée, le camion toupie de béton n’ayant pas pu accéder au chantier. L’étroitesse de la route serait en cause. Tant mieux, cela évite finalement une grosse bouse de béton au milieu de la forêt ! Quel fiasco... Mais c’est plutôt sur le bien fondé des choix du jury que je m’interroge que sur la compétence des intervenants. En attendant la nouvelle couleur de signalisation...

    À travers le brouillard matinal, il s’élève encore depuis l’âtre de nombreuses chaumières la fumée froide d’âpres discussions sur cette dystopie. Et bien, au-delà des lacs et des rivières du plateau de Millevaches, il semble que l’on commence à entendre le sinistre et néanmoins annonciateur tintement du glas. À bon entendeur, salut !

     

    Marcelle Dulavoir

     

  • Vingt ans de cinéma à Peyrat-le-Château

    cinema Peyrat le Chateau 1948En 2003 est née l’association Bande Originale pour utiliser la salle de spectacle construite en 1948 lors de la réalisation des barrages sur la Maulde et qui servait alors de « foyer » aux nombreux ouvriers. EDF et les communes avaient estimé que vivant sur place ils devaient bénéficier d’un lieu de loisirs. Qu'est-ce qui a changé depuis 20 ans ?

     

    27 films par mois !

    C’est toujours une association de bénévoles qui est chargée par la municipalité de gérer et d’animer cette salle désormais un peu unique dans la région. L’an passé elle est devenue une vraie salle de cinéma et de théâtre. On est mieux assis, on voit mieux, on entend mieux, on est mieux chauffé et il est prévu encore des améliorations : plus grand écran et boucle d’audition pour les appareils auditifs. La numérisation a permis de passer de quatre films par mois à... 27 films (et encore plus de séances) et permet d'offrir à différentes associations des séances sollicitées et ouvertes à tous : pour les Seniors, pour les écoles (école-et-cinéma) pour le foyer d’accueil médicalisé de Gentioux (la salle se prête bien à l’entrée d’handicapés et de fauteuils), pour les manifestations du CIAP (Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière), la médiathèque de Royère, La Broussaille, le centre de loisirs de Peyrat pour des projections de films, notamment des documentaires, avec des débats animés par des associations directement concernées et parfois en présence de réalisateurs.

     

    cinema Peyrat le Chateau 2024Divine numérisation

    Mais la numérisation bénéficie plus encore à l’équipe des anciens galériens de la projection. Finie la « marmotte » qui contenait 6 ou 7 bobines de films argentiques à dérouler et à coller pour ne plus faire qu’une énorme bobine qu’on renroulait pour la mettre en lecture continue sur le projecteur sans interruption...sauf accident. À la fin de la projection, le même processus mais en sens contraire devait être mis en oeuvre. Puis envoi par transporteur spécial pour la projection à la salle suivante… à l’autre bout de la région ou au stock. Cette manipulation occupait tout le temps des bénévoles avec l’inquiétude de ne pas recevoir la marmotte et de devoir courir après cette copie égarée. Enfin est arrivé le téléchargement. Tout se faisant de manière automatisée, finie la corvée du transport et de son suivi. Sans parler de la Caisse numérique qui automatise le programme, les journées de caisse, les recettes, la comptabilité, la facturation et le paiement des taxes.
    Tout cela permet de se concentrer et de se consacrer à la programmation, à la publicité des bandes annonces avec des cartons spécifiques pour Peyrat et les scénarios des séances.
    Sans ce bénévolat, le fonctionnement du cinéma serait impossible et en déficit permanent nécessitant un appel aux subventions et on ne pourrait maintenir le tarif social et incitatif de 5 € plein tarif et de 3,5 € pour les adhérents.

     

    Rafaêl Trapet