À Peyrat-le-Château la municipalité a toujours été partie prenante du projet de CAO. Les exilés ont ainsi été d’abord hébergés dans les locaux d’un centre de vacances, initialement géré par Adoma « premier opérateur national du logement accompagné », la même structure que celle qui gère le Cada d’Eymoutiers. À l’été 2016, le centre de vacances a retrouvé sa vocation première et les exilés ont dû intégrer un certain nombre de gîtes de la commune. La mairie a pris en charge la gestion du CAO, situation rare, cette mission étant en général confiée à des opérateurs spécialisés, sous le contrôle de l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) qui oriente les demandeurs d’asile vers les structures d’accueil. L’OFII dépend du ministère de l’Intérieur.
En 2020, l’État a fermé les CAO et en a transformé certains en HUDA (Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile). Les HUDA offrent moins de prestations que les Cada et reçoivent un financement moindre. Outre des demandeurs d’asile, les HUDA hébergent des personnes en procédure Dublin dont certaines sont assignées à résidence. À charge pour les personnels de les accompagner jusqu’à leur expulsion.
Les bénévoles des associations locales ont été présents dès le début : cours de français, foot, organisation d’un certain nombre d’activités, transports, rencontres avec les habitants. Un MAS (Montagne accueil solidarité) s’est monté et des liens existent avec la Cimade locale.
En septembre 2022, suite aux déclarations de Macron proposant d’envoyer les demandeurs d’asile à la campagne, le maire de Peyrat déclarait à la presse : « Faire tourner une structure comme ici à Peyrat avec 50 migrants, à une heure de route, au plus proche, de tous les services qui sont nécessaires pour faire tourner le centre : la santé, les documents administratifs, les transports à Bordeaux, les transports à Limoges, c’est très compliqué. » Il estimait que les prix de journée très bas ne tenaient pas compte de ces réalités. En revanche, il affirmait que la présence d’exilés à Peyrat ne posait aucun problème. La mairie a également signalé que les gîtes occupés, prévus initialement pour une occupation intermittente d’été, étaient actuellement en mauvais état après plusieurs années d’occupation permanente.
Le bruit d’une fermeture de l’Huda a alors circulé. En fait, c’est la mairie qui se retire de la gestion. La préfecture a donc publié le 26 octobre 2022 un appel à projet pour reprendre la gestion à hauteur de 50 places (hommes isolés) en organisant l’accueil dans d’autres locaux sur la commune, à priori un immeuble actuellement vide nécessitant quelques travaux qui appartient à l’ODHAC.
Deux organismes auraient répondu et l’attribution du marché ne devrait pas tarder. Les salariés garderaient leur travail et le déménagement se ferait dans les six premiers mois de 2023.
Nous continuerons donc à recueillir les stoppeurs sur les routes de Peyrat et de Limoges.
Dominique Alasseur