Novembre 2005, la France du bas s'enflamme à la suite d'un " accident " au cours duquel un adolescent perd la vie et un autre est grièvement blessé. Au même moment le ministre de l'intérieur promet qu'il va nettoyer les quartiers de la racaille qui empoisonnent la vie des bonnes gens. Les quartiers flambent de plus belle et nous voilà sous le couvre feu pour quelques mois. Mesures d'exception pour des événements dus à la misère sociale et au populisme d'un ministre assoiffé de pouvoir, les protestations sont rares et Nicolas Sarkosy a le vent en poupe.
Les jeunes issus de l'immigration (on ne sait jusque quand durera cette appellation) sont encore les grands méchants loups ; islamistes en puissance, ils menacent la République et ses fondements démocratiques. Ces jeunes qui ne demandent qu'une chose : appartenir à cette République, y être reconnu en tant que citoyen et surtout en tant que " travailleur-consommateur ". Pouvoir gagner de l'argent pour consommer, obtenir tout ce qui participe à la représentation sociale : des vêtements de marque, une belle " bagnole" puissante, un appart en ville. Et non, ce ne sont pas des révolutionnaires, bien au contraire ils veulent avoir les moyens de consommer, d'être dans le circuit du capitalisme et participer à la richesse des entreprises. Nicolas se trompe, ce sont les clients potentiels des entreprises du MEDEF. Mais il parait que ces jeunes ne veulent pas s'intégrer alors que tous les moyens sont mis à leur disposition. Nicolas Sarkosy tient haut la parole et assènent les mensonges, les contres vérités. C'est tellement énorme que cela en devient une réalité pour les personnes qui veulent trouver un dérivatif à leur mal être et qui sont incapables de protester, de se révolter face à la mise à mal de leurs droits. Depuis des années presque des décennies, l'immigration et tout ce qui touche de près ou de loin à celle-ci, sont le thème récurrent de veille d'élection.
STOP ! ça suffit, les problèmes vécus en banlieue et dans les quartiers défavorisés tiennent aux politiques sociales désastreuses que ce soit de la gauche ou de la droite. Aucune réflexion des politiques et surtout aucune anticipation sur le devenir de ces quartiers et des personnes qui y vivent. A chaque crise, un saupoudrage médiatique de mesures dites sociales mais à aucun moment de réels moyens pour réparer les dégâts commis par les différents gouvernants. Sarkosy propose du répressif alors qu'il a été mainte et mainte fois prouvé que cela n'apportait aucune solution. Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut rendre les parents responsables de leur progéniture et voilà un ministre illusionniste qui veut faire croire que sa mesure va apporter une réponse à cette attente. Il oublie simplement de dire que ce type de mesure existe déjà mais qu'il se met difficilement en place car les moyens sont inexistants. En effet lorsqu'un travailleur social signale un jeune ou une famille en difficulté " éducative ", il se passe à peu près 6 mois avant qu'un éducateur soit nommé pour mener un travail avec la famille. De plus cet éducateur doit suivre en moyenne une trentaine de jeunes dans leur famille. Concrètement, il ne peut accorder qu'une journée par mois à chaque jeune qu'il suit.
De même les dispositifs qui visent l'insertion des jeunes, disparaissent dans l'indifférence totale. Il existe des dispositifs sous divers noms (CIPPA1, DIR2…) à l'Education nationale qui visaient à remettre dans le circuit de formation ou de l'apprentissage des jeunes, entre 16 et 18 ans, exclus du système scolaire. Et bien, depuis 5 ans ils sont supprimés au fur et à mesure par manque de financements.
Que deviennent ces jeunes ? Certains se retrouvent dans les missions locales mais la plupart sont dans la nature ou au bas des immeubles. Même les syndicats d'enseignants sont restés muets à ce propos car les intervenants qui se chargent de ces " élèves " sont souvent des contractuels, en fait des précaires au service de la précarité.
Des exemples comme cela il y en a bien d'autres, simplement on ne donne jamais la parole aux personnes qui travaillent sur le terrain et qui, elles, sont une réelle force de propositions lorsqu'on parle d'intégration. Nicolas Sarkosy n'en a cure comme la plupart des hommes politiques, car les seules choses qui l'intéressent sont le pouvoir politique et le pouvoir de l'argent qu'il défend parce qu'il défend une caste, celle des nantis. Pour les jeunes mais aussi pour les moins jeunes, l'intégration aujourd'hui est vécue comme une désintégration de leur vie, de ce qu'ils sont au plus profond d'eux-mêmes : des êtres humains à part entière dont les droits fondamentaux sont bafoués. Il est plus que temps de répondre haut et fort au mépris et à l'arrogance de Nicolas Sarkosy en refusant sa politique et en s'organisant efficacement loin des discours lénifiants de la gauche bien pensante.
Moktaria Benchaïb