L'installation de six éoliennes à Peyrelevade et quelques projets évoqués de-ci de-là a conduit le parc naturel régional à prendre position sur le sujet. La question était à l'ordre du jour de son comité syndical du 25 octobre 2005 assortie d'un rapport restrictif qui propose de limiter les implantations d'éoliennes sur le territoire du parc. Sans être aussi radical que Georges Pérol, le plus "anti-éolien" des élus du parc (voir son point de vue ci-dessous), le syndicat a décidé de donner des avis défavorables aux projets d'éoliennes qui concerneraient le "cœur du parc", les sites d'intérêts paysagers (Vassivière, Monédières, vallée de la Vienne, etc.), les sites d'intérêts écologiques majeurs et "les sommets et rebords de plateaux et puys constituant des éléments du paysage à valoriser, tout au moins pour ceux qui culminent à 900 mètres". Autant dire qu'une grande partie du territoire et en particulier les sites qui permettraient techniquement d'installer des éoliennes sont concernés. Selon cette décision, les six éoliennes de Neuvialle installées en 2005 auraient reçu un avis défavorable du parc.
Votée en fin de réunion après un débat de plus d'une heure et le départ de nombre d'élus, le rapport du parc a été approuvé par 20 voix pour, 5 contre et 10 abstentions (sur un total de 121 communes, deux départements et une région). Une décision votée donc par moins de 20% des élus du parc. Bravo la démocratie !
De son côté le Conseil Régional a présenté fin novembre son propre schéma régional éolien dont l'objectif annoncé est "un développement raisonné des éoliennes en Limousin". C'est un document extrêmement détaillé qui fait le tour de la question et qui a été rédigé après des réunions publiques au cours desquelles plus de 330 avis d'associations environnementales ou patrimoniales, nombre de communes ou de communautés de communes et même de simples citoyens ont participé.
Les contributions reçues dans ce cadre ont traduit une "remarquable sensibilisation à l'égard de la problématique de l'énergie en général, jusqu'à replacer cette dernière dans une vision d'un aménagement durable du territoire". L'étude conclut de ce point de vue que "le développement de l'éolien, s'il est soutenu et encadré par les pouvoirs publics et les citoyens, est une chance pour le Limousin, une opportunité dont chacun a mesuré les enjeux".
Les auteurs du document ont établi une carte de la région qui définit trois types de zones pour l'implantation d'éoliennes. La première (Zone 3), la plus importante en Limousin (elle couvre 83,5 % du territoire) est défavorable pour l'éolien. La raison principale en est la faiblesse du vent dont le régime moyen est inférieur à 5,5 mètres/seconde/an (soit environ 20 km/h). Pratiquement toute la Corrèze et la majorité de la Creuse ainsi que la plus grande partie du plateau sont concernées.
A l'opposé, la zone favorable à l'implantation d'éoliennes (Zone 1) est très réduite : 5,5 % du Limousin, soit 928 km2 surtout concentrés dans l'extrême nord de la Haute-Vienne et l'extrême Nord Ouest de la Creuse, au-delà d'une ligne Bellac La-Souterraine. Le régime des vents y est supérieur à 20 km/h.
Reste la zone intermédiaire (Zone 2 : 11 % du territoire, 1906 km2) où le régime du vent est également supérieur à 20 km/h, mais où "l'implantation d'éoliennes est possible sous réserve de compatibilité avec les espaces concernés". Sur le plateau cela se traduit par une zone étirée de Gentioux à Chavanac avec quelques points favorables (de Zone 1) très circonscrits sur certaines parties des communes de Bonnefond, Péret Bel Air, Millevaches, Tarnac et Féniers.
La carte d'exposition au vent du Limousin, fondamentale pour l'établissement de ce schéma éolien, a été calculée par déduction mathématique après relevé réel de seulement 15 points de mesure… Pour un territoire de 17 000 km2 c'est peu et cela réduit peut-être de façon artificielle la zone favorable.
Mais ce qui ressort de façon presque caricaturale c'est que si l'on superpose la carte régionale et celle que le PNR a dessinée, on s'aperçoit que là où le schéma régional pense possible l'installation d'éoliennes sur le plateau, le PNR (du moins les 20 élus qui ont approuvé le rapport voté le 25 octobre) l'a exclu : on est en plein dans la zone dite "cœur du parc" !
Il aurait été intelligent qu'une coordination ait été faite entre les deux démarches qui semblent s'être ignorées complètement. A moins qu'il ne agisse d'une volonté des élus du parc qui, sous la houlette du fieffé opposant à l'éolien Georges Pérol, ont voulu imposer a priori leur point de vue.
Michel Lulek