Notre association s'est constituée afin de lutter contre un projet d'agrivoltaïsme à l'étude sur la commune d'Alleyrat (Corrèze) porté par RP-Global. Ce projet s'étend sur 70 hectares sur un élevage bovin, potentiellement 42 000 panneaux de type tracker perchés sur des pieux à 3,16m de haut avec des clôtures et des caméras tout autour, tout cela sur le territoire du parc naturel régional de Millevaches. Après quelques recherches nous avons compris que notre projet était un parmi des centaines d'autres. En effet, le centre de la France est visé par de nombreux projets depuis la loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables (dite loi APER) de mars 2023. La Nièvre, le Cher, l'Allier, le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne sont devenus la cible d'entreprises privées qui contactent les agriculteurs et leur font miroiter un avenir radieux.
Depuis plusieurs mois, nous essayons de mobiliser la population, les élus, les associations, avec il faut bien le dire peu de résultat. Pour plusieurs raisons : ces gens pensent qu'être contre ces projets veut dire être contre les énergies renouvelables et donc contre l'écologie. Faux ! Nous voulons juste que soient respectées les recommandations de l'ADEME, l'agence de la transition écologique, à savoir équiper les toitures des hangars, les friches industrielles, faire des ombrières sur les parkings. Cela devrait être suffisant pour atteindre les objectifs.Ces projets sont synonymes d'une manne financière pour les agriculteurs (tarif de location de leurs terres 20 ou 30 fois supérieur par rapport à la valeur locative locale, soit environ 2 500€ / hectare sur 30 ans).Ce sont aussi des millions d'euros pour les collectivités locales. Un projet comme celui qui est prévu chez nous rapporterait environ 48 000 € par an sur 30 ans à la commune de Alleyrat (100 habitants), environ 30 000 € sur 30 ans au département de la Corrèze et 75 000 € sur 30 ans à la communauté de commune Haute-Corrèze Communauté, ce qui est colossal (et pourrait s'apparenter à un bakchich pour les esprits chafouins), ces collectivités que l'état appauvrit un peu plus chaque année alors qu'elles se voient confier de plus en plus de compétences à leurs charges.Ces entreprises comptent sur le fait qu'il y aura peu de mobilisation. En effet, implanter de tels projets dans des villages d'une centaine d'habitants c'est l'assurance qu'il n'y aura pas de résistance. Force est de constater que lorsque qu'ils ont peu de médiatisation et de mobilisation, les projets passent parfois sur des zones naturelles protégées. De plus, qui se soucie des ruraux, nous voulons dire par là ceux qui habitent les campagnes qui les font vivre et qui n'ont pas de tracteur pour aller bloquer Paris ? Ceux qui, malgré la désertion des services publics, des écoles qui ferment, des transports en commun quasi inexistants, des déserts médicaux chaque année plus étendus, ont décidé de rester malgré tout, parce qu'ils y ont trouvé une qualité de vie et un environnement incomparables. Ce sont d'ailleurs nos seuls biens. Faudrait-il les abandonner afin que des entreprises privées se gavent, que quelques agriculteurs peu scrupuleux empêchent l'installation de jeunes qui eux n'ont pas oublié ce qu'est d'être agriculteurs, et que chacun puisse continuer de surconsommer téléphones portables et autre gadgets énergivores ?
Notre salut est la sobriété énergétique. On nous parle d'électricité propre et durable. « Propre », on peut en discuter et la seule chose durable dans ce projet est la dégradation des campagnes et l'artificialisation des terres cultivées et cultivables. On nous parle aussi du bien être animal : qui peut croire qu'une vache se porte mieux sous un panneau photovoltaïque que sous un arbre? On sait que la seule arme réelle contre le réchauffement climatique sont les arbres. Dans toutes les villes on revégétalise car c'est la seule façon de faire baisser la température et en campagne on plante des panneaux photovoltaïques pour les mêmes raisons. Cherchez l'erreur.On nous parle aussi de terres privées dont l'agriculteur disposerait à son aise. Mais la terre n'est pas un bien commun comme les autres, un titre de propriété ne vous donne pas le droit de faire n'importe quoi et vous oblige au contraire à en prendre soin pour les générations à venir. Idée d'un autre temps, maintenant on préfère transmettre des billets. De plus, être chez soi ne vous place pas au dessus des lois, partout elles régissent le vivre ensemble que l'on soit à la ville ou à la campagne.En laissant faire les entreprises privées sur ce sujet, l'État, une fois de plus rate le coche de l'avenir et de notre autonomie énergétique. Mais en même temps, il met en péril notre autonomie alimentaire. On nous dit que les animaux et les cultures se portent mieux sous des panneaux à coup d'études et d'experts mais on peut trouver autant d'études qui disent le contraire. Ce serait donc une bataille d'experts ? Non c'est une vision politique de notre avenir qui se joue.Que voulons-nous pour nos enfants et petits-enfants ? Un monde dans lequel les campagnes seront transformées en paysages de science-fiction, où les panneaux auront remplacé les arbres, le blé, les champignons et les animaux sauvages, où les vaches et les moutons seront juste un alibi pour continuer à toucher la PAC alors que nos agriculteurs seront devenus des producteurs d'énergie ?
Nous avons alerté les médias locaux, plusieurs ont fait des articles sur le sujet et puis... rien. Les projets continuent et se portent bien. Nous avons écrit à 147 communes afin qu'elles se positionnent sur ce sujet... Nous n'avons reçu que deux réponses.