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  • “La Tontinette“ un outil pour l’achat collectif de terres agricoles et la solidarité dans l’installation en Ariège

    Suite à la dernière fête de la Montagne limousine, un groupe de paysans et paysannes se retrouve régulièrement autour de diverses thématiques professionnelles. Pour éclairer la question du foncier (comment l'acquérir et faciliter l'installation) ils ont accueilli le 23 janvier 2019, trois personnes venues d'Ariège pour leur présenter un Groupement foncier agricole mutuel (GFAM) : “La Tontinette“. Une expérience inspirante que ses promoteurs décrivent ici pour nos lecteurs.

     

    papillon etoileNous sommes un collectif de personnes composé d’agriculteurs et agricultrices, de futurs.es installé.e.s et de personnes sensibilisées à la question de l’accès au foncier agricole. Les prix exorbitants des terres empêchent de nombreuses personnes de mener à bien leurs projets d’installation agricole au vu des emprunts nécessaires. En plus, si le projet ne rentre pas dans les clous technico-administrativo-économiques exigés aujourd’hui, l’installation devient impossible.

     

    Faciliter l'accès au foncier

    Nous avons profité de l’expérience des GFAM du Béarn et du Pays Basque et nous sommes inspirés de leur idée de mutualisation pour “La Tontinette“. En 2017, notre groupe met sur pied le GFAM “La Tontinette“. Les statuts de cette structure assurent que les terres qu’elle acquiert sont exclusivement à usage agricole, qu'elles resteront la propriété du GFAM et ne seront pas revendues à d’autres fins. Ses terres sont louées par bail à ferme (9 ans reconductibles) ce qui garantit une installation pérenne pour les futur.e.s agricultrices et agriculteurs.

    À l’instar de Terres de Liens, “La Tontinette“ est un outil pour faciliter l’accès au foncier agricole et pour le préserver. Notre organisation locale favorise une gestion directe par les associé.e.s du GFAM et les locatrices et locataires des terres. Les réunions sont ouvertes à tou.te.s et les décisions sont prises ensemble sur la base d’une personne une voix et non en fonction du nombre de parts acquises. De plus, nous nous spécifions dans notre refus de soumettre les futur.e.s installé.e.s à une évaluation quelle qu’elle soit : ni étude préalable de dossier, ni contrôle ultérieur de pratique, plutôt une relation de confiance et l’adhésion à la charte qui nous réunit. Nous privilégions les échanges, les discussions et les partages d’expériences pour relier dans une dynamique collective les usagère.er.s des terres et les associé.e.s.

     

    Solidarité et entraide

    “La Tontinette“ ne se positionne pas comme un simple propriétaire mais comme une ressource de solidarité et d’entraide, à l’image d’un récent chantier collectif pour la construction d’une petite bergerie. Cet outil fonctionne et de nouveaux projets d’installation peuvent se concrétiser si de nouvelles personnes s’associent au GFAM en prenant des parts (de 1 à 40 parts par personne, 50 € la part) et/ou en participant à la dynamique collective autour des installations.

    Aujourd’hui, une soixantaine d’associé.e.s ont permis l’installation d’une maraîchère sur la commune du Fossat et de deux éleveuses sur la commune de Madière (voir leurs témoignages en encadré). Nous aimerions inspirer et appuyer d'autres projets afin que se multiplient des structures de mutualisation, pour la reprise de foncier agricole ou pour d’autres activités, ici et ailleurs. Nous avons envie de continuer cette histoire, nous devons la continuer pour sortir plus de terre de la spéculation, pour permettre à de nouveaux projets d’éclore.

     

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    Qu'est-ce qu'une tontine ?

    En Afrique, en Asie et dans d’autres communautés (Roms, ethnies indigènes d’Amérique du Sud…), la “tontine“ est une coutume qui consiste à mettre de l’argent dans une caisse commune dont le montant est remis à tour de rôle à chaque membre pour concrétiser un projet ou parer à des problèmes financiers.

     

    Le papillon étoilé installe sa ferme autonome

    Durant l’été 2016, après plus de 5 ans à chercher un terrain, je rencontre des personnes souhaitant aider des paysans à s’installer, c’est ensemble que nous allons créer la Tontinette. Fin mai 2017 nous acquérons une parcelle de 2,5 ha sur la commune du Fossat. Je peux enfin entrevoir mon avenir agricole en cultivant d’abord sur 500 m2 et j’installe un premier carré de fraisiers. Une campagne de financement participatif me permet d’investir dans du matériel qui me facilitera la tâche, de construire une structure pour stocker et me restaurer sur place, de mettre en place les premiers tunnels nantais, de commencer à tester des recettes et à continuer l’observation. Je pratique du maraîchage diversifié sur planches permanentes, sans travail du sol ni arrosage. J’expérimente différentes techniques afin de trouver l’itinéraire le plus adapté à la nature de sol. J’adhère à l’association Maraîchage sur Sol Vivant (réseau de paysans chercheurs). Pour 2019 j’ai prévu le montage d’une serre et l’agrandissement du hangar. Je suis dans l’attente de l’acceptation par l’architecte des bâtiments de France. 1500 m² de maraîchage seront mis en culture, afin de commercialiser sur Le Fossat et je continue la production de plants de légumes d’été en suivant le cycle lunaire. L’objectif est d’arriver à 5 000 m2 cultivés pour me permettre de préparer mes recettes maison et pouvoir proposer des repas. J’aimerais mettre en place un verger et des petits fruits. J’ai quelques poules, je vais commencer à les reproduire sur place dès cette année et je pense loger un âne une fois la clôture posée. Rejoindre La Tontinette c’est pérenniser cette grande et belle aventure de solidarité en Ariège !

    Bénédicte Moretti - 06 69 34 05 38, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    moutinerieLa Moutinerie, un projet de ferme collective installé par La Tontinette 

    Grâce à La Tontinette et sa dynamique d’entraide, nous avons pu nous installer il y a un an déjà à Madière. Bien au-delà du classique rapport propriétaire-locataire, les membres du GFAM ont été (et sont encore) d’un grand soutien politique et pratique avec des chantiers collectifs. La Tontinette est un espace où nous pouvons partager nos doutes, nos difficultés et où notre projet n’est pas jugé. À La Moutinerie, nous sommes en train de monter un petit troupeau de brebis Thône et Marthod, race rustique de Savoie, pour la laine et la viande, engraissé à l’herbe, en bio et en vente directe, et qui transhume l’été dans les montagnes ariégeoises. Nous produisons aussi du blé en vue de faire du pain, car sur 38 hectares, il y a de quoi faire. Mais notre installation n’a de sens que si elle s’inscrit dans une perspective collective, c’est pourquoi nous cherchons des gens pour mener d’autres productions et activités sur le lieu. Tout est possible, des envies sont déjà là, il ne nous manque plus que d’autres personnes pour les impulser. Beaucoup de choses sont possibles en plus de l’atelier brebis : maraîchage, arboriculture, céréales, apiculture, etc. Alors parlez-en autour de vous ! 

    Laura et Mélanie 07 70 05 06 54, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

  • À Ambrugeat, un projet pour faire revivre l’ancien café “Chez Paulette“

    ambrugeatC’est une grande bâtisse face à l’église, à la façade ornée d’un balcon en fer forgé. Un lieu qui fait partie de l’histoire du bourg d’Ambrugeat. Car “Chez Paulette“ fut pendant 120 ans un des cœurs battants du bourg, qu’il se soit agi de faire quelques emplettes à l’épicerie, ou tout simplement de boire un verre.

    Mais depuis une dizaine d’années, la porte s’est refermée, et c’est tout un pan de la vie villageoise qui s’en est allé à petit feu. Une raison suffisante pour qu’une vingtaine de personnes de la commune et des environs se mobilise, avec la ferme intention de recréer un lieu de vie et d’animation, un café associatif, bref, un lieu ouvert qui puisse rassembler autour de repas conviviaux, de soirées culturelles et musicales, d’ateliers d’échange de savoir, d’espaces de travail partagés… 

    Ni une, ni deux, une association, “La Maison sur la Place“, est créée pour fédérer les envies et porter ce projet. Forte aujourd’hui d’une centaine de membres, celle-ci ne compte pas son énergie pour affiner le projet et trouver les ressources nécessaires à sa mise en œuvre. Car ce sont 145 000 € environ qu’il va falloir rassembler pour acquérir le lieu et effectuer les travaux indispensables à sa remise en état.

    Monté en partenariat avec la coopérative l’Arban, basée à Faux-la-Montagne et impliquée dans les démarches de revitalisation des bourgs ruraux, le projet prend forme. Une première phase de collecte de fonds auprès de particuliers (toujours en cours) permet de rassembler de l’ordre de 40 000 €. De quoi aborder avec une certaine sérénité une première phase d’acquisition et de travaux. 

    Une belle façon, en tous cas, de crédibiliser un schéma d’intervention original, qui verra L’Arban devenir propriétaire des lieux en mobilisant une partie des fonds collectés et en recourant à un emprunt bancaire complémentaire ; l’association, future locataire, mobilisant pour sa part ses bénévoles afin d’assurer une part très significative des travaux de rénovation. Un modèle déjà expérimenté en Creuse, avec le projet de La Renouée, à Gentioux, et qui a démontré son intérêt.

     

    Stéphane Grasser

    Contact : La Maison sur la Place, 06 42 02 48 46 
    Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 
  • À Felletin, la Gare en commun

    Trois associations, Les Michelines, Radio Vassivière et Quartier Rouge se sont réunies autour du projet de transformation de la gare de Felletin et lancent un appel à dons. La Gare en Commun veut faire revivre le site de la gare de Felletin en Creuse et le transformer en un lieu de vie, d’expérimentations et d’activités ancré sur le territoire. À trois associations locales, nous imaginons la gare comme un nouvel espace public, au sens d’espace de circulation, de diversité, d’échange.

    La gare accueillera des bureaux associatifs, un espace de travail partagé, un studio radiophonique, une cuisine participative, un jardin, un espace convivial où l’on pourra se poser, boire un café, voir une exposition, participer à un atelier ou à une formation…

     

    gare en commun

    gare felletinAujourd’hui nous lançons une campagne d’appel à dons pour que chacune et chacun puisse soutenir et participer à cette aventure. Nous nous donnons pour objectif de collecter 25 000 € d’ici fin septembre 2020. Nous le faisons par nécessité — celle de finaliser le budget des travaux des 320 m² de bâtiment — mais aussi avec l’intention que ce lieu se construise avec le maximum de personnes. Nous aider à la réalisation de ce projet, c’est signifier un soutien, financier autant que moral, et être solidaire de la dynamique qui le porte. C’est nous aider à faire exister un espace de proximité, d’hospitalité, de partage, d’apprentissage, de réflexion et de création en commun. Un nouveau lieu d’innovation, de création et d’invention sur le plateau de Millevaches.

    Si ce projet vous parle, vous inspire, vous enthousiasme et que vous souhaitez le voir exister, vous pouvez faire un don sur la plateforme de dons en ligne HelloAsso : https://frama.link/J0xmjxdj 

    Toute participation nous aide et peut être déduite des impôts. En contrepartie nous vous adressons un grand merci et vous attendons pour l’ouverture du lieu à l’horizon été 2021 !

  • Association “Pas à Pas“

    pas pas logoL’association Pas à pas a un an. Elle a été créée pour que se partagent et se communiquent des savoirs populaires et parentaux, se basant sur l’idée que nous sommes tous des “sachants“ à défaut d’être tous des savants. Carole Riffaud et Virginie Larrue, deux des fondatrices de l’association, témoignent de ce projet.

     

    IPNS : Comment est né Pas à pas ?

    Au tout début, nous nous sommes retrouvées de façon informelle, à cinq femmes, pour échanger, discuter et se transmettre des savoir-faire. C’était très pratico-pratique. Nous ne nous connaissions pas toutes avant ; nous nous sommes réunies surtout pour ce désir de partager des savoirs. Comme là était bien le but de nos rencontres, nous nous appelions entre nous “des passeuses“.

     

    Des passeuses à Pas à pas... il n’y a eu qu’un pas ? 

    Oui. Le passage s’est fait naturellement. Nous nous sommes aperçues que ce qui nous intéressait parlait à pas mal de gens autour de nous. Une réunion sur l’autonomie qui a eu lieu sur le plateau vers cette même période a débouché sur un autre groupe qui s’intéressait à la santé. Les questionnements étaient les mêmes. Comme nous avions envie d’élargir nos échanges, nous avons décidé de créer Pas à pas. Si, au début, les préoccupations de l’association ont beaucoup tourné autour de la naissance, nous ne souhaitions pas nous cantonner sur ce seul sujet. L’objet de l’association étant le partage des savoirs populaires et parentaux au sens large, très vite nous avons rencontré d’autres personnes, surtout par bouche à oreille. Aujourd’hui nous sommes une quarantaine à participer à la vie de Pas à pas à travers des échanges pratiques autour de l’éducation et de la santé. Un autre groupe qui se réunit depuis trois ans autour de la botanique , des plantes médicinales et de leur utilisation, avec l’herboriste Thierry Thévenin de Mérinchal, se rapproche actuellement de Pas à pas (nous sommes plusieurs à être dans les deux) et il est possible que les deux fusionnent dans l’association.

     

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    Vous avez aussi réalisé des rendez-vous plus larges...

    En septembre nous avons effectivement organisé un week-end à Peyrat-le-Château sur le thème “Naître et grandir en Limousin“. C’était une assez grosse manifestation qui a réunit plus d’une centaine de participants (cf. photo). Il y avait des conférences (sur l’osthéopathie ou le langage des signes avec les nourrissons...), des ateliers (massage bébé, yoga...), un espace de documentation avec des films et des livres et des coins pour les enfants, de façon à ce que toute la famille puisse participer à ces deux jours. C’était une grosse organisation et heureusement que nous avons eu le soutien de la commune de Peyrat-le-Château qui a mis gracieusement à notre disposition des salles et des chapiteaux et que tous les intervenants sont venus bénévolement. N’ayant pu obtenir de subventions cette année, l’association s’est autofinancée pour cette manifestation.

     

    Depuis, vous continuez avec des rencontres régulières...

    Effectivement. Le dernier samedi de chaque mois nous nous retrouvons, toujours à Peyrat-le-Château, dans la salle de la Tour, autour de thèmes particuliers comme la petite pharmacie familiale, le massage, etc. Ces rencontres sont ouvertes à tous et elles sont gratuites. Chacun peut y proposer un thème.­

     

    Faîtes-vous appel à des spécialistes sur tous ces sujets ?

    Le pari de Pas à pas, c’est que chacun de nous est détenteur de quelque chose. On a toutes et tous un savoir faire que nous avons acquis par l’expérience, la pratique ou des formations extérieures et que nous voulons partager avec les autres. Sur la pharmacie familiale par exemple, une femme est venue présenter les teintures mères qu’elle utilise pour des soins de base en nous expliquant comment elle les utilisait. D’autres pouvaient ensuite faire part de leurs propres expériences. Le but est que chacun devienne plus autonome, qu’il se réapproprie son corps, sa santé au sens large, qu’il n’ait pas besoin d’aller courir chez le spécialiste pour tout et n’importe quoi. L’idée est de s’autoriser à prendre pour soi des décisions sans toujours devoir faire appel à quelqu’un d’extérieur, que chacun se sente légitime dans sa pratique et dans ses choix. On parle donc de nos pratiques, on les propose aux autres qui bien sûr restent libres de s’en inspirer ou pas. Pas à pas se veut un lieu de formation les uns par les autres. Nous ne nous interdirons pas de faire cependant appel à des personnes plus spécialisées que nous ferions venir en Limousin, en organisant des formations spécifiques par exemple.

     

    Avez-vous d’autres projets ?

    Nous voulons créer un fond documentaire de livres, de films ou de revues que nous pourrions présenter de manière itinérante dans différents lieux sur le plateau et dans la région. Nous avons déjà un petit stock d’ouvrages que nous allons compléter et nous l’avons déjà présenté à la journée nationale de l’allaitement qui a eu lieu à Limoges. Nous travaillons aussi à un annuaire des praticiens sensibles à nos préoccupations et ouverts à une vision plus globale et moins mécaniste de la santé.

     

    J’ai l’impression à vous entendre que Pas à pas est une association de femmes.

    C’est vrai qu’il y a surtout des femmes. Il y a bien quelques hommes, mais ils sont très minoritaires. Ce n’est pas exclusif, mais c’est ainsi ! Sans doute que dans les familles, les sujets qui nous réunissent (la natalité, la petite enfance, la santé...) sont d’abord portés par les femmes.

     

    Propos recueillis par Michel Lulek.
  • Au P’tit BAZ'ART

    Les rues d'Eymoutiers sont calmes cet après-midi et pourtant en y regardant de plus près, on remarque quelques changements. En effet, depuis un an, certaines vitrines ont repris des couleurs. Ici, une nouvelle pâtisserie, là un magasin de loisirs créatifs, plus loin un marchand de kebab et là-bas au bout … une discothèque ! Que se passe-t-il ? Pour répondre à cette question, IPNS est allé à la rencontre de l'un de ces nouveaux commerçants.

     

    au petit bazarDans la rue principale, la boutique "Au p'tit bazar" s'ouvre sur de jolis mobiles qui dès l'entrée attirent le regard et vous font lever la tête. A l'intérieur, des étagères où coccinelles rouges et jouets en bois colorés sont joliment rangés, vous donnent tout de suite envie de toucher. Vos yeux s'emplissent de rêves et vous vous rappelez soudain que vous n'avez encore rien offert à votre neveu pour son anniversaire et qu'il faudra vite réparer cet oubli. Vous cherchez autour de vous et Sandra Dubuc apparaît telle une fée munie de sa baguette magique prête à satisfaire vos rêves d'enfance. Cette jeune femme dynamique et souriante accorde volontiers du temps aux gens qui s'arrêtent dans sa boutique parfois juste pour jeter un coup d'oeil aux derniers D.V.D. D'ailleurs au moment où nous discutons autour d'un café et malgré le temps maussade qui ne donne pas envie de mettre le bout du nez dehors, plusieurs clients entrent pour acheter un cadeau ou encore louer un D.V.D.

     

    IPNS : Sandra, pouvez-vous nous dire qui vous êtes et d'où vous venez ?

    Sandra Dubuc : Je suis une enfant du pays, j'ai passé mon enfance à Nedde chez mes grands-parents avant de partir à 10 ans pour la région parisienne.

     

    IPNS : Comment avez-vous vécu cette transition ?

    S.D : Difficile au début, car j'avais l'habitude de jouer dehors, de me sentir libre. A l'école nous étions peu nombreux, tout le monde se connaissait et à Clichy je me suis retrouvée dans l'anonymat et dans d'enfermement d'une grande ville. En grandissant, c'est vrai que j'ai apprécié Paris et tout ce qu'offre la capitale mais la bougeotte m'a prise et à mes 18 ans je suis revenue ici pour faire la saison d'été.

     

    IPNS : Et vous n'êtes pas restée ?

    S.D : Non au bout de deux mois, le cadre m'a semblé trop étroit et j'ai eu envie de nouveaux espaces alors je suis repartie. Puis, j'ai voyagé à travers la France et j'ai rencontré mon époux à Rouen. Nous nous sommes mariés puis nous avons habité différentes villes, la dernière en date étant Nîmes où mon mari avait été muté.

     

    IPNS : Pourquoi être revenus en Limousin ?

    sandra dubucS.D : Nous voulions nous fixer quelque part où nos enfants pourraient bénéficier d'un environnement privilégié. L'été 2004 lorsque nous sommes venus en vacances dans ma famille, nous avons eu l'opportunité de trouver une maison dans un cadre idyllique. Nous avons décidé de rester et de commencer quelque chose de nouveau.

     

    IPNS : Comment avez-vous vécu ce second retour ?

    S.D : Au début, j'avais peur du regard des autres, que l'on me reproche d'être partie. J'étais aussi angoissée par les changements que le pays a connus. Les valeurs d'entraide et la vie sociale qui étaient encore très présentes lorsque j'étais petite se sont estompées avec le départ des gens et la disparition des activités. Ici comme ailleurs, la société de consommation, la course à l'argent ont pris le pas sur la solidarité. Mais depuis notre installation, je m'aperçois qu'il est possible de faire des choses et que les gens ne demandent qu'à se retrouver et à partager. Cela m'a rassurée et puis l'environnement ici est exceptionnel alors comme j'aime la nature et que j'aspire à une certaine qualité de vie, je suis contente d'être revenue.

     

    IPNS : Qu'est ce qui vous a décidé à choisir ce type d'activité ?

    S.D : Eh bien, avant d'avoir mes enfants, je travaillais en tant qu'agent administratif dans un syndic immobilier et cela ne me convenait pas du tout. Moi, j'aime le contact et rencontrer les gens, alors le commerce m'a semblé être le bon choix. J'ai réfléchi à ce qu'il manquait à Eymoutiers et j'ai appris que le dernier magasin de jouets avait fermé il y a 35 ans ; je me suis dit que cela serait une bonne idée de proposer à nouveau ce type de produits associé à un service qui manquait aussi ici : la location vidéo. Donc nous avons cherché une boutique et nous avons trouvé ce petit local qui était une ancienne poissonnerie.

     

    IPNS : Quelle est votre clientèle ?

    S.D : Pour les jouets ce sont souvent des personnes qui veulent offrir un cadeau et qui ne veulent pas se déplacer jusqu'à Limoges. Ce sont des personnes aussi qui ont envie qu'on les conseille et qu'on prenne du temps avec elles. Les loisirs créatifs (perles, peinture sur verre et sur bois…) et la carterie intéressent davantage une clientèle anglaise. La location de DVD me permet de proposer des films qui ne passeront peut être pas au cinéma d'Eymoutiers et pour lesquels les gens n'iront pas forcément à " la grande ville ". De même c'est très agréable de pouvoir partager, échanger son point de vue. Je commence d'ailleurs à avoir des habitués qui viennent louer un film mais aussi discuter.

     

    IPNS : Comment choisissez vous vos produits ?

    S.D : En fait, je vends des jouets qui ne sont pas distribués en grande surface ainsi que beaucoup de jeux en bois parce que je veux proposer des produits originaux et de qualité. J'ai beaucoup de plaisir à parler avec les gens, j'aime les conseiller et surtout je ne veux pas les pousser à la consommation. Pour Noël, par exemple, j'ai commandé des jeux originaires de différents pays parce que j'ai envie que les clients découvrent d'autres cultures grâce au jouet. J'aimerai aussi proposer des bijoux plutôt artisanaux, des bougies et pourquoi pas des objets produits par des gens d'ici.

     

    IPNS : Le magasin est ouvert tous les jours ?

    S.D : Non car je trouve que c'est important de garder du temps pour les enfants, pour faire mon potager alors même si j'ai du plaisir à travailler à la boutique, j'ai choisi d'ouvrir plutôt les après-midi. Plus tard, lorsque les enfants auront grandi et si l'activité augmente, j'ouvrirai peut-être la boutique des journées complètes. Dans tous les cas j'espère offrir un réel service aux habitants d'Eymoutiers et des communes voisines.

     

    Au p’tit baz’art-Eym.Vidéo 11 avenue de la paix 87120 Eymoutiers
  • Autonomes en électricité, est-ce possible ?

    L'association Tous Autonomes est une jeune et petite structure dans sa deuxième année d’activité. À l’origine du projet, Guillaume Duclos qui a voulu partager et transmettre ses compétences sur notre territoire rural. Aujourd'hui, l’association comporte deux salariés ainsi qu’une dizaine de bénévoles vivant sur la Montagne Limousine.

     

    panneaux photovoltaiques

     

    logo tous autonomes iconeDepuis les hausses répétées du coût de l’énergie, les propositions d’installation de panneaux photovoltaïques chez soi prolifèrent. Primes, rentabilité, revente, consommation, prix du kWh, autonomie, tout cela est très flou et le territoire manquait de structure professionnelle indépendante pour conseiller, installer et maintenir les installations.
    Actuellement, les solutions généralement proposées sont des installations de panneaux photovoltaïques équipés de micro-onduleurs sur des toits, reliés au réseau EDF, avec un contrat de revente et sans batterie. C’est présenté comme « un business plan », production - rentabilité sur x années - retour sur investissement - prêt - échéance…
    Au sein de Tous Autonomes, l’autonomie énergétique et une réflexion profonde sur nos modes de consommation prévalent sur une aubaine financière ou un énième plan financier avec échéancier. Chaque installation proposée par l’association comporte des batteries au lithium, permettant le stockage en période ensoleillée et la consommation de sa propre énergie le reste du temps. Plusieurs conséquences à ce choix : l’installation est plus complexe que de poser des panneaux reliés directement à EDF ; la présence de batteries nécessite un investissement important, et surtout cela fait prendre conscience de ses dépenses en énergie au sein du foyer : un sèche-linge, l’éclairage, les petits appareils branchés en continu pour un usage ponctuel, les modes de cuisson en cuisine... Rappelons que « la meilleure énergie est celle qu'on ne consomme pas ».

     

    Jusqu'où peut-on être autonomes ?

    Madeleine Patrice 01Le projet associatif de Tous Autonomes est de tendre vers l’autonomie énergétique, même pour les foyers dont les équipements sont peu compatibles avec une autonomie totale. Les onduleurs utilisés permettent de passer automatiquement ou manuellement du réseau national à sa propre production d’électricité (semi-autonomie), grâce à la mise en place de batteries au lithium montées en série. Dès que la charge des batteries est suffisante, l’onduleur coupe la liaison au réseau pour utiliser sa propre production. En situation de panne de courant, c’est la même chose et l’installation est alors totalement autonome.
    Si la production d’électricité est suffisante et régulière, et si la consommation est raisonnée dans le foyer, la liaison avec le réseau peut être coupée. Toutefois, pour en arriver à une totale autonomie, il convient d’adapter ses usages et voir si cela est envisageable sur une ou deux années. Les situations en juillet et en janvier sont très différentes en production. L'ensoleillement est rasant et plus faible en hiver et le foyer se chauffe plus, alors qu’en été, la production en électricité est beaucoup plus régulière. La consommation (hors chauffage) étant relativement constante dans l’année, cette variabilité de la production impose l'usage de solutions multi-énergies, afin d’utiliser la production solaire lorsqu'elle est disponible et la réduire au maximum en hiver. Le cas échéant, le réseau est alors utilisé comme secours.

     

    schema tous autonomes 2024

     

    onduleur panneaux photovoltaiquesQuels sont les équipements d’un foyer qui consomment le plus ?

    Cela dépend des usages de la famille. Le chauffage électrique ou une voiture électrique sont deux choix très gourmands et peu compatibles avec l’autonomie électrique, sans toutefois être incompatibles avec une installation photovoltaïque. Idem pour le matériel qui fonctionne la nuit, comme les pompes à chaleur. En règle générale, le chauffage de l’eau est l’action principale qui consomme beaucoup d’électricité : le cumulus, une bouilloire, une machine à laver la vaisselle, une machine à laver le linge. Cependant, tous ces usages restent pertinents dans le cadre d’une semi autonomie, le soleil et la batterie permettant de réduire les factures d’électricité, et le réseau prenant le relais lorsque cette dernière devient insuffisante.
    17 projets d’installation ont été réalisés par Tous Autonomes avec plus d’une quinzaine de grosses installations (dont 3 en triphasées), d’une puissance solaire variant de 3 à 8 kw et une capacité de batterie de 10 à 20 kwh. L’association a depuis le printemps 2024 un salarié, Damien, qui peut intervenir tant pour les travaux électriques que sur l’installation de panneaux sur un toit.

     

    Contacts :
    Site Internet : https://www.tous-autonomes.com
    Page facebook : https://www.facebook.com/association.tous.autonomes
    Compte Instagram : https://www.instagram.com/tousautonomes
    Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

     

    Mémo : le B.A.Ba de l'électricité

    W : puissance en watts ;
    A : intensité du courant en ampères ;
    J : énergie en joules ;
    C : charge électrique en coulombs.

    Une puissance compteur de 6 kVA signifie que vous pouvez utiliser 6 000 watts en même temps. Le terme de kVA exprime quant à lui les kilovoltampères.
    Le watt, de symbole W, est l'unité dérivée de puissance ou de flux énergétique (dont le flux thermique). Un watt équivaut à un joule par seconde.
    Le joule (de symbole J) est une unité pour quantifier l'énergie, le travail et la quantité de chaleur.
    Le volt (symbole : V) est une unité de force électromotrice et de différence de potentiel (ou tension).
    L’ampère (symbole A) est l'unité de l'intensité du courant électrique, c'est-à-dire un déplacement de charges électriques.

    Un onduleur est un dispositif d'électronique de puissance permettant de générer des tensions et des courants alternatifs à partir d'une source d'énergie électrique continue. Son fonctionnement est à dissocier des autres convertisseurs comme les convertisseurs AC/AC, les redresseurs (AC/DC) ou encore les convertisseurs DC/DC.

    Un capteur solaire photovoltaïque (ou panneau solaire photovoltaïque) est un module photovoltaïque qui fonctionne comme un générateur électrique de courant continu en présence de rayonnement solaire.
    On estime ainsi qu'au-delà de 25 °C, une augmentation de 1 °C aboutit à une baisse de production de 0,45 %

    Une batterie lithium-ion, ou accumulateur lithium-ion, est un type d'accumulateur lithium.
    Ses principaux avantages sont une énergie massique élevée (deux à cinq fois plus que le nickel-hydrure métallique par exemple) ainsi que l'absence d'effet mémoire contrairement aux accumulateurs à base de nickel. Enfin, l'auto-décharge est relativement faible par rapport à d'autres accumulateurs. Ils possèdent une haute densité d'énergie, grâce aux propriétés physiques du lithium et ne nécessitent pas de maintenance. Pour éviter tout problème, ces batteries doivent toujours être équipées d'un circuit de protection, d'un circuit de régulation (en anglais le BMS de Battery Management System signifiant « gestion de la batterie »), d'un fusible thermique et d'une soupape de sécurité. La nature des cycles de décharge : ces batteries préservent mieux leur capacité lorsqu'elles sont rechargées à partir d'un état de décharge partielle que lorsqu'elles subissent des cycles complets de décharge/recharge.

    Source : Wikipedia

     

    À Eymoutiers : depuis avril 2024 notre foyer produit son électricité

    installation yannick2« Je m’appelle Yannick et je suis adhérent à l’association Tous Autonomes depuis septembre 2023. Il y a une douzaine d’années, avec ma compagne, nous nous sommes renseignés sur la mise en place de panneaux sur notre maison située sur Eymoutiers. Visites, études, devis ; en résumé nous sommes dans un bourg avec un bâtiment classé (collégiale), l’orientation de la maison n’est pas plein sud, la surface du toit limite la quantité de panneaux ; il n’est proposé que de la revente vers EDF avec un plan financier sur un minimum de 12 ans. Ces solutions ne répondant pas à notre réflexion sur la consommation, nous avons abandonné le projet, et sommes partis sur de l’isolation, la récupération d’eau de pluie pour les toilettes et le passage du fuel au bois avec deux poêles Jøtul.
    En 2023, je rencontre l’association Tous Autonomes lors de la fête de la Montagne Limousine. Là, plusieurs éléments viennent cocher des cases laissées en suspens depuis longtemps, surtout que l’on venait de se prendre un grande claque énergétique sur notre abonnement Ilek : tendre vers l’autonomie énergétique, poser des panneaux au sol, pas de revente, projet évolutif, auto-construction, consommer sa production, dépenser moins.
    Rapidement, j’échange avec Guillaume, je rencontre le conseil d'administration de l’association et découvre une jeune association qui se structure petit à petit selon les compétences de chacun, chaque projet apportant des adhérents à cette initiative à la fois nouvelle et touchant un sujet d’actualité : la production et la consommation d’énergie.
    L’auto-construction m’intéresse, car on apprend plein de choses et cela fait baisser le coût de l’installation. J’embarque mes parents dans l’aventure, eux ils ont un plan financier avec EDF avec revente et consommation, des panneaux sur toit sans batteries. Ce qui m’a surpris dans ce type d'installation est qu’en cas de coupure de courant, rien ne fonctionne, pour moi c’est totalement antinomique !
    Avec Guillaume en chef de projet, nous avons installé une petite installation : 8 panneaux de 400 kW au sol, un onduleur de 6 kW et 16 batteries totalisant 10 kWh.
    Pour moi, les unités dans l'électricité c’est pas simple, mais j’apprends par la pratique, les Ampères, les Volts, les Watts, les kWh…
    Ma plus grande surprise concerne les batteries lithium. Pour résumer, elles font 3,7 V chargées et 2.9 V « déchargées ». C’est très frustrant de voir toute la quantité non utilisée.
    L’installation s’est faite en deux fois, il fallait attendre l’arrivée d’une nouvelle livraison de panneaux. Mes parents ayant une remorque, on a assuré le transport. On a commandé le bois et monté des supports denses pour fixer les panneaux au sol. Nous sommes partis sur deux orientations différentes. On a préparé les espaces pour les câbles en faisant les trous dans les murs, ainsi qu’un rangement robuste pour porter les batteries.
    Puis en une journée, l’installation était en place. Guillaume m’a piloté pour brancher les batteries en série, les tester. Il a câblé l’onduleur, les batteries, le tableau électrique, et enfin les panneaux. Là, j’ai essentiellement servi de petites mains et éclairé Guillaume tout en lui posant de nombreuses questions. Et à partir du 15 avril 2024, notre foyer commence à produire son électricité ! Je vous invite à aller sur le site Internet de l'association dans la partie témoignage, j’y raconte ma relation avec la production et consommation d’énergie, les essais, les modifications, les erreurs… »

    En savoir plus : https://www.tous-autonomes.com/temoignages/50-yannick-et-adele
  • Chouette, une Chouette !

    echo la chouetteQuelques habitants et habitantes de Beaumont-du-Lac ont eu l’idée de créer un petit journal associatif dans leur commune. L’Écho de la Chouette, c’est son nom, donne des informations pratiques, des actualités sur la vie locale et propose quelques éléments sur l’histoire de la commune.

    Le but de l’association : créer du lien social entre les habitants, sensibiliser à l’environnement, favoriser les producteurs et artisans locaux et renforcer la solidarité. Voilà une heureuse initiative qui témoigne de l’implication d’habitants dans la vie de leur commune.

    Après Le petit journal Pelaud à Eymoutiers ou à La Gazette à Saint-Moreil, bienvenue à ce chouette canard !

  • Des coopérateurs en apprentissage, la petite histoire

    Fernand Leger les constructeursA l'occasion de rencontres avec des porteurs de projets, de journées d'échanges (notamment aux rencontres du pôle d’accueil, d’action et de formation), la question du statut est très souvent évoquée quand on est en démarche de création et d'installation surtout pour les pluriactifs.

    En novembre 2002, trois personnes du réseau d'acteurs de la montagne limousine participent à un colloque sur les Coopératives d'emploi et d'activités organisé par COOPEA (réseau de Comparatives d'emploi et d'activité) et l'Union Régionale des Sociétés coopératives de production (SCOP) de Rhône-Alpes. Elles en font une restitution à la Forêt Belleville devant 30 personnes. Beaucoup de gens semblaient intéressés, découvrant une structure pouvant correspondre à leur problème de statut, leur envie de se lancer doucement et de pouvoir travailler avec d'autres.

    Cette possibilité a continué à faire sa place dans les têtes, à interroger les uns et les autres. En mars 2004, un groupe de porteurs de projets dans l'artisanat sollicite le Réseau pour approfondir cette éventualité. Le groupe rencontre alors Xavier Lucien (formateur dans une association d'aide à la création d'activité : D'ASA), qui est en phase de création d'une Coopérative en Haute Loire. Au terme de la rencontre tous sont convaincus qu'une Coopérative pouvait répondre aux besoins et envies des différents porteurs de projets. Mais le frein principal demeure la lenteur et la difficulté de la mise en place d'une telle structure. En effet, les personnes ont déjà leur propre projet à mettre en place et ne peuvent pas porter seules la création d'une coopérative.

    Le 27 novembre 2004, le réseau d'acteurs décide de faire intervenir Béatrice Poncin et Alain Oriot de la COOP OXALIS en Savoie. Ils nous ont fait bénéficier d'informations concrètes à partir de leur expérience de plus de dix ans. Le succès de cette journée a relancé une dynamique sur le sujet. Une cinquantaine de personnes étaient présentes, ce qui témoigne du réel intérêt pour de nouvelles formes de création d'emploi sur le territoire. Elle a renforcé l'envie de création d'une telle structure sur le plateau parce qu'elle correspond aux besoins des créateurs (collectif, pluriactivité, statut, test,…). A la fin de la rencontre, une vingtaine de personnes se proposent de poursuivre la démarche afin de créer une Coopérative d'emploi et d'activité sur le Plateau de Millevaches !

     

    Un groupe "coop d'emploi"

    Depuis la rencontre de novembre 2004 ce petit groupe s'est retrouvé une fois par mois. Il est composé de porteurs de projets (majorité du groupe) essentiellement sur l'artisanat (mais pas seulement). S'y retrouvent aussi des représentants associatifs du Réseau d'acteurs et des individus. Tous sont intéressés par la coopérative parce qu'ils ont besoin d'un statut qui corresponde vraiment à leur activité, mais aussi parce qu'il leur semble important qu'ils y ait ce genre de structure sur le territoire si nous voulons qu'il accueille des projets et qu'il reste vivant. C'est aussi pour la plupart une envie de réfléchir sur leur relation au travail et imaginer une autre façon d'entreprendre.

    Ce n'est pas si évident de faire partie d'un projet qui nous engage vraiment avec des gens qu'on ne connaît pas ! Alors il faut apprendre à se connaître. A l'occasion de nos rencontres mensuelles de week-ends nous avons pris le temps d'écouter les projets des uns et des autres. Ce sont des moments super agréables où l'on se laisse bercer par les passions des autres. Ce sont aussi des temps d'apprentissage car chaque activité a ses secrets, son vocabulaire, son histoire. Nous découvrons des métiers.

    Ce sont aussi des moments d'accompagnement pour la personne et son projet car les questions, remarques, conseils du groupe provoquent forcément du changement.

     

    Création de l'association CESAM

    Ce petit groupe réfléchi aussi à la mise en place de la structure. Il s'avère que certains sont pressés pour adopter ce statut d'entrepreneur salarié. Mais créer une structure demande du temps. En suivant nos réflexions Béatrice Poncin, nous propose son partenariat en créant une antenne d'Oxalis sur le plateau. Cette idée nous satisfait vraiment, car elle permet d'envisager les choses par étapes. Oxalis nous donne un cadre pour démarrer doucement, prendre le temps de se former à l'animation de la vie coopérative, et de créer une structure indépendante lorsque nous serons prêts. Le parrainage d'Oxalis est vraiment très précieux pour ce projet .

    Le collectif a décidé en mai 2005 de créer une association CESAM :

    • pour permettre la mise en place d'une Coopérative d'emploi et d'activité sur la montagne limousine.
    • pour stimuler et accompagner la création d'activité.
    • pour favoriser la mutualisation des moyens nécessaires à ces créations.

    Cette association va donc être le support de l'antenne d'Oxalis. Toute la gestion comptable se fera par Oxalis, et CESAM animera la vie coopérative sur le Plateau. La mise en route de l'antenne est prévue pour septembre 2005.

    Une journée d'information collective sur le projet a été organisée le 23 juin 2005 au Villard dans le but de présenter la démarche du collectif porteur de l'initiative et de rencontrer de nouvelles personnes ayant envie de participer à ce projet.

     

    Claire Moreau

     

    Qu'est-ce qu'une Coopérative d'Emploi et d'Activité ?

    " Les coopératives d'emploi et d'activité sont des entreprises relevant du statut “coopérative de production”. Elles constituent un cadre économique, juridique et social permettant l'exercice volontaire d'activités diverses en commun, dans l'objectif de les pérenniser et de permettre aux personnes qui les exercent d'accéder essentiellement a un statut de salarié entrepreneur associé de la coopérative." (Extrait de la charte du Réseau COPEA)

    L'insertion économique est l'une des facettes de la coopérative sous le vocable "Coopérative d'Activité"
    La coopérative fournit un environnement, un accompagnement et un statut à des personnes susceptibles de créer leur propre activité économique, pour définir et tester leur projet. Elle accueille et accompagne les candidats à la création d'activité dès la première ébauche de leur projet. Ils disposent pour cela, dès leur intégration, des conseils nécessaires ainsi que d'un soutien logistique minimum au démarrage.

    La coopérative leur permet :
    - de définir leur projet (produits, clients, commercialisation, réglementation et organisation).
    - d'effectuer les premières démarches commerciales (réalisation de plaquettes, démarchage…) et donc de vérifier l'accueil par le marché.
    - de réaliser les premiers contrats obtenus.

    N'ayant pas à franchir le pas de la création d'entreprise, le porteur de projet peut ainsi, à moindre risques, tester son projet en se confrontant au marché dans des conditions réelles de concurrence et d'exercice de son activité.
    L'inscription dans la durée est l'autre des facettes de la Coopérative sous le vocable "Coopérative d'Emploi".
    La coopérative est une structure juridique, sociale, et commerciale, permettant l'intégration d'activités économiques en donnant aux créateurs un cadre salarial et logistique. Elle propose une solution collective et une alternative à la création d'entreprise, en accompagnant les porteurs de projets dans leur démarche et leur parcours, et en leur permettant de s'affranchir des contraintes administratives et logistiques qu'ils ont souvent de la peine à appréhender.

    Le porteur de projet, "entrepreneur salarié"
    - évite les risques et minimise les coûts de la création d'entreprise.
    - est déchargé des contraintes administratives.
    - dispose des conseils des responsables de la coopérative.
    - dispose d'une structure logistique adaptée à ses besoins.
    - à la possibilité de mutualiser des moyens matériels, des expériences, des marchés.
    - bénéficie des avantages liés au statut de salarié (protection sociale, retraite, renouvellement des droits, ASSEDIC…).

    L'entrepreneur-salarié devient associé de la coopérative, dans le cadre des statuts des sociétés coopératives de production.

    Source : Béatrice Poncin : Salariés sans patrons. Editions du Croquant animatrice de Vasijeunes
  • Deux nouveaux “châteaux communs“ sur le Plateau


    C'est un phénomène qui n'est plus tout à fait anecdotique. Des groupes ou des collectifs d'ami.e.s qui viennent, ensemble, s'installer sur le Plateau. Pas par hasard. L'année dernière deux nouvelles bandes sont arrivées ainsi. L'une s'est installée à Lacelle, en Corrèze. L'autre dans l'ancienne colonie de vacances d'EDF, au bord du lac Chamet, à Faux-la-Montagne, en Creuse. IPNS leur a laissé carte blanche pour se présenter.

     

    amicale mille feuxA Lacelle, une Amicale à mille feux

    L'Amicale Mille Feux, c'est une bande d'artistes, récemment diplômé·es, venu·es s'installer à Lacelle, sur la Montagne limousine, il y a un a un an et demi. Elle nous raconte pourquoi elle a atterri ici et ce qu'elle compte y faire.

    À Paris, où l'on s'est rencontré·es, on s'est investis politiquement lors du mouvement contre la loi travail en 2016 en construisant des châteaux communs sur la place de la République, en lançant une occupation dans l'école des Beaux-arts, et en tissant des amitiés avec qui partageait la même envie de se réapproprier un espace politique. L'isolement urbain, avec ses minuscules chambres sous les combles, avec son décorum de sirènes hurlantes, nous a décidé à ouvrir un espace de vie collectif, de travail et de fête à Pantin (Seine-Saint-Denis). Pendant cette année, on a accueilli des ami·es, on s'est doté de grands espaces pour travailler, pour être ensemble et pouvoir s'organiser.

     

    Nous ne sommes pas venus pour nous isoler mais, bien au contraire, pour rencontrer le village, la Montagne limousine.

     

    La manière que nous avons eu d'arriver dans cet endroit inoccupé depuis des années a révélé qu'il est difficile de s'installer là où on ne nous attend pas. Nous nous sommes alors efforcé·es de nous réunir avec le voisinage et d'ouvrir les espaces au plus grand nombre. C'est à travers des fêtes de quartier et des bourses aux plantes que nous avons réussi à nouer des liens avec le quartier qui nous accueillait. 

     

    De Paris à Lacelle

    Quand l'expulsion a été déclarée, trois d'entre nous voulions quitter Paris pour la campagne, et c'est ainsi que nous avons rencontré Lacelle. Le Plateau ne nous connaissait pas, mais nous, nous connaissions, un peu, le Plateau. Nous étions attentifs, par exemple, à ce qui se passait à Tarnac, au travail de Peuple et Culture Corrèze, à la fête de la Montagne limousine, à l'école de la Terre, bref, à l'effervescence politique et philosophique de ce pays. Ce n'est sûrement pas un hasard si deux groupes d'ami·es de Paris se sont installés dans la région au même moment, et sans que nous nous soyons concertés : les uns font du théâtre à Eymoutiers, les autres ont lancé l'occupation du centre de vacances abandonné du Chammet.

     

    Un village en transition

    Nous avons trouvé, à Lacelle, ce vieux et grand bâtiment à vendre sur la place du village qui nous convenait bien. Il était suffisamment grand pour y créer des espaces de vie, des ateliers, et surtout il s'ouvrait sur la gare et jouxtait la route principale, il n'était pas reclus. La mairie nous a fait confiance et nous a tout de suite aidé en nous apportant son soutien. Pour nous, Lacelle, ce n'est pas la ville saturée d'espaces inaccessibles et calibrés, ce n'est pas non plus le charmant petit village de province englué dans le pittoresque, loin de là. C'est un village dépeuplé dont le charme réside chez ses habitants et ses habitantes qui ont en commun cette folie joyeuse de regarder les camions passer plutôt que les arbres pousser. C'est un village en transition mais qui revit avec, entre autres, le garage associatif GASEL, l'espace créations de la gare et les fêtes du syndicat agricole MODEF. Il semble que cette terre soit belle et bien fertile.

     

    Le Plateau ne nous connaissait pas, mais nous, nous connaissions, un peu, le Plateau.

     

    Pluriels

    Notre présence ici nous permet enfin de travailler dans nos domaines respectifs, avec l'envie de créer quelque-chose collectivement, de prendre le temps de nouer des liens dans un territoire dans lequel on se sent bien, dans lequel on peut grandir. Ici l'existence redevient tangible. Si on aime être plusieurs, on aime aussi être pluriels et différentes choses nous tiennent à cœur. Grâce au soutien de l'Arban, nous pouvons nous projeter à long terme dans cet espace. Une fois l'acquisition de la maison assurée, nous aimerions créer des espaces d'accueil pour des séjours adaptés à des enfants et des adultes en situation de handicap mais aussi pour des résidences artistiques, en supposant la prodigalité de ces futures rencontres. En somme, réunir au sein de l'Amicale, ce que l'on a fait depuis plusieurs années ailleurs et de manière séparée.

     

    La reprise du bar

    Nous souhaitons également créer des espaces de travail, des logements mais aussi, faisant le malheureux constat que le bar du village ferme ses portes dans les prochains mois, nous avons envie de réhabiliter l'ancien bar de notre bâtiment pour maintenir un lieu d'échanges et de convivialité dans le village. Nous ne sommes pas venus pour nous isoler mais, bien au contraire, pour rencontrer le village, la Montagne limousine, et tous ceux que ce projet intéresse. Gageons que nous nous rencontrerons d'ici peu, autour d'un café matinal ou d'une bière dansante. Le contrat d'occupation qui nous lie aux propriétaires arrive à son terme cet été et nous avons donc fait appel à l'Arban pour rassembler la somme nécessaire, gérer l'acquisition puis les travaux d'aménagement en accompagnement. Nous serons tous et toutes présent·es le samedi 30 mars, accompagné·es par la plupart des camarades qui nous ont aidés ou portés depuis. Nous lancerons alors la campagne de don autour d'un goûter, d'un repas et d'une soirée de soutien que l'on souhaite festive. Venez en nombre !

     

    Contact :  Amicale Mille Feux, 19 170 Lacelle Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     


     

    chapiteauNouvelles du Chamet

    L'ancienne colonie du lac Chamet sur la commune de Faux-la-Montagne, qui était abandonnée depuis dix ans, est à nouveau habitée. Le collectif qui s'y est installé veut en faire un lieu d'étude. Mais de quoi pourrait-il s'agir ? Leur réponse sous forme d'un petit “Discours de la méthode“...

    Pour celles et ceux qui se demandent ce qui se passe dans l’ancien centre de vacances du lac du Chamet, il ne suffira pas de dire qu’on y est depuis juillet 2018, qu’on a retapé trois bâtiments, que dans l’ancien “accueil“ renommé “la soucoupe“ on garde un piano comme un trésor volé aux dieux, et que dans ce qui fut la maison du directeur une bibliothèque est en train de naître. Il ne suffira pas non plus de dire quels sont les projets qui se dessinent, et comment seront les mois à venir. Tout se passe vite, et en même temps on apprend la lenteur juste, le rythme propice. Car c’est la fin d’un monde qui jalonne les commencements de ce lieu d’étude. Voici quelques pistes.

     

    Fins et commencements

    De même qu’il est impossible de continuer à penser sereinement la planète comme un stock de matières premières qui sert notre développement et notre Progrès, il est impossible de continuer à considérer que c’est d’engranger un stock de connaissances qui fait devenir plus intelligent·e. L’idée de l’exploitation infinie de la nature et celle de l’empilement infini des expertises dans une tour d’ivoire savante appartiennent aux mêmes mythologies et pulsions d’accumulation. 

     

    La modernité-rasoir

    Descartes, du fond de son lit où il avait l’habitude de faire la grasse matinée jusqu’à 14h, s’appliquait à écarter de son esprit toutes les impuretés qui l’entouraient, choses trivialement matérielles ou êtres bassement émotifs : les bruits qui arrivent par la fenêtre, les sensations, mais aussi la femme qui lui a préparé son petit-déjeuner, les gens qui ont construit sa maison et son lit... À force d’écarter toutes ces choses vivantes confuses, à force de se rendre méticuleusement indifférent à ce qui l’entoure, à force d’opiniâtreté pour anéantir l’empathie et la curiosité, Descartes a fini par trouver ce dont il était sûr : il existe... Ce départ de la pensée moderne ne pouvait être que de mauvais augure. 

    La méthodologie de la tabula rasa, transmise explicitement ou implicitement pendant de longs siècles, a participé à rendre acceptable l’idée, appliquée à plein de situations, qu’il faut d’abord commencer par raser : il faut raser ce à quoi l’on croit avant de commencer à raisonner, il faut raser les forêts pour les replanter bien droites, il faut raser les poils pour que les peaux soient comme des statues, il faut raser le Chamet pour conjurer une Zad (dixit la Préfète). 

     

    Au Chamet on a pris le parti des broussailles : on préfère l’indisciplinarité aux champs académiques rectilignes.

     

    Mais voilà qu’au Chamet on a pris le parti des broussailles : on préfère les attachements et les volutes des branches aux horizons plats et vides, comme on préfère l’indisciplinarité aux champs académiques rectilignes.

     

    Dans “définir“ il y a “finir“

    Ce que la science objective démontre le mieux aujourd’hui, ce sont ses propres impasses ; on pourrait donc abandonner, en même temps que l’objectif, les méthodes qui le soutiennent. Par exemple, on pourrait changer nos rapports aux concepts et aux définitions. Le besoin de commencer toute réflexion ou action par une recherche de définition est généré par la vieille conception moderne du savoir comme accumulation, et produit généralement surtout de l’anxiété. Ainsi, souvent, l’anxiété n’est pas existentielle mais épistémologique : non pas due à la vie même, mais à ce que la pensée a fait d’elle.Il y a d’autres manières de commencer à penser. Partir des mots que l’on entend, des êtres que l’on rencontre. Partir de ce dont on a envie. Faire confiance à ses désirs, non pas en tant qu’objectifs à accomplir ou assouvir coûte que coûte, mais en tant qu’impulsions justes.

    Les principes immuables ne sont plus garants de justesse, dans le chaos qui s’annonce. Pour être à la hauteur des enjeux de notre époque, mieux vaut miser sur nos capacités de bond et de rebond. Ce qui est nuisible, on le sent : un geste juste pourrait être d’arrêter de faire ce qu’on n’aime pas faire.

     

    Accueillir l’inouï

    Les ressources pour étudier autrement pourraient être celles-là mêmes que la modernité a méprisées, dédaignées, mises au rebut : les sensations, les anecdotes, les points de vue des femmes, l’imprévu. Si la pensée moderne se caractérise par sa volonté de tenir à distance les éléments qu’elle ne maîtrise pas, alors c’est à l’accueil des bouleversements qu’on peut travailler : accueillir l’inouï, l’exode, les récits, les formes du vivant.

    Pour accueillir pleinement les transformations, mieux vaut faire le deuil de ce qui n’existe déjà plus : une planète en pleine forme, un avenir simple, les pyramides en verre du Chamet intactes... Comme pour le deuil d’un être aimé, faire le deuil d’un monde permettra de libérer des énergies engourdies. On préfère éviter, en tout cas, la science critique ou analytique de la fin du monde : ce serait en rejouer les causes.

     

    Se saisir

    Nous avons commencé à habiter le Chamet sans autorisation. Nous avons aimé le mouvement de se saisir de ce lieu abandonné ou dévalorisé pour le réhabiliter et le réinventer, ici et maintenant. Mais le destin du site du Chamet n’est pas dissociable du pays où il est. En ce moment la contestation s’étend dans le temps et dans l’espace, chaque contrée peut trouver des formes qui correspondent aux situations présentes et à venir. La construction du syndicat de la Montagne limousine ou l’assemblée des gilets jaunes du plateau de Millevaches en donnent des exemples. Étant donné la pluralité et l’imprévisibilité des événements, plusieurs fronts sont et seront à tenir.

     

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 
  • Du côté des... créanautes

    creanautesC'est un gros classeur d'au moins trois kilos. Trois kilos d'innovation, de dynamisme, d'inventivité, d'originalité, à raison de 10 grammes par initiative (une page !), cela fait 300 coups de projecteurs sur des "limousins qui bougent"... Cet annuaire subjectif et surprenant a été conçu à l'initiative du Conseil régional pour servir de guide aux jeunes limousins qui depuis plusieurs années bénéficient de l'opération "Créanautes" : des jeunes qui sillonnent la région pendant plusieurs semaines pour en découvrir et en valoriser les richesses. Comme dit Robert Savy : "Cette multitude d'initiatives qui fleurissent chaque jour dans notre Limousin en font une région vivante, dynamique, bien loin de l'image caricaturale que s'en font malheureusement trop souvent les Limousins eux-mêmes".

    Au fil des pages on retrouvera des noms qui nous sont bien connus : Meymac est la première société en France de déconstruction totale des véhicules hors d'usage ? Que la "fondue pelaude" est une spécialité lancée il y a 8 ans par un couple de Belges nés au Congo et installé à Augne ? Que "La Blandurette" est une cidrerie coopérative sise à Chamberet ? Alors quand on sort du plateau, vous imaginez les découvertes que réservent les autres pays du Limousin ! Allez on ne résiste pas à vous citer l'association BTCPVC de La Souterraine qui propose des manifestations variées pour faire bouger les choses... BTCPVC ? Bah voyons : "Bouge ton cul pour vivre en Creuse" ! Télé Millevaches, les centres d'art de Meymac ou Vassivière, l'association Appelboom, Cyber en Vassivière, La Chélidoine, Ma télé multimédi@, etc... et même le collectif associatif du plateau. Mais en fouinant avec plus de curiosité on fera d'étonnantes rencontres. Saviez-vous par exemple que l'entreprise "Meymac Déconstruction Ecologique" qui vient de naître à Ce qu'on peut souhaiter ? C'est que ce guide n'en reste pas là et qu'il puisse être développé, augmenté, actualisé... et édité en format poche (Trois kilos c'est lourd pour arpenter le Limousin! ).

    Ce pourrait être un excellent outil de promotion pour la région, un bréviaire indispensable pour les nouveaux arrivés et un fabuleux support de la fierté limousine. Eric Fabre qui en est le concepteur a du reste quelques idées sur la question et souhaite créer un site web qui servirait de "communauté d'usage" à tous ces limousins hyperactifs.

    A suivre.

  • Entreprendre collectivement

    Le vendredi 2 février 2006 s’est déroulé à Eymoutiers une importante rencontre autour du thème Entreprendre autrement en milieu rural ou quand la société civile porte des projets. Organisée par le réseau d’acteurs de la Montagne limousine et ses partenaires du programme européen EDORA (Dispositif ouvert de ressources et d’accompagnement de projets d’activités en milieu rural), cette journée a réuni environ 150 personnes venant d’horizons assez divers mais intervenant tous plus ou moins dans l’accueil.

    Parmi les expériences présentées, beaucoup s’inscrivaient dans des démarches collectives, où des individus se réunissent dans un projet commun et le plus souvent dans une dynamique coopérative : faire ensemble pour qu’individuellement chacun puisse mieux s’en sortir et dans un cadre d’échanges et de mutualisations des outils mis en place.

    Nous présentons ici deux initiatives qui témoignent de cette façon d’entreprendre : La SCI Chemin faisant... et la Coopérative d’entrepreneurs salariés CESAM-Oxalis à Eymoutiers. Une autre initiative, nationale celle-là, Terre de Liens, propose un nouveau mode d’acquisition du foncier pour l’installation de projets agricoles, en cherchant une alternative à la propriété individuelle qui oblige à l’endettement chaque nouvelle génération qui s’installe.

    Une autre initiative, Terrains de vie, recherche de son côté des terrains pour installer des habitats éphémères ou mobiles.

    Pour terminer ce dossier nous avons donné la parole à Jean Pierre Laigneau qui, prenant sa retraite, a cherché à transmettre son activité à de nouveaux installés sur le territoire : quand une cession individuelle rejoint une démarche plus collective.

     

    L’urbanisation grignote les terres agricoles, le nombre de fermes diminue, le prix du foncier flambe. La pression foncière est telle que la terre devient inaccessible pour qui veut s’installer. Pourtant, les activités agricoles et rurales sont nécessaires à la vie des territoires. Terre de Liens met en place des actions pour faciliter l’accès au foncier.

     

    terre de liensTerre de Liens, un accès collectif et solidaire au foncier

    A l’origine

    Association nationale créée en 2003, Terre de Liens est issue d’un travail mené par un ensemble d’acteurs du milieu rural qui s’est penché sur la problématique foncière. Constatant que le foncier est un véritable frein aux installations agricoles et agri-rurales, ce groupe de travail a analysé différents outils juridiques possibles pour acquérir collectivement du foncier, dans un but de solidarité envers les producteurs. Terre de Liens a été constituée pour répondre aux besoins d’accompagnement dans la création et la gestion de ces structures collectives et pour apporter des solutions financières alternatives à l’endettement.

     

    Un accompagnement pour les projets d’accès collectif et solidaire

    Terre de Liens accompagne et conseille les démarches collectives d’acquisition de foncier (société civile immobilière, groupement foncier agricole, association) dans leur structuration méthodologique, financière et juridique.

    L’association présente en Rhône-Alpes, Ile-de- France, Picardie, Bretagne, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, intervient aussi en tant qu’animateur sur la question de l’accès au foncier (recensement des démarches collectives, mise en réseau, mobilisation de partenaires, formation et information).

     

    Des outils de finance solidaire

    L’association vient de créer la Foncière Terre de Liens, société d’investissement solidaire. Cet outil, à l’usage de toutes personnes souhaitant faire sortir le patrimoine foncier rural des mécanismes spéculatifs du marché, permet de collecter de l’épargne destinée à soutenir des projets d’installation. Ce soutien se traduit par l’acquisition de terres et de bâtiments dont elle conserve la gestion à long terme.

    La Fondation Terre de Liens, en cours de création, permettra de recueillir des dons de biens immobiliers, de valeurs mobilières et d’argent. Cette structure aura pour but de maintenir sur le long terme des fermes et de permettre ainsi à des projets de territoires de s’exprimer. Les dons en espèces permettront, via la Foncière, d’acquérir de nouveaux biens et de prendre part au capital de structures collectives locales.

    Ces outils d’envergure nationale sont une réponse aux difficultés de financement que rencontrent les porteurs de projet.

    Leur objectif est de sortir du marché spéculatif des fermes et des terres qui deviendront le support de projets respectant les valeurs de Terre de Liens.

     

    Une charte pour fixer un cadre éthique

    Pour fixer le cadre éthique et politique de son intervention, Terre de Liens s’est dotée d’une charte qui pose des principes concernant l’usage du foncier et les projets d’installation à soutenir (agriculture durable, activités culturelles, artisanales, etc), le lien et la solidarité entre acteurs et la gestion collective du territoire.

     

    Il est ainsi possible de prendre part à des projets dynamisant les territoires et favorisant les liens de solidarité pour que la terre ne soit plus un frein à l’installation et pour que l’avenir d’une agriculture vivante, respectueuse de l’Homme et de la Terre, ne soit pas compromis.

     

    Lorane Verpillot

     

    Terrains de vie

    yourteFace à la crise du logement dont l'actualité récente a remontré l'acuité, une association nationale, Halèm (association des habitants de logements éphémères ou mobiles) cherche à faire reconnaître l'égalité de droits de tous les citoyens quels que soient leurs choix de mode de vie et d'habitat, en l’occurrence pour cette association le choix d'un habitat mobile.
    La décence et l'acceptabilité du logement mobile ou éphémère dépendent en grande partie du terrain sur lequel il est situé, et vu la rareté et la cherté du foncier qui se prête a l'aménagement de terrains permettant l'installation des caravanes constituant l'habitat permanent de leurs utilisateurs, l'association cherche à créer, a titre expérimental, des "terrains de vie"
    Ces terrains de vie peuvent remplir une fonction de (ré)insertion de publics parfois très éloignés de l'emploi, de logement de personnes défavorisées, de repeuplement de campagnes en voie de désertification...
    Des contrats d'objectifs pourraient porter, par exemple, sur l'entretien du paysage : nettoyage des sous-bois, entretien des chemins, fosses etc. Le "sauvetage" de terrains agricoles en déprise, voire des projets culturels ou économiques peuvent être envisagés en fonction des caractéristiques des environs et des options des habitants.
    Analogues aux terrains familiaux, mais conçus sur la base d'un aménagement réversible, sans éléments en dur ni artificialisation du sol, autonomes par rapport aux réseaux d'assainissement, EDF, eau. etc, les terrains de vie seraient installés et gérés en harmonie avec leur environnement tant naturel qu'humain sur des terrains non constructibles.
    Halèm recherche donc des propositions de vente ou de mise a disposition a long terme (bail emphytéotique) sur des terrains, a priori de 1 à 3 hectares, pour pouvoir envisager des "hameaux" de 10 a 20 foyers avec assez de terrain pour créer des structures collectives (salle commune, place de marché, halle...) pouvant abriter une vie sociale et des évènements attirant un public extérieur, mais aussi une agriculture vivrière, voire des micro-activités.
    Des zones de taillis entourées de bois plus ou moins clairsemés, une propriété abandonnée ou en friche, des terres agricoles morcelées ou en déprise pas trop éloignées d'un bourg (1 ou 2 km), à l'exclusion de tout terrain inondable ou présentant d'autres risques spécifiques, suffisamment éloignés de lignes de chemin de fer, routes de grande circulation ou d'autres sources identifiées de pollution pourraient se prêter à ce type de réalisations. 
  • Folie ! les mots

    Traversez le bourg de Faux-la-Montagne

    Face à la pharmacie, arrêtez-vous un instant et regardez bien cette maison abandonnée depuis des années à l'angle de la route de Jallagnat. Ses portes aveugles et ses fenêtres aux vitres cassées arborent depuis cet été une avalanche de mots, de phrases ou de formules qui vont de l'envolée poétique au jeu de mots, de la sentence au cri. Il y a des mots qui ne sont là que pour leur sonorité, d'autres pour leur sens, de toutes les couleurs et de toutes les formes. En cherchant bien on trouve même quelques mots écrits dans d'étranges alphabets, un dazibao du maire ou un clin d'œil à Molière...

     

    folie les motsC'est ce qui reste et restera tout au long de l'année aux yeux de tous, habitants et passants, des trois jours que Faux la Montagne a consacrés fin juillet aux mots. La manifestation, intitulée Folie ! les mots, initiée par le comédien et metteur en scène Serge Ternisien (voir IPNS n°8), relayée sans hésitation par quelques habitants, le maire et son adjointe, et finalement portée par une trentaine de bénévoles, a offert aux amoureux des mots de multiples occasions de rencontres et de découvertes. C'était du reste l'enjeu de ce modeste festival dont le succès a tôt fait de le rendre indispensable à ses créateurs et aux personnes qui l'ont découvert. Les feux de la fête n'étaient pas encore éteints que l'on parlait déjà dans les rues du village creusois de la prochaine édition. Une semaine plus tard, tout était fait pour que ce coup d'essai ne soit qu'un début: l'association Folie ! les mots était née et préparait déjà le rendez-vous de juillet 2005.

    Mais quelle est l'alchimie qui a fait si vite prendre cette étonnante mayonnaise littéraire ? La recette ne serait-t-elle pas dans le mélange harmonieux de spectacles de qualité, de rencontres riches et d'une mobilisation villageoise efficace et complice ?

    La compagnie des Arts ménagers de Boulogne sur mer présentait une création : Roman. Deux comédiens du Théâtre du Rivage interprétaient un spectacle écrit par eux : Tu me fais souvenir que j'ai tout oublié. Des lectures spectacles nous entraînaient dans l'univers grinçant d'Emile Guillaumin (!'écrivain paysan du Bourbonnais dont on fête cette année le centenaire de son grand œuvre La vie d'un simple), dans les vers que les poètes surent dédier à l'amour (avec un spectacle intitulé  Les mots font l'amour - derrière l'église, rajoutait, polisson, le programme, en signalant où se déroulait le spectacle !) ou dans les labyrinthes du temps avec une lecture du texte de Robert Pinget Théo ou le temps neuf.

    Il y eut aussi les rencontres avec des auteurs africains en résidence à la maison des auteurs du festival des Francophonies de Limoges : la sénégalaise Fama Diagne Sène, lauréate du grand prix de littérature du Sénégal, et le dramaturge tchadien Dorsouma Vangdar. La voix fut également à l'honneur : le Chœur d'hommes départemental et la Chorale de St Julien le Petit firent déborder l'église et le dernier soir Hélène Feildel animait en chansons une soirée grillades-cabaret... Il y eut également place pour la prestation d'une troupe amateur du coin.

    Les mots étaient donc partout durant ces journées. Sur le marché de producteurs locaux où chacun était invité à venir écrire ou faire écrire ses mots sur des petites tablettes de bois qui s'éparpillèrent bien vite aux quatre coins du village : on vit s'orner des vitrines, des grilles et des fenêtres, des mots aujourd'hui rassemblés sur la vieille maison du centre bourg. Ils étaient encore sous le préau de l'école où une fresque de mots se construisait chaque matin. Encore des mots à l'atelier poésie ouvert aux enfants et aux adolescents avec la Bibliothèque Centrale de Prêt de la Creuse. Toujours des mots avec des apéros-lectures où chacun était invité à venir faire partager les textes qu'il aimait. Des mots il y en avait partout : on pouvait même en fabriquer avec les lettres en vermicelle du potage du soir !

    Mais l'originalité de ce festival est aussi dans le parti pris de mettre le théâtre, la lecture et le texte là où ils ne vont jamais. Les spectacles avaient lieu pour la plupart en plein air, là dans le jardin de Véra, ici dans celui de Monique, ou encore dans celui de l'ancien presbytère. Les habitants ouvraient ainsi de nouveaux espaces aux comédiens et à leurs voisins ! D'autres apportaient des denrées pour nourrir les artistes, d'autres encore s'affairaient à la préparation des repas, une coursière qui avait entendu parler du festival à la radio venait spontanément prendre des programmes qu'elle distribuait partout où elle allait, l'auberge  et le salon de thé ouvraient leurs portes pour des rendez-vous littéraires, quelques techniciens venaient installer lumières et micros, chacun mettant la main à la pâte selon ses moyens et ses compétences. Et à la fin des trois jours, de nouveaux jardins étaient candidats pour accueillir l'an prochain de nouveaux spectacles. Cette mobilisation 100% bénévole - y compris des artistes pour cette première édition - permettait d'offrir des spectacles 100% gratuits. Il y avait de la folie dans ce projet, parce qu'il y avait surtout du plaisir, de la gratuité, du désir et de la liberté. C'est à dire ce qui précisément manque peut-être le plus dans notre société.

    Les mots colorés aujourd'hui rassemblés sur la maison en ruines sont tout un symbole. Ils font renaître et voir autrement la triste façade morte d'hier. Pouvoir des mots, qui en trois belles journées d'été à Faux la Montagne, se sont incarnés en moments de fête, de vérité et de convivialité : Folie des mots et des hommes, des vies et des êtres !

     

    Michel Hulek

    Contact Folie ! les mots - 23340 Faux la Montagne

     

    Les mots

    Juste un mot en passant !
    C'est un mot de passe. Il passe.
    Avec les mots on cerne les maux et le mal.
    On fait mal aux mots.
    Alors, convulsés, ce sont des mots croisés.
    Maudire, c'est mal dire,
    Et sans mot dire, silence.

    Les gros mots font parler gras.
    Il est des mots gentils : tout miel,
    Des mots piquants, comme hérisson.
    On voit le maître mot, c'est le chef.
    Le mot d'ordre, c'est un militaire
    (répétez jugulaire)
    Mot tordu tel torticolis.

    Le mot d'esprit, espèce rare...
    Les mots d'amour, à la saison.
    Les étrangers ont basta.
    Vous prendre au mot, c'est un lasso
    Les mots grossiers, à la poubelle.
    Qui ne dit mot consent.
    Qu'on sent : quel flair !
    Les mots d'auteur, à la hauteur !

    Les mots crus après une cuite.
    C'est Sainte Catherine, tout prend racine.
    Grecque ou latine ?
    C'est votre dernier mot ?
    Le mot de la faim, c'est la famine.
    Le mot de la fin. Enfin.

    LO

     

    Les touristes

    Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
    Les touristes arrivaient et c'était très banal.
    Ils débarquent joyeux dans leurs grosses voitures
    Et sitôt installés font refaire la toiture.
    Leurs gamins et leurs chiens courent dans nos ruelles
    Et nous les poursuivons du balai, de la pelle.
    La pluie va les chasser, ils repartent chez eux
    Raconter aux voisins dans leurs vastes banlieues
    Du côté de Bondy et de Villetaneuse :
    On était chez "les ploucs" tout au fond de la Creuse.

    LO

    Elle a 85 ans, habite dans un village du plateau, et laisse parfois courir sa plume. En nous offrant ces deux petits textes, elle nous donne l'occasion de faire souffler jusque dans nos pages le vent de folie qui s'est emparé des mots, cet été, à Faux-la-Montagne.

  • Forum social Limousin, des limousins en résistance

    La deuxième édition du Forum Social Limousin s'est déroulée le 25 octobre 2003 au Villard de Royère-de-Vassivière pour la seconde année consécutive. 400 personnes, des trois départements, étaient venues participer aux sept ateliers du matin et à la plénière de l'après-midi. Beaucoup de militants déjà croisés ici ou là dans la région à l'occasion d'une manif, d'une soirée débat ou d'un colloque. Mais pas que ! A côté des "vieilles barbes" du militantisme limougeaud (amical clin d'œil aux vétérans du cercle Gramsci !) on découvrait aussi quelques nouveaux visages : ces lycéens par exemple qui, après le mouvement du printemps, ont décidé de se constituer en coordination et de poursuivre ensemble la réflexion et l'action. Ou ces étudiants de la fac de Limoges qui projettent la création d'un "ATTAC Campus".

     

    fslUn melting-pot des résistances

    Le vin de ce forum limousin conjuguait ainsi vénérables cuvées et vin nouveau, dans un mélange qui caractérise également la composition hétéroclite de la manifestation - à l'image de ses homologues européens ou mondiaux, comme j'ai pu le constater il y a deux ans à Porto Alegre ou cette année à St Denis.

    L'opposition unanime à la "mondialisation néo-libérale" ne recouvre pas une nouvelle "pensée unique" de la contestation, mais bien plutôt une diversité de points de vue et d'opinions.

    L'atelier sur les nouveaux rapports dans le travail le montrait bien. S'y côtoyaient militants d'AC (Agir contre le chômage) aux harangues quasiment anarchistes contre le travail, tenants plus sages de l'économie solidaire et expérimentateurs associatifs ou économiques d'autres manières de produire ou d'échanger. Sur le terrain du Villard, qu'un soleil inespéré inondait - deux jours plus tôt la première neige était tombée sur le plateau, et les organisateurs durent en pleine nuit abattre les chapiteaux montés dans la journée pour ne pas les voir s'écraser sous le poids de la neige ! - se croisaient des militants de la Confédération Paysanne et de nombreux acteurs associatifs locaux, les jeunes socialistes et la LCR, des syndicalistes d'EDF et des anti-nucléaires, et même quelques candidats aux prochaines Régionales. Jean Paul Denanot, tête de liste du PS et maire de Feytiat, est ainsi passé faire un petit tour, le temps de se montrer et d'écouter les compte-rendu des ateliers. Mais il s'était déjà envolé lorsque Philippe Babaudou de la Confédération Paysanne l'interpellait sur le méga projet d'hypermarché en projet sur sa commune... Les plus sévères y virent une concession démagogique à la société civile de la part du candidat, les plus optimistes se réjouirent que le FSL soit ainsi devenu un lieu incontournable1.

    Cette diversité est bien sûr la grande richesse de ce lieu de rencontre et de débat. Mais, pour qu'il y ait vraiment rencontre et débat, une journée c'est un peu court. Dans certains ateliers, une fois les présentations faites et les interventions programmées écoutées, il ne restait bien souvent que peu de temps pour le débat et certains le regrettèrent. L'idée a donc été lancée de poursuivre les ateliers tout au long de l'année de façon à faire du forum social Limousin une véritable "université populaire" permanente.

     

    Clivages et questions

    Contrairement à l'image un peu réductrice que proposent souvent les médias, les forums sociaux, à l'image de la société, sont traversés de clivages et de questions. Qu'ils puissent être capables de les affronter est le grand défi auxquels ils sont confrontés.

    fsl2Il en est ainsi de la question qui oppose, pour faire vite, les écologistes et les tenants des forces traditionnelles de la gauche, autour de la question de la croissance. Le mot, tout neuf, mais conquérant dans ce genre d'assemblée, de "décroissance" est sorti plusieurs fois aux cours des débats. On ne coupera pas à repenser nos modes de vie et de consommation si on ne veut pas aller à la catastrophe disait en substance Freddy Le Saux de l'ALDER (Association Limousine pour le développement des énergies renouvelables), appelant nos sociétés occidentales à la décroissance. On lui rétorquait sur l'air de : "On n'est pas si privilégiés que ça, et un peu de (bonne) croissance ne ferait quand même pas de mal"... Ce qu'un intervenant africain relativisait grandement lorsqu'il condamnait les subventions agricoles dont bénéficient nos agriculteurs et dont les producteurs de son continent sont les premières victimes. D'où la réaction immédiate d'un agriculteur qui demandait qu'on n'amalgame pas sous la même cri tique toutes les aides, dont certaines sont indispensables au maintien d'une activité agricole dans une région comme la nôtre. On le voit, de vraies questions ont été abordées qui méritent d'être reprises pour que chacun puisse affiner sa vision des choses.

    Autre débat : comment toucher plus de monde et dynamiser davantage une prise de conscience citoyenne ? "Nous sommes entre convaincus" regrettait une jeune femme. "Convaincus de quoi ?" nuançait aussitôt une autre personne qui rappelait que tous les participants ne partageaient pas forcément les mêmes points de vue. N'empêche que la question de l'élargissement du mouvement en turlupine plus d'un. Un intervenant insistait : "On ne peut couper à la question des actions que nous devons développer si nous ne voulons pas que nos forums s'essoufflent au bout de quelques années".

    Et d'appeler à prendre la parole en tous lieux et en tous temps, par exemple au sein d'une presse régionale bien silencieuse pour montrer la richesse des actions concrètes qui existent en Limousin. Problème de visibilité ? Problème de communication ? Ou, plus profondément, problème d'une société en grande majorité passive et docile ? Là encore les acteurs du FSL ont un sujet de réflexion fondamental.

     

    Un lieu unique

    Reste cependant, à l'issue de cette journée bien pleine, la réconfortante impression qu'un énorme potentiel existe. Alors que, globalement, les choses ne vont pas forcément de mieux en mieux, du forum du 25 octobre ressortait un optimisme mesuré, mâtiné d'une forte volonté de résistance. Dans son genre, le FSL est un lieu unique où peuvent être débattus avec une large palette de militants, des sujets d'une très grande variété puisqu'ils recouvrent la quasi totalité du spectre social. Loin de baisser les bras et de céder aux sirènes de la démobilisation, le FSL s'engageait davantage dans un combat qu'il sait ne pas mener seul : à l'heure où les débats allaient céder la place au méchoui et à la musique, circulaient les informations pour organiser le départ en bloc des limousins qui iraient participer au prochain forum européen. Quant à celui de Bombay (4ème forum mondial), on devrait y voir partir quatre régionaux.

     

    Michel Lulek

    1 Incontournable, n'exagérons rien : les élus du plateau qui, pour une fois, n'étaient pas obligés d'aller jusqu'à Limoges, brillaient par leur absence.
  • Info Limousin, il n’y a pas que des pommes en Limousin

    logo info limousin titre asso 2019L’association info limousin est basée en Haute-Vienne (Eymoutiers), elle diffuse des informations venant des 3 départements de la région.

    L’association se présente comme un service d’intérêt général, sans but lucratif, dans une volonté de mutualiser les initiatives locales pour favoriser une meilleure communication avec l’outil internet.

    L’association travaille dans la connaissance du territoire en relayant toute information événementielle publique sur internet, et la reconnaissance des acteurs en permettant une diffusion sur les supports de communication des collectivités.

    L’association intervient dans tous les secteurs d’activité : tourisme, social, culture, éducation, sport, environnement, communication,…

     

    2 objectifs :

    • tout acteur contrôle sa diffusion sur internet,
    • les informations existantes sur la région circulent et s’affichent là où on les attend.

     

    En une année, l’activité de l’association est telle que le bénévolat a atteint ses limites. Nous arrivons à une situation qu’un grand nombre d’associations connaissent : soit continuer comme cela et mourir après l’usure des bonnes volontés, ou générer une activité économique, créer de l’emploi et pérenniser l’outil.

     

    Nous envisageons 4 types de rentrées financières :

     

    Adhésion

    • une adhésion de soutien : 15€ par an
    • une adhésion active : 25€ par an, remise d’un accès individuel à la base de données pour saisir soi-même ses infos (saisie, modification, suppression).
    • une adhésion interactive : 50€ par an, remise d’un accès individuel à la base de données pour saisir ses infos, ainsi qu’un code permettant à ces infos de s’afficher sur le site internet de l’adhérent.

     

    Gestion de la page agenda sur un site internet d’une collectivité

    Pour voir un exemple, consultez le site d’une commune pilote : https://www.mairie-eymoutiers.fr/infos-pratiques/agenda/, toute info concernant Eymoutiers dans l’agenda https://agenda-dynamique.com, s’affiche automatiquement sur l’agenda de ce site (la collectivité nous met en relation avec les acteurs locaux).

    • sur une commune <5000h : 15€ par mois, soit 180€ par an
    • sur une commune >5000h à <10 000h : 25€ par mois, soit 300€ par an
    • sur une commune >10 000h à <20 000h : 35€ par mois soit 420€ par an
    • sur une commune >20 000h : 45€ par mois soit 540€ par an

     

    Hébergement

    20€ pour 1 an (+ adhésion) sans abus d’espace disque, l’hébergement se fait selon certains critères en adéquation avec l’éthique de l’association.

     

    Régie publicitaire

    Création et affichage de bannières dites ‘publicitaires’ (commerce) sur l’agenda (https://agenda-dynamique.com) : 0,01€ l’affichage. Affichage aléatoire avec d’autres bannières. le nombre d’affichage varie selon la durée / la fréquentation de l’agenda / le nombre de bannières présentes.

     

    association info limousin

     

    Statistiques de l’agenda (visiteurs uniques cumulés / visites significatives /pages vues)

    septembre 2006 : 2 106 • 1 004 • 6 248
    août 2006 : 2 168 • 1 147 • 8 104
    juillet 2006 : 2 121 • 1 115 • 7 898
    juin 2006 : 1 634 • 764 • 4 966
    mai 2006 : 1 626 • 815 • 4 780
    avril 2006 : 1 646 • 780 • 4 530
    mars 2006 : 1 836 • 850 • 5 110
    février 2006 : 1 140 • 523 • 3 241
    janvier 2006 : 1 099 • 564 • 3 662
    décembre 2005 : 1 647 • 721 • 4 327
    novembre 2005 : 1 748 • 766 • 4 923
    octobre 2005 : 1 425 • 652 • 4 115
    septembre 2005 : 1 118 • 510 • 3 714
    août 2005 : 1 607 • 705 • 5 682
    juillet 2005 : 889 • 432 • 3 617

    Informations entrées dans la base depuis le 1er juillet 2005 : 9 663 pour 53 026 dates, communes et hameaux présents dans la base : 756

    Vous trouvez notre projet pertinent ? Adhérez à l’association info limousin !

     

    email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 
    site agenda agenda : https://agenda-dynamique.com
    site de l’association : https://www.asso.info-limousin.com
    page adhésion : https://www.asso.info-limousin.com/association/adhesion
    application android : https://play.google.com/store/apps/details?id=com.agenda_info


    Association info limousin - 15, bld Victor Hugo - 87120 Eymoutiers - 09 77 84 02 55
  • L'énergie, une affaire citoyenne

    epargneDes projets d'énergie renouvelable collectifs pour et par les habitants sur le territoire

    Aujourd'hui, les installations d'énergies renouvelables (barrages hydrauliques, parcs éoliens, installations photovoltaïques) sont majoritairement exploitées par des structures extérieures au territoire, avec peu de retombées locales et peu de place aux habitants et collectivités pour décider de la gestion de la ressource, de l'utilisation des bénéfices (notamment économiques) et de l'anticipation des risques. Nous devons veiller à valoriser nous-mêmes nos ressources naturelles par l'engagement et les intérêts du plus grand nombre de “gens du pays“. C'est pourquoi s'est créée le 3 septembre 2018 l'association Courant citoyen. Explications.

     

    Faillites, rêves et chasses à la prime

    Le Too big to fail (trop gros pour faire faillite) a vécu. La folie des grandes unités de production par “intégration horizontale“ (rachat de concurrents) ou “intégration verticale“ (rachat d'intermédiaires entre producteurs et clients) s'est déjà fissurée (faillite de Pechiney) et la puissance chinoise montante nous obligera à nous remettre en question car nous ne serons plus de taille à les concurrencer. La nécessité d'opérer une transition écologique, énergétique ne fait aucun doute. Les directives européennes de mise en concurrence des producteurs (production d'énergies, transports, télécommunications, banques…) ont obligé EDF à accepter des concurrents. EDF est à ce titre mis en concurrence avec d'autres structures pour reprendre la gestion des barrages hydrauliques qui lui avait été concédée après 1945. 

    Les autres pays européens sont en avance sur nous du fait de nos investissements massifs dans des “rêves de domination par l'excellence“ : Concorde jamais rentable, TGV financé au détriment des lignes inter-régionales, énergie nucléaire financée au détriment des énergies renouvelables… En Belgique, sur 7 réacteurs construits par l’ingénierie française, un seul est en état de fonctionnement, en Grande Bretagne l'EPR a plus de cinq ans de retard et à coût budgétaire pulvérisé. Nos choix stratégiques nationaux seront-ils un jour à hauteur du réalisable et pour les intérêts de tous, donc décentralisés en région ?

     

    L'association Courant citoyen est à la recherche de toitures ! L'objectif est d'avoir 5 installations photovoltaïques en production d'ici 2020

     

    À cela il faut ajouter les prospections territoriales massives des investisseurs institutionnels pour développer les énergies renouvelables. Des filiales d'EDF investissent clefs en main sur des toitures privées. Combien de propriétaires ont dû supporter des charges sans avoir reçu leur juste proportion de revenu ? Ainsi ont fleuri des champs d'éoliennes en Beauce et en Brie, une centrale solaire de quelques hectares en Catalogne française, des méthaniseurs comme celui qui est attaché à la ferme des mille vaches en Normandie. Ce dernier exemple révèle un symptôme, celui du chasseur de primes, directes ou indirectes, à la production d'énergie qui relègue l'élevage des laitières au niveau de sous-production.  

     

    Courant citoyen

    Devant ce constat, il apparaît évident qu'il faut valoriser nous-mêmes nos ressources naturelles territoriales. Cette prise de conscience coïncidant avec la nouvelle stratégie économique des territoires déshérités, celle des circuits courts, l'association Énergies pour demain et le Parc naturel régional Millevaches en Limousin ont fédéré autour d'eux en juin 2018 un groupe de citoyens, qui a créé une nouvelle association “Courant Citoyen“ le 3 septembre 2018, destinée à étudier la faisabilité de production d'énergie citoyenne, puis une SAS, société par actions simplifiées, permettant aux habitants et collectivités d'investir ensemble et directement dans des installations de production d'énergie renouvelable. Plusieurs exemples régionaux nous servent de guide (voir références en fin d'article). 

    Nous avons déjà opté pour les orientations suivantes : 

    • Structure juridique de “SAS“ pour nous donner la souplesse dans la rédaction des statuts que nous souhaitons coopératifs,
    • La valeur nominale de l'action sera fixée pour permettre un actionnariat ouvert à des personnes motivées par le développement de notre territoire, même si elles n'y résident pas,
    • La gestion serait collective, tant pour les décisions d'investissements que pour celles de répartition des résultats. Le mode de gouvernance serait un actionnaire = une voix. Les décisions seraient prises au consensus ou à défaut à la majorité qualifiée des 2/3 des présents et représentés,
    • Affirmer la volonté d'avoir des installations lucratives mais non-spéculatives, dégageant des bénéfices qui seront destinés à soutenir de nouveaux investissements ou des projets pour le territoire. 

    D'autres sujets restent à approfondir : le modèle économique, les moyens et sens de notre communication... Nous accueillons dès maintenant tous les volontaires intéressés par le projet.

     

    Installations photovoltaïques d'abord

    À terme, nous ouvrirons les investissements citoyens à tous les types de production d'énergies renouvelables pertinents sur notre territoire. Nous sommes conscients que les investissements en énergies renouvelables seront obligatoirement diversifiés en fonction des potentiels dominants. Le principe de bon sens sera de faire des investissements proportionnels à l'exploitation des potentiels énergétiques, dans la durée et non pour l'épuisement des ressources en huit ou dix ans comme le propose CIVB avec l'énergie biosourcée forestière.

    Pour les premiers projets nous privilégions les installations photovoltaïques de 9 à 100 Kva (kilo volt ampère), correspondant à une surface de 60 à 650 m², sur des toitures publiques ou privées. Ce choix est fonction des conditions de réalisation des projets, rapidité des procédures administratives, technicités plus éprouvées et montant moindre d'investissement significatif  pour le photo-voltaïque que pour les autres sources d'énergies. Il faut savoir que compte tenu de l'engouement pour le photovoltaïque (environ 20 000 installations tendraient vers 150 000 par an après 2020), EDF considère déjà que les installations inférieures à 36 Kva sont assimilables à des productions pour l'autoconsommation locale. Il est même probable que le tarif de rachat de l'électricité à ces petites et moyennes unités soit libéralisé d'ici 2025. Cela signifie que tous les contrats signés avant garantiront un tarif jusqu'à l'échéance. De ce fait, nous avons décidé que les premiers investissements ne seront que pour une vente totale de la production. Nous sommes donc à la recherche de toitures ! L'objectif est d'avoir 5 installations en production d'ici 2020.

     

    Dominique Fabre et Maïlys Habert

    Courant citoyen est accompagnée par l'association CIRENA : Citoyens en réseau  pour des Énergies Renouvelables en Nouvelle Aquitaine, celle-ci accompagne les collectifs citoyens dans toutes les études préalables juridiques, techniques et économiques et la mobilisation citoyenne.
    Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.  – Côte de Vinzan, 19 290 Peyrelevade.

     

    Pourquoi développer un tel projet ?

    - Pour produire et consommer notre “propre“ énergie localement,
    - Pour partager collectivement les bénéfices d’une ressource commune, appartenant à tous,
    - Pour maîtriser localement et de façon démocratique les décisions en faveur de l’intérêt collectif local,
    - Pour mobiliser l’épargne au profit d’un développement local, responsable et durable,
    - Pour que chacun puisse s’impliquer dans la transition énergétique, en proportion de ses moyens,
    - Pour choisir nos investissements en relation à notre environnement et cadre de vie que nous voulons accueillant et durable,
    - Pour actionner le double levier d'économie de CO2 et de participation au refroidissement de l'atmosphère par le photovoltaïque, captation de l'énergie solaire sans création de combustion.

     

    Quelques exemples de porteurs de projets d'énergie citoyenne

    Éolienne de Rilhac Lastour : http://eol87.fr
    Combrailles durables : http://combraillesdurables.org
    SAS Citoyenne solaire : http://lacitoyennesolaire.wixsite.com
    SAS  I-ENER (Pays Basque) : http://i-ener.eus
    SAS Soleil d'Ayen : https://energie-partagee.org/projets/soleil-d-ayen/ 
  • L’épicerie d’Art - Collectif d’Artisans et de créateurs du Plateau de Millevaches

    Vous aurez peut-être remarqué une nouvelle boutique à Eymoutiers, au contenu hétéroclite allant du bol en céramique à la table de bois brut en passant par les bijoux, paniers, chapeaux, lampes, tableaux, et autres productions originales. Et si vous y êtes entrés vous avez probablement remarqué une autre étrangeté : l’endroit est chaque jour tenu par une personne différente... Et pour cause ! Il s’agit d’un espace associatif, animé et géré par un groupe d’une trentaine de créateurs locaux, dynamiques et motivés.

     

    epicerie d art eymoutiersL’épicerie d’Art, une association

    A l’origine de ce projet, une dizaine de personnes réunies à l’initiative du Réseau d’Acteurs de la Montagne Limousine autour de la question de la commercialisation des productions artisanales, rapidement élargie à celle plus globale “être artisan ou artiste et vivre de son activité sur le Plateau de Millevaches”.

    Un choix de vie assumé, mais pas toujours facile. En milieu rural, le constat est clair : la plupart des artisans travaillent seuls, à leur domicile, et vendent une partie de leur production chez eux. Et bien qu’ils se déplacent énormément pour assurer la vente en dehors certains d’entre eux souffrent de l’isolement et de la méconnaissance de leur activité par les habitants et les autres créateurs.

    Localement, il n’existe pas de lieu permanent destiné à la vente de ce type de productions, et le temps passé en déplacements, sur les marchés ou bien à assumer les tâches administratives se fait toujours au détriment de celui passé à la création.

    De plus, tous constatent qu’il est difficile d’évaluer et valoriser son travail, fixer les prix, communiquer, vendre...

    Créée en février 2007, l’association L’épicerie d’Art s’est donnée pour objectifs ;

    • de mettre en place un Collectif d’Artisans Créateurs sur le territoire du Plateau de Millevaches et ses alentours.
    • permettre la pérennisation et la création d’activités artisanales artistiques ou créatives
    • développer des activités favorisant la commercialisation, la mutualisation de moyens, et la valorisation des savoir-faire et des spécificités des artisans.

    Nous ne souhaitons pas limiter les mots “artistes” et “artisans” aux seuls statuts administratifs qu’ils désignent. La frontière entre les deux activités étant la plupart du temps arbitraire. Par l’expression “artisans créateurs” nous entendons tous ceux qui fabriquent des objets avec leurs mains, qui pratiquent un savoir-faire neuf ou ancestral et qui valorisent celui-ci par leur créativité personnelle.

     

    Une boutique

    Ouverte depuis le 14 Avril 2007 au 7 avenue de la Paix à Eymoutiers, l’Epicerie d’Art est un lieu polyvalent, destiné aux créateurs du Plateau de Millevaches et de ses alentours, un espace convivial de rencontre, permettant l’entraide, la mutualisation d’informations, de déplacements, de matériels.

    Au rez-de-chaussée, un espace boutique, fonctionnant sur le principe du dépôt-vente et dont les objectifs sont de permettre aux créateurs d’accéder à un lieu de vente pratiquant des marges raisonnables, mais avant tout de faire connaître à la population la variété et la qualité des savoir-faire et des productions existants sur le territoire.

    Au 1er étage, l’extension de la boutique avec un espace destiné plus spécialement à l’exposition, le bureau de l’association, ainsi que les prémices d’un centre de ressources portant sur les différents statuts juridiques, les prix et aides aux projets artistiques ou artisanaux, les dates de foires et marchés, les points de vente potentiels.

    Aux 2ème et 3ème étages, des ateliers actuellement occupés par Florian, sérigraphiste et Cécile qui fait des bijoux en bois.

    Le fonctionnement est participatif et collégial. Tous les créateurs sont adhérents (à ce jour 34), participent aux décisions et au fonctionnement, assument les permanences (minimum demandé : une journée tous les deux mois), l’aménagement de l’espace, la comptabilité. Mais comme malgré tout le projet reste de soulager les créateurs d’une partie du temps passé à autre chose que la production, il est envisagé d’embaucher quelqu’un avant l’été.

     

    Et plein de projets !

    Cette boutique n’est que la partie visible de l’ensemble des projets portés par l’association du même nom. Il est important de préciser que nous ne souhaitons pas centraliser l’activité de l’association à Eymoutiers. Nous cherchons à mutualiser certains aspects SANS centraliser les activités propres à chacun. Il nous paraît important de conserver cet aspect disséminé sur un territoire, qui en fait sa richesse et sa particularité, tout en cherchant à en contourner les difficultés.

    Nous souhaitons développer, étoffer et mettre en ligne le centre de ressources, proposer un soutien administratif en particulier en proposant la mise en place de formations comptabilité, informatique ou autre selon les besoins, ainsi qu’aider les créateurs dans leurs actions de communications individuelles ou collectives (réalisations de plaquettes, mise à disposition de matériel, site Internet...).

    Le projet comporte également un important volet d’animation et de sensibilisation qui reste entièrement à mettre en place : stages d’initiations, animations scolaires, marché artisanal, circuit “route des métiers” pour inciter à aller à la rencontre des artisans dans leurs ateliers et éduquer à une certaine forme de consommation privilégiant proximité et créativité plutôt que productivité et exploitation de la main d’oeuvre.

    Nous souhaitons également aider les créateurs qui en ont besoin à trouver un atelier en les mettant en contact avec d’autres artisans de leur secteur, ou en prospectant au nom de l’association.

    Concernant toujours la question épineuse de la commercialisation, la boutique n’apporte qu’une part de réponse au niveau local. Nous voulons y ajouter des partenariats avec des associations et boutiques existantes en Limousin et ailleurs en France, la participation collective à des foires spécialisées (et souvent hors de prix), la vente par Internet.

    Vaste programme, n’est-ce pas ? On prendra le temps qu’il faudra. Mais d’ici là n’hésitez pas à passer faire un tour à la boutique si vous avez un cadeau à faire ou si vous avez envie d’un bel objet. Venez découvrir la variété d’objets utilitaires ou décoratifs qui sont fabriqués près de chez vous. Ou tout simplement, venez rencontrer les créateurs, artisans et artistes engagés dans ce projet collectif.

     

    Marion Michau
  • La Broussaille, lieu de création et de répit, une histoire de rencontres

    la broussaille romane edingerDans son numéro 79, IPNS vous présentait le projet de La Broussaille1, un lieu de vie créé à Saint-Martin-Château autour de Léa Kalaora et Mitia Claisse pour accueillir des artistes en résidence et des personnes porteuses d’un handicap ou en difficulté psychique. L'association vient de fêter ses trois ans d'existence. Le temps d'un premier bilan que dressent l'ancien et la nouvelle présidente de l'association.

     

    Là où l’humain intervient peu, ce sont des broussailles qui poussent, ronces et arbustes des sous-bois et des lisières. Vivaces, ardues, enchevêtrées, les broussailles sont pleines d’inconnu, de vies imprévisibles. Dans les broussailles, des pousses singulières s’appuient l’une sur l’autre, se mélangent et croissent. Les racines et les directions sont multiples...

     

    Rencontre et dialogue

    Fondée en 2021 à Lagathe dans la commune de Saint-Martin-Château en Creuse, l’association La Broussaille propose des résidences d’artistes, des ateliers et des séjours d’immersion et de répit durant lesquels les résident·es se côtoient et interagissent, selon des modalités et des temporalités diverses. Les gestes artistiques de chacun·e, notamment des personnes en situation de fragilité, de difficulté psychique ou de handicap mental, y sont favorisés et accompagnés. Notre démarche est pluridisciplinaire, elle investit aussi bien le spectacle vivant (cirque, théâtre, chorale, musique, danse), les arts plastiques (peinture, modelage, sculpture, dessin) que les savoir-faire locaux (céramique, travail du bois, paysagisme). À La Broussaille se rencontrent et dialoguent différents acteurs du territoire, différentes pratiques, différents regards sur le monde, selon les principes de la psychothérapie institutionnelle dont l’association s’inspire. La thématique de la rencontre a nourri nos trois premières années d’existence et enrichi un ensemble de pratiques en mettant au coeur du projet l’ouverture sur les autres, la reconnaissance des singularités et la transformation mutuelle. La Broussaille ne propose pas de prestations que l’on recevrait passivement, c’est un lieu où chacun·e s’engage dans la réciprocité des échanges. Enrichi également un travail de recherche qui essaye de comprendre ce que ce lieu en émergence produit et ce contre quoi il bute, comment naît un geste artistique, comment favoriser une « ambiance » de rencontres, de liberté dans la création, de considération partagée.

     

    Des gestes « en humanité »

    Au cours de ce premier cycle de trois ans nous avons accueilli plus de 100 artistes pour des résidences ou des ateliers. Nous avons la conviction qu’autant les personnes en souffrance psychique et en situation de handicap que les artistes ont la faculté de régénérer notre perception du monde, de tisser de nouveaux liens entre la nature, la matière, le corps et la pensée. Aussi, à La Broussaille accueillons-nous celles et ceux qui désirent explorer, chercher en toute liberté comment dire, comment se dire, comment vivre, comment créer, avec qui, pour qui, pour quoi, celles et ceux qui ressentent ou ont ressenti les épines de la vie, les observent, tentent parfois de les oublier, parfois de les enlever et souvent de faire avec.

     

    La Broussaille

    La Broussaille a été créée pour animer ce lieu singulier, réunissant artistes et personnes en situation de fragilité psychique ou de handicap mental. Les membres du conseil d’administration de l’association ont choisi le thème de la rencontre pour fil directeur à leurs premiers pas et pour analyser ces trois premières années d’existence. Occupés à mettre en œuvre le projet, ils devaient définir les premiers contours de son identité, impulser l’élan nécessaire pour rencontrer des partenaires, des institutions, un public : en s’enracinant dans son territoire, l’association devenait un acteur parmi d’autres qu’elle allait rencontrer.
    Rencontrer invite à sortir de soi, dans la réciprocité d’échanges marqués par l’imprévisibilité et le risque sans lesquels il n’y a pas de rencontre. Accueillir demande de se confronter à l’altérité avec respect et attention. Cette attitude s’est révélée d’autant plus exigeante que La Broussaille, en tant que personne collective, était elle-même – en son sein – à l’écoute de la diversité de ses membres fondateurs. Fallait-il faire coïncider leurs envies ? La rencontre présupposait au contraire qu’il faudrait examiner les différences, s’enrichir mutuellement de ce que qu’elles avaient à s’apporter pour construire une solide cohérence. Pendant trois ans, nous avons expérimenté des gestes « en humanité ».

     

    Rouvrir des possibles

    Ce fut, lors d’une exposition, la fierté silencieuse d’un artiste montrant son travail ; au sortir d’un atelier, la dignité radieuse de jeunes trop souvent stigmatisés au fer du handicap ; au coin d’un feu de veillée, la complicité d’un artiste et d’un taiseux ; sur scène, le lien entre une femme et son public partageant les creux et les bosses de sa souffrance ; le rire d’une goguette… Mais parfois aussi des rencontres décevantes ou difficiles, nous rappelant que « le réel, c’est quand on se cogne » selon le mot de Jacques Lacan.
    La Broussaille ne veut promouvoir ni consensus ni conflit. Les rencontres qu’elle a vécues se sont révélées des occasions rares de créer du « dissensus fécond » (mot cher au philosophe Patrick Viveret) ou de « rouvrir des possibles », selon le concept de la « décoïncidence » que François Jullien, philosophe lui aussi, est venu partager avec les adhérents de l’association. Autant d’espaces, d’interstices, de moments suspendus, autant de rencontres qui ont interrogé, dérangé, troublé, bouleversé, remis en cause chacun des membres de l’association, personnellement et collectivement. Mais aussi ses partenaires associatifs, les tutelles institutionnelles, le territoire où s’est enraciné le projet, la société dans sa globalité. Il est question de justesse, de bien-fondé, de rectitude et de finesse dans la lucidité et dans un climat où l’accueil et la bienveillance s’imposent comme principes intangibles.
    La rencontre, projet entre les personnes ou les groupes, projet de société, crée chaque fois de la vie sous forme de « trucs » poétiques ou politiques, gratifiants ou dérangeants, fugaces ou inoubliables. Elle ravive le meilleur en soi et le bien-être ensemble, fait naître ou renouvelle la citoyenneté dans le corps social et notre capacité à contribuer à la vie collective. Tel est l’enjeu essentiel de l’association La Broussaille aux prises avec un réel souvent brutal et injuste, qu’elle participe – avec humilité et détermination – à changer.

     

    François Hannoyer, ancien président, et Isabelle Frandon, présidente
    1- IPNS n° 79 : https://urls.fr/8beZZ4

     

    À La Broussaille, nous travaillons avec les habitants, les collectifs, les associations et les institutions dans une dynamique de proximité territoriale. Des événements ouverts à tous sont régulièrement organisés. Cette programmation centrée sur l’art, la souffrance psychique et le handicap favorise les rencontres et sensibilise à ces questions dans un esprit de partage.
    Pour les séjours, sont mis à disposition un gîte d’une capacité d’accueil d’une quinzaine de personnes et une salle, l’Erba d’agram, qui peut servir d’espace de travail, d’ateliers et de représentations.

    Les ateliers
    Des ateliers ponctuels ou des cycles d’ateliers sont conçus par La Broussaille et les artistes en résidence. Ils sont soit ouverts à tous soit conçus pour et avec une institution partenaire.

    Les résidences d’artistes
    Un artiste vient à La Broussaille : pour travailler un sujet, une œuvre, un projet, une question qui concerne la souffrance, le trouble, le handicap ; parce qu’il se sent concerné par le projet de La Broussaille et souhaite s’y impliquer ; parce qu’il est lui-même en souffrance ou en situation de handicap et a besoin d’un lieu qui prenne en compte ses fragilités. Les artistes accueillis sont des acteurs du projet : ils participent à la vie du lieu et peuvent organiser, avec l’association, des ateliers et une sortie de résidence. De son côté, l’association propose des temps d’accompagnement artistique et de travail par des bénévoles de l’association. Les séjours collectifs en partenariat avec des structures médico-sociales ou sanitaires sont construits en collaboration avec les institutions. Les séjours s’articulent autour d’activités artistiques et des besoins de repos de chacun·e. Ils permettent d’entrer dans un processus de transformation créatrice, de vivre une expérience collective, de changer son regard sur soi, de mobiliser ses compétences psychosociales. Ces séjours permettent également aux accompagnants·es d’observer et d’agir avec les personnes accompagnées dans un contexte autre qu’institutionnel.

    Les séjours de répit
    La Broussaille propose des séjours de rupture, de répit et de repos dans un lieu qui offre des possibilités de création artistique. Elle s’assure qu’ils soient adaptés aux besoins et aux envies de chacun, ainsi qu’aux familles touchées par le handicap d’un proche, désireuses de prendre du répit dans leur quotidien d’aidant.

    L’équipe
    Elle est constituée d’une douzaine de personnes, aux goûts, aux compétences et aux regards variés. Cette pluridisciplinarité et ces différences de points de vue apportent une grande richesse à l’association.

    Léa Kalaora, directrice coordinatrice
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  • La félis felletinoise

    etiquette biere felis felletinAu cœur de l'été les felletinois ont eu la surprise de découvrir sur leur marché réputé du vendredi un nouvel étal où leur est offerte une bière savoureuse aux couleurs de leur ville : la félis. Alessio Batazza, romain d'origine et sa compagne Rebecca Julien, native de Creuse, viennent tout juste de créer à Felletin la Brasserie de la Creuse. Tous deux ont vécu plusieurs années à Edimbourg en Ecosse où Alessio a fait ses études supérieures et exercé une profession d'informaticien dans la toile des multimédias. Ils y ont aussi apprécié le goût et la passion de la fabrication de la bière artisanale. Plutôt que de se propulser dans les hautes sphères de la société virtuelle, Alessio a persuadé sa compagne de revenir s'enraciner en Creuse pour créer une brasserie artisanale.

    Ils connaissaient les charmes de la Creuse et la vertu de ses mille sources d'eau pure sans aucun traitement comme il en existe à Felletin. Sans trop de conviction sur leur projet, la municipalité leur a cependant offert l'opportunité d'installer leur brasserie dans un bâtiment désaffecté des ateliers municipaux.

    Tout en suivant les stages d'installation à la création d'entreprise, avec une aide familiale qualifiée, Alessio et Rebecca ont tôt fait de restaurer la masure en ruine. En même temps qu'ils transformaient du matériel de laiterie d'occasion pour en faire un coquet atelier de maître brasseur. Un travail rude et exigeant pour respecter les normes draconiennes de toute production alimentaire. Un travail pressant pour arriver le plus vite possible à brasser les 400 litres de bière qu'ils ont projeté de produire chaque semaine pour assurer la rentabilité de leur entreprise.

    brasserie felis felletinAujourd'hui avec les croisillons de ses colombages la Brasserie de la Creuse a fière allure à l'entrée des ateliers municipaux, près de la gare. Cette nouvelle implantation met en valeur un pôle artisanal et culturel encore ignoré de beaucoup de felletinois. Trois entreprises aux fonctions pourtant très hétérogènes se sont installées presque simultanément sur ce site. Avec l'échange d'outils, de matériel et de coups de mains il s'est très vite instauré entre elles un faisceau d'entraide mutuelle. La jeunesse, la qualité et l'ambition de ces nouveaux entrepreneurs sont de bon augure pour la notoriété de ce quartier.

     

    Pour personnaliser leur production de qualité nos jeunes brasseurs ont choisi une partie du toponyme de Felletin pour caractériser leur bière du nom mythique de Felis. Les mémorialistes qui s'interrogent sur l'origine toponymique de Felletin sont toujours surpris. Pas moins de 15 toponymes ont été recensés. Aussi rien d'étonnant à ce que se soient multipliées ses significations étymologiques. Sur la belle étiquette de leurs 75 cl nos entrepreneurs ont fait le choix d'une de ces légendes où Felletin tire son nom d'une double origine mythique. La félis (déesse de la fougère) dans le panthéon des divinités celtiques ou romaines rejoint le cortège des nombreuses déesses de la végétation qui dans les civilisations agraires participent au culte de Vénus, la divinité de la fécondité. Quant à la rivière non moins mythique du Tin, nul ne repère aujourd'hui le sillon de sa trace dans la topographie felletinoise. Prenait-elle sa source au village de Thym situé en aval du confluent de la Rozeille et de la Creuse ? La cartographie de l'IGN le situe sur la rive gauche de la Creuse alors que sur la carte de Cassini du XVIIIème ce village se trouve sur la rive droite. Qu'importe ! Les mythes ne sont-ils pas des symboles de la mémoire collective d'une société ? Au-delà de la légende la felis ne pourrait-elle pas tenir lieu de symbole identitaire pour la sociabilité felletinoise et de passerelle entre les générations ?

     

    En effet, au fil des marchés de l'été Alessio et Rebecca ont établi des relations de fidélité avec leur clientèle. Les vieux felletinois se sont très vite appropriés la félis et sa présentation. Car ils y ont retrouvé les saveurs d'une bière qui se brassait jadis à Felletin. D'ailleurs pour le confirmer, les chercheurs qui travaillent sur l'inventaire patrimonial de Felletin ont retrouvé la trace de la dernière brasserie Felletinoise. En 1930 dans les locaux du moulin du Liaport, Monsieur Combas installait une brasserie artisanale attenante à un dépôt de carburants. Il a cessé sa production de bière en 1970.

    houblonDepuis la nuit des temps, la bière se fabriquait à l'échelle locale, en Creuse comme ailleurs. N'est-elle pas reconnue aujourd'hui comme la boisson alcoolisée la plus vieille du monde ? On retrouve le maltage de la céréale, sa germination et son brassage en eau pure dans toutes les civilisations de la Mésopotamie à l'Egypte en passant par l'Espagne pour arriver en Gaule où les celtes l'appelleront la cervoise.

    En souhaitant longue prospérité à la félis de la brasserie de la Creuse pourquoi ne pas préfigurer dans un proche avenir une fête de la bière et de la production artisanale dans cette vieille cité où l'artisanat d'art et de production ne cesse de lui assurer une singulière renommée.

    La Félis est en vente le vendredi sur le marché de Felletin et le samedi au marché d’Aubusson. On peut aussi l’acheter à la Brasserie de la Creuse, rue des Ateliers à Felletin.

     

    Alain Carof
  • La révolution au village

    vandoncourtPoursuivant la réflexion sur la démocratie participative entamée dans notre dernier numéro, nous vous présentons aujourd'hui l'expérience exemplaire d'un petit village du Jura : Vandoncourt.

     

    Il était une fois un petit village bâti sur le flanc de la montagne jurassienne, entre quatre cent et six cent mètres d’altitude, à douze kilomètres  de Sochaux.  Un  village de quelques six cent âmes,  d’où les hommes partent pour travailler. 

    Comme des milliers d’autres villages de France, Vandoncourt somnole. L’imagination, c’est le moins qu’on puisse dire, n’est pas au pouvoir. Il y a un Conseil Municipal, comme dans toutes les communes de France. Les électeurs en entendent parler régulièrement, tous les six ans lorsqu'ils l’élisent. Il défend, paraît-il, les intérêts communaux. C’est ce que les candidats proclament dans leur profession de foi, la seule information qu’ils adressent à leurs concitoyens... Tous les six ans. Le maire gère en père de famille et tranche en autocrate. Si conflit il y a, c’est lui qui décide ; le Conseil entérine tous les trimestres. Il sait déterminer seul, ou presque, ce qui est bon pour la population... et ce qui ne l’est pas.

    A Vandoncourt, y avait plus de dimanche, plus de bon pain,  plus de village.

     

    Jusqu’à ce jour de 1971 où de nouveaux arrivants, de retour d’un long séjour en Afrique,  impliqués depuis deux ans dans la vie de la commune,  décident  de se présenter aux élections municipales. Un questionnaire est lancé. Destiné à une centaine de personnes choisies dans le village en fonction de leur appartenance à différentes communautés (hommes, femmes, jeunes, vieux, professions libérales, ouvriers, paysans...), il porte sur la vie du village, l’animation culturelle, la participation de la jeunesse à la prise de responsabilité, les liens des associations entre elles, l’administration du village... Les réponses sont anonymes et la synthèse réalisée constitue un programme cohérent qui reste toujours la base de l'action municipale à Vandoncourt. Une équipe toute neuve entre à la Mairie.

     

    Un village sans maire

    Démocratie, contrôle populaire, c’est désormais de cela qu’il s’agit à Vandoncourt. Pour l’équipe, il s’agit bien de donner à la démocratie toute sa dimension. En associant les forces vives à la gestion. En multipliant les structures de concertation. En informant complètement et régulièrement. En limitant la délégation de pouvoir par une pratique permanente de la démocratie directe. 

    Treize élus pour administrer, où plutôt pour animer la commune, c’est trop peu ! C’est même dérisoire, injuste et scandaleux. Le village a besoin de tous pour se régénérer. Pour faire émerger les besoins. Pour retrouver l’identité d’une commune vivante. Pour décentraliser les initiatives. Pour créer des canaux qui permettent à chacun de s’exprimer. Pour informer. Pour imaginer...

     

    “Tout ce que vous faîtes pour moi, sans moi, vous le faîtes contre moi”  Gandhi.

     

    Imaginer !... Les projets ne manquent pas à Vandoncourt. On ne parle plus de réunion du conseil municipal, mais de réunion des conseils. Un conseil de treize membres, bien sûr. Comme dans toute commune de cette taille. Mais il ne se réunit jamais sans les trois autres conseils : celui des jeunes, celui des anciens, celui des associations, un véritable petit parlement où tous sont représentés. Les conseils se réunissent au moins chaque mois : ce sont là soixante citoyens rassemblés. Parfois, il se transforme en réunion publique, la mairie en forum. Sans vote, ni contrainte. Il s’agit de libérer au maximum l’expression. Pas de maire, pas de chef à Vandoncourt. Sept commissions sont mises en place (scolaire, budget, technique, développement économique, social, fêtes et cérémonies, environnement). Ce sont elles qui s’informent des besoins, qui élaborent les solutions pratiques. Elles sont sous le contrôle des conseils. Ainsi  pour la commission des finances, elle est composée d’élus et de non-élus ; elle publie dans le bulletin du village, qui paraît toutes les trois semaines, le budget et le compte administratif en expliquant et en commentant les chiffres. Au mois de novembre, la mairie organise des journées de discussion sur le budget. Tous les postes sont retranscrits sur des grandes feuilles accrochées au mur, dans différents points du village et dans le préau de l’école. On peut ainsi voir l’évolution des dépenses et des recettes, année par année. Les conseils, la commission des finances et la population peuvent ainsi confronter leurs idées. N’importe quel groupe, individu, association  peut proposer un projet. Les conseils en apprécient l’urgence, les commissions – ouvertes - en étudient la mise en pratique. La démocratie directe s’est rapidement mise en place.

     

    Une maison commune 

    On délivre encore des fiches d‘état-civil, on y reçoit toujours des demandes de renseignements, mais la mairie est avant tout le centre de l’effervescence démocratique, le laboratoire des propositions et des analyses populaires. Un "café du commerce" parfois. A Vandoncourt au moins, le vocable de maison commune n’est pas usurpé.

    “Tu as envies de... Tu souhaites créer un... Tu veux préparer une manifestation... Tu veux relancer une activité de... Très bien. Excellente idée. Tu peux compter sur le soutien d’une commission, des conseils, des associations. Mais vas-y. Prépare un projet, commence et la collectivité te soutiendra”. Ainsi naissent et se développent de multiples activités au village. 

    Encouragement à l’initiative, utilisation des compétences, bénévolat : C’est sur ce triptyque que s’appuie l’animation permanente du village. “L’animation c’est la politique !”. La politique ce n’est pas ce passage successif sur les tréteaux ou les écrans d’un  certain nombre de professionnels patentés et homologués – par qui ?- mais la prise en charge de la vie quotidienne du plus grand nombre ; vingt-cinq siècles après une définition de Périclès : la politique, gestion de la cité. Par TOUS. “Gouverner, c’est faire croire”, disait Machiavel. Mais au contraire, ANIMER c’est rendre, c’est redonner, c’est permettre, c’est critiquer, c’est devenir libre. 

    La majorité de la population de Vandoncourt pratique sans le savoir un contrôle populaire sur la vie quotidienne. Peut-être certains préféreraient-ils parler de démocratie, de fraternité, d’honnêteté, de participation, de responsabilisation. Ou encore de liberté !

    C’est à Vandoncourt que fut créé le premier tri sélectif des déchets. Il y a 30 ans !

    C’est à Vandoncourt que l’on s’opposa à l’enrésinement. La population empêcha l’office national des forêts de planter dix hectares d’épicéas qui auraient détruit une partie de la flore.

    C’est à Vandoncourt que l’on prit très tôt position dans les grandes luttes nationales (Larzac, canal Rhin-Rhône, fusées pluton, nucléaire civil et militaire, la cause Kanak, etc.)

    Contre le pouvoir centralisateur, paperassier, contrôleur de toutes les initiatives, gérant de la bonne norme contre toutes les déviances, la population de Vandoncourt répond à la manière de Gandhi :  “La fin est contenue dans les moyens, comme l’arbre dans la semence”. On y souligne volontiers la nécessaire concordance entre les exigences de demain et le comportement d’aujourd’hui.

    Ailleurs, les élus  dénoncent vaillamment un pouvoir qui les empêche de réaliser cette démocratie locale, cet apprentissage de l’autogestion qu’ils réclament dans les motions, les conseils,  assemblées,  assises, séminaires, forums, carrefours, meetings... Mais le pouvoir et la loi deviennent vite pour eux l’alibi qui autorise à ne rien changer, la diversion qui permet d’interdire aux groupes concernés de réfléchir collectivement à leur devenir.

     

    A Vandoncourt, rarement la démocratie directe n’a été portée aussi loin. Aujourd’hui beaucoup sont encore surpris du chemin parcouru, surpris de l’autonomie individuelle ou collective acquise, surpris de cette capacité à reconstruire parfois le quotidien.

    A Vandoncourt c’est tous les jours dimanche ! Il ne tient qu’à nous pour que, dans notre village, notre ville, ce soit aussi tous les jours dimanche !

     

    Sources : “A Vandoncourt, c'est tous les jours dimanche" de Christophe Wargny (1980) "Liberté, fraternité à Vandoncourt" de Jean LouIs Bato (1977) deux ouvrages  malheureusement épuisés…  "L'Echo de notre village" (Bulletin municipal de Vandoncourt).
  • La rue qui gouverne

    Le temps des forums

    forumLes forums sociaux sont apparus avec le siècle comme une nouvelle modalité d'intervention dans le débat politique. A Porto Alegre en 2001 le premier forum social mondial inaugurait la série. Sa quatrième édition quitte le Brésil pour l'Inde, début 2004. Dans la foulée se déclinait toute une série de forums continentaux ou régionaux. Le premier Forum social européen se déroulait à Florence l'an passé, le deuxième a eu lieu à Paris en novembre. En Limousin le mouvement n'était pas en reste. Le premier Forum social Limousin se réunissait dès novembre 2002 sur le plateau, s'érigeait en forum permanent et s'est retrouvé, toujours au Villard (Royère de Vassivière) pour sa deuxième édition le 25 octobre 2003. 
    Par ailleurs. en septembre. la "rentrée des artistes" s'est faite, elle aussi, sous le signe de la contestation et de la prise de parole. A Aubusson, les intermittents du spectacle, en parfaite harmonie avec la direction du théâtre Jean Lurçat, ont transformé la scène nationale en "scène ouverte" où, tous les soirs. du 1 5 au 19 septembre, la "rue" était invitée à venir prendre la parole. Sollicités par un "gouvernement imaginaire" à proposer les lignes d'une autre politique en matière de commerce international, de médias, de santé, d'éducation et de culture, tous les citoyens qui le désiraient ont pu participer à ce forum où de (faux) ministres à grandes oreilles étaient tout ouïs aux revendications de la société civile.
    IPNS, qui n'est finalement rien d'autre qu'un forum social de papier, se devait de rendre compte de toutes ces rencontres. C'est pourquoi nous publions ici le discours que le président' du gouvernement imaginaire d'Aubusson a lu à la sous préfecture le 20 septembre 2003, à l'adresse du premier ministre réel, Jean Pierre Raffarin. Nous publions également page suivante un compte-rendu (subjectif) du second FSL.

     

    Discours du Président du gouvernement imaginaire qui a siégé à Aubusson, en Creuse, en l'an de grâce 2003, du 15 au 20 septembre.

     

    "Le premier ministre du gouvernement réel de la France déclarait récemment face à la montée en puissance des conflits sociaux : "ce n'est pas la rue qui gouverne". Longtemps, ces derniers mots sont restés en suspens dans la conscience des membres de notre gouvernement imaginaire.

    Longtemps ils ont résonné, non pas comme un slogan, non pas comme un appel au désordre et au chaos, mais bien comme une hypothèse lancée.

    "... La rue qui gouverne", ces quelques mots ont retenti chez nous comme un écho, jusqu'à s'afficher en suspension sur les murs de notre ville sous une forme - Messieurs les censeurs - plus poétique que politique comme parole jetée que le vent brûlant d'aujourd'hui accroche aux ruines du passé.

    Bien sûr dans une démocratie ce n'est pas la rue qui gouverne mais bien le gouvernement. Voilà un propos de bon sens. Cependant, si la rue ne gouverne pas, elle est souveraine et il appartient au gouvernement de travailler à accomplir la volonté, non de quelques puissances industrielles et financières, non pas d'instances régulatrices autoproclamées sous l'alibi mondialiste, mais bien de la volonté du peuple souverain !

    En affirmant que "ce n'est pas la rue qui gouverne" il signifie qu'à ses yeux, la rue n'est pas le peuple. Il ne reconnaît pas à la rue où défilent les acteurs du mouvement social le droit d'incarner la souveraineté populaire ; il ne lui reconnaît pas la légitimité politique. Tel est son postulat.

    C'est pourquoi, notre gouvernement imaginaire s'est mis immédiatement au travail pbur questionner ce postulat. Nous nous sommes portés à l'écoute de cette "rue" qui prétend gouverner, et l'avons interrogée sur cinq thèmes : l'OMC, les médias, l'éducation, la santé, la culture. Tout au long de cette semaine, l'objectif a été, pour le gouvernement imaginaire d'entendre le discours de la rue, d'examiner, au scalpel de nos grandes oreilles, l'argumentaire du dit "mouvement social" afin d'établir si oui ou non il est en droit de t utoyer le gouvernement, de chercher, comme il le fait, à forcer les portes de l'autorité publique.

    Tour à tour les mots de chaque personne se sont assemblés pour former les phrases citoyennes dont le pouvoir a réellement besoin ; oui, personne n'était roi mais personne n'était muet. L'heure est venue pour nous, au terme de cette série d'ateliers de reconstruction sociale - qui se sont déroulés dans un esprit constructif de courtoisie et de respect de l'autre - de vous livrer les conclusions de notre gouvernement imaginaire.

     

    la rue qui gouverneNon la rue qui parle en ce moment par la bouche des professionnels du spectacle, des enseignants, du personnel de santé, des participants aux divers forums sociaux, n'est pas un ramassis de corporations défendant égoïstement leurs avantages particuliers. Oui, la rue possède la légitimité politique qui lui confère le droit de proposer sa vision du monde comme une alternative à ceux qui la gouvernent.

    Oui les propositions de la rue doivent valoir comme propositions faites au nom du peuple.

    Car, chaque soir de cette semaine et sur chacun des thèmes, n'ont cessé d'émaner de la rue le sens de l'éthique et de la responsabilité à l'égard du monde, ainsi qu'un souci urgent et immédiat de justice ; autant dire les objets même de l'activité politique au sens le plus noble de ce terme.

    A l'heure où les puissances publiques s'enferrent dans la soumission aux mécanismes économiques et financiers mondiaux, c'est elle, c'est la rue qui prend le relais d'une conscience politique hélas défaillante, rappelant à ces mêmes puissances publiques que la politique c'est le choix de l'action contre l'inertie des mécanismes, le choix de la justice contre l'aveuglement des processus, l'affirmation de la liberté de l'homme contre le cours inexorable des choses.

    En démocratie, la volonté du peuple exprime une volonté universelle, or mon gouvernement imaginaire et moi-même pouvons témoigner aujourd'hui que le discours de la rue dépasse de beaucoup les préoccupations sectorielles des corps de métier qui la composent.

    A l'issue des journées que nous venons de vivre, il est avéré que si la rue ne gouverne pas, sa parole est une parole politique qu'il faut entendre en tant que telle car elle rappelle l'homme politique à ses responsabilités, à ses missions et à ses fins.

    Il serait moralement injuste que l'on continue à diaboliser le mouvement social comme un ferment d'anarchie, mettant en péril les institutions républicaines.

    Nous affirmons, tout au contraire, que le peuple est la rue, préconisons qu'il s'écoute et nous Bernard Langlois de Politis était sur la sellette lors du débat sur les médias où les journalistes n'avaient pas... très bonne presse. l'encourageons à prendre part au mouvement social. Car il y puisera, nous le savons maintenant, non le goût du désordre et de la fainéantise, mais l'humanisme et la maturité politique qui renforceront sa souveraineté vis à vis du politique.

    Un autre monde est possible, nous a dit la rue tout au long de cette semaine.

    Nous en sommes désormais convaincus et, de ce monde possible, la rue nous en a donné l'esquisse il s'agira d'un monde où tous les citoyens accèderont enfin à la décision politique et légifèreront en faveur de la justice et de la liberté, un monde où les services publics ne seront pas bradés aux plus offrants, un monde où nous aurons cessé d'avoir peur des banquiers, un monde que nous pourrons changer en commençant, bien sûr, par nous-mêmes.

    Les mutations nécessaires devront êtres profondes et s'opérer à l'échelle mondiale. C'est la volonté de changement qu'il nous faut aujourd'hui mondialiser.

     

    Mes chers compatriotes, vous dont la patrie, désormais, est moins la France que l'humanité, croyez que le gouvernement imaginaire que je représente travaillera sans relâche à rendre possibles ces mutations.

    Le monde de demain ne résultera ainsi, plus seulement des processus historiques, ni du jeu des rapports de force, mais bien de l'imagination et de la volonté créatrice des citoyens.

    Que vive la république des citoyens ! Que vive le gouvernement imaginaire !"

     

    Forum : n. m., mot latin : "place publique". Antiquité romaine : Place où se tenaient les assemblées du peuple et où se discutaient les affaires publiques (comme en Grèce l'agora).
  • Le panier paysan de Haute-Corrèze

    En 2002, du côté d'Ussel et Meymac, des paniers remplis de victuailles commencent à circuler entre producteurs et consommateurs corréziens... Une initiative qui depuis s'est développée et que nous présente l'un de ses initiateurs.

     

    le panier paysan de haute correzeQu'est ce que le Panier paysan ?

    Le Panier Paysan est un système de distribution solidaire de produits paysans et artisanaux locaux de qualité, s'adressant à une clientèle recherchant une alimentation saine et désirant participer à un développement durable de nos compagnes. Soucieux de développer leurs relations, consommateurs et producteurs se sont constitués en association loi 1901, adhérant à Ia FRCIVAM Limousin.

     

    Comment ça fonctionne ?

    Tous les quinze jours, les consommateurs commandent les produits directement aux producteurs. Un système d'abonnement avec une commande fixe est possible. Les livraisons ont lieu un vendredi sur deux selon un calendrier préétabli. Elles sont assurées par les producteurs, chez un consommateur relais, dons le respect des règles sanitaires. Choque consommateur vient ensuite chercher ses produits chez son relais. Des informations sont régulièrement communiquées aux consommateurs par les "brèves de panier".

    Chaque producteur s'engage en particulier dons une démarche de transparence :

    • par Ia rédaction de fiches de transparence présentant l'exploitation, le type de production, le mode d'élevage et de culture, les modes de transformation et de conditionnement et le mode de commercialisation.
    • par l'organisation de journées portes ouvertes sur les fermes.

    La zone géographique sur laquelle des consommateurs relais peuvent être livrés s'étend entre Meymac, Vitrac, Marcillac, Lapleau, Neuvic et Ussel. Si des consommateurs et des producteurs plus éloignés souhaitent s'engager dans cette démarche, il est envisageable de les aider à créer un outre groupe, sur Tulle ou Brive par exemple.

     

    Historique

    L'idée a démarré d'un groupe de producteurs fermiers, situés en Haute-Corrèze, vendant leurs produits en direct sur les marchés locaux. Ce sont des producteurs qui valorisent de petites surfaces souvent jugées difficiles. Leur problématique était d'arriver à écouler davantage de produits sons augmenter leurs coûts et leur temps de travail, tout en maintenant Io qualité du rapport social existant dans Io commercialisation des produits fermiers. Les livraisons ont débuté en 2002 et l'association a été créée en 2003.

    Le groupe a bénéficié d'un appui du Conseil Régional du Limousin dons le cadre de l'appel à projets innovants et diversifiants. Une étude a été financée pour analyser le fonctionnement du Panier Paysan et préparer des pistes d'amélioration afin d'élargir Io clientèle.

    Dons un souci d'efficacité le groupe travaille maintenant :

    • sur une simplification du système de distribution pour les consommateurs par Io mise en place d'une commande et de paiements centralisés et de documents de communication ;
    • sur l'élaboration de règles écrites (règlement intérieur, engagements...) ;
    • sur le maintien de relations "sociales" entre producteurs, consommateurs et consommateurs relais (réunions, organisation de journées portes ouvertes, édition des "brèves de panier"...) ;
    • sur Ia mise en place de services supplémentaires (outres produits agricoles, artisanaux, locaux ou issus du commerce équitable nord-sud).

     

    Laurent Guillaume

    https://www.panier-paysan-correze.com/ 

     

    Un panier bien rempli

    Nicolas Bernard, de Lamazière-Basse y met des volailles et des œufs.
    Christophe Demonfaucon qui élève des vaches laitières en agriculture biologique à Alleyrat y apporte des fromages et des yaourts.
    Catherine Simon et Laurent Teyssendier ("Le Comptoir Paysan"), y rajoutent des légumes, des petits fruits, des confitures, des champignons frais ou séchés, issus de leur exploitation de St Pantaléon de Lapleau, ou de cueillettes.
    Laurent Guillaume, éleveur à Laval sur Luzège, y dépose lapins, agneaux et jus de pomme.
    Lionel Soulier, de Lapleau, le complète en légumes.

    Et il reste encore de la place dans le panier pour étendre le choix des produits proposés : le groupe reste ouvert et les consommateurs ont bon appétit !
  • Le PNR, nouveau désert

    Depuis plus de deux ans que le PNR existe, celui-ci demeure encore en grande partie étranger à bon nombre d ‘habitants du plateau. Que fait-il ? Que font les quelques vingt personnes qui y travaillent ? A quoi sert-il ? Quels liens quotidiens, réguliers et complices tisse-t-il avec la population ? Pour beaucoup, le PNR demeure une structure mystérieuse, lointaine et compliquée. Pour certains elle est devenue une structure bureaucratique et technocratique coupée des préoccupations locales. Un fossé, doucement mais sûrement, se creuse entre elle et les associations les plus dynamiques du territoire, entre elle et des élus de base qui en ont marre de ne pas être écoutés. Quelques uns d’entre eux, corréziens comme creusois, envisagent même de boycotter les réunions du parc où ils ont le sentiment de ne faire que de la figuration.

    Encore ailleurs, des personnes s’interrogent sur le projet de territoire porté par le parc. Elles ne se reconnaissent pas dans la vision patrimonialisée que le parc promeut au travers de certains de ses documents.

    En ouvrant cette page aux débats dont le parc fait l’objet, nous invitons tous ceux qui se reconnaissent dans ces questionnements à nous faire part de leurs réactions et de leurs propositions. Nous alimenterons ainsi une réflexion qui souhaite que les critiques contre le parc fassent l’objet d’un véritable débat public. Pour commencer, nous publions sous le titre «PNR, nouveau désert», un texte issu de la réflexion collective de quelques habitants du plateau.

     

    agriculteur entretien espaceLa modernité a frappé le monde paysan comme la foudre. Pour le plateau de Millevaches, modernité a d’abord signifié : exode rural, mort du patois, explosion de la communauté traditionnelle, sentiment d’être laissé à l’écart de l’histoire, de la civilisation, terreur de ne pas en être. Toute une région autrefois densément habitée, vivante, s’est trouvée désemparée, complexée, exsangue.

    Au terme de ce processus apparaît finalement une proposition à première vue bénéfique et prometteuse : le Parc naturel régional (PNR). Il s’agit de «revitaliser», «désenclaver », «dynamiser» le territoire. Le PNR, à travers ses conseils consultatifs, ses chargés de mission, ses brochures en quadrichromie, ses panneaux d’interprétation, capte un ensemble de questions dont aucun de ceux qui habitent ici ne peut nier qu’elles le concernent.

    On ne peut pas dire que le PNR cache son jeu. Au contraire, il a rédigé une charte, un diagnostic territorial qu’il convient de lire pour savoir un peu à quelle sauce on voudrait nous aménager.

    Tant que le plateau était peuplé, c’était une terre de champs, de landes et de tourbières. C’est, au fur et à mesure de sa désertification, devenu une terre de plantations, où ne subsistent que quelques exploitations compétitives. Le PNR se saisit de cet abandon, se fait fort de l’aménager en paysage, paysage qu’il s’empresse d’exhiber aux foules stressées et déracinées des métropoles en leur disant : «Allez passer vos vacances par là, là-bas, c’est la nature». Il constitue ainsi la campagne en passé idéal, maintenant que la modernité l’a réduite à si peu. Après des siècles de honte de leur origine faite aux paysans, aux artisans, on les exhibe avec fierté comme gage de l’authentique, de la communauté, de ce contact avec la nature et entre les humains dont nos contemporains manquent si fort. Et c’est sur la base de cette image que le PNR ambitionne en fin de compte de «restructurer le territoire», de construire le territoire- entreprise, doté d’un logo, d’un label, d’une identité visuelle et culturelle.

    Il se lance dans ce fameux «marketing territorial» où tout doit être «valorisé», afin de devenir un «gagnant» dans la «mise en concurrence européenne des territoires». Sous prétexte de le faire connaître, c’est le pays que l’on vend.

    Ecologie, tourisme, agriculture, le PNR porte ainsi avec lui un ensemble de projets, de pratiques, dont le trait commun est la constitution du territoire en patrimoine, et ce de la sphaigne aux maisons en passant par le feu de bois. Les agriculteurs ont d’ailleurs vocation, dans ses termes et à défaut d’être réellement compétitifs, à devenir de simples «gardiens du paysage» tandis que les habitants se changeraient en autant d’acteurs du terroir.

    Nous pensons que le soi-disant sous développement» du plateau n’est pas une condition simplement subie, un pur malheur, mais aussi le fait d’une résistance, au travers d’un ensemble d’usages, d’habitudes, à une logique de développement qui a montré, à l’échelle mondiale, son caractère de désastre. Nous croyons que ce sont ces pratiques, et la communauté qu’elles créent, qui ont permis au plateau, sous une certaine Occupation, de s’opposer comme nulle part ailleurs au désastre environnant. Contrairement à ce que soutient le parc, nous croyons que le plateau est habité, habité par d’autres désirs et d’autres pratiques que ceux d’en faire un musée, un capital à faire valoir.

  • Le Syndicat de la presse pas pareille, pour réenchanter le papier

    IPNS, comme d'autres médias indépendants de toute la France se retrouve au sein d'un tout nouveau « Syndicat de la presse pas pareille ». On voulait vous en parler dans cet édito, mais comme nos amis et collègues du Chiffon, « le journal de Paname et sa banlieue », l'ont très bien fait dans leur dernier numéro, on leur laisse la parole. Un premier échange d'article qui en augure certainement d'autres !

     

    chiffonElle est discrète, rapportée aux braillards des plateaux et réseaux. Discontinue, face à l’actualité en continue. Et pourtant, elle vit, la presse pas pareille. Dans ces mots-là : presse, et pas pareille. Presse, parce qu’on l’imprime. Avec des opérateurs de machines, de grands rouleaux de papier qui défilent, des colorimétries savantes. Pas pareille, parce que son intérêt se porte de préférence sur le non-dit vécu par les sans-voix, le pas assez explicité du monde, l’inaperçu et le trop peu formulé.

    Le temps de ses analyses, la PPP, le trouve, le prend – de toutes façons, elle vit de bouts d’ficelles de ch’val, orgueilleusement pauvre parmi les opulences de la marchandise. Sous forme associative, plus rarement de SCOP, avec ses contributions bénévoles, ses petites mains démultipliées, ses graphistes militant.es, ses relectrices et relecteurs qui se proposent comme ça, « pour aider, parce que c’est bien, ce que vous faites ». Elle vit une vie qu’elle peut bien juger bonne, parce qu’elle sert de chambre d’échos à des luttes menées par des gens ordinaires qui prétendent garder des conditions de vie viables. Aussi, parce qu’en soulevant le couvercle de la normalité, elle rencontre de l’inadmissible, de la sottise décisionnaire, de la brutalité aux mains blanches. Qu’elle les désigne. Les nomme.

    On le sait bien, que le prolo prolifère : la presse pas pareille, tout autant. Et elle fait des petits, partout, à Saint-Étienne, Nice, ou Mulhouse. Alors, cette année, ça y est. La PPP se dote d’un S pour « Syndicat » et « Solidarité ». Sonnez trompettes, voici né le Syndicat de la Presse pas pareille – cet avis tient lieu de faire-part.

    - Et vous êtes un syndicat de rédactions ou de journalistes ? demandent des camarades pigistes, l’œil allumé. En vrai, les deux, mon capitaine. Vu comment qu’on en produit, de l’information, la distinction ne tient pas bien la route. Officiellement, nous sommes un syndicat de médias. De médias « Pas pareils », donc.

    - Mais qu’est-ce que vous entendez au juste par « pas pareille » ? demande, soupçonneux, l’antifa qui suppose des « dissidents » zemmouriens sous chaque pierre. Eh bien, écrite, d’abord. Par des mains humaines. Au moyen des facultés pas encore atrophiées de relier, comparer, rappeler, associer, mettre le présent en perspective. Sa charte rend explicite une communauté minimale de points de vue : « Sont acceptés dans le SPPP, les médias indépendants qui soutiennent les luttes sociales, écologiques et antifascistes. Ils sont favorables à une société juste, solidaire, sans exclure aucune catégorie de personnes ».


    - Au fond, vous dites que de petits médias indépendants existent déjà, alors ça consiste en quoi, votre affaire syndicale ?

    • En un partage systématisé de ressources (On nous fait un procès, qui contacter ? La préfecture veut nous couper toute subvention : on peut lui faire entendre raison ?...Au fait, nous, on lance notre média : comment ça se remplit, un dossier de demande de subvention ?).
    • En la formulation commune de revendications précises. Tiens, au hasard : le pass Culture. Pour ses dix-neuf ans, tout adolescent reçoit en France 300 € à dépenser en produits dits culturels. Il peut s’abonner à des médias… en ligne uniquement. Pourquoi ? Pour aucune cause, parce que c’est comme ça. C’est aberrant, il serait bon que cela change.
    • En un soutien effectif à nos titres : ce sera en 2025 une plateforme d’abonnements groupés. Plutôt que Le Chiffon tout seul, pourquoi ne pas associer, tiens, si je veux poursuivre sur les alternatives écologiques et sociales, Silence ou L’âge de faire, si le nécro-numérique me défrise, La Brèche, si l’Occitanie me chante à l’oreille, L’Empaillé, le plateau de Millevaches ? IPNS… L’anarchisme niçois ?… Il existe ? Oui : il y a Le Mouais... et ainsi de suite, par région et par thèmes. Là, ce sera à vous, à toi, lectrice, lecteur, de nous soutenir de ta curiosité.

    ...Il vous faut un plan comm’ ! On a déjà un diffuseur militant, l’association Les Nouveaux Crieurs, une émission mensuelle, Les Autres voix de la presse, une agence d’abonnements alternative qui démarche les bibliothèques (Bibliopresse)… Et même un sociologue spécialiste des médias indés qui note tout ce qu’on dit quand on se rencontre.
    Cette volonté de s’associer en syndicat, elle sent son Vallès et sa Séverine, elle parle d’un idéalisme concret, d’une histoire qui nous travaille. Le SPPP ose porter une grande idée. C’est Jipé, de La Brèche, qui nous a trouvé la formule… Tremble, X !

    On va réenchanter le papier

    Coline Merlo
    La rédaction du Chiffon
  • Les Oiseaux de Trottoir

    À grands coups de pédales, ils volent de place en place au gré de leurs envies et des demandes. Ce sont Les Oiseaux de Trottoir, un étonnant « orchestre chansonnier cyclo-itinérant à géométrie libre ». Du 19 avril au 5 mai 2024, ils ont écumé le Plateau de Millevaches, chansons et instruments de musique en bandoulière.

     

    les oiseaux de trottoir

     

    Né durant la période de confinement (« on ne pouvait alors jouer que dans la rue »), le collectif est rapidement passé de quelques copains musiciens, au nombre de 7 lors du premier concert donné dans le Jura, à plus de 150 aujourd’hui, issus de toute la France. Répartis sur le territoire de l’hexagone, ils forment des groupes qui effectuent des tournées à 25, à 50, voire à 20 entre femmes, sans ou avec les enfants… La musique est leur vie, et le bonheur avec lequel ils la vivent est communicatif.

     

    « La Corrèze, c’est un séjour obligé, obligé ! »

    Un séjour dû à un contact qui a accueilli une cinquantaine d’entre eux en résidence. Ils étaient aussi désireux de rencontrer « d’autres collectifs, des fermes engagées, des gens super, avec lesquels on partage des valeurs communes. C’est alors une richesse folle. » Cependant, si talentueux soient leurs musiciens professionnels, si doués soient-ils pour faciliter l’accueil de jeunes dans leur groupe le temps d’une tournée, voire plus, il n’en reste pas moins difficile de vivre au quotidien pour les artistes. « Mais grâce au chapeau, utile pour la récupération d’espèces comme de denrées alimentaires notamment sur les marchés où nous aimons jouer, et à l’accueil des collectivités locales comme des particuliers, qui mettent à notre disposition des bâtiments ou des granges, on peut se nourrir et s’abriter sous nos tentes ou dans divers locaux. » Quant aux déplacements, ils s’effectuent… à vélo pour bon nombre d’entre eux, sachant que l’imposant matériel instrumentiste est transporté par des véhicules. « C’est un bon équilibre entre le sport et la musique ! »

     

    Un répertoire en version « oisifiante » …

    Autre particularité de leur passage sur le territoire corrézien (avec quelques incursions en Creuse), son aspect très pédagogique : « Il a été formaté pour pouvoir incorporer tous les niveaux dans le savoir-faire vocal et instrumental lors des concerts. On s’adapte en permanence au gré des arrivées et des départs. Certains exercent une activité autre et viennent nous rejoindre durant leurs vacances… » Alors, entre les spectacles programmés, les répétitions se succèdent pour apprendre ou parfaire les partitions et les chansons. Marie, une jeune clarinettiste de 22 ans, confirme : « Ils nous laissent même faire des couacs, et c’est trop bien… La première fois que je les ai vus, je me suis surprise à sourire, et depuis, je n’arrête plus ! »
    Le répertoire est composé ou recomposé par les Oiseaux pour en faire « des chants beaux et des chants d’amour, parfois un peu… provocants ». Tels Le cri de la carotte, Les clochards célestes, L’enterrement du Directeur, La Non-Demande en mariage… Si Brassens et Brel sont chers au cœur de la troupe, la douce poésie de la mélodie A la claire fontaine souligne quant à elle la belle sensibilité, tant enfantine que féminine, des Oiseaux de Trottoir.

     

    Michel Rouault

    En savoir plus :
    https://www.youtube.com/@OiseauxDeTrottoir
    et https://www.facebook.com/lesoiseauxdetrottoir/
  • Les petites mains de Felletin

    les petites mains felletinUne entreprise d’insertion professionnelle s’est installée depuis le 1er Avril 2008 à Felletin. L’activité de l’entreprise “Les petites mains de Felletin“ repose non seulement sur tous les travaux de couture, mais également le repassage du linge, la location de costumes et déguisements, ainsi que la collecte et recyclage des textiles usagés.

    Particuliers, entreprises, collectivités, associations, toutes les retouches de vêtements et prestations de couture sont proposées en complément d’une large gamme de tissus et galons – dont un choix important de tissus ignifugés (classés M1) répondant aux normes de sécurité obligatoires et destinés aux établissements et collectivités recevant du public. 

    Un déguisement vous attend, comité des fêtes, école, troupe théâtrale, ou particulier, parmi 2000 autres si vous désirez ajouter une note d’humour à vos fêtes, soirées ou tout autre événement. 

     

    deguisement

     

    “Les petites mains de Felletin“ est aussi un centre de collecte des textiles usagés. Ne jetez plus les vêtements et linge de maison qui encombrent vos armoires, ils peuvent encore servir. Le textile collecté est trié puis réemployé soit en vêtement d’occasion - une braderie a lieu tous les 1er vendredis de chaque mois à l’atelier- soit exporté vers les pays en voie de développement, s’il est en bon état. Les textiles en mauvais état – déchirés, défraichis ou usés  mais propres - seront soit transformés à l’atelier en chiffons, puis vendus aux professionnels utilisateurs de chiffons en grande quantité, soit dirigés vers d’autres professionnels pour être recyclés et valorisés sous différentes formes   (industrie du papier, industrie automobile ou en isolant thermique).

    “Les petites mains de Felletin“ est une entreprise d’insertion agréée par l’Etat, elle intègre les principes de l’économie sociale et solidaire. Les activités liées à la couture et les dons de textiles permettent à l’entreprise de développer 3 objectifs : social, écologique et économique.

     

    La démarche sociale : l’entreprise  embauche et accompagne des personnes en situation d’exclusion ou de précarité qui s’engagent dans un parcours d’insertion professionnelle. Les salariés embauchés bénéficient d’un CDD d’insertion à temps plein pouvant aller jusqu’à 24 mois pendant lesquels ils peuvent se former, se qualifier. L’issue de leur contrat signifie soit l’embauche dans une autre entreprise, soit une formation vers un autre secteur d’activité, soit une embauche en CDI au sein “des petites mains de Felletin“. 

    L’objectif écologique est de traiter et revaloriser 85 à 90% des textiles usagés ou non exploités, collectés auprès des particuliers, associations ou professionnels du textile au lieu d’aller en déchetterie pour être incinérés ou enfouis ( source de pollution ).

     

    L’enjeu est économique également car outre le fait de générer un pouvoir d’achat aux salariés qui leur permet de retrouver une vie sociale et citoyenne, il permet également aux collectivités locales de réduire le coût de collecte et d’élimination des déchets textiles, qui est financé comme chacun le sait par nos impôts locaux.

      

    contact : Isabelle Chaumont
  • Les Tisserands à Saint-Moreil 

    Comme dans trop de communes, à Saint-Moreil en Creuse, la lente désertification du bourg semblait pour certains inéluctable, dans un mouvement qui a profondément marqué les anciens. Mais avec l’arrivée de nouveaux habitants, de nouvelles dynamiques ont émergé, donnant envie à d’autres de s’installer et redensifiant ainsi ce territoire. Les promoteurs de l’association Les Tisserands, créée il y a trois ans, détaillent leur initiative.

     

    C’est autour d’un projet d’acquisition foncière que la création de l’association Les Tisserands a vu le jour en octobre 2017. Les terres convoitées (30 hectares) situées à la Vialle n’ont finalement pas pu être acquises mais la dynamique était lancée et a pu se déployer grâce à l’acquisition d’une forêt et la location d’autres terres agricoles, avec l’arrivée concomitante de nouveaux habitants. En 2018 et 2019, le groupe des Tisserands a en effet facilité l’arrivée et l’installation de deux couples, dont un avec des enfants. Ces personnes cherchaient à établir leur activité agricole sans pouvoir accéder à du foncier. Depuis lors, l’activité de l’association s’est déployée dans différentes directions.

    association les tisserands

     

    Des chantiers de productions collectives maraîchères

    Ces productions (carottes puis patates), pour l’instant vivrières, permettent de créer des habitudes de travail en commun et relient ceux qui connaissent le travail de la terre et ceux qui ne le connaissent pas. Ainsi depuis trois ans, chaque famille annonce à l’avance ses besoins afin de définir la surface à cultiver. Les chantiers sont ensuite effectués en commun (bâchage de la prairie, épandage du fumier, plantation, récolte de doryphores et des pommes de terre). La présence d’une dizaine de personnes et de chevaux de trait permet de répartir la charge de travail et de cultiver des surfaces d’une moyenne de 1 000 m2 dans la joie et le partage de bons moments. En 2019, 900 kg de pommes de terres ont été récoltées sur 700 m2 cultivés pour les familles participantes à ce groupe. Cette quantité dépassant leurs besoins, d’autres familles ont pu venir glaner les surplus. En 2020, 1 200 m2 sont cultivés, pour une récolte de... la réponse en septembre !

     

    L’acquisition d’une forêt de 10 hectares

    association les tisserands foinAprès une campagne pour réunir des fonds, une forêt a été acquise en novembre 2019 et depuis, un premier chantier collectif réunissant chevaux et humains pour le débardage a permis de redonner vie à une ancienne pêcherie, de ré-ouvrir un ancien chemin communal, de produire collectivement du bois de chauffage et de renforcer les liens grâce à la force du « faire ensemble ».

    De nombreux projets sont en cours de construction en lien avec cette forêt, avec l’envie de mener une sylviculture douce et de viser la pérennité du couvert forestier. Cela démarre par un inventaire de l’existant pour évaluer les parcelles qui seront ouvertes à de futurs chantiers forestiers dans un objectif sylvicole et d’autres qui resteront à l’état sauvage, pour permettre la régénération, une libre-évolution de certaines parties, le maintien de la biodiversité et l’utilisation de la forêt à des fins non productives (balades, méditations, sieste musicale, botanique, école de la forêt...).

    Au delà des besoins locaux en bois de chauffage que cette forêt permettra de combler en partie (sous forme individuelle et collective), cet espace permet d’interroger et de réfléchir à un lien respectueux entre l’homme et la forêt. Les actions menées sont donc aussi conservatrices pour privilégier la diversité des essences, la relance ou la création des différentes strates forestières, la création de vergers-forêt sur des parties agricoles en cours de reconquête par la forêt.  Une charte forestière tisserande définit l’esprit et les règles très précises du « prendre soin » pour une « gestion sylvicole à long terme bénéfique pour le paysage, le milieu naturel, l’eau, les sols et les humains » et « de transmettre des savoir-faire liés à l’arbre, la forêt dans toutes ses composantes, son évolution pour pérenniser la diversité des usages et l’autonomie locale de ses habitants ». L’utilisation d’abatteuses est proscrite tout comme la vente de bois pour des usages industriels et non locaux.

     

    La location de terres agricoles

    association les tisserands pommes de terreDepuis janvier 2020, l’association Les Tisserands loue une vingtaine d’hectares de terres agricoles. Peu à peu, elles vont permettre de développer l’autonomie alimentaire du territoire, en pratiquant une agriculture qui privilégie la diversité et la mise en relation. L’ambition est de développer une agriculture pour les vivants permettant de nourrir les humains et les non-humains (vie des sols, animaux, végétaux) en utilisant des techniques de permaculture, de traction animale, de sylviculture douce, et plus généralement toute pratique respectueuse du vivant n’ayant pas forcément d’appellation. La variété est au cœur des pratiques imaginées afin de développer un havre de biodiversité nourricier sur le territoire moreilloux.

    Les cultures de céréales, de légumes de plein champ, de plantes oléagineuses et protéagineuses seront effectuées en traction animale et côtoieront de nombreuses haies de plantes aromatiques et médicinales, mellifères et surtout d’arbres qui auront une place essentielle sur ces terres dans la génération d’un écosystème varié. Les prairies destinées à la pâture et au foin des animaux accueilleront aussi chênes, châtaigniers et autres grands arbres. Un des objectifs est de rendre ces terres productives en utilisant peu voire pas du tout de pétrole. Il nous faut donc d’une part retrouver et développer les savoirs de la traction animale, et d’autre part accueillir de nouvelles énergies dans le collectif pour entretenir ces terres. Plusieurs espaces sont actuellement laissés vacants pour que de nouvelles personnes puissent ajouter leur créativité et leurs envies dans ce projet.

     

    Le soutien aux producteurs locaux

    Le confinement a eu un effet mobilisateur en amenant consommateurs et producteurs à se réunir autour des questions d’approvisionnement et d’écoulement de la production. Influencé par l’expérience menée à la Renouée (Gentioux), grâce à l’effort de nombreux bénévoles, en pleine crise du covid, « Les Locaux Motivés » ont vu le jour avec comme outil, la plateforme cagette.net. Ainsi les samedis matins, dans la cour de l’ancienne école, a lieu la distribution de nombreuses denrées produites à Saint-Moreil et dans les environs proches : pain, fromages, produits laitiers, légumes, bière, fruits, tisanes... Ces productions en agriculture biologique ainsi réunies ont eu un effet révélateur de la richesse de ce territoire communal quasi autonome pour ses besoins alimentaires. Réalité qui prend tout son sens en ces temps incertains...

     

    Pourquoi « Les Tisserands » ?

    L’agriculture tisserande a pour vocation de cultiver un triple lien :
    - à soi, car le travail de la terre relie à soi et permet de gagner en autonomie,
    - aux autres, pour favoriser l’entraide, l’accès à la terre au plus grand nombre et orienter la production pour satisfaire les besoins locaux,
    - à la nature, pour prendre soin du vivant.

     

    Une dynamique qui irrigue aussi la vie politique locale

    À la suite d’assemblées d’habitants organisées avant les élections pour faire remonter des projets pour la commune de Saint-Moreil (comme le besoin exprimé par beaucoup d’un espace commun type tiers-lieu, dans le bourg ou ailleurs), une liste a été montée pour porter ces projets et profiter de la dynamique collective issue de ces assemblées. C’est finalement la liste de l’ancien maire qui l’a emporté. Mais avec le déconfinement, cette dynamique s’est poursuivie par la création d’une gazette de Saint-Moreil qui souhaite mettre en lumière la diversité, la richesse humaine qui s’exprime sur cette commune et se veut le creuset de regards pluriels sur ce qui s’y vit. Cette gazette a distribué son premier numéro cet été 2020 dans toutes les boîtes aux lettres...
  • Musiques actuelles et engagement associatif en pays de Tulle

    chanteuseEn février 2004, un événement a secoué notre région, particulièrement le petit monde culturel corrézien, avec l'ouverture de la salle de spectacle "Des Lendemains Qui Chantent" à Tulle. Salle de Musiques Actuelles, il s'agit du deuxième équipement régional spécialement dédié à ce secteur (après le CCSM John Lennon à Limoges) et du premier dans le département de la Corrèze. Événement donc, puisqu'il représente le fruit d'une longue histoire militante portée au fil du temps par plusieurs associations, la reconnaissance institutionnelle d'une activité en tant que pratique culturelle à part entière et un élément permettant de combler en partie le manque cruel d'équipement dont souffre notre région.

     

    L'aboutissement d'une démarche ancienne

    Le projet "Des Lendemains" est né avec un double objectif : diffuser et promouvoir les Musiques Actuelles et créer une structure de gestion dotée d'un réel fonctionnement associatif.

    Ainsi la salle de diffusion de Tulle ne constitue que le dernier élément de l'ensemble "Des Lendemains", puisque l'association existe depuis mars 2002 et gère le local de répétition "Le Labo" depuis juillet 2003.

    Local existant lui-même depuis 1994 et auparavant géré par l'association "Accords et Cris". L'association constitue donc aujourd'hui un ensemble regroupant 180 adhérents, 14 associations, et 34 groupes, qui organise une quarantaine de concerts par an, des résidences, des filages, des stages et travaille en collaboration avec de nombreuses structures, adhérentes à l'association ou non. Tout ceci avec une équipe salariée de 6,5 personnes, grande première dans la professionnalisation du secteur en Corrèze, garante de la pérennité des actions et de perspectives à long terme, toujours difficiles dans le cadre du seul bénévolat. Elle offre en outre la qualité et la force de travail nécessaires, notamment en terme administratif, pour respecter les diverses réglementations.

    Tout cela témoigne d'une vitalité et d'un dynamisme toujours bien réels, aboutissement d'une longue activité militante qui a su se renouveler et incorporer les nouvelles données de ce secteur. Une situation qui est d'ailleurs le reflet de la situation régionale et nationale.

     

    Les musiques actuelles, c'est quoi ?

    lendemainEn effet aujourd'hui nous travaillons sur le secteur des Musiques Actuelles. Derrière ce terme se cache en fait un vaste domaine qui regroupe aussi bien le Rock dans toutes ses déclinaisons, le Jazz, la Chanson que les Musiques Traditionnelles. Toutes tendances qu'il aurait été parfois bien difficile de faire cohabiter dans certains lieux il y a quelques années seulement. En effet une grande partie de l'activisme s'est développé autour d' "assos rock" dans le courant des années 80, sans forcément de liens avec les structures jazz, chanson ou trad. Ces liens étaient à l'époque difficiles à établir, certaines esthétiques étant, à priori, dotées d'une plus grande "respectabilité culturelle" et donc sans les besoins urgents qui formaient la base des revendications exprimées par les "rockeurs". Mais les choses évoluant, toutes les tendances sus-citées furent regroupées sous l'appellation "Musiques Actuelles" par le Ministère de la Culture, considérant qu'au moins un point commun unissait toutes ces expressions : celui d'être amplifiées. Terme beaucoup employé dans les années 90 et qui a failli devenir la version officielle. Il n'en reste pas moins qu'il faut saluer les "braillards" de la musique et de l'engagement associatif, qui ont largement contribué à la naissance de ces équipements, faute d'avoir parfois manqué de la structuration nécessaire pour y parvenir.

    Quoiqu'il en soit, aujourd'hui nous voyons naître des lieux et des associations où le mélange, artistique, humain, et, son corollaire, la tolérance, sont des postulats de départ, voire des fins en soi. "Des Lendemains Qui Chantent" s'inscrit pleinement dans cette démarche. Probablement la plus belle suite à donner à l'histoire de ces "précurseurs" qui malgré quelques manques d'ouverture n'en étaient pas pour autant intolérants.

     

    Un vrai fonctionnement associatif

    Je souhaiterais revenir maintenant à l'un des aspects fondamentaux du projet "Des Lendemains Qui Chantent". Outre son activité courante, succinctement décrite plus haut et sur laquelle je ne m'attarderai pas plus, la particularité de l'association est d'avoir fait le choix d'un vrai fonctionnement associatif. J'entends ceci dans le cadre de la gestion d'un équipement de ce type (Délégation de Service Public, gros budget, etc.), ce qui en fait un choix, sinon unique, plutôt original.

    En effet le Conseil d'Administration, composé de représentants à titre individuel, mais aussi de représentants d'associations adhérentes à "Des Lendemains", ne comprend aucun membre de droit, représentant des collectivités partenaires de l'association (Ville de Tulle, DRAC Limousin, Conseil Régional du Limousin, Conseil Général de la Corrèze, DDJS de la Corrèze). Non pas dans le but de les éloigner du pouvoir de décision de la structure mais afin que celle-ci puisse avoir une vraie vie et notamment la facilité de réunion, toujours difficile avec des représentants institutionnels.

    Résultat : huit Conseils d'administration en 2004, plus les réunions de Bureau.

    Cette possibilité de se réunir fréquemment, une représentation de l'essentiel du secteur culturel de la région de Tulle, de vrais débats et, in fine, un grand pouvoir de décision, créent les conditions pour un niveau d'engagement élevé, garant d'une vie associative riche et intense.

    Actuellement, ce type de fonctionnement semble satisfaire l'ensemble des protagonistes de ce projet.

    Du côté associatif en favorisant la dynamique militante, et du côté des partenaires institutionnels, en étant associés et informés par le biais d'un comité de suivi des objectifs annuels prévus par les statuts, tout en leur évitant la contrainte des réunions régulières.

    Tout cela fait de cette démarche, une alternative intéressante aux choix de gestions habituellement mis en place dans ce type d'équipement. Il permet en effet d'assurer une ouverture du fonctionnement à l'ensemble des acteurs du secteur, bien installés ou non, en leur conférant une réelle influence sur le cours des événements. Au contraire de structures "toutes-puissantes" au fonctionnement parfois opaque et bien souvent repliées sur elles-mêmes.

     

    Pour conclure

    Il semble que les Musiques Actuelles aient de beaux jours à vivre devant elles dans notre région.

    La vitalité de ce secteur en terme artistique, de public mais aussi de logistique nécessaire à sa pratique et à son exposition publique n'est plus à démontrer. L'ouverture de cette salle en constitue la meilleure preuve, ainsi que son intégration dans le temps et le territoire. En outre son histoire ne fait que nous conforter dans la conviction que l'activisme militant et associatif peut influer de manière significative sur les événements et les politiques publiques.

    Et l'on est en droit d'espérer que cette initiative tulliste en suscitera bientôt d'autres dans notre région. En effet pourquoi pas des projets similaires dans des villes comme Guéret, Brive ou Aubusson, et peut-être dans des zones plus rurales, à la condition d'être soutenues par des Communautés de communes ou autres structures de ce type. L'essentiel étant la multiplication de l'offre, qui contrairement à un lieu commun trop souvent énoncé, ne fait que décupler la fréquentation et la possibilité pour une population de se confronter à des pratiques et expressions artistiques autres que les productions de masse assénées quotidiennement par les grands médias.

    Donc à bientôt pour "Des Lendemains Qui Chantent" à Tulle ou ailleurs !

     

    Daniel Vergne

    Daniel Vergne est président de l'association "Des Lendemains Qui Chantent"
    Contact : Des Lendemains Qui Chantent L'Auzelou Av du Lieutenant-colonel Faro 19000 Tulle 05 55 26 09 50 www.deslendemainsquichantent.org 
  • Pas d'OGM dans ma commune

    "Transgénial !": c'est le titre d'une nouvelle "d'agriculture-fiction" à faire froid dans le dos qu'IPNS a publiée dans son dernier numéro. On y voyait le triomphe des OGM et le dépit d'une agricultrice dégoûtée qui ne pouvait plus rien faire contre. C'était "trop tard !". Nous n'en sommes heureusement pas là et, aujourd'hui, il est encore temps d'agir. C'est en tout cas la conviction du collectif creusois "Pas d'OGM dans ma commune" qui invite les citoyens que nous sommes à rejoindre son combat.

    Les êtres vivants se développent et se reproduisent selon un programme inscrit dans les gènes. Les biotechnologies permettent de transférer des gènes d'une espèce à l'autre : d'une bactérie à une plante, d'un poisson à une tomate, d'une araignée à une chèvre... Toutes les cellules de l'organisme manipulé acquièrent la propriété liée à ce gène. Plusieurs secteurs sont concernés, dont l'agriculture. Plus de 40 millions d'hectares dans le monde sont consacrés à la culture de ces végétaux transgéniques, principalement en Amérique du Nord et du Sud.

     

    ogmQuels sont les risques pour l'environnement et la santé ?

    Le principe de précaution n'est pas appliqué. Deux grandes familles d'OGM sont actuellement développées : les variétés rendues insensibles aux herbicides et les variétés résistantes aux insectes.

    Ces espèces modifiées dans leur structure génétique sont aujourd'hui disséminées dans la nature et la chaîne alimentaire, à une très grande échelle. Leurs impacts sur l'environnement et la santé n'ont pas été suffisamment évalués.

    Danger pour la santé : déjà, l'augmentation des allergies est constatée, notamment pour le soja transgénique. Il est impossible de prévoir comment évolueront ces organismes modifiés au long de la chaîne alimentaire. Les OGM qui résistent aux herbicides n'en absorbent pas moins le poison. Quels effets auront-ils à terme sur ceux qui les consommeront ? De même pour les OGM qui produisent, en permanence, un insecticide.

    Danger pour l'environnement : actuellement, les agriculteurs combattent la chenille de la pyrale (parasite du maïs) avec un insecticide naturel efficace quand il est utilisé au bon moment. Novartls commercialise un maïs OGM dont les cellules, grâce à un gène de bactérie incorporé, produisent cet insecticide en permanence... empoisonnant les insectes indistinctement et offrant aux chenilles visées plus de temps pour développer une résistance. Cet insecticide deviendra à terme inefficace et il faudra commercialiser un produit plus puissant...

     

    Les gènes de résistance aux herbicides peuvent, par croisement, se transmettre aux plantes sauvages voisines, par exemple du colza aux ravenelles. Là encore, il faudra commercialiser un herbicide toujours plus puissant...

    Les promesses de "méthodes culturales moins polluantes" ne sont pas tenues : aux EtatsUnis. depuis le développement des cultures d'OGM, l'utilisation des pesticides a augmenté de 40%.

    Dans le cas de la pêche, un petit nombre de poissons transgéniques pourrait provoquer à terme la disparition des populations sauvages bien portantes. Etant donné l'impossibilité de maîtriser à 100% leur stérilisation et leur dissémination, ils pourraient avoir un effet dévastateur sur les milieux marins.

     

    Quelles autres conséquences ?

    Sur le plan économique, l'introduction des variétés OGM entraîne une dépendance accrue des paysans à l'égard des multinationales de l'agrochimie qui s'assurent un monopole à tous les stades de la production. Ces firmes vendent au prix fort les semences OGM et les pesticides qui vont avec.

    Le développement des OGM implique aussi une aggravation de la situation des pays pauvres... Ce ne sont pas des solutions techniques coûteuses, comme les OGM, qui permettront de réduire la faim dans le monde, mais une meilleure répartition des richesses et une valorisation des modes de productions locales.

    Sur le plan éthique, les OGM c'est l'appropriation du vivant. La recherche est désormais financée de plus en plus par des fonds privés : l'objectif est moins scientifique que lucratif. Des empires financiers et industriels se sont constitués autour de ces technologies Aventis, Monsanto, Novartis. Ces firmes répondent en priorité aux vœux de leurs actionnaires.

     

    L'agriculture biologique

    L'agriculture biologique est un mode de production qui met en œuvre des pratiques naturelles, respectueuses de l'environnement et de la santé des consommateurs.

    Elle a donc proscrit l'usage des OGM dans ses cahiers des charges, tant au niveau de la production que de l'alimentation des animaux.

    Par leur dissémination incontrôlable, les OGM représentent un risque majeur pour l'agriculture biologique. Alors que la culture des plantes transgéniques fait encore l'objet d'un moratoire européen, des pollutions sont déjà officiellement constatées. Un rapport de l'AFSSA (Agence Française pour la Sécurité Sanitaire et Alimentaire) révélait la contamination de 41 % des lots analysés de semences de maïs. La présence des OGM dans la nature constitue un danger permanent pour les producteurs bio (dissémination du pollen et des gènes par les oiseaux, les insectes, le vent...). Avec des contaminations à grande échelle, c'est la bio entière qui est menacée, et plus généralement les filières refusant les OGM.

     

    Nous avons besoin de tous les citoyens pour :

    • Interdire les expériences en plein champ qui n'offrent pas les garanties nécessaires. Faute de quoi, la dissémination des OGM dans l'environnement est irréversible.
    • Reconnaître le droit des peuples à maîtriser leurs moyens de subsistance.
    • Interdire l'introduction des OGM dans l'alimentation humaine et animale.
    • Respecter la liberté du paysan de produire sans OGM et tout faire pour sauver l'agriculture durable et en particulier l'agriculture biologique de la contamination OGM.
    • Procéder à des contrôles systématiques sur les semences et les récoltes, pour dépister les OGM.
    • Interdire le brevetage du vivant.

     

    Les communes creusoises de Bourganeuf, Chavanat, Le Donzeil, Maisonnisses, Montboucher, St Christophe, St Eloy, Ste Feyre, St Hilaire le Château, St Laurent, St Martin Château, St Pierre Chérignat, Sardent, Sous-Parsat (et d'autres en préparation) ont déposé de façon collective le 6 mai dernier des arrêtés d'interdiction de cultures et d'essais d'OGM de plein champ. Chaque citoyen peut participer à cette campagne en demandant à son maire de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour éviter toute contamination OGM.

     

    Contacts : Jacques Velghe, maire de St Christophe, Denis Fric, conseiller municipal du Donzeil  ou Tom Vierhout, président du Groupement de l'agriculture biologique de Creuse.

  • Pivoine, un accompagnement à dimension humaine

    Nouveaux arrivants : le défi de l'accueil

    logo pivoineDe nombreuses personnes souhaitant s'installer sur le territoire du plateau de Millevaches ont des projets qu'on définit souvent, faute de mieux, comme "atypiques" : par la nature même du projet (éthique, valeurs, originalité donc complexité), par la forme qu'il prend (projets collectifs, combinaison d'activité, de statuts…), par la taille (petites structures), ou par la façon dont il est envisagé (projets de vie)… L'association Pivoine, créée pour les accompagner témoigne ici de son action et de sa rencontre avec ces candidats à l'installation.

     

    Des profils"atypiques"

    Originaires ou pas du milieu rural, ils y vivent ou ont le projet de s'y installer, ils sont jeunes ou moins jeunes, en couple, en famille, en collectifs ou seuls, vivent un moment charnière, le subissent ou s'en régalent, en tout cas sont dans une envie ou une nécessité de faire bouger des choses dans leur vie, de resituer les priorités. Ils souhaitent faire ce qu'ils aiment et espèrent en vivre, là où ils l'ont choisi et à peu prés comme ils l'entendent. Avec cette exigence en tête, la création de leur propre emploi est souvent la solution la plus évidente : pour certains "faire leur propre truc" est une condition incontournable. Pour d'autres c'est une contrainte qu'ils devront assumer. Cela passe parfois par la combinaison de plusieurs activités pour que l'ensemble soit viable, et aussi parce que c'est parfois frustrant de ne pas tout faire…

    Alors pourquoi s'en priver ?

    Ils n'ont pas l'âme du chef d'entreprise mais ont par contre le profond désir d'entreprendre (étymologiquement : action de commencer / se mettre à faire quelque chose). Une majorité d'entre eux entretient un rapport distancié à l'économique : la rentabilité immédiate de leur activité n'est pas la principale motivation. Ils ne font pas franchement la différence entre le travail et le reste de la vie, ou souhaiteraient la faire moins. Ils veulent aller vers ce qui fait sens pour eux, être le plus cohérent possible entre les valeurs qu'ils portent et la vie qu'ils mènent, plutôt qu'écartelés par les pressions d'un système capitaliste dont ils ne partagent pas les enjeux. Ils veulent trouver leur place quelque part, mais pas n'importe où, et s'impliquer dans ce coin là, créer des liens, faire des ponts. Pour le reste ils verront...

    Ils ont des projets en lien avec l'environnement, ou la culture, sont artisans ou agriculteurs, font du social, du tourisme, proposent des services de proximité, font de l'informatique, ou sont artistes. Souvent un mélange…

    Ils croient en un milieu rural vivant et y participent de fait.

     

    Depuis plusieurs années des associations et des individus se sentent concernés par la démarche d'accueil sur le plateau de Millevaches. De nombreuses actions ont été menées dans ce sens en particulier par Le Réseau d'Acteurs de la Montagne Limousine. La qualité de l'accueil proposé aux personnes souhaitant s'installer sur ce territoire est aujourd'hui évidente. Cependant, certaines d'entre elles cheminent plus aisément vers la réalisation de leur projet en étant accompagnées durant cette période, ou au moins aiguillées de temps à autre, et souhaitent un accompagnement adapté à la nature de leurs projets.

    L'expérience démontre que les motivations des personnes, leurs parcours personnels et professionnels exigent une approche particulière de leur projet de création d'activités, d'autant plus que la difficulté à ranger ces projets d'installation dans les cases de la création d'activité classique ajoute une difficulté supplémentaire au parcours d'installation qui tient souvent plutôt du parcours du combattant ! C'est pour accompagner ces projets qui ne sont pas "dans les clous" qu'a été créée Pivoine.

     

    Pivoine, boîte à outils

    Pivoine est une association loi 1901 qui s'est donné pour objectif principal l'accompagnement à la création d'activité en milieu rural sur le Plateau de Millevaches et la Montagne Limousine. Elle s'est dotée de plusieurs outils :

    • La boutique d'initiatives rurales accueille et accompagne les porteurs de projets individuellement, leur offre un cadre qui respecte l'évolution des projets et des individus ou groupes qui les portent. Elle est ouverte à des projets au stade de l'idée ainsi qu'à des projets qui ne comportent pas de dimension économique.
    • Le parcours de formation "entrepreneur rural" propose sur une période de six mois une série de modules collectifs d'une semaine sur des thèmes liés à la création d'activité (définir et structurer son projet, choisir des statuts…), en alternance avec des temps de stages pratiques, des rencontres avec des personnes ayant créé leur activité et des temps de suivi individuel.

    Pour Pivoine, la notion de "formation" est utilisée au sens de "donner de la forme à quelque chose", poser l'ossature, le cadre qui donne de la marge de manoeuvre, de la liberté.

     

    Lucie Rivers Moore et Mélanie Boyer

     

    Des mots à préciser

    Dans une période où certains termes "séduisants" sont utilisés dans des contextes et avec des objectifs très divers par des personnes et structures avec des points de vue différents, il nous semble important de préciser le sens que nous mettons derrière les mots afin de mieux situer nos actions.

    Accompagner : être présent auprès de quelqu'un ; action de renforcer ou de protéger.
    L'accompagnement nécessite, de ce point de vue, la co-existence de plusieurs éléments : la durée, la distance et la proximité.

    Projet : Le projet est la projection au devant de soi de ses désirs (Etymologie - du latin projectus : ce que je jette devant moi). De cette approche, plusieurs conséquences : le projet est lié à l'individu dans toutes ses dimensions et n'est jamais transposable : il vient des tripes de chacun (tout autant que de sa tête) et ne peut se travailler qu'en tenant compte de qui le porte et de son histoire. Le projet n'est pas toujours cohérent, rationnel, construit, réaliste... mais c'est quand même du projet. Travailler à sa réalisation nécessitera de faire le tri dans l'iconoclaste, le désordre et le bouillonnant : il s'agit de travailler aux négociations, de lâcher par endroit, faire le deuil de certains rêves et d'organiser l'action. Le projet n'est jamais terminé : il se modifie et se complète en permanence face à l'évolution de l'individu et aux réactions de l'environnement. L'individu qui porte un projet investit tout ses moyens, ses forces, son énergie dans la réalisation de celui-ci. D'une certaine manière le projet est vital, au sens où les désirs sont du côté de la vie.
    L'inverse de se projeter est s'adapter : c'est-à-dire se situer du côté des désirs que l'environnement a pour soi. Dans ce cas, il ne s'agit plus de ses désirs mais de ses besoins.

    Viabilité : Etymologiquement du latin via (voie) : "où l'on circule aisément", (quand c'est viable c'est que ça va bien) et du français vie quand l'adjectif viable signifie "remplit les conditions nécessaires pour durer".
    L'habitude veut que ces "conditions pour durer" soient ramenées à la seule condition du revenu monétaire dégagé par une activité. Ainsi viabilité est souvent confondue avec rentabilité. Mais en référence à l'étymologie première, on voit bien que la viabilité dépasse le concept du revenu : une activité rentable peut ne pas être viable (trop pénible, trop déstabilisante, trop polluante) et une activité peu rentable peut s'avérer viable car d'autres sources de revenus ou un mode de vie plus autonome viennent compenser, équilibrer, et permettre aux gens de vivre.

    Extraits du "dictionnaire" réalisé par Xavier Lucien dans le cadre du programme européen DORA / EQUAL
  • Quand la télé-brouette devient télé-vélo

    tele velo 01Samedi 5 mai 2007, 9 heures en haut du bourg de Faux-la-Montagne, près de la mairie et du siège de Télémillevaches, malgré la fraîcheur ambiante et le brouillard épais, il règne une agitation inhabituelle pour un samedi.

    Des jeunes, des moins jeunes en tenue cycliste spécifique ou en vêtements sportifs moins voyants, et surtout tous revêtus de blousons imperméables. Sur des vélos de tous types, du vélo de course hyper sophistiqué au VTT passe partout, ils se regroupent pour aller distribuer les cassettes et les DVD du magasine du mois de Télémillevaches consacré essentiellement au thème des transports. On rencontre pêle-mêle les jeunes vététistes du club de Nedde, les cyclotouristes expérimentés de l'UC Felletin, des adolescents et des adultes de Faux et des environs, cyclistes occasionnels. Tous ont rempli leur sac à dos avec les enveloppes contenant les cassettes et DVD à distribuer dans chacune des 126 communes du Plateau, dans les mairies mais aussi dans d’autres endroits où les cassettes sont diffusées : bars, clubs d'aînés, particuliers, bibliothèques etc… soit au total 200 colis à distribuer

    Les jeunes neddois partent en direction d’Eymoutiers, un groupe de jeunes accompagne les felletinois à Pigerolles, d'autres directions sont prises par les derniers. Olivier, par exemple va se diriger vers Millevaches et effectuera, sans entraînement, un périple de 60 kilomètres, bravo la performance.

    tele velo 02A Pigerolles, le rendez-vous est fixé à l'Auberge des Nautas où la famille Chatoux offre le café à ceux qui arrivent de Faux comme à ceux qui vont repartir Gérard et Jacques sont venus de Felletin à vélo, dans le brouillard, ils s'en retournent alimenter deux relais à Felletin et St Georges Nigremont tout en desservant les communes traversées sur le parcours. Un autre groupe, lui aussi du club de Felletin, se dirige vers la Courtine et Eygurande en traversant la forêt de Chateauvert et le massif des Agriers, avant de revenir à Pigerolles ayant accompli un périple d'une centaine de kilomètres par des routes magnifiques ; malheureusement le brouillard épais empêche de jouir des nombreux et splendides panoramas offerts sur ces parcours. Pendant ce temps, d'autres relais sont pris à Bugeat par les cyclotouristes de Sarran, à St Junien la Bregère par les jeune de l'association Vasi Jeunes, etc …

    Au total, une centaine de cyclistes ont parcouru environ un millier de kilomètres pour effectuer cette livraison particulière de Télémillevaches. Quelques défections de dernière minute ont obligé à compléter les envois en utilisant la voiture ou tout simplement les services de La Poste. Mais à terme l'opération a été une réussite, même si elle a été gênée par le temps maussade ; c'est ainsi qu'à St Georges Nigremont le brouillard était si épais que deux relayeurs sur trois ont livré les cassettes en voiture, la troisième attendant pour se lancer à vélo qu'un début d'éclaircie rende l'exercice moins périlleux..

    Un autre problème, plus inattendu, s'est posé. Les enveloppes étaient trop volumineuses pour les boîtes aux lettres normalisées dont sont équipées la plupart des mairies. Il a donc fallu trouver des endroits abrités pour les déposer ou parfois recourir au service du voisinage.

    tele velo 03Dans les milieux cyclotouristes, on a coutume de parler de trois facettes complémentaires de la pratique cycliste :

    • l'aspect sportif,
    • le volet touristique,
    • le côté utilitaire.

    En l'espèce, c'est avant tout le caractère utilitaire (livraison des cassettes) qui a été mis en évidence, mais l'aspect sportif n'était nullement absent. Quand à la découverte touristiques elle a surtout été contrecarrée par le temps très défavorable. Les enseignements de cette première expérience devraient permettre à une nouvelle édition de se dérouler l'année prochaine dans des conditions encore plus satisfaisantes.

     

    Jean-François Pressicaud
  • Regards de femmes sur leur vie en Creuse

    femme creuseDes femmes creusoises ne veulent pas laisser à d'autres la responsabilité de témoigner des réalités de leur vie de femmes rurales. Elles partagent un vécu depuis de longues années déjà, en association, au sein du GRAF de Combraille, groupe d'agricultrices qui s'est ouvert à d'autres femmes rurales.

     

    C'est la proximité de vie qui les rapproche, avant le métier. Elles souhaitent démontrer que l'image donnée de soi est avant tout celle que l'on se construit. Elles sont parfois atterrées par des articles qui circulent et donnent un relief peu flatteur et passéiste de notre département.

    Elles revendiquent le fait que l'on puisse choisir de vivre en Creuse.

    Pour trouver sa place au sein de la vie de ce département, il faut rompre avec son isolement, se mettre à l'écoute des besoins, faire preuve d'initiatives et ne pas avoir peur d'ouvrir quelques portes pour donner un écho favorable à ses projets. Il y a toujours un interlocuteur quelque part si on exprime une volonté forte de donner des ailes à ses idées.

    Ce groupe de femmes essaie d'appliquer cette philosophie depuis longtemps, elles ont bénéficié de formations innovantes pour mieux appréhender leur territoire, le patrimoine local, les réalités sociologiques.

    Fortes de ces nouvelles connaissances, elles ont décidé de les faire partager à tous, tout en évoquant leur parcours de vie de femmes aujourd'hui en Creuse.

    Elles ne sont ni artistes, ni journalistes encore moins écrivains, plus simplement agricultrices ou rurales impliquées dans le tissu associatif. Ce qui leur parait primordial est d'exprimer elles-mêmes leur ressenti, elles ont choisi la photographie et l'écriture comme modes d'expression.

    Pour donner vie à leur projet, elles ont fait appel une nouvelle fois à de la formation en ouvrant deux ateliers encadrés par des professionnels de l'écriture et de la photographie.

    Ces deux ateliers se sont réunis régulièrement pendant le premier semestre 2006. Elles ont sillonné la campagne, armées de leurs appareils photographiques. Les petites choses du quotidien sont devenues source d'inspiration, de réflexion. Elles ont appris à poser un regard à proximité et à distance sur leur environnement. Cette quête photographique d'amatrices a fait l'objet de nombreuses réunions, rencontres diverses sur le terrain puis en salle.

    Il a fallu se mettre d'accord et choisir une cinquantaine de photographies pour illustrer cette campagne creusoise où cohabitent harmonieusement tradition et modernité. C'est toute leur sensibilité qui s'exprime au travers d'une exposition photographique inaugurée en juillet à Chambon sur Voueize et qui circule maintenant dans le département. Leur travail a été parrainé par Michelle André, vice-présidente du Sénat qui a souhaité mettre en avant cette initiative qu'elle voudrait reproductible dans d'autres départements français. Ce vernissage a réuni 250 invités et a été particulièrement apprécié.

    La présentation photographique était illustrée par une lecture publique de textes écrits par les femmes qui ont du surmonter leur appréhension pour s'exprimer en public devant un parterre d'invités, exercice nouveau pour elles. De nombreux partenaires qui ont soutenu le projet étaient présents : le programme européen LEADER+, le Conseil régional, le Conseil général, la MSA du Limousin, la délégation aux droits des femmes et à l'égalité, la direction départementale de Jeunesse et sports, la chambre d'agriculture.

    Cette exposition d'amatrices rencontre un bel intérêt de la part du public, plusieurs bibliothèques, offices de tourisme l'ont déjà accueillie, elle est à la disposition gratuite de tout collectif qui en ferait la demande au GRAF de Combraille ( Contact : 05 55 82 38 37).

     

    "Nous femmes agricultrices
    Chefs d'exploitation, associées,
    Epouses, mères, secrétaires,
    Cuisinières, gestionnaires…
    Nous, femmes aux mille visages,
    Vêtues de panoplies aux mille usages.
    Nous avons bouleversé, adapté, surmonté
    Ecouté, pleuré, supplié, aimé, dépassé…
    Nous, femmes aux mille visages
    Nous vous livrons nos vies de femmes."

     

    vachesCette première action de communication sera bientôt complétée par l'édition d'un recueil sur lequel s'active désormais ce groupe de femmes. Elles souhaitent rassembler les écrits réalisés dans le cadre de l'atelier d'écriture et quelques photographies dans un document qui sera proposé au public au cours de l'année 2007. Elles insisteront sur leur place de femmes dans la société creusoise.

    Elles rappellent que leur contribution est modeste, elle n'est pas l'affaire de professionnelles de l'écriture. C'est un bout d'itinéraire que vous partagerez avec elles, ce travail est avant tout un espace de solidarité qu'elles ont crée entre elles et qui les nourrit. Puissent-elles nous interpeller aussi et donner envie à d'autres de s'exprimer !

     

    Elisabeth Henri
    vice présidente de la FNGEDA, fédération nationale des groupes d’études et de développement agricole.
  • Réinventer des liens de solidarité

    adt quart mondeDu 26 au 31 Juillet 2007, différentes associations limousines (Solidarité Millevaches, Vasi Jeunes, le MRJC Limousin et Lumières d'Afrique) recevaient la caravane d'ATD Quart Monde. Cette caravane était composée d'une vingtaine de jeunes, permanents volontaires ou simplement là pour une courte période du périple.

    Cela fait 20 ans (17 octobre 1987) qu'une dalle a été posée au Trocadéro à Paris, par laquelle les gouvernements s'engageaient à lutter contre la misère. Cette année, ces caravanes d'ATD Quart Monde passaient un peu partout en France et en Europe pour nous interpeller et nous rappeler l'engagement des politiques en 1987, et aussi faire partager leur combat contre l'exclusion.

    ATD Quart monde connaissant bien la vie citadine et peu le milieu rural, nous avons choisi de les accueillir sur le Plateau. Mais nous avons dépassé le simple accueil. Nous sommes allés vers des personnes vers lesquelles nous n'avons pas l'habitude de nous tourner, la routine étant plus rassurante et plus forte que la soif de découvrir l'autre. Par l'intermédiaire de différents chantiers et ateliers (remise en état du théâtre naturel de Vasi Jeunes, préparation d'un " poulet Yassa " pour 80 personnes mené par Lumières d'Afrique, ateliers Tapori, farandole et Laque d'ATD Quart Monde ou encore ateliers confiture de myrtilles avec Solidarité Millevaches) nous avons tissé des liens qu'il nous faut consolider.

    Des discussions ont permis à des personnes exclues de s'exprimer sur leur vie, aux autres d'écouter et ensemble de réfléchir à une vie plus solidaire et fraternelle. Enfin, les caravaniers ont pu discuter avec des agriculteurs et ainsi se rendre compte des problèmes vécus par les petites exploitations face aux grandes exploitations, de la difficulté de gérer seul toute une exploitation… L'échange et le partage de toutes ces expériences ont été une réelle bouffée d'oxygène.

    A chacun de nous de la conserver et de la multiplier !

     

    Julie Cuenot
  • Saveurs buissonnières

    Dans le cadre des nouvelles installations sur le Plateau de Millevaches, nous découvrons dans ce numéro d'IPNS, Agnès et Dominique Diss qui se sont établis à Royère-de-Vassivière pour ouvrir un restaurant dans le village des Bordes.

     

    Jeune couple bien sous tout rapport

    saveurs buissonnieresAgnès et Dominique Diss n'en font pas un fromage, mais ils se sont rencontrés en Gruyère. Vous avez un trou ? Il s'agit de la charmante vallée suisse du canton de Fribourg. Nos amis, nouveaux arrivants du Plateau de Millevaches n'en sont pas pour autant helvètes. Agnès est originaire de Bretagne et Dominique d'Alsace. Dans son genre, Agnès est une Crach, petite commune du Morbihan à une dizaine de kilomètres des alignements mégalithiques de Carnac et du Golfe du Morbihan. Dominique, lui, importe son léger accent alsacien du Haut-Rhin. Cet homme là s'est beaucoup déplacé au cours de son apprentissage de cuisinier. Il a fréquenté entre autres lieux : Paris, la Suisse et la Loire-Atlantique. Agnès aussi a connu la mobilité dans ses emplois : le transport, l'import-export et le métier de serveuse. Mais c'est au pays de Guillaume Tell que ces deux là ont croqué la pomme. Ils se sont rencontrés dans un restaurant de plantes aromatiques sauvages où ils travaillaient tous deux et y ont décidé de pimenter leur vie.



    De l'Atlantique à Vassivière

    A la suite d'une recherche pour monter un restaurant en Loire-Atlantique, ils sont arrivés l'année dernière pour concrétiser leur projet sur la commune de Royère-de-Vassivière. Entre-temps une annonce dans le mensuel "Village", pour la reprise d'un restaurant sur le Plateau de Millevaches, avait attiré leur attention. Avec les genêts et le granit, Agnès trouve ici des résonances avec son pays breton. Dominique quant à lui, ressent une adéquation entre sa cuisine et la nature environnante. Bref, si Agnès aime la Bretagne et Dominique les Vosges, le Plateau de Millevaches semble les satisfaire pleinement. Si la vie ici est présupposée  âpre et rigoureuse, si la froidure du premier hiver passé par ce jeune couple a vérifié cette impression, de nombreux contacts avec les habitants et un bon accueil du voisinage ont constitué une agréable surprise apte à réchauffer la maison. Dans la terre froide et pauvre qu'ils s'attendaient à trouver et qu'ils ont effectivement rencontrée, ils ont  découvert une pépite : des femmes et des hommes accueillants. Ils en parlent comme un "plus",  en quelque sorte le "bonus" à leur installation.

    Notre couple a débroussaillé, peint, mais aussi, décapé et  rénové la salle où 20 couverts sont servis. Pour cela l'aide spontanée des gens alentours leur a été à la fois précieuse dans l'avancée de leur projet et revigorante pour le mental. "Naturellement, nous nous étions dit que ce serait nos amis qui viendraient nous donner le coup de main; et les gens d'ici sont venus en nombre nous aider" Côté institutionnel, Agnès et Dominique, dans un élan de satisfaction saluent leurs bonnes relations avec la commune, la Chambre de Commerce et la Direction des Services Vétérinaires. Ils ont déposé un dossier pour bénéficier d'une aide sur le budget du programme européen "Leader +". Enfin, ils devraient bénéficier d'une aide de la Région Limousin qui offre une prime au déménagement de 3000 Euros pour ceux qui s'installent et créent une entreprise.

     

    Non pas Troisgros mais Diss

    Dominique est cuisinier, il a œuvré au sein de grands restaurants, travaillé avec de grands chefs. S'il est discret sur le sujet, il ne serait pas étonnant que certains fussent étoilés ou au niveau de l'être. Au-delà de ces supputations, une certitude, Dominique propose une cuisine simple et naturelle. C'est peut-être d'avoir côtoyé de grandes toques où restauration peut devenir le prétexte à un challenge permanent illimité, bien au delà des préoccupations culinaires, que Dominique s'oriente résolument vers la simplicité, ce qui n'exclut d'ailleurs aucunement la belle ouvrage. Avec du pain fabriqué maison, des plantes aromatiques cultivées sur place pour agrémenter leurs plats, ils mériteront sans nul doute leur nom : "Saveurs buissonnières".

    Remy Cholat
  • Un crieur public numérique

    Des listes mails qui réunissent quelques centaines d'habitants sur le Plateau, il en existe plusieurs. La plus courue est sans conteste Crieur public, qui, cet hiver, a accueilli son millième inscrit ! Laetitia Carton et Quentin Paternoster qui sont à l'origine de cette belle histoire nous en ont parlé.

     

    blaireau crieur« Nous cherchons un lieu de stockage au sec pour entreposer quelques meubles et cartons le temps que nos travaux soient terminés. On peut donner un petit billet. »
    « Si tu as un lavabo ou une vasque de salle de bain (il me reste la colonne) que tu n'utilises plus et que tu habites à une vingtaine de km de Peyrat-le-Château, je suis preneuse (don, échange ou achat). »
    « Je recherche une personne qui aurait des compétences en mécanique pour un entretien et redémarrage de mon tracteur tondeuse Honda (moteur GCV 530). Assez urgent car l'herbe va commencer à pousser vite. »
    « Je donne un jars et une oie. »
    « Mon ami Bob vient de partir de chez nous (secteur St-Moreil), il a fait une halte entre Peyrat-le-Château et Lacelle pour prendre une photo, il ne se souvient malheureusement plus du lieu précis (mais plutôt entre Eymoutiers et Lacelle), et a oublié son sac à dos marron en cuir (sa deuxième peau, sac américain qu'il a eu en cadeau) le long de la route. Il ne s'est rendu compte de cet oubli qu'à Albi le lendemain. Les faits se sont passés vendredi dans la soirée. Ce sac est plein de matos d'artiste, des carnets de croquis, etc. et du cash qu'on venait de lui donner pour la réalisation de notre rambarde ! »
    « Je donne 2 adoôoraaaaables cochons d'Inde. Ils sont très mignons, ils vivent à Faux-la-Montagne depuis 2 ans en extérieur (dans un clapier-loft avec accès direct à un jardin privatif). Par contre, je garde le loft... je n'ai pas de cage à donner avec, donc faut avoir un logement à leur offrir. »
    « J'aimerais apprendre à faire du levain, et, aussi à jouer de l'ocarina (ou de la flute). Quelqu'un a-t-il cela dans son grand sac de savoirs pour le partager avec moi ? J'ai aussi un sac avec des choses à partager (bricolage, tricot/couture, musique...) »

     

    Le B.A. BA du réseau social

    Voilà le genre d'annonces (mais ce n'est là qu'un très réduit florilège) qu'on trouve sur Crieur public, cette liste mail qui arrive chaque jour sur les adresses de plus de 1000 inscrits, essentiellement des habitants et habitantes du Plateau. Née vers 2015-2016, ce n'était au début qu'une liste d'amis qui se passaient des messages entre eux. « Ça venait d'un besoin personnel, explique Laetitia Carton, arrivée en 2008 sur le Plateau. À Lyon, où j'avais vécu auparavant, il y avait tous les samedis sur le marché de la Croix-Rousse un vrai crieur public. Les gens déposaient leurs annonces dans des boîtes qui étaient dans la rue et le samedi il les criait sur le marché. J'ai meublé tout mon appartement avec le crieur public ! Mais ici, il n'y pas d'endroit où il y a régulièrement tant de monde, d'autant que n'existaient plus le petit journal Vivre sur le Plateau diffusé par la communauté de communes du Plateau de Gentioux, ni les petites annonces de l'association De fil en réseaux qui ont un peu joué ce rôle à une époque. J'en ai donc parlé avec Quentin qui était facteur à l'époque et qui recueillait des gnorles (des blagues) pour une « Chronique du pays » qu'il faisait sur Radio Vassivière, et on s'est dit : on va faire un crieur public numérique ! » Quentin Paternoster qui s'y connaît en la matière revendique le côté très simple de la liste. Il suffit de s'inscrire et on reçoit un mail quotidien (avec parfois 2 à 3 annonces, certains jours jusqu'à 12 à 15) : « C'est l'exact opposé du truc monté en gestion de projet, ironise-t-il. On a fait ça sans plan, la dimension primitive est ressourçante, ça ne bouge pas dans la forme, c'est très simple et ça n'appartient pas à quelque modérateur que ce soit. » Outre ses deux fondateurs, une troisième modératrice vérifie quand même que les messages ne soient pas complètement hors des clous.

     

    La magie du local

    Pour définir Crieur public, Quentin a une formule : « Ce n'est pas une place de marché et c'est même ce que tu ne mettrais pas forcément sur le Bon coin. » Laetitia en a une autre : « Des messages des gens d'ici pour les gens qui vivent ici. » Cette dimension locale est la condition du succès. Quentin renchérit : « La limite d'une liste comme celle-ci est celle de l'interconnaissance. Il faut que les gens se connaissent plus ou moins, qu'il y ait une espèce de confiance entre eux. » Quelques annonces ont pu faire tiquer de temps en temps (par exemple sur des propositions de pratiques spirituelles ou de soin), mais la réponse des modérateurs est un appel à l'esprit critique (à chacun de juger ce qui est bon ou non pour lui) et un rappel que tout le monde n'a pas les mêmes envies ou recherches (il faut de tout pour faire un monde). Le petit monde de Crieur public tient donc au fait qu'on n'est pas totalement étranger les uns aux autres. « Nous sommes plus de mille, c'est déjà beaucoup et pour les personnes qui veulent s'y inscrire et qui sont un peu loin, comme Bourganeuf, Aubusson ou au-delà de Meymac, le mieux serait de développer d'autres crieurs publics ailleurs. » Des gens sont du reste passés les voir pour s'inspirer de l'initiative. C'est ainsi que s'est créé un autre crieur public numérique en Dordogne, et que du côté de Felletin et Aubusson est née sous la même forme « la Hurlante populaire », que d'autres listes ailleurs se sont également créées. En attendant, de nouveaux venus s'inscrivent sur la liste pour mieux connaître ce qui se passe sur le Plateau et rechercher une coloc, un terrain ou une piste pour une maison. « C'est la magie de Crieur public », résument ses promoteurs qui ajoutent, malicieux : « Ça contribue à façonner la fiction du Plateau de Millevaches ». Une fiction, oui, mais aux accents de vérité !

     

    Michel Lulek

    Pour envoyer une annonce sur Crieur public, il suffit d'envoyer un mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. (en mettant un titre simple et en mentionnant bien ses coordonnées (mail ou téléphone) pour avoir une réponse) et pas à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., qui permet de s'adresser seulement aux modérateurs (pour être inscrit sur la liste par exemple).

     

    partition

     
    Crieur public
    (sur l'air de Gare au gorille de Georges Brassens)
    Cette goguette est signée François-Xavier Drouet

    C'est par cette liste de diffusion
    Que toutes les gentes du canton
    Postent leurs demandes, leurs questions
    Sans souci du qu'en dira-t-on

    Nées dans un esprit de partage
    D'entraide et de gratu-ité
    Ces annonces de nos villages
    Sont à lire en priorité

    Crieur publi-i-i-ic...

    Tu cherches des ballots de laine
    Moi j'ai des chutes d'isolant
    Tu as tout un stock de graines
    Je te répare ton cardan

    Tu donnes des cours de Qi Qong
    Et moi des leçons de yoga
    Tu donnes une table de ping pong
    J'ai des places pour Lady Gaga

    Crieur public...

    Abandonné par Cunégonde
    Tu te cherches un appartement
    Mon père vient de quitter ce monde
    Laissant une place chez ma maman

    Tout l'monde sait quand tu déménages
    C'est une source d'information
    Certains diront de commérage
    Tant pis pour la discréti-on

    Crieur public...

    Tu sais plus quoi faire de ton gosse
    Que tu as déscolarisé
    C'est sûr au moins il est précoce
    Peut-être même surdoué

    Tu cherches un groupe de parole
    Pour te déculpabiliser
    De l'avoir sorti de l'école
    Est-ce que quelqu'un pourrait t'aider ?

    Crieur public...

    Mais si l'objet que tu convoites
    Est un terrain de trois arpents
    Avec une source qui miroite
    Et le grand air pour tes enfants

    Voulant fonder un autre monde
    Dans une parfaite autonomie
    Je doute que l'on te réponde
    La terre est courue par ici

    Crieur public...

    C'est un visage un peu plus rose
    Des nouvelles technologies
    Chacun cherche son quelque chose
    A prix libre ou mi-eux gratuit

    Si vient le jour où les GAFAM
    Veulent contrôler cette utopie
    Nous dirons à tous ces infâmes
    Point de fric à se faire ici

    Crieur public...

     

    Trois autres listes

    En plus de crieur public qui est là pour déposer et recevoir les petites annonces, coups de main, demandes d’aide, dons, trocs, échanges, offres d’emploi ou de services, etc., il existe aussi :
    - yaquoisurlamontagne pour les événements locaux : concerts, stages, formations, ateliers, spectacles, etc. Pour cela, s'inscrire en cliquant sur ce lien : https://lists.riseup.net/www/info/yaquoisurlamontagne
    - covoiturage-plateau pour tous les covoiturages du secteur. Écrire à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour s’inscrire et Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour déposer son annonce.
    - plateau-insoumis pour recevoir toutes les informations sur les luttes et les actions militantes : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
  • Un projet d'huilerie itinérante

    logo roulons versRoulons vers… association créée en juin 2005 par une quinzaine de personnes issue du milieu agricole a décidé de permettre à des paysans de produire leur propre énergie : le premier projet est de fabriquer du biocarburant à partir de la graine de colza ou de tournesol.

    L'association Roulons vers… "a pour but de promouvoir les énergies renouvelables, de mettre en réseau les personnes sensibilisées aux questions d'énergies et de pollutions.

    L'association mettra en oeuvre des réalisations concrètes afin de proposer un autre modèle de production et de consommation de l'énergie qui soit moins polluant et qui oeuvre pour une société responsable, respectueuse de son avenir et socialement plus équitable".

    Les membres créateurs de l'association ont souhaité définir un objet beaucoup plus large que les biocarburants. A ce jour le projet commun du groupe ; 21 fermes des cantons de Bourganeuf, Pontarion, Royère de vassiviere (Creuse) et Eymoutiers (Haute Vienne), est de mettre en place concrètement un projet itinérant de presse à huile végétale brute (HVB). D'autres projets d'aménagements des fermes et des habitations utilisant les énergies, solaires, éoliennes ou bois sont dans les idées.

    Pour la mise en place de la presse à huile itinérante (pour la fin de l'année 2005) nous avons un investissement de 42 000 euros à réaliser (presse, filtres, remorque, trémie, bac, trieur, pompe, et accessoires). Nous cherchons des personnes, des entreprises qui seraient prêtes à nous soutenir par l'adhésion (20 euros, 10 euros pour étudiant et chômeur), des dons, des avances sur l'utilisation de la presse, ou des prêts...

     

    Jérome Orvain
  • Vivre en Cévennes, le logement, goulot d'étranglement de l'installation en milieu rural

    La difficulté de trouver à se loger est un obstacle majeur à l'accueil de nouveaux habitants. Vérité sur le plateau de Millevaches ; vérité en Cévennes où un groupe d'habitants a décidé de prendre ce problème à bras le corps. Cette initiative originale et volontariste a débouché sur la création d'une société coopérative d'intérêt collectif (une SCIC) dont une des missions est de trouver des solutions au problème du logement. Par la problématique comme par la manière de l'aborder, ce groupe témoigne d'une approche et d'un mode d'action qui n'est pas sans rappeler ce qui se passe ici en matière d'accueil avec "le réseau d'accueil associatif". Nous avons interrogé Jean-Luc Mathieu, un des responsables de la SCIC "Bois 2 Mains".

     

    chantierIPNS : Les Cévennes sont une région qui attire beaucoup. Pourtant s'y installer n'est pas toujours évident. Comme disent les vieux chez vous : "Qui veut Cévennes, veut ses peines". Quelles sont les principales difficultés de l'installation ?

    Jean Luc Mathieu : La problématique est double : accéder à un revenu et se loger dignement. Si on parle revenu, il faut savoir que les Cévennes sont désertées par l'emploi. Le pays n'a pas su développer des activités de production basées sur ses ressources propres. Seuls quelques agriculteurs peuvent s'en sortir grâce aux aides publiques tant que les réglementations permettront encore une agriculture différente. Après il reste le travail au noir, source de revenus pour une bonne partie des sans-emploi mais qui accentue une forme de précarité durable… Si on parle logement, il est indéniable que des habitations existent, il suffit de voir les ruines et les maisons inoccupées qui parsèment les montagnes. Mais les limites à son accession sont multiples :

    • l'aspect réglementaire : la loi montagne qui interdit la reconstruction sur de nombreux périmètres, et notamment l'obligation communale de fournir l'eau et l'accès, ce qui contraint les maires à ne pas signer de permis.
    • la situation d'indivision de nombreuses habitations.
    • les aides à la rénovation, bien plus favorables pour un gîte touristique que pour une habitation permanente.
    • enfin et surtout la pression foncière qui a vu en quelques temps les prix s'envoler, signe d'une convoitise de plus en plus exacerbée qui pousse certains à investir pour spéculer.

    Bref, le constat est surprenant, mais il est là : les conditions d'accès à la propriété sur ce territoire ne correspondent plus aux possibilités économiques, d'activités et de revenus de ce même territoire.

     

    IPNS : Dans ce contexte qui rappelle celui du plateau où la pression foncière devient de plus en plus forte depuis quelques années, un certain nombre d'habitants, dont vous êtes, a décidé de réagir. Comment cela s'est-il passé ?

    J-L. M. : A quelques-uns de notre vallée, on s'est posé la question : comment s'en sortir ? Une première évidence, c'est la solidarité nécessaire entre tous afin que chacun puisse avoir sa chance. Seul et avec peu, voire sans moyen, il est illusoire de pouvoir s'en sortir. Ainsi sont nées les "journées chinoises", traditionnellement le samedi, des journées consacrées à l'entraide chez l'un ou chez l'autre en fonction des besoins, celui qui reçoit offrant la nourriture. En cinq ans, ces journées ont fait leurs preuves : temps de rencontres et de convivialité, de sérieux et de rigueur dans les travaux accomplis, de partage d'expériences et de compétences… Aussi elles attirent de plus en plus de personnes des trois communes environnantes, en majorité des jeunes adultes, d'origines et de parcours totalement différents et qui ont pour seuls liens le territoire et leur volonté d'y exister. A force de travail commun, les réflexes, l'organisation, les capacités s'affinent. Tous se souviennent encore, de cette journée passée à sortir une châtaigneraie de la ronce et de la broussaille et qui, en fin de journée, tirait les larmes du vieux cévenol venu observer tous ces jeunes qui s'affairaient.

     

    IPNS : Ces chantiers de solidarité ne peuvent néanmoins pas suffire à résoudre tous les problèmes…

    J-L. M. : Effectivement. La solidarité arrondit les angles, mais les problématiques - vivre et se loger - restent entières. Des nombreuses discussions qui animent les "chinois" sort une révélation : l'importance dans le pays de la reconnaissance par le travail. C'est dans l'esprit cévenol, laborieux et infatigable : "On ne choisit pas les Cévennes, ce sont elles qui vous choisissent". Oui mais, quel travail ? Le plus évident semble être l'agriculture. Mais qui veut d'une agriculture réalisée en moyenne montagne sur des terres pauvres, escarpées et au climat rigoureux ? A quel prix réaliser une agriculture qui entre dans les cadres communs ? De fait, l'accueil touristique est devenu la source de revenus indispensable à l'agriculteur cévenol. La reconnaissance de la pluriactivité traditionnelle, nécessaire sur ce territoire, est désespérément inconnue de l'administration. Et qui dit agriculture, dit terre, d'où le problème foncier…

    Le problème est global, il demande une réponse globale. On voulait trouver ensemble les conditions de nos existences localement. On était alors courant 2001. Notre nombre et nos volontés de dégager un revenu nous ont fait étudier, d'entrée, le statut coopératif. Jusqu'à ce qu'on entende parler d'un nouveau statut, alors en gestation, la société coopérative d'intérêt collectif (SCIC). Le législateur balbutiait sa définition, mais pour nous c'était clairement le statut qui correspondait à nos attentes. L'intérêt collectif, tout est là. C'est le fondement de ce que l'on voulait créer dans la continuité de la solidarité plus ou moins informelle des "journées chinoises". Ce que nous voulions :

    • une activité économique, source de revenus, utile au territoire, à ses salariés et à ses usagers.
    • une activité environnementale dans un souci de préservation du territoire. C'est pourquoi nous avons choisi la forêt, en insistant sur le bois bouscasse (châtaignier non greffé destiné à produire du bois d'œuvre), ressource importante du territoire mais souffrant d'une absence d'entretien et de suivi.
    • une activité liée au développement du logement en Cévennes.
    • une activité liée à l'accueil, l'insertion, l'aide aux publics en difficultés et présents sur le territoire.

    La SCIC permet sous le même statut cet ensemble de choses. L'activité économique se déclare au registre du commerce et l'intérêt collectif est agréé par la préfecture pour une durée de 5 ans.

     

    logo installationIPNS : Quelles sont donc les missions d'intérêt collectif de votre SCIC, en particulier en ce qui concerne le logement ?

    J-L. M. : En terme de logement, nous émettions deux perspectives :

    • créer un concept de "cité de transit", destinée à l'accueil d'urgence et de courtes durées.
    • créer un concept de "Maison d'Intérêt Collectif", lieu à usages multiples (agriculture, environnement, accueil touristique, insertion…) sous contrat pour ceux qui l'utilisent.

    Nous en étions à l'état des concepts, des perspectives, des enjeux. Par exemple, le terme "cité de transit", repris de la période de reconstruction de l'après-guerre, ne va pas sans choquer nos interlocuteurs. Nous l'avons délibérément choisi afin d'interpeller sur une situation urgente et qui doit rester inacceptable.

    Une fois la SCIC constituée, il nous fallait préciser nos actions à mener. Aussi, nous avons créé un groupe, au sein de BOIS 2 MAINS, qui rassemble sans exclusive les associés et toutes les personnes désirant s'impliquer dans la démarche : le groupe INSTAL'ACTION. Le problème du logement est sensible, chacun cherche sa solution, souvent isolément, les informations ne sont pas partagées, la concurrence règne. Face à cette situation, INSTAL'ACTION se proposa de considérer différemment les choses : affirmer collectivement les soucis et les besoins de logement, associer et sensibiliser les acteurs du territoire à ces problématiques afin d'élaborer, tout aussi collectivement, des solutions. Bref, il faut mettre tout le monde autour de la table et discuter.

    Aussi, il est décidé d'organiser, le 29 août 2003, une journée de sensibilisation et de discussions autour du thème : "Se loger en Cévennes".

    La matinée était consacrée au débat. Nous avions choisi de nous réunir sur l'emplacement d'un ancien chalet auto-construit notamment lors des "journées chinoises". Il abritait en son temps, trois jeunes et était destiné à l'accueil d'autres personnes en difficulté. Le propriétaire nous laissait gracieusement mener cette expérience. Suite à une plainte, le propriétaire fut assigné en justice et mis en demeure de démonter l'installation. Le démontage fut réalisé en "journée chinoise", mais nous avons toutefois pris soin de conserver l'ossature de la structure comme un squelette sur la montagne pour montrer que rien n'était réglé.

    La centaine de participants se trouve rapidement un peu surpris par cet événement : c'est bien la première fois que se retrouvent autour de cet enjeu, des politiques, des administratifs et des personnes en recherche de logement. Sans agressivité ni altercation, chacun se concentre sur l'élaboration de pistes de solutions.

    En soirée, nous organisons un concert et des animations pour donner un aspect festif à l'événement. Les personnes en recherche de logement sont invitées à revêtir un T-shirt avec le logo d'INSTAL'ACTION (en fond sur cette page) afin de marquer encore plus l'importance de notre problème. Finalement, ce sont 300 personnes qui participèrent à cette soirée sur le terrain municipal de Saint-Frézal de Ventalon qui n'avait plus connu ça depuis fort longtemps ! Cet événement nous a permis de nous faire connaître et reconnaître comme acteurs de cette situation, de créer un réseau de partenaires sensibilisés par notre démarche, d'amorcer une méthode de concertation devant mener à la réalisation et à l'action.

     

    IPNS : Votre histoire, qui n'en est qu'à ses débuts, prouve l'importance de l'initiative plus ou moins spontanée qui émerge du terrain. Quel enseignement principal en tirez-vous ?

    J.L. M. : Ce qu'a déjà permis le collectif nous assure de l'importance de "rester groupés", fédérés et solidaires. La réponse au problème du logement en Cévennes doit être collective pour être durable, la recherche de solutions individuelles ne le résoudra pas. Se sentir acteur et responsable de son territoire, investi dans une démarche d'intérêt collectif, est déjà le signe de la réussite du groupe et de son initiative. Et ça, ce n'est déjà pas si mal...

     

    Contact : bois2mains - groupe logement,
    Le Fresquet, 48240 St Frézal de Ventalon.