Le projet "Des Lendemains" est né avec un double objectif : diffuser et promouvoir les Musiques Actuelles et créer une structure de gestion dotée d'un réel fonctionnement associatif.
Ainsi la salle de diffusion de Tulle ne constitue que le dernier élément de l'ensemble "Des Lendemains", puisque l'association existe depuis mars 2002 et gère le local de répétition "Le Labo" depuis juillet 2003.
Local existant lui-même depuis 1994 et auparavant géré par l'association "Accords et Cris". L'association constitue donc aujourd'hui un ensemble regroupant 180 adhérents, 14 associations, et 34 groupes, qui organise une quarantaine de concerts par an, des résidences, des filages, des stages et travaille en collaboration avec de nombreuses structures, adhérentes à l'association ou non. Tout ceci avec une équipe salariée de 6,5 personnes, grande première dans la professionnalisation du secteur en Corrèze, garante de la pérennité des actions et de perspectives à long terme, toujours difficiles dans le cadre du seul bénévolat. Elle offre en outre la qualité et la force de travail nécessaires, notamment en terme administratif, pour respecter les diverses réglementations.
Tout cela témoigne d'une vitalité et d'un dynamisme toujours bien réels, aboutissement d'une longue activité militante qui a su se renouveler et incorporer les nouvelles données de ce secteur. Une situation qui est d'ailleurs le reflet de la situation régionale et nationale.
En effet aujourd'hui nous travaillons sur le secteur des Musiques Actuelles. Derrière ce terme se cache en fait un vaste domaine qui regroupe aussi bien le Rock dans toutes ses déclinaisons, le Jazz, la Chanson que les Musiques Traditionnelles. Toutes tendances qu'il aurait été parfois bien difficile de faire cohabiter dans certains lieux il y a quelques années seulement. En effet une grande partie de l'activisme s'est développé autour d' "assos rock" dans le courant des années 80, sans forcément de liens avec les structures jazz, chanson ou trad. Ces liens étaient à l'époque difficiles à établir, certaines esthétiques étant, à priori, dotées d'une plus grande "respectabilité culturelle" et donc sans les besoins urgents qui formaient la base des revendications exprimées par les "rockeurs". Mais les choses évoluant, toutes les tendances sus-citées furent regroupées sous l'appellation "Musiques Actuelles" par le Ministère de la Culture, considérant qu'au moins un point commun unissait toutes ces expressions : celui d'être amplifiées. Terme beaucoup employé dans les années 90 et qui a failli devenir la version officielle. Il n'en reste pas moins qu'il faut saluer les "braillards" de la musique et de l'engagement associatif, qui ont largement contribué à la naissance de ces équipements, faute d'avoir parfois manqué de la structuration nécessaire pour y parvenir.
Quoiqu'il en soit, aujourd'hui nous voyons naître des lieux et des associations où le mélange, artistique, humain, et, son corollaire, la tolérance, sont des postulats de départ, voire des fins en soi. "Des Lendemains Qui Chantent" s'inscrit pleinement dans cette démarche. Probablement la plus belle suite à donner à l'histoire de ces "précurseurs" qui malgré quelques manques d'ouverture n'en étaient pas pour autant intolérants.
Je souhaiterais revenir maintenant à l'un des aspects fondamentaux du projet "Des Lendemains Qui Chantent". Outre son activité courante, succinctement décrite plus haut et sur laquelle je ne m'attarderai pas plus, la particularité de l'association est d'avoir fait le choix d'un vrai fonctionnement associatif. J'entends ceci dans le cadre de la gestion d'un équipement de ce type (Délégation de Service Public, gros budget, etc.), ce qui en fait un choix, sinon unique, plutôt original.
En effet le Conseil d'Administration, composé de représentants à titre individuel, mais aussi de représentants d'associations adhérentes à "Des Lendemains", ne comprend aucun membre de droit, représentant des collectivités partenaires de l'association (Ville de Tulle, DRAC Limousin, Conseil Régional du Limousin, Conseil Général de la Corrèze, DDJS de la Corrèze). Non pas dans le but de les éloigner du pouvoir de décision de la structure mais afin que celle-ci puisse avoir une vraie vie et notamment la facilité de réunion, toujours difficile avec des représentants institutionnels.
Résultat : huit Conseils d'administration en 2004, plus les réunions de Bureau.
Cette possibilité de se réunir fréquemment, une représentation de l'essentiel du secteur culturel de la région de Tulle, de vrais débats et, in fine, un grand pouvoir de décision, créent les conditions pour un niveau d'engagement élevé, garant d'une vie associative riche et intense.
Actuellement, ce type de fonctionnement semble satisfaire l'ensemble des protagonistes de ce projet.
Du côté associatif en favorisant la dynamique militante, et du côté des partenaires institutionnels, en étant associés et informés par le biais d'un comité de suivi des objectifs annuels prévus par les statuts, tout en leur évitant la contrainte des réunions régulières.
Tout cela fait de cette démarche, une alternative intéressante aux choix de gestions habituellement mis en place dans ce type d'équipement. Il permet en effet d'assurer une ouverture du fonctionnement à l'ensemble des acteurs du secteur, bien installés ou non, en leur conférant une réelle influence sur le cours des événements. Au contraire de structures "toutes-puissantes" au fonctionnement parfois opaque et bien souvent repliées sur elles-mêmes.
Il semble que les Musiques Actuelles aient de beaux jours à vivre devant elles dans notre région.
La vitalité de ce secteur en terme artistique, de public mais aussi de logistique nécessaire à sa pratique et à son exposition publique n'est plus à démontrer. L'ouverture de cette salle en constitue la meilleure preuve, ainsi que son intégration dans le temps et le territoire. En outre son histoire ne fait que nous conforter dans la conviction que l'activisme militant et associatif peut influer de manière significative sur les événements et les politiques publiques.
Et l'on est en droit d'espérer que cette initiative tulliste en suscitera bientôt d'autres dans notre région. En effet pourquoi pas des projets similaires dans des villes comme Guéret, Brive ou Aubusson, et peut-être dans des zones plus rurales, à la condition d'être soutenues par des Communautés de communes ou autres structures de ce type. L'essentiel étant la multiplication de l'offre, qui contrairement à un lieu commun trop souvent énoncé, ne fait que décupler la fréquentation et la possibilité pour une population de se confronter à des pratiques et expressions artistiques autres que les productions de masse assénées quotidiennement par les grands médias.
Donc à bientôt pour "Des Lendemains Qui Chantent" à Tulle ou ailleurs !
Daniel Vergne