Se'n fot be mau, la terra !
Se 'n fot be mau d'aqueu qui semna, e d'aqueu qui culhis. D'aqueu qui n'empòrta la grana coma dau meissonier.
Se'n fot be mau d'aqueu qui la laurada, e d'aqueu qui li a marcat sos pas sus lo flanc,
d'aqueu qu'espera la frucha mai d'aqueu qui la minja.
Se'n fot be mau !
Siaja tu, siaja ieu, que quò li fai, la terra ?
Un qui la finca, un qui la nafra, lo levam de la grana, e la raiç que la mòrd,
lo fum de la vita mai lo sang de la mòrt.
Que pòrte las romegs, que pòrte l'espija, lo chasne ò be la font, la maison ò be la viá,
e lo rainard ò be la vacha. Que quò li fai !Tant de perfum dins l'espina, tant de marmus dins las leunas,
lo rossinhòl ò be la graula. Podes venir o te'n tornar, que quò li fai, la furmic ò be l'ajaça.
Se duebre, se barra. Se cuebre de flors. Se sarra. E tu dessus, e ieu dejos, que quò li balha ?
L'amor dessus, la mòrt dejos, que la trabalha ?
E tu qui te'n tornas, mais ieu, lo jorn ò be l'estiala.
Elle s'en fout, la terre !
Elle s'en fout de celui qui sème, et de celui qui cueille. De celui qui emporte le grain comme du moissonneur.
Elle s'en fout de celui qui l'a labourée, de celui qui lui a marqué ses pas sur le flanc,
de celui qui attend les fruits comme de celui qui les mange.
Elle s'en fout.
Que ce soit toi, que ce soit moi, qu'est-ce que cela lui fait, la terre ?
Un qui la flatte, un qui la blesse, le levain de la graine, et la racine qui la mord,
la fumée de la vie et le sang de la mort.
Qu'elle porte la ronce, qu'elle porte l'épi, le chêne ou la fontaine, la maison ou le chemin,
ou le renard ou bien la vache. Qu'est-ce que ça lui fait ! Tant de parfum dans l'épine, tant de murmures dans le lierre,
le rossignol ou le corbeau. Tu peux venir, et repartir, qu'est-ce que cela lui fait, la fourmi ou la pie.
Elle s'ouvre, elle se ferme. Elle se couvre de fleurs. Elle se serre. Et toi dessus, et moi dessous, qu'est-ce que cela lui donne ?
L'amour dessus, la mort dessous, qu'est-ce qui la travaille ?
Et toi, que tu repartes, et moi, le jour ou l'étoile.
Moi qui voulais être les arbres, dans le souffle puissant de la pluie et le balancement des branches au soleil.
Moi qui voulais être les prés, longuement mûrissants de tous les parfums de leurs herbes.
Moi qui pensais être la terre sombre et toute ruisselante d'eaux, grosse de la germination des graines et pleine de racines.
Qui croyais être ce pays, dans ma bouche avec ma parole. Qui croyais être ce que sont les arbres, les moissons, le sol.
Et qu'en moi s'accomplît le cycle des saisons, la pesanteur des roches et des plantes, l'engrangement et les semailles.
Le poids des bêtes chaudes, et la profonde respiration des plumes et des pelages, la coulée de la sève et du sang ; le sommeil.
Moi qui croyais être le nom de ce pays sauvage. Planté dans l'épaisseur du sol entre la source et la montagne.
Moi qui meurs lentement comme meurent les arbres, et qui m'arracherai, branche après branche.
Moi qui meurs comme meurent les pierres, mûres de l'air brûlant qui vont à l'eau dormante.
Moi qui meurs sans mémoire et qui n'étais que l'ombre d'une ombre et le murmure d'un frémissement.
Difficile on le voit de ranger Eclats de Rives dans une case avec une étiquette. La sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine ? Ce sont bien les objectifs fondateurs de l’association et des réalisations se sont multipliées depuis. La “convivialité” ? c’est vrai on apprécie les échanges et les moments chaleureux, on aime faire la fête à Eclats de Rives et la faire partager. Des passionnés militant pour une nature à la fois mieux respectée et ouverte? Cette forme d’écologie qui associe protection, accueil et activités de découverte fait bien partie de notre culture. Sans oublier la défense des chemins ruraux pour qu’ils redeviennent accessibles et conservent leur caractère de chemin public ouvert à tous. Et depuis quand ce beau programme ? Quelle en est l’origine ?
Souvenez vous : 1994 on prépare la future vidange du lac de Vassivière. A St Martin Château ça discute dur entre copains venus de tous les horizons: 9 m3/seconde voilà ce que sera le débit de la Maulde pendant 1 ou 2 mois. Inquiétude d’abord pour ceux qui risquent de se retrouver les pieds dans l’eau, inquiétude aussi pour ces ponts anciens plus ou moins stables, ces planches de pierres résisteront elles au courant ? Et au fait, combien y a t’il de ponts depuis le barrage jusqu’à Peyrat le Château ? Comment faire pour les sauvegarder ? C’est de ces interrogations et de cette situation d’urgence qu’est née l’idée de constituer une association et pourquoi pas l’appeler Eclats de Rives ?
Beaucoup de chantiers se sont succédés depuis : il y a eu d’abord les ponts de Villegouleix et du Chataignoux avec le difficile apprentissage de la collecte des aides, des subventions et autres partenariats. Le besoin de dresser en même temps un inventaire des ponts et de l’élargir ensuite à l’ensemble du patrimoine rural et naturel. les expositions estivales de peintures et de photos ont matérialisé les inventaires et fait découvrir et apprécier ces richesses oubliées à de très nombreux visiteurs. Beaucoup de sédentaires les ont aussi redécouvertes. L’action d’Eclats de Rives a ainsi été reconnue. Les réalisations se sont multipliées avec le puits du Mas Faure, le four à pain du bourg, la fontaine du village, la réouverture de plusieurs chemins. Aujourd’hui l’association évolue et se tourne davantage vers les partenaires extérieurs en particulier à travers les chantiers de jeunes depuis 2 ans.
Nos actions sont recentrées et fédérées autour du projet de réalisation d’un chemin de découverte de la vallée de la Maulde. L’assainissement du chemin, la signalétique, l’aménagement d’un petit étang, la labellisation du circuit par le comité départemental du tourisme font l’objet d’un partenariat très constructif avec la municipalité de St Martin Château. Reste à faire connaître et apprécier cette réalisation et à lui donner vie à travers des activités. On envisage diverses actions éducatives avec des jeunes de la région dans le cadre d’un Contrat Educatif Local par exemple. Parallèlement l’inventaire du patrimoine se poursuit, une exposition regroupera l’été prochain des photos sur le thème de l’eau dans nos villages: fontaines, abreuvoirs, puits, et aqueducs seront à l’honneur. On retrouvera aussi le rituel de la Fête sur la place de St Martin Château, les balades et toujours beaucoup de discussions et des projets encore des projets…
Le village abandonné de Clédat dans la commune de Grandsaigne, sur le versant sud du plateau de Millevaches possède une longue tradition d'accueil.
Au moyen-âge le chapitre Saint-Gérald qui avait déjà fondé un hospice aux portes de Limoges fut chargé par l'évêque d'y créer un relais pour les voyageurs et les pèlerins qui suivaient le chemin de long parcours très désert entre Pérols et SaintYrieix- le-Déjalat. C'est vers 1160 que l'on choisit un replat ensoleillé, bénéficiant de sources abondantes pour y implanter l'hospice de Clédat doté d'une chapelle qui subsiste aujourd'hui. Un village de paysans s'établit autour par défrichement de la forêt, il se développa et fut même le siège d'une petite paroisse jusqu'en 1676.
Le village s'est maintenu après l'abandon du chemin et la disparition de l'hospice, et son rôle d'accueil s'est poursuivi car la chapelle et une "bonne fontaine" dédiées à sainte Magdeleine ont été un lieu de pèlerinage jusqu'au milieu du XXème siècle.
Ensuite vers 1960, le village, à l'écart des routes modernes, et où le relief ne permettait pas la mécanisation de l'agriculture fut abandonné par ses habitants, ses terres furent plantées de résineux et font maintenant partie de la forêt domaniale de Larfeuil.
Un temps oublié, ce pauvre village tombait inexorablement en ruines quand en 1998 émus par la disparition prochaine de la chapelle, des bénévoles ont fondé l'association "Renaissance des vieilles pierres entre Millevaches et Monédières" pour sauver ce qui pouvait encore l'être. Cette initiative a reçu le soutien immédiat de la population des alentours qui a répondu à l'appel d'une souscription lancée par l'association. Ainsi la chapelle a pu être restaurée en 2001 .
Pour reprendre et développer la tradition d'accueil de ce lieu envoûtant où le patrimoine paysager s'associe aux souvenirs historiques, l'association y organise des rencontres festives et culturelles rassemblant de nombreuses personnes. Les gens y reviennent porteurs des traditions, leurs familles souvent dispersées au loin par l'exode rural s'y ressourcent à la recherche de leurs racines et l'on constate que les touristes de passage sont aussi séduits. Ce lieu singulier permet donc des rencontres authentiques entre le passé et le présent, entre le pays profond et les gens venus d'ailleurs. C'est donc un lieu idéal pour promouvoir un pôle de tourisme culturel mais en veillant bien à ne pas dénaturer le site.
L'association s'y emploie avec ses faibles moyens. Elle a déjà, avec l'aval de l'ONF propriétaire du terrain, fait dégager les ruines, réhabilité les deux fontaines, elle assure l'accueil et l'animation estivale : représentations théâtrales, concerts, fêtes du livre, conférences d'ethnologie, expositions artistiques, diffusions de documentation historique, randonnées pédestres avec lecture du paysage.
Pour amplifier cette action, les communes de Bonnefond, Grandsaigne et Pradines ont décidé de s'associer à l'aménagement du site où il faudrait restaurer ce qui peut l'être encore {la maison fournil) et ont proposé à l'ONF d'acheter la clairière occupée par les bâtiments de l'ancien village.
Ce lieu chargé d'histoire, au milieu d'une immense forêt parcourue par un réseau de chemins de randonnées balisés par l'association, accessible en voiture par des pistes forestières pourrait donc être le cœur d'un centre touristique et culturel rayonnant d'abord sur les communes voisines de Bonnefond, Grandsaigne, Pradines et St Yrieix-le-Déjalat mais pourrait aussi constituer un pôle fort du parc naturel régional.
Ces actions conjointes des habitants, des associations et des communes, dans le cadre du PNR auraient un double objectif: la conservation du patrimoine historique et sa valorisation en vue d'attirer et de retenir les touristes et ainsi prolonger dans le présent la vie sur les hautes terres du plateau de Millevaches.
Contrechamps intitule son projet : “Construire ensemble une nouvelle ruralité”. Il s’agit d’inventer, de mettre en œuvre et de soutenir un développement local ancré dans un territoire rural en déprise et porté par ses habitants. Notre conviction est que conjointement à la dimension économique du développement (souvent confondu avec croissance) doivent co-exister une dimension sociale appropriée (reconnaissance, échange, partage, solidarité) et une dimension culturelle de qualité (diversité, accessibilité, participation, etc.). Ces trois dimensions sont indissociables et elles doivent s’interpénétrer pour se féconder mutuellement. Ainsi, dans la transversalité et le décloisonnement des activités, se construisent du sens et du lien entre les personnes.
Depuis le 1er janvier 2002, Contrechamps loue par bail emphytéotique à 99 ans, un ensemble de bâtiments situé à Trasrieux sur la commune de St Julien le Petit. Il s’agit d’une ferme fortifiée du 17ème avec granges, cour intérieure, et petit château qui vient de faire l’objet d’une demande de protection auprès de la commission régionale du patrimoine historique.
L’association souhaite sauvegarder l’ensemble de ce patrimoine architectural dans le respect de son caractère d’origine tout en lui donnant une destination conforme aux attentes d’une partie des habitants du territoire et aux objectifs de l’association.
L’idée maîtresse est de faire de ce site remarquable, un lieu d’accueil, de rencontre et d’expérience pour tous publics dans les domaines de l’animation pédagogique, de la formation et de l’expression artistique. Ces activités se développeront dans un rapport étroit avec le domaine agricole de Trasrieux (du GAEC Champs Libres) et la dynamique locale.
Parmi les aménagements, il est prévu de réaliser un hébergement collectif d’une capacité de 30 places, des salles d’activité, une salle d’expression artistique et de spectacles de 80 places et un ensemble de restauration.
Pour commencer tous ces travaux l’association organise cet été, du 2 au 18 août 2002, un chantier international de jeunes autour de la rénovation de la grange, pour en faire une salle de spectacles. Une vingtaine de jeunes de 18 à 30 ans sont attendus pour se rencontrer autour de quatre grands thèmes :
Dans sa seconde livraison IPNS racontait l'heureuse intégration d'une famille anglaise à La Villedieu : "C'est la plus belle chose que j'ai réussie dans ma vie". De son côté le premier numéro de la nouvelle série de La lettre du Limousin présente l'association "Welcome en Limousin". Elle propose aux anglophones un guide pratique d'informations sur le Limousin rédigé en anglais. C'est un constat : des anglais s'établissent en Limousin depuis quelques années.
Comme ils l'ont déjà fait en Périgord, depuis fort longtemps. Et plus fortement encore autour des années 1980- 1990 en Bretagne, Normandie ou Provence. Pour évaluer cette expansion anglaise en Limousin l'exemple des cantons de Gentioux-Pigerolles et Royère de Vassivière est très significatif. En l'espace de moins d'un an (2004-2005), 20 % des transactions immobilières (foncier bâti et foncier non bâti) enregistrées à la SAFER, ont été réalisées avec ou par des anglais. S'ils ne s'intéressent guère aux terres agricoles, à l'inverse ils se sont portés acquéreurs de plus de 64 % du patrimoine bâti.
Cette migration anglaise est encore trop récente pour être chiffrée et appréhendée à l'échelle régionale. Cependant elle représente pour toute la France, le plus fort contingent de résidents néo-ruraux d'installation récente. Alors tentons de jeter un œil curieux sur ce qui se passe ailleurs. Dans une étude publiée en 2000, Patrick Prado analyse les motivations de ces nouveaux arrivants dans les campagnes bretonnes et normandes : "Le rêve de village anglais en France". Pour les Britanniques urbanisés depuis le XVIème siècle et aujourd'hui à plus de 90 %, la campagne est un parc paysager, un lieu mythique pour renouer leur rapport à la terre et à la nature. Un espace idyllique pour trouver la paix des champs et la paix sociale, loin des violences et des "souillures" de la ville. Leur représentation de la campagne est très différente de la nôtre. En France depuis la Révolution la terre est progressivement devenue propriété du plus grand nombre. Tandis qu'outre-Manche elle devient progressivement la propriété du plus petit nombre. Au cours des siècles cette aristocratie de nouveaux riches poursuit son enrichissement, hier sur l'agriculture et l'industrie, aujourd'hui sur la banque et les assurances. Sans oublier de tirer un large profit de son patrimoine paysager qu'elle rentabilise par le plaisir et les jeux des loisirs urbains.
A l'opposé des résidents cossus du Périgord, la vague anglaise installée en Bretagne dans les années 90 se répartit sur un large éventail de classes sociales : "riches, pauvres, très pauvres, zonards, urbains, ouvriers - et même s'ils sont rares sur leur île - ruraux et paysans". Ils se partagent en trois groupes d'âge et de situations sociales. Les plus nombreux sont les retraités des classes moyennes avec parfois une activité secondaire. Viennent ensuite des actifs, classes moyennes aussi, de 40 à 55 ans qui sont souvent très mobiles. Et il y a les pauvres. Ils sont des déclassés, exclus par "l'horreur économique" du système Thatcher. Ils vivent dans une certaine précarité et on les retrouve souvent à la recherche d'un emploi.
En s'installant à la campagne le principal objectif des anglais semble être la reconstitution du noyau familial autour de la maison. C'est dire toute l'importance qu'ils accordent à la restauration et à l'ornementation de la maison. Ils aiment revaloriser les bâtiments ruraux et de caractère. Mais aussi les maisons des bourgs, alors que celles-ci sont généralement délaissées par les citadins français. Dans cette résidence, secondaire ou principale, ils recréent un "terroir familial" où l'on se plaît à rassembler ascendants et descendants, mais aussi collatéraux et amis de longue date.
Tant et si bien qu'ils se portent acquéreurs de maisons aux alentours ; très vite ils les transforment en gîtes ruraux et chambres d'hôtes afin d'y accueillir, en toutes saisons, familles et amis. Cet enracinement familial se mesure encore aux nombreux allers et retours qu'ils effectuent chaque année vers l'Angleterre.
Coupés ou frustrés de leur image bucolique et rêvée de la campagne ils sont souvent désarçonnés par notre indifférence au patrimoine naturel et paysager. Ils aimeraient nous faire partager leur héritage traditionnel et quelque peu nostalgique. Toutefois il ressort de cette incursion dans la campagne bretonne "à l'anglaise" que nos amis britanniques n'ont nulle intention d'y créer des îlots communautaires. Bien sûr ils restent retors au parler "français courant". Aussi regrettent-ils de ne pouvoir mener une conversation sur leurs sujets de prédilection : "les enfants, le jardin, la nature, la politique anglaise et l'Europe, dont ils se disent tous fanatiques".
Dès le Moyen Âge, l’usage collectif de certaines terres permettait de faire paître gratuitement son bétail en dehors de ses terres, dans les landes et les tourbières souvent communales. Pendant des siècles, les dents des brebis ont ainsi façonné les paysages en une mosaïque de milieux agropastoraux typiques abritant leurs cortèges d’espèces inféodées. Cependant, considérés comme un frein à l’entreprise individuelle et au progrès agricole, ces droits d’usage sont progressivement limités puis supprimés dès 1889. La notion de propriété individuelle s’impose.
La suppression des parcours affecte les paysans les plus pauvres accentuant l’exode rural des terres du Plateau. Au cours du XXe siècle, la modernisation de l’agriculture favorise l’abandon des pratiques agricoles traditionnelles. Les systèmes d’élevage reposent de plus en plus sur la culture fourragère et les vaches remplacent progressivement les brebis. L’exploitation pastorale disparaît peu à peu. Les landes et les tourbières considérées comme des milieux peu productifs, et peu mécanisables pour ces dernières, sont délaissées. Or en l’absence de pâturage, ces milieux semi naturels vont se fermer, s’envahir d’espèces colonisatrices telles que la molinie pour les zones humides ou de ligneux, comme le genêt et le bouleau sur les zones plus sèches, et le cortège animal et végétal va perdre en diversité. La remise en pâturage de ces milieux représente donc une priorité pour le Conservatoire d’espaces naturels du Limousin (CENL). Ce mode de gestion, intégré au circuit économique local, permet non seulement aux agriculteurs d’être acteurs de la conservation de ces milieux mais également de pérenniser les pratiques adéquates grâce notamment à la signature de baux ruraux à clauses environnementales et de mesures agro-environnementales.
En 2017, avec la création de 3 groupements pastoraux sur le Plateau, un nouveau type de partenariat émerge entre le CENL et des éleveurs ovins en brebis limousines. L’idée de départ est d’entretenir et de valoriser les milieux naturels du Plateau en mettant en œuvre un pâturage itinérant 6 mois par an. Pour les espaces naturels, c’est le mode de gestion pastorale idéal puisque, outre le fait de ne pas clôturer toutes les parcelles, ce qui peut représenter un énorme investissement, la conduite de troupeau par un berger permet une gestion très fine du chargement et une adaptation de la pression pastorale au gré des besoins des milieux. Pour les éleveurs, il y a aussi de nombreux avantages : le regroupement des troupeaux, l’augmentation de la surface de fauche, la diminution de la quantité de travail par le partage, l’augmentation de la rentabilité des exploitations et, peut-être à la clé, la création d’emplois (sur 6 ans de gardiennage, 4 bergers installés sur le secteur). Les groupements pastoraux peuvent permettre des installations agricoles avec moins de surface tout en gardant une autonomie alimentaire, ils sont un outil pour rouvrir des surfaces et les réintégrer à la surface agricole. Ils doivent également permettre une meilleure rémunération du travail avec le développement de la vente directe.
Lise et Fabrice récemment installés et riches d’expériences pastorales vécues dans plusieurs coins de la France, ont décidé de créer un groupement pastoral (voir l’encadré) avec Pascal, éleveur à Millevaches. Le GP des Mille Sonnailles est créé en avril 2017. L’idée est de mélanger les troupeaux des deux exploitations, pour les mener en estive sur deux sites du CENL : la tourbière du Longeyroux et les sources de la Vienne. Préalablement, un important travail de concertation portant sur la rédaction d’une convention pluriannuelle de pâturage reproductible a eu lieu.
Sur la plus vaste tourbière du Limousin, certaines parcelles privées étaient à l’abandon depuis une trentaine d’années, et d’autres, dont la gestion est confiée au CENL, en défaut de pâturage depuis 2012, faute de clôtures et de financement pour les poser. La tourbière avait déjà fait l’objet dès 2007 de la mise en œuvre d’un pâturage ovin itinérant grâce à un contrat Natura 2000. Près de 40 hectares de landes et tourbières avaient ainsi pu être restaurés et pâturés pendant 5 ans. Cependant, malgré les efforts du CENL pour le renouveler, le pâturage itinérant n’avait pu être reconduit entre 2012 et 2016, faute de financement en période de transition entre deux programmes européens. Les efforts de restauration ont alors rapidement été effacés avec une recolonisation rapide par la molinie.
Avec la création du GP des Mille Sonnailles et la nécessité d’avoir accès à des parcours cohérents, des recherches foncières sur le site ont eu lieu et plusieurs conventions entre le CENL et des propriétaires ont été signées. Au total, 60 hectares ont pu bénéficier dès 2017 de l’entretien pastoral du GP. En 2018, le troupeau s’est agrandi avec l’adhésion d’un nouvel éleveur. Le GP des Mille Sonnailles a pu contractualiser des mesures agro-environnementales climatiques sur des parcelles du CENL, de la commune de Meymac, de l’ONF et de plusieurs propriétaires privés. Ces aides ont permis de financer un poste de berger à temps partiel à partir de 2018. Issues de la politique agricole commune, elles sont versées annuellement et pour une période de 5 ans en contrepartie du respect et de l’application d’un cahier des charges pastoral adapté aux milieux naturels du Plateau.
Sur le site des sources de la Vienne, également géré par le CENL, un peu moins de 20 hectares sont mis à disposition du groupement pastoral. Une cinquantaine d’hectares supplémentaires en cours d’acquisition par le CENL viendront s’ajouter aux surfaces à entretenir dès la saison prochaine.
Les deux premières années de partenariat avec le GP sont une réussite aussi bien pour les éleveurs que pour le CENL. Les résultats sont déjà visibles et sont plus qu’encourageants. Les brebis sortent en bonne condition de l’estive et l’état de conservation et la diversité des milieux naturels s’améliorent. Certains aménagements sont prévus dès cet hiver pour améliorer le pâturage et les conditions de travail des bergers, comme par exemple la réalisation d’un parc de contention supplémentaire sur les landes d’A la Vue, derrière le parking du Longeyroux, ou encore la réparation d’une passerelle sur la Vézère en attendant le retour des brebis l’été prochain pour une troisième saison pastorale.
Sur Peyrelevade, la même forme de partenariat est mise en œuvre entre le groupement pastoral de Peyrelevade, la commune, le CENL et plusieurs propriétaires privés pour la gestion pastorale de plus de 34 hectares. Nul doute que d’autres GP verront le jour dans un avenir proche, pour plus de liens, plus de vie et une meilleure prise en compte de la biodiversité et des paysages de notre territoire.
Vous est-il possible d’expliquer quelle plus-value apporte un PNR au territoire qui en est doté ?
Les PNR ont une position particulière car ils ont une mission d’expérimentation Il faut donc leur accorder le droit à l’erreur, d’où la difficulté à évaluer leur impact. Toutefois, tous les 12 ans, ils se remettent en cause pour pouvoir conserver leur classement en tant que Parc. Cette remise en cause se traduit dans un premier temps par un bilan des 12 années écoulées qui est fait par les techniciens et les élus du Parc mais aussi par des consultants extérieurs. Puis une nouvelle charte est rédigée et proposée au gouvernement qui accepte ou non de reclasser le PNR. Il n’y a donc pas de garantie de pérennité, d’où la nécessité de faire ses preuves.
Vous n’avez pas des critères plus parlants pour illustrer l’intérêt d’un Parc ?
Si. Par exemple, sur la question de l’environnement et la définition des zones Natura 2000,
l’Etat s’est tourné vers les PNR pour qu’ils jouent un rôle de médiateurs. Ainsi les Parcs ont mis en place des espaces de discussion, de négociation et de sensibilisation entre agriculteurs, industriels, naturalistes... qui ont facilité la définition des espaces classés Natura 2000. Mise à part sur les Parcs, ces espaces de discussion et de concertation sont assez rares en France. Au final, 13% des territoires des Parcs sont en Natura 2000 contre moins d’1% du territoire national. Idem pour les réserves naturelles qui recouvrent 11% des territoires des Parcs.
Concernant la contribution à l’aménagement du territoire, les PNR ont démontré qu’il était possible de travailler sur le patrimoine, de le préserver pour mieux le valoriser économiquement. Par patrimoine nous entendons le patrimoine naturel, architectural, culturel mais aussi les savoir faire... La mise en place de la Marque Parc pour valoriser les services touristiques et les savoir faire, attire de plus en plus d’artisans, d’agriculteurs et de prestataires. Si elle n’impose rien en terme de qualité, elle apporte une plus-value sur l’image des produits. Les PNR peuvent avoir une démarche sectorielle complémentaire aux chambres consulaires (chambres de Métiers, d’Agriculture...) car ils ne se limitent pas à une corporation mais encourage la mise en relation des différents acteurs. Par exemple, le PNR du Vercors a initié la création d’une filière “viande“ composée d’éleveurs bovins, d’ateliers de découpe et de bouchers. L’objectif étant de valoriser leur production par la marque Parc dans un objectif de gestion de l’espace et de création de plus-value pour les agriculteurs et les commerçants.
Lors des rencontres initiées par la Fédération pour les 40 ans des PNR, avez-vous perçu une lassitude au sein des équipes des Parcs ?
On sent qu’il y a une volonté d’aller de l’avant, de prendre à bras le corps des enjeux comme l’attractivité des territoires, les évolutions du monde. La philosophie des Parcs est en phase avec les problématiques actuelles. L’idée que l’on puisse développer l’activité humaine tout en protégeant l’environnement est un concept qui intéresse de plus en plus les élus.
Le regard de ces derniers envers les Parcs a évolué. Il y a 40 ans, lorsque nous leur parlions de développement durable et de stratégie de développement, ils nous regardaient avec de grands yeux ronds.
Les 40 ans passés ont donc été un long fleuve tranquille ?
Pas tout à fait. Nous avons connu des projets de Parc qui ont mis 30 ans avant d’aboutir et d’autres qui ont échoué. Pour qu’un PNR puisse se créer, il vous faut satisfaire deux critères essentiels :
De même, la révision de la charte est un moment important car un PNR qui déraille est presque sûr de ne pas être reclassé.
C’est le cas avec celui du Marais Poitevin pour lequel Ségolène Royal s’est mise dans “une saine colère“.
En 1997, l’Etat n’a pas reclassé le territoire en Parc car il a considéré que la préservation des zones humides, patrimoine emblématique n’avait pas été garantie par le Parc et le bilan faisait état d’un assèchement important de surface de marais.
Et aujourd’hui, le gouvernement a décidé de ne pas reclasser ce Parc car de nombreux conseils municipaux n’ont pas voulu y ré-adhérer.
Comment se positionnent les PNR face aux enjeux de demain comme la crise énergétique, je pense plus précisément au développement des circuits courts, de l’agriculture biologique, des éco-constructions ?
Fin 2007, nous avons organisé un séminaire sur les circuits courts. Il en ressort une envie de sortir ces circuits de leur aspect militant, de changer de braquet tout en jouant l’alternatif par rapport aux circuits longs notamment en incitant les agriculteurs à s’engager dans les circuits courts.
Pour ce qui est de l’agriculture biologique, les PNR ne sont pas plus en avance que les autres territoires. Peut-être est-ce dû au fait qu’elle n’est pas suffisamment ancrée sur les territoires.
Sur l’éco-construction, les PNR du Massif Central via IPAMAC (l’inter-parcs Massif Central) se sont récemment emparés du sujet. Un bureau d’études effectue actuellement un bilan sur l’ensemble des Parcs concernés, dont celui de Millevaches, pour repérer les manques et définir une stratégie de développement de la filière.
Et sur la question de la gouvernance ?
Globalement, il reste beaucoup de travail à faire pour que la grande majorité des acteurs puissent faire entendre leur voix sur les questions relatives à la vie de leur PNR. Les grandes messes des instances des collectivités ne sont pas toujours adaptées au public visé. Certains Parcs comme celui de Millevaches en Limousin ont fait le choix d’intégrer dans leur syndicat mixte avec voix délibérative des acteurs du territoire comme les chambres consulaires ou de créer en complément des instances consultatives réunissant les forces vives du territoire.
Si la pratique agricole sur la Montagne se résume essentiellement, aujourd’hui, au drainage et à l’évacuation la plus rapide possible de l’eau, il en fut tout autrement pendant des siècles.
Captée dès l’amont des rivières et ruisseaux, voire dans les chemins et cours de fermes, pour être ensuite restituée aux flancs des vallons de manière régulée, l’eau était alors soigneusement gérée.
Des pêcheries (“las pescharias“) où elle était stockée, en passant par les rigoles (“las levadas“), c’était tout un système technique et des savoir-faire qui s’étaient mis en place pour permettre la culture de l’herbe et l’irrigation fertilisante des prairies. Au gré des saisons, les paysans de la Montagne “baignaient“ ainsi “le pré“ (“far banhar los prats“) afin d’améliorer la pousse ou, à l’inverse, pour protéger l’herbe des premiers gels.
Longues parfois de plusieurs kilomètres (pour l’une d’elles de 7 km), les rigoles constituaient donc une véritable richesse tant collective – en témoignent les phases d’entretien communautaire collectif (“l’arban“) - qu’individuelle. Certaines furent ainsi données en dot lors de mariages !
Il n’est dès lors pas étonnant qu’elles aient obéi à une gestion stricte, les droits d’eau (“lo terma d’aiga“) faisant par exemple l’objet d’un calendrier strict. Et, pour qui se souvient de Jean de Florette, il n’y a pas plus de surprise à savoir que cette gestion fut prétexte à de nombreux conflits, lorsque d’aucuns “enlevaient la motte“ (“las glevas“), détournant à leur profit le cours des canaux.
Survivances de pratiques paysannes, ces méthodes de gestion ont aujourd’hui quasiment disparu. Seules quelques exploitations agricoles (à Viam, Saint-Merd, La-Nouaille) entretiennent encore un système de rigoles et pratiquent une irrigation traditionnelle.
Pas sûr qu’il faille s’en réjouir car ce système jouait clairement un rôle de stabilisateur dans la distribution de la ressource en eau tout au long de l’année, contribuant à amortir les effets des crues ou des pénuries. Si l’on ajoute qu’il contribuait à une pousse régulière sans l’adjonction d’intrants chimiques dont on connaît les effets néfastes sur l’environnement des têtes de bassin, il y a lieu de s’interroger sur son abandon massif.
L’utilisation de l’énergie hydraulique est ancienne sur la Montagne. Sur ce territoire où l’abondance de la ressource en eau favorise les installations, des moulins à farine ou à huile sont attestés dès le Moyen Age dans les états de propriété. Rarement installés au fil de l’eau, ils sont plutôt alimentés via un étang ou par le biais d’un canal de dérivation, afin de pouvoir réguler les flux et gérer l’alimentation en eau. La vidange partielle d’un étang - “l’estanchada“ -, renouvelée après remplissage, permettait ainsi d’améliorer le rendement de ces équipements, qui pour certains tournaient jour et nuit selon les périodes.
Faisant fréquemment l’objet d’une gestion communautaire ou familiale, ils disposaient rarement d’un meunier attitré - chacun son tour était meunier - et ne comportaient donc généralement pas d’habitations. Frustres, de fort petite taille, ils n’en présentaient pas moins un astucieux mécanisme à roue horizontale encore appelée roue à cuillers (“lo rodet“), positionnée sous le bâtiment, surmontée de deux meules, l’une fixe et l’autre mobile, en granite. Ce n’est que tardivement, fin XIXème, que des innovations furent introduites : mécanismes à roue verticale à aubes ou meules en pierre de La-Ferté-sous-Jouarre.
Destinés à subvenir aux besoins locaux dans une logique d’autosubsistance et d’autarcie, ils servaient essentiellement à moudre le seigle. Quelques usages alternatifs sont toutefois mentionnés : broyage des faînes de hêtre pour la production d’huile servant à l’éclairage, pressage des pommes pour la production de cidre (Saint-Yrieix-a-Montagne).
S’ils ponctuèrent longtemps le paysage de la Montagne, leurs traces se sont aujourd’hui largement estompées et l’on estime que la quasi-totalité des quelques 800 moulins avérés au début du XIXème siècle ont disparu. Témoignages d’une société dont l’économie fonctionnait largement sur elle-même, les derniers d’entre eux cessèrent d’être utilisés dans les années 1960, remplacés par des concasseurs thermiques ou hydrauliques et par le développement de minoteries industrielles. Seules subsistent quelques exemples, à l’instar des trois beaux moulins de Razel sur le ruisseau de Bonne à Pérols-sur-Vézère.
On y apprend que les Français sont les plus gros producteurs et consommateurs de lapin depuis sa domestication au milieu du XIXème siècle. Et du lapin comme du cochon rien ne se perd de telle sorte que les peaux de lapin collectées par les chineurs dans toutes les villes et villages de France sont livrées aux pelletiers - fourreurs de Paris, de Lyon et de quelques villes de province. Une fois, découpées, épilées, lustrées, teintes et brillantées elles deviennent des fourrures de qualité, imitation parfaite du castor de la loutre ou du vison. Elles ont fait le chic de la mode de la première moitié du vingtième siècle.
Tous les secrets des différents procédés de transformation des peaux de lapin en fourrure sont développé en long et en large. Mais l’intérêt majeur de l’ouvrage est ailleurs. Il relate un épisode singulier de la migration creusoise au XIXème siècle. Parmi tous les migrants temporaires venant de la Creuse pour s’employer dans les grands chantiers du bâtiment à Paris ou à Lyon, une minorité s’engagera dans le secteur de la pelleterie. Ils viennent essentiellement de la Combraille où déjà quelques artisans développaient en famille la fabrication de chapeaux. de feutre à partir de peaux de lapins. Quelques-uns parmi ces migrants de la région de Crocq ont trouvé dans la pelleterie un bénéfice supérieur aux métiers du bâtiment. Ces Combraillais malins, forts de leur capacité ingénieuse et de leur savoir faire se lancent dans l’aventure de la création d’ateliers de pelleterie ou de teinture. De solides entreprises creusoises ont établi leur réputation et acquis pignon sur rue dans la pelleterie-fourrure à Paris, à Lyon et même à Brooklyn aux Etats-Unis.
Comme tout bon Creusois ces pelletiers-fourreurs n’ont jamais abandonné leurs racines et maintiennent de solides liens avec leur terroir d’origine vers lequel ils ne manqueront pas de se replier lorsque le secteur pelletier connaîtra quelques difficultés. La plupart de leurs entreprises étaient situées en plein cœur de Paris. La macération et la teinture des peaux dans des bains de chlore, de formol ou d’acide nitrique particulièrement corrosifs répandaient d’abondantes odeurs et vapeurs nauséabondes. Tous les résidus chimiques ou de rinçage polluaient les affluents de la Seine qui baignent le sous-sol parisien. Aussi à la fin du siècle de l’hygiénisme elles ont été classées parmi les établissements insalubres. Les premières se replient en banlieue et les autres vers l’espace rural où les exigences d’urbanisme sont moins contraignantes.
Ces décentralisations vers la Combraille se poursuivront tout au long du vingtième siècle où elles peuvent compter sur une population de salariés d’origine agricole s’adaptant naturellement à la pluriactivité, aussi bien qu’au travail à la tâche et à domicile. Une main d’œuvre d’autant plus disponible qu’elle est en solidarité locale et familiale avec les quatre ou cinq familles revenues investir au pays cette puissante industrie de luxe. Une population fascinée par la réussite sociale de leurs congénères devenus pelletiers-fourreurs. Depuis la fin du XIXème siècle ils ont construit de somptueuses et colossales résidences d’agrément dans tout le pays de Crocq. La magnificence insolente du luxe s’expose aux regards de tous dans ces majestueuses demeures châtelaines, conçues et dessinés par des architectes et des paysagistes prestigieux. Une inscription architecturale qui se prolonge dans la statuaire, la décoration des fontaines ou les monuments funéraires.
Pour bien saisir tout le sens de cette solidarité locale et familiale une clé est proposée en annexe. L’étude généalogique fait remonter les cinq entreprises revenues au pays à deux couples originels de la fin du XVIIIème siècle. L’enchevêtrement de ces réseaux de cousins et d’alliés montre que la stratégie des systèmes d’alliances matrimoniales vise à la prospérité professionnelle de la famille au sens large : “la maison“. Ces modèles d’alliances familiales et patrimoniales d’origine médiévale ne seraient ni archaïques ni dépassés tout au moins dans le Massif Central, les Pyrénées et les Alpes du Nord. Ces mariages “entre soi“ pourront-ils résister longtemps au hasard du “mariage romantique“, ou plus simplement encore à la désaffection de l’institution matrimoniale ?
"Peaux de lapins, peaux de lapins, ppôôpôooo"
L’utilisation du lait dans la société traditionnelle de la Montagne limousine.
Nous sommes dans un territoire qui connaît deux mots pour traire : justar à l’Ouest et mólzer à l’Est.
Oh, nous ne sommes pas sur les riches planèzes auvergnates ni dans les gais bocages normands. Les troupeaux de vaches du pays n’étaient pas uniformes comme aujourd’hui : ferrandaises, marchoises, limousines, charolaises, et quelques brettes (normandes) chez les mieux lotis, sans parler de ces vaches à la robe disparate, le tout dans un même troupeau. Toutes étaient traites, sans distinction de race.Revenons à notre préoccupation du jour : le lait et comment il était transformé et consommé. Le lait une fois trait était passé dans lo colador, « le couladou » / passoire pour filtrer le lait, et mis à reposer pour permettre à la crème de monter à la surface. Cette crama / crème régulièrement collectée allait dans lo topin cramier, « lou toupi cramier » / le pot à crème (ça ressemble à un vinaigrier) avec son petit robinet au bas du récipient pour vider le lait.Lorsqu’il y avait assez de matière on faisait le beurre. Beurre fait à la baratte (allez visiter le musée d’Ussel ou le domaine de Banizette si vous voulez voir la diversité de ces engins) ou à la main. Bien brassé – il faut extraire au maximum l’eau du beurre – pour avoir un bon produit.
Nous n’en avons pas encore fini avec le beurre. L’eau du beurre, la gaspa, le rier-burre / le babeurre était réchauffé et égoutté dans una fata / une toile pendue sous l’escalier pour faire un excellent fromage : lo matau, le gaspier. Après séchage, on avait un fromage blanc consommé salé ou sucré (un pauc de matau, dau vin e dau miau... comme dit la chanson) ou additionné de poivre et de fines herbes, affiné dans le foin : lo copin, « lou coupi ». Ce fromage en boule (séchage dans une toile oblige) n’est qu’un proche parent du Gaperon, ce fromage au poivre et à l’ail des Limagnes d’Auvergne (Je lance un appel aux producteurs laitiers du pays pour refaire ce petit fromage!).
Le lait, écrémé, réchauffé, recevait un petit morceau de presor / présure (caillette de veau séchée) pour permettre la prise du lait. Devenu « dur » le caillé était coupé au couteau pour une séparation plus rapide du petit lait / lo mesgin, « lou mégi ». Ce caillé était mis dans un moule, salé et retourné plusieurs fois pour un meilleur égouttage.Le lendemain, la calhada / le caillé était posée sur un plateau en bois couvert de paille, la calhadiera, la seita, la chesta. Une fois sec, le fromage allait à la cave dans une maie pour terminer son affinage caractérisé par l’apparition sur la croûte, de fleurs rouges ou jaunes et l’arrivée daus artisons, daus clissons / des acariens, tous signes prometteurs d’un bon formatge.Et le petit lait alors ? Le petit lait servait à faire las crespas de blat negre, était parfois bu et bien souvent utilisé dans la bachada daus ganhons / la pâtée des porcs.Et le lait tout seul ? Il allait dans la plupart des plats : soupe, pommes de terre, châtaignes, et même pour la blanchida / lait froid avec du pain l’été (consommé pendant les foins).
À l’époque, la construction du barrage est un événement considérable pour Viam et bien d’autres communes aux alentours.
C’est aussi une sacrée aventure pour les hommes qui ont travaillé sur les chantiers du barrage, du tunnel et de l’usine.
En effet, en regardant les photos présentées dans le livre “Il était une fois Viam“, on se projette dans le passé et on comprend mieux ce qu’étaient Viam, Monceaux. Cette vallée de la Vézère, les moulins, l’activité agricole faite de petites exploitations, une ruralité où la mécanisation n’avait pas encore fait son apparition et donc qui procurait un certain nombre d’emplois manuels, mais pas du travail pour tout le monde, ce qui explique ces migrations vers Paris ou Lyon notamment.
Et tout d’un coup, il y a cet immense chantier qui nécessite des centaines d’embauches. L'évènement est là et au cœur de l’aventure, il y a les hommes. Pour notre association “Les Gens de Viam“, créée en 2003 pour donner la parole à ceux et celles qui ont vécu ce XXe siècle à Viam, il eût été inconvenant de ne pas mettre ces bâtisseurs au cœur de notre exposition 2007 et de cet ouvrage. Nous en avons rencontré quelques-uns, leurs récits constituent à nos yeux des pièces maîtresses : ils sont faits de chair, on y retrouve les souffrances, les peines mais aussi joie et gaieté et très souvent ce souci du détail, de la précision.
N’oublions pas non plus qu’à cette époque, il n’y avait ni pelleteuse, ni bulldozer, les outils pour la construction de la route : la pelle et la pioche! Au tunnel et au barrage, les outils étaient aussi rudimentaires, les burins étaient rois ! Il fallait faire preuve de beaucoup d’ingéniosité, parfois de débrouillardise, d’autant que dans cette période troublée, perturbée par la guerre, les matières premières étaient insuffisantes ou livrées avec retard.
Si les chantiers ont donné du travail à beaucoup d’habitants de notre canton, il a quand même fallu faire appel à de la main-d’oeuvre extérieure, car nombre de Français étaient soit prisonniers de guerre, soit envoyés au STO en Allemagne. Ainsi sont arrivés des étrangers d’Europe, mais aussi de nos colonies françaises : plusieurs dizaines d’Algériens. Il y a eu aussi quelques prisonniers de guerre allemands en fin de chantier.
Pas d’engins, peu d’outils, les conditions de travail seront donc difficiles et pourtant pas une seule victime sur un chantier aussi vaste et aussi peuplé, quelques blessés seulement. Mais, il y aura quand même, à plus long terme, cette maladie sournoise, la silicose qui fera son oeuvre surtout chez les mineurs et ceux qui déblayaient le tunnel sans protection aucune. Ainsi l’exploitation de la houille qu’elle soit blanche ou noire fera les mêmes ravages.
Alors chez ces hommes, qu’ils soient allés de leur plein gré ou parce qu’il fallait gagner un peu de sous pour faire vivre leurs familles et qu’ils n’avaient donc pas le choix, qu’il fallait au contraire saisir l’occasion et se faire embaucher par la THEG (Travaux Hydrauliques et Entreprises Générales) ou la CEEM (Compagnie d’Entreprise Electro-Mécanique), eh bien, chez ces hommes, on ressent la fierté, celle d’avoir de leurs mains fait sortir de terre, le barrage, le tunnel et l’usine, qui font désormais partie de notre patrimoine.
Et ils l’ont fait pendant la guerre. En effet dès 1942, l’administration allemande surveille de près le chantier et en novembre 1943, il est classé dans la catégorie “S“ ce qui veut dire “entreprise prioritaire pour la puissance occupante“. Ce qui valut quelques distributions de ravitaillement supplémentaires (vin pour les mineurs de la CEEM... et semoule pour la confection du couscous aux Algériens).
Tous ces travailleurs du barrage ont vécu cette situation exceptionnelle. Ils en parlent cependant avec beaucoup de retenue, qu’ils aient fait le choix ou non de résister ouvertement à l’occupant, de ne pas subir dans la passivité. Pour beaucoup cette action de Résistance ne fut peut-être pas spectaculaire, il y avait néanmoins un comportement anti- résignation. Pour d’autres l’activité sera plus dangereuse, afin que la liberté revienne en Haute Corrèze, comme dans toute la France. C’est aussi dans ces conditions que ce barrage sera construit.
Alors, plus de 60 ans après, cette simple question: avait-on besoin d’un barrage ? et de ce lac ? Ce récit, nous l’espérons fera encore discuter, comme l’actuel débat sur le nucléaire ou l’implantation d’éoliennes !
Aujourd’hui encore, il serait vain de prétendre que tout le monde était d’accord avec la construction de ce barrage qui allait transformer notre village et la vallée de la Vézère. Être contraint de vendre ses terres, souvent les meilleures, de voir amputer une propriété familiale, engloutir des souvenirs, ce n’est jamais facile, personne ne dira le contraire, ou alors il ne serait pas cru.
Et cette exploitation de la houille blanche en Haute Corrèze a-t-elle été source de richesse, à l’origine de l’installation durable d’entreprises nouvelles, d’un développement du commerce et du tourisme ? Le résultat est bien plus contrasté, mais la construction d’un barrage hydroélectrique pouvait-elle être source de tout cela. C’est-à-dire ce qui était décrit avec lyrisme dans les manuels scolaires d’il y a plus de 60 années !
"Notre planète et nos sociétés ne survivront que dans la diversité. Celle-ci ne peut pas venir du modèle industriel et libéral qui homogénéise la vie et les relations humaines. La diversité se trouve principalement dans le monde rural en raison de la très grande variété d'écosystèmes et d'organisations sociales qui y existent encore. Les modes de construction des maisons, les types de vêtements, les coutumes, les façons de préparer les aliments sont très diversifiées selon les environnements. A-t-on par exemple pensé à comparer la cuisson sur une cuisinière à gaz avec la multiplicité des modes de cuisson qui existent dans le monde : sur des branches, sous la pierre, dans les feuilles de bananier, dans des récipients en terre… Les relations sociales sont aussi très variées et l'anthropologie nous en donne chaque jour des exemples intéressants. Faut-il vraiment les détruire ? Il ne s'agit pas ici d'avoir une position de conservation, il s'agit de laisser vivre des sociétés différentes des nôtres parce qu'elles ont beaucoup à nous apporter. Le modèle occidental qui rase tout sur son passage ne cesse de s'appauvrir. Cet appauvrissement s'accroît quand nous détruisons des paysanneries, qu'elles soient de Chine, d'Afrique ou d'Océanie. Nous devenons plus pauvres quand disparaissent des connaissances et des savoir-faire. Cet appauvrissement est invisible mais n'en est pas moins réel. Nous devons apprendre à respecter les autres comme nous devons apprendre à respecter la nature. Cela passe par la nécessité de redonner un espace et une place aux paysans. C'est pour nos sociétés une question de survie.
(…) Or s'il est aujourd'hui une nouveauté, c'est précisément ce "retour des paysans". Ils ont toujours été là mais, silencieux ces dernières années, ils veulent aujourd'hui se faire entendre. Ils agissent à tous les échelons. Au niveau international, ils protestent contre l'OMC et la libéralisation des échanges, contre les politiques agricoles communes qui ne sont là que pour accompagner ce mouvement. Il se battent un peu partout contre les multinationales : celles des semences bien sûr mais aussi celles du secteur chimique et de l'alimentation. Ils cultivent en préservant les équilibres naturels. Ils demandent des terres, et au besoin les prennent, ainsi que des moyens pour les travailler. Pour cela ils donnent de leur temps, de leurs moyens, parfois ils donnent leur vie.
En fait, ce qui se pose à nous est sans doute un véritable problème de civilisation. La nôtre est mortifère. Face aux "nécrotechnologies" dont parle Jean Pierre Berlan - détruisant la terre, les semences et les hommes tout en employant du travail mort et en épuisant les énergies fossiles - les valeurs du monde paysan sont du côté de la vie : régénération de la nature, utilisation de travail vivant, développement des semences, articulation des tous les systèmes vivants pour assurer la production d'aliments et emploi d'énergies renouvelables.
La société industrielle a mené un combat sans merci contre la paysannerie, que ce soit sur le plan économique, social ou culturel. Il semble aujourd'hui urgent d'appuyer au contraire tout ce qui peut permettre à la paysannerie de survivre et de se développer. Bien des citoyens, hors du monde paysan proprement dit, commencent à comprendre l'importance de ce combat. Les appuis aux luttes pour la terre, aux arrachages d'OGM, au maintien des prix agricoles et d'une agriculture de qualité en témoignent. Mais il faut sans doute aller plus loin et lutter contre tout ce qui contribue à faire disparaître les paysans. Il faut l'avoir en tête, le penser sans cesse comme un "agenda caché" de l'action politique, se donner cette "grille de lecture". Par exemple, les raisons de s'opposer à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne ne devraient pas être politico-culturelles. L'argument principal devrait être que ce pays compte encore 30 % de paysans qui disparaîtraient dans leur très grande majorité si l'intégration se faisait. Autre exemple, lors de la mise en place d'un programme économique et social, à quelque niveau que ce soit, pourquoi ne pas se demander si cela va permettre l'installation de davantage de paysans, l'instauration d'une agriculture paysanne, l'accroissement de l'autonomie alimentaire de la région, etc. ?
De fait, nous sommes tous concernés par la question paysanne. D'elle dépend notre alimentation et une grande partie de notre environnement, d'elle dépendra dans un futur proche notre mode de vie, notre culture même. Peut-être ne redeviendrons nous pas tous paysans, mais il est peu probable que nos sociétés aient un avenir sans une paysannerie nombreuse et forte. "
Les bien connues, parce que les plus originales “planches“ dont le tablier est constitué de grandes dalles de granit, et les piles comme les culées, de pierres sèches assez grossièrement appareillées. Le terme de “planches“ ne doit pas surprendre, car dans le parler ancien une planche n’était pas forcément de bois comme aujourd’hui une poutre peut être métallique ou en béton armé. Selon la largeur du cours d’eau et la taille des dalles, on a une à quatre travées. L’étroitesse de l’ouvrage et le poli de la pierre ne permettent pas aux troupeaux, ni aux charrois d’utiliser ces ponts qui étaient donc toujours doublés par un gué aisément repérable encore de nos jours. La faible hauteur du tablier par rapport à l’étiage pose problème en période de crue. De ce fait il n’était pas rare qu’une ou plusieurs planches soient emportées et nécessitent des travaux. On rebâtissait le pont de manière semblable, mais pas forcément à l’identique et cela de siècle en siècle. Le dernier chantier de cette sorte a été effectué pour ce qui concerne la commune de Saint-Martin-Château, sur les planches de Pont en 1953.
Ce 2éme type est plus proche de l’image traditionnelle du pont tel que chacun se le représente : le pont à une ou plusieurs arches en pierres soigneusement appareillées. Pour ce qui concerne nos petits ponts cet agencement est plutôt rare du fait de la facilité qu’offre les massifs de granit partout affleurant et qui permet de débiter en grandes dalles, nos “planches “. Les ponts à arches existent encore sur la partie amont de la Maulde, en sortie de la retenue de Vassivière, au Chataignoux et Fafreix. Ce dernier est remarquable par son importance et le fait que ses trois arches ne suivent pas le même dessin. Cette particularité est peut-être dû à une ou des reconstructions partielles. Là encore la datation en est difficile. Comme pour les autres types, il n’y avait pas de parapet et comme pour le type mixte la chaussée était recouverte de terre pour le passage des animaux. Sur de vieilles cartes postales on voit un vieux pont de Saint-Martin-Château. Il s’agit de la passerelle la plus connue, celle des Jarrauds qui jouxte le moulin éponyme et qui en permettait l’accès direct à partir du bourg. Le terme de passerelle a été souvent employé dans des écrits officiels, comme les délibérations du conseil municipal, et souvent pour des planches comme Verrières ou Pont.
Les ponts de construction mixte, ouvrages plus importants et certainement plus récents. Peut-être remontent-ils au XVIIIe siècle, mais la majorité est du XIXe. Deux culées et une pile centrale en belles pierres de taille, assemblées à joints vifs confèrent beaucoup d’allure à ces ouvrages et ce d’autant plus que la pile est souvent pourvue d’un avant-bec face au courant. Il peut être de plan triangulaire ou arrondi et même décoré d’un quart de sphère en granit, du plus bel effet comme à Villegouleix. Le tablier de ces ponts du “3ème type“ repose sur de grosses poutres parallèles (de 2 à 4 chaque) joignant une culée à la pile centrale, puis cette pile à la culée de l’autre rive. Sur ces ponts, on disposait transversalement bastaings ou rondins, recouverts au final de motte de terre, pour éviter au bétail de glisser.
La conséquence de cet agencement est que le tablier avait tendance à pourrir rapidement si on n’y prenait pas garde et aujourd’hui, en dehors de réhabilitation comme à Villegouleix, ces ponts sont souvent malheureusement ruinés comme le pont dit “Paslin“ du nom d’un ancien propriétaire.
La semence, essence même de la vie, est aujourd’hui menacée. 12 000 ans de construction collective patiente et réfléchie ont abouti à la création d’un patrimoine végétal, technique et culturel inestimable, commun à toute l’humanité.
Cet héritage court aujourd’hui le risque d’être confisqué par une infime minorité.
L’aliénation de la semence par l’agro-industrie , constitue un danger sans précédent pour l’avenir : l’indépendance alimentaire et la santé des peuples. Les vendeurs de pesticides bricolent dans leurs laboratoires des chimères génétiquement modifiées, qu’ils osent appeler semences, générant des plantes dépendantes entraînant une régression technique pour les paysans, les jardiniers et les amateurs.
Les lobbys, aidés par l’Etat, pour obtenir le monopole de ce qui appartient à tous, veulent supprimer le droit inaliénable de chacun de ressemer sa récolte. Les sélections de terroir garantissent des plantes saines et savoureuses. La semence industrielle est malade, elle ne peut vivre sans pesticides, engrais chimiques ou manipulations génétiques. Polluante pour l’environnement, elle est le point de départ de la mal-bouffe. Comme les générations qui nous ont précédés, nous avons le devoir de transmettre à nos successeurs, la possibilité d’orienter et de choisir leur avenir.
En signant cette pétition, je défends ma liberté, un patrimoine et permet, avec l’association Kokopelli, la transmission de la biodiversité et de la fertilité aux générations futures.
Lo Sendaron (pour les nons-occitanophones prononcer " Lou chendarou ") , (le sentier, le petit chemin qui serpente et qui n'est pas forcément un raccourci), est une association née il y a environ un an à l'initiative d'un groupe de personnes ayant en premier lieu envie de se rencontrer, d'échanger et de s'investir dans la vie culturelle de ce coin de la montagne limousine, du côté de La Nouaille, en Creuse.
L'association a pour but "la protection, la préservation, la mise en valeur et la réhabilitation du patrimoine culturel, environnemental, naturel et bâti du canton de Gentioux et des communes limitrophes.
L'association se réserve la possibilité de mener toutes les actions de sauvetage ou de proposer de conduire toutes actions utiles, notamment sur le patrimoine protégé, ainsi que sur le patrimoine immatériel (tradition, langue, etc.)".
Vaste programme !
Nous avons depuis notre création mis sur pied un atelier de vannerie traditionnelle, des randonnées pédestres (dont une lors des journées du patrimoine), deux bals traditionnels, mais aussi organisé un spectacle de contes lors du festival Coquelicontes avec l'accueil de Monica Burg et mis sur pied une balade contée et musicale en occitan et français.
Le travail le plus motivant aura été pour cette première année de fonctionnement le nettoyage et la remise en état de la fontaine Saint-Pierre / la font Sent-Piare, qui était autrefois le lieu d'approvisionnement en eau potable du bourg de La Nouaille.
Pour 2005, des projets il y en a plein la benata (la hotte) : conférences, spectacles, bals, ateliers de peinture sur bois, de vannerie, randonnées et sorties thématiques, inventaire patrimonial et poursuite de nos chantiers sur les chemins …
Depuis 2005 les éditeurs limousins ont désormais leur annuaire. Ce petit ouvrage publié par le Centre régional du livre, association limousine de coopération pour le livre (ALCOL), recense pas moins de 80 éditeurs dans la région. Certains ont plusieurs centaines d'ouvrages à leur catalogue mais la plupart, plus modestes, éditent seulement quelques livres chaque année. On est surpris de la diversité et de la qualité des productions régionales et en feuilletant ce répertoire on ne manquera pas de relever l'originalité de quelques éditeurs spécialisés.
Parmi les éditeurs régionaux nous avons déjà beaucoup parlé de la très belle production de l'association Culture et Patrimoine en Limousin qui nous a offert à la fin de l'année trois nouveaux ouvrages.
"Seigneuries et Châteaux-forts en Limousin" présente les châteaux limousins du XIVème au XVIIème siècle. Ce volume largement illustré constitue le second tome d'une histoire des châteaux forts limousins dont le premier tome consacré aux châteaux des origines jusqu'au XIVème siècle paraîtra en 2006.
Dans la collection "Patrimoine en poche", un volume signé Jean Marc Ferrer et Véronique Notin retrace l'histoire de l'émail limousin, depuis l'oeuvre de Limoges au XIIème siècle jusqu'aux créations les plus contemporaines. C'est du reste le grand mérite de ce livre, lui aussi abondamment illustré, que de relier au cours des siècles une production millénaire qui a toujours été, avec des hauts et des bas, une spécificité limousine et même limougeaude. Les plus grands musées du monde s'arrachent ces joyaux aujourd'hui dispersés un peu partout. La lecture de "L'art de l'émail à Limoges" vous donnera sans doute envie d'aller voir de plus près quelques unes de ces créations. Un petit tour au musée de l'évêché à Limoges (entrée gratuite) s'impose. Sur le plateau, on vous conseille une visite dans l'église de Chamberet où vous pourrez admirer la châsse de Saint Dulcet, caractéristique de l'émail limousin médiéval. Un chef d'oeuvre ! Pendant que nous sommes dans les églises, signalons la parution de la brochure "Les richesses artistiques des églises du canton de Gentioux Pigerolles" qui présente le mobilier, les sculptures et les objets d'orfèvrerie renfermés dans les églises de ce canton. Il s'agit là d'une initiative de la Conservation départementale du Patrimoine de la Creuse qui, à terme, couvrira l'ensemble des autres cantons creusois.
Le troisième ouvrage de Culture et Patrimoine est tout différent et part d'une idée originale. C'est un livre de cuisine rassemblant des "recettes pour donner aux produits d'ici un goût venu d'ailleurs". Les auteurs ont demandé à des cuisinières (il y a tout de même quatre hommes parmi elles) vivant en Limousin mais venant d'ailleurs (Afrique, Asie, Amériques ou Europe) de proposer une recette qui allie tradition culinaire de leur pays d'origine avec produits de leur terroir d'adoption. Cela donne par exemple une salade de betteraves à la truite du Limousin (Russie), un tajine d'agneau du Limousin aux pruneaux de Saint Léonard (Maroc) ou un maboké de poisson (Congo). Pour nos lecteurs alléchés nous donnons ci-dessous la recette de Perlita qui vient des Philippines et propose un adobo de porc cul noir.
Au cours de ce printemps l'association Culture et patrimoine en Limousin, a créé une collection de guides culturels de format réduit.
La première publication est "une histoire de limoges", par Jean-Marc Ferrer et Philippe Grandcoing, tous deux historiens et enseignants à Limoges. Un excellent travail de vulgarisation pour parcourir la ville en illustrant les faits saillants de son histoire.
La trame du découpage chronologique est émaillée d'encadrés où sont brossés les portraits de personnages, racontée l'histoire d'un monument ou présentés des objets de la production limougeaude, et que l'on peut repérer sur le plan.de la ville. Une iconographie riche, originale et souvent inédite donne un attrait particulier et enrichissant à ce guide du PATRIMOINE EN POCHE. Une adaptation en langue anglaise à partir des repères iconographiques de l'ouvrage, offre aux visiteurs et touristes étrangers un guide précis et de qualité.
Alain Carof