Le village abandonné de Clédat dans la commune de Grandsaigne, sur le versant sud du plateau de Millevaches possède une longue tradition d'accueil.
Au moyen-âge le chapitre Saint-Gérald qui avait déjà fondé un hospice aux portes de Limoges fut chargé par l'évêque d'y créer un relais pour les voyageurs et les pèlerins qui suivaient le chemin de long parcours très désert entre Pérols et SaintYrieix- le-Déjalat. C'est vers 1160 que l'on choisit un replat ensoleillé, bénéficiant de sources abondantes pour y implanter l'hospice de Clédat doté d'une chapelle qui subsiste aujourd'hui. Un village de paysans s'établit autour par défrichement de la forêt, il se développa et fut même le siège d'une petite paroisse jusqu'en 1676.
Le village s'est maintenu après l'abandon du chemin et la disparition de l'hospice, et son rôle d'accueil s'est poursuivi car la chapelle et une "bonne fontaine" dédiées à sainte Magdeleine ont été un lieu de pèlerinage jusqu'au milieu du XXème siècle.
Ensuite vers 1960, le village, à l'écart des routes modernes, et où le relief ne permettait pas la mécanisation de l'agriculture fut abandonné par ses habitants, ses terres furent plantées de résineux et font maintenant partie de la forêt domaniale de Larfeuil.
Un temps oublié, ce pauvre village tombait inexorablement en ruines quand en 1998 émus par la disparition prochaine de la chapelle, des bénévoles ont fondé l'association "Renaissance des vieilles pierres entre Millevaches et Monédières" pour sauver ce qui pouvait encore l'être. Cette initiative a reçu le soutien immédiat de la population des alentours qui a répondu à l'appel d'une souscription lancée par l'association. Ainsi la chapelle a pu être restaurée en 2001 .
Pour reprendre et développer la tradition d'accueil de ce lieu envoûtant où le patrimoine paysager s'associe aux souvenirs historiques, l'association y organise des rencontres festives et culturelles rassemblant de nombreuses personnes. Les gens y reviennent porteurs des traditions, leurs familles souvent dispersées au loin par l'exode rural s'y ressourcent à la recherche de leurs racines et l'on constate que les touristes de passage sont aussi séduits. Ce lieu singulier permet donc des rencontres authentiques entre le passé et le présent, entre le pays profond et les gens venus d'ailleurs. C'est donc un lieu idéal pour promouvoir un pôle de tourisme culturel mais en veillant bien à ne pas dénaturer le site.
L'association s'y emploie avec ses faibles moyens. Elle a déjà, avec l'aval de l'ONF propriétaire du terrain, fait dégager les ruines, réhabilité les deux fontaines, elle assure l'accueil et l'animation estivale : représentations théâtrales, concerts, fêtes du livre, conférences d'ethnologie, expositions artistiques, diffusions de documentation historique, randonnées pédestres avec lecture du paysage.
Pour amplifier cette action, les communes de Bonnefond, Grandsaigne et Pradines ont décidé de s'associer à l'aménagement du site où il faudrait restaurer ce qui peut l'être encore {la maison fournil) et ont proposé à l'ONF d'acheter la clairière occupée par les bâtiments de l'ancien village.
Ce lieu chargé d'histoire, au milieu d'une immense forêt parcourue par un réseau de chemins de randonnées balisés par l'association, accessible en voiture par des pistes forestières pourrait donc être le cœur d'un centre touristique et culturel rayonnant d'abord sur les communes voisines de Bonnefond, Grandsaigne, Pradines et St Yrieix-le-Déjalat mais pourrait aussi constituer un pôle fort du parc naturel régional.
Ces actions conjointes des habitants, des associations et des communes, dans le cadre du PNR auraient un double objectif: la conservation du patrimoine historique et sa valorisation en vue d'attirer et de retenir les touristes et ainsi prolonger dans le présent la vie sur les hautes terres du plateau de Millevaches.
Annie laval