Le titre et le logo de la page de couverture de ce petit ouvrage nous arrive opportunément, à l'heure où nos élus nationaux débattent d'un projet de " loi sur les territoires ruraux ". L'auteur, François Plassard, est ingénieur agricole. Il a travaillé en région de montagne comme agent de développement territorial. Bardé d'un doctorat en économie il fréquente les groupes de prospective du ministère de la Recherche. Dans les années 90 il met en place une formation d'acteurs de territoires en prospective ou de porteurs de projets en milieu rural. Après trente ans d'expérience professionnelle, c'est en "citoyen philosophe" qu'il nous propose son plaidoyer pour la vie rurale .
La question agricole est au coeur de son projet. Il nous livre une description chronologique de la naissance de l'agriculture industrielle dans la seconde moitié du vingtième siècle à partir du concept de développement. Il montre tous les effets pervers que ce mode de développement introduit dans les équilibres écologiques en France et dans la PAC (Politique Agricole Commune) d'abord. Puis bien sûr les dégâts sociaux et culturels qu'il provoque dans les agricultures paysannes de la planète. Ce constat posé, il propose des alternatives à cette industrialisation de l'agriculture.
Il en appelle à la citoyenneté pour exclure l'agriculture de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Pour sortir de la logique d'une marchandisation de la nourriture il convient de faire de l'exception agricole le postulat d'une économie solidaire. Par exemple en Europe proposer une nouvelle PAC au moment de l'élargissement à 25 nations. Mais aussi appeler les citoyens à modifier leur comportement de consommateur servile, c'est le clin d'oeil du logo de la couverture. L'intuition forte de sa démarche c'est de "faire de la ruralité le laboratoire d'une économie plurielle solidaire et de la démocratie participative". Se fondant sur "les désirs de villes et envies de campagnes" qui traversent les attentes des citadins il avance quelques propositions "pour un autre monde possible". En plaçant la vie associative au centre de l'économie solidaire il invite tout citoyen à participer à un vivre ensemble où la priorité n'est plus la relation des hommes aux choses mais la relation entre les hommes.
Alain Carof