Certains l'ont fait, et aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ont même obtenu des résultats !
Le Massachussets, aux Etats-Unis, est parvenu à réduire sa production de déchets toxiques de 50% en dix ans, grâce à des planifications obligatoires pour les entreprises dans le cadre de la loi TURA (Toxic Use Reduction Act) adoptée en 1989.
L'Irlande, en appliquant une taxe sur les sacs plastiques, a entraîné une baisse de leur consommation de 90%.
A Dilbeek, en Belgique, l'application du principe pollueur payeur, au travers d'une facturation par foyer proportionnelle au volume de déchets non recyclables et d'une bonne information, a contribué à réduire la production de déchets, et le coût pour la collectivité s'en est trouvé réduit également.
Source : CNIID Infos, n°14 (4ème trimestre 2003)
Nous avons trop facilement tendance à voir les "nouvelles technologies" de l'électronique et de l'informatique comme des industries "propres". La réalité est nettement moins rose. En particulier on ne sait absolument pas quoi faire de tous ces ordinateurs qui sont condamnés au rebut soit parce qu'ils sont devenus obsolètes (de plus en plus rapidement), soit parce qu'il revient moins cher d'acheter du neuf que de faire réparer (essayez de faire réparer un magnétoscope, juste pour voir…).
Pour l'année 2000, la France aura mis à la poubelle 1,5 million de tonnes de déchets électroniques. Aux Etats-Unis, ce sont plus de 50 millions d'ordinateurs qui sont jetés à la poubelle chaque année !
Des filières de recyclage tentent de se mettre en place mais restent limitées en raison du coût. Les sociétés de recyclage spécialisées ne survivent que grâce à la volonté de quelques rares entreprises qui font le choix de l'écologie. Ainsi, la quasi totalité de ces appareils finissent en décharge ou incinérés. Or ils contiennent des substances telles que le plomb, le cadmium et le mercure, le chrome ou l'arsenic, particulièrement toxiques qui risquent de polluer l'environnement.
Devant la difficulté de traiter ces déchets, un inquiétant commerce s'est développé pour les exporter vers des pays pauvres peu regardants sur ce qui arrive sur leur territoire. Les destinations de préférence de ces machines rejetées sont la Chine, l'Inde et le Pakistan. Là-bas, une main d'œuvre qui gagne la misère s'applique à les démonter pour récupérer l'or, l'argent et le platine dont une machine contient à peu près 40 grammes de chaque.
La sécurité sur les lieux de travail n'existe guère dans de telles entreprises de récupération, qui relèvent plutôt d'un artisanat primitif alimenté, donc contrôlé, par des réseaux d'importation assez puissants pour pouvoir éviter toute intervention éventuelle de la part des autorités. Et comme les processus de récupération exigent des mélanges chimiques hautement toxiques (le plus souvent à base d'acide), en plus de squelettes d'ordinateurs toxiques par dizaines de millions, ces entreprises engendrent une pollution chimique qui menace tant les eaux de la surface que les nappes phréatiques.
Pour s'opposer à cette déferlante, les pays pauvres appuyés par nombre d'ONG tentent l'interdiction de tout déplacement de matières toxiques. La France, qui s'adonne par ailleurs au commerce de déchets nucléaires, est bien entendu fermement opposée à une telle interdiction…
photos du dossier Yvon le Sidaner