Non, ce n'est pas le nom d'une nouvelle association du plateau. C'est le projet que Nicolas Sarkozy a préparé sur l'immigration, qui vise une politique de l'immigration choisie et non plus subie. Le CESEDA (code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile) va à l'encontre des droits fondamentaux de la personne et renvoie à une France teintée de “lepénisme”, une France qui renie définitivement le “label” dont elle s'est targuée longtemps : celui du pays des droits de l'Homme. En cette période préélectorale, l'immigration une énième fois sert de paravent aux difficultés économiques que connaît la société.
Ce projet favorise une politique d'immigration utilitariste qui considère le travailleur étranger non plus comme une personne mais comme force de travail rentable pour l'économie française. La mise en place de 4 types de carte de séjour de durées variables allant de 12 mois à 3 ans précarise le travailleur immigré parce qu'il devient jetable en fin de contrat. La France va instituer ses propres critères de sélection et va dicter aux pays pauvres ses besoins. Elle va y puiser non seulement des travailleurs utiles mais également des “compétences et des talents” qui bénéficieront économiquement ou culturellement à la société française.
Cela veut tout simplement dire que les portes seront ouvertes aux scientifiques ou aux sportifs de haut niveau et que la France participera ouvertement au pillage des cerveaux des pays d'origine. Pour bénéficier et conserver un titre de séjour, l'immigré devra être : bien intégré, bien vu par le maire de sa commune, corvéable et soumis à son patron pour ne pas risquer une fin de contrat anticipée et du coup celle de sa carte de séjour. Il faudra qu'il dispose également d'un grand logement et d'un bon salaire.
De même, cette nouvelle réforme restreint encore plus le droit de vivre en famille pour tous ceux installés en France et qui y construisent leur vie. Les conditions de ressources sont durcies, la plupart des allocations ne seront plus prises en compte, les conditions de logement sont regardées au plus près et l'avis de maire sur l'intégration du demandeur pourra même être demandé. Une demande de regroupement familial n'était déjà pas simple, elle devient quasiment impossible à obtenir.
Le droit d'asile qui concerne les réfugiés politiques est encore limité par de nouvelles conditions d'octroi du statut de réfugié. Les travailleurs en situation irrégulière sont criminalisés dans une perspective de clandestinité perpétuelle puisque la possibilité de se voir régularisé au bout de 10 ans de présence sur le territoire disparaît.
Nicolas Sarkozy veut nous faire croire que l'immigration est à l'origine de tous les maux (insécurité, chômage, intégrisme) que traverse la France mais cette attaque des droits fondamentaux de l'Etre humain à vivre dignement, en famille, ne fait que masquer le véritable débat qui est celui des valeurs de la société que nous voulons. La lutte contre le CPE a fait fleurir un printemps d'espoir et de justice mais il semble déjà que les militants et les défenseurs des droits (au travail, au logement, au séjour…) se soient assoupis de nouveau dans une hibernation récurrente.
Pourtant, il est essentiel que de là où nous nous trouvons, nous organisions la résistance à cette politique répressive et que nous mettions en place des actions qui clament haut et fort notre opposition à ce modèle de société qui ne nous convient pas.
Moktaria Benchaïb