Depuis de nombreuses années la communauté de communes du Plateau de Gentioux diffuse via les services de la Poste son bulletin mensuel “Vivre sur le Plateau“. Quelques feuilles qui donnent ainsi aux habitants des huit communes concernées les nouvelles de la Communauté de communes, des associations locales et qui annoncent les manifestations du mois. Ce petit journal est distribué dans toutes les boîtes aux lettres du secteur (service payant de la Poste).
Dans son numéro 266 de septembre, le président de la Communauté de communes se paie d’un “billet d’humeur“ pour réagir aux mesures récentes de Nicolas Sarkozy visant les Roms. Un texte engagé qui n’a cependant rien d’outrancier (nous le reproduisons ici). Les services de la Poste ne l’entendent cependant pas de cette oreille. A Peyrelevade, à la Poste, on s’inquiète de distribuer une telle littérature. L’affaire remonte jusqu’à Tulle, qui prévient Guéret (la Communauté de communes du Plateau de Gentioux est à cheval sur les deux départements) qui décident d’un commun accord de refuser de distribuer le séditieux libelle. Argument : “La Poste ne distribue pas de la propagande politique “. Le refus est catégorique et définitif. Il faudra aux maires et conseillers des huit communes faire une distribution de la main à la main dans les villages pour que le bulletin arrive chez leurs administrés.
Dans son numéro suivant, le bulletin de la Communauté de communes avait mis en exergue une jolie phrase de Beaumarchais : “Pourvu que je ne parle ni de l’autorité, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, je puis tout imprimer librement, sous la direction, néanmoins, de deux ou trois censeurs.“
C’est ainsi que deux siècles après Beaumarchais quelques mots critiques sur un président peuvent mettre en émoi un employé zélé, ses supérieurs hiérarchiques et au final les responsables départementaux de la Poste. Car dans cette affaire ce n’est pas un oukase venu d’en haut qui contraint ainsi les services de la Poste, mais plus simplement et efficacement, la peur et la pusillanimité de subalternes qui (ça y est, Sarkozy a gagné !) ne veulent pas qu’on puisse les accuser un jour d’avoir “favorisé“ une parole politique indépendante.
On se croirait à Clochemerle, mais n’est-on pas plutôt déjà à Londres en 1984 ?
Michel Lulek
Le “billet d’humeur“ qui a mis la Poste de mauvaise humeur
La cote de popularité de Nicolas Sarkozy est tombée à un niveau très bas. Si le phénomène devait perdurer, cela menacerait son statut, jusqu’à présent inaltérable, de meilleur candidat de la droite pour la future élection de 2012.
Le temps des promesses démagogiques et des déclarations télévisuelles permanentes étant passé, et l’exercice complètement usé, le dirigeant suprême doit absolument reprendre la main ! Comment effectuer son retour sur le premier plan de la scène dans la France du XXIème siècle ?
Sûrement pas en refondant un projet global pour la “Grande Nation“, encore moins en faisant de véritables propositions sur les perspectives de l’Europe à 27. On évitera à tout prix tous débats, négociations, exercices de pédagogie politique sur les réformes en cours, les affaires douteuses, le mélange des genres, la délinquance de nos élus.
Non, décidément tout cela n’intéresse plus personne : c’est la crise, les gens sont morts de trouille, pour eux, leurs enfants, leur travail, leur maison, leur voiture... Comment faire face ? Où est le problème ? Le président nous a donné sa réponse, limpide et radicale : il a été élu, facilement, grâce au siphonnage extraordinairement efficace qu’il a effectué sur l’électorat traditionnel du Front National. “Je serai le président du pouvoir d’achat“, “J’irai chercher chaque point de croissance avec les dents“, “Venez à moi les opprimés, les accidentés de la vie“, etc. Ils sont venus, ils ont vu et... ils sont repartis au Front National, on l’a bien noté aux dernières élections régionales. Pour sortir de cette impasse, une seule solution, toujours la même : la surenchère.
On parlera et reparlera donc des étrangers et de ceux qui le resteront à jamais, les Roms. Voilà une façon bien singulière de faire vivre les valeurs républicaines : classer les Français selon leurs origines, limousine, maghrébine, africaine, européenne, hongroise... Tous n’auront pas les mêmes lois, les mêmes droits. Certains auront plus de devoirs et un peu moins d’avenir.
Il y a 200 ans il était courant dans de nombreuses régions d’Europe de rencontrer des gens qui parlent cinq, six et même sept langues différentes. Des communautés d’origines ethniques, religieuses différentes vivaient en parfaite harmonie économique et culturelle.
Aujourd’hui nous avons tous, tout oublié. Électoralement parlant, la chasse à l’homme, la désignation du bouc-émissaire et le rejet des minorités, ça paye toujours. Même après les nombreuses dérives catastrophiques qui ont parsemé l’histoire de l’humanité. Il est grand temps que nous réagissions individuellement et collectivement contre ce nouveau torrent de boues.
Thierry Letellier